19 mars 2023 –Tribune « Rendre hommage à un pilier de l’Oas, c’est légitimer le racisme » publiée dans Libération

A Perpignan, le maire RN, Louis Aliot, inaugure une exposition sur « l’illusion de la paix en Algérie » après avoir renommé une esplanade « Pierre Sergent », officier de l’organisation terroriste. Soixante et un ans après les accords d’Evian, cet hommage radicalise les militants d’extrême droite, dénonce un collectif dont Michèle et Pierre Audin ainsi que Benjamin Stora.

Ce dimanche 19 mars 2023, nous commémorons le 61e anniversaire de l’acte fondamental posé par la signature des Accords d’Evian négociés entre le GPRA et le gouvernement français : l’entrée en vigueur d’un cessez-le feu officiel entre les belligérants qui annonce la fin de la guerre d’Algérie et ouvre la voie à l’Indépendance.

Nostalgique de l’Algérie française, Louis Aliot, maire RN de Perpignan, marque cette date en inaugurant une exposition intitulée « 19 mars 1962 : l’illusion de la paix en Algérie ». Et ceci, quelques mois après avoir décidé d’honorer Pierre Sergent en donnant le nom de celui-ci à un espace de Perpignan. Or, s’il fut un élu de la ville, Pierre Sergent fut surtout une figure majeure de l’OAS (« Organisation de l’Armée Secrète »), groupe terroriste d’extrême-droite qui tenta par la violence de maintenir la tutelle coloniale de la France sur l’Algérie. Continuer à lire … « 19 mars 2023 –Tribune « Rendre hommage à un pilier de l’Oas, c’est légitimer le racisme » publiée dans Libération »

Ukrainiens dans la guerre d’Espagne

Début août 1936, des campagnes de solidarité avec la République espagnole commencent en Ukraine, l’Allemagne et l’Italie commencent à aider les rebelles franquistes fin juillet 1936, et ce n’est qu’en septembre que l’URSS commence à fournir une assistance matérielle et technique à l’Espagne

Un « Appel aux combattants contre le fascisme en Espagne» du Comité central de l’Union de la jeunesse communiste d’Ukraine occidentale (août 1936) appelle à une lutte commune des Ukrainiens et des Espagnols contre la menace du fascisme et du nazisme Dans les villes et les villages de Galicie, des comités d’aide à la République espagnole et la Société des amis de l’Espagne démocratique sont formés Cependant, les gouvernements polonais et roumains qui déclarent ont déclaré leur neutralité dans la « question espagnole » voient d’un mauvais œil ces mobilisations communistes. En janvier 1937, l’administration de la voïvodie de Galicie reçoit l’ordre de «  faire tous les efforts possibles pour empêcher l’agitation dans la région, ainsi que le départ des Polonais et des Ukrainiens vers l’Espagne ». Depuis le début de la guerre civile en Espagne, la Pologne a mis à jour sa loi de 1920, qui interdit aux citoyens polonais (et donc pour partie Ukrainiens) de participer à des organisations militaires étrangères sans l’autorisation du gouvernement sous peine de perdre leur citoyenneté. Continuer à lire … « Ukrainiens dans la guerre d’Espagne »

Introduction : Guide du Rouen colonial et des communes proches

Avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse

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« La colonisation […] déshumanise l’homme même le plus civilisé ; […] l’action coloniale, l’entreprise coloniale, la conquête coloniale, fondée sur le mépris de l’homme indigène et justifiée par ce mépris, tend inévitablement à modifier celui qui l’entreprend ; […] le colonisateur qui, pour se donner bonne conscience, s’habitue à voir dans l’autre la bête, s’entraîne à le traiter en bête, tend objectivement à se transformer lui-même en bête […] Entre colonisateur et colonisé, il n’y a de place que pour la corvée, l’intimidation, la pression, la police, l’impôt, le vol, le viol, les cultures obligatoires, le mépris, la méfiance, la morgue, la suffisance, la muflerie, des élites décérébrées, des masses avilies. Aucun contact humain, mais des rapports de domination et de soumission qui transforment l’homme colonisateur en pion, en adjudant, en garde-chiourme, en chicote et l’homme indigène en instrument de production. À mon tour de poser une équation : colonisation = chosification », Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme.

Les noms des rues, des places, des boulevards, des quais, des écoles, des collèges et des lycées, les statues, les monuments, notre environnement quotidien, sont les marques accumulées d’une histoire qui nous est contée. Cette histoire, ces marques ne sont pas neutres. Elles honorent, elles célèbrent, elles rendent hommage, elles mettent en avant les vainqueurs, ceux qui ont réussi, bien plus souvent les dominants que les résistantes et les résistants, que celles et ceux qui ont combattu les injustices, les inégalités et les différentes formes d’oppression. Continuer à lire … « Introduction : Guide du Rouen colonial et des communes proches »

Vive Léon Blum et la non-intervention ?

Comparaison n’est certes pas raison. Au-delà des différences majeures d’époques et d’enjeux, la guerre civile espagnole et l’invasion de l’Ukraine comportent certains points communs. D’abord, le conflit naît dans le premier cas d’un putsch militaire et dans le second d’une sécession également armée. Ensuite l’intervention directe de grandes puissances – l’Italie fasciste, l’Allemagne nazie et l’URSS en Espagne, la Russie en Ukraine – marque les deux affrontements. Mais une différence majeure s’affirme : alors que la France et le Royaume-Uni refusent de livrer des armes à la République espagnole, tous deux, comme la plupart des États occidentaux, fournissent aujourd’hui de plus en plus d’armes à l’Ukraine. Certains s’y opposent, bien au-delà du « lobby pro-russe » qui recrute le gros de ses porte-voix à l’extrême droite. Raison de plus pour revenir sur la politique de « non-intervention » et ses conséquences dans les années 1930 et 1940. Continuer à lire … « Vive Léon Blum et la non-intervention ? »

Comme un rappel à Darmanin, et aussi à nous-mêmes

Cela se passe le jeudi 2 février, au colloque « Les Outre-Mer aux Avant-Postes », organisé par l’hebdomadaire Le Point à Paris. Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, entre autres propos, proclame sur l’abolition de l’esclavage, ce qu’il considère comme une révélation : « C’est la République qui a aboli l’esclavage ». 

Cinq jours plus tard, le mardi 7 février, à l’Assemblée Nationale lors de la séance de questions au Gouvernement, il persiste et signe, en recélébrant sa trouvaille : « La République a aboli l’esclavage par deux fois ». 

A-t-on nié chez nous Antillais·e·s, ce fait législatif incontestable, et que nos aîné·e·s, ont toujours célébré ? : d’abord le 4 février 1794 (16 pluviôse an II), puis le décret du 27 avril 1848.

Cependant, son propos tout enrobé de provocation, est largement réducteur sur ce que fut le combat pour éradiquer l’esclavage. Cette citation ministérielle s’oblige insidieusement et de manière maléfique, à balayer toute la complexité du processus qui a conduit à la fin de l’esclavage dit atlantique.

Cette prose s’habille rigidement dans ce positionnement idéologique qui prétend que l’histoire et la force civilisatrice ne viennent que de ces gens supérieurs que sont les Européens. Elle réduit, croit-elle, la revendication de quête d’identité, à une quelconque lubie qu’il s’agit déjà d’ignorer, voire sans doute, à réprimer. Ce responsable gouvernemental français n’a que faire de la reconnaissance due aux luttes pour la liberté et la dignité humaine qu’ont menées les esclavisé·e·s. La sensibilité mémorielle exprimée chez les colonisé·e·s, ne semble lui donner aucune gêne. Continuer à lire … « Comme un rappel à Darmanin, et aussi à nous-mêmes »

Pourquoi ce livre ? – Abdellah Fraygui, Abdallah Moubine, Vincent Gay : Des vies pour l’égalité. Mémoires d’ouvriers immigrés

Avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse

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Le projet de ce livre est né de rencontres lors d’une recherche de socio-histoire consacrée à la place des travailleurs immigrés dans les grèves de l’automobile des années 1980 [1]. Ces grèves se situent à un moment charnière de l’histoire de l’immigration de la seconde moitié du 20e siècle. En effet, de nombreuses usines automobiles, particulièrement en région parisienne, ont, à partir des années 1960, voire avant pour certaines, fait massivement appel à une immigration issue en grande partie des anciennes colonies françaises [2]. Ce sont les travailleurs issus de ces migrations qui ont largement assuré le développement et la croissance des entreprises automobiles pendant de nombreuses années. La fin des Trente Glorieuses, l’entrée en crise économique et surtout les plans de restructurations de l’industrie automobile modifient cette situation à la fin des années 1970. Désormais, les embauches stagnent puis diminuent, les plans de réduction d’effectifs se multiplient et le travail se transforme. Outre les travailleurs âgés, les ouvriers immigrés sont les premiers touchés par ces restructurations. Cantonnés aux postes les plus durs et les moins bien rémunérés, leurs carrières sont celles d’« OS à vie [3] » à qui l’on propose très peu de formations et d’évolutions professionnelles. Dès lors qu’il faut restructurer les entreprises, diminuer la masse salariale et se débarrasser du travail non qualifié, le verdict tombe : les ouvriers immigrés doivent quitter les usines. Les licenciements et les aides au retour dans leurs pays d’origine sont là pour les y inciter. Bien sûr, tous ne sont pas concernés par ces mesures, et bon nombre d’immigrés font leurs carrières entières là où ils ont commencé à travailler dès leur arrivée en France. C’est le cas des ouvriers qui livrent ici leurs témoignages. Continuer à lire … « Pourquoi ce livre ? – Abdellah Fraygui, Abdallah Moubine, Vincent Gay : Des vies pour l’égalité. Mémoires d’ouvriers immigrés »

Les Ukrainiens réclament leur place dans l’histoire de l’art

Personne n’appellerait un artiste indien britannique ou un artiste péruvien espagnol, alors pourquoi les musées continuent-ils à qualifier les artistes ukrainiens de russes ?

Lorsque les Européens de l’Est visitent un musée d’art à l’étranger, ils sont, par défaut, obligés d’admettre que les œuvres qu’ils considèrent comme indigènes ne leur appartiennent pas. On leur enlève le pouvoir de s’approprier leur patrimoine culturel. Lorsqu’ils s’aventurent dans une galerie quelque part aux États-Unis, ils découvrent, à leur grand désarroi, que l’expressionniste Oskar Kokoschka était britannique, que le moderniste Marc Chagall était français, que les avant-gardistes Oleksandra Ekster et Kazymyr Malevych étaient russes, etc.

C’est exactement ce qui m’est arrivé, à moi, journaliste artistique ukrainienne récemment inscrite à la School of the Art Institute of Chicago (SAIC), lors de ma première visite à l’Art Institute l’automne dernier. L’excitation de voir des œuvres de Malevych et d’Ekster dans la collection permanente de l’un des plus grands et des plus importants musées du monde a été empoisonnée par des légendes indiquant leur origine nationale. Continuer à lire … « Les Ukrainiens réclament leur place dans l’histoire de l’art »

S’interroger sur le consensus à faire du consensus le lien nécessaire de la politique

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« Longtemps rejetée par la discipline historique, la notion de genre a beaucoup évolué et son usage, toujours en mouvement, fluctue en fonction des enjeux de la recherche. En histoire, le concept sert généralement à mettre au jour les relations de pouvoirs entre les hommes et les femmes et aide à interroger la construction sociales des identités ». Dans son introduction – Qu’est-ce le genre ? Comment le penser en histoire ? – à ce recueil de textes, Michèle Riot-Sarcey aborde, entre autres, la complexité, le refus d’une « réduction à un déterminisme supposé naturel des corps des personnes, de leur sexualité comme de leur fonction sociale », les catégories et les classifications, « reconsidérer les catégories dites représentatives sous l’angle des rapports de domination qui les traversent », les bouleversements sociaux, la réalité en tension « voire conflictuelle » entre les sexes…

Une interrogation : « si les événements du passé étaient soumis à la question du genre, pourrait-on envisager de réécrire l’apprentissage de la République, d’en dessiner une autre histoire en repensant la démocratie, dans son principe comme dans sa pratique ? » Continuer à lire … « S’interroger sur le consensus à faire du consensus le lien nécessaire de la politique »

La République populaire de Crimée (1917-1918)

En 1794, Hryhoriy Potemkin écrivait: « Retirez les Tatars de Belbek, Kacha, Sudak, Uskut, de la vieilleCrimée, et généralement des régions montagneuses ; parmi les Tatars qui vivent dans les steppes, personne ne doit être laissé en arrière ; et si l’un des Maures souhaite partir, il doit être immédiatement ajouté à la liste appropriée et recevoir l’ordre de partir dans les 24 heures. » Cette note explique beaucoup de choses. C’est ainsi que le grand déplacement de la population tatare a commencé. Selon des sources turques, sur les 1,5 million de Tatars qui vivaient en Crimée au 18e siècle, il en restait 250 000 au début du 20e siècle. Les Tatars de Crimée ont beaucoup souffert de l’impérialisme russe, mais en 1917, le mouvement national tatar a eu une chance de se libérer.

La révolution de Février était devenue une période de possibilités pour les nations de l’Empire. Les Tatars de Crimée ont saisi cette possibilité et l’ont utilisée autant qu’ils le pouvaient. En 1917, les cercles révolutionnaires de l’intelligentsia tatare de Crimée ont créé le Milliy Firqa (parti du peuple). Il s’agissaitd’un parti démocratique musulman d’orientation socialiste, qui prônait une république parlementairedémocratique, avec la liberté de réunion, des syndicats, la libre activité des partis, les libertés individuelles et leur inviolabilité. Ce parti portait également haut les valeurs de la liberté nationale, de l’égalité entre les langues, les cultures et les peuples, et soutenait notamment la lutte pour l’autonomie ou l’indépendance de tous les peuples asservis de Russie et préconisait de larges garanties pour toutes les nationalités habitant la Crimée. Milliy Firka était construit comme un parti centralisé qui permettait uniquement aux membres musulmans en tant que parti national de représenter leurs intérêts. L’un des principaux objectifs déclarés était l’établissement d’une société sans classes et d’un État ou d’une autonomie régie par l’interprétation démocratique de la charia. Continuer à lire … « La République populaire de Crimée (1917-1918) »

Mémoire coloniale, décoloniale, anticoloniale 

Ce lundi 19 décembre, la Commission spéciale sur le passé colonial de la Belgique a terminé sur un échec. Il n’y aura ni excuse ni réparation. Cet échec donne à voir le clivage politique qui structure la mémoire du colonialisme.

Tout ça pour ça ? Deux ans et demi de recherches et de discussions, appuyées sur un « rapport des experts » de plus de six cents pages sur le passé colonial de la Belgique, aboutissent sur un échec. Faute d’accord, entre les partis de droite (flamand et francophone), d’un côté, socialistes et écologistes, de l’autre, qui composent le gouvernement belge, et faute d’accepter de recourir à une majorité alternative, les recommandations de la commission du Parlement fédéral sont abandonnées. Continuer à lire … « Mémoire coloniale, décoloniale, anticoloniale « 

Guide du Rouen Colonial, et des communes proches

En Avant Première, nous vous proposons une présentation de cet ouvrage
mardi 20 décembre à 18h00 
à la Maison des Associations et de la Solidarité 
22 bis rue Dumont d’Urville

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Ce livre vous invite à regarder Rouen autrement, à voir en quoi les noms des rues, des places, des boulevards, des quais, des établissements scolaires, les statues aussi, sont des hommages rendus à la grandeur coloniale. Continuer à lire … « Guide du Rouen Colonial, et des communes proches »

Comores, Mayotte, néo-colonialisme français : petit cours d’histoire (+ La liberté d’aller et venir entravée pour les habitant⋅es de Mayotte)

Un fait de société sanglant vient d’attirer les regards sur un « département français », Mayotte : un jeune homme a été assassiné à coups de machette [1]. Du coup, les tensions entre bandes sont devenues incontrôlables par les autorités locales, qui ont clamé leur crainte d’une « guerre civile ». Il est important de revenir sur la genèse de ces drames.

« Comores : groupe d’îles d’Afrique (…). Les quatre grandes îles qu’il comprend sont Mayotte, Anjouan, Mohéli et la Grande Comore ». Ainsi s’exprime Pierre Larousse auteur du Grand Dictionnaire universel du XIXème siècle [2]. Oui, on a bien lu : les Comores constituent un ensemble géographique ancien. Ajoutons : uni par l’appartenance ethnique, l’histoire et la religion (l’islam). Et, d’ailleurs, les Français, quand ils en prirent possession par étapes, à partir de 1843, le considérèrent comme tel, jusqu’au terme du processus colonial (indépendance de 1975). Toute puissance de l’Homme Blanc ! Il a même réussi à changer la géographie… quand ça l’arrange. La géographie et le vocabulaire. Ainsi, les Comoriens sont-ils devenus des Mahorais (les bons, habitants de Mayotte, ceux qui ont la chance d’habiter un département français) et des étranger-ère-s (les mauvais-es, ceux-celles habitant les autres îles, qui ont le culot de risquer leur vie pour échapper à la misère, qui viennent pondre leurs rejetons par milliers sur nos terres). Continuer à lire … « Comores, Mayotte, néo-colonialisme français : petit cours d’histoire (+ La liberté d’aller et venir entravée pour les habitant⋅es de Mayotte) »

Avant-propos de Mariana Sanchez et Armand Creus au livre de Berger Gonzalo et Balló Tània : Les combattantes

Avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse

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« Je suis de la colonne Pasionaria, mais je préfère rester avec vous. Jamais ils n’ont voulu donner de fusils aux filles. On était bonnes pour la vaisselle et la lessive. […] J’ai entendu dire que dans votre colonne les miliciennes avaient les mêmes droits que les hommes, qu’elles ne s’occupaient ni de lessive ni de vaisselle. Je ne suis pas venue au front pour crever, un torchon à la main. J’ai assez récuré de marmites pour la révolution !
Elle a gagné, gagné par la grâce de son parler madrilène le droit de mourir pour la révolution, et les hommes ont applaudi en lui lançant un Ole tu madre ! »
Ma guerre d’Espagne à moi (1976), de Mika Etchebéhère, ­combattante argentine à la tête d’une colonne du Parti ouvrier d’unification marxiste (POUM).

La guerre d’Espagne a pris fin il y a plus de trois-quarts de siècle avec la victoire des troupes franquistes soutenues par les fascismes allemand et italien. Cette guerre civile révolutionnaire a marqué de son empreinte l’histoire du mouvement ouvrier français au-delà des générations. Les républicains espagnols, pourtant parqués dans des camps de concentration à leur arrivée dans le sud de la France, ont poursuivi leur combat dans la Résistance, ils ont été déportés, à Mauthausen notamment, et sont entrés avec la Nueve libérer Paris. Continuer à lire … « Avant-propos de Mariana Sanchez et Armand Creus au livre de Berger Gonzalo et Balló Tània : Les combattantes »

Ievguenia Bosch : Une bolchevique au cœur de la tragédie ukrainienne 

Parfois, les pérégrinations ukrainiennes donnent des résultats inattendus. Comme lorsque, en essayant de localiser sur la carte les bases de l’actuelle « guérilla navale » ukrainienne à l’embouchure du Dniepr, nous sommes tombés sur la petite ville d’Otchakiv. Laquelle, selon Wikipedia, n’a vu naître sur son sol qu’une seule célébrité : la révolutionnaire bolchevique Ievguenia Bosch.
En cherchant à en savoir plus, nous sommes allés de surprise en surprise. Fille, selon Wikipedia, d’un immigré luxembourgeois, Bosch était bien plus qu’une dirigeante bolchevique : elle a été le premier chef de gouvernement (premier ministre) de l’ Ukraine indépendante (soviétique) ! Et si nous ne nous trompons pas, la première femme Premier ministre de l’histoire de l’humanité !
Continuer à lire … « Ievguenia Bosch : Une bolchevique au cœur de la tragédie ukrainienne « 

Lumina Sophie et la révolte de 1870 : la résistance des femmes en Martinique

Le 5 novembre, Culture Égalité, organisation féministe de la Martinique, se souvient et célèbre l’anniversaire de Lumina Sophie, une leader de l’Insurrection du Sud, révolte contre l’esclavage et les préjugés à l’égard des Noirs dans le pays. En sa mémoire, nous partageons un extrait de la publication Karbé Fanm n°2, Lumina dite Surprise, un numéro commémorant le 150ème anniversaire de l’Insurrection du Sud en Martinique, publié en 2021. En plus du texte racontant l’histoire, l’organisation a publié une carte multimédia interactive intitulée Sur le chemin de Lumina, accessible ici. Découvrez ci-dessous l’histoire de Lumina.

Lumina Sophie dite Surprise !
Elle naît donc au Vauclin, le 5 novembre 1848, soit 5 mois après l’Abolition. Continuer à lire … « Lumina Sophie et la révolte de 1870 : la résistance des femmes en Martinique »

L’accès aux documents liés à la guerre d’Algérie reste toujours aussi difficile 

Dans une tribune au Monde, l’historien Marc André explique que par méconnaissance de la guerre d’Algérie et de la nature de ses archives, ces dernières sont trop souvent inaccessibles aux demandeurs. Emmanuel Macron s’était pourtant engagé à en faciliter la consultation.

Huit mois après l’annonce de l’ouverture à tous « des archives publiques produites dans le cadre d’affaires relatives à des faits commis en relation avec la guerre d’Algérie » (décret du 22 décembre 2021), le président de la République, Emmanuel Macron, affirmait le 25 août la nécessité de donner aux historiens « un accès complet aux archives de la guerre d’Algérie ». Cette insistance témoigne de l’instrumentalisation politique de la question des archives. Car malgré l’intention réitérée d’« ouvrir », « simplifier » ou « faciliter » l’accès aux documents liés à cette guerre, en pratique cela reste difficile tant pour les familles que pour les historiens.

Entre les discours qui accompagnent l’action politique et les réalités du terrain, le décalage est tel que l’on se demande même si le décret dit de « dérogation générale » n’a pas été rédigé au croisement de deux méconnaissances : celle de la guerre d’Algérie et celle de ses archives. De multiples contradictions surgissent, à l’origine de pratiques administratives restrictives aux conséquences sociales, scientifiques et politiques contre-productives. Continuer à lire … « L’accès aux documents liés à la guerre d’Algérie reste toujours aussi difficile « 

La mémoire est perpétuellement menacée

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« Ce livre, qui porte sur des solidarités discrètes au passé, est porté par des solidarités discrètes au présent »
Dans son introduction générale « Prison, mémoire, solidarité », Marc André parle de victimes, de témoins, de reconnaissance, de compétition mémorielle et d’affrontement victimaires, de mémoires complexes et d’objets d’histoire, de communautés, « Cette distinction entre communautés d’expériences et communautés mémorielles (militantes ou témoignantes), et surtout leur croisement offrent la possibilité de dépasser les logiques d’affrontements identitaires et victimaires – ce que certains appellent les « guerres de mémoires » – à travers une nouvelle histoire dans laquelle les victimes de divers régimes n’on, en fait, jamais cessé de dialoguer, hier comme aujourd’hui ».
Continuer à lire … « La mémoire est perpétuellement menacée« 

Torture en Algérie, une reconnaissance de la responsabilité de l’État

Le 23 septembre, Médiapart publiait l’Appel à la reconnaissance des responsabilités de l’État dans le recours à la torture durant la guerre d’Algérie lancé le 1er septembre par l’Association des Combattants de la Cause Anticoloniale.

Le recourt à la torture comme système durant la guerre d’Algérie ne pouvant être nié devant le nombre de témoignages, de preuves et de documents révélés dans le cours des événements et après 1962, l’Appel de l’ACCA pose une fois encore la question : Comment, dix ans après la libération du nazisme, l’État, les instances gouvernementales, militaires et judiciaires n’ont-elles pas réagi quand des officiers français ont théorisé le recours à la torture sous le concept de « guerre révolutionnaire » ? Continuer à lire … « Torture en Algérie, une reconnaissance de la responsabilité de l’État« 

La France pleure encore son Algérie (française) !!! !!! 

Dans l’évolution de « l’histoire moderne » la colonisation avait servie de crime fondateur des sociétés occidentales des droits de l’homme, ainsi cette société s’est structurée autour de ce marqueur essentiel de la culpabilité, c’est le crime colonial contre l’humanité (à l’exemple d’une tribu archaïque qui s’est structurée autour du meurtre du mâle patriarcal et en a souscrit des lois).

Aujourd’hui après plus de soixante années de liberté la meilleure initiative mémoriel surtout pour la société française serait celle de leur dire que l’Algérie n’est plus un récit d’aventure et d’épouvante, c’est un pays avec une population qui vivait paisiblement avec une histoire que l’on peut comparer à d’autres. L’histoire de la colonisation est une conquête, des violences, d’une mainmise des terres par un système colonial ridicule avec tous ces ingrédients : indigénat, racisme, attentats, torture, camps, viols, bombardements, assassinats, etc. La colonisation est une histoire de prédation, de violence, d’asservissement et d’effacement de toute une population. Continuer à lire … « La France pleure encore son Algérie (française) !!! !!! « 

Les crimes de l’organisation terroriste de l’OAS ne doivent pas devenir un territoire perdu de la conscience nationale

Allocution de Jean-Philippe Ould Aoudia, pour l’association Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs compagnons, au cimetière du Père-Lachaise, le 6 octobre 2022

Le 28 juin 2022 le doyen de l’Assemblée nationale, José Gonzalez, député du « Rassemblement national », a prononcé le discours d’ouverture de la séance inaugurale de la 16è législature. Ses propos larmoyants sur son Oranie perdue à cause de l’indépendance de l’Algérie ont été applaudis.

Questionné sur les crimes commis par l’OAS, pouvant expliquer le départ des Européens, José Gonzalez a répondu : « Je ne suis pas là pour juger si l’OAS a commis des crimes ou pas. L’OAS, je ne sais même pas bien ce que c’était. » Continuer à lire … « Les crimes de l’organisation terroriste de l’OAS ne doivent pas devenir un territoire perdu de la conscience nationale«