En prélude, Stéphane Lavignotte nous mets en garde contre les faux débats « Toutes les boites ne sont pas des cadeaux…»
« Les mots sont souvent des boites, avec les mêmes défauts que les murs. …. De là naissent des débats où des boites parlent aux boites, avec autant de compréhension que lorsque les murs parlent aux murs. »
L’auteur conclut son ouverture par « une envie de créer, une générosité collective, une passion collective ». Il convient, en effet de prendre au sérieux cette envie pour que « De ces grosses boites », nous puissions ensemble, « faire des cubes, plus petits mais plus facile à déplacer et à combiner pour des agencements plus ouverts et vivants. »
Cette orientation, sous forme de sympathie critique, permet à l’auteur de présenter et discuter l’ensemble des positions autour du mot décroissance. Ce tour d’horizon s’accompagne de nombreux questionnements ouverts.
Dans une seconde partie « Quand le flou entretient la polémique : critique et autocritique de la décroissance » Stéphane Lavignotte élargit le socle des interrogations « Décroissance, d’accord, mais de quoi ? », « Quelle prise en compte des inégalités et de la structure de classe ? » et se montre particulièrement critique des références à la psychanalyse réactionnaire.
Puis dans « La décroissance, une nouvelle voie pour les gauches » sont argumentés, entre autres, les concepts d’usage et de gratuité. Les autres éléments ne me semblent pas assez approfondis et laissent un goût certain de confusion. Il manque une structure basée sur des hypothèses stratégiques, même très prudentes.
« Cela implique de créer une conception faisant plus de place – au sein d’un même camp, mais aussi dans la lutte avec le camp adverse – à l’articulation des contradictions, à la capacité de se mettre d’accord sur ce qui fait désaccord, à la recherche de compromis, à l’importance donnée à la diversité des acteurs » est certes plus que nécessaire, mais ne suffit à définir une ou politique(s) à la hauteur des enjeux, des ouvertures de « lignes de fuite pour sortir de ce système inhumain ».
Stéphane Lavignotte : la décroissance est-elle souhaitable ?
Editions Textuel, Paris 2010, 137 pages, 9,90 euros
Didier Epsztajn
Extraits sur le site de ContreTemps : http://www.contretemps.eu/lectures/extraits-decroissance-est-elle-souhaitable-stephane-lavignotte