Cette infolettre est un peu particulière, elle ne vient pas signaler telle ou telle nouvelle publication.
Hier soir, Le Monde a annoncé que Karim Khan, le procureur de la Cour pénale internationale, avait décidé d’ouvrir une enquête sur les déportations d’enfants ukrainiens en Russie. Selon Le Monde, il envisage même « d’émettre des mandats d’arrêt » sur ces faits dans un avenir proche.
Il est inutile de souligner à quel point cet engagement de la Cour pénale internationale marque une étape importante dans un dossier sur lequel les humanités se sont particulièrement investies.
Chacun, ici, le sait déjà : j’ai fouillé ce terrain d’investigation depuis le 9 septembre dernier, avec un premier article qui identifiait le rôle central de Maria Lvova-Belova, la conseillère de Poutine aux « droits de l’enfant » (ICI), avant que d’autres articles ne sortent dans la presse internationale (New York Times, Associated Press, The Washington Post, The Guardian…) ou que ne soient publiés les rapports de certaines ONG ; et surtout, plus de deux mois avant que la presse française ne daigne enfin se saisir du sujet (à partir de mi-novembre), reprenant bien souvent des informations que j’avais révélées, sans jamais citer les humanités.
Une dizaine de publications se sont succédé depuis début septembre, apportant chaque fois des informations nouvelles, sourcées et vérifiées. La somme de ces révélations a grandement nourri le dossier transmis fin décembre à la Cour pénale internationale par l’association Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre !, dont les humanités sont partenaire.
Et aujourd’hui, donc, la Cour pénale internationale se saisit du sujet. La justice est réputée lente ; ici, elle semble hâter le pas pour mettre un terme à ce monstrueux crime contre l’humanité, et pour que, d’ores et déjà, ses responsables et complices sachent qu’ils auront, un jour, des comptes à rendre.
Avant que justice ne soit effectivement rendue, et que ces enfants déportés puissent retrouver leur terre et foyer d’origine, le chemin sera sans doute encore bien long, mais cet engagement de la Cour pénale internationale est une première victoire, qu’il convient de saluer à sa juste valeur.
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En bonne voie
En fondant les humanités, je n’avais pas nécessairement imaginé emprunter ainsi les voies d’un tel journalisme lanceur d’alerte, mais je n’avais pas davantage imaginé avoir à chroniquer une guerre si proche, ni a fortiori, enquêter sur des crimes contre l’humanité d’une telle ampleur.
Depuis un an, l’Ukraine a pris beaucoup de place au sommaire des humanités. Cela non plus n’était pas prévu, mais comment passer outre ? D’autres terrains nous attendent, pas toujours aussi tragiques, parfois même réjouissants. Nous n’avons pas l’ambition de traiter toute l’actualité, mais la volonté de déceler des pépites, et aussi de relayer des informations généralement peu médiatisées. Cela demande des moyens, techniques (un peu) et surtout humains : de la capacité à rémunérer un.e webmaster, des auteurs et traducteurs, dépend l’avenir des humanités.
Je voudrais remercier ici les 7 premiers contributeurs au financement participatif lancée sur la plateforme helloasso, ainsi bien sûr que les 172 abonné.e.s (à ce jour) qui nous ont permis de tenir le cap.
Le financement participatif reste d’actualité ; nous en sommes aujourd’hui à 34% de l’objectif fixé. En bonne voie, donc.
Comme annoncé, tous les abonnés et souscripteurs recevront en temps utile un cadeau exclusif. Sous réserve de quelques détails qui restent à régler, il s’agira d’un premier recueil de poèmes d’un poète ukrainien, Grugoriy Choubaï, mort en 1982 sous les persécutions soviétiques. Ses deux enfants tentent aujourd’hui de perpétuer sa mémoire, et son œuvre.
Le 24 février dernier, jour-anniversaire de l’invasion russe, nous avons publié un premier poème de Grugoriy Choubaï, « Herbe » : https://www.leshumanites-media.com/post/d-ukraine-une-herbe-po%C3%A8me. Pour qui sera dans les environs, deux journées lui sont consacrées à Avignon, les 16 et 17 mars.
Et enfin…
Afin de continuer à éditer les humanités, une nouvelle association vient d’être créée. Intitulée, tout simplement : En humanités.
Sauf contrordre de votre part, chaque abonné ou souscripteur sera considéré comme adhérent.e de cette association : le droit d’adhésion annuelle (10€) est inclus dans votre participation et/ou abonnement.
Ce n’est pas que de pure forme : nous souhaitons enrichir ce projet d’éditorial d’un véritable entourage associatif et collégial.
La constitution de cette nouvelle association était, en outre, une condition sine qua non pour pouvoir prétendre à une « bourse d’émergence » que le ministère de la Culture et de la Communication réserve à des projets en ligne novateurs. Nous sommes en train de finaliser le dépôt de dossier (avant la mi-mars), pour une réponse attendue courant mai.
Sans vous, et la confiance accordée, rien de tout cela n’aurait été possible. Avec les quelques personnes qui m’accompagnent (bénévolement) dans la rédaction et l’édition des humanités, je tenais à vous en remercier très chaleureusement.
En souhaitant à toutes et tous une bonne fin de semaine, bien cordialement et en humanités,
Jean-Marc Adolphe
https://www.leshumanites-media.com
VOLS D’ENFANTS (1). Les mandats d’arrêt émis par la Cour pénale internationale contre Vladimir Poutine et Maria Lvova-Belova, sa commissaire aux « droits de l’enfant » ( !) caractérisent comme crimes de guerre la déportation et l’adoption forcées en Russie d’enfant ukrainiens arrachés à leurs parents, à leurs écoles et aux institutions dans lesquelles ils étaient hospitalisés ou placés. Ces enfants, a déclaré le procureur de la CPI, ne peuvent être « traités comme un butin de guerre ». Les cas de 16 226 enfants enlevés ont été précisément documentés par les autorités ukrainiennes. La Russie revendique la présence sur son sol de 733 000 mineurs ukrainiens. On estime que 150 000 à 200 000 enfants auraient fait l’objet de ces transferts illégaux qui violent la protection des Conventions de Genève, pourtant ratifiées par la Russie.
VOLS D’ENFANTS (2). Ces enlèvements, planifiés au sommet de l’Etat russe, s’accompagnent d’une russification forcée (allant jusqu’au changement de nom effaçant l’histoire familiale et nationale des enfants) et d’un endoctrinement intensif. Au moins 43 camps de « rééducation » se sont refermés sur 6.000 mineurs ukrainiens retenus de force et dressés contre leur pays, sa langue, sa culture, son histoire. Sous le prétexte d’un « sauvetage humanitaire », ces crimes de guerre ont commencé dès l’annexion de la Crimée et la déstabilisation du Donbass en 2014.
VOLS D’ENFANTS (3). Ukraine CombArt tient à rendre hommage à une association amie, « Pour l’Ukraine, leur liberté et la nôtre », qui n’a eu de cesse de se battre contre ces déportations forcées de milliers d’enfants ukrainiens et de retrouver leur trace malgré le refus des autorités poutiniennes de fournir la moindre information les concernant. Les avocats mandatés par l’association ont saisi la Cour pénale internationale de La Haye en lui demandant, preuves à l’appui, d’ouvrir une enquête sur ce qu’ils qualifient de véritable génocide.
VOLS D’ENFANTS (4). La CPI est la seule juridiction qui peut poursuivre Vladimir Poutine car il bénéficie, devant les autres juridictions, de son immunité de chef de l’Etat en exercice. Le gouvernement ukrainien s’est félicité d’une décision qui caractérise comme crimes de guerre ces rapts massifs de mineurs. Bien sûr, cela ne va pas changer dans l’immédiat le cours de la guerre, les Ukrainiens en sont conscients, mais ces poursuites – à l’initiative de 40 Etats parties au statut de Rome – accentuent l’isolement et le discrédit du président russe et de ses complices. Elles vont aussi, comme ce fut le cas pour le président soudanais Omar el-Béchir du fait des crimes commis au Darfour, compliquer les déplacements éventuels de Vladimir Poutine dans les pays qui, ayant ratifié la création de la CPI ou accepté de coopérer avec elle, ont désormais l’obligation d’exécuter son mandat d’arrêt.
VOLS D’ENFANTS (5). Spéciale dédicace à l‘ex-président Dimitri Medvedev, actuel vice-président du Conseil de sécurité russe, qui vient de signifier avec sa grossièreté désormais coutumière que la Russie poutinienne se torche littéralement avec les mandats d’arrêt émis par la CPI : « Pas besoin d’expliquer où ce papier doit être utilisé » a-t-il posté sur les réseaux sociaux avec une émoticône représentant un rouleau de papier toilette…
https://www.facebook.com/people/Ukraine_CombArt/100090567559766/
Lvova-Belova, les Cosaques du Don… et l’uranium
Les Nations Unies sont sur le point de reconnaître comme « crime de guerre » les déportations d’enfants ukrainiens en Russie. Le régime fasciste de Poutine et Lvova-Belova s’en fichent comme de l’an 40, et lancent de nouveaux programmes, terrifiants, pour rééduquer / russifier les « enfants du Donbass », avec le concours d’un groupe paramilitaire et orthodoxe, les « Cosaques du Don ». La France d’Emmanuel Macron n’y trouve rien à redire : faudrait pas voir à gâcher l’import-export d’uranium…
https://www.leshumanites-media.com/post/lvova-belova-les-cosaques-du-don-et-l-uranium
Ukraine : litanie des enfances dévastées
Au début de la guerre, plus de 105.000 enfants vivaient dans des orphelinats et des internats en Ukraine, révèle un nouveau rapport de Human Rights Watch. Des « orphelins », comme dit Maria Lvova-Belova ? Plus de 90 % des enfants accueillis dans ces institutions ont des parents qui jouissent de tous leurs droits parentaux et ont été placés en institution en raison de la pauvreté de leur famille ou de circonstances de vie difficiles, ou à cause d’un handicap. Plusieurs dizaines de milliers de ces enfants sont aujourd’hui portés disparus et Human Rights Watch exhorte la Russie à divulguer des données sur le nombre d’enfants ukrainiens emmenés sur son territoire, et la « communauté internationale » à agir pour rapatrier ces enfants en Ukraine. Au-delà de ces déportations, Human Rights Watch alerte sur les conséquences dévastatrices de la guerre pour tous les enfants jusqu’alors placés en orphelinats.
https://www.leshumanites-media.com/post/ukraine-litanie-d-une-enfance-dévastée
La criminelle Lvova-Belova « adopte » le cynisme et le mensonge
Plus elle répond aux « allégations » occidentales et à l’ouverture d’une enquête de la Cour pénale internationale, plus elle se prend les pieds dans le tapis. Maria Lvova-Belova, la protégée de Vladimir Poutine en charge des déportations d’enfants ukrainiens, manie avec constance propagande, mensonges et cynisme. Mais les faits sont là, têtus : sous couvert d’action « humanitaire » et « caritative », elle poursuit une politique génocidaire. Pas toute seule, loin s’en faut : tout un système a été mis en place, dont les humanités révèlent les arcanes, y compris le rôle d’un militant ouvertement néo-nazi et d’un homme d’affaires tout aussi ouvertement fasciste. Pour autant, la « communauté internationale » condamne timidement… ou ne condamne pas du tout.
https://www.leshumanites-media.com/post/la-criminelle-lvova-belova-adopte-le-cynisme-et-le-mensonge