Notre place est toujours aux côtés de la résistance ukrainienne

Le Réseau européen de solidarité avec l’Ukraine, auquel notre comité français participe, avait décidé de s’engager dans une semaine de mobilisations autour de la date anniversaire de l’invasion russe, le 24 février 2022. Des manifestations importantes ont eu lieu d’ailleurs dans plusieurs villes européennes notamment en Suisse, en Belgique, en Allemagne, en Catalogne, au Royaume-Uni et en Irlande, à Hongkong, au Brésil…

En France, et notamment à Paris, nous avons choisi de tenir à la fois une réunion publique et une manifestation de rue, pour laquelle nous sommes inscrits d’emblée dans un cadre unitaire. C’est ainsi qu’à l’initiative de l’Union des Ukrainiens de France, de Pour l’Ukraine pour leur liberté et la nôtre et de notre réseau, des réunions unitaires ont été organisées dès la mi-janvier. Très vite un appel a été lancé qui a été signé par de nombreuses associations, partis, regroupements régionaux (russes, géorgiens, polonais, syriens, etc.) et repris par deux syndicats, Solidaires et la CGT (voir la liste dans le flyer d’appel), suivis de toute l’intersyndicale mobilisée sur les retraites (à l’exception de Force ouvrière).

L’Ukraine dans les mobilisations retraites
Nous avons profité du mouvement qui a commencé le 31 janvier en France contre la contre-réforme de Macron sur les retraites pour distribuer notre appel à toutes les manifestations syndicales. Nos tracts étaient bien accueillis tout en suscitant quelques débats avec des militants qui se revendiquaient « pacifistes ».

En même temps, le Mouvement de la paix lançait, lui aussi, sa campagne autour des mêmes dates, brouillant les esprits en réclamant, comme nous l’avons dénoncé lors de la manifestation du 25 février, non pas « une paix juste et durable » pour le peuple ukrainien, mais une paix qui passerait par l’arrêt immédiat des livraisons d’armes à l’Ukraine, livrant ce peuple, pieds et poings liés, à l’armée et aux milices russes. Une paix où l’on s’efforce de ménager l’honneur de l’agresseur au détriment de la survie de l’agressé. Une paix des cimetières. Ce ne serait pas la fin de la guerre (Poutine ne cache pas ses ambitions territoriales…), mais la fin de l’Ukraine.
« Une paix où la dictature poutinienne ne serait pas remise en cause. »

L’appel unitaire lancé à Paris fin janvier a servi de base de mobilisation dans de nombreuses villes de province qui soit comptaient déjà un collectif de solidarité (Lyon, Le Havre…) soit ont lancé un cadre unitaire pour l’occasion.

L’objectif politique, en cette date anniversaire, était d’exiger le retrait des troupes ruses de toute l’Ukraine ; de condamner les crimes commis par l’armée de Poutine ou par les milices et mercenaires à son service (crimes de guerre, viols et tortures, crimes contre l’humanité, enlèvements de milliers d’enfants) ; d’exiger le retour de tous les déporté.es et l’aide à fournir à l’armée et au peuple d’Ukraine.

Tour de chauffe à la bourse
Notre réunion publique du 23 février, à la Bourse du travail de Paris, a réuni, devant une salle pleine, quelques-uns des signataires de l’appel lancé en décembre 2022, « Pour une paix juste et durable en Ukraine » : Jean-Pierre Pasternak, de l’Union des Ukrainiens de France ; l’universitaire Bertrand Badie ; la magistrate Évelyne Sire-Marin, membre de la fondation Copernic ; Huayra Llanque, du collectif féministe du RESU et d’Attac ; l’historien Gilles Manceron ; des représentants de l’intersyndicale (Pierre Coutaz pour la CGT; Vincent Présumey pour la FSU et Cybèle David pour Solidaires). Nous avons également écouté par Zoom le témoignage de Vitalyi Dudin, depuis Kyiv, membre de Sozialnyi Rukh, et celui en présentiel de Yuri Samoilov, pré- sident du syndicat indépendant de la région de Krviyi Rih (KVPU), qui faisait une tournée. Le syndicaliste a expliqué ce que peut être le combat syndical mais aussi le quotidien des salarié·es en temps de guerre [1].

Tour de chauffe avant la marche du 25, où se sont échangés arguments et points de vue divers sur les racines et l’issue éventuelle de la guerre ainsi que sur des expériences concrètes de solidarité notamment avec les convois syndicaux et le soutien des féministes.

République-Bastille : tous ensemble derrière les enfants ukrainiens
La manifestation du 25, elle, a marqué un tournant dans l’élargissement du soutien à la résistance ukrainienne.

Outre l’intersyndicale quasi au complet qui appe- lait à défiler, des organisations politiques se sont aussi formellement engagées (EELV, PS, Génération’s…), venant renforcer celles présentes depuis le 25 février 2022 dans notre réseau (NPA, Ensemble, Peps, GES, GDS…). La LDH ainsi qu’Amnesty ont signé l’appel. De nombreuses associations ukrainiennes (culturelles, d’entraide, de femmes…) mais aussi humanitaires ou caritatives ont mené campagne très activement et mobilisé leurs réseaux, dont certaines personnalités venues défiler.

La mairie de Paris, dont certains élus sont très engagés auprès des Ukrainien·nes, a assuré la logistique du rassemblement-meeting de la fin de manif, au cours duquel des représentants d’organisations de la société civile (associations, syndicats…) mais également des représentants politiques ont pris la parole [2].

Mais le pari le plus réussi, à notre sens, a été la manifestation elle-même, nombreuse, dynamique et combative, derrière le cortège d’enfants et de manifestant·es ukrainien·nes, portant un immense drapeau, entre République et Bastille. Le 25 février a rassemblé plus de 5000 personnes à Paris, du jamais vu depuis le déclenchement de la guerre : une forte mobilisation de la communauté ukrainienne, des drapeaux et pancartes baltes, géorgiens, russes antiguerre, syriens mais pas seulement. On a également compté beaucoup de militantes et de militants syndicaux (derrière une banderole « Soutien syndical à la résistance ukrainienne »), politiques avec leurs drapeaux ou associatifs ainsi que des anonymes de tous âges… Avec un beau cortège de notre réseau.

Nous l’avons souligné dans notre communiqué : « Cette manifestation montre que la position résumée par la formule : “Pour une paix juste et durable, retrait des troupes russes de toute l’Ukraine” est largement partagée. »

Une carte de France bleu et jaune
La réussite de cette marche parisienne a surtout trouvé un formidable écho dans la mobilisation constatée partout ailleurs en France, dans de grandes et petites villes.

Dans le désordre et sans prétendre être exhaustifs :

* Lyon, où la mobilisation unitaire et large ne faiblit pas depuis un an, avec plusieurs rassemblements, trois flashs mobs d’échanges et une concentration place Bellecour, en présence du maire, Grégory Doucet ;

* Gap, avec une conférence de presse sur l’esplanade de la Paix-Nelson-Mandela, qui a rassemblé la CFDT, EELV, Solidaires, des camarades de la CGT et de la FSU ;

* Nîmes, un rassemblement militant sur le parvis des Arène, filmé et diffusé en vidéo [3] ;

* Nice, 500 personnes ont défilé sur la promenade des Anglais, à l’appel de l’AFUCA (communauté ukrainienne locale), soutenue par le Collectif de solidarité 06 (Association Nice au cœur, Attac, CGT Éducation, Ensemble, NPA, Alternative et Autogestion, Peps, PS) ;

* Saint-Brieuc, 150 personnes ont marché à l’appel de Ensemble, Attac, Amnesty, LDH, EELV, UDB, PS, les Jeunes socialistes, le Comité de vigilance antifasciste 22, Génération’s ;

* Nantes, trois initiatives ont eu lieu en ordre dispersé réunissant chaque fois quelque 150 personnes ;

* Quimper, 250 à 300 manifestant·es se sont rassemblé·es autour d’un groupe de réfugié·es ukrainien·nes ;

* Le Havre, où le collectif Urgence Ukraine, qui a déjà organisé réunions et envoi d’aide matérielle, a manifesté ;

* Dijon, des militants d’Ensemble et du NPA, rejoints par la LDH, entre autres, ont participé à la manifestation du Mouvement de la paix pour y lancer notre appel national ;

* Bourg-en-Bresse, un rassemblement a été organisé devant la préfecture à l’appel du Collectif 01 de soutien au peuple ukrainien (Attac, EELV, Ensemble, Génération.s, LDH, NPA, Place publique, PCF, PRG 01, AFPS, Nouvelle Donne, PS, AAA, LFI, Sol et Hommes Nord Sud) ;

* Chartres, un rassemblement s’est tenu avec le soutien de Écologie 28, Eure-et-Loir Écologie, Ensemble! 28, EELV 28, Parti socialiste [4] ;

* Cahors, le collectif Soutien 46 au peuple ukrainien a compté sur le soutien de Etm46, EELV, NPA, Ensemble, G’s, Nupes, PS, Dalp.

* Sans oublier Montpellier, Grenoble, Ajaccio, Annecy, Brest, Caen, Clermont-Ferrand, Marseille, Rennes ou Tours…

Une véritable dynamique nationale est apparue qu’il faut poursuivre et qu’il serait utile de coordonner.

En ce qui concerne notre réseau, comme nous nous y engagions place de la Bastille, à la fin de la manifestation :

* Nous continuerons de nous mobiliser, avec toutes les organisations et mouvements participant à cette manifestation, et notamment avec nos amis ukrainiens, pour le retrait des troupes ruses de toute l’Ukraine.

* Pour le droit à l’autodétermination du peuple ukrainien.

* Pour le soutien à la résistance armée et non armée du peuple ukrainien.

* Pour l’accueil sans discrimination de tous les réfugié·es. n Pour l’annulation de la dette extérieure de l’Ukraine, condition indispensable pour une reconstruction juste.

* Pour le soutien au mouvement démocratique et antiguerre en Russie. Et l’accueil des déserteurs.

Mariana Sanchez
Membre des Brigades éditoriales de solidarité et du Comité français du Réseau européen de solidarité.
Publié dans Les Cahiers de l’antidote : Soutien à l’Ukraine résistante (Volume 17)
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/03/16/la-restauration-des-frontieres-de-lukraine-avec-la-russie-entrainera-la-cessation-immediates-des-hostilites/
https://www.syllepse.net/syllepse_images/soutien-a—lukraine-re–sistante–n-deg-17.pdf

[1] Voir le témoignage de Yuri Smailov, invité par le Réseau international de solidarité et de luttes, recueilli par la CGT, qu’il a aussi rencontrée :
https://youtu.be/UCtiI4wheTY
Et le compte rendu de son voyage sur le site de Solidaires :
https://solidaires.org/sinformer-et-agir/actualites-et-mobilisations/internationales/yuri-samoilov-syndicaliste-ukrainien-en-france-et-en-europe/
[2] Voir la vidéo en deux parties de la manifestation de Paris :
https:// youtu.be/n27SuKJnSnk;
https://youtu.be/3E4hOcAZ9k4
Ainsi que de nombreux reportages photo sur la page Facebook du Comité français du Réseau européen de solidarité :
https://www.facebook. com/profile.php?id=100087563586225
[3] La vidéo de Nîmes :
https://m.youtube.com/watch?v=g8DJWN2P-3w
[4] La vidéo du rassemblement de Chartres :
https://youtu.be/chDmVQHQVZs

Auteur : entreleslignesentrelesmots

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