[34] Solidarité avec la résistance des ukrainien·nes. Retrait immédiat et sans condition des troupes russes [34] 

2022-04-30_01-oukraine

  • De quoi l’invasion de l’Ukraine par le régime de Poutine est-elle le nom ?
  • Les dockers néerlandais et suédois refusent de décharger une cargaison de diesel russe
  • Le Réseau syndical international de solidarité et de luttes se rend en Ukraine avec un convoi d’aide aux travailleurs et distribue des dons
  • Yorgos Mitralias : La gauche poutinisante, ses monstruosités et la question nationale ukrainienne
  • La guerre en Ukraine vue d’Helsinki par un intellectuel de gauche finlandais
  • Vlad Iavita : Transnistrie et Moldavie : une opération militaire russe datant de 1992 dont la logique prend tout son sens aujourd’hui
  • Rajan Menon : Les conséquences économiques de la guerre, un désastre pour les Ukrainiens et les pauvres de cette planète
  • Liens avec autres textes

De quoi l’invasion de l’Ukraine par le régime de Poutine est-elle le nom ?

Depuis le 24 février dernier, l’oligarchie militaro-industrielle du régime Poutine s’est lancée dans une nouvelle aventure meurtrière contre le peuple ukrainien après celles de l’envahissement de la Tchétchénie, de la Géorgie, après les massacres commis contre le peuple syrien en soutien au régime sanguinaire Assad.

Actuellement plus de 4,5 millions d’Ukrainiens ont été obligés de fuir leur pays. Des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants ont péri sous les bombes russes. Des villes et des villages ont été entièrement dévastés. Ces crimes, commis au nom d’un nationalisme russe meurtrier, sont des crimes contre l’Humanité.

Cette folie meurtrière renoue avec la barbarie des crimes de guerre du gouvernement américain depuis la guerre du Vietnam jusqu’à nos jours, des gouvernements d’Apartheid israéliens qui bafouent depuis plus de 70 ans les droits légitimes du peuple palestinien, au régime wahabite saoudien qui massacre les populations yéménites avec de l’armement fourni notamment par la France. Ce sont ces mêmes gouvernements qui aujourd’hui se transforment en colombes donneuses de leçons de paix.

Face à cette situation porteuse de graves dangers pour la paix et la sécurité du monde, il est plus que jamais nécessaire pour nous (associations/organisations et personnes au Maghreb et en Europe) de :

  • Nous mobiliser pour soutenir la résistance courageuse du peuple ukrainien face à l’invasion criminelle commise par le régime Poutine ;

  • Soutenir toutes les victimes (réfugiés, déplacés) de ces guerres sans distinction d’origine ;

  • Saluer l’élan de solidarité de l’Europe envers les réfugiés ukrainiens et exiger l’application des mêmes mesures d’accueils et de solidarités avec tous les réfugiés sans distinction d’origine.

Nous appelons à :

  • l’arrêt immédiat de cette guerre ;

  • aider les pays du Maghreb et d’Afrique-subsaharienne à surmonter la crise et le manque de produits alimentaires suite à la guerre en Ukraine ;

Nous exprimons enfin notre solidarité avec les artistes et créateurs russes, boycottés dans des manifestations culturelles en Europe.

Premiers signataires :
Associations/organisations
Action Jeunesse Maroc (AJM)
Agir pour le changement démocratique en Algérie (ACDA)
Association des citoyens originaires de Turquie (ACORT)
Association Nachaz- dissonances – Tunisie
Association tunisienne de défense des libertés individuelles (ATDLI)
Alliance tunisienne pour la dignité et la reconnaissance
Association perspectives elamel ettounsi
Centre euromed migration et développement (EMCEMO) Pays-Bas
CIBELE (Collectif Régional Pour la Coopération Nord-Sud)
Coalition marocaine pour la justice climatique (CMJC)
Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en  
Tunisie (CRLDHT)
Confédération générale autonome des travailleurs algériens 
(CGATA)
E-Joussour – Maroc
Fédération des tunisiens citoyens des deux rives (FTCR)
Forum des alternatifs Maroc (FMAS)
Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES)
Observatoire marocain des libertés publiques (OMLP)
Réseau Euromed France (REF)
Réseau tunisien pour la justice transitionnelle
Syndicat nationale autonome des personnels de l’administration  
publique (SNAPAP) – Algérie
Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT)

Personnes : 
Hichem Abdessamad, historien 
Abderrahim Afarki, bilbliothécaire
Sanhaja Akrouf, militante féministe
Mourad Allal, directeur de centre de formation 
Tewfik Allal, militant associatif 
Ahlem Belhaj, syndicaliste, féministe – Tunisie
Bochra Belhaj Hamida, ancienne députée, militante féministe – Tunisie
Faycal Benabdalah, président FTCR 
Sana Benachour, juriste, militante féministe – Tunisie
Hechmi Benfrej, militant associatif – Tunisie 
Mohamed Bensaid,, médecin militant associatif  
Nadia Chaabane, députée de la constituante – Tunisie  
Khémais Chammari militant droits humains ancien ambassadeur – Tunisie
Alya Chérif Chammari militante féministe avocate – Tunisie 
Hédi Chenchabi, militant associatif  
Mouhieddine Cherbib, militant des droits humains 
Mohsen Dridi, militant associatif
Didier Epsztajn, animateur du blog « entre les lignes entre les mots »
Wahid Ferchichi, professeur de droit université de Carthage
Jacques Fath, militant politique 
Wahid Ferchichi, universitaire, militant des droits humains – Tunisie
Claudette Ferjani, retraitée
Mohamed Chérif Ferjani, professeur honoraire Lyon 2
Abdelwaheb Fersaoui, militant politique – Algérie
Khadija Finan, universitaire 
Yosra Frawes, féministe, ancienne présidente de l’ATFD
Mgr Jacques Gaillot, Evêque 
Maher Hnine, sociologue, militant politique et associatif – Tunisie
Abderrahman Hédhili, Président FTDES – Tunisie 
Kamel Jendoubi, ancien ministre, militant des droits humains 
Lahbib Kamel, militant associatif – Maroc 
Mohamed Khénissi , militant des droits humains – Tunisie 
Michèle Leclerc-Olive , ARTeSS-IRIS-CNRS-EHESS 
Edith Lhomel Jendoubi, militante associtive 
Rachid Maalaoui, syndicaliste, Algérie
Gustave Massiah, économiste 
Umit Metin, militant associatif
Messaoud Romdhani, militant des droits humains 
Rami Salhi, militant des droits Humains – Tunisie 
Alaa Talbi, militant associatif – Tunisie 
Abdallah Zniber, militant associatif

http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article62305

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Les dockers néerlandais et suédois refusent de décharger une cargaison de diesel russe

En cette veille de 1er mai, les dockers suédois et néerlandais font preuve d’un bel esprit internationaliste. Ils refusent de décharger un pétrolier chargé de diesel russe de 42 000 tonnes, le Sunny Liger, dans le port d’Amsterdam, un jour après qu’une action similaire des dockers ait empêché le vendredi 29 avril le navire d’entrer dans le port de Rotterdam. Les dockers suédois avaient déjà refusé de décharger ce pétrolier, qui avait ensuite mis le cap sur les Pays-Bas.

Le Sunny Liger, un pétrolier de 42 000 tonnes, était au mouillage au large d’Amsterdam samedi  avril, tandis que les sociétés portuaires réfléchissaient à son entrée dans la capitale néerlandaise.

« Tard hier soir [samedi 30 avril], nous avons demandé à toutes les parties du port d’Amsterdam de ne pas laisser le navire accoster et de ne pas (le) traiter… La Russie finance la guerre en Ukraine avec sa cargaison… Des choses étranges ont eu lieu avec ce bateau. Ce matin, il a été retiré de la liste des arrivées, mais il y est à nouveau. Nous ne savons tout simplement pas où va aller exactement le navire » a déclaré le syndicat FNV dans un communiqué, remerciant les dockers suédois d’avoir boycotté le navire. « Le navire n’entrera pas dans le port d’Amsterdam », a-t-elle ajouté dans un tweet. Parti il y a une semaine de Primorsk, près de Saint-Pétersbourg (Russie), le pétrolier battant pavillon des Îles Marshall avait pour destination finale Amsterdam, selon le site MarineTraffic.com.

Niek Stam, représentant du FNV, n’exclut pas la possibilité d’une manifestation sur le port si le bateau accoste. L’agitation autour de la présence du navire pourrait amener des manifestants à sauter dans l’eau pour bloquer son entrée s’inquiètent des marins des remorqueurs. De son côté, l’ambassade d’Ukraine aux Pays-Bas a exigé auprès du gouvernement néerlandais le « départ immédiat » du navire. L’Ukraine a également lancé un appel aux dockers d’Amsterdam et des Pays-Bas : « Imitez vos collègues suédois. Ne vous approchez pas du Sunny Liger… Refuser de décharger sa cargaison. Ne devenez pas complice d’un commerce immoral qui finance les meurtres de femmes et d’enfants ukrainiens innocents. »
Pour l’instant, le Sunny Liger est ancré au large des côtes néerlandaises.
1er mai 2022

http://www.laboursolidarity.org/Les-dockers-neerlandais-et-suedois

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Le Réseau syndical international de solidarité et de luttes se rend en Ukraine avec un convoi d’aide aux travailleurs et distribue des don

Le Réseau syndical international de solidarité et de luttes a participé au convoi d’aide des travailleurs à la résistance ukrainienne qui est arrivé dans le pays, précisément à Lviv, le vendredi 29 avril dernier.
Cette initiative émane des membres du Réseau syndical international de solidarité et de luttes. Depuis leur arrivée, se sont rencontrés des syndicalistes et des militants de plusieurs pays comme le Brésil (CSP Conlutas), la France (Solidaires), l’Italie (ADL Cobas), la Lituanie (G1PS), la Pologne (IP – Inicyatywa Pracownicza) et l’Autriche (RCIT), ainsi que des résistants d’Ukraine.
Le 29 avril, environ 800 kg de dons destinés à la population de cette région ont été remis directement au président du syndicat indépendant des métallurgistes et des mineurs de la ville de Kryvyi Rih, le militant Yuri Petrovich. L’initiative, soutenue logistiquement par l’organisation Sotsyalnyi Rukh [Mouvement social], a été considérée comme un succès.

Le convoi a suivi les conseils de l’organisation de résistance des travailleurs de Kryvyi Rih et a donné la priorité à l’envoi de produits d’urgence tels que des médicaments, des trousses de premiers secours, des aliments secs, des aliments pour bébés prêts à l’emploi, ainsi que des batteries et des générateurs, ressources nécessaires dans une situation de pénurie critique de l’approvisionnement en nourriture et en médicaments, ainsi qu’en électricité et en chauffage.

Kryvyi Rih est le centre industriel du pays et comptait environ 615 000 habitants. Actuellement, la ville se trouve à 60 km des troupes russes. Selon M. Petrovich, plus de 3 000 membres du syndicat se sont enrôlés dans les forces de résistance.

Maintenir et renforcer l’internationalisme
Comme nous l’avions déjà signalé dans de précédents rapports sur le convoi, « de nombreuses femmes sont restées dans le pays parce qu’elles ont décidé de ne pas abandonner leur conjoint ou de s’occuper des personnes âgées ou des enfants restés au pays. Ce sont des mères, des sœurs ou des filles, qui survivent difficilement dans des conditions de pénurie dans la distribution de nourriture, de médicaments, d’eau, d’énergie et de gaz ».
Et ce soutien doit être non seulement maintenu, mais aussi de plus en plus renforcé.
Le Service national des gardes-frontières de l’Ukraine a indiqué que le nombre de civils qui rentrent aujourd’hui dans le pays s’élève à environ 30 000 par jour. En raison de la contrainte militaire, presque tous ceux qui franchissent la frontière sont des femmes et des enfants. Ils représentent 90% des réfugiés du pays.
En raison de ce mouvement de retour, nous devons renforcer, toujours plus, la nécessaire coopération de classe au-delà des expressions publiques et des motions de soutien.
Avec le convoi, nous affirmons une solidarité internationaliste pratique et concrète et nous continuerons à faire campagne pour la défense de ces travailleurs, qui avec peu de ressources ont opposé une ferme résistance aux envahisseurs russes.

Un 1er mai internationaliste
Le Réseau syndical international de solidarité et de luttes a marqué le 1er mai aux côtés de la délégation internationale qui composait le convoi.
En raison de la loi martiale en vigueur dans le pays, la manifestation de la Journée internationale de lutte de la classe ouvrière s’est déroulée à huis clos. L’événement a eu lieu au Hhat Khotkevych Lviv, le palais municipal de la culture de Lviv.
Plus de 50 personnes ont participé à l’évènement. Parmi elles, 19 étrangers ont participé à l’initiative de solidarité internationale. Ils venaient d’Autriche (RCIT), du Brésil (CSP-Conlutas), de France (Solidaires), d’Italie (ADL Cobas), de Lituanie (G1PS) et de Pologne (IP – Inicyatywa Pracownicza.
Plusieurs questions ont été abordées, telles que la réforme du travail, l’impact de la guerre sur les personnes et les problèmes mentaux, le stress et la dépression, la situation des femmes, ainsi que la situation des travailleurs.
Lors de la rencontre, les travailleurs des mines de la ville de Kryvyi Rih ont participé par vidéoconférence aux débats et ont pu dialoguer et remercier cette expression de la solidarité internationale de classe.
Nous avons célébré le 1er mai à Lviv et nous nous sommes réjouis de la réussite de ce convoi en soutien à la résistance ouvrière ukrainienne.
Vive la lutte internationaliste !

À propos de la région de Kryvyi Rih
La ville où s’est rendu le convoi est considérée comme stratégique et est dans le collimateur de l’armée du Kremlin depuis un certain temps.
Non seulement parce qu’il s’agit d’un important centre industriel minier et sidérurgique, proche de territoires pris par l’armée de Vladimir Poutine, comme la région de Kherson, mais aussi en raison du symbole et de la victoire politique que constitue la conservation de la ville. Kryvyi Rih est la ville natale de Zelensky et permet l‘accès à la région d’Odessa tant désirée par le Kremlin.
Le chef de l’administration militaire de Kryvyi Rih, Oleksandr Vilkul, a déclaré le 24 avril que l’ennemi « prépare une attaque offensive dans notre direction. Dans les jours à venir, nous nous attendons à une éventuelle action offensive ».

Au cours des trois derniers jours, Kyvy Rih a évacué plus de 5 000 résidents venant de la région de Kherson vers différents endroits.
Au total, plus de 100 000 migrants sont passés par Kryvyi Rih et 50 000 sont restés dans la ville, selon les autorités locales.
Jusqu’à présent, l’invasion russe a forcé 5,4 millions d’Ukrainiens à quitter leur pays et plus de 7,7 millions ont fui et sont déplacés à l’intérieur du pays, selon les chiffres officiels des Nations Unies.

http://www.laboursolidarity.org/Le-Reseau-syndical-international-2339

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La gauche poutinisante, ses monstruosités et la question nationale ukrainienne

Cela fait bien longtemps, que tout le monde, ou presque, est tourmenté par la même question : pourquoi les citoyens tournent-ils le dos à la gauche 
Pourquoi la gauche semble-t-elle si faible et si peu crédible, et ce à un moment où le capitalisme aussi ne se sent pas très bien
 ? Un début de réponse à ces questions est fourni par la gauche elle-même, ou du moins une partie très importante d’elle, par la façon dont elle se comporte face à la guerre de Poutine contre l’Ukraine. Et voici de quoi il s’agit.

Tout d’abord, ce n’est pas seulement que cette gauche ne fait pas ce qui est évident pour tout homme ou femme de gauche, à savoir s’insurger contre l’injustice et soutenir la victime contre son bourreau, le faible contre l’agresseur puissant. C’est aussi qu’en essayant de justifier l’injustifiable, elle recourt aux pires monstruosités que le Kremlin de M. Poutine a coutume de débiter. Ainsi, elle n’hésite pas à qualifier les crimes de l’armée russe de fake news, de « mises en scene » et de « provocations », ou – en termes plus modérés – à ne pas exclure la possibilité qu’ils aient été « fabriqués » par la machine de propagande ukrainienne et occidentale. Dans tous les cas, le Kremlin et ses clients ont toujours la même réponse : les Ukrainiens s’auto-bombardent ou mettent en scène leurs bombardementsPartout et toujours, tout comme les malheureux Syriens d’Alep qui se sont également auto-bombardés et auto-empoisonnés (par les armes chimiques du tandem Poutine-Assad). Et tout cela avec la participation active et la complicité de milliers de témoins oculaires, c’est-à-dire de civils, voire d’enfants, de correspondants et d’envoyés de guerre, et d’autres journalistes, de techniciens du son, de cameramen, etc., qui ont tous appris la leçon à la perfection et participent de manière disciplinée et comme un seul homme à une énorme et diabolique… mise en scène anti-russe !

Toutefois, pour qu’il y ait des « crimes de guerre », il doit nécessairement y avoir… une guerre. Mais, n’oublions pas qu’aujourd’hui en Ukraine, il n’y a pas de guerre, mais une simple… « opération militaire spéciale », et la preuve en est que quiconque utilise aujourd’hui en Russie le mot interdit de « guerre » est immédiatement arrêté, « jugé » et envoyé illico en prison pour… « diffamation de l’armée russe ».

Les conséquences de ces monstruosités (sans cesse répétées) crèvent les yeux : ceux qui les prononcent perdent progressivement toute crédibilité, s’auto-ridiculisent et finissent par devenir pittoresques. Et ce, contrairement à ce qui est arrivé à leurs ancêtres, les fameux « compagnons de route » du stalinisme jadis triomphant, dont la tradition est perpétuée aujourd’hui par les admirateurs de toutes sortes – et de toutes intensités – du président Poutine. À l’époque, ces « compagnons de route » n’avaient presque rien à craindre lorsqu’ils répétaient les monstruosités macabres dites par le « grand timonier », c’est-à-dire le locataire d’alors du Kremlin, dont l’actuel locataire Vladimir Poutine est un grand admirateur. Ainsi, le monde entier a eu le malheur de voir des célèbres intellectuels, des poètes et des hommes politiques de cette époque accepter comme « irréprochables » les horribles farces judiciaires des années 30, et comme parfaitement raisonnables et « prouvées » des accusations du genre « agent du Mikado », « saboteur tsariste des impérialistes », « empoisonneur au service du fascisme », « instrument conscient de l’hitlérisme » etc. avec lesquelles étaient condamnés et exécutés ceux qui avaient fait la Révolution d’Octobre. Ensuite, il a fallu quelques décennies de crise et, finalement, la disparition du « socialisme réellement existant » pour que ces « compagnons de route » du stalinisme soient – enfin – reconnus pour ce qu’ils ont toujours été : des laudateurs serviles et ridicules d’un tyran et de son régime inhumain. Par contre, aujourd’hui, ils sont décrédibilisés et tournés en ridicule presque instantanément. Pourquoi ? Mais, manifestement, parce que les actuels « compagnons de route » s’obstinent à voir en Poutine le successeur de Staline et n’ont pas réalisé que non seulement le « socialisme réellement existant » a disparu depuis longtemps, mais qu’il a aussi été remplacé par le capitalisme le plus sauvage et le plus liberticide…

Mais, même lorsqu’ils… « néolibéralisent » (comme le font actuellement les divers Tsipras et autres dirigeants de Syriza), ils s’obstinent à conserver leurs réflexes staliniens comme une sorte de dinosaures post-staliniens d’un… Jurassic Park politique. Ainsi, ils brandissent la bannière de la « dénazification » poutiniste de l’Ukraine et des Ukrainiens, comme ils l’ont déjà brandit il y a quelques années, en 2016, lorsqu’ils poussaient à nouveau des cris hystériques quand ils dénonçaient les impérialistes occidentaux d’avoir transformé le cirque qu’est le concours annuel de l’Eurovision en une… tribune du néonazisme (ukrainien). Pourquoi ? Parce que la représentante ukrainienne (d’origine tatare) avait gagné avec une chanson évoquant les supplices des Tatars de Crimée déportés par Staline au motif qu’ils avaient collaboré avec l’Allemagne d’Hitler.

Les pauvres Tatars de Crimée étaient-ils donc des traîtres et des collabos de la Wehrmacht, comme le proclamaient les médias grecs, la gauche grecque en tête, en ces jours de 2016 ? La réponse est bien sûr aussi négative qu’elle l’est pour les dizaines d’autres nationalités, peuples et minorités de l’URSS d’alors, qui ont été déportés sur ordre de Staline et de Beria sous exactement la même motif : des traîtres et des collabos. Et ce n’est pas seulement que parmi ces « peuples punis » se trouvaient aussi les Grecs d’URSS parlant le grec, mais aussi comme musulmans d’origine grecque parlant le tatar (des Uroum). Ni que la plupart des Tatars ont été déportés en tant que « collabos » vers l’Asie centrale juste après leur démobilisation de… l’Armée Rouge avec laquelle ils avaient combattu contre le Troisième Reich. C’est aussi que l’État soviétique lui-même a réhabilité les Tatars et les a innocentés de cette accusation scandaleuse après la mort de Staline ! Et mieux encore, c’est que Poutine lui-même a fait la même chose, par décret, immédiatement après l’annexion de la Crimée en 2014 !

La conclusion est que tous ces gens de gauche et les médias grecs de toutes sortes, qui ont fulminé pendant des jours sur le « scandale » de l’Eurovision et ont déliré contre le « nazisme » du peuple tatar, avaient consciemment choisi de rester accroché à la « version » stalinienne de l’histoire, ignorant délibérément les faits réels, y compris les prises de position officielles répétées de l’URSS ainsi que de l’actuelle Fédération de Russie ! Et tout cela quand on sait très bien que les massacres périodiques des Tatars ont été pendant des siècles une sorte de « safari » favori du nationalisme grand-russe (tsariste) et que 46,2% de la population tatare a été exterminée au cours des trois premières années de sa déportation, ce qui fait de cette déportation meurtrière (qui est pourtant toujours applaudie par une très grande partie de la gauche grecque !) l’un des GENOCIDES les plus carabinés du siècle dernier ! Et aussi, que les Tatars restants tentaient en vain pendant des décennies de retourner… à pied dans leur Crimée. Et enfin, que le courageux général russe – et héros – de l’Armée rouge Petro (Pyotr) Grigorenko (communiste et fondateur de l’illégale « Union pour la renaissance du léninisme ») a passé de nombreuses années incarcérées dans… des hôpitaux psychiatriques en URSS pour avoir consacré sa vie à défendre ces Tatars martyrisés de Crimée…

Bien sûr, il est tout à fait vain d’essayer de trouver ce qui pourrait relier nos gens de gauche poutinistes à quelqu’un comme le général Grigorenko, qui déclarait, même lorsqu’il était incarcéré par ses bourreaux, que « mon parti sont les bolcheviks ». Ils n’ont absolument rien en commun. D’ailleurs, il est certain qu’aucun d’entre eux n’a même entendu le nom de Grigorenko. Tout comme aucun d’entre eux ne sait rien des jeunes et des jeunes militants de gauche d’Ukraine, du Belarus et de Russie qui se battent, certains l’arme à la main, contre M. Poutine et ses acolytes. La raison de cette ignorance est évidente : Comment pourraient-ils les connaître alors qu’ils vont jusqu’à refuser obstinément de publier leurs appels poignants et leurs messages répétés adressés à la gauche de l’Europe occidentale ?

Voici donc une des causes principales de leur ignorance sur la question ukrainienne, qui les pousse à débiter, avec leur arrogance habituelle, leurs bien connues inepties « géopolitiques » et autres « analyses » prétentieuses qui n’ont rien à voir avec la réalité. En effet, comment peuvent-ils connaître ce qui se passe dans la guerre de Poutine alors qu’ils ne veulent rien avoir à faire avec les militant.e.s de gauche d’Ukraine, de Russie et du Belarus, et qu’ils tirent leurs « informations » « exclusivement de sources réactionnaires et contre-révolutionnaires telles que les archives staliniennes et les monstruosités poutinistes ? Et pire encore, comment peuvent-ils se mobiliser – comme cela devrait être leur devoir de classe et internationaliste – pour sauver les cheminots biélorusses que le dictateur Loukachenko vient de décider, par décret, de condamner à mort (!) parce qu’ils ont saboté les mouvements de l’armée russe, quand nos gens de gauche poutinisants refusent en permanence même de publier sur leurs sites web les dramatiques appels à la solidarité de ces cheminots biélorusses aujourd’hui menacés d’exécution ? Et bien sûr, en s’obstinant à nier tout lien avec les jeunes marxistes radicaux et avec les syndicalistes de ces pays, qui se battent héroïquement (oui, héroïquement!), jouant souvent à pile ou face leur liberté ou même leur vie dans des conditions incroyablement difficiles, nos gens de gauche finissent par s’abstenir ostensiblement des processus – déjà en cours – visant a développer non seulement des réseaux mouvementistes de solidarité, mais aussi des initiatives œuvrant pour créer la nouvelle gauche radicale dont on a tant besoin par les temps qui courent !

C’est donc parce qu’ils ignorent les rapports coloniaux séculaires que la Russie tsariste et stalinienne a entretenus avec l’Ukraine, qu’ils ne sont pas en mesure non seulement de comprendre mais même de s’en apercevoir de l’existence de la question nationale ukrainienne depuis des siècles. La conséquence directe en est leur incapacité à comprendre que l’objectif principal de la guerre de Poutine, que Poutine lui-même admet d’ailleurs publiquement, est la disparition violente de l’État ukrainien indépendant, ce qui constitue la condition sine qua non pour la renaissance de l’empire russe prônée depuis toujours par le chauvinisme grand-russe qui est maintenant de retour au pouvoir à Moscou.

En réalité, ce que la plupart de nos gens de gauche semblent ignorer, c’est que la guerre en cours de Poutine contre l’Ukraine n’est que la dernière des innombrables tentatives sanglantes du nationalisme grand-russe pour dominer l’Ukraine, en réprimant violemment et en écrasant les aspirations du peuple ukrainien à l’indépendance nationale. Par exemple, ils auraient certainement vu la guerre et les ambitions de Poutine d’un tout autre œil s’ils avaient su que, même dans ses premières années, la jeune Russie révolutionnaire bolchevique a fait preuve du même chauvinisme grand-russe en refusant – parfois en recourant à la violence de masse (!) – de reconnaître le parti bolchevique ukrainien ainsi que la République soviétique indépendante d’Ukraine, et allant même jusqu’à interdire aux Ukrainiens de… parler leur propre langue ukrainienne ! Et si ce traitement catastrophique et même criminelle du peuple ukrainien a pris fin avec l’intervention de Lénine et Trotsky qui, après une lutte acharnée au sommet du parti bolchevique, ont « créé » – comme l’a avoué à juste titre Poutine… dans son allocution télévisée du 22 février [1] – une Ukraine indépendante dans le cadre de la Confédération soviétique, les beaux jours n’ont duré que quelques années. Staline, l’« argousin brutal grand-russe » selon Lénine, a veillé au retour à la barbarie du temps du tsarisme, et pire encore. Car c’est lui le grand responsable à la fois de la terrible famine de 1932-1933, qui a tué – par la faim ! – au moins 3 à 5 millions d’Ukrainiens, et poussé des centaines de milliers d’autres au… cannibalisme (!), et de la fermeture définitive des écoles, théâtres et institutions culturelles ukrainiennes qui maintenaient vivantes la langue et les traditions de la nation ukrainienne.

Il est évident que cette gauche s’obstine à « ignorer » les innombrables siècles des souffrances infligés au peuple ukrainien par le nationalisme grand-russe. Par contre, elle ne semble pas ignorer les accusations scandaleuses sur le « nazisme » presque congénital des Ukrainiens que Poutine lance de plus en plus souvent, voulant justifier sa guerre actuelle contre l’Ukraine. Comme beaucoup de choses sont dites et écrites dans notre pays sur le passé prétendument « nazi » de la nation ukrainienne, il convient de rappeler ici les indéniables vérités historiques suivantes : « Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne nazie a recruté environ 250 000 Ukrainiens dans ses forces armées et sa police auxiliaire, tandis que 4,5 millions d’Ukrainiens ont servi dans l’Armée rouge soviétique, soit 40% de ses forces totales. Ils ont participé aux grandes batailles qui ont permis de repousser puis de vaincre l’Allemagne pendant la guerre. En conséquence, la République socialiste soviétique d’Ukraine a subi les plus grandes pertes humaines et matérielles de toutes les républiques soviétiques » [2].

En d’autres termes, le passé « nazi » des Ukrainiens est aussi réel que le passé « nazi » des Tatars de Crimée, des Grecs d’URSS et de quelques dizaines d’autres ethnies et peuples martyrs qui ont été déportés par le régime stalinien sous l’accusation sordide de collaboration avec l’occupant nazi. Après tout, si nous voulons parler de la collaboration (par ailleurs existante) d’une partie de la population soviétique avec la Wehrmacht et l’Allemagne nazie, nous devrions logiquement commencer par le général (Russe) de l’Armée Rouge Andrei Vlasov et son – non négligeable – « Armée de libération russe », qui a rejoint la Wehrmacht et combattu avec elle…

Voici donc quelques-unes des raisons pour lesquelles les citoyens, qui ne sont ni des imbéciles ni des moutons, tournent le dos à cette gauche qui est en train de détruire tout ce qu’elle a fait de bien, avec sa position réactionnaire, fausse, conspirationniste, inhumaine et certainement répugnante sur une question de dimensions historiques comme la guerre de Poutine contre l’Ukraine. En fin de compte, le problème de la gauche n’est pas la réaction bourgeoise et capitaliste, qui ne fait que son travail. Le problème de la gauche est la gauche elle-même, quand elle ne fait pas son propre travail, ce qui a comme conséquence qu’elle perde sa crédibilité et l’attrait qu’elle exerçait sur les masses des opprimés.

Nous concluons donc avec un texte écrit il y a exactement un siècle, en 1922, mais qui aurait pu être écrit aujourd’hui pour réfuter une à une les thèses et les pratiques de la gauche poutinienne et poutinisante sur la question nationale et, plus particulièrement, sur la guerre de Poutine contre l’Ukraine. Il s’agit de la deuxième des trois parties des « notes » laissées par Lénine, sur « La question des nationalités ou de l’« autonomie » », et la « brute géorgienne grande-russe » à laquelle il fait référence est évidemment Staline, que Lénine nomme d’ailleurs à plusieurs reprises dans les deux autres parties du même texte. Lisons-le, car, en dehors de toute autre chose, c’est de l’oxygène et de l’air frais parce qu’il donne une idée de ce que pourrait être une autre gauche qui attire et inspire plutôt que celle d’aujourd’hui qui rebute et repousse :

« J’ai déjà écrit dans mes ouvrages sur la question nationale qu’il est tout à fait vain de poser dans l’abstrait la question du nationalisme en général. Il faut distinguer entre le nationalisme de la nation qui opprime et celui de la nation opprimée, entre le nationalisme d’une grande nation et celui d’une petite nation.
Par rapport au second nationalisme, nous, les nationaux d’une grande nation, nous nous rendons presque toujours coupables, à travers l’histoire, d’une infinité de violences, et même plus, nous commettons une infinité d’injustices et d’exactions sans nous en apercevoir. Il n’est que d’évoquer mes souvenirs de la Volga sur la façon dont on traite chez nous les allogènes : le Polonais, le Tatar, l’Ukrainien, le Géorgien et les autres allogènes du Caucase ne s’entendent appeler respectivement que par des sobriquets péjoratifs, tels « Poliatchichka »,« Kniaz »,« Khokhol »,« Kapkazski tchélovek ».
Aussi l’internationalisme du côté de la nation qui opprime ou de la nation dite « grande » (encore qu’elle ne soit grande que par ses violences, grande simplement comme l’est, par exemple, l’argousin) doit-il consister non seulement dans le respect de l’égalité formelle des nations, mais encore dans une inégalité compensant de la part de la nation qui opprime, de la grande nation, l’inégalité qui se manifeste pratiquement dans la vie. Quiconque n’a pas compris cela n’a pas compris non plus ce qu’est l’attitude vraiment prolétarienne à l’égard de la question nationale : celui-là s’en tient, au fond, au point de vue petit-bourgeois et, par suite, ne peut que glisser à chaque instant vers les positions de la bourgeoisie.

Qu’est-ce qui est important pour le prolétaire ? Il est important, mais aussi essentiel et indispensable, qu’on lui assure dans la lutte de classe prolétarienne le maximum de confiance de la part des allogènes. Que faut-il pour cela ? Pour cela il ne faut pas seulement l’égalité formelle, il faut aussi compenser d’une façon ou d’une autre, par son comportement ou les concessions à l’allogène, la défiance, le soupçon, les griefs qui, au fil de l’histoire, ont été engendrés chez lui par le gouvernement de la nation « impérialiste ».

Je pense que pour les bolchéviks, pour les communistes, il n’est guère nécessaire d’expliquer cela plus longuement. Et je crois qu’ici nous avons, en ce qui concerne la nation géorgienne, l’exemple typique du fait qu’une attitude vraiment prolétarienne exige que nous redoublions de prudence, de prévenance et d’accommodement. Le Géorgien qui considère avec dédain ce côté de l’affaire, qui lance dédaigneusement des accusations de « social-nationalisme », (alors qu’il est lui-même non seulement un vrai, un authentique « social-national », mais encore un brutal argousin grand-russe), ce Géorgien-là porte en réalité atteinte à la solidarité prolétarienne de classe, car il n’est rien qui en retarde le développement et la consolidation comme l’injustice nationale ; il n’est rien qui soit plus sensible aux nationaux « offensés », que le sentiment d’égalité et la violation de cette égalité, fût-ce par négligence ou plaisanterie, par leurs camarades prolétaires. Voilà pourquoi, dans le cas considéré, il vaut mieux forcer la note dans le sens de l’esprit d’accommodement et de la douceur à l’égard des minorités nationales que faire l’inverse. Voilà pourquoi, dans le cas considéré, l’intérêt fondamental de la solidarité prolétarienne, et donc de la lutte de classe prolétarienne, exige que nous n’observions jamais une attitude purement formelle envers la question nationale, mais que nous tenions toujours compte de la différence obligatoire dans le comportement du prolétaire d’une nation opprimée (ou petite) envers la nation qui opprime (ou grande) ».
Lénine, 31.XII.22.

Notes
[1]
 Voir nos précédents articles « Mais, de quelle « guerre défensive contre l’OTAN » parlent-ils ? Quand Poutine réfute les « théories » de ses fans de gauche occidentaux ! » : http://europe-solidaire.org/spip.php?article62110 
« Lénine est l’auteur de l’Ukraine d’aujourd’hui » ou comment tout ça est la faute à…Lénine et aux bolcheviks » : https://lanticapitaliste.org/opinions/international/poutine-lenine-est-lauteur-de-lukraine-daujourdhui-ou-comment-tout-ca-est-la
« Contre les ravages du campisme et pour la victoire du peuple ukrainien-Le mouvement de masse contre la guerre! » : 
http://europe-solidaire.org/spip.php?article61837
« Нет войне ! Non à la guerre ! Нет войне ! » : https://blogs.mediapart.fr/yorgos-mitralias/blog/030322/net-voine-non-la-guerre-net-voine

[2] « How the Ukrainian Working Class Was Born-An interview with Marko Bojcun”https://www.jacobinmag.com/2022/03/ukrainian-working-class-formation-ussr-nato-war-national-identity 
et aussi « 
L’indépendance de l’Ukraine : préhistoire d’un mot d’ordre de Trotski » de Zbigniew Kowalewski :http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article61474

Yorgos Mitralias, traduit du grec

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La guerre en Ukraine vue d’Helsinki par un intellectuel de gauche finlandais

Dans cet entretien avec le journaliste argentin Pablo Stefanoni pour la revue progressiste latino-américaine Nueva Sociedad, le latino-américaniste et politologue de gauche finlandais Teivo Teivainen analyse la perception de la guerre russo-ukrainienne dans un pays qui faisait jadis partie de l’Empire russe et qui a toujours entretenu des relations très délicates avec la grande puissance voisine.

Professeur de politique internationale à l’université d’Helsinki, Teivo Teivainen est non seulement l’un des principaux latino-américanistes finlandais, mais aussi un intellectuel public qui intervient dans les débats politiques locaux. Dans cet entretien, il analyse la perception de la guerre russo-ukrainienne dans un pays qui faisait jadis partie de l’Empire russe et qui a toujours entretenu des relations très complexes avec la puissance voisine. Pour l’instant, l’invasion russe a eu comme principal effet une augmentation massive du soutien populaire à l’adhésion de la Finlande à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Nombreux sont les Finlandais qui établissent des analogies entre la situation actuelle de l’Ukraine et celle de la Finlande par le passé.

De loin, certains secteurs de la gauche ont tendance à vouloir « complexifier/expliquer » les raisons de l’invasion de l’Ukraine au point de finirs ouvent par quasiment la justifier, en invoquant par exemple l’« expansion de l’OTAN ». Quelle est la perception des secteurs progressistes en Finlande ?

À gauche, les gens qui vivent loin du champ de bataille semblent souvent percevoir la question assez différemment de ceux d’entre nous qui habitent aux frontières de la Russie. Cela nous semble passablement ridicule lorsque nous voyons certains secteurs, comme par exemple dans la gauche latino-américaine, tenter de relativiser l’image de Poutine en tant que leader autoritaire, homophobe, antiféministe et désormais impérialiste, et d’en faire une sorte d’allié de la gauche. Il y a là une vieille querelle avec les tankies [la gauche « campiste » encline à justifier systématiquement les agressions et invasions soviétiques pendant la Guerre froide].

En Finlande, ce qui s’est passé avec l’invasion de l’Ukraine, c’est que les opinions favorables à l’adhésion à l’OTAN sont subitement montées en flèche. Même chose pour la perception que la Russie est une menace pour l’existence même de la nation finlandaise.

Dans différentes régions du monde, il y a des courants de gauche qui acceptent le récit du Kremlin d’une manière surprenante. En Finlande, ce type de perception est pratiquement insignifiant. Et il y a un autre élément intéressant : la gauche finlandaise a toujours eu une position beaucoup plus dure envers la Russie que ses homologues européens.

Le soutien à l’adhésion à l’OTAN dépasse-t-il les clivages politiques ?

Parmi les partis ayant une représentation parlementaire, le seul qui ne soutient pas majoritairement l’adhésion à l’OTAN est l’Alliance de gauche, Vasemmistoliitto [gauche écosocialiste]. Cependant, en tant que partenaires minoritaires de la coalition gouvernementale avec les sociaux-démocrates de Sanna Marin [première ministre, âgée de 36 ans], tout indique que ses membres ne feront pas de ce thème une question d’Etat ; ce ne sera pas une ligne rouge conditionnant leur participation au gouvernement. En cas d’adhésion à l’OTAN, il est possible qu’ils proposent d’en limiter la portée en exigeant par exemple qu’aucune arme nucléaire ne soit installée sur le territoire finlandais.

Le gouvernement semble déjà prêt à envoyer sa demande d’adhésion.

Oui. Le président Sauli Niinistö avait toujours soutenu qu’une éventuelle adhésion à l’OTAN devait être approuvée par référendum. Aujourd’hui, lui-même et presque tout le monde avec lui affirment désormais que ce n’est pas nécessaire – premièrement, parce que nous n’avons pas le temps et, deuxièmement, parce qu’on peut constater que, depuis le 24 février, l’opinion publique est majoritairement favorable à cette adhésion, avec plus de 60% pour et entre 15% et 20% contre – et un pourcentage de soutien légèrement moindre chez les jeunes. Avant février 2022, l’opinion publique était clairement opposée à l’adhésion à l’OTAN. L’invasion a tout changé.

Ceux qui ont changé de position sont les sociaux-démocrates et le Parti du Centre, et plus radicalement encore, les Verts. Chez les Vrais Finlandais [Perussuomalaiset, parti d’extrême droite qui recueille autour de 17% des voix], il y a aussi eu des évolutions internes et la position pro-OTAN semble désormais prévaloir.

La Finlande a fait partie de l’Empire russe et a ensuite entretenu des relations plutôt complexes avec l’Union soviétique. Elle possède en outre une très longue frontière terrestre avec la Russie. Certains comparent l’invasion de l’Ukraine à la « Guerre d’hiver » de 1939-1940, qui se solda par un désastre militaire pour les troupes de Staline, même si la disproportion des forces obligea finalement la Finlande à céder 10% de son territoire.

Beaucoup estiment que ce qui est alors arrivé à la Finlande est en train d’arriver à l’Ukraine. Il y a dans ce cas une analogie très concrète : la Finlande faisait partie de l’Empire russe jusqu’en 1917, soit vingt ans avant l’attaque de Staline, et l’Ukraine faisait partie de l’Union soviétique jusqu’à il y a trente ans. Dans les deux cas, on peut y voir une sorte de revanche à retardement, hier de l’empire tsariste, aujourd’hui de l’URSS. Et dans les deux cas, c’est le grand voisin contre le plus petit qui résiste de toutes ses forces, et même au-delà.

En 1939, il semble que Staline ait cru que d’amples secteurs de la classe ouvrière locale accueilleraient favorablement l’Armée rouge en raison du souvenir de la guerre civile finlandaise entre Rouges et Blancs de 1918 [opposant des milices populaires et ouvrières liées à une faction majoritaire du Parti social-démocrate finlandais aux élites réactionnaires soutenues par l’Allemagne], mais il se heurta à une résistance nationale féroce qui ne s’est pas traduite pas une victoire de la Finlande mais a empêché une invasion totale.

Aujourd’hui, les drapeaux ukrainiens sont partout présents dans les espaces publics en Finlande. Beaucoup de Finlandais sont en outre de l’idée que la condamnation morale et les sanctions économiques contre la Russie ne signifie pas que Moscou cessera son agression contre l’Ukraine, mais que les Russes y réfléchiront à deux fois avant d’attaquer un autre pays. Et dans l’imaginaire social, chaque char russe détruit en Ukraine est un char de moins pour envahir la Finlande. Cette perception est très courante.

On observe par ailleurs une espèce de militarisation mentale de la société finlandaise, qu’il s’agisse de soutenir l’Ukraine ou de penser la défense nationale. L’augmentation du budget militaire bénéficie par exemple d’un large soutien.

Cela conduit-il également à un rapprochement géopolitique avec la Suède ?

De nombreuses discussions sont en cours entre la Finlande et la Suède pour évaluer une candidature commune à l’adhésion à l’OTAN. La situation de chacun des deux pays présente toutefois quelques différences.

En 1948, la Finlande a signé avec l’Union soviétique de Staline un « Accord d’amitié, de coopération et d’assistance mutuelle » qui inaugurait une sorte de neutralité surveillée et a duré jusqu’en 1992. Ce traité a permis à la Finlande de conserver son indépendance et son système démocratique tout en restant dans la zone d’influence géopolitique de l’URSS. Cela a entraîné un certain degré d’autocensure politique et médiatique au sujet de ce qui se passait chez le voisin soviétique. C’est par comparaison avec cette situation qu’on parle aujourd’hui d’une possible « finlandisation » de l’Ukraine.

La Suède a une histoire différente : deux cents ans d’une certaine forme de neutralité, sans aucune guerre. Les Suédois ont donc plus de motifs historiques de penser qu’il vaut mieux rester à l’écart, alors que la Finlande a connu beaucoup plus de guerres et de conflits avec le « grand voisin ». Il y a une boutade qui dit que la Suède combattra la Russie jusqu’au dernier Finlandais. La Finlande est une sorte de zone tampon contre la Russie.

Récemment encore, on pensait qu’une alternative à l’OTAN pourrait être une alliance militaire explicite entre la Suède et la Finlande, mais avec l’invasion de l’Ukraine, cette option est désormais périmée. Le poids militaire de la Suède n’est pas si grand, tandis que l’OTAN offre un parapluie nucléaire.

Je vous ai entendu dire une fois que la droite finlandaise, dans le cadre de l’accord avec Moscou, s’était toujours efforcée de ne pas irriter la Russie. Lors de l’invasion soviétique de la Tchécoslovaquie, paradoxalement, seul le Parti communiste finlandais avait émis une condamnation. Depuis quand ce statu quo a-t-il été rompu ?

D’aucuns estiment que le tournant s’est produit le 8 août 2008, date à laquelle la Russie a envahi la Géorgie. L’ancien Premier ministre et ministre des Affaires étrangères finlandais Alexander Stubb [centre-droit] a parlé du « moment 080808 ». Et en 2018, il écrivait : « Dix ans ont passé depuis la guerre en Géorgie. 080808 a été un tournant dans la politique mondiale. La Russie a violé l’intégrité territoriale de la Géorgie […] ». Un autre moment important a été l’invasion de la Crimée en 2014. Et pour finir, il y a eu le 24 février de cette année.

Pour beaucoup, avec l’invasion de l’Ukraine, « les masques sont tombés », on ne peut plus prétendre que nous allons nous efforcer de mener avec le gouvernement de Vladimir Poutine une politique de bonne entente et d’amitié sur une base rationnelle. L’opinion publique est devenue massivement anti-russe. Alexander Stubb a déclaré au quotidien espagnol El País : « J’ai toujours dit que la question de l’adhésion à l’OTAN était un thermomètre de la perception de la Finlande sur la Russie. Eh bien, aujourd’hui, le thermomètre est carrément brûlant. »

On constate cela même chez les Vrais Finlandais, à savoir la droite la plus radicale et xénophobe, dont certains membres éminents avaient jusqu’ici eu des positions plutôt pro-Poutine et pro-chinoises, et qui occupent la présidence de la commission des Affaires étrangères du Parlement. Leur président, Jussi Halla-aho, lié à l’aile la plus raciste du parti, a déclaré que la Finlande avait eu par le passé une attitude naïve à l’égard de la Russie. Au Parlement, il y a différentes positions, mais le soutien à l’adhésion à l’OTAN prédomine.

Source : Pablo Stefanoni, « La guerra de Ucrania vista desde Finlandia. Entrevista a Teivo Teivainen », Nueva Sociedad, avril 2022, https://nuso.org/articulo/ucrania-rusia-finlandia/Traduction :Marc Saint-Upéry.

http://alencontre.org/europe/russie/la-guerre-en-ukraine-vue-dhelsinki-par-un-intellectuel-de-gauche-finlandais.html

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Transnistrie et Moldavie : une opération militaire russe datant de 1992 dont la logique prend tout son sens aujourd’hui

Il est très étrange de voir le réseau Twitter rempli par des Occidentaux désireux de se renseigner sur la Transnistrie. Auparavant, la région séparatiste moldave, à la frontière avec l’Ukraine, ne faisait l’objet que d’une couverture occasionnelle en tant que « pays qui n’existe pas ».

Pour beaucoup, la Transnistrie est une curiosité géographique, où sévit la criminalité, mais qui n’a pas de force géopolitique propre. Mais les explosions qui ont secoué cette semaine [les 25, 26 et 27 avril] des endroits stratégiques du territoire séparatiste ont remis la Transnistrie au centre de l’actualité. La présidente moldave Maia Sandu [en fonction depuis le 24 décembre 2020] a déclaré que la pression exercée pour faire monter les tensions provenait des factions pro-russes de Transnistrie, tandis que la Russie a qualifié les attaques d’« actes de terrorisme ».

En réaction, certains analystes ont pris la parole sur les médias sociaux pour raconter leur propre histoire de la Transnistrie, racontant comment ils ont découvert son existence de manière accidentelle, souvent à la suite d’expériences de voyage désagréables. Pour ceux qui la connaissent, la Transnistrie est l’archétype de la zone de « conflit gelé », un faux Etat d’Europe de l’Est qui ressemble et se comporte comme une relique soviétique, et un paradis pour le crime organisé qui touche ensuite les Etats voisins. Pour moi, c’est l’endroit d’où vient ma famille.

Un mode de vie en voie de disparition
J’ai grandi à Bucarest, mais la Transnistrie a toujours été un endroit fascinant, où je rendais visite à mes amis et à ma famille pour des anniversaires et des fêtes.
Cet été, j’ai hâte d’y retourner pour une plus longue période, en partie pour faire un reportage sur le terrain, en partie par crainte que si la situation se détériore davantage, ce soit la dernière fois que je puisse retrouver ces lieux comme les mêmes endroits relativement paisibles et pittoresques de mon enfance.
Si vous n’êtes pas familier avec la géographie de la région, sachez que la Transnistrie est une mince bande de terre qui s’étend le long de la rive gauche du fleuve Dniestr sur une grande partie de la frontière entre la Moldavie et l’Ukraine.
Avant l’effondrement de l’Union soviétique, la Transnistrie abritait une grande partie de l’infrastructure industrielle de la République socialiste de Moldavie. Elle était la partie la plus russophone de la République. Elle s’est effectivement séparée de l’administration de Chisinau, la capitale de la Moldavie, après la guerre de 1992, lorsque des forces séparatistes soutenues par l’armée russe ont combattu les troupes moldaves.

Depuis lors, la majeure partie du territoire est administrée comme une république séparatiste autoproclamée, sans aucune reconnaissance internationale – pas même de la part de Moscou, du moins pour l’instant.
Dans un contexte plus prospère et plus stable, les régions de Transnistrie à la beauté naturelle époustouflante feraient d’excellentes destinations touristiques.
Dans le district de Dubasari, les rives verdoyantes et vallonnées du Dniestr offrent une toile de fond pittoresque à des villages bâtis avec du calcaire, ayant des maisons peintes dans des tons bleu pastel.

Ces dernières années, cependant, ces villages se sont progressivement éteints. C’est un symptôme de la disparition du mode de vie rural de la région – et de l’incapacité à permettre aux gens de continuer à y vivre et à y travailler. La réalité de la corruption et de la mauvaise gouvernance – soutenue, en fait, par Moscou – est un obstacle trop important pour permettre à ces zones de prospérer à nouveau grâce au tourisme ou aux industries locales. C’est pourquoi les gens partent, et leurs maisons s’effondrent.

Pendant des siècles, la région a été traversée par des routes commerciales qui ont encouragé la croissance de communautés diverses – des Ukrainiens, des Roumains, des Moldaves, des Russes, des Bulgares, des Polonais, des membres de communautés juives de toute la région. En partie à cause de la méfiance du régime à l’égard des minorités, et aussi en raison de sa situation aux frontières occidentales de l’Union soviétique, cette région a beaucoup souffert de la terreur stalinienne à la fin des années 1930. De nombreuses familles de la rive gauche du Dniestr ont des histoires de parents qui ont été envoyés dans des camps de travail, ou simplement exécutés et enterrés dans des endroits non identifiés.

Les cicatrices de la guerre
Mais les cicatrices les plus visibles aujourd’hui sont celles laissées par les combats qui ont établi les frontières actuelles de l’autoproclamée « République moldave de Pridnestrovié » [en russe] – pour donner à la Transnistrie son nom officiel. Les villages et les villes situés le long des lignes de contact de la guerre de 1992 portent encore les traces des combats – on trouve partout des écoles, des maisons et des clôtures de jardin percées par des éclats d’obus.
Malgré son histoire complexe, l’influence culturelle russe reste forte ici, reflétée par les médias et, en particulier, par les chaînes de télévision populaires. Même dans les maisons de mes parents plus occidentalisés, la télévision russe était toujours allumée – des films aux talk-shows, il y avait toujours quelque chose qui passait en arrière-plan.

Beaucoup de Transnistriens partagent également un sentiment de nostalgie pour l’Union soviétique, du moins pour les années 1970 et 1980. Les gens se souviennent de cette période comme d’une époque où il y avait encore un sens de la communauté, avec des lieux de travail proches de la maison, de bonnes liaisons de transport et des événements fréquents – des fêtes aux projections de films – même dans les villages et les petites villes. La vie des gens se déroulait dans un rayon de quelques kilomètres – ce n’était pas parfait ou riche, mais c’était prévisible et relativement confortable.

Aujourd’hui, ces petites agglomérations se vident de leurs habitants. Tout le monde part ou l’envisage – soit pour l’Ouest, soit pour l’Est, le premier devenant encore plus attractif après l’entrée en vigueur des accords d’association de la Moldavie avec l’Union européenne en 2016. La Roumanie a également une politique très indulgente en matière d’offre de citoyenneté aux Moldaves, qui est utilisée comme principale voie d’émigration vers l’Europe occidentale.

Il est difficile de dresser un tableau clair de l’opinion publique aujourd’hui, car il n’existe pas de sondages récents et fiables en provenance du territoire séparatiste. Il est clair, cependant, que certaines personnes sont véritablement pro-russes et considèrent avec dédain les aspirations occidentales de la Moldavie. Beaucoup d’autres sont simplement sceptiques et semblent plus préoccupés par les soucis de la vie quotidienne. Et bien sûr, il existe toujours un groupe de personnes qui préfèrent ouvertement la réintégration au sein de la Moldavie et son évolution vers l’Ouest.

Un régime kleptocratique
La raison de la décroissance des villages et des villes réside à la fois dans l’évolution des exigences du marché mondial du travail et dans la réalité de la prise de contrôle de la Transnistrie par un régime kleptocratique et autoritaire à Tiraspol, la capitale de l’Etat non reconnu. La corruption et le crime organisé rendent de nombreuses formes d’activité commerciale difficiles et imprévisibles, tandis que les infrastructures restent extrêmement réduites.
Soutenue illégalement par Moscou sur le plan politique et économique au cours des 30 dernières années, la kleptocratie de Tiraspol favorise la criminalité et les violations des droits de l’homme. Trafic d’êtres humains, enlèvements, meurtres: toutes les formes de violence auxquelles vous pouvez penser, tout le monde dans la région connaît quelqu’un qui en a été victime.

Ce qui est inquiétant, cependant, c’est que, bien que cela dure depuis des décennies, certaines personnes ne le découvrent – ou ne le remarquent – que maintenant. Dans le cas de l’Ukraine, les gens ont été surpris de voir les affirmations grotesques de la Russie concernant le génocide des Russes ethniques dans le pays. L’utilisation de régimes fantoches dans le Donbass a attiré l’attention sur les «nouvelles» combines géopolitiques de la Russie. Le recours à des opérations de «provocation» par l’armée russe pour justifier une agression en Ukraine a gagné en notoriété après les avertissements des agences de renseignement occidentales cet hiver. Mais tout cela s’était déjà produit, à l’abri des regards. Le schéma directeur de tout ce qui a surpris le monde en 2022 a commencé en 1992, avec la Transnistrie.

La Russie, le mouvement séparatiste et la guerre de 1992
Le mouvement séparatiste a commencé par le récit construit que les citoyens russophones seraient marginalisés dans une Moldavie de droite et nationaliste. Les forces militaires russes ont soutenu les milices séparatistes avant et pendant le conflit de 1992. La justification de l’assaut du poste de police de Dubasari, le 1er mars de cette année-là, par les troupes de Transnistrie (l’acte qui a effectivement déclenché la guerre) reposait sur la fausse accusation selon laquelle la police moldave était responsable du meurtre d’un chef séparatiste.
Après la guerre, la Russie a soutenu, mais pas reconnu, la république séparatiste. Elle l’a utilisée comme supplétif pour forcer la Moldavie à entrer dans son orbite, que ce soit par le contrôle de ses plus grandes centrales électriques à Dubasari et Cuciurgan, ainsi que de ses gazoducs, par des fraudes électorales répétées en faveur de candidats pro-russes, ou par une pression militaire constante et le crime organisé.
Tous les schémas d’agression et d’ingérence russes ont été présents en Transnistrie. La guerre et l’occupation ont réellement commencé dans le sillage de l’effondrement de l’URSS. Pendant 30 ans, nous avons parlé de rapprochement avec une Russie en voie de démocratisation, alors que son empire vivait toujours à nos portes.

L’occasion de tirer les leçons d’une histoire édifiante ayant été manquée, il est temps de réfléchir aux moyens de soutenir la Moldavie pour qu’elle reste stable au milieu de ces nouvelles tentatives de déstabilisation du pays. Un pas salutaire dans la bonne direction, au-delà de la prise en compte du risque sécuritaire immédiat, serait de comprendre les besoins des personnes vivant des deux côtés du Dniestr.

Vlad Iavita

Article publié par openDemocracy, le 29 avril 2022 ; traduction rédaction A l’Encontre

http://alencontre.org/europe/russie/transnistrie-et-moldavie-une-operation-militaire-russe-datant-de-1992-dont-la-logique-prend-tout-son-sens-aujourdhui.html

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Les conséquences économiques de la guerre, un désastre pour les Ukrainiens et les pauvres de cette planète

En 1919, le célèbre économiste britannique John Maynard Keynes a écrit The Economic Consequences of the Peace (« Les conséquences économiques de la paix »), un livre qui allait susciter la controverse. Il y prévenait que les conditions draconiennes imposées à l’Allemagne vaincue après ce qu’on appelait alors la Grande Guerre – que nous qualifions actuellement de Première Guerre mondiale – auraient des conséquences désastreuses non seulement pour ce pays, mais aussi pour toute l’Europe. Aujourd’hui, j’ai adapté son titre pour envisager les conséquences économiques de la (moins grande) guerre en cours – celle de l’Ukraine, bien sûr – non seulement pour les personnes directement concernées, mais aussi pour le reste du monde.

Après l’invasion russe du 24 février, il n’est pas étonnant que la couverture médiatique se soit principalement concentrée sur les combats quotidiens, la destruction des biens économiques ukrainiens, allant des immeubles et des ponts aux usines et aux villes entières, la situation critique des réfugié·e·s ukrainiens et des personnes déplacées à l’intérieur du pays, ainsi que les preuves accumulées d’atrocités. Les effets économiques potentiels à long terme de la guerre en Ukraine et au-delà n’ont pas attiré autant d’attention, pour des raisons compréhensibles. Ils sont moins palpables et, par définition, moins immédiats. Pourtant, la guerre aura un impact économique considérable, non seulement sur l’Ukraine, mais aussi sur des personnes extrêmement pauvres vivant à des milliers de kilomètres de là. Les pays plus riches subiront également les effets néfastes de la guerre, mais seront mieux à même d’y faire face.

L’Ukraine brisée

Certains s’attendent à ce que cette guerre dure des années, voire des décennies, mais cette estimation semble bien trop sombre. Ce que nous savons, en revanche, c’est que, même après deux mois, les pertes économiques de l’Ukraine et l’aide extérieure dont ce pays aura besoin pour retrouver un semblant de normalité sont considérables.

Commençons par les réfugié·e·s et les personnes déplacées en Ukraine. Ensemble, ces deux groupes représentent déjà 29% de la population totale du pays. Pour mettre cela en perspective, essayez d’imaginer 97 millions d’Américains se retrouvant dans une telle situation dans les deux prochains mois.

Fin avril, 5,4 millions d’Ukrainiens et Ukrainiennes avaient fui le pays pour la Pologne et d’autres pays voisins. Même si beaucoup d’entre eux – les estimations varient entre plusieurs centaines de milliers et un million – ont commencé à rentrer, il n’est pas certain qu’ils puissent rester (c’est pourquoi les chiffres de l’ONU les excluent de son estimation du nombre total de réfugié·e·s). Si la guerre s’aggrave et dure effectivement des années, un exode continu de réfugiés pourrait aboutir à un total inimaginable aujourd’hui.

Cela mettra encore plus à l’épreuve les pays qui les accueillent, notamment la Pologne, qui a déjà admis près de 3 millions d’Ukrainiens. Une évaluation estime à 30 milliards de dollars ce qu’il en coûte pour leur fournir les besoins de base. Et ce, pour une seule année. De plus, lorsque cette projection a été faite, il y avait un million de réfugiés de moins qu’aujourd’hui. Ajoutez à cela les 7,7 millions d’Ukrainiens qui ont quitté leur foyer mais pas le pays lui-même. Le coût de la reconstruction de toutes ces vies sera énorme.

Lorsque la guerre sera terminée et que ces 12,8 millions d’Ukrainiens déracinés commenceront à essayer de reconstruire leur vie, beaucoup découvriront que leurs immeubles et leurs maisons sont détruits ou ne sont pas habitables. Les hôpitaux et les cliniques dont ils dépendaient, les lieux où ils travaillaient, les écoles de leurs enfants, les magasins et les centres commerciaux de Kiev et d’ailleurs, où ils achetaient des produits de première nécessité, auront aussi peut-être été rasés ou gravement endommagés. L’économie ukrainienne devrait se contracter de 45% rien que cette année, ce qui n’est guère surprenant si l’on considère que la moitié de ses entreprises ne fonctionnent pas et que, selon la Banque mondiale, les exportations par mer depuis sa côte méridionale, aujourd’hui assiégée, ont effectivement cessé. Le retour aux niveaux de production d’avant-guerre prendra au moins plusieurs années.

Environ un tiers des infrastructures ukrainiennes (ponts, routes, lignes ferroviaires, réseaux d’eau, etc.) ont déjà été endommagées ou démolies. Leur réparation ou leur reconstruction nécessitera entre 60 et 119 milliards de dollars. Le ministre ukrainien des Finances estime que si l’on ajoute les pertes de production, d’exportations et de revenus, le total des dommages causés par la guerre dépasse déjà 500 milliards de dollars. Cela représente près de quatre fois la valeur du produit intérieur brut de l’Ukraine en 2020.

Et ayez à l’esprit que ces chiffres sont au mieux des approximations. Les coûts réels seront sans aucun doute plus élevés et d’énormes sommes d’aide des organisations financières internationales et des pays occidentaux seront nécessaires dans les années à venir. Lors d’une réunion convoquée par le Fonds monétaire international  FMI) et la Banque mondiale, le Premier ministre ukrainien a estimé que la reconstruction de son pays nécessiterait 600 milliards de dollars et qu’il a besoin de 5 milliards de dollars par mois pendant les cinq prochains mois rien que pour étayer son budget. Les deux organisations sont déjà passées à l’action. Début mars, le FMI a approuvé un prêt d’urgence de 1,4 milliard de dollars pour l’Ukraine et la Banque mondiale, 723 millions de dollars supplémentaires. Et ce n’est certainement que le début d’un flux de fonds à long terme vers l’Ukraine de la part de ces deux prêteurs, tandis que les gouvernements occidentaux et l’Union européenne fourniront sans aucun doute leurs propres prêts et subventions. [Ce qui va poser le problème du statut de la dette de l’Ukraine, qui fait déjà l’objet d’une revendication de la part du mouvement de solidarité – réd.]

L’Occident : une inflation plus élevée, une croissance plus faible

Les ondes de choc économiques créées par la guerre impactent déjà les économies occidentales et cela ne fera qu’augmenter. La croissance économique des pays européens les plus riches était de 5,9% en 2021. Le FMI prévoit qu’elle tombera à 3,2% en 2022 et à 2,2% en 2023. Entre-temps, entre février et mars de cette année seulement, l’inflation en Europe a bondi de 5,9% à 7,9%. Et cela semble modéré comparé à l’envolée des prix de l’énergie en Europe. En mars, ils avaient déjà augmenté de 45% par rapport à l’année précédente.

La bonne nouvelle, selon le Financial Times (1er avril 2022), est que le chômage est tombé à un niveau record de 6,8%. La mauvaise nouvelle: le taux d’inflation est supérieur à l’évolution des salaires, de sorte que les salarié·e·s, en moyenne, ont perdu quelque 3%.

Quant aux Etats-Unis, la croissance économique, estimée à 3,7% pour 2022, devrait être meilleure que dans les principales économies européennes. Toutefois, le Conference Board, un groupe de réflexion pour ses  entreprises membres, s’attend à un fléchissement de la croissance à 2,2% en 2023. Entre-temps, le taux d’inflation aux Etats-Unis a atteint 8,54% à la fin mars. C’est le double de ce qu’il était il y a 12 mois et le plus élevé depuis 1981.

Jerome Powell, président de la Réserve fédérale (Fed), a prévenu que la guerre allait provoquer une inflation supplémentaire. Le chroniqueur et économiste du New York Times Paul Krugman pense qu’elle diminuera, mais si c’est le cas, la question est: quand et à quel rythme ? En outre, Paul Krugman s’attend à ce que les hausses de prix s’aggravent avant de commencer à s’atténuer. La Fed peut freiner l’inflation en augmentant les taux d’intérêt, mais cela pourrait finir par réduire davantage la croissance économique. En effet, la Deutsche Bank a fait les manchettes le 26 avril en prédisant que la lutte de la Fed contre l’inflation entraînerait une « récession majeure » aux Etats-Unis à la fin de l’année prochaine.

Outre l’Europe et les Etats-Unis, l’Asie-Pacifique, troisième géant économique mondial, n’en sortira pas indemne non plus. Invoquant les effets de la guerre, le FMI a encore réduit de 0,5% ses prévisions de croissance pour cette région, les ramenant à 4,9% cette année, contre 6,5% l’an dernier. L’inflation dans la région Asie-Pacifique a été faible, mais elle devrait augmenter dans un certain nombre de pays.

Ces tendances fâcheuses ne peuvent pas toutes être attribuées à la seule guerre. La pandémie de Covid-19 a créé des problèmes sur de nombreux fronts et l’inflation aux Etats-Unis était déjà en hausse avant l’invasion de l’Ukraine, mais celle-ci va certainement aggraver les choses [les opérations spéculatives ne sont pas prises en compte ici – réd.]. Considérez les prix de l’énergie depuis le 24 février, le jour où la guerre a commencé. Le prix du pétrole était alors de 89 dollars le baril. Après des hauts et des bas et un pic à 119 dollars le 9 mars, il s’est stabilisé (du moins pour l’instant) à 104,70 dollars le 28 avril, soit un bond de 17,6% en deux mois. Les appels lancés par les gouvernements étatsunien et britannique à l’Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis pour qu’ils augmentent leur production de pétrole n’ont rien donné, et personne ne doit donc s’attendre à une amélioration rapide.

Les tarifs du transport maritime par conteneurs et du fret aérien, qui avaient déjà augmenté en raison de la pandémie, ont encore augmenté à la suite de l’invasion de l’Ukraine et les perturbations de la chaîne d’approvisionnement se sont également aggravées. Les prix des denrées alimentaires ont également augmenté, non seulement en raison de la hausse des coûts énergétiques, mais aussi parce que la Russie représente près de 18% des exportations mondiales de blé (et l’Ukraine 8%), tandis que la part de l’Ukraine dans les exportations mondiales de maïs est de 16% et que les deux pays représentent ensemble plus d’un quart des exportations mondiales de blé, des denrées cruciales pour de nombreux pays.

La Russie et l’Ukraine produisent également 80% de l’huile de tournesol mondiale, largement utilisée pour la cuisine. La hausse des prix et les pénuries de cette denrée sont déjà visibles, non seulement dans l’Union européenne, mais aussi dans les régions les plus pauvres du monde comme le Moyen-Orient et l’Inde, qui s’approvisionne presque exclusivement en Russie et en Ukraine. En outre, 70% des exportations ukrainiennes sont transportées par bateau et la mer Noire et la mer d’Azov sont désormais des zones de guerre.

La situation critique des pays à « faible revenu »

Le ralentissement de la croissance, la hausse des prix et des taux d’intérêt résultant des initiatives prises par les banques centrales pour juguler l’inflation, ainsi que l’augmentation du chômage, vont frapper les habitants des pays occidentaux, en particulier les plus pauvres d’entre eux qui consacrent une part bien plus importante de leurs revenus aux produits de première nécessité comme la nourriture et le gaz. Mais les « pays à faible revenu » (selon la définition de la Banque mondiale, ceux dont le revenu annuel moyen par habitant est inférieur à 1045 dollars en 2020), et notamment leurs habitants les plus pauvres, seront bien plus durement touchés.

Compte tenu des énormes besoins financiers de l’Ukraine et de la détermination de l’Occident à y répondre, les pays à faible revenu auront sans doute beaucoup plus de mal à obtenir le financement nécessaire au paiement de leur dette [qui se réaffirme au centre des préoccupations populaires et va reposer avec force la « constitution » et la « légitimité » de cette dette – réd.], en raison de l’augmentation des emprunts destinés à couvrir la hausse du coût des importations, en particulier des produits essentiels comme l’énergie et les denrées alimentaires. A cela s’ajoute la réduction des recettes d’exportation due au ralentissement de la croissance économique mondiale.

La pandémie de Covid-19 avait déjà contraint les pays à faible revenu à affronter la tempête économique en empruntant davantage, mais les faibles taux d’intérêt rendaient leur dette, qui atteignait déjà le chiffre record de 860 milliards de dollars, un peu moins difficile à gérer. Aujourd’hui, avec le ralentissement de la croissance mondiale et l’augmentation des coûts de l’énergie et des denrées alimentaires, ils seront contraints d’emprunter à des taux d’intérêt beaucoup plus élevés, ce qui ne fera qu’accroître leur charge de remboursement.

Pendant la pandémie, 60% des pays à faible revenu ont demandé un allègement de leurs obligations de remboursement de la dette (contre 30% en 2015). La hausse des taux d’intérêt, ainsi que l’augmentation des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, vont désormais aggraver leur situation difficile. Ce mois-ci, par exemple, le Sri Lanka a fait défaut sur sa dette. D’éminents économistes préviennent que cela pourrait s’avérer être un baromètre, car d’autres pays comme l’Egypte, le Pakistan et la Tunisie s’affrontent à des problèmes de dette similaires, que la guerre ne fait qu’aggraver. Ensemble, 74 pays à faible revenu ont dû rembourser 35 milliards de dollars de dettes cette année, soit une augmentation de 45% par rapport à 2020.

Et ceux-là, remarquez, ne sont même pas considérés comme des pays à faible revenu. Pour eux, le FMI fait traditionnellement office de prêteur de dernier recours, mais pourront-ils compter sur son « aide » alors que l’Ukraine a elle aussi besoin d’énormes prêts de toute urgence ? Le FMI et la Banque mondiale peuvent demander des contributions supplémentaires à leurs riches Etats membres, mais les obtiendront-ils, alors que ces pays sont également confrontés à des problèmes économiques croissants et que leurs gouvernements s’inquiètent de la colère sociale de leur électorat ?

Bien entendu, plus le fardeau de la dette des pays à faible revenu est lourd, moins ils seront en mesure d’aider leurs citoyens les plus pauvres à faire face à la hausse des prix des produits de première nécessité, notamment des denrées alimentaires. L’indice des prix alimentaires de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a augmenté de 12,6% entre février et mars et était déjà supérieur de 33,6% à celui de l’année précédente.

La flambée des prix du blé – à un certain moment, le prix du boisseau [1 boisseau US de blé équivaut à 27,21 kg] a presque doublé avant de se stabiliser à un niveau supérieur de 38% à celui de l’année dernière – a déjà provoqué des pénuries de farine et de pain en Egypte, au Liban et en Tunisie, pays qui, il n’y a pas si longtemps, comptaient sur l’Ukraine pour assurer entre 25% et 80% de leurs importations de blé. D’autres pays comme le Pakistan et le Bangladesh – le premier achète près de 40% de son blé en Ukraine, le second 50% en Russie et en Ukraine – pourraient être confrontés au même problème.

Le pays souffrant le plus de la flambée des prix des denrées alimentaires pourrait être le Yémen. Il est en proie à la guerre civile depuis des années et confronté à des pénuries alimentaires chroniques ainsi qu’à la famine bien avant que la Russie n’envahisse l’Ukraine. Trente pour cent du blé importé par le Yémen provient d’Ukraine et, en raison de la réduction de l’offre créée par la guerre, le prix du kilogramme a déjà été multiplié par près de cinq dans le sud du pays. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a dépensé 10 millions de dollars supplémentaires par mois pour ses opérations dans le pays, car près de 200 000 personnes pourraient se trouver dans des « conditions proches de la famine » et 7,1 millions au total connaîtront des « niveaux de faim d’urgence ». Le problème ne se limite cependant pas à des pays comme le Yémen. Selon le PAM, 276 millions de personnes dans le monde souffraient d’une «faim aiguë» avant même le début de la guerre et, si celle-ci se prolonge pendant l’été, 27 à 33 millions de personnes supplémentaires pourraient se retrouver dans cette situation précaire.

L’urgence de la paix – et pas seulement pour les Ukrainiens

L’ampleur des fonds nécessaires à la reconstruction de l’Ukraine, l’importance que les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’Union européenne et le Japon attachent à cet objectif et le coût croissant des importations essentielles vont mettre les pays les plus pauvres du monde dans une situation économique encore plus difficile. Bien sûr, les pauvres des pays riches sont également vulnérables, mais ceux des pays les plus pauvres souffriront bien davantage.

Nombre d’entre eux ont déjà du mal à survivre et ne disposent pas de l’éventail de services sociaux dont bénéficient les pauvres des pays riches. Le filet de sécurité sociale des Etats-Unis est bien mince comparé à ses équivalents européens, mais au moins il existe. Ce n’est pas le cas dans les pays les plus pauvres. Là-bas, les moins « favorisés » se débrouillent avec peu, voire pas du tout, d’aide de la part de leur gouvernement. Seuls 20% d’entre eux sont couverts de quelque manière que ce soit par ces programmes.

Les plus pauvres du monde ne sont pas responsables de la guerre en Ukraine et n’ont pas la capacité d’y mettre un terme. Cependant, à part les Ukrainiens eux-mêmes, ce sont eux qui souffriront le plus de sa prolongation. Les plus démunis d’entre eux ne sont pas bombardés par les Russes ou occupés et soumis à des crimes de guerre comme les habitants de la ville ukrainienne de Boutcha. Pourtant, pour eux aussi, la fin de la guerre est une question de vie ou de mort. Ils partagent cette préoccupation avec le peuple ukrainien.

Rajan Menon
Rajan Menon est professeur émérite de relations internationales à la Powell School du City College de New York et chercheur au Saltzman Institute of War and Peace de l’université Columbia.
Article publié sur le site Tom Dispatch, le 3 mai 2022 ; traduction rédaction A l’Encontre
http://alencontre.org/societe/rapport-descriptif-les-consequences-economiques-de-la-guerre-un-desastre-pour-les-ukrainiens-et-les-pauvres-de-cette-planete.html

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https://ukrainesolidaritycampaign.org/2022/05/02/london-refuse-workers-protest-at-employers-business-in-russia/

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http://www.memorial98.org/2022/05/attaque-antisemite-du-pouvoir-russe-contre-zelensky-compare-a-hitler.html

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Mers Noire et d’Azov : « La guerre terrestre et la tragédie vécue par le peuple ukrainien ne doivent pas occulter ce qui se passe sur la côte et en mer »

http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article62345

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Tous les textes précédemment publiés 
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Auteur : entreleslignesentrelesmots

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