« Nous en avons assez de cette forme de maltraitance politique, médiatique, médicale. Avorter est un droit, avorter est notre décision, qui doit être respectée : nous ne sommes pas des idiotes ou des inconséquentes. Nous n’avons pas à nous sentir coupables, honteuses ou forcément malheureuses. »
Avant les témoignages, les auteures présentent l’histoire et la situation de l’avortement en France.
Avril 1971, 343 femmes déclarent avoir avorté Le Manifeste des 343
« Par cet acte de désobéissance civile, les femmes signataires du Manifeste des 343 ont contribué à faire de l’avortement une question politique ».
Alors, qu’aujourd’hui le droit à l’avortement est inscrit dans la législation, à la fois les moyens de ce droit « Les difficultés d’accès à l’avortement ne se résument donc pas à une question de délai : c’est la visibilité même des structures et des interlocuteurs qui semblent poser problème » et l’environnement social « C’est un acte dont on ne peut pas parler », sont un frein à l’exercice de ce droit, sans oublier la maltraitance au sein du milieu hospitalier « Ces conditions lamentables, associées aux comportements inacceptables de certains médecins font de l’avortement une véritable épreuve pour les femmes ».
Les auteures soulignent, entre autres, « l’acharnement de l’entourage des femmes ayant avorté à dramatiser l’acte » ou « Ce sont de véritables injonctions faites aux femmes : si vous avortez, vous devez être traumatisée, psychologiquement déstabilisée ; vous devez vivre votre décision comme un drame de votre vie ».
Pourtant l’avortement fait partie de la vie des femmes « près d’une femme sur deux y a recours dans sa vie » et pour le dire comme une interlocutrice en fin du livre « Les Françaises font en moyenne 2 enfants et 0,4 IVG. Cela fait 2,4 conceptions, toujours en moyenne, pour toute une vie de parties de jambes en l’air ! Alors je trouve globalement, elles gèrent rudement bien leur contraception ». Mais il ne faudrait pas oublier que « la contraception n’est pas un moyen d’éviter des avortements, mais un moyen d’éviter des grossesses non désirées. Ce qui n’est absolument pas la même chose ».
Le livre et le blog avant lui (http://blog.jevaisbienmerci.net/) ont un objectif affiché et assumé « qu’une autre parole puisse émerger sur l’avortement, que les femmes puissent exercer leur droit sans baisser la tête ».
Quelques citations des témoignages :
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« Avorter est un droit plein et entier et le prêchi-prêcha obligatoire pré-intervention sert à culpabiliser les femmes. Ce n’est pas une dérogation que l’on nous accorde, c’est un droit que l’on exerce. »
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« Pourquoi me demande-t-on de justifier mon avortement alors qu’on ne m’a pas demandé de justifier la naissance de mes enfants ? Les conséquences d’une naissance sont tout de même nettement plus lourdes, non ? Quelle logique appliquez-vous ? »
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« C’est comme ça, c’était un choix entre moi et moi. »
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« Quand vous avortez, on écoute votre malheur, pas votre colère d’être traitée comme de la merde ; On vous tend un miroir déformant : vous vous y voyez comme une femme flasque, défaite, éparpillée sur le sol, brisée. Alors que vous essayez de lever le poing, on vous tend un mouchoir et on vous prédit les larmes. »
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« Et que ce n’était pas un drame, juste un droit (mais que les femmes aient des droits, c’est peut-être un drame pour certains !). »
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« Les mots font parfois plus mal que les outils chirurgicaux. »
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« Depuis je vais bien merci ! Pas l’idée débile et asservissante que cet amas de cellules de la taille d’un quart de cacahuète aurait pu être un « être vivant », un « bébé », ni même un « fœtus’ ». Amas de cellules il était, amas de cellules il n’est plus. J’ai avorté, je vais bien merci ! »
En compléments possibles :
Collectif IVP : Avorter. Histoires des luttes et des conditions d’avortement des années 1960 à aujourd’hui(Éditions Tahin party, Lyon 2009) Les femmes ont de tout temps avorté
CADAC : Une conquête inachevée : le droit des femmes à disposer de leur corps, coordonné par Valérie Haudiquet, Maya Surduts, Nora Tenenbaum (Editions Syllepse 2008) L’usagère pose le diagnostic
Valérie Haudiquet et Maya Surduts militent à la coordination des associations pour le droit à l’avortement et à la contraception (Cadac) ; Dominique Boubilley, Béatrice Fougeyrollas, Maud Gelly et Emmanuelle Lhomme sont médecins au centre d’IVG de l’hôpital de Colombes, publié sur le site de Libération : Vive les IVG confortables!
Maud Gelly : Avortement et contraception dans les études de médicales Une formation inadaptée(L’Harmattan, Bibliothèque du féminisme, Paris 2006)
Dimensions sociales et politiques de la contraception et de l’avortement
« L’avortement, c’est la possibilité d’interrompre un processus biologique entamé, sur décision de la femme concernée. Ce n’est pas une session de rattrapage pour mauvais élèves, avec justificatifs et excuses à fournir. C’est un droit. »
Les filles des 343 : J’ai avorté et je vais bien merci
La ville brûle, Paris 2012, 144 pages, 8 euros
Didier Epsztajn
Cet article publié sur ce blog en 2012 et ce beau commentaire de Josie.
2012… soit 37 ans après le droit ENFIN obtenu à l’IVG en France, et toujours cette trouille aux ovaires en 2021 que celui-ci puisse être remis en question, encore plus qu’il n’est déjà fragilisé par les difficultés d’accès, ces médecins qui refusent de le pratIquer par « droit de conscience », par les déserts médicaux et cette odieuse morale qui se fout bien de la conscience, des désirs, des refus, des ressentis et de la vie des femmes.
Oh, cette morale qui se tient toujours tapie au détour de ces rues jamais assez éclairée, tout comme dans ces rue éteintes de Pologne aujourd’hui.
Bravo le monde « contemporain » et hyper connecté, cette riche Europe là, celle qui supporte encore les aiguilles à tricoter, les cintres et autres violences et barbaries faites aux femmes…. sur ses terres et dans le monde.
J’ai avorté 2 fois et je vais vraiment bien merci, et je souhaite à toutes les femmes du monde de pouvoir choisir et décider pour elles mêmes, ce qui leur semble approprié.
Ce qui est complètement fou, c’est que des hommes puissent avoir le droit de légiférer sur des droits qui ne les concernent pas, ne les concerneront jamais, pour des droits qui régentent la vie et le corps des femmes, elles seules, la moitié de l’humanité.
Sororités,
M.
J’ai coutume de dire : « un avortement ce n’est pas un bébé qui court et qui appelle Maman, c’est deux centimètres de sang au fond d’un verre avec des filaments comme des cheveux, voila c’est tout » et mon « respect de l’individu » n’intervient pas à ce moment là, mais quand on fait arriver un enfant dans une famille ou il n’est pas désiré, ou il n’a pas sa place, pas le temps, pas l’argent, pas la tête libre pour lui, alors qu’un enfant a besoin de beaucoup d’attention.
J’ai avorté et je l’ai ressenti comme UNE LI BE RA TION !
NON, je ne l’ai jamais regretté….et je n’ai jamais eu besoin de psy…comme dit le livre JE VAIS TRES BIEN MERCI. Un jour un policier m’a dit : « et si votre mère avait avorté vous n’auriez pas vu le jour »
j’ai répondu : « c’était et c’est toujours SON DROIT ! … »
j’ai répondu à des filles qui nous questionnaient pour savoir pourquoi nous n’avions pas d’enfant, d’abord nous ne sommes pas privées d’enfant il y en a plein autour de nous, des, qui n’ont pas toute l’attention qu’ils souhaitent de leur entourage… une de ces filles insiste disant : « mais enfin votre descendance ? » notre descendance ce sont les filles jeunes avec qui nous militons qui continueront à se battre à porter le féminisme, après tout nous nous sentons aussi bien les filles de Simone de Beauvoir que de notre mère….