- Carlos Noriega : Pérou. Face à la mobilisation du peuple andin qui perdure, la droite entonne sa guerre
- Lettre des élu.es du Parlement Européen et des élu.es des états d’Europe
- Carlos Noriega : Le CNDDHH documente la politique étatique, raciste, de répression
- L’exécutif national du PSOL déclare : « Soutien total au peuple péruvien ! »
- Carlos Noriega : « Une politique gouvernementale qui mène à la militarisation du pays »
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Carlos Noriega : A Lima, la police tue un manifestant. La droite protège la présidente. La droite et une partie de la gauche bloquent une sortie institutionnelle momentanée
Face à la mobilisation du peuple andin qui perdure,
la droite entonne sa guerre
L’opposition de gauche présentera ce jeudi 26 janvier une motion visant à destituer la présidente Dina Boluarte pour « inaptitude morale » due à la répression gouvernementale. Plus de cinquante personnes ont été tuées lors des manifestations antigouvernementales qui ont débuté en décembre, dont 46 par les forces de sécurité. Un vote des deux tiers des 130 membres du Congrès unicaméral est nécessaire pour que la mise en accusation soit adoptée. Le soutien de la droite protège Dina Boluarte.
Les manifestations exigeant la démission de la présidente ont aussi gagné l’ambassade des Etats-Unis. Les manifestant·e·s se sont rassemblés dans la « région de la diplomatie », soit dans un quartier résidentiel exclusif afin de protester contre le soutien donné par ce pays au gouvernement. Le chant « Yankees dehors » a été entonné.
Pour la septième journée consécutive, des manifestations ont eu lieu mercredi dans les rues du centre-ville de Lima, qui est devenu depuis une semaine l’épicentre des protestations qui secouent le pays, à commencer par la région andine du sud. Le rôle principal dans la capitale est joué par les personnes qui sont venues de l’intérieur du pays. Les récentes manifestations dans la capitale se sont soldées par une répression sévère et des dizaines de personnes ont été blessées.
Des primes spéciales pour la police
Les manifestations quotidiennes et les blocages de routes se poursuivent dans différentes régions. Des manifestant·e·s et des policiers ont été blessés lors d’affrontements devant un barrage routier sur la route panaméricaine, à 290 kilomètres au sud de Lima. La région andine de Puno, à la frontière avec la Bolivie, est le centre des plus grandes manifestations et de la répression avec plus de vingt morts. Elle a été militarisée. Des centaines de soldats de l’armée sont arrivés dans cette région. Le couvre-feu à Puno, qui commence à 20 heures, a été prolongé.
Face aux inquiétudes suscitées par la brutalité de la répression, le gouvernement a décidé de récompenser la police par une prime. Le montant n’a pas été annoncé. C’est ce qu’a annoncé le chef du cabinet ministériel, Alberto Otárola, après avoir quitté une réunion avec le président du Congrès, José Williams, un général à la retraite accusé de violations des droits de l’homme. La réunion a eu lieu à l’Assemblée législative. La présentation faite par eux deux à la presse était une apologie de la répression et ils n’ont pas répondu aux questions.
Avec un triste bilan de décès dus aux tirs des forces de sécurité, des centaines de blessés, des passages à tabac et des détentions arbitraires, Alberto Otárola et José Williams ont tous deux salué le comportement de la police comme étant « très professionnel » et même « héroïque ». « Nous demanderons un crédit pour accorder une prime spéciale à la police héroïque », a déclaré Alberto Otárola, le visage le plus visible de l’autoritarisme gouvernemental. « Ils l’ont bien mérité », a déclaré l’ancien militaire accusé du massacre de 69 paysans par le passé et, aujourd’hui, président du Congrès.
Quand les ministres de l’Intérieur, de la Défense et de la Justice se prononcent pour des élections… en 2024
Alberto Otárola est arrivé de façon surprenante au Parlement accompagné des ministres de l’Intérieur, de la Défense et de la Justice. Au milieu des protestations massives qui continuent à exiger le départ de Dina Boluarte et des élections cette année, il a été spéculé que lors de la réunion inattendue, l’exécutif présenterait un projet de loi au Congrès pour avancer les élections à cette année et de renoncer à la date de 2024. Mais ce n’était pas le cas. Le gouvernement et la majorité de droite du Congrès ont accepté d’organiser les élections en avril 2024, indifférents aux demandes populaires et aux conseils des analystes de la crise. Cela signifierait un changement de gouvernement seulement en juillet de l’année prochaine, une date rejetée par les mobilisations massives comme trop lointaine.
La convocation à des élections en avril 2024 doit encore être ratifié lors d’un second vote après son approbation en décembre dernier. Quatre-vingt-sept voix sur 130 sont nécessaires. Lors du premier vote, cette proposition a recueilli 93 voix. Il y a des congressistes de gauche qui, en décembre 2022, ont voté en faveur des élections pour 2024 même avec des interrogations, parce que la droite qui dirige le Congrès n’a pas laissé d’alternative. Mais ne pas approuver les élections anticipées aurait été pire selon des députés de gauche, qui insistent pour des élections cette année : ce jeudi 26 janvier, ils présenteront cette proposition au Congrès.
La gauche veut des élections anticipées
La gauche propose que les élections aient lieu en octobre 2023 et le changement de gouvernement en décembre de cette année. Cette option permettrait d’apaiser l’agitation sociale. Mais la droite parlementaire, dominée par une extrême droite en phase avec le gouvernement, insiste sur 2024 et veut empêcher les élections pour cette année. Ils cherchent à gagner du temps pour faire des réformes qui faciliteront leur triomphe lors des prochaines élections, en essayant par exemple de contrôler les organes électoraux. La tenue d’élections seulement l’année prochaine compliquera la sortie de la crise politique. L’ensemble de la droite refuse également d’appeler à une Assemblée constituante, une autre demande populaire.
La présidente et l’OEA
Mercredi, Dina Boluarte s’est présentée virtuellement devant le Conseil permanent de l’Organisation des États américains (OEA) avec son double « discours-pratique » habituel. Elle a déclaré que son administration respecte le droit de manifester et les droits de l’homme. En pratique, elle les réprime et met en œuvre une politique qui viole les droits de l’homme. Elle a assuré que les mots l’ont peinée et que les coupables feront l’objet d’une enquête et seront punis. Mais elle et ses ministres soutiennent constamment les forces de sécurité. Elle cherche à rejeter la responsabilité de la mort des manifestant·e·s sur les manifestant·e·s eux-mêmes. Elle a une nouvelle fois fui sa responsabilité en donnant les ordres de répression et en les soutenant. Quelques heures plus tôt, son chef de cabinet avait qualifié les policiers de « héros » et annoncé une récompense financière à leur intention.
Sans les mentionner directement, Dina Boluarte a critiqué les présidents qui mettent en cause son gouvernement suite à la répression. Elle a affirmé que ces présidents soutenaient la violence. Le ministère des Affaires étrangères du Pérou a déposé une plainte face au gouvernement chilien pour les critiques formulées par le président Gabriel Boric – lors de la réunion initiée le 24 janvier de la Celac (Comunidad de Estados Latinoamericanos y Caribeños) – étant donné la répression conduite par le gouvernement péruvien. L’administration de Dina Boluarte s’est également heurtée aux gouvernements de Bolivie, de Colombie et du Mexique pour la même raison, tout en s’isolant sur le plan international. L’aile droite pousse à la rupture avec les gouvernements dits progressistes de la région. Le délire de l’extrême droite est allé au point que le député pro-Fujimori, Ernesto Bustamante, a affirmé qu’il faillait déclarer la guerre à la Bolivie et que le pays voisin soit envahi en raison du soutien présumé de son gouvernement aux manifestations au Pérou.
Des intellectuels et des personnalités des milieux de la culture et des artistes connus dans le pays ont lancé une campagne internationale pour que leurs collègues d’autres pays enregistrent des vidéos à diffuser sur les réseaux sociaux pour dénoncer la répression au Pérou ; une répression qu’ils qualifient de « massacre ».
Ce mercredi, la ministre de la Production, Sandra Belaunde, a démissionné, une décision qui aggrave la crise d’un gouvernement qui a le dos au mur. Il s’agit du huitième changement ministériel en moins de deux mois de gouvernement. Sur les sept ministres précédemment changés, quatre ont démissionné, mettant en cause la répression sanglante des manifestations par le gouvernement.
Carlos Noriega (de Lima)
Article publié sur le quotidien argentin Pagina/12 le 26 janvier 2023 ; traduction de la rédaction de A l’Encontre
http://alencontre.org/ameriques/amelat/perou/perou-face-a-la-mobilisation-du-peuple-andin-qui-perdure-la-droite-entonne-sa-guerre.html
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Lettre des élu.es du Parlement Européen et des élu.es des états d’Europe :
A Mme la Présidente de la République et aux membres du Parlement du Pérou
Europe, Janvier 2023.
Nous, élu.es du Parlement Européen et élue.es des états d’Europe, exprimons notre profonde inquiétude face à la violation des droits humains au Pérou, et condamnons avec la plus grande fermeté les actes de violence perpétrés par les forces militaires et policières suite à l’état d’urgence décrété par le gouvernement de Mme. Dina Boluarte. Depuis le 7 décembre dernier, 45 manifestant.es ont été tué.es et un policier, des centaines de civils et membres des forces de l’ordre ont été blessés, et plus de 500 détenus. S’y ajoute la perquisition des locaux de syndicats, d’organisations populaires, de partis politiques et d’ONG.
Le 7 décembre, le président M. Pedro Castillo a voulu dissoudre le Parlement dominé par une forte opposition de droite. Laquelle a profité de cet acte anti constitutionnel, qualifié de « Coup d’état » par le Tribunal Constitutionnel, pour le destituer et ordonner son arrestation. Cela a déclenché une vague de manifestations notamment dans les régions andines du sud du pays. Les antagonismes politiques entre le gouvernement et le parlement, les accusations de corruption de part et d’autre, ont rendu le pays ingouvernable, comme le montre la succession de présidents, six en six ans, (dont 5 en prison pour corruption) et de 87 ministres pendant la courte mandature de M. Pedro Castillo. D’où la méfiance accrue de la population envers la classe politique et l’exigence de démission du gouvernement et de la présidente, et la tenue rapide de nouvelles élections présidentielles et générales.
Ces évènements tragiques s’inscrivent dans le cadre d’une profonde crise sociale, politique, morale et écologique du pays. La croissance du PIB n’a pas profité à la majorité de la population, 25% vit toujours sous le seuil de pauvreté. Les plus touchés sont notamment les populations d’origine indigène des Andes et de l’Amazonie et des quartiers pauvres des zones urbaines, victimes de racisme et d’exclusion sociale depuis plus de deux siècles. C’est dans ce contexte que le Covid 19 a fait le plus grand nombre de victimes au monde, proportionnellement à sa population.
Le Pérou, fortement dépendant de l’activité minière et pétrolière, est confronté à des graves conflits socio- environnementaux, principalement dans les Andes et en Amazonie. Selon les registres du ministère de la Santé, on retrouve des métaux lourds dans le sang de 30% de la population.
Face à la gravité de la situation du Pérou, nous élu.es du Parlement européen et élu.es des états d’Europe signataires, appelons le gouvernement et le parlement péruvien à :
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Cesser l’usage de la force et privilégier le dialogue avec les organisations syndicales et populaires pour sortir de cette crise institutionnelle et sociale.
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Respecter le droit de réunion et de manifestation, les libertés démocratiques, et les droits humains prévus par la Déclaration Universelle des droits de l’homme des Nations Unies.
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Mettre fin à l’état d’urgence, à l’état de siège sélectif et à cesser la criminalisation des manifestations.
Mener une enquête impartiale et indépendante sur les crimes et les violations des droits humains afin de sanctionner les responsables. -
Accompagner et apporter un soutien humain et financier aux familles des victimes de la répression.
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Assurer un procès juste à l’ex-président M. Pedro Castillo, respectant les droits dont tout accusé peut se prévaloir
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Libérer les personnes emprisonnées lors des manifestations depuis le 7 décembre, et lors de perquisitions policières.
Nous, signataires, sommes solidaires des revendications du peuple péruvien qui demande de nouvelles élections, de meilleures conditions de vie et de travail, une égalité de droits pour les habitants d’origine indigène des régions andines et amazoniennes, en particulier dans la défense de leur environnement.
Télécharger la lettre (français español, english) : Pétition, trilingue
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Le CNDDHH documente la politique étatique, raciste, de répression
Le Comité national de coordination des droits de l’homme (CNDDHH) qualifie de « crimes contre l’humanité » la réponse répressive du gouvernement aux manifestations exigeant la démission de la présidente Dina Boluarte et la tenue d’élections en 2023.
Dans un rapport présenté jeudi 26 janvier, l’organisation reconnue de défense des droits de l’homme dénonce les massacres, les exécutions extrajudiciaires, les détentions arbitraires, la torture, les traitements dégradants et les violences sexuelles dont sont victimes les détenu·e·s. Des menaces et des actes de harcèlement visant des avocats des personnes arrêtées et des militant·e·s des droits de l’homme sont également signalés. Des accusations arbitraires de terrorisme sont lancées contre des manifestant·e·s. La militarisation du pays et le soutien du gouvernement aux forces de sécurité accusées de tirer sur la population sont remis en question.
L’impunité assurée
Le CNDDHH souligne qu’il n’existe aucune garantie que justice soit faite pour les crimes commis par le gouvernement et les forces de sécurité, car le bureau du procureur général et le système judiciaire sont alignés sur le régime. Ce rapport sera soumis à la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) et au Conseil des droits de l’homme des Nations unies.
Au total, 57 personnes ont été tuées depuis le début des protestations en décembre, d’abord dans la région andine du sud, puis dans une grande partie du pays, notamment à Lima, où des manifestations antigouvernementales de masse ont lieu quotidiennement depuis une semaine. Manifestations durement réprimées. Parmi ces décès, 46 personnes ont été tuées par des tirs des forces de sécurité. Un policier a été tué. Près d’un millier de personnes ont été blessées. Le CNDDHH affirme que la réponse de l’Etat aux mobilisations sociales « a été d’une brutalité sans précédent dans l’histoire de la démocratie dans le pays au cours du présent siècle ».
Il dénonce un « usage arbitraire de la force », notamment l’utilisation de fusils automatiques non autorisés pour les manifestations sociales. Egalement des chevrotines tirées sont tirées à bout portant et des grenades lacrymogènes lancées visant des manifestants. Il en résulte un nombre élevé de décès et de blessures.
« Les responsables du gouvernement, loin de mettre fin aux violences et de démasquer les auteurs, cautionnent et encouragent les actions des forces de sécurité », dénonce le rapport du CNDDHH.
Parmi les cas d’abus policiers signalés, citons celui de huit détenus de la ville andine d’Andahuaylas « brutalement battus pendant leur détention » et exposés sans abri au froid extrême de cette région; des détenus aux jambes couvertes d’ecchymoses provoquées les coups reçus pendant leur détention; des détentions dans des locaux de police « dans des conditions incompatibles avec la dignité humaine»; un cas d’«agression sexuelle répétée » ; des « attouchements inappropriés et des fouilles intimes » de femmes détenues à l’Université de San Marcos [qui a été occupée par les forces de police].
« Tous les droits sont violés »
« Je crois qu’il n’y a aucun droit dans le catalogue des droits de l’homme qui n’ait pas été violé. Les familles des victimes ont droit à la justice, à des réparations et à la vérité. Ils ont le droit de savoir ce qui s’est passé, d’où vient l’ordre, car il y a une consigne pour cette action, ce n’était pas juste deux ou trois policiers détraqués en vadrouille. Les responsables de ce massacre doivent être poursuivis et finir en prison comme il se doit, cela peut prendre quelques années, mais ce sera leur place », déclare Jennie Dador, secrétaire exécutive du CNDDHH.
Le ministère public a ouvert une enquête sur les meurtres commis pendant la répression, qui concerne Dina Boluarte et ses ministres. Mais la procureure générale, Patricia Benavides, suscite plus de doutes et de suspicions que de confiance. Très active par le passé en envoyant des messages accusant l’ancien président Pedro Castillo de corruption, elle fait désormais silence. Elle a également réduit le nombre de bureaux de procureur qui doivent enregistrer les plaintes pour violation des droits de l’homme, cela en leur retirant des ressources et du personnel. Les doutes ne visent pas seulement le bureau du procureur général. L’ancien chef de cabinet de Dia Boluarte, Pedro Angulo, l’un des accusés des massacres, est désormais conseiller principal du Conseil national de la Justice, qui nomme et évalue les juges du système judiciaire. Au Congrès, une commission enquêtera sur la répression, mais elle sera nommée par la majorité de droite qui soutient Dina Boluarte et applaudit la répression.
« Nous n’avons pas confiance dans le procureur général, ni dans le système judiciaire. Il n’y a pas d’indépendance des pouvoirs, ce que nous avons, c’est l’hégémonie d’un seul pouvoir. L’enquête qui aboutira au Congrès ne suscite aucun espoir », dit Jennie Dador. Elle souligne que les plaintes concernant les décès causés par la répression pourraient être déposées devant les tribunaux internationaux si le système judiciaire national ne progresse pas. Elle souligne que cette internationalisation pourrait être accélérée si une plainte est déposée devant la Cour pénale internationale, mais elle précise qu’elle doit être déposée par un Etat.
Jennie Dador accuse Dina Boluarte de « mentir systématiquement » lorsqu’elle accuse les manifestant·e·s d’être armés, de s’entretuer, d’être des terroristes. De nombreux témoignages, photos, vidéos et résultats d’autopsie confirment que les forces de sécurité ont tiré sur des manifestant·e·s. De plus, il n’y a pas une seule preuve pour soutenir la version de la présidente et de ses ministres selon laquelle les manifestants sont armés et que ce sont eux qui ont tiré.
« Ceux qui utilisent leur droit de manifester pacifiquement sont criminalisés, ainsi que ceux d’entre nous qui défendent les personnes qui se mobilisent et qui sont détenues. Nous sommes également accusés d’être des terroristes. Nous sentons la répression nous souffler dans la nuque », dénonce Jennie Dador. « La violence doit cesser. Il ne doit plus y avoir un seul mort », exige-t-elle.
Mar Pérez, responsable de l’Unité des avocats du CNDDHH, décrit ce qui se passe au Pérou comme « une situation très grave pour les droits de l’homme ». « On fait un usage indiscriminé de la force. Les personnes qui manifestent pacifiquement se font tirer dessus, y compris celles qui ne participent pas aux manifestations. Il y a une empreinte profondément raciste dans les actions de la police. Ce n’est pas une coïncidence si les décès se sont produits dans des régions du pays où la présence indigène est forte. Le ministère public a ouvert une enquête sur le terrorisme contre une centaine de personnes pour avoir participé aux manifestations, ne serait-ce que pour avoir collecté des fonds pour soutenir les blessés. C’est extrêmement grave. »
La militante des droits de l’homme souligne la responsabilité des commandants militaires et de ceux qui tirent sur les manifestant·e·s, mais précise que les responsabilités ne se limitent pas à eux car il ne s’agit pas de décisions individuelles, mais d’actions qui font partie d’une «politique d’Etat ». Concernant la responsabilité de Dina Boluarte et de ses ministres, Mar Pérez, avocate, souligne qu’elle n’est pas seulement politique. « Nous avons clairement affaire à la responsabilité pénale de la présidente, et comme il s’agit de crimes contre l’humanité, il n’y a pas de prescription. Nous ne savons pas combien d’années vont passer, mais elle devra assumer sa responsabilité devant les tribunaux. »
Carlos Noriega (Lima)
Article publié par le quotidien argentin Pagina/12 le 27 janvier 2023 ; traduction rédaction A l’Encontre
http://alencontre.org/ameriques/amelat/perou/perou-le-cnddhh-documente-la-politique-etatique-raciste-de-repression.html
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L’exécutif national du PSOL déclare : « Soutien total au peuple péruvien ! »
Depuis l’éviction et l’arrestation du président élu Pedro Castillo par le Congrès national en décembre dernier, le Pérou a plongé dans une spirale de violence sanglante, qui a fait à ce jour plus de 50 morts et 300 blessés lors de manifestations populaires.
La vice-présidente Dina Boluarte, ayant assumé la présidence, a ordonné une violente répression des manifestations qui exigeaient sa démission et celle des membres du Congrès, la libération de Castillo, des élections générales pour la présidence et le Congrès national, dès 2023, ainsi que l’ouverture d’un processus de constitution d’une Assemblée constituante. Dina est responsable du véritable massacre contre les manifestants.
Malgré la violence, le peuple continue de descendre dans la rue, dans de nombreuses marches et manifestations courageuses qui expriment son rejet du coup d’État et de la répression. La Marche des 4 suyos, en référence à la tradition historique de lutte du peuple péruvien, a convergé sur Lima le 19 janvier, culminant dans une grande grève générale qui marqué l’extension nationale de la lutte.
La seule réponse du gouvernement a été une répression accrue : il a envahi l’université de San Marcos avec des tanks, arrêtant 200 militants et étudiants ; il a envoyé l’armée dans la région de Puno.
Le PSOL est solidaire du peuple péruvien et ajoute sa voix á celles qui, internationalement, exigent la fin de la répression et la libération des prisonniers politiques. Assez de massacres, assez de morts ! Notre groupe parlementaire a pris position et a également remis en question la vente d’armes au Pérou, où notre pays exporte des munitions et des bombes utilisées pour la répression des manifestants.
Nous pensons que le gouvernement brésilien, avec l’autorité dont il dispose, devrait faire une déclaration sur la crise péruvienne, tout comme l’ont fait les gouvernements du Honduras, de la Colombie, du Mexique, de la Bolivie et du Chili. Il faudrait rompre les relations avec la dictature de Boluarte, un geste fort pour tous les peuples du continent.
Le PSOL soutient également les revendications populaires d’élections générales pour la présidence et le Congrès en 2023 et l’ouverture d’un processus pour l’élection d’une Assemblée nationale constituante. Le peuple péruvien mérite toute notre solidarité et notre soutien !
Exécutif national du PSOL (Parti Socialisme et Liberté, Brésil), 27 janvier 2023
http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article65467
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« Une politique gouvernementale qui mène à la militarisation du pays »
La crise au Pérou s’aggrave après que la majorité parlementaire a refusé [un second vote aura lieu lundi], samedi 28 janvier, d’avancer les élections au mois d’octobre de cette année. Cette décision jette de l’huile sur le feu des protestations sociales qui ont commencé en décembre 2022 et qui exigent la démission de la présidente Dina Boluarte et la tenue des élections cette année. Dans le même temps, la militarisation du pays, l’autoritarisme du gouvernement et la répression des mobilisations populaires s’intensifient. Le gouvernement, la droite parlementaire et les médias hégémoniques sont de plus en plus fascistes, criminalisant les protestations et la gauche, applaudissant la répression qui tire sur les manifestant·e·s, justifiant la militarisation du pays et utilisant – main dans la main avec le ministère public – des accusations infondées de « terrorisme ». Les manifestations ont déjà fait près de 60 morts, dont 46 tués par les tirs de la police et de l’armée. La répression vise principalement les populations andines. Mais les protestations résistent, elles ne se relâchent pas.
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Après la décision du Congrès discrédité – 9% d’approbation populaire – de faire obstacle aux élections en 2023, une mobilisation massive a eu lieu dans les rues de Lima, le samedi 28 janvier. Les manifestations quotidiennes et les blocages de routes se poursuivent dans une grande partie du pays. La répression reste la seule réponse du gouvernement. Depuis dix jours, des manifestations populaires anti-gouvernementales ont lieu quotidiennement dans la capitale. De nombreuses personnes venues à Lima de différentes régions constituent un élément crucial des manifestations, qui sont toujours réprimées par des grenades lacrymogènes lancées sans discernement, des tirs de fusils avec chevrotines, des passages à tabac et des arrestations arbitraires. Dans les villes andines, la répression s’est faite à coups de fusil.
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Le Congrès a rejeté les élections anticipées pour octobre 2023 avec 65 voix contre et 45 en faveur. Il y a eu deux abstentions. Il aurait fallu 87 voix, soit les deux tiers de la chambre, pour qu’il soit adopté en première instance. Il devra être ratifié lors d’un second vote. Une révision du vote qui a rejeté les élections de cette année a été demandée. Elle fera donc l’objet d’un nouveau vote ce lundi 30 janvier. Un changement qui permettrait son adoption semble très improbable. En décembre, sous la pression populaire, 93 élu·e·s ont approuvé l’avancement des élections de 2026 à avril 2024, une décision qui attend pourtant d’être ratifiée lors d’un second vote. Les mobilisations de masse réclamant des élections cette année ont conduit à un débat sur une deuxième élection anticipée.
L’extrême-droite – à l’exception de la Fuerza Popular (FP) pro-Fujimori – et la plupart des élu·e·s de droite et du centre droit se sont opposés à l’avancement des élections à 2023. Ils veulent des élections en 2024 car ils veulent avoir le temps d’introduire des réformes qui les favorisent et, ainsi, de prendre le contrôle des organes électoraux.
Au milieu de fortes protestations sociales, le Fujimorisme [avec sa leader Keiko Fujimoro, fille d’Alberto Fujimori qui est à nouveau incarcéré depuis janvier 2019, et qui fut un président dictatorial de 1990 à 2000] a changé de position. Il a soutenu l’élection anticipée. La fraction parlementaire de Perú Libre (PL), qui a porté Pedro Castillo à la présidence, et ses groupes dissidents, comme le Bloque Magisterial (BM), se sont opposés aux élections cette année. Ces regroupements de gauche ont conditionné leur soutien aux nouvelles élections à l’approbation d’un référendum pour une Assemblée constituante, dont ils savaient qu’elle n’avait aucune chance de succès.
Ce n’est pas la première fois que le PL se retrouve avec l’extrême-droite. Dans des déclarations à Página/12 en août dernier, son secrétaire général, Vladimir Cerrón [médecin, gouverneur de Junin, un des 24 départements du Pérou, sa capitale : Huancayo ; très influent dans le PL, accusé de malversations diverses et de manœuvres plus ou moins obscures] a déclaré qu’il préférait s’allier à l’extrême-droite plutôt qu’à la gauche progressiste, qu’il considère comme son « principal ennemi ». Ce vote est une nouvelle expression de son accord avec l’extrême-droite. La gauche progressiste de Changement démocratique – Ensemble pour le Pérou (CD-JP) – a soutenu la proposition des élections anticipées.
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« Le Congrès a manqué l’occasion de soulever le couvercle de la cocotte-minute afin qu’une partie de la chaleur accumulée puisse sortir. Cela va accroître la colère et l’énervement des gens » nous a déclaré l’historien, anthropologue et analyste politique Carlos Monge. Concernant la convergence de l’extrême-droite et d’un secteur de la gauche sur le rejet des élections anticipées, Carlos Monge a souligné : « Ils partagent un programme conservateur anti-droits, contre l’avancée des notions de genre, des droits des femmes, de la diversité sexuelle. Ils veulent rester quelques mois de plus pour faire avancer cet agenda commun et continuer à faire du lobbying, à représenter les intérêts de ceux qui ont financé leurs campagnes et à profiter de quelques mois supplémentaires avec un bon salaire. Ils négocient mesquinement quelques mois de plus au Congrès aux dépens des morts dans les rues. En leur donnant plus de temps pour les élections, le PL et le BM laissent la voie libre à la droite pour s’emparer des organes électoraux »
Carlos Monge nous a déclaré que Fujimorisme a changé sa position et a soutenu les élections de cette année afin de se rapprocher des revendications de la majorité et pour des raisons électorales. « La Fuerza Popular (FP) est le parti de droite avec la plus grande base sociale et beaucoup de ses membres doivent faire pression pour des élections cette année. Dans la décision de Fuerza Popular, il peut également y avoir un calcul politique de type supplémentaire : la direction de FP pense qu’elle peut être la seule option viable pour la droite lors d’une élection à court terme. Mais ce que le Fujimorisme peut gagner en soutenant les élections cette année est limité, car il soutient en même temps le gouvernement et la répression.
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Eduardo Ballón, anthropologue et chercheur au Centro de Estudios y Promoción del Desarrollo (Desco), a souligné que la majorité du Congrès a accepté lors du premier vote d’avancer les élections à 2024 « par peur et par leur défaite relative face à la force et à la violence de la mobilisation populaire, mais ils veulent rester le plus longtemps possible, jusqu’en 2026 si cela est possible ».
Les élections de 2023 sont pratiquement tombées à l’eau et ne sont même pas confirmées pour 2024. Les deux analystes – Monge et Ballón – s’accordent à dire que l’avancement des élections dépendra de la force des mobilisations populaires. « Si dans les quatre ou cinq prochains jours, il n’y a pas de solution qui mène à l’avancement de la tenue d’élections en 2023, je prévois un scénario avec beaucoup plus de violence et de répression que ce que nous avons vu jusqu’à présent. Et un enlisement des quelques possibilités de dialogue qui existent pour le moment. Il y a une polarisation de plus en plus virulente », a déclaré Eduardo Ballón. Selon lui, le gouvernement n’est pas viable. « Dina Boluarte n’a aucune chance de se maintenir jusqu’en 2026, et je pense qu’il est difficile pour elle de se maintenir même jusqu’en 2024. Sa seule chance de s’accrocher est de renforcer encore son alliance avec l’extrême-droite et l’appareil militaire. Il y a clairement un renforcement des forces armées et de la police au sein du gouvernement. »
Dans le même ordre d’idées, Carlos Monge a averti que la ligne de conduite du gouvernement « mène à la militarisation totale du pays ». « Ce gouvernement ne peut s’imposer qu’à coups de balles, voire de canons, car les chars occupent une partie du territoire. Dina Boluarte ne peut rester en place que sous la coupole d’une dictature civile-militaire ouverte. »
Carlos Noriega (Lima)
Article publié dans le quotidien argentin Pagina/12 le 29 janvier 2023 ; traduction rédaction A l’Encontre
http://alencontre.org/ameriques/amelat/perou/perou-une-politique-gouvernementale-qui-mene-a-la-militarisation-du-pays.html
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A Lima, la police tue un manifestant. La droite protège la présidente.
La droite et une partie de la gauche bloquent
une sortie institutionnelle momentanée
Les manifestations exigeant la démission de la présidente Dina Boluarte et des élections cette année ajoutent un nouveau décès suite à la répression. Cette fois, il s’est produit à Lima. Victor Santisteban, 55 ans, est mort d’un coup à la tête qui lui a fracturé le crâne. Les manifestations qui ont débuté en décembre ont fait 58 morts, dont 47 sont le résultat de la répression directe policière et militaire. Il y a également un policier mort et dix citoyens qui sont décédés parce qu’ils n’ont pas pu recevoir à temps des soins médicaux ou à cause d’un accident dû aux multiples barrages routiers.
Victor Santisteban est la première victime à Lima. Les protestations ont commencé en décembre 2022 dans la région sud des Andes, se sont étendues à d’autres régions et, depuis onze jours, se concentrent dans la capitale. Dina Boluarte refuse de démissionner, la majorité au Congrès bloque la tenue d’élections anticipées cette année [voir l’article publié sur ce site le 29 janvier] et les protestations s’intensifient.
Samedi, la manifestation anti-gouvernementale a été massive à Lima. La répression, une fois de plus, s’est déchaînée. La police tirait sans discernement des grenades lacrymogènes, dont beaucoup avec un angle de tir dirigé vers le corps, tirant des chevrotines à bout portant, frappant les personnes arrêtées. Ce qui, dans l’après-midi, avait commencé comme une mobilisation de masse pacifique, s’est transformé dans la soirée en une bataille après que la répression policière a été déployée pour interrompre la dynamique de la manifestation. La police a attaqué avec des gaz lacrymogènes et des chevrotines, les manifestants ont répondu avec des pierres, des bâtons et quelques fusées. C’était une bataille inégale.
Diffusion en direct
Une chaîne d’information télévisée diffusait en direct ce qui se passait dans le centre de la ville. Un groupe de manifestant·e·s faisait face à un contingent de police, ils ne jetaient pas de pierres, rien. Soudain, une détonation a été entendue et une personne s’est effondrée sur le sol. Il y avait une agitation, des cris, du désespoir. Puis la chaîne a changé le plan et a coupé la diffusion en direct. Elle n’a pas retransmis ce qui se passait lors de la manifestation. Le journaliste qui rapportait ce qui se passait décrivait les manifestants comme des personnes violentes qui attaquaient la police et justifiait la répression policière. C’est le discours dominant dans les médias locaux grand public.
Brigades médicales volontaires
Il a été révélé plus tard que l’homme tombé à terre – que la télévision voulait ne pas montrer – était Víctor Santisteban. Il avait subi un choc qui lui avait brisé le crâne. Quelques minutes plus tard, il est mort. Une vidéo rendue publique par le média en ligne Wayka montre comment Victor tombe lorsqu’il se trouve avec un groupe de personnes qui s’éloignent des gaz lacrymogènes que la police lance à quelques mètres de là. On aperçoit un flash venant de l’endroit où se tiennent les policiers et qui frappent Victor. Il s’effondre. A côté de lui, de la fumée a commencé à s’élever, comme celle des grenades lacrymogènes. Puis on a pu suivre le déroulement du drame: avec des cris de « ils l’ont tué, ils l’ont tué » et des appels à l’aide désespérés. Victor a été soigné sur place par des médecins qui ont formé des brigades de volontaires pour aider les personnes blessées lors des manifestations. « Il est vivant, il est vivant », peut-on les entendre crier. Les médecins s’occupent de lui, lui bandent la tête et l’emmènent à l’hôpital. Les gens crient « laissez passer, laissez passer ». Victor est mort peu après à l’hôpital.
La mort de Victor Santisteban a été annoncée à dix heures du soir (minuit heure argentine) samedi. La répression et les affrontements duraient depuis plusieurs heures. Le docteur Antonio Quispe, qui coordonne une des brigades médicales, a soigné Victor Santisteban à l’endroit où il est tombé mortellement blessé. « Nous avons fait ce que nous pouvions, mais le patient présentait un traumatisme crânien grave avec exposition de la masse encéphalique. En termes simples, ils lui ont fait sauter la cervelle », a déclaré Antonio Quispe dans un message après avoir appris la mort de Victor Santisteban. Dans un autre message, il rendait hommage au manifestant décédé : « Ils vous ont tiré dans la tête alors que vous étiez complètement sans défense. Mes brigadistes et moi sommes dévastés par votre décès. »
Devant l’hôpital où Victor et d’autres blessés ont été emmenés, un rassemblement a été improvisé, une veillée pacifique. Plus de 30 personnes ont été blessées. Un blessé grave, qui souffre également d’une fracture du crâne, est toujours aux soins intensifs. La police est arrivée au centre de santé et a violemment attaqué les personnes présentes sur les lieux.
Selon un rapport médical publié dimanche 29 janvier, Victor Santisteban est mort d’un choc à la tête derrière l’oreille droite, qui lui a fendu le crâne. Il est indiqué que la cause du décès était « un objet dur et contondant », sans autre précision. Les médias, sans plus de preuves, ont commencé à souligner que sa mort avait été causée par une pierre.
Les images vidéo, qui montrent le tir d’une grenade lacrymogène à bout portant contre Víctor, et les témoignages des brigadistes médicaux qui se sont occupés du défunt, réfutent cette affirmation. « Ce n’était pas une pierre », a assuré le Dr Antonio Quispe. A la porte de l’hôpital, Elizabeth Santisteban, sœur de la victime, a réclamé justice. « Je réfute ceux qui disent qu’une pierre l’a tué », a-t-elle déclaré. Une enquête du parquet et de la police a été annoncée pour déterminer la cause du décès, mais ces investigations ne suscitent aucune confiance.
Anticipation des élections : le blocage institutionnel
Avec une nouvelle mort suite à la répression, les protestations se poursuivent sans relâche. Ce lundi, le Congrès débattra et votera pour la deuxième fois sur des élections anticipées qui se tiendraient en octobre 2023. Cette possibilité a déjà été rejetée vendredi après seulement 45 votes. Or, il faut 87 voix, soit les deux tiers du parlement monocaméral, pour qu’elle soit adoptée. Si elle était approuvée, elle devrait ensuite être encore ratifiée lors d’un second vote. En décembre 2022, sous la pression des protestations, les élections fixées à 2026 ont été avancées à avril 2024. Vote qui n’a pas été ratifié par un second vote. Les juristes soulignent que puisqu’un vote a eu lieu et a été rejeté pour avancer les élections à 2023, le vote qui a fixé les élections à 2024 est ainsi annulé ! Dès lors, si les votes pour avancer les élections ne sont pas atteints ce lundi, le calendrier électoral de 2026 serait rétabli. Il s’agirait d’une provocation face à l’indignation des citoyens et citoyennes. Ce qui enflammerait encore davantage les protestations massives qui se déroulent depuis près de deux mois maintenant.
Il y a un consensus sur le fait que l’approbation d’élections pour octobre de cette année, bien qu’elle ne satisfasse pas la demande populaire de démission de Dina Boluarte, pourrait faire baisser la tension [ce qui explique l’intervention en matinée – heure péruvienne – du 30 janvier de la présidente Dina Boluarte en faveur d’une anticipation des élections]. Mais une grande partie du Congrès ne semble pas voir ce qui se passe dans les rues. La droite veut du temps pour faire des réformes en sa faveur, pour contrôler les organes électoraux et pour que ce gouvernement renforce la répression contre la gauche. Un secteur de la gauche conditionne son vote pour des élections anticipées à un référendum pour une Assemblée constituante, que la droite rejette. Il y a des élus qui veulent prolonger leur séjour au Congrès aussi longtemps que possible, avec les avantages que cela leur apporte.
Le nouveau décès d’un manifestant, cette fois à Lima, accroît la pression en faveur d’une élection anticipée. Si cela n’aboutit pas, la seule issue pour des élections anticipées serait la démission ou la destitution de Dina Boluarte par le Congrès, ce qui obligerait à les convoquer dans six mois au maximum. Mais la présidente est réticente à démissionner et l’aile droite du Congrès la protège.
Carlos Noriega (Lima)
Article publié dans le quotidien argentin Pagina/12 le 29 janvier 2023 ; traduction rédaction A l’Encontre
http://alencontre.org/ameriques/amelat/perou/perou-une-politique-gouvernementale-qui-mene-a-la-militarisation-du-pays.html
En complément possible :
Pérou : nous demandons l’intervention des mécanismes de protection des droits humains de l’ONU
Une mobilisation à la croisée des chemins. La menace du camp militariste. La détermination populaire. Entretien avec Hernando Cevallos
Carlos Noriega : Une intervention policière dans l’Université San Marcos: une action plus vue depuis la dictature d’Alberto Fujimori
Carlos Noriega : Dans la foulée de Lima, les « marches nationales » se propagent au sud
Carlos Noriega :« Boluarte dit que nous sommes des paysans ignorants, nous ne sommes pas ignorants, elle est ignorante, elle ne comprend pas ce pour quoi nous nous battons »
Communiqué de solidarité à l’égard des Péruviennes et Péruviens et de la communauté universitaire de San Marcos
CGT – Note de l’espace international – Amériques : Mobilisations au Pérou : soutien au peuple Péruvien face à la répression sanglante !
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/01/26/perou-nous-demandons-lintervention-des-mecanismes-de-protection-des-droits-humains-de-lonu-autre-texte/
Solidarité féministe avec les peuples du Pérou et du Brésil
Pérou. « Une protestation fondamentalement andine et paysanne »
CIDH : Une ambiance de stigmatisation généralisée et de racisme
Carlos Noriega : Quand la majorité populaire, indigène, est qualifiée de terroriste et réprimée
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/01/21/solidarite-feministe-avec-les-peuples-du-perou-et-du-bresil-textes-sur-le-perou/
Pablo Stefanoni : Pérou. « Qu’ils dégagent tous », encore une fois
Pérou : Déclaration de LVC contre la persécution des leaders paysan·nes et autochtones et les assassinats de manifestant·es
Face à la grave crise politique au Pérou, FAL solidaire du peuple péruvien (Communiqué)
La Marche Mondiale des femmes des Amériques se déclare solidaire du peuple péruvien
Soutien au peuple péruvien face à la répression sanglante
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2022/12/26/perou-quils-degagent-tous-encore-une-fois/
Installation d’une dictature au Pérou : rencontre avec Jaime Borda (Red Muqui).
Date: Dimanche 19 février
Lieu : Local de Solidaires (31 rue de la Grange-aux-Belles,75010 Paris)
Heure : 16h
Depuis le 7 décembre et la destitution du président d’origine autochtone Pedro Castillo, avec le gouvernement de Dina Boluarte, le Pérou s’enfonce à toute allure dans une dictature civile et militaire. Plus de 60 morts en deux mois, des centaines de blessé·es, des détentions arbitraires à la pelle qui se soldent par des peines pour terrorisme et appartenance à des organisations criminelles, une persécution brutale des opposant·es politique… Ce que l’extrême droite mafieuse péruvienne (liée au Parti et intérêts de l’ancien dictateur Alberto Fujimori) n’a pas réussi à gagner dans les urnes, elle est en train de le prendre par la force.
Originaire de Puno (sud andin), Jaime Borda est Secrétaire exécutif de la Red Muqui, la plateforme nationale d’organisations qui travaillent pour les droits des communautés andines en contexte minier. Or, ce sont ces communautés qui sont en première ligne contre le gouvernement de Boluarte – et la question du pillage des ressources naturelles par les transnationales est précisemment au coeur de leurs revendications. Nous profiterons donc de sa présence pour qu’il reviennent sur les événements de ces deux derniers mois ; le contexte social et politique qui a mené (à moyen et long terme) à cette situation dramatique ; et les enjeux autour de la Nouvelle Constitution et des droits des communautés andines en contexte minier.
On vous attend nombreux·ses !
Abaixo-assinado de entidades, personalidades, organizações, professores e movimentos populares em apoio à população e classe trabalhadora peruana
https://www.marchamundialdasmulheres.org.br
Coup d’État au Pérou : grève générale face à l’extrême droite
https://www.revue-ballast.fr/coup-detat-au-perou-greve-generale-face-a-lextreme-droite/