Des disques et des musiques récentes. Prendre le temps de s’arrêter, d’écouter des albums. S’éloigner des critères privilégiés par des commerçants, rarement disquaires, ou des productions des majors…
De multiples éditeurs nous permettent d’écouter des musiques et non de la programmation « profitable ». Quelques disques enregistrés, ici en 2016, au hasard des écoutes.
Voir aussi : des-enregistrements-en-2016/, des-enregistrements-en-2016-2/
Je me réjouis de l’utilisation du « quatuor à cordes » dans les ensembles de jazz. Les sonorités d’ensemble et les particularités des possibles agencements des instruments permettent des dialogues chaleureux ou inquiétants… Nous sommes ici dans le chaleureux, les mémoires du tango, mais pas seulement. Le Quatuor Ebène est composé de Pierre Colombet (violon), Gabriel Le Magadure (violon), Adrien Boisseau (alto), Raphaël Merlin (violoncelle).
L’alliance avec la bandonéon de Michel Portal et la rythmique de Richard Héry (batterie, percussions), Xavier Tribolet (claviers) semble d’évidence particulièrement dans les sensations liées à Astor Piazzola.
Et pourtant, dans mes oreilles résonnent surtout les accents, sobres, feutrés ou déchirants, des clarinettes de Michel Portal. Un terrain arpenté, toujours comme une première fois. Je souligne notamment le « Judy Garland ».
Cd Michel Portal : Eternal Stories, enregistré en novembre 2016, Erato
Les cordes de la guitare et la voix du guitariste Hasse Poulsen, accompagné par Fabien Duscombs à la batterie.
Entre folk, blues, jazz et improvisation, un dynamitage heureux de la classification. J’ai notamment apprécié le Remenber de John Lennon et les nombreux « décalages » assumés dans ces morceaux de free folks.
Cd Hasse Poulsen – Fabien Duscombs : Free folks, enregistré en septembre 2016, Das Kapital Records 2017
Le choix des instruments et leur conjonction entraine l’auditeur et l’auditrice dans des contrées à la fois communes et pourtant très typées. Andrea Lombardini joue d’instruments peu habituels (colascione lute et longhorn electric bass). Il est accompagné du toujours inventif Michel Godard (serpent, tuba) et de Emanuele Maniscalco (piano, batterie). Un assemblage séduisant, dominé par des timbres peu quotidiens.
Cd Andrea Lombardini : Diminuendo, enregistré en janvier 2016, CamJazz
Un quartet animé par le trompettiste – compositeur Alain Vankenhove (qui joue aussi du bugle). Au piano Uri Caine, à la batterie Jeff Ballard et à la contrebasse Sébastien Boisseau. Une belle entente aux rythmes assumés et le charme des accents de la trompette.
Cd Vankenhove, Caine, Ballard, Boisseau : Point of Views, enregistré en aout 2016, Cristal Records 2017
Tout en charme et en élégance. Michaël Attias (saxophone alto), Aruán Ortiy (piano), John Hébert (contrebasse), Nasheet Waits (batterie). La beauté de l’alto, les frappes au piano et une rythmique excellente. Un moment de plaisir.
Cd Michaël Attias Quartet : Nerve Dance, enregistré en février 2016, Cleanfeed 2017
Une trompette s’élève dans la nuit. Quatre musiciens, Jason Palmer (trompette), Bruno Angelini (piano), Mauro Gargano (contrebasse), Julien Augier (batterie), forment un ensemble solide et cohérent. L’indispensable liberté comme est nommé un morceau.
Cd Round Trip Trio – Jason Palmer : Traveling High, enregistré en février 2016, Fresh sound new talent
Dès les premières notes, les colorations et les sonorités métissées font de ce disque un distributeur de bonheur. Des musiciens assumant des influences socio-locales pour en retirer des ressources mises en dialogue et transgressant les mélanges endormis. Il y a ici une vivacité et des couleurs qui devraient séduire les un·es et les autres et les encourager à réécouter d’autres disques, en particulier du guitariste, de l’altiste et du pianiste.
Rez Abbasi (guitare), Vijay Iyer (piano), Rudresh Mahanthappa (saxophone alto), Johannes Weidenmueller (contrebasse), Dan Weiss (batterie), Elizabeth Mikhael (violoncelle).
Un grand moment musical.
Lire la note plus détaillée de Nicolas Bénies : du-cote-du-jazz-novembre-2017/
Cd Rez Abbasi : Unfiltered Universe, enregistré en mars 2016, Whirlwind Recordings.
Didier Epsztajn