Stanislav Pozdnyakov président du Comité olympique russe soutient ouvertement la guerre de la Russie contre l’Ukraine. L’Ukraine exige que les athlètes russes (et biélorusses) ne participent pas aux Jeux olympiques de Paris. Le CIO proposerait que les athlètes russes soient sous une bannière neutre et à condition que les athlètes concernés ne « soutiennent pas activement la guerre en Ukraine ». Mais comment le savoir ? Enquêter sur chaque athlète ? Qui va le faire ? Sur la question de la neutralité politique du sport, on se souvient que le CIO a déjà exclu un pays : l’Afrique du Sud, de 1964 à 1992, au nom de la lutte contre l’apartheid. Rappelons que l’invasion de la Crimée a eu lieu pendant les Jeux d’hiver de Sotchi en 2014…
Mais la question est plus large. La Russie a décidé de mener (le sport est la continuation de la politique par d’autres moyens) une offensive sur le sport mondial. L’historien Patrick Clastres explique que « la Russie est en train de former une sorte de contre-alliance sportive. Elle a multiplié les tentatives de compétitions avec les pays d’Europe, d’Asie centrale, de Chine ».
Récemment, un journaliste sportif français, opposé à la participation des athlètes russes aux JO, a demandé : « Voulez-vous courir dans une mare de sang ? »
Les sportifs biélorusses contre la guerre
La Fondation de solidarité des sports biélorusses et des représentants des sports biélorusses, parmi lesquels des athlètes, ont pris position dans un communiqué sur la participation des athlètes biélorusses et russes aux Jeux olympiques de Paris.
« Nous rappelons que de nombreuses équipes et athlètes biélorusses ont été suspendus des compétitions internationales en réponse à la guerre que la Russie mène en Ukraine depuis le 24 février, en utilisant le territoire de la Biélorussie. Le 25 janvier, le CIO a autorisé la possibilité d’annuler cette suspension sous des conditions strictes, notamment la participation aux compétitions uniquement en situation de neutralité et l’absence de « soutien actif » à la guerre en Ukraine. Les athlètes libres biélorusses estiment que cela n’est pas suffisant et exigent une position anti-guerre active comme base des contrôles d’admission aux Jeux olympiques. Tous les athlètes de Russie et de Biélorussie qui soutiennent ouvertement les régimes de Poutine et de Loukachenko ou préfèrent garder le silence sont utilisés comme un outil de propagande pour glorifier la guerre en Ukraine et légitimer les régimes de Poutine et de Loukachenko ».
La déclaration rappelle que plus de 20 athlètes biélorusses sont désormais derrière les barreaux, que des centaines d’entre eux ont été réprimés et contraints de quitter le pays. En outre, plus de 200 athlètes ukrainiens sont déjà morts, tandis que d’autres sont privés de la possibilité de s’entraîner efficacement – plus de 320 installations sportives ont été détruites.
Pour des raisons de sécurité, les signatures des 50 athlètes biélorusses n’ont pas été publiées.
Viendront-ils-elles à Paris en uniforme ?
Le boxeur Gadzhimagomedov est un sergent dans les sports de l’armée russe. Il appartient à une unité de la ville annexée de Sébastopol. Il a déclaré qu’il prévoyait de participer aux Jeux olympiques de 2024 en tant qu’« athlète neutre ». Svetlana Vassilievna Khorkina est gymnaste, elle a été médaillée d’or en gymnastique aux Jeux olympiques de 1996 et 2000. Elle a récemment expliqué que « le Covid est une punition de Dieu pour les mauvais traitements infligés par l’Occident à la Russie ». Elle soutient Poutine, et porte l’uniforme de l’armée russe. Elle a également été conseillère sportive de Poutine. Yelena Isinbayeva est majore dans l’armée russe. Elle est également double championne olympique de saut à la perche et toujours détentrice du record du monde de saut à la perche. Alexei Nemov est également gymnaste, mais il aime montrer aux photographes les décorations de son uniforme de l’armée russe. Il pourrait venir à Paris soutenir ses amis soldats
Patrick Le Tréhondat, 16 février 2023