À l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, le mouvement Nous Toutes organise une marche le 24 novembre prochain afin d’en finir avec les violences sexuelles et sexistes.
Nous appelons à rejoindre cette marche, et à nous organiser activement afin d’en faire une réussite.
Les conditions de cette réussite ne seront cependant pas réunies si au prétexte de lutter contre « toutes les violences sexistes et sexuelles », celles qui sont au premier rang de ces violences ne sont pas mises au centre de cette marche. Nous ne savons que trop bien à quel point notre effacement des luttes féministes perpétue notre isolement et ces violences. Avec « nous toutes », nous voulons pouvoir dire « nous aussi ».
En disant « nous aussi », nous voulons faire entendre les voix de celles pour qui les violences sexistes et sexuelles sont une expérience inséparable du racisme, du validisme, de la précarité, qui définissent nos quotidiens : les violences sexuelles que nous subissons sont souvent pour nous l’aboutissement de notre domination matérielle, économique et sociale dans chacun des aspects de nos vies, que ce soit au travail, à la fac, dans la rue, à la maison ou face à des policiers.
En disant « nous aussi », nous affirmons que le contexte actuel est marqué par l’expression quotidienne du racisme, notamment de l’islamophobie et de la négrophobie. La lutte contre les violences faites aux femmes ne peut passer que par une lutte radicale contre le harcèlement politique et médiatique, ainsi que contre les discriminations légales qui visent en particulier les femmes musulmanes et viennent justifier les violences qu’elles subissent. Nous dénonçons les discours de certains politiques et médias qui s’acharnent à vouloir attribuer le monopole des violences sexistes aux « Autres » et notamment aux hommes immigrés, musulmans et des quartiers populaires. La France et ses institutions n’ont de leçon à donner à personne en la matière.
En disant « nous aussi », nous nous positionnons fermement contre les politiques répressives et racistes qui visent en premier lieu les femmes migrantes, sans-papiers, étrangères.
En disant « nous aussi », nous nous assurons que les luttes des travailleuses du sexe soient parties prenantes des luttes féministes, et dénonçons à leurs côtés le harcèlement policier dont elles font l’objet et qui favorise les violences quotidiennes auxquelles elles doivent faire face.
En disant « nous aussi », nous voulons également lutter contre toutes les violences que subissent les personnes trans et intersexes, y compris celles des institutions médicales ou judiciaires qui continuent d’exercer un contrôle sur leurs existences et qui les enferment dans la précarité. Nous voulons également lutter contre les violences que subissent les lesbiennes, cis ou trans, qui par leur simple existence sont vues comme une menace au schéma « un papa-une maman » garanti et maintenu par le système hétérosexiste.
En disant « nous aussi », nous entendons lutter contre les violences sexistes et sexuelles que subissent les femmes grosses, constamment déshumanisées, notamment par les institutions médicales.
En disant « nous aussi », nous nous opposons aux politiques libérales appliquées par les gouvernements successifs qui nous privent peu à peu des services et des ressources nécessaires à notre vie quotidienne. Ces politiques d’austérité pèsent particulièrement sur les vies des femmes précaires, SDF, handicapées, ou devant fuir le foyer conjugal, qui se retrouvent d’autant plus vulnérables face aux violences.
En disant « nous aussi », nous voulons exprimer notre solidarité avec toutes les femmes incarcérées, y compris celles détenues pour s’être défendues face à ces violences. Il est pour nous indispensable de rappeler que l’institution carcérale constitue une menace pour bon nombre d’entre nous en raison de nos moyens de survie, notre classe, notre race, et que nous refusons de glorifier la prison comme unique réponse aux violences sexuelles et sexistes.
Nous affirmons également que ces violences ne seront pas éradiquées par de seules actions de pédagogie reposant sur les bonnes volontés individuelles. Lutter contre les violences sexistes et sexuelles, c’est construire un véritable rapport de force vis-à-vis des institutions qui font de nous des cibles pour nos harceleurs, nos agresseurs, nos violeurs, et nos assassins, que ceux-ci soient des inconnus ou des « proches », nos patrons ou nos partenaires.
Pour un 24 novembre politique contre les violences sexuelles et sexistes, Nous Aussi, organisons-nous et marchons !
Premiers signataires : ACCEPTESS-T, Alerta Feminista, Cellule de lutte antisexiste Paris 8, CLAQ, Collectif Afro-Fem, Collectif Féministe Révolutionnaire, Collectif ROSA, Féministes contre le cyberharcèlement, FièrEs, Friction Magazine, Garçes, Globule Noir, Gras Politique, Handi-Queer, L’intersection, Lallab, La BAFFE, La Chapelle Debout, La Meute, Le Seum, Les Irrécupérables, Local de Documentation Trans et Inter!, NRJKIR Paris 8, Orage, Potere al Popolo Paris, Réseau des Femmes Afrodescendantes, SIAMO, le STRASS, TRANSGRRRLS, Witch Bloc Paname.
Appel publié sur Médiapart :
Autres appels :
« L’impunité doit cesser » : l’appel de 600 femmes pour une grande marche contre les violences sexistes et sexuelles le 24 novembre
Nous marcherons le 24 novembre contre les violences sexistes et sexuelles
A propos de cet appel, je continue de déplorer ces alliances contre-nature entre le féminisme noir et le féminisme musulman d’une part qui sont des causes justes, et le lobbyisme de l’industrie du sexe d’autre part qui est un commerce machiste et criminel. Il y a malheureusement trop de pétitions ou de tribunes associant les deux de sorte que le féminisme noir et le féminisme musulman s’en retrouvent discrédités. L’industrie du sexe a malheureusement réussi à prendre en otage le féminisme anti-raciste en général afin d’obliger celles et ceux qui y adhèrent à soutenir la prostitution en même temps.
Ces alliances portent préjudice aux féministes noires et musulmanes et une désolidarisation la plus rapide possible avec l’industrie du sexe est nécessaire afin de ne pas donner aux islamophobes et aux négroïstes les arguments et les occasions de les amalgamer avec ce qui est la pire représentation des violences sexuelles.
Hier belle manifestation à Grenoble. Aujourd’hui 25 novembre 2018, Journée de lutte contre les violences faites aux femmes partout dans le monde. 1011, plasticienne engagée, j’ai crée un dessin intitulée « Noli me tangere » (Ne ma touche pas).
Ce dessin est dédie à Nadia Murad et Denis Mukwege, prix Nobel de la Paix est avec pudeur une proposition d’image face à cette violence.
A découvrir : : https://1011-art.blogspot.com/p/noli-me-tangere.html
On condamne le harcèlement que souffrent les prostituées mais on ne condamne pas la prostitution? Cela veut dire que la prostitution n’est pas une violence sexuelle?
en effet
je reproduis ce que j’ai écrit dans une précédente réponse sur le même sujet :
J’ajoute que contrairement à ce qui est indiqué dans ce texte ce sont d’abord les clients-prostitueurs et les proxénètes qui exercent des violences contre les personnes prostituées, sans oublier la violence intrinsèque aux rapports prostitutionnels…
bien cordialement
Cher Didier, n’es-tu pas dérangé par ce § ?
En disant « nous aussi », nous nous assurons que les luttes des travailleuses du sexe soient parties prenantes des luttes féministes, et dénonçons à leurs côtés le harcèlement policier dont elles font l’objet et qui favorise les violences quotidiennes auxquelles elles doivent faire face.
Comment peux-tu valider l’expression « travailleuse du sexe » ?
Florence
bonjour Florence
il y a en effet dans cet appel des éléments que je ne partage pas
et des formulations que je ne valide pas, pour utiliser ton expression
dans les autres appels rappelés, il y a des oublis que je réprouve
il m’a semblé important de publier le tout, et peut-être d’autres, malgré les divergences importantes sur certains points
car il y a un accord sur le fonds
aux lectrices et aux lecteurs de commenter les paragraphes qu’iels ne soutiennent pas, voire les idées qu’iels combattent…
J’ajoute que contrairement à ce qui est indiqué dans ce texte ce sont d’abord les clients-prostitueurs et les proxénètes qui exercent des violences contre les personnes prostituées, sans oublier la violence intrinsèque aux rapports prostitutionnels…
en espérant que ce 24 novembre la mobilisation soit la plus massive possible
didier