Dernière lettre de Dmitry Petrov, militant libertaire russe, tué par l’armée russe à Bakhmut le 19 avril
« Je m’appelle Dmitry Petrov, et si vous lisez ces lignes, il est fort probable que je sois mort en luttant contre l’invasion de l’Ukraine par Poutine.
Je suis membre de l’Organisation de combat des anarcho-communistes (BOAK), et je le resterai après ma mort. La BOAK est notre idée, née de notre foi en une lutte organisée. Nous avons réussi à la porter de part et d’autre des frontières nationales.
J’ai fait de mon mieux pour contribuer à la victoire sur la dictature et pour rapprocher la révolution sociale. Et je suis fier de mes camarades qui se sont battus et se battent en Russie et au-delà.
En tant qu’anarchiste, révolutionnaire et Russe, j’ai jugé nécessaire de participer à la résistance armée du peuple ukrainien contre les occupants de Poutine. Je l’ai fait pour la justice, pour la défense de la société ukrainienne et pour la libération de mon pays, la Russie, de l’oppression. Pour le bien de tous ceux qui sont privés de leur dignité et de la possibilité de respirer librement par l’ignoble système totalitaire créé en Russie et au Belarus.
Une autre raison importante de participer à cette guerre est d’approuver l’internationalisme par l’exemple. À l’heure où l’impérialisme meurtrier suscite, en réaction, une vague de nationalisme et de mépris à l’égard des Russes, j’affirme, en paroles et en actes, qu’il n’y a pas de « mauvais peuples ». Tous les peuples ont le même problème : des dirigeants avides et assoiffés de pouvoir.
Il ne s’agit pas d’une décision ou d’une démarche individuelle. Il s’agit de la poursuite de notre stratégie collective visant à créer des structures durables et des combats de guérilla contre les régimes tyranniques de notre région.
Mes chers amis, camarades et parents, je présente mes excuses à tous ceux que j’ai blessés en partant. J’apprécie beaucoup votre chaleur. Cependant, je crois fermement que la lutte pour la justice, contre l’oppression et l’injustice est l’une des significations les plus dignes que l’homme puisse donner à sa vie. Et cette lutte exige des sacrifices, jusqu’à l’abnégation totale.
Pour moi, le meilleur souvenir est celui d’une personne qui continue à lutter activement, en surmontant ses ambitions personnelles et les conflits inutiles et nuisibles. Si vous continuez à lutter activement pour parvenir à une société libre fondée sur l’égalité et la solidarité. Pour vous, pour moi et pour tous nos camarades. Les risques, les privations et les sacrifices sur ce chemin sont nos compagnons constants. Mais soyez sûrs qu’ils ne sont pas vains.
Je vous embrasse tous.
Vos Ilya Leshy, Seva, Lev, Fil Kuznetsov, Dmitry Petrov. »
Télécharger la Lettre d’information du Comité belge du Réseau européen de solidarité avec l’Ukraine (RESU) n°15 – 8 mai 2023 :
UK 15vbr
Télécharger la présentation Solidarité Ukraine : presentation_Vmaibr
Entre les lignes entre les mots 
MARDI 20 JUIN : DÉBAT : LA GAUCHE UKRAINIENNE EN OPPOSITION À L’INVASION, LA GAUCHE RUSSE EN OPPOSITION À LA GUERRE
Le mardi 20 juin, le Réseau européen de solidarité avec l’Ukraine et des partenaires organiseront une soirée de débat à Gand avec Artem Tidva, militant syndicaliste ukrainien et activiste de gauche, et Maria Menshikova, activiste russe de gauche contre la guerre.
Artem Tidva est actif au sein de la fédération syndicale ukrainienne FPU et travaille pour la Fédération syndicale européenne des services publics (FSESP), la fédération européenne des syndicats des services publics. Artem est également actif au sein de l’organisation socialiste démocratique ukrainienne Соціальний рух / Social Movement.
Maria Menshikova fait partie du comité de rédaction de Журнал DOXA, l’une des voix progressistes anti-guerre les plus lues de Russie, et est active dans la Résistance féministe anti-guerre. Maria est également active au sein du Российское социалистическое движение / Russian Socialist Movement, qui s’oppose activement à la guerre contre l’Ukraine et au régime de Poutine. Elle est actuellement poursuivie par un tribunal russe pour « soutien au terrorisme » en raison de ses activités au sein de la Doxa.
Quelques questions qui seront abordées:
– Que font la gauche, les syndicats et les mouvements sociaux ukrainiens contre l’invasion de leur pays ? Quel rôle jouent-ils dans la solidarité et l’aide à l’intérieur et à l’extérieur de l’Ukraine ? Comment voient-ils l’avenir ?
– Quel rôle peuvent jouer le mouvement anti-guerre russe et les opposants démocratiques cohérents au régime de Poutine ? Comment soutiennent-ils l’opposition ukrainienne à l’invasion russe ? Comment envisagent-ils l’avenir ?
– Comment la gauche et les syndicats ukrainiens envisagent-ils la reconstruction de leur pays, pendant et après la guerre ? Comment parvenir à une Ukraine plus sociale et plus démocratique ?
– Comment aller de l’avant avec la Russie et la Fédération de Russie ? Quels types de réformes radicales sont nécessaires pour une Russie démocratique ? Qu’en est-il des nombreuses minorités nationales ?
Pour des raisons pratiques, le débat se déroulera en anglais, mais les interventions des participants pourront se faire dans leur propre langue dans la mesure du possible.
Le débat débutera à 19h30 (précises) et aura lieu dans la salle Fernandez de l’ABVV Oost-Vlaanderen (Vrijdagmarkt 9, Gand – entrée à la Meerseniersstraat), le mardi 20 juin. L’entrée est gratuite, mais une contribution libre aux frais est toujours la bienvenue.
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