Si vous êtes un mec qui lisez ceci et que vous vous considérez comme un féministe, alors j’ai simplement quelques questions pour vous :
Êtes-vous plus susceptible d’arrêter de soutenir l’industrie du porno parce qu’elle exploite et brutalise violemment des femmes – ou parce que vous avez regardé trop de porno et que maintenant votre bite ne fonctionne plus très bien ? 😦
Si chaque femme féministe dans le monde se réveillait un jour et décidait que les hommes ne sont pas autorisés à se dire féministes, respecteriez-vous cette limite en comprenant que vous n’avez pas droit à tout ce que vous voulez – ou vous battriez-vous pour votre droit à vous approprier un mot destiné aux femmes, et aux femmes seules ?
Avez-vous commencé à vous qualifier de féministe parce que vous avez un désir réel d’abandonner les façons dont vous bénéficiez du patriarcat – ou parce que vous pensiez que des femmes vous trouveraient plus intéressant si vous vous appropriiez leur identité ?
Et aviez-vous le moindre intérêt pour les enjeux des femmes (avortement, écart salarial, harcèlement de rue, objectivation sexuelle dans les médias) avant de prendre conscience du féminisme – ou avez-vous attendu jusqu’à ce qu’on vous dise que les hommes aussi souffrent du patriarcat avant de vous inquiéter de ce qu’il inflige aux femmes ?
Si cela n’est pas déjà tout à fait évident, chers Hommes Féministes, je me méfie de vous. (Ouais, je sais, « Mais pas de moi ! », « Pas de tous les hommes ! », Ugh, quoi que ce soit, taisez-vous.)
Je me méfie de vous, parce que j’ai remarqué une chose :
Au moment de discussions sur le racisme, je n’ai jamais entendu d’alliés blancs dire : « Je suis soucieux de cette question parce que la suprématie blanche nuit aussi aux Blancs ! »
Et lors de discussions sur la pauvreté, je n’ai pas entendu de militants riches dire des choses comme, « Je me soucie de cette question parce que les riches souffrent aussi de l’oppression de classe ! »
Alors pourquoi, grands dieux, pourquoi est-ce que je continue à entendre des hommes féministes dire, « Je me soucie de cette question parce que la suprématie masculine nuit aussi aux hommes ! »
Maintenant écoutez-moi. Je ne suis pas ici pour vous dire que ce n’est pas vrai. Que les hommes soient ou non également victimisés par le patriarcat n’est pas la question. Ce que je suis venue vous dire, c’est que si votre version du « féminisme » met au premier plan les besoins des hommes, eh ! bien mes chéris, ce n’est pas du féminisme.
Chaque fois que j’entends la phrase « Les hommes souffrent aussi ! N’oubliez pas les hommes ! », cela ressemble beaucoup trop à « Les femmes veulent que nous cessions d’exploiter nos privilèges afin qu’elles puissent vivre en paix et sans peur. D’accord, cool, cool. Mais qu’est-ce que moi, j’ai à y gagner ? »
Être un véritable allié des féministes, être pro-féministe, signifie comprendre certaines choses :
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Il est patriarcal de ne valider la douleur des femmes que lorsque elle est tangentielle à une douleur masculine.
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Il est patriarcal de ne reconnaître les femmes et leurs besoins qu’en relation avec vous et vos besoins.
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Il est patriarcal d’insérer des rappels de votre condition masculine dans chaque conversation spécifique à la condition des femmes.
Rappel amical : si vous êtes un homme vivant dans un patriarcat, ce qui signifie que vous bénéficiez du patriarcat à presque tout moment, le fait de vous qualifier de féministe ne vous empêche pas de perpétuer la suprématie masculine. Oui, vous m’avez bien entendu : même l’acte de vous qualifier de féministe peut être patriarcal.
Et la seule façon de savoir si votre « féminisme » demeure ou non patriarcal, c’est de vous livrer à cette démarche inconfortable que l’on appelle l’introspection. Demandez-vous : « Quand je me qualifie de féministe, qui en profite principalement ? Les femmes ? Ou moi ? »
Et, en passant, un mot pour vous toutes, les femmes féministes qui lisez ces lignes : n’allez pas penser que je m’apprête à vous laisser vous défiler.
Je suis tellement déçue de nous.
Lorsque nous présentons à des hommes nos points de vue féministes, nous perdons tellement, tellement de temps à chercher désespérément leur approbation et leur validation. Tellement de temps à faire tout en notre pouvoir pour nous dissocier du stéréotype de « la misandre ». (J’écris « nous » parce que j’en suis coupable moi aussi.)
Je comprends la situation, vous savez. J’ai souvent été dans cette situation inconfortable, quand j’essaie d’expliquer mon féminisme à un homme qui pense que le féminisme est stupide, et il rigole, se moque de moi, est condescendant, m’interrompt et me rabaisse. Je connais cette honte et cette humiliation, et je sais pourquoi nous faisons tout notre possible pour éviter de se sentir de cette façon. Je peux apprécier les motivations qui nous amènent à vouloir rendre le féminisme attrayant pour les hommes.
Mais nous devons cesser de prétendre que rendre le féminisme plus acceptable pour les hommes est indicatif de progrès réalisés pour les femmes. Toute personne qui se dit féministe, indépendamment de son sexe, doivent réfléchir aux questions suivantes :
Qu’en serait-il si le Patriarcat ne nuisait pas aux hommes?
Si nous vivions dans un monde où les hommes ne sont que bénéficiaires du Patriarcat, ne s’en trouvent jamais désavantagés?
Les hommes seraient-ils alors justifiés de ne pas se soucier de la douleur des femmes ? Du traumatisme collectif vécu par les femmes ? De notre peur, notre désespoir et notre asservissement mondial ?
La réponse est non, n’est-ce pas ? Parce que la prémisse voulant que les enjeux des femmes ne sont pertinents que lorsque le problème s’étend aux hommes est complètement tordue, n’est-ce pas ? Bon.
Alors, pourquoi faisons-nous activement la promotion d’une sorte de féminisme qui repose confortablement sur cette prémisse ?
Je dis : Nous ne devrions pas le faire.
Cette idée est controversée, je sais. Mais je parle sérieusement. Nous ne devrions pas faire appel à la sensibilité, la fragilité des hommes, quand nous parlons de nous-mêmes et de nos besoins spécifiques de femmes. Parce qu’il est, vous l’avez deviné, patriarcal d’attendre des femmes de nous modifier, de nous rétrécir, de nous étouffer, de nous censurer, et de nous cacher, dans le seul but d’accommoder et de réconforter les hommes. Nous le faisons depuis des années, et je suis fatiguée, et je sais que vous êtes fatiguées aussi.
Je vous laisse avec un concept auquel réfléchir :
L’empathie.
Être émue par les sentiments d’une autre personne, même si vous ne partagez pas leur situation.
« Les hommes souffrent aussi du patriarcat » est un slogan néfaste et contre-productif, parce que même si cette phrase est vraie, elle perpétue l’idée que les sentiments des femmes, leurs besoins et leurs situations de crise ne sont pas pertinents tant que les hommes ne décident pas qu’ils le sont.
Un slogan plus productif, serait : « Les femmes souffrent du patriarcat et c’est une raison suffisante pour y mettre fin. »
Voilà ce à quoi ressemble l’empathie. C’est ce que nous devrions encourager chez nos alliés masculins. Et en attendant le jour où plus d’hommes féministes masculins seront plus motivés par l’empathie plutôt que par le faux «féminisme» narcissique et axé sur les hommes qui semble de plus en plus populaire de nos jours, je continuerai à dire que je me méfie des hommes « féministes » et que vous devriez le faire aussi.
Alicen Grey, juillet 2015
Version originale : https://medium.com/@alicengrey/i-m-suspicious-of-male-feminists-and-you-should-be-too-441055a2e614#.4200vw8u2
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(Deuxième partie)
Pas tous les hommes ? Eh bien, en fait …
Le mois dernier, j’ai écrit un petit texte provocateur (ci-dessus) sur les hommes « féministes ». Fondamentalement, mon article mettait l’accent sur une série de questions, incitant les hommes à faire un peu d’introspection quant à pourquoi ils se disent féministes.
Après avoir écrit cet article et avoir lu (à tort ?) des réponses outragées dans divers réseaux sociaux, j’ai appris une leçon précieuse : les femmes ne devraient jamais, jamais remettre en question des hommes. Même si l’immense majorité de tous les crimes violents dans le monde sont commis par des hommes. Oh, et n’oubliez pas que toutes les industries les plus destructrices du monde – par exemple, l’agriculture industrielle, la nécrotechnocratie, le trafic sexuel, le complexe industriel militaire, etc. – sont dominées et gérées par des hommes.
On s’attend à ce que les femmes ignorent poliment ce fait, tout à fait vérifiable et universellement cohérent, pour la seule raison que les hommes n’aiment pas qu’on leur rappelle le fait que leur classe de sexe est de façon démontrable, incontestable, indisputable, globalement et historiquement plus violente que la nôtre. Ils font toute cette merde, ou ils regardent passivement les autres hommes faire toute cette merde, et puis ils ont le culot de se dire offensés quand des femmes en viennent à se méfier d’eux.
Le culot !
Que se passe-t-il lorsque vous énoncez ce fait évident, cette réalité, cette vérité que les hommes en tant que classe sociale sont plus violents que les femmes à des taux grossièrement disproportionnés, dans le monde entier, sans distinction de race, de religion ou de classe sociale ? Les hommes font ce qu’ils ont été conditionnés à faire quand quelqu’un dit quelque chose qu’ils ne veulent pas entendre : ils se mettent en colère. Et ils savent VRAIMENT comment se mettre en colère ! C’est comme si le scénario était écrit à l’avance… Chaque fois qu’une femme essaie de faire allusion à la violence machiste, même quand elle est polie comme un gâteau, les zhoms débarquent en bataillons pour la faire taire avec des blagues sexistes du genre « prépare-moi un sandwich » ou des insultes comme « suce-ma-bite » et « espèce-de-connasse » et « je-vais-te-crever-un-de-ces-soirs ». Malheureusement, la plupart des femmes plient face à ces agressions. Parce que, oui, la colère des hommes est terrifiante. Essayez de parler de la violence masculine, et des hommes vont inévitablement faire dérailler la conversation avec … encore plus de violence masculine. #LOLgique, non ?
Si je me souciais le moindrement de ce que les hommes pensent de ce que je dis, j’aurais probablement écrit après ce dernier paragraphe un propos rassurant comme « JE N’AI PAS DIT QUE TOUS LES HOMMES SONT VIOLENTS! J’AI DIT QUE LA PLUPART DES VIOLENCES SONT COMMISES PAR DES HOMMES ! ALORS SI VOUS N’ÊTES PAS VIOLENT, VOUS N’AVEZ PAS À VOUS EN FAIRE 🙂 CE N’EST PAS DE VOUS QUE JE PARLE 🙂 alorsnemetuezpass’ilvousplait »
Mais merde, je refuse d’écrire cela parce que je m’en fous. Allez-y, mettez-vous en colère. Si vous êtes le type de mec qui ne peut pas garder son sang-froid quand une journaliste à peine connue de Medium (coucou) énonce ce fait, que la violence est généralement un phénomène masculin, alors vous êtes exactement le genre de mec auprès de qui je refuse de perdre mon temps. La réalité n’est pas en débat, désolé. Et il ne vous suffira pas de me demander si j’ai mes règles, de m’accuser de « me méfier également des plantes en pot » ou de m’étiqueter « misandre » pour modifier cette réalité ou même pour m’empêcher d’écrire à son sujet. Ces tentatives de déstabilisation politique peuvent fonctionner avec d’autres personnes, mais ce genre d’expressions faciales ont cessé de m’affecter depuis des années.
Vous êtes toujours là ? Merci, mille mercis. Maintenant, voici ce dont je veux réellement parler :
Les hommes ne sont pas les seuls à se sentir offensés lorsqu’ils sont confrontés aux statistiques stupéfiantes sur la violence masculine mondiale. Des femmes ont aussi cette réaction. À en juger par certaines réponses offusquées à mon article, il semble que certaines femmes (lire: certaines hétéros) craignent que je leur demande de larguer leur copain et de s’en aller vivre dans une commune lesbienne séparatiste. Ne vous inquiétez pas, je ne le fais pas. Pas encore.
Ce que je nous demande de faire (« nous » = les femmes féministes), c’est de tenter une approche différente du féminisme.
Le féminisme traditionnel a l’habitude de mettre l’accent sur la victimisation des femmes. Ainsi:
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1 femme sur 6 sera violée au cours de sa vie.
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1 femme sur 4 sera agressée par un partenaire intime.
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Les femmes ne gagnent que ____ cents par dollar gagné par un homme blanc (le chiffre varie selon l’appartenance ethnique de la femme, son statut d’invalidité, etc.)
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Les femmes sont représentées de manière injuste et déshumanisante dans les médias
Vous avez déjà entendu tout cela et n’avez pas besoin que je le répète ici. Et oui, il est important de reconnaître les femmes qui sont battues, les femmes qui sont violées, les femmes qui sont appauvries. Quelqu’un a besoin d’être la voix qui relaie leurs récits.
Mais un problème affectant la rhétorique sur la victimisation est la facilité avec laquelle des antiféministes peuvent l’exploiter pour faire dérailler ces conversations. « Les hommes aussi sont violés / battus / assassinés ! », s’écrient-ils. Et c’est vrai. Ces crimes existent. Il est trop facile de faire échouer une conversation sur la victimisation en faisant du statut de victime une compétition. (On parle même de Jeux olympiques de l’oppression…)
Un autre problème avec la rhétorique féministe traditionnelle est qu’elle dépeint ces femmes victimes comme si elles existaient dans le vide. Comme si elles arrivaient de nulle part. Cette femme couverte d’ecchymoses s’est soudainement matérialisée ! C’était si bizarre ! Holà, en voici une autre ! Et une autre ! Mais d’où peuvent-elles provenir ?
Arrêtons de charrier. Arrêtons de prétendre que la violence arrive spontanément aux femmes, ou que les choses sont comme ça, et que l’on ne sait pas d’où viennent les blessures collectives infligées aux femmes.
Osons le processus de questionnement tant redouté !
« Les femmes sont violées » – oui, mais par qui ?
« Les femmes sont agressées » – oui, mais par qui ?
« Les femmes sont appauvries » – oui, mais par qui ?
« Les femmes sont injustement représentées dans les médias » – oui, mais par qui ?
« Des hommes aussi sont violés / battus / assassinés ! » – oui, mais par qui ?
C’est bon, vous pouvez le dire. C’est par des hommes. Si vous voulez parler des victimes de la violence, vous devez parler des auteurs de cette violence.
Je comprends pourquoi les femmes ne veulent pas défier les hommes aussi directement. Nous partageons cette planète avec eux. Et il n’y a pas beaucoup de choses plus effrayantes que la perspective que la moitié de l’humanité ne peut être digne de confiance.
Aussi: nous aimons les hommes. Nous ne faisons pas qu’aimer les hommes, nous les aimooo00Ooooo0OO0ooooOOOooons. Ce sont nos frères, nos pères, nos oncles, nos fils, nos amis, nos partenaires, nos mentors…
Mais, comme l’a si bien dit l’écrivain James Baldwin: « Si je vous aime, je dois vous faire prendre conscience des choses que vous ne voyez pas. »
Le fait de nommer le problème ne fait pas de vous une misandre ou une bitch ou une conne. Cela vous rend consciente. Cela signifie que vous êtes saine d’esprit. Et soyons réaliste, que vous soyez féministe ou non, polie ou non, du moment que vous êtes une femme, ils vous balanceront des insultes misogynes de toute façon. Comme le disait Mary Daly : « Je sais que je serai punie tout autant pour être un tout petit peu féministe que pour l’être sans réserve. Alors j’y vais sans réserve. »
Allons-y sans réserve, voulez-vous?
Alicen Grey
Version originale : https://medium.com/@alicengrey/not-all-men-well-actually-2d491d53dec4#.ksm7gzyow
Traduction : Martin Dufresne, pour TRADFEM avec l’accord de l’autrice.
A 17 ans, vers 1958, je disais – imprudemment – que j’étais féministe. En fait, c’est ma mère qui avait des positions féministes. En dehors des souffrances de sa vie, elle avait lu des ouvrages de Simone de Beauvoir, entre autres.
Aujourd’hui, j’ai arrêté de le dire. Vous avez raison de vous méfier. Je ne vaux pas plus que les autres.
Comme mon père, immigré de Sicile qui détestait « les français », je pense que les femmes feraient peut-être bien de devenir misandres, ce serait meilleur pour leur santé mentale. Mais je crois qu’elles sentent, qu’elles craignent une période de guerre des sexes comme on en a connu dans l’histoire de ce pays et pas seulement pendant les chasses aux sorcières. Simone de Beauvoir avait averti que rien n’était acquis.
J’ai l’impression qu’on en n’est pas très loin quand on lit certaines choses sur l’extension du trafic prostitutionnel.
Merci, c’est pointu et ça nourrit efficacement la réflexion. Dommage, le lien « commis par des hommes » ne semble pas fonctionner correctement (redirection vers publicité et spam au lieu d’un site fiable).
merci
un lien en effet piraté
je viens de le supprimer
bien cordialement
Femmes Rebelles!…
Doublement Belles !!!
– Par ce qu’elles acceptent…
– Et par ce qu’elles refusent!
Si je me réfère à l’histoire du mouvement d’émancipation sociale, je constate que ni Marx, ni Engels étaient des prolétaires. Ils auraient pu perpétuer la domination de la bourgeoisie, bien en profiter, mais ils ont fait le choix contraire et ont ouvert des perspectives au prolétariat opprimé. Oui, ils ont mis en évidence que l’oppression de l’homme par l’homme était aliénante aussi pour l’exploiteur, mais là n’était pas leur motivation première. Victor Schœlcher n’était ni noir, ni esclave et pourtant il s’est battu pour l’abolition sans en retirer un intérêt personnel. Oui, il pensait qu’il ne serait jamais un citoyen libre tant que d’autres seraient esclaves.
Alors, pourquoi contestez vous a priori l’authenticité du féminisme aux hommes ? D’ailleurs, il n’y a pas plus d’Homme que de Femme; il y a des hommes, il y a des femmes qui ne se reconnaissent pas dans un archétype essentialisé. On peut, tout en étant homme, ne pas accepter le patriarcat et le combattre comme on peut combattre le racisme sans être « de couleur » ou l’exploitation sans être prolétaire.
Critiquer l’exploitation ou les dominations est une chose, participer à leurs renversements en est une autre, se libérer est encore autre chose.
Par ailleurs, les individu-e-s n’existent que dans des rapports sociaux qui les hiérarchisent en groupes sociaux aux « intérêts » matériels différents.
Seules les personnes concernées peuvent dans leurs combats et par leur auto-organisation « se libérer »
On ne libère pas les autres, surtout lorsqu’on est un « dominant » dans les rapports sociaux
Marx et Engels n’ont jamais prôné de faire la révolution à la place des prolétaires
L’abolition de l’esclavage doit plus aux luttes des esclaves qu’aux batailles, par ailleurs nécessaires, de Victor Schoelcher et autres abolitionnistes
La libération des femmes sera l’oeuvre des femmes et de leurs organisations
Qu’il puisse y avoir des allié-e-s est possible et souhaitable
Des hommes peuvent être pro-féministes, il faut pour cela qu’ils tendent à renoncer à tous leurs privilèges, et à soutenir l’auto-organisation, y compris non mixte, des femmes…
pas à parler à leur place ou donner des leçons de féminisme aux organisations féministes
l’article publié est de ce point de vue explicite
cordialement
Je me suis intéressé au féminisme quand j’ai eu à faire un travail pratique lors d’études en orientalisme. J’avais eu pour thème, non choisi, les femmes en Inde. Ce travail m’a ouvert les yeux ; j’ai été horrifié, émue aux larmes, par ce qui se passait là depuis des siècles au détriment des femmes ; j’ai, c’est vrai aussi, remarqué un fait intéressant tous les humains : dans certaines communautés du sud, les femmes sont bien traitées et leur société est plus douce, l’espérance de vie y est nettement plus importante, et les hommes en effet n’y souffrent pas. Cette observation est factuelle ; elle n’est pas le motif premier de mon intérêt croissant pour le féminisme mais elle conforte cet intérêt. La violence est un fait presque toujours masculin, c’est un fait acquis ; je ne connais pas de société où les femmes par exemple obligent des hommes à être brûlés vifs sur le bûcher avec leur épouse défunte comme ce fut longtemps le cas en Inde. La violence masculine doit être éradiquée et la misogynie est une violence masculine. Enfin j’ai commencé à m’intéresser au féminisme en étant confronté à la réalisation d’un travail, et c’est vrai qu’avant cela j’étais certes plutôt gentil avec les femmes mais je n’avais pas une claire conscience de l’ampleur du problème. Aujourd’hui, je peux dire que je suis sympathisant du féminisme, au sens fort de ce terme : »souffrir avec ». Mais je vais au-delà de l’émotion sans jamais évacuer celle-ci. Je crois que le féminisme est à la société ce que la relativité est à la physique : une révolution merveilleuse. De plus en plus je parle avec des filles de ce sujet et je suis heureux de constater que celles-ci perçoivent la sincérité de ma démarche. Bien amicalement, je vous offre cette phrase de Charlotte Perkins-Gilman : »Vient la femme, heure d’invention, qui voit la vie comme une fleur en pleine croissance ».
Merci pour cet excellent point de vue.