Barcelone 1939, le temps de l’ordre nouveau.
Le seul protagoniste de la révolution défaite est ici invisible, le souffle chaud de l’émancipation se perd en exil ou dans le sang.
Cette face affleure, juste évoquée, comme le fils invisible, ce fils des Forest, emprisonné et menacé d’une condamnation.
L’auteur décrit une cérémonie, un dîner organisé par le commissaire Carpentier et des convives dont madame Genoveva et monsieur Edmon Forest. Elle et il espèrent plaider et obtenir la libération de leur fils emprisonné.
D’un coté, la nouvelle classe dirigeante, son maquillage culturel, son amour de l’opéra, sa mémoire d’un passé colonial et sa soif de reconnaissance. De l’autre ces bourgeois timorés mais riches et installés de longue date.
Une attente débordante de culture mais des rires inquiétants, un repas aux plats étranges, dont on devine la source hors du commun, des conversations aux mots acerbes, derrière des phrases plus convenues.
Le chantage, la rapine, le vol, le rapport de force brutal et la barbarie…
Mais qui sont réellement les coupables de ce déchaînement ?
Quelle est donc cette civilisation ? Qui sont les vulgaires ?
Aux lectrices et aux lecteurs de ne pas refermer simplement le livre après la gerbe, le basculement dans la folie et les derniers mots…
Miquel Pairoli : L’invitation
Traduit du catalan par Anne Charlon
Editions Autrement, Paris 2011, 167 pages, 13 euros
Didier Epsztajn