Réactions réactionnaires

Les réactions républicaines antiracistes qui se multiplient, de droite à gauche, sont-elles réactionnaires ?
Le monde médiatique et politique s’enflamme et fait consensus pour dénoncer le racisme primaire destiné à notre ministre garde des sceaux, C. Taubira .
Sont invoqués, les valeurs républicaines, le pacte républicain, le rappel du préambule de la constitution sur les droits de tout être humain …
Déclaration et déclarations.
Or, la République s’est constituée et a fonctionné – pendant 150 ans – sur l’exclusion de la moitié de l’humanité tout en se déclarant universelle !
Si le sexisme peut être considéré comme un racisme et que nous avons encore besoin de la comparaison pour montrer son ignominie, alors il faut bien déclarer la République originellement raciste .
Donc en appeler aujourd’hui aux valeurs républicaines en général, (sans grille de lecture historique critique), pour dénoncer des faits d’exclusion, alors qu’ils ont servi hier à la construction de ces valeurs, peut apparaître comme une rhétorique sans fondement.
Deuxièmement, c’est sous sous le drapeau républicain que la colonisation s’est accélérée, avec son idéologie de mission civilisatrice comme aide-assistant à son développement, instruisant ainsi un racisme de fait qui peut s’ignorer  comme tel et se prétendre de bon aloi, puisqu’il s’agit d’éduquer des indigènes sauvages et fainéants.
Donc, là aussi, la mention de valeurs républicaines pour condamner des actes racistes autorisés sous son égide (jusqu’ à l’indépendance?) apparaît, pour le moins, insouciante du contexte historique national.
Enfin, l’élément caricatural outrancier, le sarcasme haineux allié à une expression volontairement basse et débile de plaisanterie, appliqués à une ministre garde des sceaux,( dont les pouvoirs et la fonction sont réellement et symboliquement dans les plus puissants du gouvernement), était fréquemment employé sous la troisième et quatrième République , pour devenir après 45 une
prérogative de la seule extrême droite.
Et, il se trouve que notre ministre réunit ces trois attributs, disqualifiés dans l’histoire de la République, femme, noire, ministre et élue.
Alors, en quoi cette invocation de l’esprit de la République peut-elle servir de rempart à l’expression du racisme ?
Alors pourquoi mentionner et en appeler à ces valeurs républicaines sans expliciter à quoi elles sont vraiment référées, dans notre histoire, hormis les textes et déclarations ? Comme si on ne disposait d’aucun autre argument objectif, de poids pour dénoncer ces actes racistes ! Comme si le seul mot
de République était un sésame garantissant celui qui le prononce de la sincérité de son engagement anti-raciste ! Comme s’il pouvait être efficace !
Et qui ne s’en réclame pas de ce terme ?
Ce que cette affaire montre c’est qu’il aura fallu que le racisme s’exprime sous cette forme archaïque, que « l’on » croyait disparue,
1) pour qu’il y ait des réactions publiques d’indignation, pour aborder frontalement la question du racisme,
2) pour voir que si cette expression archaïque est toujours possible, c’est parce qu’il existe un racisme structurel.
Mais si ce n’est pas la société, les gens, qui sont intrinsèquement racistes, l’histoire sociale est le métissage, la créolisation du monde, où loger cette dimension structurelle du racisme ? Que reste-til ? Les instances politiques, administratives, médiatiques, l’histoire sans mémoire, sans critique du
roman national, la rhétorique éternelle, les déclarations ?
pdbs

Auteur : entreleslignesentrelesmots

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