Nous sommes les filles et les fils de ce que Louis-Ferdinand Céline désignait comme « ce grand ramassis de miteux, de chassieux, puceux, transis, qui ont échoué ici poursuivis par la faim, la peste, les tumeurs et le froid, venus vaincus des quatre coins du monde ».
Nos parent-e-s et nos grands-parent-e-s ont figuré sur l’affiche rouge un jour de 1944 ou ont été jetés dans la Seine un jour de 1961. Nous sommes les enfants de celles et ceux que les Papon ont arrêté-e-s, déporté-e-s, raflé-e-s, ratonné-e-s, interné-e-s aux Milles, à Argelès ou à Drancy.
Ici, un jour, nos grands-parent-e-s et nos parent-e-s ont choisi de construire leur avenir et le nôtre. Il n’y a nulle usine, nul chantier ou atelier qui ne soit empreint de leur sueur et de leur sang. Il n’y a nul combat social ou politique auquel elles et ils n’ont été mêlé-e-s. Mais l’avenir auquel elles et ils pensaient n’avait rien à voir avec l’apartheid urbain, la chasse au faciès et à l’enfant.
Ce dont elles et ils rêvaient, c’était de liberté, d’égalité et de fraternité.
Ce dont nous avons besoin, nous qui avons un nom à coucher dehors avec un billet de logement, nous habitant-e-s de ce pays, nous, melons, bamboulas, ritals, espingouins, portos, niakoués, polaks, youpins, romanos, métèques et autres racailles, c’est d’un grand ministère de la citoyenneté et de l’égalité.
Nous avons besoin, de mesures concrètes et précises pour combattre les assignations identitaires, les discriminations, les ségrégations, les rejets. Nous n’avons besoin, en revanche, ni de mots creux sur la République, ni de commisération, ni bien sûr d’évacuation musclée, de contrôle au faciès, de violences policières.
Nous voulons l’égalité et la justice, ici et maintenant, tout de suite, pour toutes et tous.
Didier Epsztajn et Patrick Silberstein
Texte soumis à discussion et signatures
D’accord 100%
Deux remarques :
-1- Pour que ce texte soit lu et signé par beaucoup, il serait bien de le proposer à la LDH au MRAP… etc. pour qu’ils le mettent en ligne sur leur site.
-2- Après « Nous sommes les enfants de celles et ceux que les Papon ont arrêté-e-s, déporté-e-s, raflé-e-s, ratonné-e-s, interné-e-s aux Milles, à Argelès ou à Drancy. » je rajouterais :
Nous sommes les frères et les sœurs de celles et ceux qui risquent leur vie sur des bateaux de fortune pour échapper à l’enfer libyen et qui sont refoulés dans cet enfer par les gardes-côtes libyens que l’U.E. et la France payent pour faire ce sale boulot.
Tout se passe comme si notre gouvernement pensait : « plutôt qu’ils crèvent que de débarquer chez nous, après tout ce ne sont que des noirs. »
Quel nom doit être donné à un gouvernement qui utilise l’argent de tous pour refouler de pauvres gens en enfer ?
Amitié
G.C.
merci pour ces remarques
bien cordialement
Patrick, Didier, c’est très bien. Mais si vous le soumettez à discussion, que vaudra notre signature avant amendements ? En l’état, je signe sans hésiter et en vous remerciant. Mais avant publication il faut prendre le temps que des romanos, des bamboulas, des melons… aient eu le temps de s’y associer
le texte date de février 2017
A l’époque personne ne s’est manifesté…
bises
Je signe
psychiatre des dingos, les plus oubliés de tous
Bonjour,
Je m’associe entièrement à ce texte
Alain Durand
19 rue de l’essonne
91000 Evry
Je signe.
Pedro VIANNA
poète, homme de théâtre
D’accord pour signer aussi !
Et merci pour cette initiative !
Evident pour moi de signer, Sarah Katz
Beau texte !
je signe, bien sûr, et je me souviens de slogans : « 1ère, 2ème, 3ème génération ! Nous sommes touTEs des enfants d’immigrés », n’avions nous pas affirmé « Plus jamais çà » ?
N’oublions jamais que la lecture « identitaire, religieuse et raciste » qui nous est largement et violemment proposée pour décoder les « crises », masque la réalité d’une société où ce sont les pauvres et les chômeurs-ses de toutes couleurs qui sont de plus en plus ouvertement relégué-e-s, stigmatisé-e-s et enfin criminalisé-e-s.
Les « délinquant-e-s, les casseurs-ses » seraient-ils-elles des « révolt-é-es », des « insoumis-e-s », des « résistant-e-s » en mal d’un mouvement politique portant réellement et sincèrement leurs-nos aspirations de « petites gens » ?
Voir sur ce même blog (https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2017/02/14/femmes-engagements-non-tenus/#comment-15025)
le texte de Christiane Marty (Fondation Copernic : Un président ne devrait pas faire ça ! Inventaire d’un quinquennat de droite, Editions Syllepse, Paris 2017, 228 pages, 8 euros).
Il nous montre, entre autres, l’enjeux de l’existence d’un ministère et des objectifs s’y rapportant pour affirmer une volonté politique et à la fois se donner les moyens d’agir concrètement.
Une « visage pâle » au coeur rouge !
Le viol de Théo par la matraque d’un représentant de l’ordre est puissamment symbolique de l’humiliation sexuelle des êtres qui subissent encore et toujours la colonisation. La violence sexuelle est la matrice des violences colonisatrices.
Ce viol soulève l’indignation des jeunes concernés par ces humiliations physiques infligés par des racistes représentants de l’ordre.
Il m’est arrivé quant à moi de m’arrêter dans une gendarmerie pour porter plainte et de me faire traiter comme un objet sexuel par un mâle hégémonique en uniforme et en position de force. C’est un fait banal hélas pour les femmes. Des centaines de milliers de femmes en France et de par le monde se font violées par des hommes en uniformes, dans les prisons , lors des conflits armés et en maintes occasions.
Je suis solidaire de la mobilisation pour que soit jugés les violeurs de Théo, et que soit réaffirmée l’inviolabilité des êtres humains. J’aimerais en même que tous les hommes révoltés par ces humiliations sexuelles hautement symboliques du mépris de la personne humaine cessent de minimiser celles que subissent les femmes ; J’aimerais qu’ils s’indignent autant pour le viol d’une fille que le viol d’un garçon et qu’ils cessent de dire que les femmes violées l’ont bien cherché.
Je ressens l’urgence de faire connaître mes travaux sur la colonisation sexiste de la moitié de l’humanité sexuée femelle. Le choix politique et épistémique d’appliquer le concept de colonisation à l’oppression que subissent les femmes dans le monde entier est extrêmement éclairant. Je suis particulièrement intéressée par des débats et des échanges avec tous les mouvements anticolonialistes et antiracistes. Mes travaux commencent à trouver un échos auprès des féministes qui connaissent la double colonisation, j’espère avancer dans cette direction.
Nicole Roelens
Je signe, on est toujours l’étranger de quelqu’un, la liste « d’insultes » est inépuisable, dire qu’un parti en fait un programme politique !
Je signe.
Comment on signe ?
pour l’instant nous enregistrons les signatures mises en commentaires sur le blog
ou envoyé à l’adresse didier.epsztajn@laposte.net
Comment pourrais je ne pas être d’accord avec ce texte ? C’est exactement impossible, j’en partage et l’esprit et les termes ! Je ne peux qu’y joindre ma signature en appui !
Sacré beau texte !
________________________________
Catherine Destom-Bottin, je signe !
Et Mely, ma trisaïeule, née esclave, pose sa main délabrée tremblante et douce sur mon épaule…
Victor Borgogno retraité
Addendum enthousiaste
ÉTRANGES ÉTRANGERS, Jacques Prévert
Kabyles de la Chapelle et des quais de Javel
Hommes de pays loin
Cobayes des colonies
Doux petits musiciens
Soleils adolescents de la porte d’Italie
Boumians de la porte de Saint-Ouen
Apatrides d’Aubervilliers
Brûleurs des grandes ordures de la ville de Paris
Ébouillanteurs des bêtes trouvées mortes sur pied
Au beau milieu des rues
Tunisiens de Grenelle
Embauchés débauchés
Manœuvres désœuvrés
Polacks du Marais du Temple des Rosiers
Cordonniers de Cordoue soutiers de Barcelone
Pêcheurs des Baléares ou du cap Finistère
Rescapés de Franco
Et déportés de France et de Navarre
Pour avoir défendu en souvenir de la vôtre
La liberté des autres.
Esclaves noirs de Fréjus
Tiraillés et parqués
Au bord d’une petite mer
Où peu vous vous baignez
Esclaves noirs de Fréjus
Qui évoquez chaque soir
Dans les locaux disciplinaires
Avec une vieille boîte à cigares
Et quelques bouts de fil de fer
Tous les échos de vos villages
Tous les oiseaux de vos forêts
Et ne venez dans la capitale
Que pour fêter au pas cadencé
La prise de la Bastille le quatorze juillet.
Enfants du Sénégal
Départriés expatriés et naturalisés.
Enfants indochinois
Jongleurs aux innocents couteaux
Qui vendiez autrefois aux terrasses des cafés
De jolis dragons d’or faits de papier plié
Enfants trop tôt grandis et si vite en allés
Qui dormez aujourd’hui de retour au pays
Le visage dans la terre
Et des hommes incendiaires labourant vos rizières.
On vous a renvoyé
La monnaie de vos papiers dorés
On vous a retourné
Vos petits couteaux dans le dos.
Étranges étrangers
Vous êtes de la ville
Vous êtes de sa vie
Même si mal en vivez
Même si vous en mourez.
Plumes
Bravo pour ce beau papier. Je signe plutôt deux fois qu’une
Je rougis de honte et de rage à avoir encore aujourd’hui à revendiquer ce minimum vital pour tout individu-e-s l’égalité de droit. Je signe D.lemaire
J’aime bien la forme et le fond .Tout à fait d’accord .
Quel enrichissement pour la « bonne blanche » que je suis ! Manque de pot dirait Nougaro
Merci pour ce texte tonique et très juste. Je crois que vous avez oublié les paysans, les « pèquenots » qui ont été progressivement rayés de la carte dans le grand élan de la machine à broyer capitaliste et résolument moderne. Les ploucs des campagnes méprisés eux aussi, chair à canon et relégués.
évidement d’ accord
Je signerais avec enthousiasme, mais ne vois pas de pétition proprement dite. Je laisse à tout hasard ce commentaire qui est peut-être le moyen choisi.
Je signe, Pierre Conscience, secrétaire de solidaritéSaint (CH)
Je signe… Jean Batou, historien.
A reblogué ceci sur Joelle Palmieriet a ajouté:
Née à Clichy-sous-bois, de parents immigrés, ayant acquis leur nationalité française par la guerre et le mariage, et de grands-parents apatrides ou étrangers, je me sens comme vous… et je veux comme vous, égalité et justice ici et maintenant, tout de suite… je revendique également pleinement mon libre-arbitre et ma liberté
BRAVO ! Je cosigne avec enthousiasme Florence Montreynaud, écrivaine