Avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse
« Je suis de plus en plus arrivé à la conviction – et il ne s’agit que de l’inculquer à la classe ouvrière anglaise – qu’elle ne pourra jamais rien faire de décisif, ici en Angleterre, tant qu’elle ne rompra de la façon la plus nette, dans sa politique irlandaise, avec la politique des classes dominantes ; tant qu’elle ne fera non seulement cause commune avec les Irlandais, mais encore ne prendra l’initiative de la dissolution de l’Union forcée de 1801 et de son remplacement par une confédération égale et libre (1) »
« Nous autres, démocrates allemands, nous sommes particulièrement intéressés à la libération de la Pologne. […] Une nation ne peut pas devenir libre tout en continuant d’opprimer d’autres nations. La libération de l’Allemagne ne peut donc pas être réalisée sans qu’on libère la Pologne de l’oppression allemande (2) »
« Aux États-Unis, tout mouvement ouvrier indépendant resta paralysé tant que l’esclavage souillait une partie de la République. L’ouvrier blanc ne saurait s’émanciper là où l’ouvrier noir est stigmatisé. Mais la mort de l’esclavage fit éclore une vie nouvelle. Le premier fruit de la guerre civile fut l’agitation des huit heures. […] Le Congrès général des ouvriers de Baltimore, le 16 août 1866, déclare : « Ce qu’il faut revendiquer tout d’abord pour soustraire le travail de notre pays à l’esclavage capitaliste, c’est une loi qui fixe à huit heures pour tous les États de l’Union la journée de travail normale » (3) »
L’émancipation des esclaves aux États-Unis ainsi que la lutte des Irlandais·es et des Polonais·es contre leur oppression nationale constituent des moments importants dans l’élaboration des thèses de Friedrich Engels et de Karl Marx sur la nécessité d’un mouvement ouvrier s’organisant de façon indépendante de la bourgeoisie et sur la question nationale comme levier pour assurer cette indépendance. Leur compréhension des rapports nationaux, qui sont imbriqués avec les rapports de classe, a été nourrie par leurs nombreux combats au sein de l’Association internationale des travailleurs (AIT), la 1re Internationale, en particulier dans le mouvement ouvrier du Royaume-Uni. Ils comprenaient que, pour assurer l’indépendance du mouvement ouvrier à l’égard de la bourgeoisie, il importait que non seulement le mouvement lutte pour les droits politiques, sociaux et économiques des groupes opprimés, mais aussi qu’il promeuve leur libération nationale, laquelle est une condition à l’émancipation même de la classe ouvrière de la nation dominante. Si le mouvement ouvrier ne fait pas la promotion des droits des groupes opprimés, alors les révolutionnaires doivent envisager de créer des organisations ouvrières des groupes opprimés sur une base nationale, non uniquement en fonction de l’État tel qu’il existe, ce siège du pouvoir politique. Continuer à lire … « Richard Poulin : Présentation : Émancipation nationale, internationalisme et révolution en Irlande et en Grande-Bretagne »