Modifier les rapports sociaux ne peut se résumer à abolir la réalité, sans offrir des réponses socialement construites avec les actrices et acteurs, adultes, adolescent-e-s ou enfants

Si, de part le monde, la grosse majorité des enfants est invisible et leur travail inaperçu car dilué dans l’ensemble des activités familiales, un mouvement issu des métropoles développées prône l’abolition du travail des enfants.

Contre la simplicité inopérante d’un tel mot d’ordre (abolition du travail des enfants) et son peu d’écoute des mouvements d’enfants travailleurs, l’éditorial Aurélie Leroy présente les « présupposé pour débattre ».

Deux textes généraux poursuivent son analyse, puis quelques textes illustrent la réalité du travail des enfants en Asie, Afrique et Amérique latine.

Je souligne l’article sur les enfants travailleurs du Pérou et celui sur les mouvements en Amérique latine. Contre « l’abolition », l’Union des enfants et adolescents travailleurs de Bolivie (UnatsBol) a permis la modification de l’article 61 de la nouvelle constitution présentée d’Evo Morales.

A lire en complément : M. Bonnet, K.Hanson, M.F. Lange, G. Paillet, O ? Nieuwenhuys, B. Schlemmer : Enfants travailleurs, repenser l’enfance (Editions Page deux 2006, 198 pages 17 euros) et Michel Bonnet : Regards sur les enfants travailleurs (Editions Page deux 1998, 230 pages 17 euros)

Alternatives Sud : Contre le travail des enfants ?

Editions SYLLEPSE, Louvain-la-Neuve 2009, 175 pages, 18 Euros

Didier Epsztajn

Un prince claque la porte

J’utilise pour cette note le titre d’un chapitre du dernier livre de Michel Warschawski qui traite aussi de l’ouvrage d’Avraham Burg dont le premier titre possible fut « Hitler a vaincu ».

L’auteur, ancien président de l’Agence juive et du mouvement sioniste mondial, ancien vice-président du Congrès juif mondial et président de la Knesset (le parlement israélien) est un membre de l’establishment. Ses dénonciations sont d’autant plus importantes, surtout en France où la moindre critique envers la politique de l’État d’Israël se trouve toujours sous les foudres d’accusations d’antisémitisme. Mais ce livre est aussi un témoignage sur le « judaïsme », non limité à ses dimensions religieuses, un dialogue entre un fils et la mémoire de son père, un livre de souvenirs. Continuer à lire … « Un prince claque la porte »

Refus de subordonner les droits à la souveraineté nationale

Les derniers livres d’Attac sont le fruit de compromis entre des positions plus ou moins radicales. « Parmi les questions soulevées, la complexité des rapports entre les peuples et les nations, le rapport entre la citoyenneté et les nationalités, le rôle de l’État et l’intérêt du cadre national pour l’avancée des luttes sociales, le rapport entre souveraineté nationale et souveraineté populaire dans le cadre de la mondialisation capitaliste. »

Cette démarche permet de présenter des réponses immédiates capables de rassembler, sans trancher sur d’autres problématiques dont les réponses ne peuvent être aujourd’hui qu’idéologiques et à faibles portées pratiques.

Comme le rappelle Gustave Massiah dans sa préface « Le critère d’appréciation d’une politique c’est celui de l’extension de la mise en œuvre des droits » tout en soulignant la subordination du droit international au droit des affaires.

Après un rappel de ce qu’est l’immigration : situation mondiale (200 millions de personnes en 2005 soit 3% de la population mondiale), place grandissante des femmes, état plus précis de l’immigration en France, les auteur-e-s analysent les dimensions permanentes des migrations dans l’histoire de l’humanité et ses spécificités contemporaines.

Les rejets des migrants dans l’Europe forteresse sont mis en regard d’interrogations et d’analyses sur la mondialisation, les concepts d’identité et de culture, les discriminations…

ATTAC prend parti pour la liberté d’installation, la liberté d’aller et venir et une citoyenneté ouverte (de résidence). De nombreuses propositions et revendications illustrent cette partie de l’ouvrage.

Le livre se termine par une lettre du président de la République de Bolivie au sujet de la directive européenne du retour, et une courte présentation des nouveaux mouvements pour la coordination des sans-papiers.

Un bon support pour l’animation de débats.

 ATTAC : Pour une politique ouverte de l’immigration

Editions Syllepse, Paris 2009, 117 pages, 7 euros

 Didier Epsztajn

Multipolarité et convergence

Cette publication rend compte des débats qui ont animé les ateliers Sociologie lors du quatrième congrès organisé en 2004 par la revue Actuel Marx.

Pour les auteurs, « la multipolarité de l’archipel salarial, les clivages culturels si profonds entre professions intellectuelles et salariat d’exécution (ouvriers, employés, voire techniciens), entre modes de vie rend beaucoup plus compliquée la convergence des luttes anticapitalistes. D’autant plus que le grand espoir du XXe siècle (l’avènement d’une société socialiste), s’il ressurgit aujourd’hui sous d’autres formes à travers les mobilisations contre le néolibéralisme, a subi une terrible désillusion. »

La première partie « Approches transversales » interroge la notion de luttes de classes en regard des modifications sociologiques et culturelles des trente dernières années (articles de Jean Lojkine, Gérard Mauger, Pierre Cours–Salies, Stéphane Rozès et Michel Vakaloulis).

La seconde partie du livre est centrée sur la « Transformation du travail et conflits sociaux » (René Mouriaux, Stéphen Bouquin sur la visibilité et l’invisibilité des luttes, Armando Fernandez Steinko sur les employés espagnols de la nouvelle économie) Eveline Perrin décripte la notion de précariat et Philippe Coulangeon revient sur les intermittents du spectacle et la flexibilité.

La troisième partie de l’ouvrage traite des luttes enseignantes et de leurs rapports à la reproduction sociale (Jean-Pierre Terrail, Stéphane Bonnéry, Christian Laval, Bernard Geay).

La mondialisation des luttes est l’objet de la dernière partie : Recomposition de la classe ouvrière aux USA (Marianne Debouzy), analyse des rapports sociaux sexués (Hélène Hirata), le Chili et naturalisation libérale (Maria Emilia Tijoux). Le recueil se termine par une analyse rare de la société indienne (Gérard Heuzé), je n’ai malheureusement pas les compétences pour en juger la pertinence.

La quatrième de couverture ne rend pas compte de la richesse des questions soulevées. Les auteur-e-s rompent avec la vulgate se réclamant du marxisme, sans se réfugier dans les classifications mythologiques autour des classes moyennes.

Analyser les obstacles aux mobilisations, à leurs jonctions, appréhender les effets déstructurant des modifications sociales, ne pas se laisser aveugler par les « faits » mais prendre en compte les évolutions contradictoires, les échanges, nécessairement collectifs et pluriels comme dans cet ouvrage, concourent à notre réflexion.

Sous la direction de Jean Lojkine, Pierre Cours-Salies et Michel Vakaloulis

Actuel Marx Confrontation Editions PUF, Paris 2006, 292 pages, 25 euros

Didier Epsztajn

Identité kanak(e) et destin commun

Ce livre est présenté sous forme d’entretiens autour de plusieurs grands sujets. La première partie est plus autobiographique et revient sur la prise de conscience, les études et l’accès à la direction du FNLKS (Front de libération nationale kanak socialiste) de l’auteur membre du Palika (Parti de libération kanak se réclamant du socialisme et du marxisme) et président de la province nord. Continuer à lire … « Identité kanak(e) et destin commun »

Démontage de mécano

« La finance ressuscite à intervalles réguliers le rêve de vaincre sa pesanteur à elle : gagner plus à risque constant, ou risquer moins à rentabilité égale. »

Le propos de l’auteur est centré sur la crise financière et la nécessaire confrontation à la technique « la critique radicale est d’emblée préjugée illégitime quand bien même les événements ne cessent de lui donner raison. Surmonter cet obstacle exige de l’analyse critique qu’elle ne le cède en rien dans la technicité, alors que ce registre menace de l’éloigner de ceux à qui elle voudrait s’adresser en priorité. »

Et cet usage de la technique prépare son propre dépassement et « n’est pas autre chose que le prix à payer pour mieux accéder à un discours politique. »

Avec brio et humour féroce, Frédéric Lordon analyse en détail les mécanismes et les ingrédients de l’aveuglement de « la concurrence et la cupidité », le « fléau de l’innovation financière », « les effets catalytiques du moment de vérité » sans oublier « L’État, sauveteur pris en otage ».

Un par un, l’auteur démonte les mécanos financiers, décrypte les produits élaborés par les rapaces modernes, montre l’insanité de la titrisation itérative comme parade clownesque au risque et facteur principal de sa généralisation, les fausses promesses des dérivés de crédit, le mensonge collectif sur liquidité permanente, le crédit aux ménages comme drogue dure occultant la baisse de la part des salaires dans le partage des richesses, etc.

A juste titre, l’auteur en déduit qu’il faut « tout changer !»

Les propositions avancées en fin d’ouvrage me semblent plus discutables. Sans nier leur pertinence, il me semble que les réponses devraient être articulées aux propositions sociales et politiques qui tentent de répondre à la crise systémique du mode de production capitaliste.

Quoiqu’il en soit, le livre de Frédéric Lordon est une œuvre salutaire et plus que nécessaire pour comprendre les mécanismes de la pagaille actuelle. Loin des discours convenus, avec une grande pédagogie, l’auteur nous permet d’accéder au concret derrière les brumes, les fantasmes et le délabrement de la pensée néolibérale.

« La déréglementation financière du milieu des années 1980 restera au total comme un cas d’école de l’ignorance crasse des enseignements de l’histoire et de la théorie économique la plus éclairée. »

Frédéric Lordon : Jusqu’à quand ? Pour en finir avec les crises financières

Raisons d’agir, Paris 2008, 220 pages, 10 euros

Deux chapitres sur le site de ContreTemps : http://www.contretemps.eu/lectures/telecharger-deux-chapitres-livre-frederic-lordon

Didier Epsztajn

Shmiel et ses filles

A travers le monde, une quête de savoir, la recherche de lieux, de temps, des comments et des moments de la mort de Shmiel, sa femme et ses filles, détruits comme des millions juifs par les nazis. Un puzzle, voyage improbable de continents en pays, itinéraires vertigineux en forme de roman policier.

Quelques centaines de pages, pour reconstruire les derniers instants de disparu-e-s.

Une immersion dans l’histoire, pour que l’oubli ne submerge pas insensiblement les histoires.

Daniel Mendelsohn : Les disparus

Traduit de l’américain

Réédition J’ai Lu, Paris 2009, 930 pages, 10,40 euros

Didier Epsztajn

Nature particulière de ces chiffres tatoués sur le bras

Il faut lire et relire les documents et les témoignages sur les camps d’extermination nazis pour la mémoire et la dignité de celles et ceux qui disparurent dans cette terrible œuvre humaine. « Le camp était conçu de telle façon que sa violence semblait l’œuvre de détenus eux-mêmes. »

Je me souviens qu’enfant je ne pouvais comprendre la nature particulière de ces chiffres tatoués sur le bras d’une cousine. Plus tard, ces traces furent un des ciments de l’engagement à transformer le monde pour au moins essayer de ne pas en être une victime innocente…

Lire et relire pour énoncer ce qui fut trop longtemps l’indicible, pour essayer d’approcher ces réalités, en comprendre des causalités, pour démonter les mécanismes de l’obscurité de la raison.

Il est et sera nécessaire d’éclairer les similitudes et les différences avec d’autres événements tout en insistant sur le caractère irréductible des uns aux autres.

Et il faudra aussi poursuivre ce travail de mémoire sur d’autres génocides, sur les camps staliniens, sur les crimes de la colonisation, sur les crimes de guerre et sur les indifférences. Car tout ce qui est humain ne peut nous être étranger sauf à ne jamais trouver/créer de chemins réellement ouverts vers l’émancipation.

Le livre de Charles Liblau nous parle d’Auschwitz avec la volonté de comprendre comment des hommes sont amenés à devenir kapos, auxiliaires de l’organisation quotidienne de l’annihilissement d’autres êtres humains et particulièrement de la destruction des juifs d’Europe. Un regard d’un humanisme rare, de colère mais sans aveuglement, l’auteur explore par des mots très simples les vilenies de ses contemporains.

Le camarade Berger, stalinien du parti communiste polonais, Émile voleur professionnel, le moins ignoble de tous, Ignatz ancien dirigeant régional du parti communiste allemand, Franz et Kurt nazis convaincus et enfin Ringo tzigane engagé volontaire dans l’armée du troisième Reich sont décrits comme autant de dérives possibles dans un monde de haine et de survie très aléatoire. Qu’ils soient coupables, sans circonstance atténuante, ne fait aucun doute, mais reste à comprendre ce qui fait basculer des hommes dans ces actions de complicité avec les destructions d’autres êtres humains.

« L’étrange existence au camp, son atmosphère unique se situant entre l’hallucination et la réalité, donnait naissance à des idées et une pratique que nul esprit normal ne saurait comprendre. »

Dans cette zone grise (si bien décrite dans la belle introduction d’Enzo Traverso) « l’univers dans lequel les prisonniers se sentaient précipités était non seulement effrayant mais aussi indéchiffrable » des hommes ordinaires se sont comportés de manière impensable.

Une courte postface, souvenirs sur sa mère et ce yiddishland aujourd’hui rayé de la carte, conclue ce livre bouleversant.

Qui peut aujourd’hui dire de quel coté sa bascule aurait éventuellement penchée, quels actes auraient été plus ou moins assumés, quelles justifications auraient été argumentées, quelles complicités auraient été développées par inclinaison, par stupidité ou par idéologie.

Ce regard humain, incliné vers la mémoire et la recherche des faces ignobles de l’humanité, c’est aussi un peu notre regard tourné vers les autres et vers nous même. Merci monsieur Liblau pour cet espace de réflexion.

Charles Liblau : Les kapos d’Auschwitz

Editions Syllepse, Paris 2005, 160 pages, 17 euros

Didier Epsztajn

Parcours subjectif iconographique

Jacques Le Goff souligne en début d’ouvrage, qu’il n’est pas un historien de l’art. Ces choix iconographiques et ses commentaires sont « ceux d’un historien et d’un touriste éclairé par sa connaissance du Moyen Age et qui exprime ses impressions ses réactions face à une collection d’images nées de la rencontre d’un tour de longue durée d’une quarantaine d’années dans un aussi grands nombres de lieux possibles (villes, monuments, musées) à la recherche du Moyen Age conservé et vivant dans le présent et au hasard de la documentation visuelle que j’ai pu y acquérir, essentiellement des cartes postales. » Continuer à lire … « Parcours subjectif iconographique »

Notions de Finance

Pour celles et ceux qui veulent approfondir les débats autour de la finance dans la nouvelle période du capitalisme, je signale la parution d’un ouvrage collectif chez Actuel Marx.

Les contributions traitent particulièrement de :

  • la spécificité de l’apport de Marx par rapport aux autres penseurs de l’économie (Ricardo, Keynesn, etc.),
  • des notions de capital porteur d’intérêts, de capital fictif, de « force impersonnelle tournée exclusivement vers son autovalorisation et son autoreproduction »
  • des contradictions internes des classes dominantes et leur coopération face aux luttes populaires, de la théorie de l’Etat et ses articulations aux structures de classe,
  • de la financiarisation comme mode de répartition adéquat aux nouvelles conditions de reproduction du capital.

Des débats et des outils pour comprendre comment l’argent semble rapporter de l’argent « comme un poirier porte des poires » selon la plaisanterie de Marx.

Suzanne de BRUNOFF, François CHESNAIS, Gérard DUMENIL, Dominique LEVY et Michel HUSSON : La finance capitaliste

Collection Actuel Marx Confrontation, PUF 2006, 255 pages 25 euros

Didier Epsztajn

Compléments inversés de la mémoire

Peter Esterhazy avait publié un roman à la mémoire de son père Matyas. Mais la réalité n’offre pas de stabilité sans rebondissement, sans espace où le vrai devient faux. Inimaginable banalité grise des existences.

1989, chute du mur de Berlin et délitement des régimes du communisme réellement existant, puis une autre époque. Le dévoilement de l’histoire, l’ombre étendue des polices, la réalité sordide éclairent d’une lumière inattendue les projections de la veille.

En ouvrant un dossier, l’auteur reconnaît l’écriture de son père. Il faut recomposer, enrichir la mémoire, vêtir l’être aimé d’une nouvelle dimension : agent de la police secrète du régime.

« Revu et corrigé » intègre des extraits du dossier du père, formant une espèce de journal immergé dans le mensonge et la détresse. Une œuvre littéraire d’une grande puissance, un roman au présent des déchirures, des incertitudes et une méditation sur la liberté.

Peter Esterhazy : Revu et corrigé

Traduit du Hongrois

Editions Gallimard, Paris 2005, 400 pages, 26,50 euros

Didier Epsztajn

Du coté des revues n°3

Le dossier de la revue « Les mondes du Travail »  sur des territoires peu explorés « Splendeur et misères du travail associatif » analyse et interroge l’intérêt général, l’utilité sociale, le bénévolat, le service aux familles, les usages politiques du volontariat en France et aux Etats-Unis.

Cette thématique est complétée entre autres d’un article de Danièle Linhart sur « L’ambigüité de Mai 68 ».

La dernière livraison de ContreTemps contient un très riche dossier sur le capitalisme, les crises et le développement. Comme l’indiquent les coordinateurs (Cédric Durand et Vincent Gay), dans leur introduction : « L’objectif du présent dossier de Contretemps est de proposer une multiplicité d’approches des problèmes de la croissance et du développement économique. Les contributions réunies ne forment pas à priori une cohérence d’ensemble. Elles partagent cependant une vision émancipatrice des rapports sociaux des êtres humains entre eux et vis-à-vis de la biosphère. La diversité des points de vue proposés permet de poser une série de jalons qui esquissent l’espace des possibles d’une construction «économico-politique non capitaliste. »

Le dossier est complété entre autres d’un texte de Sonia Dayan-Herzbrun sur l’autonomie des femmes en pays d’Islam.

Les mondes du Travail

Numéro 5, janvier 2008, Amiens, 125 pages, 10 euros

ContreTemps n° 21 : Capitalisme, crises et développement

Textuel, Paris 2008, 190 pages, 19 euros

Didier Epsztajn

Transgression de barrières disciplinaires

Après un volume qui présentait des « Approches dissidentes » (PUF 2005) dont celles d’Ernst Bloch, Antonio Gramsci, Lucien Goldmann et Pierre Bourdieu, les auteurs récidivent en nous présentant une liste d’auteurs « inévitablement arbitraire » pour modestement « introduire un peu de jeu, dans tous les sens du mot, dans ce vénérable champ disciplinaire, en y jetant quelques graines d’insolite. »

Pour les lectrices et lecteurs curieux de sociologie des religions, du tarentisme, du culte des Zar, de mante religieuse ou plus simplement d’éclairage insolites, le parcours sera riche de découvertes sur des auteurs aussi variés que W.E.B. Dubois, Walter Benjamin, Erich Fromm, Michel Leiris, Roger Callois, Lydia Cabrera, Ernesto De Martino, E. P. Thompson ou Eric Hobsbawm.

Certains d’entre eux, comme Erich Fromm, E. P. Thompson ou Eric Hobsbawm, ont réfléchi sur la religion dans une perspective explicitement anticapitaliste. C’est aussi le cas de l’inclassable Walter Benjamin dans son fragment de 1921 « Le capitalisme comme religion ».

J’ai revisité avec grand plaisir, l’analyse du « processus de sécularisation de l’œuvre d’art, dont les grands traits sont : a) l’art comme instrument des cultes et rituels magiques ; b) l’art au service des cultes et rituels religieux ; c) sécularisation partielle dans le culte du beau (de la Renaissance au XIXe siècle), qui à travers l’aura des œuvres d’art, garde un lien avec le cultuel et le rituel ; d) sécularisation radicale, par les techniques de reproduction mécanique. »

A la découverte de Lydia Cabrera (A la découverte des religions afro-cubaines) et d’Ernesto De Martino (Magie, fascination et crise de la présence), j’ai aussi particulièrement apprécié « Le blues du sociologue noir américain » sur W.E.B. Dubois ; « Eric Fromm, des frères Weber à Marx et Freud » ; « Eric Hobsbawm, sociologue du millénarisme paysan » et « Le sacré incandescent » sur Michel Leiris.

En mécréant, je tiens à citer un autre passage sur Walter Benjamin « le concept de révolution, suggère Benjamin, est une sécularisation de l’interruption messianique du cours de l’histoire, et celui du prolétariat comme  »classe rédemptrice », une sécularisation du Messie lui-même. Ce type de sécularisation garde encore la force explosive et apocalyptique du messianisme, ce qui fait, aux yeux de Benjamin, sa valeur. »

Regarder du coté du sacré, excédant le religieux, c’est aussi ouvrir de nouvelles fenêtres dans la compréhension critique du monde, sur la pensée et l’espérance.

Erwan Dianteill et Michael Löwy : Sociologies et religion, Approches insolites

PUF, Paris 2009, 175 pages, 29 euros

Didier Epsztajn

Irréductible à sa lettre

Commençons par un pas de travers, du coté de chez Swann et l’énigmatique dernière phrase « Dire que j’ai gâché des années de ma vie, que j’ai voulu mourir, que j’ai eu mon plus grand amour, pour une femme qui ne me plaisait pas, qui n’était pas genre ! »

« Le Capital est construit comme « La recherche du temps perdu » » et Daniel Bensaïd indique « Chez Proust, on part de la madeleine. On la croque, il en sort tout un monde : le coté de Méséglise et le coté de Guermantes, et tout un système de valeurs apparaît. Marx part de la marchandise, de ce qu’on a sous la main de plus banal, une table, un crayon, une paire de lunettes. On l’ouvre, et il en sort le travail abstrait et le travail concret, la valeur d’usage et la valeur d’échange, le capital constant et le capital variable, le capital fixe et le capital circulant… Tout un monde, là aussi   Et, au bout de la recherche ou de la critique, la boucle est bouclée. Dans Le temps retrouvé, le coté de chez Swann et celui de Guermantes finissent par se rejoindre. Dans le procès de la reproduction d’ensemble, on retrouve le Capital en chair et en os, comme grand sujet vivant de la tragédie moderne. » Continuer à lire … « Irréductible à sa lettre »

Violences, clichés et domination masculine

Dans ce petit livre très clair est abordé l’ensemble des problématiques et des débats actuels autour de la prostitution : marchandisation des corps, traite, tourisme sexuel, rapport de domination, violences, abolitionnisme et réglementation, etc.

Les auteur-e-s nous rappellent « que le système de la prostitution n’est pas seulement fondé sur les inégalités entre hommes et femmes. Il est aussi structuré par les inégalités entre catégories sociales et par les inégalités d’origine ethnique. »

La place des clients de prostitué-e-s n’est pas contournée et l’expérience de la Suède (criminalisation des clients) est valorisée sans pour autant clore le nécessaire débat.

Un chapitre « ni métier, ni offre de service » très argumenté, polémique sur les thèses hasardeuses d’un lien entre le combat des féministes pour la maitrise du corps, de la contraception et de la sexualité et le droit de se prostituer.

Les nouvelles réglementations et leurs conséquences sont aussi analysées, sans oublier les remises en cause des clichés liant prostitution et désirs irrépressibles ou la misère sexuelle des hommes.

Parmi de nombreuses mesures proposées, les auteur-e-s soulignent la nécessité de supprimer de toutes les lois tendant à pénaliser, voir à criminaliser les prostituées.

Une lecture très abordable à compléter éventuellement par « La condition prostituée » (Lilian Mathieu, Textuel 2007) ; « La mondialisation des industries du sexe » (Richard Poulin Imago 2005) et le numéro d’Alternatives Sud (Centre tricontinental et Éditions Syllepse 2005).

ATTAC : Mondialisation de la prostitution, atteinte globale à la dignité humaine

Mille et une nuits, Paris 2008, 111 pages, 3 euros

Didier Epsztajn

Diversité et tendances de fond

Ce numéro d’Alternatives Sud offre un large panorama des mouvements sociaux dans les pays dits du sud.

Il rassemble trente trois contributions portant sur les réalités nationales et régionales d’Amérique latine, d’Afrique subsaharienne, du Maghreb et du Moyen-Orient et d’Asie. Les différent-e-s auteur-e-s, engagé-e-s mais lucides, décrivent les dynamiques parfois contradictoires des luttes. La vague de démocratisation commencé dans les années 80 se poursuit mais se heurte aux intérêts des classes possédantes dans un contexte marqué par la lutte contre le terrorisme orchestré par les USA.

Comme l’indique François POLET, dans son introduction « Les mouvements sociaux sont révélateurs des tensions et des aspirations qui travaillent des sociétés dont les asymétries internes historiques, produit de leur trajectoire précoloniale, coloniale puis postcoloniale, sont exacerbées par les politiques économiques qui prévalent depuis une trentaine d’année ».

Une lecture utile pour connaitre le concret des résistances, des avancées et des difficultés dans des pays pas toujours à la pointe de l’actualité. La mondialisation capitaliste déplace et remodèle les exploitations et les oppressions. Le nouveau cycle de résistance des peuples pose une fois de plus la question d’un autre monde possible et souhaitable. Et pour certain-e-s, il y a urgence.

Reste que le terme même de « mouvements sociaux » est peu défini et ne permet pas toujours de comprendre les rapports d’exploitation (de classe) ou de domination (genre, nationalité, caste, etc.) ni quels groupes sociaux sont acteurs dans les mobilisations décrites.

Alternatives Sud : État des résistances dans le sud 2008

Editions SYLLEPSE, Louvain-la-Neuve 2007, 240 pages, 18 Euros

Didier Epsztajn

Qu’ils s’en aillent tous !

Le livre de Guillermo Almeyra débute par une présentation des modifications induites par la mondialisation (état, dette extérieure, chômage, nationalisme, religiosité, relations entre groupes sociaux). Les processus en Argentine sont donc mis en relation avec les formes actuelles d’organisation économiques, sociales et politiques.

Au centre de la démarche, des réflexions approfondies, sur l’autogestion, l’autonomie des mouvements sociaux, la construction des sujets et l’auto-organisation, permettent à l’auteur de nous présenter une histoire non linéaire, des pistes pour comprendre les succès, les carences des avancées sociales et politiques.

Les luttes en argentine sont confrontées avec les expériences équatorienne, bolivienne, zapatiste ou du MST du Brésil et aussi à d’autres expériences plus anciennes comme celles de l’Algérie de Ben Bella ou de la Pologne de Solidarnosc.

Des discutions sont ouvertes avec Holloway et le sous-commandant Marcos sur le pouvoir, avec Gramsci sur l’hégémonie.

Les acteurs et leurs modes d’organisation, (piqueteros, cartoneros, associations de voisins, femmes agricultrices, etc.) les émergences de nouvelles sociabilités sont scrutées sans cacher des tendances régressives qui peuvent s’y mêler (mysticisme, violence…).

L’auteur insiste particulièrement sur les expériences de remises en route d’usines : les ouvriers sans patrons « Occuper, résister, produire » et analyse la portée et les limites du mot d’ordre « Qu’ils s’en aillent tous ! ».

Une lecture stimulante mêlant histoire, analyses et réflexions dans la recherche d’une sortie émancipatrice à la catastrophe qui frappe le sous-continent.

Cette lecture peut être complétée par l’ouvrage de Hugo Moreno paru en 2005 « Le désastre argentin – Péronisme, politique et violence sociale (1930-2001) chez le même éditeur et par celui de François Chesnais et Jean Philippe Divès « Que se vayan todos ! – Le peuple d’Argentine se soulève » chez Nautilus (2002).

Guillermo ALMEYRA : Rébellions d’Argentine, Tiers état, luttes sociales et autogestion

Editions Syllepse, Paris 2006, 254 pages,  22 euros

Didier Epsztajn

Déviances, normes et jeunesse populaire

« La chronique médiatique de la délinquance juvénile est à la fois discontinue et récurrente. »

Gérard Mauger insiste dès son introduction sur la capacité des médias à porter sur la place publique des problèmes de sociétés.

Afin de ne pas se tromper de débat, il convient de faire un rappel des définitions : délinquance (ce que mesure les statistiques judiciaires et policières), délinquance juvénile (la part de la délinquance des jeunes, juridiquement ou sociologiquement définis) et bandes de jeunes (la délinquance des jeunes des classes populaires). « Le monde des bandes peut-être défini comme le répertoire des formes de sociabilité propres aux jeunes des classes populaires qui font l’objet, à tort ou à raison, d’une présomption de délinquance. »

Le premier chapitre est consacré à la construction de l’objet délinquance juvénile. Il s’agit tout à la fois d’une construction juridique (ordonnance de 1945) et d’une construction sociale.

Trois éléments soulignés par l’auteur me semble centraux : la variabilité de la définition sociale de la déviance, le couple déviance norme et la non étanchéité entre déviance et délinquance.

Sans entrer dans le détail de l’analyse et des modifications essentielles des années 2000 (définition judiciaire de la responsabilité), il ressort des études « la forte corrélation entre la pauvreté d’un quartier et le taux de délinquants juvéniles qui y résidaient.» Mais, faut-il le préciser, corrélation ne veut pas dire effet mécanique, ni encore moins que délinquance et pauvreté serait un couple naturel. Il s’agit ici d’étudier des structures et relations sociales.

En citant des travaux publiés, l’auteur précise que « la délinquance d’appropriation des mineurs ne progresse plus que faiblement, alors que les violences et la délinquances expressive des mineurs sont en forte croissance. »

Le second chapitre parcourt les théories de la délinquances juvéniles et offre « un inventaire raisonné des schèmes d’interprétation. »

Des années 50 aux années 70, les médias stéréotypent les blousons noirs puis les loubards. Au début des années 80 est créée la figure des jeunes des cités.

Le troisième chapitre traite « des blousons noirs aux loubards », le suivant « des loubards aux jeunes des cités » Les descriptions de Gérard Mauger me semblent toujours très pertinentes. En insistant sur les modifications sociales, en détaillant le monde des bandes entre « inaffection, virilité et bizness » en précisant les évolutions avec l’âge, l’auteur nous offre une véritable réflexion politique, même s’il ne se reconnaitrait peut-être pas sur ce vocable.

Je ne peux cependant cacher mes irritations sur l’usage d’un certain vocabulaire sociologique et ma réticence plus forte encore à l’usage de la notion de capital (symbolique, culturel, etc). Le capital reste pour moi, avant tout un rapport social et non simplement une ressource.

Quoiqu’il en soit, ce petit livre offre des analyses, historiquement situées, loin des simplifications et des naturalisations médiatiques.

Un livre aussi utile pour argumenter contre les dérives et délires répressifs, sœur et frère du libéralisme économique.

 Gérard Mauger : La sociologie de la délinquance juvénile

La Découverte, Paris 2009, 122 pages, 13 euros

 Didier Epsztajn

La culture et la tradition occidentale, esprit du monde, légitimées comme totalité de sens, définissaient l’Autre, le barbare, l’infidèle comme sujet à civiliser

Fernando Matamoros Ponce analyse la pensée des vainqueurs (C. Colomb, Herman Cortés, B. de Sahagun et J. de Mendieta) dans leurs dimensions religieuses, mystiques, messianiques, utopiques et politiques. Destructrice, la pensée coloniale accompagne l’expansion qu’elle pare des vertus de la modernité et de la civilisation.

Pour comprendre des phénomènes comme la « découverte », la conquête, il convient de se replonger dans ce 16ème siècle, début de la « modernité » mais profondément inscrit dans son passé et présent religieux. Ce serait un anachronisme que de réfléchir à ces événements sous les seuls angles du militaire, du territoire ou encore plus du capitalisme naissant. La religion, dans ses multiples dimensions, irriguait la pensée, déterminait pour grande partie les possibles, dominait les actions des hommes.

Les références méthodologiques de ce livre se trouvent chez Walter Benjamin « Écrire l’histoire à rebrousse poil » et chez Nathan Wachtel « Écrire du point de vue des vaincus ».

Comme le souligne Michaêl Löwy dans sa préface « Dans le discours des découvreurs, des conquérants et des missionnaires, se dit le projet d’organisation du temps et de l’espace social, dans lequel ils rêvent d’assurer la domination et/ou l’universalisation de la pensée chrétienne occidentale ».

Malgré les massacres, l’ethnocide (pour utiliser un terme moderne) « le processus de résistance et de reconstruction de sens des pueblos indios fut à l’origine d’un remaniement des identités », l’actualité du soulèvement au Chiapas nous incite « à changer pour mieux vivre, vivre pour changer un monde si arrogant dans ses vérités universelles à l’encontre des formes traditionnelles ».

Dans la première partie de l’ouvrage « Religion et utopie dans les politiques de découverte et de conquête », l’auteur nous expose les actions et les conceptions de Christophe Colomb en particulier de sa vision du « Paradis terrestre », puis de Herman Cortés conquérant et « négateur de l’autre ».

La seconde partie « Prophétie et millénarisme dans la légitimation de la conquête » sera consacrée à deux missionnaires Bernardino de Sahagun et Jeronimo de Mendieta autour des notions de « providence, millénarisme, messianisme et de cité idéale ».

A chaque étape, l’auteur interroge les remaniements et les recréations des mémoires et des événements, les processus constitutifs des communautés et la vision des populations indiennes en lien avec leur négation même,

« Sous le ciel étoilé, des rêves nocturnes basculent en rêves diurnes. Des paroles symboliques et des mythes resurgissent pour se mêler aux modernes et prendre part au réel, une recherche active d’un temps perdu, de dieux bafoués et de héros assassinés. »

Une lecture difficile mais passionnante, à compléter ou à précéder de la lecture des ouvrages de Nathan Wachtel ( La vision des vaincus, Folio Histoire, 1971 et Le retour des ancêtres, Editions Gallimard Bibliothèque des sciences humaines, 689 pages, 1990)

 Fernando MATAMOROS PONCE : La pensée coloniale, Découverte, conquête et guerre des dieux au Mexique

Editions Syllepse, Paris 2006, 453 pages 30 euros

 Didier Epsztajn

Rappels à l’ordre sexué

Le présent ouvrage de Marylène Lieber est remarquable à plus d’un titre.

Il le serait déjà en tant qu’étude des politiques de sécurité et des représentations de l’insécurité dans la population. Il l’est d’autant plus que l’auteure, non seulement met au centre de son analyse les rapports sociaux de sexe (de genre), ce qui lui permet de montrer « le continuum des violences envers les femmes » et de dénaturaliser le statut octroyé et incorporé de victime, et elle assume, ce qui est bien rare, un point de vue ouvertement féministe.

Après avoir interrogé les évidences (Pourquoi le risque d’être agressée sur la voie publique n’est-il pas considéré comme relevant de l’intervention publique ; pourquoi est-ce aux femmes de faire attention ?), Marylène Lieber justifie l’adoption du point de vue de genre qui « consiste à analyser la façon dont les catégories sexuées homme et femme sont le produit d’un processus social et historique de bicatégorisation qui crée et hiérarchise deux groupes sociaux en leur assignant des qualités propres. »

Au delà des évidences « L’inclusion du genre, avec la notion de violence envers les femmes, permet non seulement de relever l’inadéquation entre ces politiques et les représentations sexuées de la sécurité, mais également de critiquer l’idée fort répandue selon laquelle les femmes seraient naturellement plus vulnérables que les hommes.»

Tout en soulignant que justement, le genre reste une structure invisible des politiques publiques de sécurité, que la peur est une discrimination sexuée, l’auteure va analyser les politiques de sécurité à l’épreuve de leur public : « L’hypothèse principale de ce travail est que l’absence de débat public sur l’évidence que recouvre la soi-disant vulnérabilité des femmes contribue à fixer ces identités, alors qu’un tel débat permettrait de mettre en lumière des formes de discriminations persistantes à l’encontre des femmes. »

Le livre est divisé en sept chapitres : « Sécurité et violences, de qui parle-t-on », « Genres et politiques en matière de violences », « Les violences envers les femmes dans les statistiques », « La dépolitisation des violences envers les femmes », « Peur-préoccupation et peur sexuée », « De la peur assignée aux tactiques d’évitement » et « Violences et ordre social sexué ».

L’auteure procède à une étude détaillée des contrats locaux de sécurité à Paris et à Guyancourt. Elle confronte ses positions avec celles de multiples auteur-e-s, pour présenter les débats sur les questions de la sécurité. Elle insiste à juste titre sur la place des violences envers les femmes et de leur déni. « Aussi, s’attaquer aux violences envers les femmes implique-t-il de les replacer systématiquement dans le contexte de pouvoir qui les produisent et non de les considérer comme un risque inhérent à une prétendue condition féminine. »

En conclusion, l’auteure souligne une tendance à nier les revendications féministes d’égalité (et à nier de fait les discriminations à l’encontre des femmes) en s ‘appuyant sur la dénonciation de la construction concomitante du genre et des rapports de classe et de race. Sans oublier les analyses de certains auteurs (Nacira Guénif-Souilamas, Eric Macé ou Laurent Mucchielli) « qui tiennent à tort les féministes responsables de la mise en lumière des violences sexistes dans les seuls quartiers populaires. »

Il s’agit non seulement d’un ouvrage très riche et novateur sur l’espace public et les violences, mais ce livre nous rappelle que l’apport du mouvement féministe, l’approche en terme de genre (rapports sociaux de sexe), et pas seulement sur ces sujets, reste indépassable. Sans oublier la nécessité de ne pas subordonner les luttes contre l’oppression des femmes aux autres dimensions nécessaires de remise en cause de la réalité sociale.

Quelques autres lectures possibles et complémentaires sur les violences, exercées par les hommes, envers les femmes :

Sous la direction de Cécile Dauphin et Arlette Farge : De la violence et des femmes,  Bibliothèque Albin Michel histoire, Paris 1997, 201 pages, 22 euros

La violence, les mots, le corps, Cahiers du genre n°35, L’harmattan, Paris 2003, 282 pages, 24,40 euros

Maryse Jaspard : Les violences contre les femmes, Édition La Découverte, collection Repères, Paris 2005, 122 pages, 11 euros

Patrizia ROMITO : Un silence de mortes, Editions Syllepse, Paris 2006, 298 pages, 25 euros

Collectif national pour les droits des femmes : Contre les violences faites aux femmes –Une loi cadre !, Editions Syllepse, Paris 2006, 158 pages, 7 euros

Andrea Dworkin : Pouvoir et violence sexiste, Sisyphe, Montréal 2007, 123 pages, 11,50 euros

Marylène Lieber : Genre, violences et espaces publics. La vulnérabilité des femmes en question
SciencesPo. Les Presses, Paris 2008, 324 pages, 26 euros

 Didier Epsztajn