Un an après l’invasion (+ autres textes)

  • Fred Leplat : Un an après l’invasion 
  • John McDonnell :« La question ukrainienne pour les socialistes »
  • France Blanmailland, Daniel Tanuro, Jean Vogel : Ce que la guerre a révélé sur la nature des sociétés ukrainienne et russe
  • Mémorial : Un an après l’invasion de l’Ukraine. Un bilan.
  • 24 février

Un an après l’invasion

Le vendredi 24 février 2023 marquera un an depuis que l’armée russe a envahi l’Ukraine sur ordre de Poutine et de son régime. Une année de souffrances indescriptibles et de bain de sang pour le peuple ukrainien. Des dizaines de milliers d’Ukrainiens sont morts, et des millions de civils sont réfugiés à l’étranger ou déplacés à l’intérieur du pays. D’innombrables crimes de guerre ont été commis par les troupes russes. La mort et la destruction infligées à l’Ukraine relèvent de la définition de génocide de l’ONU.

L’invasion du 24 février 2022 était totalement injustifiée. La Russie ne risquait pas d’être envahie par l’Ukraine, et il n’y avait pas de menace imminente pour la sécurité de la part de l’OTAN. Le but de l’invasion était de faire de l’Ukraine un satellite loyal de Moscou et de s’emparer des ressources minérales et agricoles de l’Ukraine. Il s’agit d’une aventure impérialiste, qui n’est pas différente de celles menées par l’impérialisme occidental, comme les guerres coloniales du 19e siècle. Poutine veut que l’Ukraine redevienne une colonie, comme elle l’était sous les Tsars. Poutine a justifié la guerre en affirmant que le pays devait être « dénazifié » et que les Ukrainiens ne constituaient de toute façon pas un peuple distinct avec sa propre langue et sa propre histoire.

Le peuple ukrainien a refusé à juste titre d’être une victime passive de cette guerre d’agression et résiste activement et massivement à l’invasion. Il s’agit pour lui d’une guerre de libération nationale et d’indépendance. Il s’agit d’une résistance tout à fait légitime, que les internationalistes et les révolutionnaires doivent soutenir inconditionnellement. Le soutien à leur résistance militaire contre l’invasion, comme à d’autres guerres similaires menées par l’impérialisme, est indépendant de la nature du gouvernement ukrainien. Bien que le gouvernement Zelenski soit bourgeois et néolibéral, il n’est pas un régime nationaliste d’extrême droite ou même néofasciste comme celui de la Russie. Cependant, nous devons être critiques à l’égard du gouvernement Zelenski, qui a embrassé le néolibéralisme, s’attaque aux droits des travailleurs et cherche à rejoindre l’Union européenne et l’OTAN. Nous devons soutenir la gauche et le mouvement ouvrier ukrainiens dans leur opposition aux réformes néolibérales de Zelenski, et nous devons les rejoindre dans les discussions sur la reconstruction d’après-guerre basée sur la justice sociale, climatique et économique, et nous devons demander à nos gouvernements d’annuler, et pas seulement de reporter, la dette de l’Ukraine.

Le soutien à leur résistance militaire contre l’invasion, comme pour d’autres guerres similaires de l’impérialisme, est indépendant du caractère du gouvernement ukrainien. Si le gouvernement Zelenski est bourgeois et néolibéral, il n’est pas un régime nationaliste d’extrême droite ni même un régime néo-fasciste comme celui de la Russie.

Toute personne internationaliste et anticapitaliste devrait être solidaire de la résistance (armée et autre) du peuple ukrainien contre l’invasion et la destruction de son pays. Cela signifie soutenir le droit de l’Ukraine à obtenir tout l’équipement militaire nécessaire, de partout où cela est possible, y compris de l’OTAN, pour libérer son pays. La fourniture d’armes doit être sans conditions ni illusions de la part de l’OTAN et de l’Occident, car la fourniture d’armes peut être utilisée pour contrôler l’étendue et la durée de la guerre et pour forcer l’Ukraine à accepter un accord de paix inacceptable. Les impérialismes russe et occidental ne doivent pas décider de l’avenir de l’Ukraine pour son peuple.

L’OTAN et l’impérialisme occidental soutiennent l’Ukraine pour leurs propres intérêts géopolitiques. Il ne faut donc pas s’imaginer que l’OTAN et l’impérialisme occidental sont des forces en faveur de la démocratie. Ils soutiennent des pays tels qu’Israël et l’Arabie saoudite qui ne sont pas démocratiques et qui font la guerre à leurs voisins plus faibles. Comme la plupart des guerres, celle de l’Ukraine a plusieurs personnages. Si le caractère principal est celui de la libération nationale, il y a aussi, indirectement, une guerre par procuration entre les impérialismes occidental et russe. L’impérialisme occidental est régulièrement intervenu dans les luttes pour l’indépendance et la libération nationale pour subvertir et limiter les objectifs de la lutte populaire. Cela ne doit en aucun cas empêcher les internationalistes de soutenir le peuple ukrainien dans sa résistance contre l’occupation, la destruction et l’annexion de son pays. Cela signifie apporter une solidarité politique et matérielle, en particulier aux organisations de forces de gauche, féministes et syndicales en Ukraine.

Le peuple ukrainien n’a pas commencé la guerre, et il n’a pas d’autre choix que de se battre militairement contre l’assaut de l’armée russe. Ils veulent désespérément la paix pour mettre fin à la destruction et aux morts. L’Ukraine a mis en avant un plan de paix en dix points en décembre, qui prévoit la libération de tous les prisonniers et déportés, la restauration de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, le retrait des troupes russes et la cessation des hostilités. Mais la réponse de Sergueï Lavrov, le ministre des affaires étrangères de Poutine, a été un ultimatum menaçant : « Nos propositions concernant la démilitarisation et la dénazification des territoires contrôlés par le régime, l’élimination des menaces pour la sécurité de la Russie émanant de ces territoires, y compris nos nouvelles terres, sont bien connues de l’ennemi… Le point est simple : remplissez-les pour votre propre bien. Sinon, la question sera tranchée par l’armée russe. » Les intentions de la Russie restent claires : poursuivre la guerre pour annexer l’ensemble de l’Ukraine.

Si toutes les guerres se terminent par un règlement négocié, il est illusoire de croire qu’un cessez-le-feu maintenant serait respecté par Poutine, qu’il retirerait ses troupes sur les positions du 23 février 2022 et qu’il accepterait de respecter l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Tant que le peuple ukrainien veut et peut se battre pour la libération de son pays et qu’il est satisfait d’un accord de paix, il doit être soutenu. Appeler aujourd’hui simplement à des pourparlers de paix sans appeler également à un retrait immédiat des troupes russes revient à demander aux Ukrainiens d’accepter l’annexion d’une partie ou de la totalité de leur pays. Il enlève aux Ukrainiens tout rôle qu’ils devraient avoir dans la crise dont ils sont au centre et ne soutient pas leur droit à déterminer l’avenir de leur pays.

La situation est, bien sûr, très dangereuse pour la paix mondiale. La guerre par procuration risque de dégénérer en un affrontement direct entre les impérialismes occidental et russe. L’OTAN a utilisé l’invasion russe pour se donner un nouvel objectif. Après l’échec de la guerre de 20 ans contre le terrorisme islamiste, elle se présente maintenant comme un défenseur de la démocratie libérale et des petites nations. L’OTAN a saisi l’occasion d’accepter de nouveaux membres et d’obtenir des augmentations massives des budgets militaires des pays membres. Mais l’OTAN n’est pas une force pour la démocratie. C’est l’aile militaire de l’impérialisme occidental, qui agit ou du moins menace d’agir lorsque son aile économique (par exemple, le FMI, la Banque mondiale et la Banque centrale européenne) ne peut pas défendre ses intérêts géopolitiques lorsque des puissances impérialistes rivales menacent sa position de bloc de pouvoir mondial dominant. Lorsque les internationalistes soutiennent le droit des Ukrainiens à résister militairement à l’invasion russe et à obtenir des armes des pays de l’OTAN, ils ne cautionnent pas l’OTAN. Dans le passé, de nombreux mouvements de libération nationale ont fait appel aux pays impérialistes pour obtenir des armes sans être condamnés par les socialistes : Les nationalistes irlandais en 1917, la république espagnole en 1936, la résistance communiste pendant la Seconde Guerre mondiale, pour n’en citer que quelques-uns.

Le cynisme de l’impérialisme occidental dans sa prétention à soutenir la résistance contre l’invasion injuste d’un petit pays peut être jugé par son enthousiasme pour un tribunal des crimes de guerre. Il est évident que les troupes russes ont commis des crimes de guerre, voire un génocide. Un tribunal des crimes de guerre devrait être mis en place. Mais l’impérialisme occidental a également commis des crimes de guerre lorsque l’OTAN a envahi l’Afghanistan en 2001, en le justifiant comme nécessaire pour lutter contre le terrorisme et dans le cadre d’un « choc des civilisations ». Il a également commis des crimes de guerre lorsque Blair et Bush ont envahi illégalement l’Irak en 2003 au motif fallacieux qu’il y avait des armes de destruction massive qui représentaient une menace imminente. Pourtant, Blair et Bush ont échappé à la justice.

Un an après cette invasion brutale et non provoquée, une semaine d’action mondiale est organisée contre l’agression russe et en solidarité avec l’Ukraine. Les socialistes et les internationalistes doivent montrer qu’ils soutiennent le droit de l’Ukraine à se défendre contre l’invasion russe. Si nous ne sommes pas perçus comme étant du côté du peuple ukrainien, alors les seules voix qu’ils entendront seront celles des impérialistes occidentaux, et non celles des socialistes et des internationalistes. Nous ne pouvons pas laisser cela se produire.

Solidarité avec le peuple d’Ukraine !
Les troupes russes dehors !

Fred Leplat
Anti-Capitalist Resistance
https://anticapitalistresistance.org/the-invasion-of-ukraine-one-year-on/
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article65726

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« La question ukrainienne pour les socialistes »

Sur la question de l’Ukraine, nous arrivons tous avec un peu d’histoire. En ce qui me concerne, j’ai toujours été opposé à, parlé contre et voté contre les invasions illégales de pays, de l’Irak à l’envoi de troupes en Afghanistan et au bombardement de la Libye et de la Syrie.

Ainsi, avec un bilan aussi constant d’opposition aux guerres illégales lancées par des puissances impérialistes, il est tout à fait compréhensible que je me sois opposé et que j’aie condamné l’invasion russe de l’Ukraine et que j’aie soutenu l’armement des Ukrainiens qui combattent l’invasion de leur pays.

Solidarité avec les mineurs ukrainiens
Mon engagement en Ukraine remonte à près d’une décennie. Au cours des 50 dernières années, j’ai soutenu les luttes syndicales ici [au Royaume-Uni] et dans le monde entier. Je me suis fait connaître pour cette activité de solidarité.

Il n’est donc pas surprenant que l’on m’ait demandé, il y a neuf ans, d’offrir mon soutien aux mineurs ukrainiens en grève pour protester contre la baisse de 50% de la valeur réelle de leurs salaires imposée par les compagnies minières. Des sociétés minières qui étaient tombées entre les mains d’oligarques russes affairistes et fraudeurs.

J’ai rencontré des délégations de mineurs de l’Independent Union of Miners et organisé une séance d’information à la Chambre des Communes pour les député·e·s, les militant·e·s du Labour et les syndicalistes. Nous avons organisé un piquet de grève lors de l’assemblée générale de la compagnie minière organisée par Roman Abramovich, son principal actionnaire, au stade de football de Chelsea [club qui lui appartenait depuis 2003]. J’ai défendu leur cause au Parlement.

La campagne déterminée des mineurs a permis une avancée avec une augmentation de 20% du salaire.

Depuis lors, un certain nombre d’entre nous ont fondé la Campagne de solidarité avec l’Ukraine (Ukraine Solidarity Campaign), puis, au fil des ans, nous avons collaboré dans le cadre de campagnes syndicales avec la Confédération des syndicats libres d’Ukraine. Le syndicat des mineurs et la Confédération se sont efforcés de faire la démonstration que le pouvoir des travailleurs et travailleuses, et non le pouvoir militaire, était la force capable de triompher du nationalisme chauvin et d’unir tous les travailleurs et travailleuses dans la lutte pour la justice sociale et la promotion d’une Ukraine unie et multiethnique.

La fondation du Mouvement social ukrainien
Grâce aux mineurs, je suis entré en contact avec des socialistes, des anarchistes et des antifascistes ukrainiens, qui ont ensuite formé le Mouvement social.

Ces personnes, jeunes pour la plupart, s’étaient associées aux syndicats indépendants lors des manifestations de Maïdan [de novembre 2013 à février 2014, aussi qualifiées de Révolution de la Dignité] pour soutenir le renversement [le 22 février 2014] de la présidence corrompue de Viktor Ianoukovytch, soutenue par la Russie, et pour s’opposer à la croissance des groupes fascistes.

Des syndicalistes actifs ont formé la base de ce nouveau potentiel parti socialiste Sotsialnyi Rukh (Mouvement social), réunissant des militant·e·s de divers groupes de gauche, des sociaux-démocrates aux marxistes, en passant par les féministes, les éco-socialistes et les défenseurs des droits de l’homme. Se définissant comme une large coalition de gauche, le Mouvement social a pour objectif déclaré de remplacer le système existant de capitalisme oligarchique par un socialisme démocratique.

Son programme comprend la socialisation de l’économie par la nationalisation et le contrôle des travailleurs et travailleuses, la justice en matière fiscale, l’égalité pour tous et toutes et l’opposition à l’impérialisme, quelle que soit son origine. Opposés à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, nombre des syndicalistes qui composent ce mouvement progressiste sont néanmoins sensibles à la protection juridique des droits des travailleurs et travailleuses ainsi que des droits humains que leur apporterait l’adhésion à l’Union européenne (UE).

Depuis Maïdan, c’est cette coalition de syndicats libres et le Mouvement social qui a toujours été à la pointe du combat pour des campagnes, des grèves et des manifestations progressistes, syndicales et environnementales. Elle s’est mobilisée de même contre chaque initiative du gouvernement de Volodymyr Zelensky [en fonction depuis mai 2019] visant à restreindre les droits du travail, les libertés syndicales et les libertés civiles.

Après l’annexion de la Crimée par Poutine [en 2014] et la montée des campagnes séparatistes dans les régions du Donbass, le syndicat des mineurs a rejeté tout sectarisme nationaliste et a fait campagne pour la solidarité des travailleurs afin de surmonter les divisions. Lorsque la violence s’est installée dans ces régions, de nombreux mineurs et leurs familles ont été contraints de fuir. Des responsables du syndicat ont été arrêtés et emprisonnés.

A l’écoute des socialistes ukrainiens
Face à cette évolution, il était logique pour moi de me référer à ces camarades et collègues syndicalistes pour connaître leur point de vue sur la situation. Ils ont été clairs quant à la menace croissante de la Russie. Bien qu’il y ait effectivement eu des combats dans le Donbass pendant huit ans, néanmoins, avant le 24 février 2022, lorsque les médias ont rapporté des informations sur les troupes et les chars russes se massant aux frontières de l’Ukraine, je restais sceptique quant à la possibilité que Poutine soit assez imprudent pour risquer de lancer une invasion à grande échelle.

Les événements du 24 février 2022 ont prouvé que moi et beaucoup d’autres avions sérieusement et tragiquement tort. La question qui se posait alors aux socialistes et aux syndicalistes ukrainiens était simple et immédiate. Se défendront-ils ou permettront-ils à l’invasion de réussir ?

Les appels à une mobilisation massive d’un mouvement pacifiste international pour stopper l’invasion étaient malheureusement peu réalistes étant donné la rapidité et la violence implacable de l’invasion et la poursuite de la répression dure et brutale d’un mouvement pacifiste naissant en Russie.

Les Ukrainiens étaient confrontés à la perspective réaliste de la subordination de leur pays par un agresseur impérialiste. Ils ont donc fait ce que, je crois, beaucoup d’entre nous auraient été amenés à faire dans ces circonstances et que nous avons appuyé ailleurs, là où sont livrées des guerres impérialistes. Mes camarades socialistes et syndicalistes ukrainiens, qui ne croyaient en rien d’autre que l’internationalisme, la solidarité et la paix, ont rejoint la force territoriale [organisée de manière décentralisée, régionalement] pour arrêter l’agresseur.

Que pouvaient-ils faire d’autre ?
Pour ceux qui remettent en question leur décision, je pose simplement la question: que pouvaient-ils faire d’autre ?

Lorsque des manifestations non violentes contre les envahisseurs ont été tentées, elles ont été réprimées avec brutalité, avec des arrestations et des déportations dans des camps de filtration. Selon les preuves qui ressortent, la brutalité a dégénéré en meurtres, tortures et viols systématiques. La défense armée pour endiguer la vague d’agression violente a été jugée comme la seule option pour les membres du Mouvement social et des syndicats libres afin de se sauver eux-mêmes, leurs familles et leur pays.

Les socialistes, les syndicalistes et les militants pour la paix au Royaume-Uni ont à juste titre condamné l’invasion et ont appelé à la paix ainsi qu’à la fourniture d’une aide humanitaire, notamment en soutenant l’ouverture des frontières pour les Ukrainiens fuyant la guerre et demandant le droit d’asile.

Dans la foulée, nous déplorons que les gouvernements successifs n’aient pas reconnu la nécessité d’ouvrir les frontières et de fournir de l’aide aux demandeurs d’asile provenant des nombreuses autres zones de guerre dans le monde.

Cela laissait encore ouverte la question de savoir si la gauche devait soutenir la fourniture d’armes aux Ukrainiens pour qu’ils puissent se défendre. Dès le départ, je ne voyais pas d’autre option réaliste que de soutenir leur droit à se défendre. Les tentatives pour obtenir un accord de paix, en faisant appel aux Etats qui avaient des relations avec Poutine – la Turquie ou l’Inde – n’ont même pas réussi à assurer un cessez-le-feu.

La résistance armée des Ukrainiens a surpris la plupart des commentateurs en stoppant l’élan de la vaste armée russe. Cependant, le coût en vies et en souffrances humaines, tant ukrainiennes que russes, a été effroyable.

La guerre un an après
La guerre dure maintenant depuis un an, le printemps est proche et une nouvelle offensive russe est prévisible, pour autant qu’elle n’ait pas déjà commencé.

Alors qu’aucun accord de paix n’est en vue et que les missiles russes pleuvent à nouveau sur les villes ukrainiennes, j’ai rencontré sur Zoom cette semaine des camarades du Mouvement social et du Syndicat des mineurs pour leur demander leur avis. Ce que j’ai trouvé déprimant par moments, c’est la tendance de certains stratèges de salon au Royaume-Uni à ignorer les voix des Ukrainiens, en particulier les voix ukrainiennes de notre propre mouvement socialiste et syndical. Durant les réunions Zoom – où l’on peut entendre les sirènes donner l’alerte qu’un missile approche – j’ai écouté alors les appréciations sur la situation actuelle de nos camarades socialistes et nos collègues syndicalistes, hommes et femmes.

Tous souhaitent fermement la paix, mais ils/elles ne croient pas que la paix puisse être obtenue tant que l’invasion de leur pays ne sera pas mise en échec. Tous veulent une Ukraine qui soit un pays réunifié, fondé sur le respect des langues et des cultures de tous ses citoyens et citoyennes.

Ils rejettent ce qu’ils décrivent comme l’impérialisme de l’Est ou de l’Ouest. Tout ce que j’ai entendu de leur part est un raisonnement de principe en faveur de l’autodétermination, et pour que les Ukrainiens et Ukrainiennes soient en mesure de décider de leur propre avenir.

Mais pour y parvenir, ils avaient une requête simple, celle de recevoir les armes nécessaires pour repousser la prochaine offensive de la Russie avec ses missiles et son armée terrestre massive. Pour eux, il s’agit d’une guerre défensive qui, en cas de succès, pourrait imposer un règlement négocié. Ils ne voient pas d’autre moyen d’obtenir les conditions politiques d’un accord.

Ils ne voient pas d’autre moyen d’obtenir l’espace politique nécessaire à un accord. Ils veulent retrouver cette situation de paix pour débarrasser leur pays des oligarques qui ont profité de l’exploitation des travailleurs et travailleuses ainsi que des ressources naturelles de leur pays. Ils veulent mettre le socialisme démocratique à l’ordre du jour en Ukraine.

Il n’y a rien qu’ils aient dit avec lequel je puisse être en désaccord. C’est pourquoi j’ai soutenu la fourniture d’armes aux Ukrainiens pour qu’ils puissent continuer à défendre leur pays.

Arguments sur ce qu’il faut faire
Nombreux sont ceux et celles qui s’y sont opposés et il y a eu un peu de trolls virulents, traditionnels, sur les médias sociaux. Toutefois, je n’ai pas rencontré de véritable argument convaincant contre la fourniture des armes dont nos camarades ukrainiens ont besoin pour protéger leur liberté.

Il y a la position pacifiste pure et simple qui repose sur le fait que les gens de tous bords refusent de se battre. Je respecte ce point de vue, mais je dis simplement que, à l’heure actuelle, je regrette vivement qu’il n’y ait aucune chance que cet appel soit entendu avec un impact suffisant pour arrêter cette guerre. Néanmoins, cela ne signifie pas que nous ne devrions pas continuer à défendre l’idée qu’aucune guerre n’aurait lieu si les gens refusaient l’appel au combat.

Certains ont affirmé qu’il ne s’agit que d’une guerre par procuration (proxy war) entre deux puissances impérialistes, l’OTAN et la Russie, et que les socialistes ne devraient pas y prendre part.

Je comprends ce point de vue, mais comme Taras Bilous l’a souligné [voir son article publié le 6 août 2022 sur le site alencontre.org] , on peut dire que pratiquement toutes les guerres, depuis la guerre froide, peuvent être considérées comme une guerre par procuration entre les puissances impérialistes, mais cela n’a pas empêché la gauche de porter un jugement sur les différentes situations et causes et de soutenir les luttes de libération dans ce cadre.

Par exemple, la gauche a soutenu la résistance du Vietcong face à la domination des Etats-Unis au Vietnam, bien que le Vietcong ait été armé par la Chine et la Russie.

D’autres ont fait valoir que l’envoi d’armes supplémentaires risque d’entraîner une escalade de la guerre. Il est vrai que les armes envoyées seront certainement utilisées. Toutefois, pour l’Ukraine, il s’agit d’une guerre défensive et les armes réclamées sont destinées à la défense.

Ce qui est certain, c’est qu’un refus de fournir les armes dont les Ukrainiens ont besoin pour se défendre signifie que les chances de réussite de l’invasion russe sont considérablement accrues. Alors « une paix » serait obtenue, mais ce serait une paix instable imposée par la force d’occupation russe.

Un nouvel appel aux négociations de paix a été lancé, que je soutiens de tout cœur. Malgré les tentatives de divers intervenants, aucuns pourparlers n’ont eu lieu et les perspectives de rencontre entre les deux parties sont plutôt sombres.

Les années de négociations relatives aux nombreux protocoles de Minsk ont déjà montré combien il est difficile d’obtenir l’adhésion à un accord de paix.

Néanmoins, il convient de saisir toutes les opportunités, aussi inattendues soient-elles, y compris la récente offre du président brésilien Lula, pour autant qu’il soit explicitement clair qu’il appartiendra aux Ukrainiens de décider du caractère acceptable de tout accord de paix.

Entre-temps, Poutine n’ayant pas admis qu’il envisageait un cessez-le-feu, les troupes et les armes russes s’étant renforcées et les tirs de missiles ayant repris au-dessus de Kiev, les Ukrainiens et Ukrainiennes ont besoin d’armes pour se défendre contre de nouvelles attaques, ne serait-ce que procurer le répit et le temps nécessaires à l’ouverture de négociations.

Il existe également un argument pragmatique fort selon lequel Poutine ne négociera pas tant qu’il entreverra la possibilité d’une victoire militaire, mais il cherchera également à éviter l’humiliation d’une défaite.

En plus des armes
La guerre a dévasté l’économie de l’Ukraine et beaucoup considèrent qu’un plan à la dimension du plan Marshall est nécessaire pour fournir une aide immédiate de base humanitaire et pour reconstruire son infrastructure physique, industrielle et environnementale lorsque la paix sera rétablie.

L’objectif des syndicats et des socialistes du Mouvement social est de garantir l’instauration d’une paix fondée sur les droits syndicaux, le contrôle des travailleurs et travailleuses ainsi que la propriété publique. Il existe une grande opportunité pour les socialistes et les syndicalistes du Royaume-Uni de travailler en solidarité afin de soutenir nos camarades ukrainiens dans leurs campagnes et dans leur implication pour la construction de cette nouvelle Ukraine.

Mais avant tout, notre devoir est de fournir les moyens matériels qui leur permettront d’obtenir cette opportunité. 

John McDonnell 
John McDonnell était membre du cabinet fantôme du Labour de 2015 à 2020, durant la période où Jeremy Corbyn était « chef de l’opposition officielle ».
Article publié le 21 février 2023 sur le site Labour Hub ; traduction par la rédaction d’A l’Encontre
http://alencontre.org/debats/ukraine-debat-la-question-ukrainienne-pour-les-socialistes.html

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Ce que la guerre a révélé sur la nature des sociétés ukrainienne et russe

En jetant un regard sur l’année écoulée depuis l’invasion russe de l’Ukraine, nous voudrions nous écarter des considérations militaires et/ou géopolitiques qui font l’ordinaire des analyses consacrées à cette guerre et nous arrêter sur ce que celle-ci a révélé quant à la nature des sociétés en présence.

Depuis un an, nous nous sommes engagés, par le biais du Réseau européen de solidarité avec l’Ukraine, dans de nombreuses actions de solidarité ou d’information qui nous ont permis de mieux connaître les réalités ukrainiennes. Les nombreux contacts que nous avons pu avoir ont confirmé l’existence d’une société civile multiple et ramifiée. Toutes les branches de celle-ci, dans leur diversité, inscrivent pleinement leur action et leurs revendications dans la résistance à l’agression russe, résistance qu’elles conçoivent non comme une cause strictement nationale, mais comme un combat de la société elle-même pour la sauvegarde de son mode de vie, de ses valeurs, etc. Il y a un an, si la Blitzkrieg de Poutine (NDLR : la guerre éclair) a échoué, c’est dû avant tout à la résistance de la population, aux innombrables initiatives de citoyens ordinaires pour repousser l’envahisseur. L’État en Ukraine est faible, fort peu efficace et profondément infecté par la corruption, comme l’illustrent encore les récents coups de balai auxquels Zelensky a procédé. Sans les miracles réalisés par des réseaux d’auto-organisation populaire de toutes sortes la survie même du pays aurait été plus qu’improbable.

La société ukrainienne est pluraliste et la « révolution du maidan » en 2014 a donné naissance à une floraison culturelle et artistique tout à fait remarquable, en particulier dans le domaine du cinéma. L’invasion russe a cependant créé une situation paradoxale. Les premières victimes des exactions des occupants sont des Ukrainiens russophones et la résistance dans les zones occupées à l’Est et au Sud est majoritairement le fait de ceux-ci. Mais en contrecoup de l’agression, il s’est développé des affects nationalistes qui rejettent tout ce qui est russe, s’en prenant parfois de façon indiscriminée et irrationnelle à la culture et à la langue russe dans leur ensemble. Il est probable que seule une victoire commune sur les agresseurs permettra d’établir une situation plus équilibrée.

De l’autre côté, deux traits caractérisent avant tout la société russe : la peur et l’asthénie. Le régime de Poutine est passé d’un autoritarisme illibéral à une dictature ouverte et la répression sévit sans discontinuer. Si sa guerre ne suscite guère qu’un enthousiasme de commande, les manifestations publiques d’opposition exigent un grand courage et restent sporadiques. Une majorité des Russes préfèrent regarder ailleurs et éviter de parler de la guerre.

André Markowicz, poète et écrivain qui est le plus éminent et le plus passionné rénovateur de la traduction en français de la grande littérature russe a publié un bref essai Et si l’Ukraine libérait la Russie ? C’est une question qui va à l’essentiel. L’Ukraine se bat d’abord pour sa liberté, mais il faut aussi que « l’Ukraine gagne la guerre pour que le régime de Poutine s’effondre et qu’il y ait dans les ruines de ce régime une possibilité démocratique ». Comme le montrent en effet les précédents de la guerre de Crimée (1853-1856), de la guerre russo-japonaise (1904-1905), de la Grande Guerre (1914-1917) et de la guerre d’Afghanistan (1979-1989), il y a une récurrence de l’histoire russe par laquelle les défaites militaires deviennent l’occasion de révolutions ou de bouleversements réformateurs. La belle devise des insurgés polonais de 1830 « Pour votre liberté et pour la nôtre » reste actuelle.

Dans sa politique internationale comme dans l’exercice du soft power russe, Poutine conjugue avec brio le soutien et l’utilisation simultanés des courants et des personnalités les plus diverses, de l’extrême-droite à l’extrême-gauche, pour affaiblir les autres puissances et diffuser sa propagande

Le régime de Poutine est national-conservateur et néo-impérialiste, avec une référence privilégiée à l’héritage de Nicolas Ier, le plus réactionnaire de tous les tsars du XIXe siècle. Son prétendu populisme se résume aux accents utilisés pour fustiger les opposants libéraux ou les fonctionnaires en disgrâce. Mais dans sa politique internationale comme dans l’exercice du soft power russe, Poutine conjugue avec brio le soutien et l’utilisation simultanés des courants et des personnalités les plus diverses, de l’extrême-droite à l’extrême-gauche, pour affaiblir les autres puissances et diffuser sa propagande.

C’est l’une des raisons [1] de l’important clivage que la guerre d’Ukraine a suscité dans les rangs de la gauche, tout particulièrement de la gauche radicale. Alors que l’antifascisme et l’anticolonialisme sont censés faire partie de son ADN, on a vu une partie de celle-ci, dont l’importance varie selon les pays, reprendre tout ou partie de l’argumentaire poutinien, le plus souvent au nom de considérations géopolitiques extrêmement sommaires (la Russie serait encerclée !!). Des militants ou des intellectuels chevronnés, qui ont passé leur vie à valoriser les « luttes armées de libération nationale » aux quatre coins du monde, refusent désormais, au nom de l’impératif de la paix, d’établir une différence entre l’agresseur et l’agressé et de soutenir ce dernier.

Notre action, en revanche, place au premier plan le droit des peuples à l’autodétermination et donc le respect de l’indépendance et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Mais nous voulons tout autant contribuer à renforcer tout le potentiel démocratique et émancipateur que nous voyons s’exprimer sous de multiples formes au sein de la vie sociale ukrainienne. Ce soutien, nous l’apportons avant tout à la résistance opposée à la volonté impériale de l’anéantir, mais nous l’adressons aussi aux forces sociales progressistes qui en Ukraine même cherchent par exemple à contrecarrer les politiques socio-économiques ultra-libérales du gouvernement ou l’accaparement de ressources naturelles précieuses par certains oligarques bien en cour.

Dans le souci de poursuivre et d’approfondir cette solidarité, nous appelons à participer à la manifestation, convoquée par Promote Ukraine et par le Comité belge du Réseau européen de solidarité Ukraine, le samedi 25 février 2023, à 13h au carrefour du boulevard Albert II et du boulevard du Jardin botanique (métro Rogier).
France Blanmailland (juriste)
Daniel Tanuro (écrivain écosocialiste)
Jean Vogel (professeur ULB)
Laurent Vogel (chercheur Institut syndical européen)

[1] L’autre raison étant l’obnubilation sur le seul « impérialisme américain », en conséquence de quoi n’importe quel dictateur sanguinaire devient un champion du peuple dès le moment où il se trouve en conflit avec le gouvernement des États-Unis.

https://www.levif.be/opinions/cartes-blanches/ce-que-la-guerre-a-revele-sur-la-nature-des-societes-ukrainienne-et-russe/

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Un an après l’invasion de l’Ukraine. Un bilan.

Il y a un an commençait l’invasion massive de l’Ukraine par les troupes russes. La « guerre hybride » qui durait depuis huit ans s’est transformée en une véritable guerre d’agression. L’Europe n’avait pas connu de telle guerre depuis 1939.

Ni la communauté internationale, ni la société civile russe n’ont pu empêcher cette invasion.

En un an, des dizaines de milliers de personnes ont été tuées, des centaines de milliers d’autres ont été blessées et ont souffert. Des villes et des villages ont été détruits, des millions de personnes ont pris les routes de l’exil. Des centaines de milliers de familles ont été séparées, des dizaines de milliers d’enfants ukrainiens emmenés en Russie. Des enlèvements, des tortures et des meurtres ont été perpétrés dans les territoires occupés. 

On ne sait pas quels autres sacrifices devra faire l’Ukraine, où il n’y a probablement personne qui ne soit victime de cette guerre. C’est le prix monstrueux que l’Ukraine doit payer pour sa liberté et son indépendance, pour le droit d’être elle-même.

Mais l’Ukraine a tenu, voilà la principale leçon de cette année. La guerre éclair qu’espérait Poutine a échoué. Les citoyens ukrainiens de toutes nationalités et religions défendent courageusement leur patrie.

Tout aussi important, le monde a vu qu’il existe des valeurs plus importantes que le pétrole et le gaz. La communauté internationale a fait preuve d’une unité sans précédent dans sa volonté d’aider l’Ukraine à vaincre et à punir l’agresseur. Nous pensons que cette solidarité, active aux niveaux national, international et des populations elles-mêmes mettra fin à cette guerre et conduira à la création d’un tribunal international, qui donnera une évaluation juridique de l’agression et des crimes commis.

Autre bilan de l’année écoulée, la guerre a amené la Russie au bord de la catastrophe. Son avenir en tant que pays moderne engagé dans une dynamique de développement est remis en question. Le nom même de la Russie, qui suscitait souvent espoir et  sympathie depuis le début de la perestroïka, est désormais source de rejet. Les politiques de Poutine ont ravivé la peur d’une catastrophe nucléaire globale, alors qu’elle semblait oubliée depuis trente ans. La Russie, en tant que pays, est de plus en plus confondue avec le régime de Poutine, ses élections truquées, la négation des droits de l’homme et la destruction des libertés fondamentales. La répression des dissidents est aussi brutale et ample qu’à la fin de l’ère soviétique. Les opposants à la guerre – ils seraient au moins vingt pour cent selon les statistiques officielles – ne sont pas représentés au parlement et n’ont pas accès aux médias. Mais leur existence seule donne l’espoir d’un avenir pour la Russie.

Aujourd’hui, les mots d’Andrei Sakharov : « Le choix moral s’avère finalement être le plus pragmatique. » résonnent tout particulièrement.

Le Conseil d’Administration de Memorial International. (Mis en liquidation par les autorités russes en 2022).
https://memorial-france.org/un-an-apres-linvasion-de-lukraine-un-bilan/

******
24 février

Aujourd’hui, nous sommes précisément le 24 février. Depuis un an, les bombes russes tombent sur les villes ukrainiennes. Depuis un an, tant de civils et de soldats ukrainiens et russes innocents sont victimes de la guerre d’agression absurde menée par l’autocrate du Kremlin et son régime. Depuis un an, cette guerre émeut et indigne les opinions publiques démocratiques du monde entier et particulièrement d’Europe. Depuis un an, cette émotion et cette indignation n’ont trouvé qu’un point d’appui immonde dans l’opération rusée des impérialismes occidentaux américain et européen pour les utiliser afin de légitimer leur course aux armements, une course aux armements qui était déjà décidée bien avant le début de l’aventure Poutine.

Depuis un an, une grande partie de la gauche, surtout en Italie, au lieu de se mettre à l’écoute de cette indignation et de cette agitation et au lieu de s’y rallier, a appelé à la fin des sanctions contre la Russie et à la capitulation de la résistance ukrainienne. Une résistance qui a surpris Poutine qui, comme le dit Berlusconi, pensait arriver à Kiev en quelques jours avec ses chars et remplacer le gouvernement Zelensky par un « gouvernement de gens bien ». Mais c’est une résistance qui a surpris même l’Occident, qui avait conseillé à Zelensky d’abandonner et de se réfugier aux États-Unis avant l’arrivée des Russes dans la capitale ukrainienne.

Au contraire, cette résistance, populaire et héroïque comme seule une résistance populaire peut l’être, a forcé tout le monde à changer ses plans et son comportement. Elle a contraint Poutine à se replier dans une guerre de position sanglante qui risque de devenir de plus en plus interminable. Elle a forcé l’Occident à essayer de l’utiliser à ses propres fins.

Mais elle n’a pas réussi à pousser la gauche italienne à redéfinir ses positions, qui sont toujours et de toute façon restées orientées vers le soutien à la Fédération de Russie, considérée, malgré sa malfaisance, comme le seul rempart contre la surpuissance occidentale, et la défense de ses intérêts et de ses objectifs, parfois sans même une gêne mal dissimulée.

Une grande partie de la gauche italienne célèbre cet anniversaire aujourd’hui et ces jours-ci en manifestant « pour la paix », en réussissant à mettre sur le même plan la Russie et l’Ukraine, en trahissant le principe démocratique de la distinction entre une armée agressive et un peuple agressé, comme toute la gauche l’a toujours fait à de nombreuses reprises en distinguant les États-Unis de l’Afghanistan et de l’Irak, Israël et les Palestiniens, la Turquie et les Kurdes, au-delà du jugement, même négatif, que l’on peut porter sur les gouvernements des peuples agressés.

En un an, la gauche (avec de très rares et louables exceptions, voir [1] et [2]) a réussi à ne jamais donner la parole à celles et ceux qui, en Russie, luttent contre le régime criminel de Poutine, et encore moins à celles et ceux qui, en Ukraine, soutiennent et participent à la résistance tout en luttant contre le gouvernement Zelensky et ses politiques néolibérales.

Vive la résistance ukrainienne, vive l’Ukraine libre et indépendante, vive l’opposition démocratique russe.

Pour un cessez-le-feu immédiat et le retrait des troupes russes des territoires occupés

https://refrattario.blogspot.com/2023/02/il-24-febbraio.html
Traduit avec http://www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

[1] https://www.facebook.com/fabrizio.burattini.98/posts/pfbid02TEWcQRKn4iB9V9hV8LFoQGCtNc8tFj89KgoDykXuyPX1HBSZgig6TV1dZLGhtJwPl
[2] https://www.facebook.com/AdlLombardia/posts/pfbid0rMiqXqmEeL39ZPB8Bcf6fNcWBRkLL3s8zsRXkoPp9mNHMxyDpaDmHxugjeFjwBZ6l

Auteur : entreleslignesentrelesmots

notes de lecture

2 réflexions sur « Un an après l’invasion (+ autres textes) »

  1. « Ce qui m’impressionne le plus, c’est la résilience de la population ukrainienne »
    La sociologue Ioulia Shukan évoque la capacité de résistance de l’Ukraine, la solidarité de sa population et son attachement à l’État social. Et parle de sa grande difficulté personnelle à poursuivre un travail de terrain.
    https://www.politis.fr/articles/2023/02/il-perdure-en-ukraine-une-conscience-de-letat-social-ioulia-shukan/

  2. TRIBUNE. Clémentine Autain : « Pour que Poutine abandonne sa guerre en Ukraine »
    https://www.lejdd.fr/international/tribune-clementine-autain-pour-que-poutine-abandonne-sa-guerre-en-ukraine-132947

    Soutenir les Ukrainiens face à la brutalité poutinienne implique de penser la complexité du monde, telle qu’elle se présente à nous en 2023. Roger Martelli, historien et directeur de la publication de Regards, pose les bases de « la mission même de la gauche ».http://www.regards.fr/actu/article/comment-soutenir-l-ukraine

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