Le dernier numéro de cette revue consacrée aux dissidences politiques, sociales et culturelles aborde des domaines habituellement peu ou mal traités dans le cadre d’ouvrage plus globaux sur mai 68. Neuf textes et des riches bibliographies pour évoquer le cinéma et Cannes, les inscriptions murales, les Cahiers pédagogiques, le courant Paysan Travailleur, la science, Socialisme ou Barbarie, l’Ecole Emancipée, les Révoltes logiques et la science fiction.
Les angles d’attaque sont assez hétérodoxes, ce qui est à mettre à l’actif de cette revue. Le traitement des sujets me semble cependant trop universitaire, il y manque un certain souffle, une certaine fragilité émancipatrice.
Par ailleurs, l’utilisation de la notion de révolution appliquée à mai 68 comme celles de marxistes sans indication de définition ou de sens, me laisse perplexe.
J’ai particulièrement apprécié les textes de Renaud Debailly sur « L’ouverture des possibles dans la science, du mandarinat aux usages de la science », de Jean-Pierre Debourdeau « La crise de l’Ecole Emancipée (1964 – 1969) » et de Jean Guillaume Lanuque « Mai 68 et la science fiction française : naissance d’une littérature révolutionnaire ? ».
Dissidences : Mai 68, Monde de la culture et acteurs sociaux dans la contestation
Numéro 4, Le Bord de l’eau éditions, Nancy avril 2008, 160 pages, 18 euros
NQF
Le dossier est consacré à un sujet socialement en silence : l’intersexualité. Après l’éditorial « Démédicaliser les corps, politiser les identités : convergences des luttes féministes et intersexes. », des témoignages et des analyses essentiellement écrits par des personnes intersexes.
Si la construction sociale des genres est aujourd’hui discutée, grâce au mouvement féministe, il n’en est pas de même généralement du sexe dit biologique. Pourtant comme le rappelle la citation de Ilana Lowy « Si le sexe social est construit sur le mode binaire, le sexe biologique se présente comme un continuum, avec, aux deux extrêmes, ‘’les sexes biologiques’’ clairement définis et, au milieu, une large gamme de situations intermédiaires des individus intersexe ».
Au-delà de la nécessaire dénonciation des pratiques médicales, chirurgicales et hormonales, imposées aux enfants, en dehors de toute discussion et consentement, au delà de la négation même des différences sexuelles et de l’intersexualité, il s’agit ici de souffrances physiques et psychiques, de négation des plaisirs autre que génitaux-hétéro-reproducteur, de renormalisations autour de mutilation des êtres, de pouvoir médical et de luttes pour la pleine maîtrise pour chacun-e de son propre corps.
Par ce que la « nature de choses » doit être sans cesse questionnée et déconstruite, cet ouvrage devrait être lu par toutes et tous.
Nouvelles questions féministes : A qui appartiennent nos corps ? Féminisme et luttes intersexes
Vol 27 N°1/2008, Antipodes, Lausanne, 168 pages, 19 euros
Je signale l’excellent numéro de la revue de la tendance révolutionnaire de la FSU consacré à Mai 68. A diffuser.
L’Ecole émancipée, Numéro spécial Mai 68, ce n’est toujours qu’un début
Paris, 28 pages, 3 euros
Solidaires international
Le dossier est consacré à la Chine, avec entre autres des textes sur les droits de l’homme, l’exode rural et la situation des travailleurs migrants, les syndicats et associations et les luttes ouvrières.
Solidaires international (publié par l’Union Syndicale Solidaires)
N°3 avril 2008, Paris, 80 pages, 3 euros
Didier Epsztajn