Quand on « découvre » l’avant-garde musicale de la Révolution d’Octobre…
Quel peut être le point commun entre les messieurs uniformes, gris et moroses, en trench-coat et portant des chapeaux feutres, qui s’applaudissaient interminablement les uns les autres aux tribunes de leurs tristes conférences monotones faisant l’éloge de laRévolution d’Octobre, et le subversif bolchevik à jamais rebelle Arseny Avraamov (Арсений Михайлович Авраамов) qui, à l’automne 1922, dirige depuis le plus haut toit de Bakou, en agitant des drapeaux et en tirant en l’air, l’« orchestre » de science-fiction le plus improbable de l’histoire de l’humanité : des unités de l’Armée rouge et une flottille de la marine soviétique de la mer Caspienne, des ouvriers et des sirènes des usines de la capitale azérie, vingt-cinq locomotives à vapeur et les cheminots de la ville, les chœurs de ses habitants, un hydravion, des canons et des mitrailleuses, des camions et des bus, et même le futuriste « sifflet à vapeur » inventé par le compositeur et chef d’orchestre lui-même ! La question n’est pas rhétorique et surgit spontanément dans l’esprit du visiteur, à l’écoute de la prophétique (et irremplaçable) Symphonie des sirènes, au moment où il la découvre, et avec elle son compositeur oublié Avraamov, grâce à l’exposition Documenta 14, un jour d’été de l’an 2017, en plein centenaire de la révolution qui a vu « ceux d’en bas » oser l’impensable et prendre d’assaut le ciel ! Continuer à lire … « Arseny Avraamov et sa « Symphonie des sirènes » »