- Lorenzo Battisti (CGT Banque Assurance) : La CGT et les manifestations contre le Pass Sanitaire
- Jean-Claude Mamet : Syndicats et vaccination : l’hésitation de l’obligation
et aussi
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Sud éducation : Pour la vaccination, contre l’extrême-droite
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Union syndicale Solidaires : Vaincre le virus, préserver nos droits et libertés, changer le système
- La quadrature du net : Passe sanitaire: quelle surveillance redouter ?
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Non, MACRON ne mange pas les petits enfants !
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Guadeloupe. Covid : « L’UPLG lance un appel solennel au peuple guadeloupéen… »
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Anti passe sanitaire : l’extrême-droite comme un poison dans l’eau
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Voici deux contributions individuelles au débat très vif sur les manifestations, les vaccins et le passe sanitaire. Le premier article décrit ce qui se passe en Italie et critique la notion de « liberté » détournée. Le deuxième commente « l’hésitation » syndicale devant l’obligation vaccinale en France.
La CGT et les manifestations contre le Pass Sanitaire
Si on regarde les commentaires en ligne des militants de la CGT sur les manifestations contre le Pass sanitaire, on a l’impression que beaucoup de travailleurs pensent qu’il est possible de faire passer à gauche ces manifestations dominées par l’extrême droite. Cette position repose sur l’idée que les mouvements sociaux n’ont pas d’orientation propre, mais dépendent exclusivement des rapports de force : si on participe en masse, on peut voler la manifestation à l’extrême droite, qui la monopolise actuellement.
Malheureusement, ce n’est pas le cas. Pour comprendre la nature d’un mouvement social, il faut comprendre ses racines sociales. Le mouvement contre le passeport vaccinal a une racine loin des valeurs de gauche et est par conséquent hégémonisé par des mouvements de droite.
Un exemple italien
Les premières manifestations en Italie ont eu lieu en janvier, lorsque le gouvernement a décidé de fermer les bars et les restaurants en raison de l’aggravation dangereuse de la situation pandémique. Fascistes, restaurateurs et clients sont descendus dans la rue en criant « Libertà ! Libertà ! » et avec pour slogan « J’ouvre ».
Dans le même temps, chaque jour, entre 300 et 600 personnes suffoquaient et mouraient seules dans un lit d’hôpital, tandis que les travailleurs de la santé, désespérés, essayaient de faire ce qu’ils pouvaient et plus pour sauver le plus de vies possible. Comme si un avion intercontinental s’écrasait tous les jours.
Mais de quelle liberté parlaient les fascistes et les restaurateurs dans la rue ? Ils parlaient de la liberté de continuer à faire des affaires comme avant. Comme si rien ne s’était passé, comme si les lits d’hôpitaux n’étaient pas remplis de mort et de désespoir. Ce qu’ils voulaient, c’était la liberté de faire ce qu’ils voulaient quand ils le voulaient, sans contraintes. Il est vrai que les restaurateurs italiens ont reçu beaucoup moins d’aides que leurs collègues français. Mais ils auraient pu demander une aide similaire à celle reçue dans d’autres pays d’Europe, montrant ainsi un intérêt pour la situation générale. En effet, dans ce cas, en plus des intérêts légitimes des restaurateurs, la santé publique aurait été protégée, à commencer par celle des personnes les plus fragiles. Au lieu de cela, cette solution n’a même pas été conçue.
Et les clients qui ont participé à ces manifestations, de quelle liberté parlaient-ils ? Ils demandaient la liberté de faire ce qu’ils voulaient, sans se soucier des autres. Pour célébrer et trinquer sans penser à la mort qui nous entourait alors.
Ça me faisait peur. Ça me fait peur. Pour eux, la liberté n’est pas une femme qui peut marcher tranquillement dans la rue. Ce n’est pas un travailleur qui n’a pas peur d’être licencié. Ce n’est même pas un enfant qui peut étudier et développer ses capacités. Ce n’est pas un monde sans guerres ni une répartition équitable des richesses. Il ne s’agit pas d’un environnement non empoisonné ou d’une vieillesse sereine.
Pour eux, la liberté c’est de pouvoir manger et boire. La photo du coucher de soleil sur la plage. Des seins et des culs. Une succession de moments d’expérience, l’un après l’autre. L’important est que rien ne vienne perturber ces moments. Pas un immigrant ou un sans-abri. Pas un gouvernement qui essaie de construire une barrière à la pandémie. Pas un « autre » dont la simple présence perturbe la jouissance de l’instant.
Il pourrait y avoir Pinochet au gouvernement, et si on peut manger et boire, s’amuser et faire la fête, c’est pareil. En fait, ce serait peut-être mieux, car il s’agirait d’un gouvernement « efficace » qui résoudrait rapidement les désagréments qui perturbent les expériences.
Une vie pleine pour eux n’est pas une vie sociale, avec les autres, s’efforçant de poursuivre quelque chose, de construire quelque chose qui restera, de laisser le monde meilleur que celui qu’on a trouvé. Ils remplissent leur vie de tagliatelles et de fromage de fosse, de vodka et de selfies posés, tous pareils.
En Italie, il y a un tiers du pays qui est comme ça et qui crie « Libertà Libertà » si les bars et les restaurants sont fermés. Et il y a un autre tiers qui, dans l’ensemble, sympathise et pense que « ce n’est pas la vie sans ça », tout en niant la survie de ceux qui risquent leur vie avec la pandémie. Dans un pays où depuis des semaines, depuis le déblocage des licenciements (c’est l’extrême droite de Meloni et Salvini qui a réclamé la liberté de licencier), on assiste à des licenciements massifs au rythme de 500 par jour, pas un seul d’entre eux n’est allé devant ces usines pour crier « liberté liberté » et soutenir ces personnes et leurs luttes. Aujourd’hui encore, aux heures les plus sombres, il y a un autre tiers du pays, toujours le même, qui fait grève, qui aide les sans-abri, qui cuisine dans les cuisines populaires pour les pauvres, qui aide les immigrés clandestins, qui demande l’imposition des grandes fortunes, qui adhère aux partis de gauche, qui manifeste, qui fête le 25 avril et le 25 juillet (anniversaire le premier de la Libération de l’Italie et de la chute de Mussolini le second).
L’orientation du mouvement no-vax/no-pass
Les manifestations européennes contre les restrictions en période de pandémie se caractérisent, comme celles en Italie, par le rejet absolu de toute limitation de l’activité économique (le droit irrépressible et illimité de faire des profits) et le rejet de toute limitation des comportements individuels exigés par les clients.
La liberté des sujets fragiles et de la société dans son ensemble de les protéger n’est pas présente. Leur liberté est avant tout leur droit de vivre, leur et notre droit de rester en bonne santé et de ne pas risquer des conséquences à long terme. Cette liberté entre en conflit avec la liberté économique de faire des profits et la liberté individuelle de se divertir. Dans cette confrontation, les manifestants ont choisi leur camp.
La droite sait aussi où se placer. Ils ne disent pas qu’ils se fichent des personnes fragiles (ils s’en foutent, pour reprendre le langage des années vingt), ils disent vouloir défendre la liberté des restaurateurs et des clients de se divertir. De vivre. Et avec une certaine lucidité et cohérence politique. Historiquement pour eux les estropiés, les ratés, étaient un fardeau pour la race, à tel point qu’ils ne finissaient même pas dans les camps de concentration et étaient éliminés directement (une élimination qui a commencé avant même les autres).
Le problème, c’est la gauche, hégémonisée depuis des décennies par une pensée libertaire post-soixante-huitarde qui conçoit la liberté, au même titre que la droite, comme l’absence de contraintes et d’entraves. Sans ficelles ni liens, comme dirait Sole 24 Ore, journal du Medef italien. Sans contraintes sociales, sans responsabilité envers les autres, concentré sur la vie comme une succession d’expériences belles et gratifiantes que personne ne peut interrompre ou perturber.
Cette « gauche » ne ressent aucun devoir envers les plus faibles et considère sa propre liberté irrépressible et sans contraintes comme un bien absolu qui ne peut être compromis. S’il faut sacrifier les plus fragiles pour qu’ils puissent retrouver leur vie antérieure de jouissance, qu’il en soit ainsi.
Les contraintes servent à exploiter les plus forts au profit des plus faibles. Et les forts ont toujours été intolérants aux contraintes. La pensée libertaire a suggéré à gauche que ce n’est pas le cas. Mais sans contraintes extérieures, la loi du plus fort revient, les rapports de force réapparaissent, au détriment des plus faibles. La pensée libertaire de gauche, même si elle ne s’en rend pas compte, ouvre en fait la voie à gauche à une pensée fonctionnelle à droite. Dans ce cas, à la droite la plus extrême.
Le rejet de toute limitation a été suivi de la diffusion de théories du complot de toutes sortes : « le virus n’existe pas » « c’est une grippe normale » « on peut le soigner avec le médicament x mais on ne nous le dit pas », etc. Il s’agit d’une rationalisation a posteriori pour justifier le rejet de toute contrainte, même face à des preuves sanitaires indiscutables. Je refuse les limitations et pour cela je dois me justifier à moi-même avant de le faire aux autres, c’est pourquoi on accepte de croire les théories les plus imaginatives et les plus invraisemblables.
Les choix derrière le passeport sanitaire
La question qui se cache derrière le pass santitaire est de savoir s’il peut y avoir des limites collectives au comportement individuel et à l’activité économique.
Soit on protège les personnes fragiles, celles qui ne peuvent pas se vacciner ou sur lesquelles le vaccin n’a pas d’effet (greffés, immunodéprimés, maladies auto-immunes, etc.), en restreignant la possibilité de vie sociale de ceux qui ne veulent pas se vacciner, soit on donne à ces personnes le droit de vivre librement en enfermant chez elles les personnes fragiles, comme si c’était leur faute pour la fragilité qu’elles portent.
Ceux dont le comportement individuel est en contradiction avec l’intérêt collectif doivent être sanctionnés. Pour protéger la partie la plus fragile de la société qui serait touchée par les conséquences de cette liberté sans limite. Une liberté sans limites qui se transforme en son contraire, à savoir la « liberté » des forts contre les faibles.
J’ai fait l’objet de trois critiques. Le premier m’accuse de faire le jeu de Macron (ou Draghi) et des patrons (qui sont derrière eux). On dit qu’ils utilisent la pandémie pour imposer des restrictions au contrôle social et pour éroder les droits. C’est tout à fait vrai, mais c’était tout à fait vrai pour chaque jour précédant la pandémie : même avant la pandémie, ils étaient occupés à réduire les droits et à utiliser tous les expédients pour y parvenir. Ils n’ont certainement pas attendu la pandémie pour le faire. Le rejet de la restriction des droits ne peut cependant pas conduire au rejet des mesures de protection collective contre la pandémie, mais plutôt au rejet des points intégrés de manière opportuniste dans ces mesures. Je suis contre tout licenciement lié à la non-vaccination des travailleurs, mais en même temps je pense qu’il est nécessaire que tous les travailleurs de la santé et tous ceux qui sont en contact avec le public soient vaccinés, pour le bien collectif. Le refus des licenciements ne peut conduire à ignorer la santé des personnes fragiles qui ne peuvent se vacciner.
La seconde est qu’il ne faut pas perdre son temps à parler, mais s’engager dans des manifestations. Que je serais un intellectuel de pacotille perdant son temps à raisonner. L’anti-intellectualisme est un élément de la culture fasciste : dans le slogan de Mussolini « Croire Obéir Combattre », il n’y avait aucune place pour l’étude, la culture, l’analyse, la critique. À ma petite échelle, j’essaie plutôt de suivre Gramsci, victime de Mussolini et du fascisme, qui nous a appris que l’analyse et la pratique vont de pair, que c’est autour des grandes idées que peut se construire une manière collective de changer le monde. Sans elle, en poursuivant tout ce qui bouge, tout mouvement, nous agissons comme des chatons aveugles.
Enfin, on m’a dit que je ferais la fine bouche, que je diviserais le mouvement contre Macron. Cette position contient l’idée que la division gauche-droite n’existe plus, et que nous devrions tous nous unir contre le pouvoir oppressif. Ceux qui la soutiennent ne ressentent aucune gêne à manifester aux côtés de groupes fascistes, dans des manifestations hégémonisées par eux et avec des slogans loin de la gauche. Je dois admettre qu’en fait, pour répondre à ces personnes avec leurs mots, j’ai toujours joué à me diviser des fascistes. Ce sont des ennemis de classe et je n’ai jamais manifesté avec eux. Une fois de plus, cela montre le caractère réactionnaire de ces manifestations : c’est toujours l’extrême droite qui soutient que la division gauche-droite n’existe pas et qu’elle est une invention des élites pour diviser le peuple, et qu’une union nationale au-delà de la gauche et de la droite serait nécessaire pour unir le pays et le libérer. Une fois de plus, cela me rappelle beaucoup Mussolini et sa clique.
La CGT et les manifestations contre le Pass sanitaire
Les mouvements sociaux sont comme des bus, tout le monde peut y monter. Le problème est de savoir qui s’assied derrière le volant. Pensez aux grandes grèves : il n’y a pas que des travailleurs de gauche qui y participent, mais aussi des gens du centre, ou des travailleurs proches de l’extrême droite. Mais leur orientation est claire, et l’extrême droite n’a jamais essayé d’en prendre le contrôle, parce que leurs racines sociales reposent sur une orientation de classe qui s’oppose à l’idée corporative de la droite.
Le mouvement contre le Pass sanitaire s’inscrit dans la continuité des nombreuses manifestations obscurantistes qui ont eu lieu en France et en Europe ces derniers mois. Celles-ci ont « en elles-mêmes » une racine d’extrême droite car elles sont fondées sur le soutien à l’absence de contraintes sur l’économie et les comportements individuels (ce qui se traduit par l’imposition de la « liberté » du fort sur le faible) et sur l’irrationalisme conspirationniste (« le virus n’existe pas » « c’est une grippe normale » « on peut la soigner avec le médicament x mais on ne nous le dit pas », etc).
Elle repose sur l’idée que les gens ordinaires sont victimes d’un système d’exploitation dans lequel tout est contrôlé par un petit cercle d’une élite ayant le pouvoir de tout contrôler et de tout planifier. Celui qui vient, comme moi, du pays qui a inventé le fascisme, sait très bien que c’est la base culturelle du fascisme. Toute personne qui pense cela n’est pas encore un fasciste, mais est à un pas de le devenir.
Malheureusement, il y a beaucoup de gens aujourd’hui qui confondent la lutte des classes avec la lutte contre les élites : la première est une lutte pour la démocratie et l’égalité, la seconde est une voie vers le fascisme. Pourquoi en est-il ainsi ? Parce que si cette élite toute puissante existe, il n’y a aucune possibilité de démocratie, en fait tout le monde en démocratie est compromis avec l’élite qui contrôle tout. Même les partis et les syndicats de gauche : vous vous souvenez de ce que Jean Marie Le Pen disait à chaque grève ? Une élite internationale (et certains pointent même la racine juive), unifiée, mondiale, qui veut soumettre les différents pays en exploitant une rhétorique démocratique où chaque parti, syndicat ou acteur associatif obéit en fait à cette élite. Eh bien, si c’est le cas, la seule solution logique est une force antidémocratique et nationaliste, dirigée par un homme (ou une femme ?), qui libérera le pays de la démocratie corrompue des élites.
Les protestations de ces jours-ci sont des protestations qui partent de ce terrain culturel. C’est pourquoi l’extrême droite, en France comme dans toute l’Europe, est dominante. Il ne s’agit pas de rapports de force, ni d’aller en masse pour changer la direction des manifestations. C’est que la culture sur laquelle elle se fonde, les slogans, l’orientation politique sont d’extrême droite.
L’objectif du syndicat ne doit pas être de participer à ces manifestations afin de les hégémoniser. À une époque où l’hégémonie appartient à l’adversaire, le risque est plutôt de perdre des pièces au profit de ceux que l’on veut combattre. Au contraire, il faut appeler à des manifestations et des grèves parallèles à ces manifestations, appelées sur des mots d’ordre clairs qui s’opposent à ceux de l’extrême droite, et qui mettent en concurrence les manifestations syndicales avec celles appelées « spontanément » par l’extrême droite. Ces manifestations devraient être axées sur la lutte contre la liberté de licenciement en l’absence d’un passe sanitaire, et non contre le passe sanitaire en soi.
Je suis désolé de constater que, sur ce sujet, la confusion en France est la même que dans mon pays d’origine, où il n’y a plus de gauche ou de grève digne de ce nom.
Je demande à chacun de faire attention à sa participation à ces manifestations, car cela pourrait nuire aux futurs mouvements de classe auxquels la CGT doit participer.
Lorenzo Battisti (CGT Banque Assurance)
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Syndicats et vaccination : l’hésitation de l’obligation
Tous les syndicats défendent très clairement la vaccination. Mais ils sont réservés ou muets sur l’obligation. Ils sont également réservés ou opposés au « passe sanitaire » conditionnant l’accès aux lieux publics, et pour les personnels y travaillant chargés de la surveillance. Trois syndicats ont déposé un recours au Conseil constitutionnel pour qu’il déclare « l’inconstitutionnalité de la loi », notamment parce qu’elle aggrave les « discriminations » sur la mise en place du « passe sanitaire », au regard des « droits fondamentaux », et qu’il renforce la « subordination » à l’employeur.
Sans nous prononcer ici sur la constitutionnalité de la loi, il est nécessaire de ne pas esquiver la question de l’obligation vaccinale. On sait qu’elle existe depuis longtemps dans notre société, et qu’elle a fait ses preuves. Il n’y a donc pas de raison valable de ne pas la préconiser pour se prémunir de la survenue du COVID 19, dès lors que les vaccins ont fait la preuve de leur efficacité, en dépit du fait que la procédure de leur mise à disposition a été nettement plus accélérée que dans les protocoles habituels. Soit les vaccins sont dangereux et alors il faut les interdire pour tout le monde, soit ils protègent dans un contexte où il n’y pas encore de traitement, et alors il n’y a aucune raison qu’ils soient soumis au seul « libre arbitre » de chacun, alors que l’extension de l’immunité collective n’est pas généralisée et mondiale.
Mais il n’y a pas d’argument non plus pour les pouvoirs publics de ne pas rendre la vaccination obligatoire pour toute la population potentiellement concernée au regard des avis médicaux (la question des enfants peut en effet se poser). En aucune manière il ne peut y avoir un traitement différentié selon des critères strictement professionnels. Même si les personnes continuellement au contact du public semblent davantage concernées, toute personne peut à divers moments se retrouver au contact du public (transports, magasins, lieux culturels, restaurants…). Dans ce domaine, une application d’ampleur universelle des mesures protectrices vaccinales est absolument nécessaire, sinon il y a inégalité flagrante de traitement et un risque potentiellement généralisé- qui lui deviendrait universel comme on le voit avec les variants.
La loi doit donc à ce stade décider l’obligation vaccinale.
Doit-elle sanctionner en cas de refus ? Il convient sur ce point de prendre le maximum de précautions et de faire preuve de discernement. Dans les Etats de droit, une loi qui est délibérément violée implique des mesures de contrainte, voire de force, impliquant des sanctions matérielles, voire pénales. Néanmoins, il est parfaitement imaginable de proportionner l’obligation légale et le type de mesures et de « sanctions », par une médiation qui est la délibération démocratique et la construction d’un collectif civique et d’une responsabilité collective acceptée.
Dans les collectifs de travail et dans la société, l’obligation légale doit aussi :
– comporter l’obligation de participer au débat citoyen : réunions d’informations obligatoires sur le temps de travail (en plus de celles organisées par les syndicats qui doivent en avoir le droit), animées par des personnes qui n’appartiennent pas au dispositif hiérarchique ;
– comporter l’organisation d’assemblée citoyennes dans les communes et les quartiers, afin de délibérer et convaincre ;
– comporter la possibilité en cas de refus d’être changé d’affectation (comme cela est prévu) ;
– comporter l’obligation de se soumettre à un contrôle (passe sanitaire).
Mais l’obligation légale de vaccination ne doit pas aboutir à une rupture du contrat de travail, la suspension du salaire, et pire encore le licenciement. Une personne refusant la vaccination, qui a participé aux réunions sur son lieu de travail, peut être mise en suspension d’obligation professionnelle provisoire, avec un délai. Il est assez peu probable que cette mise en extériorité du collectif de travail ne finisse pas par créer une prise de conscience. Il s’agit alors d’une sorte de « sanction morale ». Il faut miser sur la sociabilité démocratique et l’éthique du travail, pas sur la sanction atteignant les droits sociaux ou la liberté de conscience.
Il sera rétorqué à ces propositions qu’une obligation légale non respectée et non sanctionnée ouvre la porte à toutes les dérives. Il faut répondre à cela que des situations de ce type se sont déjà produites récemment (par exemple la tolérance -certes rare ! – de manifestations pourtant interdites). Mais surtout que la situation ouverte par la pandémie mondiale doit ouvrir des méthodes démocratiques et des procédures exceptionnelles dans le traitement des situations. Refuser de le faire ou de l’imaginer peut aboutir à une exacerbation régressive des crises de société.
Jean-Claude Mamet, Août 2021
http://syndicollectif.fr/vaccins-et-manifestations-ouvrons-les-debats/
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Pour la vaccination, contre l’extrême-droite
SUD éducation porte depuis le début de la crise sanitaire ses revendications pour la santé des personnels et des élèves et notamment la mise en œuvre rapide d’une campagne de vaccination massive : la communauté scientifique indique unanimement que c’est la seule porte de sortie de la pandémie. Les atermoiements du gouvernement ont retardé la campagne de vaccination. Elle n’a pas été pleinement prise en charge par l’administration, ce qui a renvoyé les personnels à des difficultés diverses pour trouver des créneaux de vaccination.
À l’approche de la rentrée scolaire et alors que le variant Delta se multiplie, l’enjeu de la vaccination reste énorme. À ce titre, la mise en œuvre d’une campagne de vaccination dans les établissements scolaires est de bon sens. Elle doit être effectuée par des personnels formés et sans dégrader les conditions de travail des personnels médicaux de l’Éducation nationale. Nous connaissons malheureusement la capacité du gouvernement à faire des annonces qui sont insuffisamment mises en œuvre sur le terrain : cela a été le cas pour les distributions de masques ou l’organisation de campagnes de tests. Il est indispensable que cette fois-ci, une enveloppe spécifique soit allouée immédiatement pour permettre la mise en œuvre de cette campagne de vaccination sur site. Enfin, pour développer au mieux la campagne de vaccination, il est indispensable que soit mise en œuvre au plus vite la levée des brevets des vaccins et le transfert des techniques de production des laboratoires vers les pouvoirs publics au plus vite.
Le passe sanitaire n’est pas mis en œuvre dans les écoles et établissements. Le protocole sanitaire publié fin juillet introduit cependant le principe de l’éviction des seul-e-s cas-contact non-vacciné-e-s. Au vu du retard pris par la campagne de vaccination et de la proximité de la rentrée scolaire, il est illusoire de penser que l’ensemble des élèves pourrait être en situation d’être vacciné-e-s à la rentrée. Par ailleurs, ce sont dans les territoires les plus défavorisés que la vaccination est à ce stade la plus faible : cette différenciation entre élèves vacciné-e-s et non-vacciné-e-s reproduirait des inégalités sociales déjà à l’œuvre. Enfin, même si l’on n’a pas de précision à ce sujet, il ne serait pas acceptable que l’on exige des personnels de l’Éducation nationale de prendre en charge les missions qui seraient liées à cette mesure.
SUD éducation se prononce pour la vaccination de masse et, avec son union syndicale Solidaires, dénonce fermement la mise en œuvre du passe sanitaire. En effet, le gouvernement n’a pas été capable d’organiser une vaccination massive de la population et fait payer son incurie aux travailleurs et travailleuses par un dispositif de contrôle, de surveillance et de contrainte généralisés. Par ailleurs, il a par ses volte-face successifs, ses mensonges et ses approximations largement sa part de responsabilité dans la montée des thèses complotistes.
Pour autant, nous ne nous reconnaissons pas dans la mobilisation en cours contre le passe sanitaire. En effet, la mobilisation, qui a commencé cet été et que Philippot, président du mouvement d’extrême-droite Les Patriotes, appelle à poursuivre le 4 septembre, mêle revendications anti-masques, anti-vaccination et toutes mesures de prévention à la critique du passe sanitaire au nom des libertés individuelles. Cette mobilisation laisse apparaître un discours individualiste et propre à l’extrême-droite alimenté par la peur du progrès, la défense d’un ordre « naturel » dans lequel seuls les plus forts survivent, l’écriture d’une post-vérité fantasmée et nourrie de récits complotistes et obscurantistes, des slogans et des symboles racistes et antisémites intolérables et criminels, des comportements oppressifs et LGBTIphobes, des appels à l’intervention de l’armée.
Le mécontentement à l’égard du gouvernement est légitime, or l’extrême-droite s’en nourrit et l’utilise pour diffuser son idéologie réactionnaire. Ne la laissons-pas faire ! Dans un contexte de montée de l’extrême-droite (succès électoraux à l’échelle mondiale, violences racistes et antisémites, violences à l’égard des migrant-e-s…), nous avons la responsabilité de nous opposer à leurs manifestations, à leurs mensonges, à leur haine. Nous ne sommes pas dans le même camp, et il faut l’affirmer en refusant de sceller dans la rue des alliances de fait, par opportunisme. Il s’agit maintenant de porter nos propres revendications et perspectives d’action dans le répertoire de classe du mouvement social : contre la politique anti-sociale du gouvernement, pour le progrès social, par la construction d’un mouvement de grève dans l’Éducation nationale et interprofessionnels à partir de septembre.
En conséquence, SUD éducation appelle les personnels de l’Éducation nationale à ne participer à aucune mobilisation orchestrée par l’extrême-droite ou acquise à ses idées nauséabondes.
https://www.sudeducation.org/communiques/pour-la-vaccination-contre-lextreme-droite/
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Union syndicale Solidaires : Vaincre le virus, préserver nos droits et libertés, changer le système
Nous faisons face au développement du variant delta. La vaccination est un élément clef pour stopper ou limiter les dégâts de l’épidémie. Mais le gouvernement, par le biais du pass sanitaire, adopte une démarche autoritaire. Pire, il n’annonce que des mesures de régression sociale et rien sur la crise écologique.
Vaccination et pass sanitaire
La vaccination obligatoire de certaines professions sert à cacher l’incurie du gouvernement depuis le début de la pandémie. Alors que les personnels de santé ont été exposé-es sans protection, sans matériel adéquat pendant de nombreux mois, c’est la culpabilisation sur la vaccination, voir le licenciement qui leurs sont imposés. Les héros et héroïnes d’hier, qui étaient sommé-e-s de travailler auprès des patient-e-s même quand ils/elles étaient positives au covid, sont stigmatisé.es aujourd’hui.
Les cartes de vaccination en région parisienne montrent que ce sont les villes ou les quartiers les plus riches où la vaccination est la plus importante. Cela révèle à quel point l’accès à la vaccination reste une question sociale. Le pass sanitaire qui restreint les libertés et la vie sociale est bien aussi une mesure inégalitaire et antisociale.
Se faire vacciner doit rester un acte de volontariat. C’est l’information transparente, convaincre de cette nécessité qui doit primer. Il faut multiplier le travail de terrain et les points de vaccination pour rapprocher la possibilité de se faire vacciner du plus grand nombre, donner des droits sur le temps de travail… Il y a nécessité de fournir aux personnes les plus éloignées de l’information, les moyens d’appréhender le sujet et de répondre à leurs questions. La pédagogie et les moyens plutôt que le bâton et l’autoritarisme.
Ce n’est pas une forme de répression, de restriction des droits, le contrôle chaque jour un peu plus poussé de la population, qui pourra nous faire aller vers une responsabilisation collective sereine. L’annonce de sanctions professionnelles à partir du 15 septembre ou de privation de salaire ne sont pas acceptables.
L’autoritarisme se cache souvent sous les meilleures intentions et malheureusement les lois sécurité globale, et « séparatisme » nous ont déjà prouvé les dérives autoritaires et liberticides de ce gouvernement.
Où sont les moyens pour le service public de santé ?
Les choix qui sont faits ne remettent toujours pas en cause les politiques néolibérales qui ont cassé l’hôpital et plus généralement le service public de santé, et mis en danger les malades et les soignant-es lors des premières vagues.
Nous n’oublions pas les milliers de suppressions de lits pour raisons « économiques », les nombreux hôpitaux fermés, les démissions de soignant-es liées aux conditions de travail dégradées !
Nous voulons vaincre ce virus. Nous portons des revendications dans ce sens depuis le début de la crise. Cela passe par la gratuité des masques, la création de lits et de services et le recrutement massif des personnels nécessaires dotés des moyens matériels indispensables pour les hôpitaux publics, les EHPAD, les associations sociales et médico-sociales, un accès facile aux soins sur l’ensemble des territoires.
La lutte contre le virus est internationale. Les annonces de « dons de vaccins » sont une fois de plus l’exercice du pouvoir des pays riches sur les plus pauvres. Croire que nous pourrons vaincre la maladie sur un seul territoire est un leurre. Pour bloquer le virus, c’est une solidarité mondiale qu’il faut développer, qui passe par la levée des brevets sur les vaccins et les traitements anti covid, et enfin la constitution d’un pôle public du médicament pour en finir avec les lobbys pharmaceutiques en pleine course au profit.
Fuite en avant anti-sociale
Dans ces circonstances où chacun·e ressent un épuisement plus ou moins grand, nous n’oublions pas non plus les effets économiques et dégâts humains que cela signifie, de cette pandémie qui n’en finit pas.
Et c’est à ce moment que Macron nous annonce, en termes elliptiques, qu’il va continuer de dérouler sa politique de casse sociale à court ou moyen terme. Nos retraites et notre protection sociale, nos services publics (avec une énième « réorganisation » de l’État), les indemnisations des chômeuses et chômeurs… sont les cibles.
Ce n’est pas l’annonce d’un « revenu d’engagement » pour les jeunes de 18 à 25 ans dans une logique de « devoirs et de droits », sorte de garantie jeunes revisitée, qui permettra de répondre aux enjeux de précarités.
C’est une véritable remise en cause de notre modèle social et une volonté de destruction de notre protection sociale. Le gouvernement entend protéger les plus riches et les dominants. Le monde d’après de Macron, c’est bien celui d’avant en pire.
Rien sur l’urgence écologique
Alors que la crise écologique et climatique s’aggrave, Macron propose un même modèle de société basé sur un capitalisme prédateur et destructeur. C’est acter une fuite en avant irrémédiable.
L’urgence d’une rupture et de mesures fortes
Pour l’Union syndicale Solidaires, il est vraiment temps de changer de politique, et ce système qui ne peut qu’aggraver les inégalités sociales, les catastrophes écologiques, et la répression de la population.
Nous pouvons vaincre le chômage et la misère. Il y a nécessité de poser la question du partage du temps de travail, de nouveaux types de financement pour les services publics, d’un modèle de transition écologique ambitieux. Cela passe forcément par un autre partage des richesses et une rupture avec le mode de production et de consommation capitaliste.
Passons à l’action !
Dans ce contexte, l’Union syndicale Solidaires continue à construire unitairement la lutte en appelant à la convergence, en proposant nos alternatives syndicalement et dans le cadre du collectif « Plus jamais ça ». Nous n’obtiendrons rien sans nous mobiliser fortement !
Il est plus qu’urgent de changer de politique et de système, pour la justice sociale, écologique et un monde où les dominations et inégalités cessent.
L’Union syndicale appelle dès à présent à construire une rentrée sociale à la hauteur des attaques en préparation contre le monde du travail.
Article publié le 13 juillet 2021
https://solidaires.org/Vaincre-le-virus-preserver-nos-droits-et-libertes-changer-le-systeme
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Passe sanitaire : quelle surveillance redouter ?
Les critiques du passe sanitaire dénoncent unanimement un « danger autoritaire ». Assez justement, la CNIL elle-même présente ce danger comme « le risque d’accoutumance et de banalisation de tels dispositifs attentatoires à la vie privée et de glissement, à l’avenir, et potentiellement pour d’autres considérations, vers une société où de tels contrôles deviendraient la norme et non l’exception ». Prenons un instant pour détailler ce danger et répondre à la question : de quel type de surveillance le passe sanitaire est-il l’expression ?
Il existe déjà de nombreux « dispositifs attentatoires à la vie privée » contre la généralisation desquels nous luttons depuis des années : écoutes téléphoniques, fichage, caméras, drones, géolocalisation, logiciels espions… Pour comprendre et prévenir les dangers posés par le passe sanitaire, il faut le situer précisément au sein de cet écosystème. Certains outils de surveillance sont plus ou moins faciles à déployer, à plus ou moins grande échelle, de façon plus ou moins visible et avec des conséquences très variables. En comprenant dans quel mouvement technologique et à partir de quels outils pré-existants le passe sanitaire s’est construit, nous espérons lutter plus efficacement contre la banalisation du type de surveillance qu’il permet.
Contrôler pour exclure
Pour prendre du recul, décrivons de façon générale l’action que permet de réaliser le passe sanitaire : exclure de certains emplois, transports et lieux des personnes dont la situation diffère de certains critères fixés par l’État.
Formulé ainsi, ce mode de régulation n’a rien de nouveau. C’est notamment de cette façon que l’État français traite les personnes étrangères : l’accès aux transports vers le territoire national, puis l’accès au séjour et à l’emploi sur le-dit territoire n’est permis que si la situation des personnes étrangères est conforme à des critères fixés par l’État (situation personnelle familiale et économique, pays d’origine, âge…). Le respect des critères est vérifié une première fois en amont puis se traduit par la délivrance d’un titre : visa, cartes de séjour, etc. Ensuite, la police n’a plus qu’à contrôler la possession de ces titres pour contrôler la situation des personnes, puis leur ouvrir ou leur fermer les accès correspondants. En menaçant d’exclure du territoire ou de l’emploi les personnes ne disposant pas du bon titre, l’État déploie une lourde répression – les conséquences pour les personnes exclues sont particulièrement dissuasives.
Toutefois, jusqu’à peu, ce type de répression avait d’importantes limitations pratiques : les titres ne pouvaient être délivrés qu’avec un certain délai et à un certain coût, de nombreux policiers devaient être déployés pour les vérifier et certains policiers devaient même être spécifiquement formés pour en vérifier l’authenticité. Ces limitations expliquent sans doute en partie pourquoi ce type de répression s’est jusqu’ici centré sur des cas précis (tel que le contrôle des personnes étrangères) sans être systématiquement déployé pour gérer n’importe quelle situation que l’État souhaiterait réguler.
Le passe sanitaire est la traduction d’évolutions techniques qui pourraient supprimer ces anciennes limites et permettre à cette forme de répression de s’appliquer à l’ensemble de la population, pour une très large diversité de lieux et d’activités.
Passage à l’échelle technologique
Au cours de la dernière décennie, la majorité de la population française (84% en 2020) s’est équipée en smartphone muni d’un appareil photo et capable de lire des code-barres en 2D, tels que des codes QR. En parallèle, l’administration s’est largement appropriée les outils que sont le code-barre en 2D et la cryptographie afin de sécuriser les documents qu’elle délivre : avis d’imposition, carte d’identité électronique… Le code en 2D rend quasi-nul le coût et la vitesse d’écriture et de lecture d’informations sur un support papier ou numérique, et la cryptographie permet d’assurer l’intégrité et l’authenticité de ces informations (garantir qu’elles n’ont pas été modifiées et qu’elles ont été produites par l’autorité habilitée).
Si ces évolutions ne sont pas particulièrement impressionnantes en elles-même, leur concomitance rend aujourd’hui possible des choses impensables il y a encore quelques années. Elle permet notamment de confier à des dizaines de milliers de personnes non-formées et non-payées par l’État (mais simplement munies d’un smartphone) la mission de contrôler l’ensemble de la population à l’entrée d’innombrables lieux publics, et ce, à un coût extrêmement faible pour l’État puisque l’essentiel de l’infrastructure (les téléphones) a déjà été financée de manière privée par les personnes chargées du contrôle.
Désormais, et soudainement, l’État a les moyens matériels pour réguler l’espace public dans des proportions presque totales.
Une brique de plus à la Technopolice
La crise sanitaire a très certainement facilité ces évolutions, mais son rôle ne doit pas être exagéré. Cet emballement dramatique des pouvoirs de l´État s’inscrit dans un mouvement d’ensemble déjà à l’œuvre depuis plusieurs années, qui n’a pas attendu le coronavirus, et contre lequel nous luttons sous le nom de « Technopolice ». Il s’agit du déploiement de nouvelles technologies visant à transformer les villes en « safe cities » capables de réguler l’ensemble de l’espace public.
La Technopolice est l’expression d’évolutions technologiques qui, comme on l’a vu avec le cas du passe sanitaire, ont permis de rendre totales des formes de régulations qui, jusqu’alors, étaient plus ou moins ciblées. Prenons le cas emblématique des caméras : jusqu’à peu, la police était matériellement limitée à une politique de vidéosurveillance ciblée. Elle ne pouvait exploiter les enregistrements vidéo que pour analyser quelques situations ciblées, à défaut de pouvoir mettre un agent derrière chaque caméra 24 heures sur 24. De même, l’identification d’une personne filmée demandait des efforts importants.
Ces limitations ont depuis volé en éclat. La reconnaissance faciale rend presque triviale l’identification des personnes filmées (voir notre exposé). L’analyse automatisée d’images permet de détecter en continu tous les événements définis comme « anormaux » : faire la manche, être trop statique, courir, former un grand groupe de personnes, dessiner sur un mur… (voir par exemple les projets imaginés à Marseille ou à Valenciennes). Plus besoin de placer un agent derrière chaque caméra pour avoir une vision totale. Qu’il s’agisse du passe sanitaire ou de l’analyse d’image automatisée, dans les deux cas, la technologie a permis à des techniques ciblées de se transformer en outils de contrôle de masse de l’espace public.
Contrôle permanent des corps
Ce parallèle nous permet d’apporter une précision importante : qu’il s’agisse du passe sanitaire ou de la détection automatique des comportements « anormaux », ces systèmes ne nécessitent pas forcément un contrôle d’identité. Le logiciel d’imagerie qui signale votre comportement « anormal » se moque bien de connaître votre nom. De même, en théorie, le passe sanitaire aussi pourrait fonctionner sans contenir votre nom – c’est d’ailleurs ce que prévoyait la loi initiale sur la sortie de crise ou, plus inquiétant, ce que proposent désormais certaines entreprises en se fondant non plus sur le nom mais le visage. Dans ces situations, tout ce qui compte pour l’État est de diriger nos corps dans l’espace afin de renvoyer aux marges celles et ceux qui – peu importe leurs noms – ne se conforment pas à ses exigences.
Ce contrôle des corps se fait en continu et à tous les niveaux. D’abord pour détecter les corps jugés « anormaux », que ce soit par leur comportement, leur apparence, leur visage, leur statut vaccinal, leur âge… Ensuite pour contraindre les corps et les exclure de la société, que ce soit par la force armée de la police ou par des interdictions d’entrée. Enfin pour habiter les corps et les esprits en nous faisant intérioriser les règles dictées par l’État et en poussant à l’auto-exclusion les personnes qui ne s’y soumettent pas. Tout cela à l’échelle de l’ensemble de la population.
Une accoutumance injustifiée
L’adoption massive du passe sanitaire relève d’une bataille culturelle menée par le gouvernement visant à habituer la population à se soumettre à ce contrôle de masse. Cette accoutumance permettrait à l’État de poursuivre plus facilement sa conquête totale de l’espace public telle qu’il l’a déjà entamée avec la Technopolice.
Pourtant, paradoxalement, dans son format actuel, le passe sanitaire n’apparaît pas comme étant lui-même un outil de régulation très efficace. Il semble difficile d’empêcher les médecins qui le souhaitent de fournir des passes à des personnes qui ne devraient pas en recevoir. Et, quand bien même les passes seraient attribués aux « bonnes personnes », en l’état celles-ci peuvent facilement les partager avec les « mauvaises personnes ». Certes, la police entend réaliser des contrôles d’identité pour lutter contre ces échanges mais, si l’efficacité du système repose au final sur des contrôles de police aléatoires, il n’était pas nécessaire de déployer des mécanismes de surveillance de masse pour aller au-delà ce qui se fait déjà en la matière, par exemple avec les ordonnances manuscrites délivrées par les médecins que la police peut vérifier en cas de soupçons. Cela permettrait au moins de diminuer les risques d’accoutumance à un nouveau système de contrôle de masse.
Hélas, il semble plus sérieux d’envisager le scénario inverse : l’inefficacité du passe sanitaire pourrait servir de prétexte pour le perfectionner, notamment en permettant aux contrôleurs non-policiers de détecter les échanges de passe. Comme vu plus haut, certains proposent déjà un nouveau système affichant le visage des personnes contrôlées. Une telle évolution nous livrerait la version pleinement aboutie et efficace du système de contrôle de masse rêvé par la Technopolice – et la police n’aurait presque plus à travailler pour contrôler les passes.
Obligation de prouver la nécessité
Même dans son format le plus sophistiqué, l’efficacité du passe sur le plan sanitaire resterait toujours à démontrer – il demeure de nombreuses incertitudes, que ce soit sur la valeur des tests au bout de 72 heures, sur le taux de transmission même une fois vacciné, sur le cas des nouveaux variants, sur l’efficacité de la contrainte pour inciter la population à se faire vacciner, ou sur la durée de validité à retenir pour les tests de dépistage.
Au plan juridique et politique, et tel que nous l’avions rappelé pour StopCovid, l’État est soumis à une règle simple mais fondamentale : il a l’obligation de prouver qu’une mesure causant des risques pour les libertés fondamentales est absolument nécessaire avant de la déployer. Dans notre cas, non seulement le gouvernement n’a pas encore démontré l’efficacité du passe sanitaire mais, plus grave, il a refusé de déployer ou de tester l’efficacité de mesures alternatives qui ne causeraient aucun risque pour les libertés (telles que des campagnes de communication bienveillantes, transparentes et non-paternalistes pour inviter à se faire vacciner), ou des mesures complémentaires ambitieuses (tel que le déblocage de financements pour permettre le dédoublement des salles de classe et leur aération, ce que le gouvernement à tout bonnement écarté).
Conclusion
Résumons : le passe sanitaire illustre des évolutions technologiques qui permettent à un mode de répression ancien (la répression par l’exclusion, illustrée notamment par le contrôle des personnes étrangères) de passer d’une échelle relativement restreinte à une échelle presque totale, concernant l’ensemble de la population et de l’espace public, afin de renvoyer à ses marges les personnes qui ne se soumettent pas aux injonctions de l’État.
Si, aujourd’hui, ces injonctions ne sont que d’ordre sanitaire, il faut encore une fois redouter que ce genre d’outil, une fois banalisé, soit mis au service d’injonctions dépassant largement ce cadre. Cette crainte est d’autant plus pesante que ce processus a déjà commencé au sein de la Technopolice, qui esquisse d’ores et déjà un mode de régulation social fondé sur la détection et l’exclusion de toute personne considérée comme déviante ou comme ayant un comportement « anormal » aux yeux de l’État et des entreprises de sécurité qui définissent ensemble et de manière opaque les nouvelles normes de comportement en société.
Dernier rappel stratégique : si le gouvernement français se permet d’imposer de tels outils de détection et d’exclusion des personnes qu’il juge indésirables, c’est notamment car il peut reprendre à son compte, et redynamiser à son tour, les obsessions que l’extrême droite est parvenue à banaliser dans le débat public ces dernières années afin de traquer, de contrôler et d’exclure une certaine partie de la population. La lutte contre les risques autoritaires du passe sanitaire serait vaine si elle ne s’accompagnait pas d’une lutte contre les idées d’extrême droite qui en ont été les prémices. La lutte contre le passe sanitaire de doit pas se faire avec, mais contre l’extrême droite et ses obsessions, qu’elles soient dans la rue ou au gouvernement.
La quadrature du net
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Non, MACRON ne mange pas les petits enfants !
Non, le COVID n’est pas « une petite gripette », des centaines de millions de personnes ont été frappées par la maladie, plus de 4 millions en sont mortes dont plus de 110 000 en France et 280 à La Réunion. Depuis le début, la gravité de la pandémie a été sous-estimée en particulier par A. Buzin, ancienne ministre de la Santé qui a d’ailleurs déserté son poste…
Non, le Covid ne frappe pas une seule catégorie de la population, les jeunes en sont victimes et ont été infectés dans les établissements scolaires contrairement aux affirmations du ministre Blanquer ardent destructeur du service public de l’Education.
Non la vaccination n’est pas l’injection en misouk de nanoparticules censées tuer 4 milliards d’individus sur les recommandations de Bill Gates.
Non la vaccination ne rend pas stérile.
Non il n’existe aucun traitement miracle de la maladie, ni hydroxychloroquine (prescription du docteur Donald Trump !), ni tisane bénite, même s’il est évidemment nécessaire de rechercher des molécules permettant de soulager les malades.
Non la vaccination n’a pas tué 170 000 ni même 17 000 personnes en Europe.
Non la situation des services de réanimation et de soins intensifs à La Réunion n’est pas bonne. Les soignants sont accablés par l’afflux de malades et doivent déprogrammer des interventions et des soins liés à d’autres pathologies ;
Non, la « liberté » n’est pas dissociable de l’égalité de tous dans l’accès à la vaccination et aux médicaments, en particulier de nos voisins Malgaches par exemple qui sont en ce moment même « libres » de mourir sans espoir.
Non, la « liberté » n’est pas dissociable de la fraternité, socle d’une solidarité collective face à la maladie qui passe par une vaccination massive de tous les habitants de la planète.
Les manifestations « antivax »actuelles sont largement manipulées par l’extrême-droite et un ramassis de démagogues qui se sont dressés contre le mariage pour tous, contre le droit à l’avortement, contre la PMA, contre les libertés de genre.
Leur « liberté » est celle du renard dans le poulailler, libre de dévorer les volailles !
Paradoxalement, ces meneurs dangereux confèrent à Macron la stature d’un « super héros » luttant pour la santé des Français contre l’obscurantisme. Il est ainsi remis en selle pour les élections à venir.
Et pourtant, Macron et avant lui d’autres gouvernants porte l’écrasante responsabilité d’avoir systématiquement affaibli l’hôpital public qui continue à perdre postes et moyens, d’avoir accumulé mensonges, contre-vérités (le masque ne sert à rien !) et mesures autoritaires contradictoires. Il a ainsi différé de nécessaires mesures de confinement au profit du fonctionnement de l’économie (comme d’ailleurs ces derniers jours le préfet de La Réunion).
Rappelons nous de la gestion catastrophique il y a 10 ans de la pandémie H1N1 avec plus de 60 000 personnes frappées à La Réunion. A l’époque R. Bachelot était ministre (déjà!) de la Santé. Les mêmes erreurs, la même sous-estimation, les mêmes mesures autoritaires avaient été mises en œuvre.
Aucune leçon n’a été tirée de cet épisode, la destruction du système de santé public s’est poursuivie, diminuant encore les capacités de faire face au Covid aujourd’hui.
La crise actuelle sonne comme un second avertissement : avec le H1N1 avaient été pointés les dangers de la transmission de virus à l’homme (zoonoses) liés à l’industrialisation de l’élevage animal (concentration excessive des animaux, conditions sanitaires déplorables…). Le Covid est probablement de même origine et il est certain que de nouvelles pandémies sont à craindre encore aujourd’hui pour les mêmes raisons.
Au lieu de perdre du temps et de l’énergie dans de stériles combats contre la vaccination, il est plus que temps de remettre en cause les mécanismes de la production alimentaire mondiale, de « mettre le paquet » pour les systèmes de santé et la recherche médicale, de prendre le contrôle de la production pharmaceutique, de libérer la recherche du carcan des brevets et du profit. (A noter que l’extrême-droite est hostile à la remise en cause des brevets).
Au-delà encore, il est nécessaire de comprendre que le dérèglement climatique étend les zones de diffusion de certains virus (Ebola, dengue, chikungunya…) et pourrait amener au surgissement de virus ancestraux gelés dans le permafrost sibérien depuis des milliers d’années.
Les responsabilités de Macron et de la plupart des dirigeants de la planète se situent bien là : avoir pendant des décennies favorisé la loi du profit au détriment du droit à la santé, politique criminelle et meurtrière. Ceci est infiniment plus grave que la mise en cause d’une « liberté » utilisée comme hochet par des gosses de pays riches.
La responsabilité de Macron est aussi pleine et entière lorsqu’il explique que nous serions « en état de guerre » et qu’il faut suspendre la démocratie. Prétexte déjà invoqué avec le terrorisme pour accumuler les lois liberticides de ces dernières années qui permettent aux flics de s’en prendre aux militants syndicaux ou associatifs, aux jeunes qui veulent faire la fête.
Contrairement aux recommandations de l’OMS, il a choisi non de convaincre mais de contraindre en interdisant de facto à des millions de Français de conserver leur emploi, de prendre le train ou l’avion, de déjeuner à la terrasse d’un restaurant ou de voir un film à moins de subir un, deux ou dix contrôles menés par des commerçants dont ce n’est en aucun cas la fonction. Le pass sanitaire est interprété à juste titre comme une nouvelle mesure autoritaire.
Au mot vidé de son sens de « liberté », aux mesures autoritaires de Macron, nous opposons le mot de démocratie, la participation de tous aux débats collectif et à la prise de décision.
Nous vivons une époque de crise, sanitaire bien sûr mais également économique, sociale, morale. Le monde est secoué par une vague destructrice, maladies, guerres, exploitation renforcée, pillage sans frein des ressources, dérèglement du climat. Il est saisi par le chaos engendré par une forme de décomposition du capitalisme dans laquelle fleurissent l’irrationalité et le désespoir. Le risque est grand de voir se développer cette irrationalité du monde politique que constitue le fascisme.
Il y a donc des raisons impérieuses de s’opposer à Macron et aux intérêts qu’il défend mais pas sur de faux combats, pas aux côtés de l’extrême-droite et de courants profondément réactionnaires.
Le 5 Août 2021
Philippe Azéma, Yoga Thirapathi, Yves Thébault, Armelle Roche, Didier Debals, Anthony Lamy
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Guadeloupe. Covid : « L’UPLG lance un appel solennel au peuple guadeloupéen… »
Le secrétaire général de l’Union Populaire pour la Libération de la Guadeloupe (UPLG), Gaston Samut, lance un appel à la Guadeloupe pour que les Guadeloupéens prennent leurs précautions, respectent les gestes barrières et utilisent toutes les possibilités d’échapper à la Covid-19.
« L’UPLG lance un appel solennel au peuple guadeloupéen, en particulier à ceux qui peuvent présenter des complications en cas de contamination (porteurs de comorbidités, comme ils disent). Ne nous trompons pas de combat. Nous les invitons à se vacciner pour se donner toutes les chances pour éviter les complications.»
Après un long développement désignant des responsables de la crise sanitaire : l’Etat, ses représentants en Guadeloupe, le monde économique, etc., Gaston Samut fait un plaidoyer pour un sursaut de la population, afin d’éviter le pire.
« … C’est dans ce contexte que sont apparues une série de mesures qui en réalité aboutissent à l’obligation vaccinale. La réaction des syndicats de la santé a été immédiate. Ils ont appelé à manifester contre l’obligation vaccinale, contre le passe sanitaire. Ce combat est juste, il faut le poursuivre et l’amplifier.
Ne pas confondre lutte contre l’obligation vaccinale, contre le passe sanitaire et lutte contre la vaccination.
La Covid 19 ne sévit pas seulement en Guadeloupe, c’est une pandémie. Toute la planète est concernée.
Dans tous les pays tous les moyens sont mis en oeuvre pour combattre cette pandémie. Dans certains pays on a trouvé des plantes qui donnent des résultats intéressants pour combattre la Covid. En Guadeloupe même nous avons des plantes qui ont des effets positifs sur la santé quand on est atteint de covid.
« Concernant les vaccins anti-covid,si en fin d’année 2020, nous n’avions aucun recul, il n’en est pas de même aujourd’hui. »
Gaston Samut, secrétaire général de l’UPLG
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Plusieurs vaccins ont été mis au point dans des pays divers. Des milliards d’êtres humains ont déjà été vaccinés dans le monde principalement dans les pays développés. C’est la première fois qu’un tel effort de vaccination est fait à l’échelle de la planète.
Aujourd’hui, le débat ne doit pas se situer entre vaccination et thérapie. Puisque tous les responsables de santé sérieux s’accordent à dire qu’en matière de maladie, la prévention est plus bénéfique que les soins. Vaut mieux prévenir que guérir. Cela veut dire, quel que soit le médicament efficace que l’on pourrait trouver pour soigner la covid, il est toujours plus bénéfique de ne pas avoir la maladie.
Concernant les vaccins anti-covid, si en fin d’année 2020, nous n’avions aucun recul, il n’en est pas de même aujourd’hui. Le nombre très important de personnes vaccinées nous donne le recul dont nous avions besoin.
Les faits sont là aujourd’hui, le vaccin n’empêche pas à 100% d’être contaminé, il n’empêche pas non plus à 100% de transmettre le coronavirus mais il protège largement contre les formes graves de la maladie.
Pouvons-nous aujourd’hui nous opposer à la vaccination ? L’UPLG dit NON.
La situation est trop grave, la contamination est massive, les personnes qui développent les formes graves sont à 90% les non-vaccinées.
L’UPLG lance un appel solennel au peuple guadeloupéen, en particulier à ceux qui peuvent présenter des complications en cas de contamination (porteurs de comorbidités, comme ils disent). Ne nous trompons pas de combat.
« Personne à ce jour ne peut nous dire quand nous sortirons de cette crise sanitaire, vague après vague nous risquons de payer un prix de plus en plus fort. »
Nous les invitons à se vacciner pour se donner toutes les chances pour éviter les complications. Nous savons que certains camarades sont opposés à la vaccination. Nous respectons leur choix et nous les invitons à faire tout ce qu’il y a à faire pour s’épargner toute contamination. Personnellement, j’étais avec le Patriote Jack D. le 1 juillet et nous avons beaucoup discuté. On ne se doutait pas qu’il allait être emporté par la maladie en si peu de temps.
Plusieurs camarades, ont déjà eu la COVID, s’en sont sortis et ont mesuré la gravité de l’infection. Plusieurs camarades ont, dès que cela a été possible, choisi de se faire vacciner. Certains ne sont pas contre mais hésitent. Ceux d’entre nous qui se font entendre le plus sur nos réseaux sont les anti-vaccins.
Personne à ce jour ne peut nous dire quand nous sortirons de cette crise sanitaire. Vague après vague nous risquons de payer un prix de plus en plus fort. Avant de faire de cette crise sanitaire un combat contre l’Etat français, faisons-en un combat pour rester en vie pour continuer notre combat pour l’indépendance nationale.
J’ai signé en votre nom le soutien de l’UPLG aux côtés d’autres organisations dont celles du LKP et la CGTG à l’opposition à l’obligation vaccinale et au passe sanitaire mais depuis la manifestation de Basse- Terre, je ne me suis rendu à aucune manifestation. Ce n’est pas que je n’en avais pas envie mais les dégâts que produit l’infection dans ma famille m’obligent à ne pas les exposer plus et ni exposer les autres.
Je ne voulais pas non plus montrer que je bravais la menace. J’ai observé beaucoup de manifestants déambulant sans masque. C’est effectivement très difficile de manifester avec le masque au visage. D’ailleurs un nombre très limité de camarades participent à ces manifestations, et je comprends cela.
Mes pensées vont à tous les camarades qui ont perdu un parent ou un proche. Nous n’aurons pas assez de mots pour les soulager. Je pense, en particulier à la famille de nos camarades défunts Marie-Claude et Joseph Samson partis à moins d’un mois d’intervalle. Je pense aussi au camarade patriote Apatout Serge, très engagé lors du premier confinement et après au sein de l’association Résistance pour apporter le soutien du monde culturel au peuple guadeloupéen en souffrance. Une pensée très forte pour sa famille et ses camarades de lutte.
« J’ai le sentiment, la conviction que les personnes à risque dont beaucoup d’entre nous font partie, ont un réel intérêt à accepter de se faire vacciner. »
Nous pensons aux nombreuses familles qui pleurent la disparition d’un proche ou parfois de plusieurs. Nous pensons aussi à nos nombreux camarades confinés et dans l’angoisse, craignant une contamination qui semble les guetter au tournant. Ce n’est pas une période facile pour qui que ce soit. Rester sur le qui-vive au quotidien, se faire du mauvais sang en permanence et craindre de se faire contaminer. Ne jamais baisser lagarde. Pas facile pour tout le monde. Certains n’y réussissent pas et parfois c’est la catastrophe.
Et nos enfants et petits-enfants qui deviennent une menace pour nous. Qui pourraient se voir porter le fardeau de notre contamination. Dur dur. Nos jeunes qui bravent le danger et se font contaminer, qui ont du mal à respecter les recommandations pour freiner la montée de l’épidémie.
J’ai le sentiment, la conviction que les personnes à risque dont beaucoup d’entre nous font partie, ont un réel intérêt à accepter de se faire vacciner malgré les infos ou intox diffusés sur les médias.
Tous les choix thérapeutiques que nous ferons ont leurs limites. Nos rimèd razyé, les traitements préventifs et curatifs, la vaccination aussi.
L’UPLG a besoin de chacun de vous, de nous, le pays aussi. Fos é Kouraj. »
23 août 2021
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Anti passe sanitaire : l’extrême-droite comme un poison dans l’eau
L’omniprésence avérée, tant dans les grandes villes que dans les zones péri-urbaines, de thématiques antisémites, complotistes, confuses, antivax, etc., mais aussi de groupuscules ultra-réactionnaires tels que la Ligue du Midi à Montpellier, Civitas à Nantes, les Zouaves à Paris, etc, manifeste le fait que l’extrême droite dans tout son éventail était prête pour cette mobilisation.
Depuis plus d’un mois, la France connaît le frémissement d’un nouveau mouvement social spontané, explosant sur la question du passe sanitaire, mais dont on ressent aisément la profondeur de trames enchevêtrées, consécutives à plus d’un an et demi d’une crise sanitaire dont la gestion sidérante par le président épidémiologiste de guerre Emmanuel Macron et son gouvernement, précipite à nouveau des centaines de milliers de personnes dans la rue. Depuis, les comparaisons vont bon train avec le mouvement des Gilets jaunes, tant par sa massivité, son caractère « apolitique » revendiqué, une certaine fierté patriotique, son auto-organisation via des réseaux sociaux, son rejet de médias ressentis comme partiaux et manipulateurs, mais aussi la présence initiale de l’extrême-droite ou d’une imagerie complotiste. Toutefois, elles trouvent leurs limites dans certaines différences marquées imprimant à ce mouvement anti passe sanitaire une nature relativement distincte, s’inscrivant dans l’évolution du paysage politique français sous la mandature Macron.
Anti pass is the new Gilet jaune (?)
Il y a, c’est palpable dans ces manifestations, un ferment d’extrême-droite bien plus fort que lors du mouvement fluo. Depuis deux ans, et notamment à la faveur de la crise du Covid, l’extrême-droite a très largement étendu son emprise idéologique en encourageant, créant, et se liant à des rhétoriques conspirationnistes qui incluent cette actualité à la fois omniprésente et nouvelle dans les habituelles circonvolutions complotistes et leurs couleurs parfois haineuses, toujours confuses. Ces rhétoriques sont emmenées par des figures tutélaires qui font autorité auprès de larges groupes agissant politiquement (lire notre enquête sur Reinfocovid), tout en se définissant très souvent comme « citoyens » ou « apolitiques ». Ceux-ci se font le relais de flux d’informations largement douteux ou ouvertement complotistes, et généralement liés in fine à l’extrême-droite, qu’elle soit française, européenne ou états-unienne. L’essor des théories du complot, qui accompagne l’histoire des crises multidimensionnelles et des errements des élites politiques et économiques, a toujours fait l’objet d’une obsession jalouse de l’extrême-droite. Ce phénomène n’a rien de nouveau, mais il trouve toutefois au 21e siècle une résonance toute mondialisée, comme notre média, parmi d’autres, l’a démontré dans plusieurs enquêtes notamment sur le film Hold-Up ou le groupe militant confusionniste La Rose Blanche, mettant en exergue que le trumpisme complotiste (entre autres) alimentait ce type d’idéologies tout autour du monde.
Autre différence avec le mouvement fluo, le mot d’ordre presque unique « Liberté ! », largement visibilisé par la sphère médiatique, recentre le discours de cette mobilisation sur la thématique des libertés individuelles au détriment de toutes celles qui s’inscrivent dans la période de crise sanitaire que nous vivons, des inégalités sociales au démantèlement du système de santé publique, en passant par l’autoritarisme sécuritaire. L’absence, en apparence, de revendications sociales naturelles, trouve son pendant dans le peu d’actions de blocage effectif ayant été entreprises, même si des opposant·es commencent à investir des centres commerciaux ou des terrasses de café pour protester contre l’extension du passe sanitaire.
Mais l’omniprésence de concepts relatifs aux libertés individuelles reflète aussi le levier symbolique et syntaxique principalement creusé par l’extrême-droite tout au long de la crise sanitaire, aux côtés de ces groupements très actifs sur les réseaux sociaux pour propager tant, des informations erronées ou tronquées sur le Covid et les tribunes d’experts confusionnistes, que les preuves d’amour envoyées par les responsables de certains partis politiques bruns. Par nature, même si elles n’adhèrent pas fondamentalement à une idéologie d’extrême-droite ou complotiste, les personnes qui participent à cette mobilisation interagissent avec un environnement militant qui a été façonné en grande partie par ces logiques politiques, notamment à travers les réseaux sociaux. Lesquelles puisent, dans le fonctionnement de la sphère médiatique, toute résonance pour étayer leurs argumentaires. Aussi la redondance de références patriotiques, qui ne sont pas forcément de nature extrémiste, trouve toutefois à s’amplifier dans les discours tenus par des meneurs dont l’apolitisme est parfois discutable.
Dans un pays dont la devise a fait sienne la « Liberté », et largement bercé d’un individualisme imprimé par son système, l’axiome permet de fédérer facilement, autour d’un noyau dur réactionnaire lancé dans le militantisme numérique et de terrain, un large éventail de personnes en colère contre un gouvernement qui bafoue un principe aussi indivisible. Jusqu’à de nombreuses qui ne se seraient pas forcément engagées d’elles-mêmes auprès d’une compréhension complotiste, antisémite ou xénophobe du monde, mais viennent ainsi partager avec, le premier mot et le premier accord d’une révolte. Depuis des mois, l’observation des réseaux sociaux nous montre, à travers toutes catégories sociales, l’essor lourd de sens de médias tels que France Soir, qui mêle habilement dépêches de l’AFP et réinformation, un concept fait sien par l’extrême-droite. La propagation de thématiques complotistes profite ainsi du noyautage de la contestation contre la gestion de crise sanitaire autour des concepts de Liberté et de passe sanitaire, en jouant d’une vision du monde où la décadence des valeurs fondamentales complémente la main-mise sur la planète de figures du mal définies par une haine fantasmagorique.
L’extrême-droite comme un poison dans l’eau
Chaque personne engagée dans toute forme de militantisme sait comment, à partir d’une idée, on dispose de moyens pour chercher à engager une adhésion à sa cause. On milite et on se munit d’outils, de pratiques communes, de collectifs, de stratégies, de lieux, d’organisations. C’est cette dynamique interne qui se produit actuellement dans le mouvement anti passe sanitaire, et il nous faut donc ouvrir les yeux sur le fait que l’extrême-droite y est particulièrement à son aise aux côtés de groupes anti-vaccins, confusionnistes ou de « résistance » au complot mondial, et qu’elle a à la fois de nombreux coups d’avance et une certaine marge de manoeuvre au sein de la foule « apolitique », qui compose le gros du mouvement et tâche elle aussi de s’auto-organiser. L’omniprésence avérée, tant dans les grandes villes que dans les zones péri-urbaines, de thématiques antisémites, complotistes, confuses, antivax… mais aussi de groupuscules ultra-réactionnaires tels que la Ligue du Midi à Montpellier, Civitas à Nantes, les Zouaves à Paris, etc, la mainmise de Florian Philippot sur une partie du mouvement à Paris, manifestent le fait que l’extrême droite dans tout son éventail était prête pour cette mobilisation. Les liens logiques qui sous-tendent cette présence presque évidente dans les cortèges, se sont développés largement en amont de ce mouvement anti passe, au fil des confinements, des couvre-feu, des errements gouvernementaux ou parlementaires, des conférences en visio et rassemblements restés un temps anecdotiques.
Les thématiques haineuses que l’extrême-droite et ses multiples nuances peuvent ainsi, sans contradiction ni stigmatisation, disperser dans l’espace public, résultent de ce travail préalable, et leur nombre et leur récurrence devraient plus que nous alerter dans un contexte politique et économique qui rappelle tristement celui des années 30. Elles sont ainsi représentatives de la place que prend l’adhésion idéologique à l’extrême-droite dans l’espace public, tant par sa présence publique assumée que par son acception à force de banalisation, par les strates dites « apolitiques » de la société, largement majoritaires dans cette mobilisation, comme en témoignent les nombreux discours pro-unité incluant ouvertement l’extrême-droite, ou ceux renvoyant dos à dos gauchistes et fachos. Et il n’en reste pas moins qu’un nombre significatif de personnes sans être forcément extrémistes, manifestent aussi, même si elles n’en sont pas toujours conscientes, des convictions confuses ou complotistes issues de l’abondante lutte menée par des cercles issus de ou affiliés à l’extrême-droite, notamment sur les réseaux sociaux.
Pourquoi investir ce mouvement anti passe ?
Comme plusieurs voix le rappellent depuis quelques semaines, les militant·es anticapitalistes manquent cruellement de positions audibles dans la transposition des débats qu’opère la crise sanitaire, mais pourtant pas de matière en vue de cette mobilisation, tant l’unique mot d’ordre « Liberté ! » se fait l’arbre qui cache la forêt de la crise sanitaire. La profanation démocratique d’une gestion de crise autoritaire et cynique, a vu la logique néolibérale à l’oeuvre poursuivre son démantèlement du système de santé, mettre spectaculairement en place sa société de contrôle à travers des lois sécuritaires et stigmatisantes, arroser copieusement d’argent public des multinationales reines de l’optimisation fiscale et des licenciements, révéler au grand jour l’emprise des firmes pharmaceutiques sur les institutions représentatives nationales et européennes, cliver profondément la société en laissant des pans entiers de la population en proie à une situation sociale catastrophique tout en poursuivant ses réformes inégalitaires… L’exercice politique de la mandature Macron dont le néolibéralisme autoritaire s’est une nouvelle fois vérifié à travers la gestion de la crise sanitaire n’est pas pour rien dans le délitement de la confiance dans la parole du système, qui anime largement ces mobilisations contre le passe sanitaire.
Si le mouvement anti passe ne semble pas porter intrinsèquement ce même germe social qu’avait celui des Gilets jaunes, il se déroule donc pourtant au beau milieu d’une marmite en ébullition, où la colère s’accroit à mesure de la fracture sociale. Il est d’ailleurs à noter que le mouvement est aussi largement investi par les Gilets jaunes, dont les chants sont repris, parfois modifiés dans les cortèges, qui témoigne de la continuité et de la légitimité d’une lutte un temps étouffée par les mesures sanitaires et sécuritaires. Un autre appui peut raisonnablement se trouver auprès d’une large part même de cette foule qui se veut apolitique, mais déploie un discours de raison, centré sur l’opposition au passe sanitaire et non pas à la vaccination, et également nourri de considérations qui nous sont communes tant sur la gestion de la crise que sur ses aspects scientifiques.
Et cette marmite sociale et politique, dans laquelle comptent aussi des quartiers populaires invisibles au sein de cette mobilisation truffée de références patriotiques, et des luttes radicales écologistes, féministes, pour l’égalité des genres et l’application des droits humains, profondément politiques, se trouve elle-même dans un four en fusion, déséquilibré, où l’urgence climatique se surajoute au vacarme des armes, de la destruction et de l’exploitation : de la domination. Alors que des masses pléthoriques sont mobilisées chaque samedi et que rôdent parmi elles des forces obscurantistes, les militant·es ont l’opportunité de réinvestir la rue et d’assumer leurs positions politiques dans toute leur pluralité, de faire le lien entre le passe sanitaire et le néolibéralisme autoritaire, entre le coronavirus et l’exploitation de la planète, entre le pacifisme et la violence d’État, entre le patriarcat et la domination de classe, entre la montée de l’extrême-droite et la radicalisation du capitalisme financier. De dépasser en somme l’angle mort de la Liberté pour faire de ce moment humain un véritable mouvement social.
À neuf mois des élections présidentielles en France, les idées ultra-réactionnaires ont contaminé l’ensemble du spectre politique, abondamment propagées par le gouvernement lui-même et des figures allant de l’extrême-gauche à son opposée, dans un système médiatique bien pris en main par le sommet de la pyramide sociale. Dans cette arène où chacun·e connaît les règles, il est évident que le pouvoir politique en place, ultra-minoritaire sur une échelle de masse et mené du bout du nez dans la sempiternelle course à l’échalote électoraliste, fait grand cas des leçons d’abstention massive de ces dernières années, et tâche de favoriser l’épouvantail Le Pen pour augmenter ses chances de victoires sur un hypothétique second tour. On connaît la chanson mais comment va-t-elle se terminer ?
Alors que des centaines de milliers de personnes sont dans la rue et que la rentrée pourrait promettre un afflux de nouvelles têtes, les syndicats semblent prêts à répéter la même erreur stratégique que lors du mouvement fluo en se distançant de la mobilisation – quand bien même celle-ci ne se proclame pas particulièrement anti-syndicats et comporte évidemment une dimension sociale. Les mouvances anticapitalistes, dans toute leur diversité, peuvent-elle se permettre de laisser à l’extrême-droite le champ libre dans des cortèges massifs et « apolitiques » (soit, à la première marche de leur implication politique) ? Sans une participation active, le risque est de laisser en présence d’une sphère idéologique, qu’une élection présidentielle dont on imagine le sens des débats va, au mieux renforcer, au pire placer aux manettes du pays, une mobilisation populaire dont la base est au moins aussi massive que celle des Gilets jaunes. Et dont les acteurs-manipulateurs sont déjà fermement en place, de toute une galaxie allant du national dont les têtes sont désormais bien connues, jusqu’au niveau local, où groupes réactionnaires, complotistes ou confusionnistes s’emparent comme naturellement, à de nombreux endroits, de l’animation politique de ces rassemblements.
Les milieux militants ont parfois peiné à se coordonner pour avancer sur une véritable lutte sanitaire. Malmenés par l’autoritarisme du gouvernement et ses conséquences, ils ont au contraire – et non sans raisons – souvent priorisé la subsistance de leurs luttes politiques, tout en les inféodant – le moins possible, parfois – aux mesures et à l’agenda sanitaires imposés par le pouvoir. Ils ont tenté de se poursuivre, et de résister tant que faire se peut aux bénéfices politiques dont a voulu tirer le gouvernement de cette crise. L’échec de la lutte contre la loi Sécurité globale montre cependant que, malgré une certaine capacité à réveiller les foules, le discours politique contestataire n’est pas parvenu à se visibiliser et à se massifier dans son ensemble au travers de ce moment sanitaire, là même où le discours réactionnaire a semblé étendre rapidement et concrètement son emprise sur une problématique qui relève certes, des libertés individuelles, mais surtout du contrôle social. Ce mouvement contre le passe sanitaire, beaucoup plus spontané, semble donc une occasion cruciale pour la mouvance anticapitaliste d’imprimer une marque politique, alors que l’élection présidentielle à venir et la gronde sociale pourraient entraîner d’elles-mêmes une massification de la contestation globale.
Jude Mas
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Comment un syndicaliste peut-il se prononcer sur ces questions de santé ? en général on n’a pas fait « médecine » et les maladies n’ont pas de tendances politiques particulières Ce qui est sûr c’est que les salariés vont au boulot et que leur situation sanitaire n’a pas trop l’air de préoccuper les divers pouvoirs
Heureusement que les citoyennes et les syndicalistes peuvent donner leur opinion sur les politiques de santé
Pour les syndicalistes cela fait même partie de leurs tâches de protection de la santé des salarié·es (CHSCT et CSE dans la nouvelle formule institutionnelle)
les maladies et la diffusion de virus ont bien quelque chose à voir – il n’y a cependant pas de déterminisme – avec les capacités de protection des individu·es, les situations socio-économiques, l’état de santé, la capacité à trouver du personnel de soins, les moyens financiers pour le faire, etc.
Les hésitations du mouvement syndical pour défendre une véritable politique de santé, l’accès à la vaccination pour toustes, la distribution gratuite de masques et de gels hydro-alcooliques, la mise en place de dispensaires dans tous les quartiers, la prise en charge et le contrôle du suivi par les citoyen·nes organisé·es, la levée des brevets, etc. est une catastrophe politique qui laisse le champ libre aux politiques libérales et autoritaires ainsi qu’aux complotistes de tout genre, à commercer par la droite-extrême…