Une lecture par MARTIN DUFRESNE sur le livre de Claudine Legardinier et Saïd Bouamama, Les clients de la prostitution – L’enquête, Presses de la Renaissance.
« La pornographie est le cimetière où la gauche est allée crever. »
Ce constat d’Andrea Dworkin, dans L’envers de la nuit, expliquerait-il le silence des hommes de gauche face aux nouvelles recherches qui battent en brèche l’exploitation sexuelle ?
Longtemps censurée par un ultralibéralisme qui survalorisait la notion de choix pour cacher combien peu de femmes en disposaient, l’analyse critique de la prostitution a pris une nouvelle ampleur depuis que les féministes de Suède ont réussi à faire réformer la loi qui la régissait hypocritement, après 10 ans de patient lobbying auprès des partis de gauche pour y faire reconnaître une violence antifemmes. En 1999, elles ont réorienté l’intervention sociale pour mieux cibler le moteur du marché, les prostitueurs, plutôt que les femmes qu’ils exploitent. L’État offre désormais à ces dernières des programmes intégrés pour échapper à des situations d’impuissance réelle plutôt qu’un prétendu empowerment. La Norvège et l’Islande ont depuis emboîté le pas, et le Royaume-Uni et la Corée progressent en ce sens.
De nouveaux ouvrages détaillent aujourd’hui les stratégies et les motivations de ces hommes sur qui on a toujours fermé les yeux, tant à l’université qu’au tribunal. Après les travaux pionniers de Marie-Victoire Louis, Melissa Farley et Sheila Jeffreys, Sven-Axel Mansson a été le premier à sonder les prostitueurs à l’heure de la mondialisation, dans une anthologie publiée en 2001, A Man’s World ? (Zed Books).
Pour lire la totalité de l’article qui se termine par cette question : Mais peut-on rêver que des hommes cessent de trouver bandante l’appropriation des femmes ?