Du coté du jazz (février 2020 B)

Henri et les siens, une chance !

« Chance », titre de cet album, signe le sens des rencontres de Henri Texier, rencontres amicales, musicales, d’autres cultures, d’autres manières de voir le monde, de l’analyser pour le connaître et se donne une…chance de le transformer. Les patrimoines du jazz dont se trouve héritier le contrebassiste se mêlent activement à ceux de ses compagnons dont les compositions viennent habiter l’univers de Henri pour partager une maison commune. Univers en mouvement vers une sorte de sérénité striée par des éclats de fureur, face à la négation de la fraternité.

Free jazz, rock, musiques venues d’ailleurs viennent construire un environnement mouvant comme si s’arrêter marquait la fin définitive. Chacun vient apporter sa pierre à un édifice qui tient beaucoup du travail de Pénélope, toujours à faire et à défaire. Rien n’est acquis, tout est temporaire, tout est dans le souffle de vents contraires pour contraindre le laid, le tordre dans tous les sens et faire surgir une beauté toujours défaite, toujours remise en question.

Il faut dire que le quintet fait la preuve d’une unité souvent désunie qui, dans les déséquilibres, donne une sensation d’équilibre comme seuls peuvent le faire les funambules. Sébastien Texier, saxophone alto, clarinette et clarinette basse toujours à la recherche de nouvelles sonorités mêle son chant à celui de Vincent Lê Quang, saxophones ténor et soprano comme à celui de la guitare de Manu Codjia qui semble enfin avoir trouvé sa voie entre toutes ses influences. Gautier Garrigue, batteur subtil et brutal, est le remède qu’il fallait à cette cohorte pour lui donner une sorte d’unité en lien avec Henri Texier tout à tour soliste et maître d’un temps élastique. Une musique qui sait se laisser aller et sortir de tous les cadres tout en étant fidèle au jazz multicolore, facteur d’énergie, de révolte et de bleus.

Henri Texier Quintet : Chance !, Label Bleu/L’autre distribution.


Un japonais à Paris

Toku, trompettiste et vocaliste, fait partie intégrante de la scène japonaise du jazz. Et, désormais de la scène française. Il s’était découvert en France par l’intermédiaire d’un album de Sarah Lancman, emportant l’adhésion du public. « Toku in Paris », titre de son album français, lui permet de faire la preuve de l’étendue de ses talents. Il se fait entendre à la tête d’un ensemble composé de Pierrick Pedron, énergie vitale du saxophoniste alto, de André Ceccarelli à la batterie remplacé par Lukmil Pérez pour certaines plages, de Thomas Bramerie à la contrebasse remplacé par Laurent Vernerey et de Giovanni Mirabassi au piano. Des musiciens qui ne s’en laissent pas conter lui offrant la répartie dont il a besoin. Ils sont aussi autant de cerises sur un gâteau qui arrive à les mettre en valeur. La dernière cerise n’est pas la moindre : Sarah Lancman qui rend la pareille à Toku.

Le trompettiste doit beaucoup à Miles Davis dans sa façon d’aborder l’instrument mais aussi à Art Farmer si l’on voulait d’autres références et le chanteur fait penser… à Grégory Porter ; voix puissante, plongeant dans les graves pour faire frémir les mânes de tous les ancêtres et pour notre plus grande joie..

Le tout est mâtiné de quelques influences japonaises sensibles dans les compositions de Toku et un peu moins dans les standards, pour construire un album qui se laisse écouter avec plaisir.

Toku : Toku in Paris, Jazz Eleven.

Nicolas Béniès

Auteur : entreleslignesentrelesmots

notes de lecture

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