Je considère Orson Welles comme un très grand metteur en scène. D’abord un œil attiré par ce titre, « F », pourtant pas si simple à mes yeux car inséparable de l’admirable « F for Fake ».
« J’ai promis que, pendant une heure, tout ce que j’allais dire serait la vérité. Cette heure, mesdames et messieurs, est terminée. Pendant les dix-sept dernières minutes… »
Une histoire d’une « assassine », d’un contrat. Voyage aux pays des passés, de l’art, du cinéma, de la fiction et des réalités, des vérités et des mensonges.
Etrangement deux films d’Orson Welles semblent oubliés, « Une histoire immortelle » et la construction dans le réel d’un légende, « La dame de Shanghai » et la mise en abime d’un assassinat…
Le Brésil de la dictature militaire, la lecture comme activité forte consommatrice de temps, l’inceste, « Puis des bruits beaucoup plus incompréhensibles que n’importe quel livre russe », l’oncle d’Amérique, la mort – probablement pas si naturelle – du père sous la douche, les insomnies, la voix donneuse d’ordre au téléphone, l’apprentissage des armes, un voyage à Paris, les séances de cinéma, Orson Welles, des mort-e-s, des images, « Leurs reflets conjugués créent une multiplicité d’images, à l’infini », la gestuelle de magicien, le meurtre parfait, l’insondable mystère, « Soudain, une étincelle jaune, à quelques mètres. Un frottement d’allumettes » et l’espoir « Les Rêveurs »…
Un curieux et agréable mélange de « Monsieur Arkadin » et du « Le troisième homme », une réflexion sur l’art et la fiction, une variation réussie dans une construction noire et l’animation du montage.
Une belle invitation à se plonger dans l’oeuvre du cinéaste sans dédaigner toute une partie de sa cinématographe en tant qu’acteur.
Antônio Xerxenesky : F
L’histoire de la femme qui devait tuer Orson Welles
Traduit du portugais (Brésil) par Mélanie Fusaro
Asphalte, Paris 2016, 230 pages, 21 euros
Didier Epsztajn