Le guide du Marseille colonial

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Ce livre a l’ambition d’explorer la ville à travers ses rues, ses places et ses monuments qui portent le nom de personnages historiques connus ou inconnus ayant marqué l’histoire coloniale et esclavagiste de Marseille. La domination coloniale a en effet profondément marqué la ville, sur près de quatre siècles. Cet ouvrage est composé de deux parties, la première en constitue la colonne vertébrale, le guide en lui-même : une indexation des noms des militaires, des politiques, des armateurs, des scientifiques, des artistes, et autres personnes ou événements ayant tous pris part au système de domination coloniale. Le parti a été pris de valoriser dans certains secteurs de la ville le nom de personnes ayant résisté et œuvré contre cette domination. Cette première partie serait incomplète sans l’ajout d’un dossier complémentaire, thématique et subjectif. Il focalise sur certaines questions mettant la lumière sur des problématiques fondamentales, telles que les expositions coloniales et leur genèse, la santé coloniale, et de manière plus contemporaine les crimes racistes comme fondement d’une même politique de domination et d’oppression. Continuer à lire … « Le guide du Marseille colonial »

Emmanuel Macron doit, au nom de la France,reconnaître la guerre du Cameroun

Dans une tribune au Monde, un collectif de personnalités estime qu’« il est grand temps que l’Etat français assume pleinement ses responsabilités » dans la « répression féroce des années 1950 et 1960 ».

Dans quelques jours, Emmanuel Macron a rendez-vous avec l’histoire à Yaoundé. Pour sa première visite officielle au Cameroun, il sera confronté aux fantômes d’une guerre coloniale puis néocoloniale que la France a menée, censurée puis niée avec constance depuis soixante ans. Sera-t-il le premier président français à reconnaître officiellement cette véritable guerre et à lever un des derniers grands tabous français de l’après-guerre ? Continuer à lire … « Emmanuel Macron doit, au nom de la France,reconnaître la guerre du Cameroun »

Glorification de la colonisation de l’Algérie et révisionnisme historique : le scandale continue… à Perpignan !

Louis Aliot, dirigeant bien connu du Rassemblement national et maire de Perpignan, a décidé de soutenir politiquement et financièrement, à hauteur de 100 000 euros, la 43ème réunion hexagonale du Cercle algérianiste [1], et d’accueillir ses membres et les participants au Palais des congrès de cette ville, du 24 au 26 juin 2022. Il se confirme que la loi scélérate du 23 février 2005, jamais abrogée faut-il le rappeler, qui établit une interprétation officielle et apologétique de la colonisation française en Algérie et dans le reste de l’empire, n’était pas l’épilogue d’une entreprise de réhabilitation de ce passé mais le prologue bien plutôt. Le discours du candidat Nicolas Sarkozy affirmant, à la veille des élections présidentielles de 2007, que le « rêve de la colonisation » n’était pas un « rêve de conquête » mais « un rêve de civilisation », celui de François Fillon quelques années plus tard et, plus généralement, les positions de la direction des Républicains en témoignent. Fustigeant une prétendue « repentance » et vantant les aspects supposément « positifs » de la colonisation de l’Algérie, les responsabilités de ces derniers sont majeures, établies et accablantes [2]. De même celles de certains intellectuels, chroniqueurs et bateleurs médiatiques qui, au nom de la lutte contre « la pensée unique » hier, contre le « décolonialisme » aujourd’hui, redécouvrent les « beautés » de la colonisation aux couleurs de la France. Continuer à lire … « Glorification de la colonisation de l’Algérie et révisionnisme historique : le scandale continue… à Perpignan ! »

Eurafrique : un livre-révélation sur les racines coloniales de l’Union européenne

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Il n’est pas fréquent qu’un livre, aussi sérieux que documenté, constitue en lui-même un « scoop ». Tel est le cas pourtant du livre Eurafrique, écrit par les historiens suédois Peo Hansen et Stefan Jonsson et initialement publié en 2014, dont une traduction française actualisée vient de paraître à La Découverte. Sous-titré « Aux origines coloniales de l’Union européenne », il révèle en effet qu’un fondement essentiel du processus d’intégration européenne, institutionnalisé en mars 1957 par le traité de Rome créant la Communauté économique européenne (CEE), a été la volonté de ses États fondateurs de perpétuer sous une forme renouvelée le contrôle de leurs possessions coloniales, principalement africaines. Les auteurs rappellent ainsi la « une » du Monde du 21 février 1957, bien oubliée, qui titrait « Première étape vers l’Eurafrique » un article annonçant le succès des négociations préliminaires au traité de Rome entre les six dirigeants européens. Continuer à lire … « Eurafrique : un livre-révélation sur les racines coloniales de l’Union européenne »

Après l’abolition de l’esclavage… l’esclavage toujours

Lundi 1er mars 1880. Discours du ministre de la Marine et des Colonies, l’amiral Jauréguiberry, au Sénat. « Des possessions, en nombre assez considérable, sont venues augmenter celles que nous avions déjà. (…) Dans toutes ces annexions, on s’est formellement engagé à respecter (…) les traditions de toutes ces tribus et, dans ces traditions, figure au premier rang, ce qu’on appelle l’esclavage, mais qui n’est, pour parler plus exactement, qu’une espèce de servage héréditaire. Les individus qui font partie de cette classe de la population constituent toute la domesticité, tous les ouvriers, laboureurs compris. » De « vifs applaudissements », venus de « tous les bancs » de la haute assemblée, saluent ces propos. Précieuse indication. Elle révèle une adhésion enthousiaste des sénateurs à la politique coloniale qui vient d’être défendue et à ses conséquences particulières : le maintien l’esclavage domestique. Continuer à lire … « Après l’abolition de l’esclavage… l’esclavage toujours »

Mémoires et Histoire

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Un essai historique intitulé « Algérie 1962 » donne une impression de déjà lu, déjà connu. Et on aurait tort. Le sous titre, « Une histoire populaire », indique une manière inédite dans la manière d’aborder cette année de l’indépendance de l’Algérie, de la décolonisation. Malika Rahal veut rendre compte de la variété des expériences vécues par les populations. Au-delà ou en deçà de la chronologie, accords d’Evian, les crises, les conflits politiques à l’intérieur du FLN comme la « défaite des Messalistes », elle veut faire partager « le souffle de la révolution », le sentiment individuel et collectif de libération. Une révolution vécue dans la violence, celle de l’OAS mais aussi celle du FLN, violence inhérente à tout changement fondamental. Des expériences nouvelles naîtront. Pour faire face au départ des administrateurs coloniaux, des formes d’auto organisation se mettront en place. L’espace lui-même change par l’ouverture des camps de concentrations, des prisons, des retours d’exils pour renouer des liens et servir la République algérienne. Temps de ruptures et travail de mémoire nécessaire pour penser l’indépendance et la faire vivre. Continuer à lire … « Mémoires et Histoire »

 Il y a soixante ans : un crime impuni de l’OAS

Après un siècle de colonisation et à la veille de la guerre d’indépendance, 80% des enfants que l’on appelle alors « indigènes » ne sont toujours pas scolarisés. C’est pour (tenter de) pallier ce bilan désastreux que, le 27 octobre 1955, sont créés les Centres sociaux éducatifs – CSE), à l’initiative de Germaine Tillion, déportée-résistante, membre du cabinet civil du gouverneur général Soustelle. Progressivement, les animateurs des centres vont faire de leurs locaux, dans des villages dépourvus de tout, des lieux d’apprentissage, doublés de centres de soins infirmiers, où de surcroît les enfants au ventre creux dès le matin pouvaient boire du lait.

La guerre de libération nationale qui éclate le 1er novembre 1954 constitue un défi pour l’armée française qui sort de la défaite de Diên Biên Phu, le 7 mai 1954 au Vietnam. Les officiers y ont appris le rôle essentiel tenu par la population dans la guerre dite « subversive ». C’est en partie pourquoi le succès des CSE auprès des musulmans est vu par l’armée comme une connivence entre le personnel du service et le FLN. Pour ces esprits bornés, nourris par une haine inexpiable, tout ce qui assure au peuple algérien un minimum de bien-être (et de dignité) est à détruire. Continuer à lire …  » Il y a soixante ans : un crime impuni de l’OAS »

Madame Pécresse, non au négationnisme

Madame,

Je viens de prendre connaissance de vos propos tenus le 3 janvier : « En Algérie, il y a eu effectivement des exactions, il y a eu des pages sombres de l’histoire de France qui ont été écrites mais crimes contre l’humanité, c’est ce qu’on reproche aux nazis et à Hitler, et je ne pense pas qu’on puisse parler de crimes contre l’humanité ».

Je dois dire que je suis inquiet qu’une candidate à la Présidence de la République puisse déclarer une telle énormité.

Appelé pendant la Guerre de Libération de l’Algérie, j’ai été affecté de juin 1961 à mars 1962 à la Villa Susini à Alger. Cette Villa a eu le « privilège » d’être un centre de torture qui a fonctionné pendant toute cette période (d’autres centres de torture à Alger n’ont fonctionné que quelques mois ou quelques années). C’est là que Jean-Marie Le Pen s’est « remarquablement » distingué pendant la Bataille d’Alger, faisant disparaître, selon les rumeurs, des corps dans des cuves d’acide. La Légion étrangère avait « abrité » de nombreux SS qui s’y étaient réfugiés pour échapper aux jugements, mais qui ont mis en œuvre leur expérience et formé des tortionnaires français. Continuer à lire … « Madame Pécresse, non au négationnisme »

Quand la propagande coloniale envahissait Paris: l’exposition de 1931

L’exposition coloniale internationale (ECI) de 1931

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Le Palais de la Porte Dorée de Paris a été construit à l’occasion de l’Exposition Coloniale Internationale de 1931. Elle ferma ses portes le 30 novembre, soit il y a 90 ans jour pour jour.

Le palais changea ensuite plusieurs fois d’attribution, tout en maintenant l’Aquarium tropical, présent depuis 1931.

En fin depuis 2007, le Musée de l’histoire de l’immigration Celui-ci est le fruit d’une longue exigence finalement satisfaite, portée par nombre d’organisations antiracistes et historien-nes, sociologues, spécialistes de cette question. 

Du 6 mai au 30 novembre 1931, cette exposition tenta de promouvoir une image de la France impériale à l’apogée de sa puissance. 

Ce fut un immense succès populaire. Véritable ville dans la ville, l’exposition s’étendait sur plus de 1200 mètres de long et était sillonnée par plus de dix km de chemins soigneusement balisés. Elle s’inscrivait dans la tradition des expositions universelles du XIXeme siècle vouées à promouvoir la puissance des nations européennes. Cependant celle était exclusivement consacrée aux colonies.  Continuer à lire … « Quand la propagande coloniale envahissait Paris: l’exposition de 1931 »

Gilles Manceron, historien, à propos des événements d’octobre 1961 : « Les autorités françaises reconnaîtront un jour le crime d’état »

Gilles Manceron est un historien qui s’est investi, depuis des décennies, dans l’histoire coloniale de la France. Il est l’auteur de nombreux ouvrages qu’il a consacrés à cette thématique, dont celle des massacres du 17 Octobre 1961 à Paris. C’est aussi un militant très engagé en faveur des droits de l’homme.

Liberté : le président français, Emmanuel Macron, très attendu sur la question des massacres du 17 Octobre 1961, dont on vient de commémorer le soixantième anniversaire, n’a fait qu’une déclaration a minima. Quelle est votre réaction en tant qu’historien ?

Gilles Manceron : Effectivement vous avez raison de qualifier cette déclaration de « minima », parce qu’il fait un petit pas de plus, en utilisant le mot « crime » pour désigner cette nuit et cette période du 17 Octobre 61. Mais il ne qualifie pas le crime. Il ne dit pas que c’est un crime d’État. Pourtant, c’est la demande des associations qui, dans leur appel, avaient souligné ce fait, qui avaient demandé à ce que ce crime soit reconnu en tant que crime d’État. Et là, ce n’est pas ce qu’il a fait. Il a simplement nommé le préfet de police de la Seine, Maurice Papon, dont on sait qu’il a, effectivement, joué un rôle important dans cette répression. Mais il n’est pas le seul. Il nous dit en quelque sorte que c’est un crime préfectoral, un crime de préfecture et non pas d’État. Continuer à lire … « Gilles Manceron, historien, à propos des événements d’octobre 1961 : « Les autorités françaises reconnaîtront un jour le crime d’état » »

Crimes coloniaux : les experts recommandent à l’état belge d’indemniser (plus Communiqué CADTM Belgique)

« Envisager le paiement d’une dette coloniale pécuniaire face à la responsabilité morale de la Belgique ». Voilà l’une des recommandations fortes du rapport des experts, publié ce 27 octobre. Depuis un an, ces dix historiens, juristes ou politologues œuvraient à donner, aux députés membres de la Commission spéciale sur le passé colonial, un état des lieux des connaissances. D’autres pistes sont évoquées, dont la restitution d’objets pillés. Continuer à lire … « Crimes coloniaux : les experts recommandent à l’état belge d’indemniser (plus Communiqué CADTM Belgique) »

Conférence de presse du Collectif 17Oct61. Déclaration à la presse de Monique Dental

J’interviens ici à double titre :

  • En tant que militante féministe, fondatrice et animatrice du RF « Ruptures »

  • En tant qu’ancienne militante du Parti Socialiste Unifié, membre de l’ITS (Institut Tribune Socialiste, histoire et actualité des idées du PSU) mandatée par Bernard Ravenel son président.

On me pose souvent la question : pourquoi votre association féministe est-elle signataire de l’appel du Collectif 17oct61 ?

Je répondrai succinctement sur ce point : parce qu’il existe une similitude de condition dans l’oppression et la domination que vivent les femmes et les colonisé.es qui s’origine dans l’histoire. Continuer à lire … « Conférence de presse du Collectif 17Oct61. Déclaration à la presse de Monique Dental »

Les harkis (deux textes)

La responsabilité de Salan, Challe et consorts

Peu de mots, un demi-siècle après l’indépendance des colonies, ont autant de charge émotive que le mot harki et charrient autant de confusions. Le terme renvoie à deux réalités. On l’emploie, d’une part, de manière générique pour désigner les multiples catégories de ruraux algériens utilisés par l’armée française durant la guerre d’Algérie comme auxiliaires dans diverses tâches pour contrôler les populations autochtones et combattre les indépendantistes. Il désigne, d’autre part, le groupe social constitué en France par les personnes réfugiées au lendemain de l’indépendance algérienne, dont les deux tiers étaient des femmes et des enfants, pour fuir des massacres dont leurs familles étaient l’objet, groupe social qui s’est étendu à leurs enfants et petits-enfants. On constate aussi que les supplétifs de la guerre d’Algérie sont souvent confondus avec les appelés algériens de l’armée française qui étaient des militaires et que celle-ci comptabilisait dans une catégorie particulière, les « appelés FSNA » (Français de souche nord-africaine), distincte des « appelés FSE » (Français de souche européenne).

Les supplétifs étaient quant à eux des civils. Si la loi en vigueur depuis 1912 soumettait en principe les autochtones algériens au même service militaire que les Européens d’Algérie et que les jeunes de métropole, l’armée française, en dehors des périodes où elle avait besoin d’hommes pour les guerres en Europe (1914-18, 1939-40 et 1943-45), n’incorporait comme appelés parmi ces autochtones qu’une petite partie des classes d’âge concernées. Comme les autorités locales, elle ne voulait que leur soit généralisé l’apprentissage des armes. Plusieurs des initiateurs de l’insurrection lancée par le FLN (Front de libération nationale) et de l’ALN (Armée de libération nationale), comme Ahmed Ben Bella, Mostefa Ben Boulaïd et Krim Belkacem, étaient d’anciens appelés algériens de 1943-45, décorés, et nombre de maquisards durant la guerre étaient des anciens combattants de l’armée française. En 1957, 19% seulement des autochtones convoqués au conseil de révision ont été incorporés, et leur nombre n’a que peu progressé en 1959. Si les hommes enrôlés comme supplétifs avaient été incorporés à l’armée comme appelés, la question de leur transfert en France en 1962 ou de leur abandon sur place ne se serait pas posée. Ils auraient suivi le repli de tous les militaires français, appelés et engagés, vers la métropole. Ce sont les responsables de l’armée coloniale qui n’ont pas voulu leur donner ce statut. Continuer à lire … « Les harkis (deux textes) »

Massacres du 17 octobre 1961 : « Il s’agit bien d’un plan concerté exécuté pour des motifs politiques et raciaux à l’encontre de civils » (plus autre texte)

Tribune. Il y a soixante ans, à Paris et en banlieue, les forces de police, dirigées par le préfet Maurice Papon, se livraient à une véritable chasse à l’homme. Selon le rapport du conseiller d’Etat Dieudonné Mandelkern, publié en janvier 1998, plus de 14 000 manifestants algériens, rassemblés pacifiquement à l’appel du Front de libération nationale (FLN) pour protester contre le couvre-feu raciste qui leur était imposé depuis le 5 octobre, furent arrêtés – presque un sur deux –, frappés souvent et retenus de façon arbitraire pendant plusieurs jours. Par leur ampleur, ces rafles, réalisées entre autres grâce à la réquisition des bus de la RATP, sont sans précédent depuis la seconde guerre mondiale.

Sans précédent aussi, le nombre de manifestants assassinés dans la capitale au cours de ce mois et de l’acmé sanglant des 17 et 18 octobre 1961 puisque les forces de l’ordre ont commis un véritable massacre ; le plus important de l’après-guerre perpétré à l’encontre de civils. Le nombre de victimes, plusieurs centaines, en témoigne. Des manifestants ont été tués par balles, d’autres exécutés dans la cour même de la Préfecture de police de Paris, certains précipités dans la Seine ou frappés à mort après leur arrestation et leur transfert au Palais des sports, au Parc des expositions et au stade Pierre-de-Coubertin, transformés en lieux de rétention. Là, des milliers de « Français musulmans d’Algérie », selon l’expression officielle alors employée, furent parqués, battus et longtemps laissés sans nourriture et sans soins. Continuer à lire … « Massacres du 17 octobre 1961 : « Il s’agit bien d’un plan concerté exécuté pour des motifs politiques et raciaux à l’encontre de civils » (plus autre texte) »

Ouverture du blog histoire coloniale et postcoloniale sur Mediapart

Colonial, postcolonial, décolonial sont des mots récurrents dans des débats d’aujourd’hui, souvent vifs et clivants. Une exigence de décolonialisation encouragée par le mouvement Black Lives Matter, transnationale comme le mouvement féministe Me Too, prend une ampleur mondiale et interpelle toutes les anciennes métropoles impériales. En France, cette exigence se heurte actuellement à de fortes résistances. Certains, dans le champ politique et médiatique, voudraient diaboliser les voix des chercheurs et des citoyens qui appellent à l’examen critique d’un passé de puissance coloniale long de quatre siècles. Notre pays peine à reconnaitre qu’héritier des Lumières et de la Déclaration des Droits de l’Homme, il l’est aussi d’une histoire esclavagiste et impériale qui lui a laissé des traces. Continuer à lire … « Ouverture du blog histoire coloniale et postcoloniale sur Mediapart »

17 octobre 1961 – 17 octobre 2021 60e anniversaire – Vérité et Justice

Le 17 octobre 1961, des dizaines de milliers d’Algériens manifestaient pacifiquement à Paris contre le couvre-feu discriminatoire qui leur avait été imposé par le gouvernement de l’époque dont le Premier ministre, Michel Debré, était hostile à l’indépendance de l’Algérie, et le Préfet de Police Maurice Papon sous ses ordres. Ils défendaient leur droit à l’égalité, leur droit à l’indépendance et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Ce jour-là, et les jours qui suivirent, des milliers de ces manifestants furent arrêtés, emprisonnés, torturés – notamment par la « force de police auxiliaire » – ou, pour nombre d’entre eux, refoulés en Algérie. Des centaines perdirent la vie, victimes d’une violence et d’une brutalité extrêmes des forces de police parisiennes. 60 ans après, la Vérité est partiellement en marche. Cependant, la France n’a toujours pas reconnu sa responsabilité dans les guerres coloniales qu’elle a menées – en particulier la Guerre d’Algérie – non plus que dans le cortège de drames et d’horreurs qu’elles ont entraînés, comme ce crime d’État que constitue le 17 octobre 1961. Le 17 octobre 2012, le Président de la République (François Hollande) avait certes fait un premier pas important, en déclarant : « Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l’indépendance ont été tués lors d’une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes. » Mais le terme de crime n’est pas repris, et la responsabilité, sous entendue, n’est pas clairement définie. Nous demandons une parole claire aux autorités de la République, au moment où certains osent encore aujourd’hui continuer à parler des « bienfaits de la colonisation », à célébrer le putsch des généraux à Alger contre la République, à « honorer » les criminels de l’OAS. Continuer à lire … « 17 octobre 1961 – 17 octobre 2021 60e anniversaire – Vérité et Justice »

Postface inédite de Gilles Manceron « De nouvelles révélations » à la réédition du texte de Marcel et Paulette Péju, « Le 17 octobre des Algériens »

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Dans l’édition en 2011 du livre de Marcel et Paulette Péju qu’on vient de lire, le texte qui l’accompagne pointe les mécanismes de la « triple occultation » de ce massacre : le silence des autorités françaises, la concurrence des mémoires internes à la gauche française et la volonté du pouvoir algérien d’écarter de l’histoire officielle les luttes de l’émigration en France. Mais cette réédition en collection de poche est l’occasion de faire le point sur les avancées opérées depuis dix ans dans la connaissance de cet événement.

Des travaux et publications ont permis de repérer trois aspects importants qui avaient fait insuffisamment l’objet d’attention et sur lesquels des investigations plus approfondies sont nécessaires. D’abord le rôle moteur joué par le Premier ministre Michel Debré à l’automne 1961 dans la violence exercée contre l’immigration algérienne, dont le 17 octobre a été l’apogée. Ensuite, la nécessité de prendre en compte dans le décompte des victimes les Algériens expulsés de France, supposés dans les déclarations officielles être « retournés dans leur douar d’origine », mais en réalité internés en Algérie dans des camps militaires où la mortalité était importante. Enfin, un quatrième facteur d’oubli doit être ajouté à ceux déjà nommés de cette « triple occultation » : la tendance de nombreuses familles algériennes qui ont continué à vivre en France à hésiter à transmettre le souvenir de cet épisode à leurs enfants. Continuer à lire … « Postface inédite de Gilles Manceron « De nouvelles révélations » à la réédition du texte de Marcel et Paulette Péju, « Le 17 octobre des Algériens » »

En finir avec le colonialisme et le « parti colonial »

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« Peu après sa naissance en 1967, la Fasti – qui regroupe de nombreuses Asti et militant·e·s sur tout le territoire – adopte un positionnement anticolonialiste. Ce positionnement découle du constat que les rapports nord/suds, déséquilibrés par des siècles d’esclavagisme, de colonialisme et de néocolonialisme, sont un élément fondamental dans l’analyse des migrations internationales et des politiques qui leur sont propres. Ainsi, les effets désastreux du colonialisme sur les populations font partie des causes multifactorielles des migrations. Le prisme colonial est également central dans le traitement réservé actuellement aux populations étrangères par les institutions occidentales ou encore dans les « négociations » interétatiques sur les questions migratoires. Plus globalement, les rapports nord/suds sont une donnée essentielle dans l’appréhension du monde dans lequel nous vivons et dans la compréhension des mécanismes de domination à l’échelle planétaire »

Dans l’édito, les auteurs et autrice soulignent, entre autres, « Nous pensons également que l’idéologie coloniale alimente les rapports sociaux de « race » qui structurent toujours nos relations, nos imaginaires, nos modes de pensée et d’agir ». Iels abordent l’égalité de toutes et tous « quel que soit son lieu de résidence » et présentent l’objet de la brochure et de l’exposition. Continuer à lire … « En finir avec le colonialisme et le « parti colonial » »

Les harkis, ces victimes du colonialisme, instrumentalisés par le macronisme

Le comble : la France présente donc ce 20 septembre 2021, ses excuses aux Algériens qui se sont battus pour le colonialisme, certains sans en mesurer les enjeux !!!

D’abord, il est important de rappeler qu’il n’y a pas une seule catégorie de harkis, comme on le laisse souvent penser. Mais les conditions d’engagement ou d’enrôlement sont multiples. Il suffit de reprendre l’étude remarquable de Pierre DAUM « Le Dernier tabou, les « harkis » restés en Algérie après 1962 » pour mieux comprendre la complexité des situations. Continuer à lire … « Les harkis, ces victimes du colonialisme, instrumentalisés par le macronisme »

Mayotte : une nouvelle fuite en avant répressive et toujours plus inégalitaire

Alors que nos associations sont contraintes d’accompagner au quotidien la population étrangère qui n’a pas fini de faire face aux conséquences dramatiques produites par la loi dite asile-immigration du 10 septembre 2018, c’est à grand renfort de nouvelles annonces visant à éloigner encore Mayotte du droit commun que les deux ministres ont rythmé leur visite. Des choix incompréhensibles quand « la convergence vers l’égalité des droits » est parallèlement revendiquée par les autorités.

Parmi ces annonces, le renforcement de la lutte contre « l’immigration clandestine » et la poursuite massive des reconduites à la frontière n’auront de cesse d’entraver la circulation des personnes et aggraver les violations des droits (rupture de scolarité, rupture de soins, séparation brutale de familles, expulsion de personnes protégées contre l’éloignement…) Continuer à lire … « Mayotte : une nouvelle fuite en avant répressive et toujours plus inégalitaire »