« il n’y a rien qu’une femme, un homme, un-e trans, ou un-e enfant n’aie pu faire qui puisse justifier qu’un homme l’a violé ».
Survivant·e, il semble néanmoins pertinent de rappeler, comme le fait la traductrice que « 96% des personnes qui violent sont des hommes et que 91% des personnes qui subissent des viols sont des femmes… »
Lire le beau poème d’Audre Lorde, dont je ne peux que regretter que si peu d’oeuvres soient disponibles en français, s’imprégner du sens, sans se (con)fondre…
Une Litanie pour la survie
Pour celles d’entre nous qui vivent sur le rivage
debout sur le rebord constant de la décision
cruciale et seule
pour celles d’entre nous qui ne peuvent pas se laisser aller
aux rêves fugaces du choix
qui aiment dans l’embrasure des portes allant et venant
aux heures entre les aubes
regardant à l’intérieur et à l’extérieur
à la fois avant et près
cherchant un maintenant qui peut engendrer des futurs
comme le pain dans la bouche de nos enfants
pour que leurs rêves ne reflètent pas la mort des nôtres.
Pour celles d’entre nous
sur qui on a imprimé la peur
comme une ligne fine au centre de notre front
apprenant à craindre le lait de notre mère
car par cette arme
cette illusion d’une certaine sécurité à trouver
ceux aux pieds lourds espéraient nous réduire au silence
Pour nous toutes ce moment et ce triomphe
Nous n’étions jamais censées survivre
Et quand le soleil se couche nous avons peur
il pourrait ne pas se lever le matin
quand notre ventre est plein nous avons peur
de l’indigestion
quand notre ventre est vide nous avons peur
de ne plus jamais manger
quand nous sommes aimées nous avons peur
que l’amour disparaisse
quand nous sommes seules nous avons peur
que l’amour ne revienne jamais
et quand nous parlons nous avons peur
que nos mots ne soient pas entendus
ni bienvenus
mais quand nous sommes silencieuses
nous avons toujours peur
Il est donc meilleur de parler
en se rappelant
nous n’étions jamais censées survivre
Audre Lorde
Vous connaissez des survivant-e-s, des personnes qui ont survécu à une agression sexuelle. Leur nombre n’est ni connu ni même recherché. Dominent un « silence culturel », la « mise en doute de la parole de la personne », la « peur d’encore plus de violence autour du viol ».
Cependant, « vous connaissez des survivant-e-s. Ce ne sont pas des statistiques, ce sont des gen-te-s qui comptent pour vous et que vous aimez ».
Cette brochure propose une liste de principes pour vous aider à soutenir les un·e·s et les autres dans leur processus « d’aller mieux »
Principe N°1 : La santé et la sécurité d’abord.
Le viol ne peut-être assimiler à un rapport sexuel. Il s’agit d’un acte de domination, de violence. « Le viol est un acte de violence traumatisant physiquement »…
Principe N°2 : Restituer le choix
« Le viol est une prise de pouvoir et un vol du choix ». C’est un refus du droit à disposer de son corps, c’est une négation de l’autre. En tant qu’allié·e, vous ne pouvez choisir à la place de la personne « les décisions particulièrement difficiles à prendre », mais bien plutôt essayer d’éclairer et d’accompagner ses choix et ses décisions. Il faut donc écouter et demander…
Principe N°3 : Croire !
« Être cru-e est visiblement le facteur principal d’un processus « d’aller mieux » sain pour une survivant-e. Dans une grande majorité des cas, le/la violeur-euse ne croira pas le/la survivant-e, l’hôpital ne le/la croira pas, la police ne le/la croira pas et ses ami-e-s et sa famille ne le/la croira pas. Vous devez le faire »
Les corps des femmes racisées sont sur-sexualisés et/ou appréhendés comme des territoires dangereux à contrôler, les homme violés ne sont pas reconnus comme de « vrai » hommes, les personnes trans sont niées dans leurs êtres-mêmes. Nos cultures mêlent sexisme et homophobie, le déni de réalité et silence dominent, « Un viol est un viol, et ses survivant-e-s doivent être cru-e-s et soutenu-e-s »…
Principe N°4 : Se taire et se laisser guider
Aider et ne pas se substituer, « en gardant le silence, vous laissez l’espace au/à la survivant-e qui lui permet de retrouver la possibilité de s’exprimer », redonner du pouvoir aux survivant·es, ne pas juger leurs moyens d’expression qui « brise le silence »…
Principe N°5 : Pas de violence supplémentaire
La violence ne peut mettre fin à la violence, « C’est la violence masculine qui cause le viol et non qui y met fin ». C’est aux femmes survivantes elles-même de décider ce qu’elles veulent, c’est aussi aux pouvoirs publics de faire respecter le droit des femmes, le droit de ne pas être agressée, le droit de ne pas être violée. Un·e survivant·e « n’a rien à voir avec vous », il n’y a pas de place – en aucun cas vous n’êtes propriétaire lésé – pour votre ego dans cette histoire…
Principe N°6 : Connaitre ses limites
Il faut élargir le réseau de soutien aux survivant·es, penser l’aide à long terme, comprendre que le viol n’est pas un fait divers…
Principe N°7 : Rester impliqué-e et rester flexible
Principe N°8 : Il ne s’agit pas de VOUS. Il ne s’agit pas de VOUS.
Principe N°9 : Travailler pour comprendre le PROCESSUS de survie
« Soyez conscient-e-s que des actions en apparence anodines peuvent faire vriller le/la survivant-e »
Un petit guide à diffuser largement.
https://infokiosques.net/IMG/pdf/soutenir
_unE_survivantE_d_agression_sexuelle_16p_A5-fil.pdf
Soutenir un-e survivant-e d’agression sexuelle
Ubuntu et Men Against Rape Culture, 16 pages
Traduction Soaz. Mise en page Sapitoverde
Cette brochure est signalée sur le blog : Femmes et santé au Maroc
Didier Epsztajn
cher Didier, je te signale une jolie faute de doigts à la fin du principe n°3 : homophonie
et principe 9 il manque un p avant « our »
Florence qui t’embrasse
Merci Florence pour cette lecture vigilante
les fautes sont corrigées
très bonne journée
bises
Didier
Merci pour ces rappels !