L’association de solidarité avec les artistes ukrainiens et les volontaires de la Défense territoriale Ukraine CombArt organise une projection exceptionnelle de Butterfly Vision, du cinéaste ukrainien Maksym Nakonechnyi, le jeudi 2 février à partir de 19h30 au cinéma Les 7 Parnassiens : 98 boulevard du Montparnasse – 75014 (Métro Vavin).
Cette projection, organisée en partenariat avec Nour Films, distributeur français du film, et les 7 Parnassiens, cinéma d’art et d’essai, sera suivie d’un débat avec Maksym Nakonechnyi (en visio-conférence depuis l’Ukraine), Véronique Nahoum-Grappe, anthropologue, et Perrine Poupin, sociologue, toutes deux très engagées pour l’Ukraine.
Du 1er au 3 février, la galerie des 7 Parnassiens accueillera une exposition-vente des tee shirts Ukraine CombArt (vendus pour financer l’achat et l’acheminement de générateurs) et des affiches See2Live, réalisées par des artistes ukrainien.ne.s et français.e.s, projet coordonné par Artem Iurchenko, président d’Ukraine CombArt.
Les billets à tarif réduit (6 euros) sont vendus par Ukraine CombArt et réservés à celles et ceux qui se seront préalablement inscrits par mail : inscription@ukraine-combart.org
Le film
Butterfly Vision est le film d’un jeune cinéaste ukrainien, Maksym Nakonechnyi, pour qui « chaque fragment d’art est une brique de notre forteresse ».
Il a été présenté au festival de Cannes 2022 dans le cadre de la Section « Un certain regard ». Il a reçu le Grand Prix 2022 du Festival international du film de St Jean de Luz et son interprète principale, Rita Burkovska, le prix d’interprétation féminine.
Il raconte l’histoire de Lilia, soldate spécialiste de reconnaissance aérienne (d’où son nom de code « Butterfly »), capturée dans le Donbass, torturée et violée pendant sa détention puis libérée quelques mois plus tard, qui se découvre enceinte de ce viol. Son retour à la vie civile, entre traumatisme et volonté de (re)vivre, est un parcours difficile et bouleversant, un hommage à la force et à la lucidité d’une femme qui comprend, bien avant l’invasion russe de février 2022, qu’une guerre à plus grande échelle est inévitable.
Maksym Nakonechnyi raconte que l’idée de ce film lui est venue en 2018 alors qu’il tournait un documentaire sur les femmes engagée dans la guerre, qui l’a fait réfléchir à ce qui attend une soldate quand elle est faite prisonnière. « J’ai compris, dit-il, que je voulais raconter une histoire sur l’espoir et l’humanité en dépit de circonstances totalement désespérées ».
Outre la qualité de sa réalisation, ce beau film met l’accent sur deux sujets d’importance : le rôle actif des femmes sous l’uniforme (tout particulièrement en Ukraine où les féministes se sont fortement mobilisées pour l’égalité hommes-femmes à l’armée) et le viol comme arme et crime de guerre.
Nos raisons
Il y a plus d’un demi-siècle, une génération s’est ardemment mobilisée contre la guerre au Vietnam. Non pour « la paix » mais pour la victoire des Vietnamiens qui ont vaincu une armée réputée ultra-puissante mais rongée, comme de nos jours les troupes russes, par le non-sens de cette invasion, sa profonde illégitimité, son coût humain désastreux et, au bout du compte, inutile.
C’est aujourd’hui en Ukraine qu’un impérialisme meurtrier, ne reculant devant aucun mensonge et aucun crime, entend noyer dans le sang l’aspiration de tout un peuple à tracer sa propre route. N’en déplaise aux adeptes d’un « campisme » que leurs œillères aveuglent.
La défaite américaine, fruit d’abord d’une résistance populaire opiniâtre et de l’intelligence tactique des stratèges vietnamiens, dut aussi beaucoup à l’essor planétaire du mouvement anti-guerre.
En renfort du courage impressionnant des Ukrainiennes et des Ukrainiens sur le terrain, des soldates et des soldats, des volontaires de la Défense territoriale, des partisans qui renseignent clandestinement l’armée ukrainienne dans les régions occupées, des citoyennes et des citoyens qui refusent de plier, c’est aussi à nous, gens d’ici, de prendre activement notre part de la défaite poutinienne, en pesant sur nos gouvernants, en combattant la lassitude et l’inquiétude de l’opinion, en mettant en oeuvre des solidarités concrètes.
Car la criminelle obsession poutinienne n’est pas seulement de plonger le pays dans le froid, l’obscurité et la peur mais, en le noyant sous les bombes et en multipliant les exactions contre les civils, d’anéantir la nation ukrainienne, de nier son histoire, d’effacer sa mémoire et d’éradiquer sa culture. Voilà pourquoi, en dépit de la propagande orchestrée par l’impérialisme russe et ses relais en France, il est vital que ces hommes et ces femmes debout puissent compter sur notre solidarité au long cours. Jusqu’à la victoire.
Nos actions, nos façons
Nous avons créé l’association Ukraine CombArt au printemps dernier avec la conviction que l’art est une dimension essentielle de la résistance en Ukraine et de la solidarité internationale avec le peuple ukrainien. Le pillage systématique des musées par les troupes d’occupation russes et la féroce russification culturelle des zones qu’elles contrôlent soulignent l’importance de cet enjeu. Et plus encore l’engagement de celles et ceux qui, en Ukraine et en exil, se servent de leur art comme d’une arme ainsi que le grand nombre d’artistes de toutes les disciplines qui ont pris les armes pour combattre sur le front.
Aujourd’hui en France, de nombreuses associations se mobilisent pour l’Ukraine. Nous sommes pleinement partie prenante de cette galaxie vigilante et solidaire.
Nos trois objectifs :
* Faire connaître et soutenir les artistes ukrainien.ne.s engagé.e.s dans la résistance à l’invasion russe ;
* Acheter et acheminer des équipements de protection (générateurs, lunettes de vision nocturne, casques et gilets pare-balles, etc.) dont les unités locales de volontaires de la Défense territoriale manquent cruellement ;
* Informer et mobiliser l’opinion française pour contrer la désinformation poutinienne et ses porte-voix dans l’Hexagone, pour faire échec aux munichois de tous poils, pour rappeler que les Ukrainiens se battent aussi pour nous.
Voilà à quoi servent les dons que nous collectons et le produit des ventes (d’affiches, de tee-shirts) que nous réalisons.
Voilà pourquoi nous avons, le 25 novembre 2022, organisé dans l’auditorium de la Ville de Paris une projection exceptionnelle de Mariupolis 2, de Mantas Kvedaravicius et Hanna Bilobrova, témoignage unique sur les hommes et les femmes qui tentaient de survivre sous un pilonnage incessant et meurtrier dans la ville de Marioupol assiégée, qui sera détruite à 90%.
Voilà pourquoi nous organisons le 2 février prochain la projection exceptionnelle de Butterfly Vision. Ce premier long métrage du jeune cinéaste ukrainien Maksym Nakonechnyi, écrit avec IrynaTsilyk, autrice du documentaire qui en a inspiré l’histoire, est sorti en France le 12 octobre mais n’est resté que très peu de temps à l’affiche malgré une critique élogieuse. Nous voulons contribuer à le faire davantage connaître car il témoigne du talent des artistes ukrainiens tout en mettant l’accent sur le rôle des soldates (l’armée ukrainienne a progressé à grands pas sur le chemin de la mixité) et sur les violences sexuelles perpétrées contre les femmes en situation de guerre.
Lilia (Rita Burkovska) dans « Butterfly Vision », Copyright Nour Films
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Dans le cadre des « 19èmes rencontres cinématographiques »s, « la classe ouvrière, c’est pas du cinéma » (festival de cinéma à l’Utopia : lien pour le programme complet ci-dessous), nous organisons Jean-Paul Chaumeil et moi (membres d’Ensemble 33), une journée sur le cinéma ukrainien, le 4 février (présentation ci-jointe) avec pour animer la discussion et les débats, Masha Kondakova, cinéaste, et notre camarade Stefan Bekier, ancien militant de l’opposition de gauche en Pologne, membre de la Commission internationale d’Ensemble !, engagé auprès du Réseau européen de solidarité avec l’Ukraine RZSU/ENSU. Avec 4 films dont 2 documentaires, un sur les femmes ukrainiennes engagées dans la guerre et un autre sur la participation des militants de gauche ukrainiens à la guerre. Cette journée est bien sûr l’occasion de discuter sur les origines de la guerre en Ukraine, sur la solidarité internationale, et sur son évolution actuelle.
A diffuser sur vos réseaux.
Lien pour voir l’ensemble du programme du festival à l’Utopia :
https://www.cinemas-utopia.org/bordeaux/index.php?id=1006&mode=cycle
Pierre Robin et Jean-Paul Chaumeil
DEFENSE TERRITORIALE (1) : Ukraine CombArt soutient ses unités locales. Nous avons fait le choix d’aider concrètement la Défense territoriale ukrainienne, ces centaines de milliers de civils et de réservistes de tous âges, toutes régions, toutes professions, ukrainophones et russophones, dont l’engagement massif témoigne de la levée en masse d’un peuple en armes. Casques, gilets pare-balles, garrots-tourniquets, générateurs, lunettes et caméras de vision thermique : tout est acheminé en circuit court aux unités locales de la Défense territoriale avec lesquelles nous sommes en contact direct, au rythme des dons et des fonds que nous collectons.
DEFENSE TERRITORIALE (2) : Teroborona. C’est l’appellation abrégée, en ukrainien, de la Force de défense territoriale, née en 2014 (annexion de la Crimée et guerre du Donbass) avec les premiers bataillons de volontaires civils. C’est aussi le titre d’une chanson du groupe de musique gipsy-punk Gogol Bordello, dont le clip sorti en juin 2022 donne un visage à ces hommes et ces femmes qui, souvent sans expérience militaire préalable, ont pris les armes pour défendre leur pays. « Beaucoup de mes amis, artistes et musiciens, ont pris les armes et rejoint Teroborona : c’est une dédicace à leur courage et à celui de tous les défenseurs de l’Ukraine » a déclaré Eugene Hütz, leader de Gogol Bordello.
DEFENSE TERRITORIALE (3) : Gogol Bordello (référence à Nicolas Gogol, écrivain ukrainien issu d’une famille cosaque mais considéré à tort comme exclusivement russe). Leur chanson, Teroborona, dédiée aux citoyens en armes de la Défense territoriale, intègre aux rythmes d’aujourd’hui ceux de la danse traditionnelle Arkan et de la musique des Hutzuls, montagnards des Carpathes. Ce groupe gipsy-punk formé en 1999 autour d’Eugene Hütz, né à Kyiv et émigré aux Etats-Unis, a joué avec Madonna et tourné dans le monde entier ; il reste très engagé pour l’Ukraine où il a donné des concerts sur la ligne de front, reversant les bénéfices de ses singles à des actions de solidarité et travaillant, notamment, sur des paroles du punk rocker, poète et superbe écrivain ukrainien Serhiy Jadan. Gogol Bordello sera en France l’été prochain : le 2 juin à Toul, le 16 juin à Clisson et le 17 juin à Paris, à l’Elysée Montmartre.
https://www.facebook.com/people/Ukraine_CombArt/100090567559766/
Les guerres et la culture
L’art peut-il être une arme face au conflit ? Un an après le début de la guerre en Ukraine et alors que le conflit israélo-palestinien perdure, Soft Power s’intéresse à la place de la culture en temps de guerre.
Avec
Rebecca Lamarche-Vadel Directrice de Lafayette Anticipations – la Fondation d’entreprise Galeries Lafayette
Sophie Bouchet-Petersen Secrétaire de l’association Ukraine CombArt
Elias Sanbar Historien, poète, essayiste, traducteur du poète Mahmoud Darwich et ancien ambassadeur de la Palestine auprès de l’Unesco
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/soft-power/les-guerres-et-la-culture-4247014
Ukraine CombArt : projection de Butterfly Vision, avec Maksym Nakonechnyi
Ukraine CombArt jeudi 2 février : à l’occasion de la projection exceptionnelle de Butterfly Vision au cinéma les 7 Parnassiens (Paris 75014), visio-conférence depuis l’Ukraine avec Maksym Nakonechnyi qui parle ici de son film
(publié avec l’aimable autorisation de Nour Films, distributeur français de Butterfly Vision)
NOTE D’INTENTION DU REALISATEUR
https://blogs.mediapart.fr/sophie-bouchet-petersen/blog/270123/ukraine-combart-projection-de-butterfly-vision-avec-maksym-nakonechnyi
Interview d’Iryna Tsilyk par Brigid Grauman
https://www.youtube.com/watch?v=xHQVrFqraKQ
PS: n’oubliez pas de vous abonner à la chaîne YouTube du comité belge du Réseau européen de solidarité avec l’Ukraine. Cela vous permet d’être tenu au courant et cela nous permet d’être mieux placés dans les algorithmes mystérieux des réseaux sociaux.
Le film d’Iryna sera projeté à Bruxelles le samedi 25 mars dans le cadre du festival « Elles Tournent »- il vaut mieux vérifier la date et l’heure quand le programme sera publié). On peut aussi le voir sur Tak Flix.