Plus que jamais, Pride !

Paris, 18 juin 2016.

Dans la nuit du 11 au 12 juin 2016, un tireur a abattu quarante-neuf personnes et blessé cinquante-trois autres dans une boîte gay d’Orlando (États-Unis), le Pulse. Cette tuerie, revendiquée très rapidement par l’organisation terroriste internationale État islamique, est la plus importante de l’histoire des États-Unis et de la communauté homosexuelle. Elle s’inscrit dans une guerre mondiale aux multiples théâtres d’opération, entre attentats sanguinaires et batailles meurtrières, guerre dont les premières victimes sont les populations civiles déplacées, assassinées, violées, dépouillées de leurs biens et de leur dignité.

Cette inscription dans l’histoire ne doit pas nous faire oublier que la tuerie d’Orlando est la marque d’une haine homophobe que l’on dénonce volontiers chez certains dictateurs et autres prophètes obscurantistes mais dont les États dits démocratiques et leurs classes dirigeantes et pensantes ne sont pas exempts. L’homophobie, à l’instar du racisme, de la xénophobie et du sexisme, n’est pas une attitude individuelle développée par des personnes à l’esprit dérangé même si celles-ci en sont les exécutrices les plus visibles. L’homophobie est un système de domination propre à l’ordre bourgeois, hétérosexiste et raciste, ordre qui fonctionne et prospère sur des mécanismes bien identifiés d’exclusion, de discrimination et de violence.

Les luttes pour l’égalité des droits, si elles sont indispensables car elles touchent au quotidien des personnes, ne doivent pas faire illusion. Les droits acquis ne sont pas la preuve d’une allégeance de l’ordre bourgeois, hétérosexiste et raciste à l’homosexualité. Ils ne sont qu’un moyen qu’il se donne pour que les homosexuels servent ses intérêts en intégrant le système patriarcal qui fonde la famille, le mariage et la parentalité, système qui entretient lui-même une homophobie sociale dont les injures et discriminations ordinaires, les slogans de type « les pédés au bûcher », les dogmes religieux sur le caractère « satanique » ou « abominatoire » (sic) de l’homosexualité, ne sont que le prélude organisé d’une violence physique et morale qui atteint chaque homosexuel dans son intimité.

Parce qu’elle est ontologiquement révolutionnaire en ce qu’elle permet de penser l’ordre social et affectif autrement qu’à travers la barrière génitale, en ce qu’elle porte le désir au cœur des relations humaines, et parce qu’elle interroge par ricochet le pouvoir et la manière de le vivre ou de l’exercer, l’homosexualité met directement en danger l’ordre bourgeois, hétérosexiste et raciste si tant est que l’on ne sacrifie pas son subversif suc sur l’autel d’une égalité des droits qui n’est aucunement en mesure de faire reculer l’homophobie car celle-ci se fonde sur la capacité du désir homosexuel à changer le monde.

À quelques jours de la marche des Fiertés parisienne à laquelle elle participera plus que jamais, Cy Jung veut rendre hommage aux victimes d’Orlando, à toutes les victimes des violences homophobes, xénophobes, sexistes et racistes individuelles et collectives et enjoint chacun à prendre ses responsabilités. Le temps de la reconquête de la dimension révolutionnaire de l’homosexualité est venu avec un seul objectif : la déconstruction de l’ordre bourgeois, hétérosexiste et raciste pour un monde de justice et de liberté.

Cy Jung, 18 juin 2016®

http://www.cyjung.com/spip.php?article2493

En complément possible :

Fiertés lgbt contre la haine et les conservatismes, fiertes-lgbt-contre-la-haine-et-les-conservatismes/

De l’auteure :

Le harcèlement sexuel, appareil répressif de la domination masculine, le-harcelement-sexuel-appareil-repressif-de-la-domination-masculine/

Auteur : entreleslignesentrelesmots

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