Les thèmes inoubliables d’un des grands du piano, Thelonious Monk, sont repris, réappropriés, redessinés ou déconstruits par d’autres musicien-ne-s.
Variations, au hasard de ré-écoutes récentes. Voir précédentes notes : Autour de Thelonious et Autour de Thelonious (2)
La réédition en coffret des disques de Thelonious Monk en studio et en quartet, époque CBS, permettra, à un prix raisonnable, de compléter sa discothèque par six opus : « Monk’s dream », « Criss-Cross », « It’s Monk’s Time », « Monk », « Straight,No Chaser » et « Underground ». Des enregistrement de 1962 à 1967. quelques prises alternatives et plus de 6 heures de musique dont je ne me lasse pas.
Coffret The Thelonious Monk Quartet : The Complete Columbia Studio Albums Collection
A la fois entièrement dans l’univers de Thelonious et fortement imprégné de l’univers très particulier d’Anthony Braxton, particulièrement en verve au saxophone alto. Une véritable re-visitation qui ouvre grand les fenêtres et fait découvrir, mais pas forcément à la première écoute, un Monk un peu déjanté sous les tonalités d’Antony Braxton. Avec Mal Waldron au piano, de Buell Neidlinger à la contrebasse et Bill Osborne à la batterie.
Cd Anthony Braxton : « Six Monk’s Compositions 1987 », Black Saint 1987, réédition dans un coffret de 8 Cd, Cam (Black Saint et Soul Note, 2011 – Coffret plus que recommandable, à l’exception, pour moi, du dernier cd « Composition N°173 »)
Une version singulière de « Round About Midnight », la main gauche du pianiste, Dollar Brand, renforcée par la contrebasse de Johnny Gertze, une main droite très libre sur le clavier et une batterie, Makaya Ntshoko, aux interventions plus ponctuelles. Un grand pianiste revisite Monk.
Cd Dollar Brand : « Anatomy of A South African Village », Enregistré à Copenhague en 1965, Jazz colours
Une déception à la première écoute. Trop sage, trop proche de certains disques de Thelonious Monk. Et pourtant, comment être si voisin sans piano ? Comment assumer la structure sans ces touches noires et blanches ?
Les réécoutes successives ouvrent d’autres espaces. En premier lieu, les trois pièces avec les éclats d’Ambrose Akinmusire (trompette), mais aussi ces petites ruptures continuellement assumées par Pierrick Pédron (saxophone alto).
Le saxophoniste, bien entouré par Thomas Bramerie (contrebasse) et Franck Agulhon (batterie) est à la fois dans et juste un peu à coté de l’univers parcouru.
Et les nouvelles écoutes ballaient les doutes, il s’agit de versions habitées, de petits tourbillons de musique, d’étincelles bien allumées et pas si souvent cubiques…
A écouter dans les détails pour savourer les cotés à la fois ébouriffés et quelques fois plus « candides », comme l’indique Laurent de Wilde.
Cd Pierrick Pédron : Kubic’s Monk, ACT 2012
Didier Epsztajn