- La mobilisation sociale s’accentue, c’est l’heure du retrait !
- Analyse Retraites. Questions de pénibilité
- Déni de démocratie d’un pouvoir faisant le choix d’une escalade répressive pour briser un mouvement social légitime – Communiqué LDH
- Robi Morder : Et si tout devenait possible ? Le souffle et l’esprit de mai en mars
- Manifester n’est pas une infraction : C’est l’exercice d’une liberté !
- Violences policières en France : la FIDH et la LDH s’alarment
- Nos organisations alertent sur l’arbitraire policier et juridique mis en place comme stratégie de répression des manifestations
- Déchainement policier à Sainte-Soline
- Pétition pour la dissolution de la BRAV-M
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Solidarité ukrainienne avec le mouvement social en France
La mobilisation sociale s’accentue, c’est l’heure du retrait !
A l’appel de l’ensemble des organisations syndicales et de jeunesse, la 9ème journée de mobilisation contre la réforme de retraites a encore réuni plus de 3 millions de manifestants, ce qui en fait l’une des plus importantes depuis le début du mouvement social. La jeunesse s’est aussi largement mobilisée.
Massifs et déterminés, ces manifestations, ces actions intersyndicales, ces grèves et ces débrayages sont une réponse aux contre-vérités exprimées par le Président de la République et son entêtement incompréhensible.
L’intersyndicale réaffirme que contrairement aux propos du président de la République, de nombreuses alternatives aux mesures d’age ont été formulées. Aucune n’a été sérieusement étudiée. La responsabilité de la situation explosive n’incombe donc pas aux organisations syndicales mais bien du gouvernement.
Alors que l’exécutif cherche à tourner la page, ce mouvement social et syndical pérenne et responsable, confirme la détermination du monde du travail et de la jeunesse à obtenir le retrait de la réforme.
A l’issue d’un parcours parlementaire chaotique, au cours duquel le gouvernement a utilisé tous les outils constitutionnels à sa disposition permettant de limiter l’exercice démocratique, le texte de loi est à présent soumis au Conseil Constitutionnel. Dans ce cadre, l’intersyndicale lui adressera prochainement des contributions explicitant les raisons pour lesquelles cette loi doit être entièrement censurée.
Face à l’absence de réponse de l’exécutif, Président de la République en tête, les organisations syndicales et de jeunesse, ont demandé publiquement une consultation citoyenne.
Les parlementaires se sont saisis de l’outil constitutionnel à leur disposition et ont transmis un projet de Référendum d’Initiative Partagée au Conseil constitutionnel. Les organisations syndicales et de jeunesses sont prêtes à y prendre toute leur part dans le périmètre de leur représentation du monde du travail et de la jeunesse.
Le puissant rejet social de ce projet est légitime et son expression doit se poursuivre.
Revendiquant le retrait de la réforme des retraites, l’intersyndicale appelle les millions de travailleurs et travailleuses, les jeunes et les retraites a continuer d e se mobiliser. elle appelle a des rassemblements syndicaux de proximité ce week-end et à une nouvelle grande journée de grève et de manifestations mardi 28 mars partout dans le pays.
L’intersyndicale se réunira mardi 28 mars au soir.
Paris, le 23 mars 2023.
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Analyse Retraites. Questions de pénibilité
Nous sommes des agents de l’Insee, l’Institut national de la statistique et des études économiques, mobilisés contre la réforme des retraites du gouvernement.
Pour aider à la compréhension des enjeux sociaux et économiques autour de cette réforme, nous mettons en lumière des statistiques publiques dans une collection appelée Analyse Retraites. Ce nouveau numéro est centré sur les questions de pénibilité.
Par le comité de mobilisation de la direction générale de l’Insee (https://twitter.com/ComiteDg), soutenu par les sections CFDT, CGT, FO, SUD
Télécharger le N°4 – mars 2023 : Analyse-Retraites-4-red
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Déni de démocratie d’un pouvoir faisant le choix d’une escalade répressive pour briser un mouvement social légitime
Communiqué LDH
La mobilisation citoyenne sans précédent qui se poursuit depuis plusieurs semaines contre la réforme des retraites et contre le recours à l’article 49.3 s’est non seulement heurtée au mépris de l’exécutif, mais également à une nouvelle vague de répression violente des forces de l’ordre.
Cette politique antisociale délibérée et brutale plonge aujourd’hui le pays dans une situation particulièrement alarmante pour la démocratie. Le territoire français et les grandes villes plus particulièrement sont depuis plusieurs jours le théâtre d’opérations de maintien de l’ordre de grande ampleur, violentes et totalement disproportionnées.
Ces derniers jours ont vu le retour des nasses illégales, de l’usage d’armes mutilantes comme le LBD et les grenades de désencerclement, du gazage à outrance, de l’emploi de policiers non formés au maintien de l’ordre et réputés pour leur violence, en particulier la brigade de répression de l’action violente motorisée (BRAV-M) et les Brigades anti criminalité (BAC), avec des interpellations et des verbalisations indiscriminées, du matraquage systématique et des violences gratuites et attentatoires à la dignité des personnes. L’heure est à l’intimidation d’un mouvement social auquel on voudrait faire payer son dynamisme, au mépris de la liberté de manifester.
La LDH appelle le gouvernement à la raison et le ministre de l’Intérieur au respect des droits fondamentaux : on ne décrète pas par l’usage de la force la fin d’un mouvement social dans un Etat de droit. Il faut dès maintenant revenir à une véritable déontologie des forces de l’ordre : le rôle des autorités est de protéger le droit de manifester, non de le mettre à mal par le recours à une force excessive et incontrôlée. La multiplication d’interpellations préventives, de gardes à vue sans fondement, ou encore les verbalisations sans base légale et les interdictions de manifester ne sont que des moyens d’intimidation assimilables à des voies de fait.
Le risque d’un ordre qui déborde, c’est d’être lui-même bientôt débordé face aux tensions et à la radicalité qu’il exacerbe. Aujourd’hui, le préalable à un avenir commun apaisé est une désescalade immédiate de la répression en cours et une reconnaissance de la légitimité de ce mouvement populaire de grande ampleur.
Paris, le 23 mars 2023
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Et si tout devenait possible ? Le souffle et l’esprit de mai en mars
La jeunesse est la plaque sensible de la société aurait dit Lénine au moment des mouvements étudiants pour la démocratie dans la Russie tsariste du début du 20e siècle. En ce 23 mars (belle revanche sociale sur un autre 23 mars, celui de 1979 qui sonnait le glas du mouvement des sidérurgistes) [1] la participation massive, beaucoup plus importante que dans les dernières semaines, de lycéens et étudiants aux cortèges tant à Paris qu’en région, nous indique que quelque chose bouge dans les profondeurs de la société. En parlant d’une « plaque sensible », on pourrait même évoquer la volcanologie, et la tectonique des plaques. Avec cette secousse l’irruption de la jeunesse est-elle le prélude à une plus importante éruption ?
La part prépondérante des jeunes dans les manifestations et rassemblements multiples et multiformes qui ont marqué ces derniers jours, depuis le vote de la honte, ont contribué – comme les grèves reconduites, les piquets de grève – au maintien d’une « gymnastique » préparatoire à cette grande journée, donnant confiance en les possibilités d’élargissement de la mobilisation, et aussi dans une issue positive.
Loin de démoraliser le mouvement social, le passage en force par le 49-3 qui fait que la loi est maintenant « adoptée », le discours de Macron et la répression, l’ont galvanisé. Qui sème le mépris récolte ce qu’il mérite.
Certes, des centaines de lycées, d’universités bloquées ne font pas (encore) une déferlante comme celles de 1986 (Loi Devaquet) ou 2006 (CPE). Mais si on a tendance à se référer a des précédents, aucune mobilisation ne ressemble vraiment à une autre, il y a des continuités, il y a du nouveau, ne serait-ce que parce que le contexte diffère. Ce n’est pas simplement sur la loi retraite que ces jeunes se mobilisent, le 49-3, les arrestations, touchent à quelque chose de plus fondamental, LA DIGNITE, dignité individuelle si malmenée par la précarité révélée au moment du Covid et des confinements, dignité collective quand la fermeture administrative des établissements, y compris en faisant fi des franchises universitaires, vise à empêcher la tenue d’assemblées générales, de réunions.
Il y avait quelque chose dans l’air qui évoque d’autres temps quand on voit des groupes divers qui rejoignent la manifestation avec tant d’autres revendications, aspirations, comme en 1968 et les années qui ont suivi. Qu’on se souvienne de ces entreprises qui démarraient en grève et qui, une fois en grève, établissaient des cahiers de revendications. Car au fond, c’était aussi la dignité des travailleuses et travailleurs qui sentaient le moment possible de s’éveiller et de la brandir, et qu’il fallait bien formaliser cela dans des revendications puisque c’est comme cela que ça devait se passer. Qu’on se souvienne de ces étudiants qui n’avaient jamais manifesté et qui, un 3 mai au Quartier latin, sortant de leurs cours ont vu des cars de police remplis d’étudiants les emmenant pour des « contrôles d’identité » depuis la Sorbonne jusqu’ au commissariat de Beaujon.
On pense que ce qui faisait scandale alors s’est depuis banalisé. Peut-être finalement pas, peut-être que le moment est venu de considérer comme indignes et scandaleuses ces atteintes aux libertés.
Quelques jours après la grève générale du 13 mai 1968 (on revendiquait 600 000 à 800 000 manifestants dans la rue à Paris), le 15 mai 1968 une motion de censure était discutée à l’Assemblée nationale, à l’initiative de la gauche parlementaire, contre le gouvernement De Gaulle Pompidou. Au même moment, le mouvement étudiant et lycéen, peu soucieux du jeu parlementaire lançait le slogan « la censure est dans la rue ». Aujourd’hui, de fait, la rue et le Parlement s’articulent.
Et si dans la révolution inachevée de mai et juin 1968, l’unité des étudiants et des travailleurs était le plus souvent un slogan qu’une réalité [2] tant de barrières ayant été érigées alors, quelle satisfaction de voir maintenant dans les rues, les piquets de grève, la classe travailleuse s’amalgamant dans toutes ses composantes – en formation, au travail ou sans emploi, à la retraite – unie dans sa diversité pour défendre ses droits, et le commun avenir.
Faisons un rêve : rêve général.
[1] La manifestation nationale parisienne des sidérurgistes à Paris avait à peine commencé qu’elle était violemment prise à partie par la police, avec affrontements, arrestations, condamnations. Ce fut le mouvement qui clôtura, sur le plan social, « les années 68 ».
[2] On vit à Renault Billancourt le cortège étudiant solidaire accueilli par des grilles fermées, même si le dialogue s’établissait. Toutefois, en province, les relations furent plus nombreuses sans barrières.
Robi Morder
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Télécharger au format PDF : Manifestation spontanée – pas d’infraction mars 2023
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Violences policières en France : la FIDH et la LDH s’alarment
Paris, le 24 mars 2023 – Les violences policières qui répriment le mouvement pacifique de lutte contre la réforme des retraites accompagnent une manœuvre politique contestable sur le plan démocratique, bien qu’autorisée par la Constitution, pour faire passer une loi sans majorité parlementaire. Elles posent deux questions essentielles : celle de la liberté de manifester et celle du devoir des États à garantir les droits et la sécurité de leur population. Après une manifestation gigantesque émaillée de nouvelles violences, la FIDH appelle à l’arrêt immédiat des violences policières et à la reprise d’un débat démocratique serein dans le respect des principes constitutionnels.
À la violence parlementaire et politique s’est ajoutée la violence policière. La réforme des retraites, conduite par le gouvernement français et dont le principal point de crispation est l’allongement de la durée du travail, a été passée « en force » grâce à un mécanisme constitutionnel qui permet de contourner le contrôle parlementaire sur un projet de loi jugé indispensable, urgent, et dont l’adoption est rendue difficile faute de consensus : l’article 49, alinéa 3 de la constitution.
L’utilisation de ce mécanisme aura constitué un aveu d’échec de la part du gouvernement français, incapable d’assurer une majorité à l’Assemblée Nationale, mais aussi le recours à une disposition exceptionnelle qui soustrait le travail législatif à la compétence du Parlement pour le transférer à l’exécutif. Supprimant au passage tout débat parlementaire, toute opposition et toute voix discordante.
La violence policière en écho au passage en force législatifA Paris, des policier·es ont violemment pris à partie des manifestant·es pacifiques. Des brutalités particulièrement choquantes ont été filmées par plusieurs médias, par les observatoires indépendants initiés par la Ligue des droits de l’Homme (LDH), ainsi que par des manifestant·es. La FIDH et son organisation membre en France, la LDH, constatent également plusieurs gardes à vue arbitraires de militant·es retenu·es plusieurs heures au commissariat puis relâché·es sans aucune poursuite. Selon l’AFP, sur les 292 personnes placées en garde à vue en marge du premier rassemblement spontané jeudi, place de la Concorde, seules neuf ont été présentées au parquet, notamment pour des rappels à la loi. 283 procédures ont ainsi été classées sans suite, pour infraction insuffisamment caractérisée ou absence d’infraction.
La LDH et la FIDH regrettent une généralisation de l’absence d’identification des policiers (port du RIO, pourtant obligatoire). L’inquiétude concerne encore les témoignages d’agressions sexuelles commises par des policiers sur des femmes, comme c’est le cas à Nantes. Elles s’élèvent enfin contre la pratique des « nasses » pour le maintien de l’ordre, une privation de liberté collective qui échappe à tout état de droit.
La FIDH tient à rappeler que les États sont les garants des libertés publiques, y compris de la liberté de manifester pacifiquement, d’exprimer son opinion et de faire grève. Ils sont également tenus à s’abstenir du recours arbitraire à la force dans le cadre des opérations de maintien de l’ordre. Ils ne peuvent y avoir recours qu’en dernier ressort. Et même dans ce cas, cela doit être fait de façon proportionnée, dans un objectif de maintien de l’ordre public et de sécurité. L’impunité dont jouissent les forces de l’ordre coupables de violence doit cesser, de même que les intimidations contre les grévistes. Tout abus doit faire l’objet d’une enquête approfondie et indépendante et mener à la poursuite des auteurs. La FIDH appelle le gouvernement français à ses devoirs en matière de respect des droits. Il doit préserver en toutes circonstances le débat démocratique, la participation publique et le respect du rôle de l’assemblée. Enfin, la FIDH apporte son soutien à l’appel à la mobilisation de la société civile de son organisation en France, la LDH.
L’état de droit, seul apaisement possible
« Les françaises, les français ont de bonnes raisons de ne pas se sentir respecté·es par leur gouvernement » déclare Alice Mogwe, présidente de la FIDH. « Et le gouvernement français, qui ne perd que trop rarement une occasion de donner des leçons de démocratie et de respect des droits au reste du monde, devrait penser à être irréprochable sur ce point, comme sur celui des violences policières, parfaitement scandaleuses. »
« La LDH tire la sonnette d’alarme », a ajouté Patrick Baudouin, président de la LDH. « Le glissement autoritaire de l’Etat français, la brutalisation des rapports sociaux par le truchement de sa police, les violences de tout ordre et l’impunité sont un scandale majeur. La LDH se mobilisera toujours contre ces pratiques et pour l’état de droit, seul chemin possible vers le retour à l’apaisement en France. »
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Nos organisations alertent sur l’arbitraire policier et juridique mis en place comme stratégie de répression des manifestations
Après la décision préfectorale d’interdire les manifestations du 25 mars contre les mégabassines, les responsables de syndicats et d’organisations de défense des droits humains et de l’environnement s’alarment, dans une tribune au Monde, d’un « climat de répression et de violences » qui met en danger la liberté de manifester.
Face à la mobilisation citoyenne grandissante contre les mégabassines, les autorités publiques font le choix de la répression et non du dialogue. Cette répression s’est d’abord illustrée par les poursuites engagées contre les manifestants opposés aux mégabassines avec une dérive extrêmement grave de l’Etat visant à criminaliser, intimider et museler les mouvements sociaux.
L’utilisation du terme « écoterroriste » sans fondement, en est aussi un symptôme. Pour la mobilisation de Sainte-Soline (Deux-Sévres), cinq prévenus n’ayant pas pris part aux violences survenues durant la manifestation ont été condamnés à des peines de deux à trois mois de prison avec sursis et à trois ans d’interdiction du territoire des Deux-Sèvres.
Un jugement rendu sur le motif de « participation à un groupement en vue de commettre des dégradations ou violences », donc sur le simple fait de leur présence à la mobilisation massive qui a eu lieu le 29 octobre 2022 à Sainte-Soline. Cette automaticité de la peine pour avoir participé à une manifestation en défense d’un bien commun, l’eau, est un grave coup porté à la liberté de manifester. De plus, elle frappe de manière arbitraire parmi les manifestantes et manifestants. Rappelons que plus de 7 000 personnes ont manifesté à Sainte-Soline.
Une répression pénale et systématique injustifiable
Le délibéré des récents procès de Niort et de La Rochelle a témoigné d’un même mouvement sécuritaire. La circulaire du ministre de la justice en date du 9 novembre 2022, demandant une répression pénale et systématique dans le cadre de contestations de projets d’aménagement du territoire démontre une volonté politique du gouvernement de faire taire par tous les moyens les opposants à des projets de mégabassines, de plus en plus injustifiables aux yeux d’une grande part de la population.
Matériels de surveillance retrouvés à proximité du domicile d’un militant, passage à tabac d’un militant opposé aux mégabassines quelques jours après la mobilisation de Sainte-Soline,menaces de mort contre le porte-parole de la Confédération paysanne des Deux-Sèvres ; ce sont quelques exemples du climat de répression et de violences perpétrées qui, elles, n’ont fait l’objet d’aucune suite judiciaire pour le moment ni de condamnation de la part des représentants de l’Etat.
L’exemple de la lutte contre les mégabassines et de la répression dont elle fait l’objet, s’inscrit à cet égard dans la continuité des atteintes à la liberté de manifester et à la répression subie par le mouvement des « gilets jaunes ». Les autorités instrumentalisent de manière croissante depuis quelques années (rapport Amnesty International de septembre 2020) des lois contraires au droit international pour verbaliser, arrêter arbitrairement et poursuivre en justice des gens qui n’avaient commis aucune violence.
La liberté fondamentale de manifester
Enfin, les violences perpétrées récemment contre des paysans de la Confédération paysanne lors d’un barrage filtrant sur le viaduc de Millau, dans le cadre de la mobilisation contre la réforme des retraites, montrent que face à une opposition légitime, un usage disproportionné de la force publique est toujours de mise.
Nos organisations s’inquiètent et alertent sur les atteintes à la liberté de manifester et sur l’arbitraire policier et juridique mis en place comme stratégie d’intimidation et de répression des manifestations. Notre cri d’alarme vise à préserver la nature même d’un régime démocratique, la liberté fondamentale de manifester et la liberté d’expression citoyenne.
Les signataires de la tribune : Arnaud Schwartz, président de France nature environnement ; Benoît Teste, secrétaire général de la FSU ; Cécile Duflot, directrice générale d’Oxfam France ; Claire Dujardin, présidente du Syndicat des avocats de France ; Hélène Bourdel, porte-parole du Mouvement pour une alternative non violente ; Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France ; Khaled Gaiji, président des Amis de la Terre ; Murielle Guilbert et Simon Duteil, co-délégué·es généraux de l’Union syndicale Solidaires ; Nicolas Girod, porte-parole de la Confédération paysanne ; Patrick Baudouin, président de la LDH (Ligue des droits de l’Homme) ; Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT ; Youlie Yamamoto, porte-parole d’Attac France
Tribune collective initialement publiée dans Le Monde
24 mars 2023
https://www.ldh-france.org/24-mars-2023-tribune-nos-organisations-alertent-sur-larbitraire-policier-et-juridique-mis-en-place-comme-strategie-de-repression-des-manifestations-publiee-dans-le-monde/
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Déchainement policier à Sainte-Soline
Communiqué des Observatoires des pratiques Policières (comprenant notamment la Ligue des droits de l’homme et le Syndicat des avocats de France) présentes à Sainte-Soline (Deux Sèvres). Leur conclusion est claire sur l’intention des forces policières : « empêcher l’accès la bassine, quel que soit le coût humain ».
https://syndicollectif.fr/dechainement-policier-a-sainte-soline/
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Pétition pour la dissolution de la BRAV-M
La répression policière qui s’abat sur notre pays doit conduire à remettre à l’ordre du jour l’impératif démantèlement de la BRAV-M.
Le pays étouffe de témoignages d’exactions violentes et brutales commises par ces brigades motorisées à l’encontre des manifestants qui tentent de faire entendre leur opposition à un projet de régression sociale.
Ces témoignages circulent dans le monde entier, interpellent la communauté internationale et entachent l’image de notre pays. Ils font état d’un emploi disproportionné et arbitraire de la force et en contrariété avec le schéma national de maintien de l’ordre.
Brigade créée en mars 2019 sous l’impulsion du préfet Lallement pour bâillonner le mouvement des Gilets Jaunes, elle est devenue l’un des symboles de la violence policière.
Loin d’assurer un retour à l’apaisement, son action participe de l’augmentation des tensions, y compris à l’encontre des forces de l’ordre.
Aussi, son mode d’intervention évoque le souvenir des voltigeurs, des duos de policiers montés sur une moto pour disperser les manifestants, brigade dissoute en 1986 après l’assassinat de Malik Oussekine, roué de coups par trois voltigeurs en marge de contestations étudiantes.
Le droit de manifester convoque des droits fondamentaux garantis par notre corpus constitutionnel : la libre communication des pensées et des opinions, la liberté d’aller et venir ou encore la liberté de réunion et d’association. Il nous incombe de les préserver et de nous opposer à tout usage excessif de la force qui viendrait les entraver.
Nous sommes du côté de la colère sociale des manifestants et non de celui du flash-ball, des grenades, des matraques et des nasses.
Nous demandons la dissolution de la BRAV-M. Stoppons le massacre.
https://petitions.assemblee-nationale.fr/initiatives/i-1319
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Rappel :
Léane Alestra : Les violences sexuelles de la police sur les manifestant·es sont une arme de guerre
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/03/25/les-violences-sexuelles-de-la-police-sur-les-manifestant·es-sont-une-arme-de-guerre/
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Solidarité ukrainienne avec le mouvement social en France
Des photos d’un rassemblement de solidarité avec le mouvement social contre les retraites en France, de camarades de la section du Sotsialnyi Rukh (Mouvement social) de Lviv.
« Si le peuple ukrainien n’est pas victorieux, nous verrons la montée du fascisme des deux côtés (en Russie et en Ukraine). Si vous perdez votre combat, cela favorisera un type de gouvernance autocratique dans toute l’Europe » Maksym






Le Forum tunisien des droits économiques et sociaux, solidaire avec le mouvement social en France
En solidarité avec le mouvement social français contre la nouvelle loi de la retraite Depuis quelques semaines, la France connaît une montée continue et de grande envergure des mouvements syndicaux et sociaux s’opposant au nouveau projet de loi relative à la réforme du système de retraite et le décalage de l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans. Les protestations continuent dans la capitale française Paris et bien d’autres villes pour contester l’insistance du président Emmanuel Macron à faire passer ladite loi ainsi que l’imposition d’un calendrier serré pour la discuter tout en ignorant les demandes des syndicats et de l’opposition politique.
Le recours à la modalité constitutionnelle 49/3 permettant l’adoption de la loi sans vote n’a fait que provoquer davantage la colère populaire et l’élargissement de l’opposition politique voyant des jeunes se joindre aux mouvements ainsi que l’expansion des confrontations entre protestataires et forces de l’ordre.
Ce mouvement social de large envergure, né au lendemain de la pandémie du Covid et à la lumière d’une inflation du coût de vie causée par la guerre entre l’Ukraine et la Russie, représente un tournant historique que la France n’a pas connu depuis des décennies. Il reflète l’attachement des Français et des Françaises à leurs acquis en matière de protection sociale comme l’un des piliers du modèle social Français et leur acharnement à défendre le rôle social de l’Etat ici menacé.
Le mouvement des gilets jaunes fut un changement qualitatif sans précédent dans l’histoire des protestations et des mouvements, sa mobilisation et lancement ayant été effectués à travers les réseaux sociaux sans tutelle de nulle partie partisane ou syndicale. Adoptant le gilet jaune comme symbole, ce mouvement est venu à la suite de la décision gouvernementale concernant la taxation du carburant pour ensuite se transformer à un moyen d’expression d’inquiétudes sociales plus larges tel que la détérioration des salaires et la profondeur des vulnérabilités sociales mais aussi les souffrances des classes moyennes, des jeunes, des familles et des femmes à revenus limités.
L’affirmation du front syndical uni que la mobilisation et l’organisation des grèves continueront dans le but d’imposer l’avortement de la loi, et la transformation de la crise actuelle en une crise politique aigue confirment que les mouvements syndicaux et sociaux français expérimentent une mutation qualitative et un tournant décisif qui dépassent le problème premier du système de retraite. De même, l’union des forces de gauche et leur inscription dans les luttes politiques et de terrain renforce les opportunités de la lutte contre la droite française libérale et conservatrice et représente une lueur d’espoir pour les forces progressistes européennes et mondiales.
Durant les quelques dernières années de l’ère Macron réputé être le président des riches, la France a connu une grande augmentation de la moyenne de vulnérabilité et des nombres des sans-abris. Des milliers de personnes souffrent sous le poids de la pauvreté, avec les migrant.es à la tête de la liste ainsi que les habitant.es des périphéries urbaines des grandes villes. La France vit une situation sociale particulière sous la menace d’un élan d’extrême droite porteur de xénophobie et d’un discours haineux envers les migrant.es aggravant la discrimination sociale à l’égard des minorités et compromettant les valeurs démocratiques et humaines de l’héritage révolutionnaire français.
Le Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux (FTDES), qui entreprend des relations de solidarité avec plusieurs syndicats et associations françaises et des espaces de luttes communes pour la liberté, la démocratie, la justice sociale, et la défense des doits des migrant.es dans le cadre d’un mouvement altermondialiste refusant les politiques néolibérales, exprime sa solidarité avec le mouvement social français dans sa lutte courageuse.
Le FTDES, voyant dans les mouvements sociaux et protestataires que connaissent les pays du Nord comme celle du Sud depuis des décennies les marques d’un éveil et d’une résistance civique, considère la solidarité mondiale entre les peuples une condition pour l’avancée des résistances et le changement des dynamiques de force dans leurs luttes contre la dictature de la loi du marché et l’hégémonie de la logique du profit et l’attaque systémique des droits économiques et sociaux.
Le Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux
Abderrahmane Hedhili, Président
Tunis, 27 mars 2023
Stop à l’escalade répressive
Madame la Première ministre, Monsieur le ministre de l’Intérieur,
Le territoire français − et les grandes villes plus particulièrement − sont depuis plusieurs jours le théâtre d’opérations de maintien de l’ordre de grande ampleur, violentes et totalement disproportionnées.
Ces derniers jours ont vu le retour des nasses illégales, de l’usage d’armes mutilantes comme le LBD et les grenades de désencerclement ou explosives, du gazage à outrance, de l’emploi de policiers non formés au maintien de l’ordre et réputés pour leur violence, en particulier la brigade de répression de l’action violente motorisée (BRAV-M) et les brigades anti criminalité (BAC), avec des interpellations et des verbalisations indiscriminées, du matraquage systématique et des violences gratuites et attentatoires à la dignité, parfois même à l’intégrité physique des personnes.
Président de la LDH (Ligue des droits de l’Homme), association qui œuvre depuis1898 à la défense des droits et libertés, je ne peux que constater que vous faites le choix d’une escalade répressive pour briser des mouvements sociaux légitimes. Votre politique brutale plonge aujourd’hui le pays dans une situation particulièrement alarmante pour la démocratie.
Avec cette pétition, la LDH et l’ensemble des citoyennes et citoyens signataires appellent votre gouvernement à la raison et exigent de vous, Madame la Première ministre, Monsieur le ministre de l’Intérieur, le respect des droits fondamentaux.
Sous les plus brefs délais, nous demandons :
– l’interdiction des techniques d’immobilisation mortelles et des armes de guerre ;
– une révision des méthodes d’intervention de maintien de l’ordre (notamment la suppression de la BRAV-M et de la nasse) ;
– la suppression du délit de participation volontaire à un groupement formé en vue de commettre des violences ou des dégradations (article 222-14-2 du code pénal) et la fin des gardes à vue « préventives », de la politique du chiffre sur les interpellations ;
– un traitement judiciaire équitable des faits de violences policières et un meilleur encadrement des procédures d’outrage et rébellion ;
– une réforme des conditions autorisant les contrôles d’identité, aujourd’hui détournés de leur objet à des fins de pression et de répression ;
– le respect de la qualité des observatrices et observateurs indépendants et des journalistes, et plus généralement de la liberté d’informer et de rendre compte des pratiques des forces de l’ordre.
C’est là le préalable à un avenir commun apaisé. Car le risque d’un ordre qui déborde, c’est d’être lui-même bientôt débordé face aux tensions et à la radicalité qu’il exacerbe.
Patrick Baudouin, président de la LDH (Ligue des droits de l’Homme
Pour signer :
https://www.change.org/p/retraites-stop-à-l-escalade-répressive?redirect=false