« Dans le respect total des personnes qu’ils interpellent ? »
Le 23 septembre 2022, le tout nouveau préfet des Hautes-Alpes, déclarait à BFM d’ICI vouloir faire « de l’immigration illégale » une priorité, et soulignait « l’engagement des policiers et notamment les policiers de la PAF [1] qui agissent dans des conditions difficiles pour faire ce travail, et font un travail exemplaire dans le respect total des personnes qu’ils interpellent [2]. »
Pourtant les habitants.e.s, les solidaires et les militant.e.s de part et d’autre de la frontière sont témoins tous les jours des pratiques qui contredisent ces déclarations. De nombreuses enquêtes ont été réalisées à la frontière franco-italienne depuis 2017 par les associations et collectifs partenaires, mais aussi par les autorités administratives indépendantes et par des élus. La dernière en date a été réalisée par des parlementaires dans le cadre la commission d’enquête parlementaire dont le rapport a été publié en novembre 2021 [3]. Tous ces travaux ont confirmé nos constats.
Face à la poursuite d’une politique mortifère et à la communication trompeuse qui l’accompagne, Tous Migrants tient à visibiliser une nouvelle année de pratiques policières aux frontières, pour rappeler que ce sont les pratiques policières obéissant à cette politique qui rendent la frontière alpine dangereuse pour les personnes illégalisées qui tentent de les contourner. Ce processus d’illégalisation, qu’illustrent les propos du préfet, est au cœur de la stratégie de légitimation de ces pratiques auprès des forces de l’ordre elles-mêmes et vis-à-vis de l’opinion publique.
Nota bene : Nous dénonçons les pratiques policières qui bafouent les droits des personnes migrantes, dans le cadre de la mise en œuvre de politiques migratoires xénophobes. Notre corpus de témoignages visibilise ainsi les personnes exilées victimes de ces pratiques systématiques. Or, nous ne souhaitons pas assigner les personnes exilées uniquement à leur place de victimes, ce qui invisibiliserait leur subjectivité. Pour développer des pistes de réflexions, nous proposons de se référer aux travaux universitaires sur « l’autonomie des migrations », et notamment aux articles parus dans l’édition 2022 de l’Atlas des migrations [4]. Ceux-ci proposent de déplacer le regard et de ne plus seulement voir les personnes en migrations comme des victimes, mais de « penser la migration comme une pratique sociale et collective », afin de rendre compte « des subjectivités des personnes migrantes et de leurs luttes, plutôt que des logiques du capital et des frontières étatiques qui leur sont imposées. »
[1] Police aux Frontières
[2] BFM dICI : « Postes vacants à la police aux frontières de Montgenèvre : le préfet veut prendre des dispositions »
23 septembre 2022.
https://www.bfmtv.com/bfm-dici/replay-emissions/bonjour-dici/postes-vacants-a-la-police-aux-frontieres-de-montgenevre-le-prefet-veut-prendre-des-dispositions_VN-202209230362.html
[3] Voir bibliographie
[4] Migreurop. 2022. Atlas des migrations dans le monde : libertés de circulation, frontières et inégalités / Migreurop ; [ouvrage dirigé par Sara Casella Colombeau]
Télécharger la brochure au format PdF : rapport-2022-bd