Pas une voix pour Le Pen – Communiqué Visa
Une fois que l’extreme droite est au pouvoir, elle le garde !
L’extrême droite cumulée (Le Pen, Z, Dupont-Aignan) atteint un niveau historique au 1er tour des élections présidentielles avec 11 347 660 voix (9 706 038 en 2017) et en étant déjà au-dessus du score réalisé par Marine le Pen au 2nd tour en 2017.
Pour la troisième fois en vingt ans, le parti fasciste FN/RN se qualifie pour le second tour de la présidentielle : 20% en 2002 contre Chirac, 34% en 2017 face à Macron … et maintenant ? Opposée au président-candidat, dont le bilan catastrophique pour les couches populaires est son meilleur atout, Le Pen n’a jamais été aussi près d’atteindre, le 24 avril, la plus haute marche des institutions de la V° République. Elle peut compter sur le soutien de Zemmour, de ses partisans, d’une partie de la droite et sur un nouveau vote de rejet de Macron.
VISA pense qu’il n’est pas trop tard pour dissiper ce cauchemar.
Celles et ceux qui seraient tentés de voter au deuxième tour pour la candidate FN/RN afin de sanctionner la politique anti-sociale de Macron, notamment avec le slogan suicidaire et dangereux « tout sauf Macron » :
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Savent-ils qu’ils vont faire le choix d’une gouvernance basée sur le mensonge, la peur et la haine qui alimentent racisme, sexisme, homophobie et xénophobie ?
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Savent-ils qu’ils vont donner encore plus de pouvoir au MEDEF, au CAC 40, aux milliardaires, aux fonds de pension, aux assurances privées et aux conservateurs de tout poil ?
Avec l’extrême-droite, comme avec la droite, l’ultra-libéralisme serait tout autant aux commandes.
Les annonces répétées de Le Pen sur le pouvoir d’achat des Français.es sont mensongères. Son programme en est à l’opposé : suppression de certaines cotisations sociales qui aura surtout pour conséquence la destruction de la Sécurité Sociale en laissant la place belle aux assurances privées ; propositions marginales et en trompe-l’œil comme la suppression de la redevance audiovisuelle, la baisse de la TVA sur les énergies, la baisse des péages autoroutiers… mais la réalité est que le FN/RN est viscéralement opposé à toute augmentation du SMIC et des minimas sociaux !
Son programme est également anti-social : retraite à 67 ans à taux plein pour la majorité des travailleur.ses, fin annoncée des 35h, menaces sur les instances représentatives des personnels.
Pour les femmes, menaces sur le droit à l’IVG, encouragement pécunier à « rester à la maison » et à faire des enfants ; menaces sur le Mariage pour toutes et tous, sur la PMA pour les couples non hétérosexuels, et fin de l’objectif de parité.
Pour les syndicats et les syndicalistes, un projet tout spécial est prévu. Le Pen l’a annoncé dans son discours le soir du 10 avril : « nous allons réconcilier le travail et le capital ».
Par ces mots, Marine le Pen s’inspire directement de l’idéologie fasciste historique, dont on peut retrouver le fondement, par exemple, dans la Charte du Travail de Mussolini reprise par Pétain, Franco et Salazar : « réconciliation entre les intérêts opposés des employeurs et des travailleurs ». C’est un projet annoncé d’anéantissement des syndicats et de suppression des corps intermédiaires.
L’extrême droite au pouvoir se donnera tous les moyens d’y rester :
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En laminant toutes les oppositions et les militant.es
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En modifiant les institutions pour les mettre à sa botte
C’est le sens de son histoire, on l’a vu récemment dans les mairies « brunes », en Hongrie mais aussi historiquement en Italie, au Portugal ou en Espagne !
Marine le Pen au pouvoir, ce serait aussi l’assurance d’une aggravation sans précédent des mesures contre les demandeurs d’asile, contre nos frères et sœurs immigré.es, et des contrôles au faciès.
L’inscription de la « priorité nationale » dans la Constitution verrait naître une société où le racisme serait légalisé et institutionalisé à tous les étages de la société (éducation, santé, logement, emploi…).
Ce serait aussi la porte grande ouverte au harcèlement des jeunes dans les quartiers défavorisés par une police gangrenée par l’extrême droite et qui serait désormais protégée par la « présomption de légitime défense ». Les bavures se multiplieraient !
Ce serait ensuite la multiplication des agressions antisémites, antimusulmanes, contre des locaux associatifs et syndicaux et leurs militant.es, comme nous en avons déjà trop vu depuis plusieurs mois. On peut s’attendre au pire de la part de groupuscules fascistes, qui dans le sillage du FN/RN, se croient déjà tout permis comme le prouve le récent assassinat du rugbyman argentin de Biarritz, Federico Martin Aramburu.
Le 24 avril 2022, la politique du pire n’est pas une option ! Pas une voix pour le FN/RN !
Quel que soit le résultat du 2° tour de la présidentielle, dès le 25 avril, VISA sera aux côtés de tous les syndicats, associations, partis progressistes et citoyen.nes qui ne se résigneront pas à la montée de cette vague brune. Les manifestations syndicales du 1° Mai devront aussi être l’occasion de réaffirmer la nécessité du combat antifasciste, pour la justice et le progrès social, dans l’unité, indissociable de la mobilisation pour les revendications des exploité.es et opprimé.es
Et ensemble, des demain dans les luttes !
Communiqué à télécharger au format PdF : Communiqué VISA 1er tour élections
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Attac : Pas une voix pour l’extrême droite, battre le néolibéralisme de Macron dans la rue
Déclaration du Conseil d’administration 12 avril 2022
Le résultat du 1er tour de l’élection présidentielle conduit à une nouvelle opposition entre l’extrême droite de Marine Le Pen et le néolibéralisme autoritaire d’Emmanuel Macron.
Le score inédit des candidat·es d’extrêmes droites est le fruit d’un trop plein de politiques de casse des solidarités, de montée des inégalités, d’alternances sans changements de notre quotidien, de propagation des discours racistes. Mais le dernier mandat d’Emmanuel Macron porte une responsabilité particulière tant les violences sociales et politiques déployées ont été fortes. Le président des riches a mené consciencieusement une casse des conquis sociaux, des politiques économiques au service des ultra-riches et des multinationales, caractérisées par l’inaction environnementale, et la mise à mal des services publics, de la santé, de l’éducation. En même temps, ses ministres et lui-même n’ont eu de cesse de légitimer les obsessions identitaires et racistes de l’extrême droite.
La crise démocratique est profonde ; cette élection ne la résoudra pas et va, au contraire, l’aggraver. La défiance vis-à-vis des institutions représentatives se nourrit en effet de la précarité et de l’exclusion, que l’accélération des politiques néolibérales, doublées pour l’une d’une approche xénophobe et nationaliste, ne feront qu’accentuer. Cette défiance nourrit l’abstention, qui a atteint son plus haut niveau depuis 2002. Au surplus, nombre de citoyen·nes se sont persuadé·es que cette élection sans véritable campagne et débats était jouée d’avance.
La situation politique que nous devons affronter peut à raison nous désespérer. Car le résultat de ce 1er tour est très préoccupant. Il l’est en premier lieu pour les populations dans le viseur de Marine Le Pen, d’Eric Zemmour et des forces qui les soutiennent, dont la violence serait légitimée si l’extrême droite accédait au pouvoir : l’islamophobie, l’antisémitisme, la xénophobie se répandraient largement dans les discours comme dans les actes. Les droits des femmes et des personnes LGBTQIA+ seraient attaqués. Les militant·es des mouvements sociaux et de la gauche seraient menacé·es.
Nous savons que l’extrême droite est notre pire ennemi et qu’aucune voix ne doit la renforcer ni lui permettre d’accéder au pouvoir.
L’absence de réelle campagne et la virulence d’Éric Zemmour ont servi la candidature de Marine Le Pen en passant sous silence sa nature et ses propositions réelles. Son projet est structuré autour de la préférence nationale, en rupture avec l’égalité des droits, par la volonté de fracturer davantage encore notre société, en mettant au ban de celle-ci les personnes étrangères et celles de confession musulmane. Les politiques de Marine Le Pen ne sont pas une alternative à celles d’Emmanuel Macron, le président des riches, qu’Attac a vivement combattu : son projet économique est tout autant inégalitaire, elle est l’autre candidate des riches et des multinationales, la xénophobie et le nationalisme en plus. Croire que le sort des chômeurs, des chômeuses et des précaires serait amélioré avec l’extrême droite est une dangereuse illusion tant son programme attaque les bénéficiaires des minimas sociaux et défend une baisse du coût du travail.
Le danger est grand. Les situations brésilienne, hongroise ou indienne nous le montrent avec le déploiement de violences, de politiques inégalitaires et contre les droits des femmes et nous rappellent que ces courants, une fois au pouvoir, se donnent tous les moyens d’y demeurer. Il nous faut battre Le Pen dans les urnes pour pouvoir battre Macron dans la rue.
Si la gauche n’atteint pas le 2ème tour de très peu, elle s’est renforcée depuis 2017 avec une forte mobilisation des jeunes, des quartiers populaires et au sein des DOM. Ils et elles se sont exprimées massivement pour une gauche de rupture avec le néolibéralisme et le productivisme dont les idées font écho aux positions défendues par Attac et de nombreux mouvements sociaux. C’est un encouragement pour l’avenir. Les besoins d’une véritable justice sociale, fiscale et écologique sont réels et largement partagés. C’est sur cette base, pour défendre une meilleure répartition des richesses et du temps de travail, l’égalité entre les femmes et les hommes, un service public et une protection sociale de haut niveau, une réelle bifurcation écologique et un profond renouvellement démocratique que nous appelons à un sursaut individuel et collectif. Plus que jamais, il apparaît indispensable de poursuivre les luttes collectives et de créer du collectif là où il a disparu ou a été mis à mal, sur nos lieux de vie et de travail.
Attac prendra toute sa part au sein des mouvements sociaux dont le rôle doit être de porter un message d’espoir, de résistance et de rupture avec le néolibéralisme. Le second tour de la présidentielle ne doit pas marquer la fin des mobilisations. Les voix qui se sont exprimées en faveur de l’émancipation, de la solidarité, de l’égalité, des droits humains et de la justice doivent continuer à se faire entendre dans la rue.
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Quel que soit le résultat de l’élection présidentielle, la mobilisation sera nécessaire.
La situation économique et sociale est en effet marquée par l’aggravation des inégalités, de la précarité et par la crise écologique qui s’accélère dangereusement. Les questions des salaires, des services publics, de protection sociale et de transition écologique devraient être au coeur des débats et amener des réponses concrètes.
Enfin, l’exigence de paix est aussi une revendication syndicale dans le contexte terrible des guerres notamment en Ukraine. C’est pourquoi les organisations syndicales CGT, UNSA, Solidaires, FSU, UNEF, VL, MNL et FIDL appellent d’ores et déjà à préparer un 1er mai revendicatif pour faire de cette journée un temps fort de la mobilisation pour les salaires, les pensions, la protection sociale, les emplois, les services publics, l’engagement de la rupture écologique, la paix.
Pour une rupture profonde en matière salariale et pour les pensions. Avec un taux d’inflation qui s’emballe, la situation faite aux agent-es du public comme aux salarié-es, aux retraité-es, aux privé-es d’emploi comme aux étudiant-es n’est plus tolérable tandis que les milliardaires en France ont accumulé 236 milliards supplémentaires lors de la pandémie. Dans le public comme dans le privé, le travail des salarié-es doit être reconnu à la hauteur de sa valeur, des richesses qu’il crée, et garantir l’égalité salariale entre les femmes et les hommes.
Les étudiant-es doivent pouvoir faire leurs études sereinement sans subir la précarité. Les pensions de retraites doivent être également revalorisées. Le 1er mai, exigeons des mesures fortes et générales d’augmentation des salaires et des pensions, des bourses étudiantes et un plan de rattrapage des pertes accumulées.
Pour arrêter de malmener les services publics. Alors que les services publics contribuent à répondre aux besoins de la population et à réduire les inégalités, pour les organisations syndicales, il est aujourd’hui temps de reconnaitre la valeur et l’engagement de leurs agent-es en améliorant leurs conditions de travail et en revalorisant d’urgence le point d’indice. L’urgence est en effet au renforcement et à la consolidation des statuts, à l’embauche massive et à la juste rémunération de tous les fonctionnaires.
Pour défendre et conforter notre modèle social. Les organisations syndicales continuent d’exiger la suppression de la réforme de l’assurance chômage, comme elles s’opposeront à tout projet visant à reporter l’âge légal de départ en retraite. La préservation de notre modèle social et de son financement passe par la lutte contre le chômage, par les augmentations de salaires, par la lutte contre l’évasion fiscale ou encore par la fin des exonérations de cotisations sociales non compensées par l’État.
Pour la transition écologique. Ce 1er mai doit être l’occasion d’exprimer la nécessité de mesures fortes et immédiates pour éviter les conséquences dramatiques du dérèglement climatique pour les écosystèmes et les populations. Cette question concerne au tout premier chef le monde du travail.
Pour lutter contre les semeurs de haine. Les organisations s’indignent de la montée des discours d’extrême droite qui propagent la xénophobie, le racisme et l’antisémitisme et qui rejettent les luttes sociales, féministes, humanistes, ou encore d’identités sexuelles et de genre. Les organisations appellent à faire de ce 1er mai un moment fort de réaffirmation des valeurs de solidarité et d’égalité et d’opposition à toutes les formes de discriminations.
Pour la paix et la solidarité internationale. Fidèle à sa tradition internationaliste, le mouvement syndical placera aussi ce 1er mai sous le signe de sa solidarité avec le peuple ukrainien, et tous les peuples victimes des guerres. Les réfugié-es, d’où qu’elles et ils viennent doivent être accueilli-es dignement et sans discrimination, les citoyen-nes russes et biélorusses qui expriment leur opposition à la guerre doivent être soutenu-es. Nos organisations dénoncent l’agression de la Russie et militent pour la paix. Celle-ci passe par un retrait immédiat des troupes russes du sol ukrainien et par le retour à la diplomatie afin de dégager une solution respectueuse des droits des peuples et du droit international. Les crimes de guerre doivent être dénoncés et punis quel que soit le pays où ils sont commis.
Enfin, les organisations syndicales exigent une politique d’accueil humaniste qui soit la même pour toutes et tous les réfugié-es quels que soient leurs pays d’origine.
Pour toutes ces raisons, la CGT, l’UNSA, Solidaires, la FSU, l’UNEF, la VL, le MNL et la FIDL appellent salarié-es, agent-es public-ques, jeunes, retraité-es ou encore les privé-es d’emploi à participer aux rassemblements et aux manifestations le plus massivement possible le 1er mai.
Dans les années 80 je me souviens d’une chanson de manif : « Le Pen tu sèmes la haine, t’aimes que la gégéne, Le Pen la Haine…. »
Nous parlions du père à l’époque, celui de la guerre contre l’indépendance de l’Algérie, des ratonnades et de l’OAS, celui des tortures (la gégéne justement) … mais qu’est sa fille, soit disant « dédiabolisée » devenue ?
Aujourd’hui je réactualiserais les paroles de cette chanson comme ceci (et tant pis pour la poésie et les rimes)
Macron, tu sèmes la Haine et tu t’apprêtes à sous traiter ton sale boulot à M. Le Pen…
à sous traiter ta haine et ton mépris de classe à celle qui ne se contente pas de semer la haine, mais va « nous » bombarder de « votre » haine bien de droite et de classe.
Celle qui n’attend que cela pour pouvoir lâcher ses sbires mafieux armés et criminels en toute légitimité et impunité cette fois.
– avec toutes les possibilités d’ultra violences réelles que lui donneront les clés de l’appareil d’état (police, justice, armée, institutions et propagande médiatique décuplée) contre les mouvements de résistance des classes populaires,
– à commencer par les femmes, les LGBTI++++ etc… et les « supposés » étrangers et bien sûr tous les « pas dans les clous », les chômeurs et les chômeuses, les précaires …. nous quoi : les écolos, les féministes, les « de gauche », les internationalistes que nous sommes, tellement haïs par eux (surtout si on s’autorise à penser un peu et à être critiques et politiques) , tous ceux et celles qui ont le tord de vouloir un autre monde, qui combattons contre les soumissions aux classes possédantes et dominantes capitalistes, patriarcales, sexistes, racistes, colonialistes, impérialistes.
Laissera-t-on Macron se « laver les mains » en sous traitant à M. le Pen le sale boulot de police « sociale ouverte et décomplexée » qu’il a commencé à la solde des ultra riches et des droites dures capitalistes ? Lui, ferons nous ce plaisir (quel soulagement pour lui, poursuivre la casse sociale sans en assumer la responsabilité alors que c’est « de plus en plus chaud » dans la rue…
Sous traiter pour les droites dites « acceptables » à celle qui est la grande copine des dirigeants des états européens les plus réactionnaires, corrompus, autoritaires, racistes , sexistes, fascisants…. la copine de Poutine et Trump le « entre autres abominations réactionnaire et obscurantiste », climatosceptique.
Comment vous dire le fascisme, les contrôles, les préjugés érigés en règle morale et culturelle, les délations, la société de surveillance, de harcèlement, de paranoïa et de répression banalisée et généralisée ?
Comment le dire lorsque déjà se sont écoulés 77 ans en France depuis les répressions fascistes (2ème guerre mondiale 1939/1945) et ont effacé de la mémoire collective des plus jeunes ces tristes expériences bien réelles de terreur traumatisante qu’avaient vécues nos parents, comment dire l’holocauste comme les purges staliniennes ?
Comment transmettre la mémoire de nos ami-es algérien-es torturé-es parce qu’iels se voulaient un peuple libre et décolonisé, les femmes violées… c’était pendant mes années de naissance (1954-1962).
Et même aujourd’hui : comment dire la Palestine, le Rwanda, la Syrie, l’Afghanistan… l’Ukraine…. les listes sont longues des peuples qui ont vécu et vivent encore la terreur et le mépris de leur humanité et des libertés démocratiques, leur droit à l’autodétermination bafoué et violenté dans leur chair.
Ce n’est pas ce que je souhaite à mes plus jeunes ami-es et même pas à celles et ceux qui ne sont pas trop mes ami-es.
Voilà pourquoi, le 24 avril, je voterais Macron, que je combat (ce qu’il dit et fait, qui il sert et représente ), pour échapper à Le Pen, menace fasciste bien réelle au seuil de la porte.
Et, ainsi pour pouvoir espérer continuer à mener les combats contre toutes ces horreurs avec vous, solidairement et humblement car la tâche est longue, désespérante et rude. Personne ne connait la bonne recette juste, efficace et rapide, mais continuons à chercher et agir ensemble, avons-nous d’autres choix que de poursuivre ?
Contre Macron et sa sous traitante M. Le Pen, même combat dans le 3eme tour social.
Prise de position d’Attac et de syndicats
Les votes blancs ne sont pas pris en compte… donc ne servent a rien… et même si je n’adhère pas a Macron je ne veux surtout pas de Marine le Pen… donc je vote …
Contre Le Pen, voter dans la douleur pour conjurer l’effroi
https://www.mediapart.fr/journal/france/190422/contre-le-pen-voter-dans-la-douleur-pour-conjurer-l-effroi?
Saïd Bouamama : Quelques leçons du premier tour des présidentielles
Deux leçons doivent selon nous être tirées pour le court terme du second tour. La première consiste à ne pas jurer sur l’avenir par des discours moralisant et culpabilisant que ce soit à l’égard de ceux qui voteront Macron ou de ceux qui s’abstiendront. Nous aurons à nous retrouver à l’issue de cette campagne et rapidement pour des combats communs. La seconde consiste à prendre en compte le principe de réalité imposant, selon nous, un vote Macron pour combattre Macron et Le Pen. D’autres leçons sont également à tirer sur le plus long terme. Nous y reviendrons dans nos prochaines chroniques. Pour l’instant terminons en empruntant au Collectif Afrique de Lille l’image d’un Macron comme tumeur cancéreuse et d’une Le Pen comme cancer généralisé. Faisons en sorte d’avoir cinq ans pour combattre et faire disparaître la tumeur. Voter Macron pour combattre Macron telle est la conclusion paradoxale qui est la nôtre.
https://blogs.mediapart.fr/bouamama-said/blog/190422/quelques-lecons-du-premier-tour-des-presidentielles
DIMANCHE LA NUIT QUI TOMBE ?
[ Lettre à mes amis de gauche qui ne savent pas trop quoi faire le 24 avril ]
Il y a deux bulletins seulement, chers amis. Dimanche sera nécessairement une mauvaise journée pour les gens comme nous. Il ne reste que deux bulletins, et il y aura un.e seul.e gagnant.e. Ah ! nous ne voulions pas, mais c’est comme cela : le nœud coulant s’est resserré.
Que faire ? Les hypothèses en présence
Essayer de raisonner, ne pas rester bloqué dans sa colère, son indignation, son chagrin. Le film ne pouvant être rembobiné, trois attitudes demeurent possibles :
1°) S’abstenir ou voter nul ? Je comprends bien les motifs qui peuvent y pousser, en partageant certains considérants. Mais ils n’emportent pas ma conviction. Laisser les autres décider à notre place entre les deux bulletins ? Comment pourrais-je, face au tournant politique en face de nous depuis le 10 avril – lequel a installé la victoire de Marine Le Pen comme une possibilité sérieuse – de détourner mon regard et de dire « qu’ils se débrouillent » ? J’aime bien les autres, en général. Pas au point de leur faire aveuglément confiance, de dissoudre mon vouloir personnel, minuscule, mais enfin c’est le mien, le seul que j’ai, dans l’océan des quarante-huit millions inscrits sur les listes électorales, toutes personnes gagnant à être connues mais avec qui je n’ai pas eu le plaisir de converser. Je reste modeste, mais ne me déteste pas assez pour désirer m’abolir dans cette foule inconnue, imprévisible, mystérieuse. Sans forfanteterie, j’ai tout de même envie de dire « je ». Comment alors ne pas se mêler à la bataille du second tour ?
2°) Voter Le Pen (vote « tactique » Le Pen pour chasser Macron). Parce que défaire Macron, au vu de son bilan, serait la priorité, l’urgence qui écrase toutes les autres, contribuer activement à une éventuelle victoire de l’extrême-droite. J’exclus évidemment ce passage à l’acte. Des raisons personnelles, d’abord : comment renier, en un éclair, le 24 avril 2022, un engagement politique radicalement opposé à l’extrême-droite qui a commencé quand j’avais 18 ans, cela, le jour même où elle peut conquérir le pouvoir pour de vrai ? Par respect de moi-même je ne vais pas contribuer – la seule fois où dans les choix collectifs ma voix pèse exactement la même chose qu’une autre y compris celle de tel ou tel milliardaire – à la survenance d’une catastrophe.
Pourtant, je sais que celle-ci aura été en partie causée par Emmanuel Macron – sous le quinquennat duquel l’extrême-droite a connu une spectaculaire progression. De même, je n’oublie pas les responsabilités d’une gauche qui s’est méticuleusement déprolétarisée depuis 50 ans, faisant tout ce qu’il fallait pour cela, et n’a pas été à la hauteur des enjeux imposés par l’avènement du nouveau capitalisme financier, celui des artifices spéculatifs et de l’illimitation.
Ceci dit, je ne vais pas pratiquer le vote honteux et secret, le petit geste sale qui œuvrerait dans l’intimité de l’isoloir à de grandes conséquences néfastes. Je ne vais pas non plus, par un geste de colère irréfléchie, punir ceux qui ont « mal voté » le 10 avril.
3°) Ainsi, je mettrai un bulletin au nom de Emmanuel Macron, non parce que je lui « pardonne » quoi que ce soit, non parce que je trouve qu’il est plus ou moins « bien » (je trouve qu’il a fait beaucoup de mal à beaucoup de monde et beaucoup de bien à très peu de gens qui n’en avaient pas besoin), mais parce que je suis sûr de ceci : avec Marine Le Pen, ce serait pire.
Une stupéfaction qui sera mondiale, une tristesse infinie chez nos amis d’Amérique Latine et d’Afrique, un choc traumatique en Europe… Mais aussi : plein de ravages individuels, des fors intérieurs altérés. Une déchirure profonde dans la civilité. Un recul majeur de la convivialité. Des regards en chiens de faïence à la place des regards bienveillants. Des « qui va là ! » et des « d’où viens- tu ? » à répétition. L’entrée dans une séquence de brutalisation, dont on ne sait pas si on pourra en sortir, ni comment, ni dans quel état. Avec, dans les mêmes bâtiments officiels, une République, non plus imparfaite, mais en lambeaux. Elle aura ses fonctionnaires rebelles, ses juges récalcitrants, j’en connais, mais elle dénichera aussi des Préfets obéissants et toutes sortes de gens qui déploieront de grands talents pour s’adapter, consentir, faciliter.
La gauche et l’écologie, premières cibles et victimes désignées
Le mal, c’est mal, mais pire que le mal, cela fait encore plus mal.
Vous êtes de gauche, comme moi ? Alors veuillez considérer ceci : non, on ne se battra pas mieux si c’est Madame Le Pen qui est à L’Elysée : on luttera
moins bien, moins efficacement et moins librement, avec une gauche assommée, traumatisée, durablement marginalisée, impuissante et des millions de gens minorisés, démobilisés, accablés. Avec de surcroît le venin de la division coulant à gros flots au sein de la gauche, chacun maudissant ou soupçonnant l’autre d’être responsable du désastre accompli.
Des explorations sporadiques de colère, sans doute, des mouvements sociaux peut-être, mais vite réprimés par toutes sortes de moyens expérimentés entre 2017 et 2022 et qui ne demandent qu’à être perfectionnés. Car la victoire de l’extrême-droite, ne croyez pas les naïfs où les stratèges de café du commerce qui vous chuchotent le contraire, c’est la gauche – toutes sensibilités confondues – qui la sentira passer dans ses chairs. Pour les mouvements sociaux ? Idem.
« Là, je subis l’assaut du sabre ondulant.
Difficile de parer les coups.
Et avec quelle souplesse, il entre dans les chairs. »[1]
A la gauche sera destiné en priorité le message de la nouvelle grande VOIX : « Fermez-là ! Le peuple a parlé le 24 avril 2022 ! » Je l’entends déjà, cette voix qui sera plus impérieuse encore quand elle aura le haut-parleur de l’Elysée, les pouvoirs que cela confère, en plus. Sans parler d’une transition écologique déjà fort mal en point, mais là réduite presque à néant, alors que le changement climatique nous mord la nuque.
Donner les leviers de l’Etat à l’extrême-droite ? Imprudence majeure
La constitution de la V° République donne des pouvoirs considérables au Président de la République. C’est le moment de relire ce texte. Elle sera chef des armées, c’est une certitude. Elle nommera un Garde des sceaux qui pourra assister aux réunions du Conseil de la Magistrature, c’est prévu comme cela. Et, comme l’a fait Emmanuel Macron, elle pourra se mêler directement de la nomination des procureurs, co-directeurs (avec les présidents), des plus grandes juridictions du pays.
Elle désignera aussi un ministre de l’intérieur qui achèvera de décomplexer les féroces n’attendant que cela dans la police (Monsieur Darmanin et son Préfet Lallemand ayant bien entamé l’ouvrage). Les policiers brutaux sont certainement minoritaires dans l’institution, mais suffisamment nombreux, quand même, pour faire de gros dégâts. C’est un fait.
Elle signera les traités, et nommera un ministre des affaires étrangères qui s’attachera à faire vivre un axe Le Pen-Orban-Poutine. Elle continuera de faire les yeux doux à Bolsonaro, et de déplorer que Lula ne finisse pas ses jours en prison.
Elle pourra également se servir de l’article 16. C’est ainsi.
Est-il envisageable de prendre de tels risques ? Poussée aux fesses par l’ultra- droite revigorée et l’activisme des Zemmouristes réclamant leur dû après désistement, elle tombera vite les masques de sa « dédiabolisation », pourra user de ses pouvoirs, croyez-le bien. L’un des masques prestement retirés, ce sera celui de la défense des modestes. Elle se positionne contre la retraite à 65 ans, et même parfois elle parle de retraite à 60 ans. Mais ceux qui ont étudié son nouveau programme sur ce dossier ont levé le lièvre : en fait, tout bien considéré, le système qu’elle propose aboutira à ce qu’une large majorité des cotisants ne pourront espérer une retraite complète… avant 67 ans. Un exemple parmi d’autres.
J’attire aussi votre attention sur le fait qu’un autre danger, passé trop inaperçu, existe avec elle : qu’on en ait pour 10 ans et pas seulement 5 (quinquennat non renouvelable). Dix années, une sacrée tranche de vie. Combien de vieux, morts durant cet espace-temps redoutable ? Combien ne verront pas la fin de l’histoire ? Personnellement, je n’ai pas le temps, voyez-vous.
Je ne jouerai pas à la roulette la dernière partie de ma vie.
Le pire à venir n’est ni certain, ni impossible : il est donc à empêcher
Emmanuel Macron n’est pas ma tasse de thé. Je vois bien quels sont ses soutiens, quelles forces et catégories sociales se regroupent derrière lui et comment il s’y prend pour les satisfaire. C’est la fuite en avant dans le capitalisme, la marchandisation qui grignote tout, l’écologie de façade, les cadeaux à ceux qui en ont déjà plein les bras ; etc. En plus, sur bien des sujets, pour ses actes et ses paroles, je ne l’ai pas trouvé « modéré » : parfaitement implacable, plutôt. Entre le Capital et le Travail, il n’est pas du tout au « centre », il est extrêmement pro capitaliste.
Mais voilà : Marine Le Pen, c’est autre chose, c’est d’une autre nature :
c’est la société impossible, l’extension du domaine des impossibles. Je choisis, donc.
Oui, je ravale mon chagrin d’avoir été, depuis ce 10 avril, sommé de choisir entre des inconvénients, à devoir subir cette réduction drastique du champ des possibles. Je ravale, mais ne supprime, n’oublie rien. J’agis du mieux que je peux, encore libre, dans des circonstances non librement déterminées par moi.
Ce faisant, je pousse pour le maintien de quelques possibles auxquels je tiens comme à la prunelle de mes yeux. Qui sont pleins de larmes, c’est vrai.
Je choisis, donc.
Oui, je ravale mon chagrin d’avoir été, depuis ce 10 avril, sommé de choisir entre des inconvénients, à devoir subir cette réduction drastique du champ des possibles. Je ravale, mais ne supprime, n’oublie rien. J’agis du mieux que je peux, encore libre, dans des circonstances non librement déterminées par moi.
Ce faisant, je pousse pour le maintien de quelques possibles auxquels je tiens comme à la prunelle de mes yeux. Qui sont pleins de larmes, c’est vrai. Mais je veux quand même les garder ouverts et, à travers cette buée, pouvoir encore discerner ce qui est autour de moi – derrière comme expérience éprouvée, devant comme futur possible – et trancher entre deux inconvénients, dont l’un est nettement pire que l’autre. Il existe des différences entre les deux, des nuances si l’on veut mais qui m’importent. J’aurais ce peut être dérisoire « courage de la nuance »..[2] Je vais établir des distinctions entre des hypothèses qui ne me plaisent pas. Entre le pire et le reste. Certes, la transformation du monde appelée de mes vœux ne sera pas soumise au vote le 24 avril. Mais je reste impliqué dans ce scrutin. Pour reprendre l’exhortation de Camus en 1957 [3], j’agirai, ce jour-là, non pour changer le monde, mais pour que du moins il ne se défasse pas encore plus… C’est déjà pas mal, me semble-t-il.
Ouvrez les yeux. Le Rassemblement national peut gagner ce scrutin. C’est une possibilité, étant donné les colères de toutes sortes levées par le quinquennat et les fluctuations d’un électorat si volatile qu’il donne manifestement le tournis aux instituts de sondage. Il peut aussi le perdre de justesse : vous imaginez, amis de gauche, la soirée du 24 avril, avec ce résultat inscrit sur nos écrans : 51%pour Macron, 49% pour Le Pen ? Dans les deux cas : assommoir pour la gauche. Affichage de la force, avec en incrustation celle de nos faiblesses. Je la devine, la sommation à nous destinée juste après un score formidable de Madame Le Pen dimanche prochain : « Dispersez-vous ! » Et je redoute qu’elle fasse son effet dans nos rangs. Franchement, j’émets un sérieux doute sur nos capacités de nous relever d’un tel désastre, en tout cas d’ici les législatives. Je ne vais pas jouer aux dés le 24 avril pour une hypothétique cohabitation que le 19 juin ferait surgir.
L’indifférence n’est pas de mise. Même pour la gauche et l’écologie éliminées du deuxième tour, il y a encore un enjeu à la bataille du 24 avril 2022.
Dans ces circonstances, est-il honteux de préférer un moindre mal à un mal considérable ? Ce n’est certes pas très glorieux. Néanmoins, si on l’avait fait dans un certain nombre de situations du passé, ne se serait-on pas épargné quelques catastrophes retentissantes ?
Baruch Spinoza me revient ici à l’esprit : « Sous la conduite de la Raison, nous désirerons un plus grand bien futur, de préférence à un moindre bien présent, et un moindre mal présent de préférence à un plus grand mal futur. » [4]
La vie est pleine d’affects, je le sais bien. Ils nous constituent. Mais la raison aussi nous constitue en tant qu’êtres humains. Si elle se laisse déborder par les émotions, alors la vie de la cité peut s’emplir de furies que personne ne peut plus contrôler. C’est pourquoi je suis plein de regrets mais sans aucune hésitation : je mettrai dans l’urne le seul bulletin qui, le 24 avril, diminue vraiment les chances de vaincre de l’extrême-droite.
Je ne vais pas voter «pour» monsieur Macron, encore moins pour son programme. Je récuse cette interprétation comme je conteste par avance toute récupération pro-macronienne de mon choix. Car ce n’est pas le sens de mon geste, il n’est permis à personne de le dénaturer : je vais juste saisir son bulletin et voter de toutes mes faibles forces, mais complètement, contre la société impossible qui, habilement dissimulée, s’avance derrière Madame Le Pen.
Je ne fais la leçon à personne : je dis et j’explique ce que je fais. Ensuite, amis, c’est vous qui voyez.
Didier Peyrat, le 19 avril 2022.
[1] Henri Michaux, La vie dans les plis, Gallimard, 1949.
[2] Jean Birnbaum, Le courage de la nuance, mars 2021.
[3] Albert Camus, Discours de Stockholm, 10 décembre 1957.
[4] Spinoza (1632-1677), L’Ethique.
Contre le fascisme, il faut utiliser le bulletin de vote Macron le 24 avril
Les résultats du 1er tour de l’élection présidentielle ont eu l’effet d’une douche froide pour les électeurs et les électrices de gauche : un nouveau duel entre Macron et Le Pen aura lieu le 24 avril. Depuis, les communiqués ou les conférences de presse, les échanges, parfois d’une grande virulence, sur les réseaux sociaux, dans les conversations informelles, expriment la position qu’il conviendrait d’avoir pour le second tour. À gauche, certain.es appellent explicitement à voter contre Le Pen, d’autres à ne pas voter pour Le Pen. En prenant des formes différentes, l’idée de s’abstenir, de ne pas « pouvoir » ou « vouloir » voter pour Macron une seconde fois, de ne pas vouloir faire barrage au Rassemblement national se répand largement.
Nous considérons que cette dernière position est très dangereuse et qu’il faudra impérativement voter contre Le Pen.
Bien sûr, nous détestons profondément les politiques menées pendant le mandat d’Emmanuel Macron ; en bref, une politique contre les classes populaires et les opprimé.es, contre l’État social et contre toute idée de solidarité. Depuis cinq ans, nous sommes nombreuses et nombreux à la subir et à nous y opposer, dans la rue, dans des associations et syndicats, et de toutes les manières possibles. Nous avons dénoncé la répression des mouvements sociaux, des quartiers populaires et des migrant.es, les violences policières, les attaques en règle contre les services publics, la réforme des retraites, la précarisation croissante, les attaques contre les principes de l’État de droit (loi séparatisme notamment), mais aussi la diffusion et la banalisation des idées d’extrême droite.
Cependant, il faut distinguer le fascisme pur et la fascisation : on ne peut pas se permettre d’être dupes devant la dédiabolisation du Rassemblement national que de nombreux médias et une partie de la classe politique participent à accréditer en laissant libre cours aux discours racistes et nationalistes. Plus que jamais, il est aujourd’hui nécessaire d’évacuer le danger immédiat du fascisme pour conserver la possibilité de lutter pied à pied contre la politique d’Emmanuel Macron. Car l’issue du second tour est aujourd’hui incertaine et l’écart entre les deux candidats tend à se réduire comme une peau de chagrin : en ce sens, l’abstention à gauche ne servira en aucun cas à exprimer un mécontentement légitime à l’égard d’Emmanuel Macron et son gouvernement, mais risque bien de permettre au Rassemblement national de s’installer durablement dans l’appareil d’État.
Contrairement à ce que prétend sa candidate, le programme du Rassemblement national va à l’encontre des intérêts des classes populaires, ne serait-ce que les annonces concernant l’âge de départ à la retraite puisqu’une toute petite minorité de personnes sera concernée par le départ à 60 ans. Par ailleurs, sa politique économique n’aura que l’apparence de la redistribution keynésienne, et l’État continuera en fait de jouer le rôle de facilitateur pour le secteur privé que la politique néolibérale lui fait déjà mener. À l’encontre de la laïcité et de la liberté de conscience et d’expression, Marine Le Pen annonce publiquement l’interdiction du port du foulard dans l’espace public, un droit des plus élémentaires – proposant ainsi de passer un nouveau palier dans les politiques islamophobes et la répression des quartiers populaires. Elle va également d’ores et déjà à l’encontre de la liberté de la presse et soutient sans scrupules les pratiques racistes et sexistes de la police. Car, derrière les effets d’annonce, sa politique s’oppose aux droits des femmes. Mais surtout, les politiques sociales annoncées sont indexées à l’idée de préférence nationale, c’est-à-dire d’une discrimination xénophobe généralisée, qui se doublera dans les faits d’une préférence raciale sortie des heures les plus sombres de l’histoire française.
Certain.es affirment que la suite de la présidentielle se jouera lors des législatives et/ou dans la rue. Mais que pourront faire les député.es, dont la couleur politique n’est pas encore certaine, si une présidente nouvellement élue contourne systématiquement l’Assemblée et le Parlement par le référendum ? Et comment construira-t-on une opposition dans la rue si nos organisations et nos luttes sont progressivement criminalisées et réprimées encore plus brutalement que sous Macron ? Les régimes d’extrême droite font plus que réprimer des manifestations : ils les interdisent et emprisonnent les opposant.es sans autre forme de procès. L’extrême droite porte en elle la haine des mouvements d’émancipation et l’histoire montre qu’elle a toujours bénéficié du soutien d’un appareil policier enclin aux idées de « purge » portées historiquement par l’extrême droite. L’extrême droite tue, on l’a vu par exemple au Brésil.
Son arrivée au pouvoir galvaniserait assurément des groupuscules fascistes dont les exactions se multiplient d’ores et déjà un peu partout depuis des années, à la faveur de la banalisation des idées racistes, autoritaires, masculinistes, etc., dans le « débat public ». Mais il n’y a pas de doute possible : un saut quantitatif s’opèrera et ce sont la contestation sociale et l’expression publique, dans la rue, dans les associations, dans les syndicats, dans les recherches et dans les médias qui seront menacées puis rapidement interdites.
Il faut également replacer ce vote dans un contexte européen et international plus large. Les fascistes sont déjà au pouvoir en Pologne et en Hongrie ; ils continuent d’être forts en Italie, ils sont extrêmement bien structurés en Belgique et leur poids augmente en Espagne. Les partis européens d’extrême droite n’attendent qu’une chose : être de plus en plus nombreux à diriger des États de l’Union pour pouvoir détourner de leur objectif premier les institutions européennes et les utiliser pour installer une Europe raciste et à l’identité monolithique, non démocratique et fondée sur l’exploitation forcée de groupes d’individus considérés comme des êtres de seconde zone. Et ils sont aidés en cela par Poutine et ses sbires qui mènent en Ukraine le premier acte européen d’une guerre contre la démocratie libérale (libérale au sens politique fort et non au sens économique). Et si, comme cela semble se profiler, le Congrès des États-Unis repasse aux mains des Républicains trumpistes aux prochaines élections de mi-mandat à l’automne prochain, ils pourront également compter sur une aide transatlantique.
Ne fétichisons donc pas le vote : il n’est pas question d’un acte de foi. Il s’agit seulement pour le moment de nous trouver dans les meilleures conditions possibles pour lutter, reconstruire une gauche alternative au néolibéralisme, seule à même de proposer un changement radical et émancipateur. Pour cela, nous continuerons le combat tout de suite après le 25 avril, avec notamment les manifestations du 1er mai, mais également lors des législatives qui s’annoncent et à l’occasion desquelles il s’agit de faire bloc contre l’extrême droite, la droite et LREM.
Plus qu’un vote utile, il s’agit d’un vote de nécessité.
Renaud Bécot, historien
Farid Bennaï, éducateur spécialisé, militant antiraciste FUIQP
Marie-Agnès Combesque, autrice
Annick Coupé, militante altermondialiste
Alexis Cukier, philosophe, CGT Ferc Sup, collectif Rejoignons-nous
Pauline Delage, sociologue, adjointe au maire du 4e secteur de Marseille
Fanny Gallot, historienne, syndicaliste au SNESUP
Pierre Gilbert, sociologue
Sébastien Fontenelle, journaliste
Hugo Harari-Kermadec, économiste
Julien Lusson, Ateliers Travail et Démocratie
Sarah Mazouz, sociologue
Norig Neveu, historienne, adjointe au maire du 3e secteur de Marseille
Ugo Palheta, sociologue
Omar Slaouti, enseignant, militant antiraciste, collectif Rejoignons-nous
Pierre Tevanian, enseignant, philosophe, collectif « Les mots sont importants »
Sylvie Tissot, sociologue, collectif « Les mots sont importants »
Sophie Zafari, syndicaliste
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