La dimension apparente de la Galaxie d’Andromède, tache cotonneuse et ovalisée à peine plus large que la pleine lune dans un ciel noir, permettait déjà de la repérer à l’œil nu, ceci bien avant l’invention des lunettes et des télescopes.
Sa première description connue serait datée de 964, œuvre de l’astronome perse Abd al-Rahman al-Soufi dans son Livre des étoiles fixes. Son éclat est tel qu’il est raisonnable de penser que nos ancêtres ont toujours observé « le petit nuage » dans le ciel.
C’est Edwin Hubble, 1 300 ans plus tard, en 1924, qui, calculant la distance à la terre des étoiles qui composaient cette galaxie, établit qu’elles étaient beaucoup trop éloignées de nous pour appartenir à la Voie Lactée. Elles étaient celles d’une autre galaxie et cette découverte ouvrait les portes à la compréhension d’un Univers plus riche et plus vaste qu’on ne l’avait imaginé jusque-là. Elle prit le nom de Galaxie d’Andromède. Existe-t-il d’autres galaxies ? Très certainement.
La galaxie d’Andromède
Quand apparut sur la voûte céleste, aux premières nuits de la fin de l’année 2016, un nouveau nuage floconneux et scintillant jamais observé jusqu’alors, l’attention et la curiosité des astro-politonomes fut naturellement à son comble. Une nouvelle Galaxie d’Andromède ? Non évidemment, les galaxies n’ont pas de jumelles, même s’il en faut quelquefois pour les observer.
Cette nouvelle image céleste était celle d’une nouvelle galaxie, avec en son centre une étoile lumineuse aux grandes ressemblances avec Jupiter, étoile entourée d’un disque médiatique géant représentant les bras de la galaxie. Frappée par le gigantesque de ce disque médiatique polystellaire, la communauté scientifique tomba rapidement d’accord sur le nouveau nom à lui donner. Ce serait Macromédia ou plus simplement, pour rester dans la toponymie galactique, Macromède.
Située à moins d’une année-lumière de notre planète, distance éminemment courte à l’échelle de l’univers, la Galaxie de Macromède est aujourd’hui l’objet de l’étude de tous les astrognomes qui s’empressent de la détailler avec toute la gamme des instruments d’analyse disponibles ainsi qu’avec leur flagornerie coutumière.
Il semblerait ressortir, mais cela reste encore à confirmer, que la Galaxie de Macromède pourrait être le résultat de la collision et de la fusion de deux anciennes galaxies aujourd’hui disparues alors qu’elles occupaient pratiquement l’intégralité de la voûte politico-céleste ces 50 dernières années, Solférinia et Uhempéia, galaxies toutes deux aujourd’hui défuntes et disparues.
Le scénario de cette collision-fusion aurait débuté en 2005, au moment du référendum sur le TCE (Traité Constitutionnel Européen), par une intense interaction gravitationnelle de Solférinia et d’Uhempéia lors d’un rapprochement baptisé à l’époque par les astro-politonomes, la Figure du Grand Oui.
Cette interaction gravitationnelle, encore appelé Alternance Unique, se serait poursuivie durant plus de 10 ans, laissant entrevoir la possibilité d’une cohabitation entre Solférinia et Uhempéia, sous la forme de ce que l’on appelle outre-Rhin depuis de longues années la Grande Coalition.
Aux premiers mois de 2017 cependant, contre toute attente, survenait ce que beaucoup craignaient, Solférinia et Uhempéia opéraient leur jonction-collision terminale dans un halo gigantesque éblouissant où restaient toujours visibles, deux de leurs grandes constellations, celle de la Déchéance de la Nationalité, Vallsia, et celle de la Loi-Travail, encore appelée Khomrya.
La communauté scientifique explique aujourd’hui que la trop grande proximité de Solférinia et d’Uhempéia ne pouvait aboutir qu’à leur collision, nous allions dire collusion, et à leur transmutation en une nouvelle galaxie, précisément celle de Macromède.
Confirmation de cette hypothèse, sont déjà observables au sein de Macromède, par temps clair et sans nécessité de lunettes ou de télescope, trois constellations issues des deux précédentes galaxies antérieurement à leur collusion-fusion, celle de Khomrya ou de la Loi-Travail, issue de Solférinia ; celles également de Migratio-Retentio-Expulsia et de Privatisatio-Ferrovia, toutes deux longtemps splendeurs d’Uhempéia.
Il en sera malheureusement de Macromède comme de tout dans la matière : naissance, vie, obsolescence, puis mort. Même si ce processus n’est pas écrit d’avance et qu’il n’adviendra pas de lui-même, une galaxie, comme structure de regroupement, ne peut échapper au sort naturel des éléments qui la composent. La prochaine et probable implosion, nous l’espérons, de la Constellation Privatisatio-Ferrovia pourrait être décisive dans le processus d’extinction et de disparition de Macromède.
L’univers est éternel et la création continue. D’autres structures galactiques de composition différente et encore insoumises à la gravitation universelle sont en probable gestation. Les verrons-nous apparaître sur la voûte céleste ?
Jean Casanova, 2 mars 2018