« 20 ans après l’invasion américaine, l’Irak est confronté, entre autres, à des crises climatiques et hydriques en cascade »

Le 20 mars 2003, l’administration de George W. Bush (président de 2001 à 2009, vice-président Dick Cheney) déploie l’armée des Etats-Unis sur le sol irakien [1]. Aujourd’hui, Loulouwa Al-Rachid, analyste auprès de l’International Crisis Group et chercheuse au Centre Carnegie Moyen-Orient, souligne, dans un entretien donné au quotidien Le Monde le 17 mars 2023, que l’invasion fut « justifiée à l’époque par des mensonges sur la présence d’armes de destruction massive et par l’implication de Saddam Hussein dans les attentats du 11 Septembre, et présentée au reste du monde comme une mission de démocratisation au Proche-Orient, elle constitue, en fait, l’acmé de l’arrogance américaine et une attaque impérialiste infligée à un pays par un autre ».

Adel Bakawan [2], directeur du Centre français de recherche sur l’Irak (CFRI), lors d’une émission le 20 mars sur France Culture («Culture Monde» animée par Julie Gacon), signale qu’« en 2003, les Américains ont mis en place un système politique basé sur les trois principales composantes de la société irakienne que sont les chiites, les sunnites et les kurdes. On cristallise alors le découpage communautaire du pays. Aujourd’hui il est complètement impossible de parler de nation ou de société irakienne tellement les divisions sont profondes [Adel Bakawan les caractérise comme relevant de conflits « ethnico-confessionnels]. Les différentes composantes communautaires elles-mêmes sont profondément fracturées en leur sein et n’ont plus aujourd’hui de discours communs. »

Myriam Benraad [3], politologue, spécialiste du Moyen-Orient, professeure associée en relations internationale, met en relief qu’« en 2003, après plus d’une décennie d’embargo, la guerre civile était déjà présente sous forme de ferments dans la société irakienne. Loin de pacifier le pays, l’invasion américaine va le brutaliser. En 2006, le nombre de violences intercommunautaires explose. Les Américains ne sont absolument plus tolérés, l’administration irakienne négocie leur départ. Lorsque Barack Obama annonce le retour des GI, il prend simplement acte de cet échec. »

Lorsque l’administration Obama décide de retirer les troupes américaines, en 2011, il explique pourtant que les Américains laissent derrière eux « un Etat souverain, stable, autosuffisant, avec un gouvernement représentatif qui a été élu par son peuple ». Or, dès 2014, Daech (Etat islamique) occupe une partie importante du pays. Après sa défaite, le pays tombe dans une crise d’ensemble. Des secteurs importants de la jeunesse, en 2019, se mobilisent contre le gouvernement et les diverses milices, dont certaines ont des liens directs avec l’Iran. Cette révolte est réprimée. Les aspirations de larges secteurs de la population sont battues en brèche.

L’article de Mike Ludwig, traduit ci-dessous, offre une description de la crise climatique et hydrique qui ravage le pays. Un autre « résultat » de la guerre contre « l’Axe du mal », telle que présentée par Bush. (Rédaction A l’Encontre) Continuer à lire … « « 20 ans après l’invasion américaine, l’Irak est confronté, entre autres, à des crises climatiques et hydriques en cascade » »

Le racisme n’est pas une opinion, ça constitue un crime

Non aux discours de haine et aux politiques migratoires criminelles 

L’espace public, virtuel et réel, au Maroc, et dans la région du Maghreb, est marqué ces dernières semaines par la montée d’un discours raciste portés contre les personnes en migration originaires des pays d’Afrique subsaharienne. Ce discours de haine a explosé à la suite des déclarations honteuses du président tunisien Kais Said. Nous, les organisations et associations signataires de cette déclaration, considérons qu’une grande partie de ces discours ont été importés de courants d’extrême-droite occidentaux afin de les dupliquer à une réalité complètement différente de l’immigration au Maroc et au Maghreb.

Les discours racistes et discriminatoires fondés sur l’exagération et une vision sécuritaire de la présence des immigrés sont démentis par les données statistiques et de terrain sur la présence des immigrés au Maroc. Ces discours alarmistes sont fondés sur une logique identitaire restrictive autour du mythe de l’existence supposée d’une « race marocaine ». La réalité de l’immigration et de l’exil au Maroc est plurielle et diversifiée. Il est également vrai que le Maroc était et il est toujours ouvert aux identités multiples, avec des identités ethniques et culturelles locales différentes qui ont coexisté au fil des siècles. Continuer à lire … « Le racisme n’est pas une opinion, ça constitue un crime »

Les enjeux du féminisme au Sénégal

Le texte ci-dessous, que nous avons l’honneur de publier, est l’intervention d’ouverture prononcée par la sociologue sénégalaise, Fatou Sow, le 28 janvier dernier à l’occasion du lancement du Réseau des féministes du Sénégal, qui a eu lieu au Musée de la Femme Henriette Bathily à Dakar. Comme le mentionne Madame Sow, l’Afrique est « le seul continent à disposer d’une convention de droits humains des femmes, promue, à l’échelle africaine, par l’Union africaine ». Ce réseau est une concrétisation au Sénégal de cette charte et une avancée importante dans le combat féministe au Sénégal et plus généralement en Afrique, notamment francophone. La rédaction

J’éprouve une vraie grande joie et un certain soulagement à participer à ce lancement du Réseau des féministes du Sénégal, pour deux raisons majeures. La première raison, c’est la volonté d’organisations féminines de se déclarer féministes, féministes sans si, ni mais, comme le décline la Charte des principes féministes pour les féministes africaines, élaborée en 2009, par le Forum féministe africain, mouvement panafricain de femmes, créé à Accra en 2006.

La seconde raison est la volonté de se mettre en réseau, après des séries de débats, ce qui n’est pas toujours évident. En effet, nous traversons des contextes souvent difficiles où de multiples défis, des divergences d’opinions, des contradictions idéologiques, des rapports de pouvoir et de leadership tendus, des ambitions et intérêts collectifs comme personnels, peuvent être sources de compétitions, de rivalités, de conflits et de ruptures, malgré la nécessité d’être ensemble et de combattre ensemble, à partir d’une plateforme la plus commune possible, face à des « ennemis communs » à nos causes possibles. Peut-on déjà considérer ces deux raisons comme des enjeux de nos luttes féministes? Continuer à lire … « Les enjeux du féminisme au Sénégal »

Féminicides Algérie

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Qui sommes-nous ?
Nous sommes deux militantes féministes algériennes, réunies par la nécessité d’alerter la société et les institutions face aux féminicides dans notre société et leur banalisation.

Nous effectuons un recensement qui consiste en une veille permanente de l’actualité nationale relative aux meurtres et assassinats de femmes et de filles, parce qu’elles sont femmes et filles. Nous tenons également à mettre en avant que ces féminicides ne viennent pas de nulle part, c’est le résultat d’une violence sociale et institutionnelle banalisée voire encouragée et entretenue. Continuer à lire … « Féminicides Algérie »

Rwanda – Armée française : Violées parce qu’elles étaient tutsies

Presque 20 ans après le dépôt des premières plaintes pour viols par des femmes tutsies, la procédure judiciaire semble au point mort. Un récent documentaire diffusé sur Arte a remis en lumière cette affaire, portée par la médecin Annie Faure. Celle-ci nous en explique l’histoire, les tenants et les aboutissants.

Un récent documentaire de M. Stanzke et G. Faye a mis en lumière les viols commis par des militaires français contre des femmes tutsies au Rwanda en 1994. Plusieurs de ces femmes ont porté plainte, pouvez-vous nous dire combien de plaintes ont été déposées, quand et quelle est l’origine de ces plaintes ? 
Il y a eu deux séries de plaintes, la première en 2005, la seconde en 2012. Dans le cadre de la commémoration du génocide des Tutsis organisée par Survie, en 2004, a été présenté un film où l’on entendait des femmes tutsies se plaindre de viols commis par des soldats français. A ce moment-là, Survie a décidé d’envoyer des personnes au Rwanda pour rencontrer ces femmes, recueillir leur témoignages, et si possible des plaintes contre l’armée française.  Continuer à lire … « Rwanda – Armée française : Violées parce qu’elles étaient tutsies »

Résistances écologiques au Soudan : la lutte contre le barrage de Kajbar

A l’occasion de la sortie en France du film « Le Barrage » d’Ali Cherri sur le barrage de Merowe (Soudan), nous retraçons dans cet article l’histoire de la lutte contre le barrage de Kajbar, qui est un exemple de résistance victorieuse contre un méga-projet hydroélectrique au Soudan.

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La Nubie, une région sacrifiée par les méga-projets de barrages électriques
Depuis le début du XXe siècle, la région nubienne, à cheval entre la région Nord du Soudan et le Sud de l’Egypte, est soumise à des déplacements forcés de population en vue de la construction de centrales hydro-électriques et de barrages sur le Nil. Parmi ces projets aux conséquences meurtrières, les plus connus sont le barrage d’Assouan en 1899 et le Haut barrage d’Assouan en 1959, qui a inondé la Wadi Halfa, capitale de la Nubie, sur une zone de 150 km2 (voir notre article sur l’histoire des résistances à ces projets). Les conséquences environnementales et humaines catastrophiques de ces méga-projets hydroélectriques ont été largement documentées : Continuer à lire … « Résistances écologiques au Soudan : la lutte contre le barrage de Kajbar »

Pétition (Algérie) : En défense des libertés syndicales et du droit de grève : Les artistes, intellectuels et scientifiques aux côtés des travailleurs et de leurs syndicats

Nous, artistes, intellectuels et scientifiques signataires de cette pétition :

avons pris connaissance avec consternation du contenu attentatoire aux libertés syndicales élémentaires et au libre exercice du droit de grève du « Projet de loi relatif à l’exercice du droit syndical » et du « Projet de loi relatif à la prévention, au règlement des conflits collectifs de travail et à l’exercice du droit de grève » élaborés par le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale.

faisons part de notre étonnement et de notre incompréhension devant l’absence totale de concertation avec les organisations syndicales durant la période d’élaboration de ces deux textes,

constatons que ces deux textes, s’ils sont adoptés, rendront légalement impossibles l’exercice du droit de grève et le libre exercice du droit syndical qui se trouvent déjà largement entravés dans la pratique des pouvoirs publics et des employeurs depuis plusieurs années, Continuer à lire … « Pétition (Algérie) : En défense des libertés syndicales et du droit de grève : Les artistes, intellectuels et scientifiques aux côtés des travailleurs et de leurs syndicats »

Arrestations arbitraires et campagnes haineuses à l’encontre des personnes migrantes d’origine subsaharienne en Tunisie

« L’Afrique aux Africains », c’est ce qu’a déclaré le président Kais Saied lors de son discours au sommet Europe-Afrique à Bruxelles le 17 février 2022. Cependant, les derniers évènements survenus en Tunisie vont à l’encontre de la déclaration du président Kais Saied, au vue de la campagne lancée par l’appareil sécuritaire intitulée « Renforcement du tissu sécuritaire et réduction du phénomène du séjour irrégulier en Tunisie », qui se traduit depuis quelques jours par des vagues d’arrestations massives. 

Ces derniers jours, plus de 300 migrants ont été arrêtés, placés en garde à vue et déférés devant la justice. Ils ont été arrêté à la suite d’un contrôle d’identité « au faciès » ou même à la suite de leur présence devant les tribunaux en soutien à leurs proches. Continuer à lire … « Arrestations arbitraires et campagnes haineuses à l’encontre des personnes migrantes d’origine subsaharienne en Tunisie »

La Déclaration de Dakar – Coopération panafricaine et solidarité mondiale

Dans l’esprit de la déclaration d’Arusha et de la déclaration de Porto Alegre, nous nous sommes réunis à Dakar en provenance des quatre coins du monde pour faire face à un monde en proie à de multiples crises sous le thème de la souveraineté économique et monétaire de l’Afrique

Nous sommes un groupe d’universitaires, de décideur(se)s politiques et de militant(e)s d’Afrique, d’Asie, d’Europe et d’Amérique du Nord, certain(e)s d’entre nous étant économistes, d’autres politologues, historien(ne)s, sociologues et anthropologues. Nous adressons cette déclaration aux gouvernements africains, aux institutions africaines et aux acteur(ice)s et institutions externes qui limitent la souveraineté économique et monétaire de l’Afrique.

L’ordre économique international en vigueur est au cœur des crises contemporaines. Les pays du Sud en souffrent de manière disproportionnée. L’insertion défavorable de l’Afrique dans l’ordre capitaliste est le problème. Nous faisons partie intégrante de ce système qui ne pourrait prospérer sans notre exploitation. Nous sommes en désaccord avec le paradigme économique dominant qui conceptualise l’économie en termes quasi naturels et décrit unmonde bénin sans asymétries de pouvoir. Continuer à lire … « La Déclaration de Dakar – Coopération panafricaine et solidarité mondiale »

En soutien de Benjamin Stora, victime d’attaques antisémites

Victime récurrente d’attaques antisémites en France de la part de l’extrême droite et des nostalgiques de l’OAS, qui ne lui pardonnent pas son travail intellectuel de compréhension du combat de libération des Algériennes et des Algériens, Benjamin Stora vient de subir, comme en écho, une charge méprisable sur le média électronique Algérie patriotique – une charge qui, débordant sa personne, vise explicitement toute la communauté algérienne de confession juive dans sa longue histoire.

Oublieux de la part prise dans le combat libérateur du peuple algérien par certain.e.s compatriotes appartenant à cette communauté, ce texte abject cultive l’ignorance historique pour leur dénier tant leur engagement patriotique que leur algérianité, et, dans le plus pur style antisémite, use d’amalgames pour jeter l’opprobre sur toute une communauté au motif de sa confession. Continuer à lire … « En soutien de Benjamin Stora, victime d’attaques antisémites »

Appel : Révolution de la dignité et de la Liberté – 17 décembre – 14 Janvier 

Rassemblement Samedi 14 Janvier 2023
15H Fontaine des Innocents – Paris 75001

La Tunisie passe aujourd’hui par une période de tension grosse de tous les périls. Une situation inédite depuis le 14 janvier 2011, date phare de la révolution tunisienne qui a ébloui le monde et dont les mots d’ordre emblématiques pour le travail, la dignité, la liberté, la démocratie et la justice sociale, se sont répandus dans tout le monde arabe et au-delà.

Les années de transition démocratique n’ont certes pas permis au peuple Tunisien de concrétiser ses aspirations économiques et sociales, ni de réaliser une quelconque avancée dans l’équilibre entre les régions et entamer les grandes réformes. Mais le pays a tenu malgré les secousses sociales et politiques ; il a pu faire face au menées terroristes, grâce à la cohésion de son peuple et de ses forces vives. La violence a toujours été rejetée par la société tunisienne dont les élites ont toujours été attachées au dialogue comme voie de sortie de toutes les crises.

Depuis le 25 juillet 2021, le président Kaïs Saïed a mis à profit les conditions sanitaires catastrophiques liées au contexte de la pandémie du COVID, la dégradation dramatique des conditions économiques et sociales, et les tiraillements politique d’une classe politique déconnectée des enjeux qui travaillaient la société, pour imposer ses décisions unilatérales.  Continuer à lire … « Appel : Révolution de la dignité et de la Liberté – 17 décembre – 14 Janvier « 

Introduction « L’Afrique à la croisée des chemins ? » de Martine Boudet au livre « Résistances africaines à la domination néo-coloniale (Le Croquant, 2021)

Avec l’aimable autorisation de l’autrice

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https://editions-croquant.org/actualite-politique-et-sociale/710-resistances-africaines.html 

Le néocolonialisme françafricain
Cet ouvrage collectif répond à une nécessité impérieuse, celle de mettre en lumière les relations tissées entre pays africains et Union européenne dans la dernière décennie. Dans ce secteur marginalisé, y compris dans la sphère altermondialiste, il s’agit de prendre la mesure des passifs occasionnés par des décennies de relations inégales, spécialement dans la zone francophone. Malgré les bouleversements qui ont mis à bas l’empire soviétique ou celui des USA en Amérique latine, ces relations restent régies par l’ordre néocolonial, sous l’égide d’une caste dictatoriale dite « françafricaine », selon la formule du regretté François Xavier Verschave [1]. Les sommets Afrique-France et francophones, qui sont reconduits en alternance tous les deux ans, témoignent de cette longévité, qui s’explique entre autres par le caractère multidimensionnel de ce système relationnel : linguistico-culturel, éducatif, monétaire, stratégique…

Le déclin de ce cycle historique se traduit par la propension à survaloriser l’assistance militaire au détriment des coopérations civile, enseignante, technologique… Les opérations extérieures (OPEX), surnommées Licorne, Sangaris, Serval, Barkhane…, ont pour objectif principal de maintenir l’ordre néocolonial quoi qu’il en coûte et de manière indifférenciée, à l’encontre des aspirations pacifiques au respect des souverainetés nationales ou régionales, sans effet significatif sur les reflux terroristes enregistrés sur le terrain, au Sahel et dans des pays limitrophes, en Centrafrique ou au Cameroun. Continuer à lire … « Introduction « L’Afrique à la croisée des chemins ? » de Martine Boudet au livre « Résistances africaines à la domination néo-coloniale (Le Croquant, 2021) »

Sahara « marocain » ou « israélien » ? Victimes sahraouies et palestiniennes !

La victoire du Maroc face à l’Espagne dans les huitièmes de final de la coupe du monde de football, le 6 décembre dernier, a été longuement saluée et discutée dans les médias français, par les journalistes et ‘experts’ think thanks qui y ont leurs entrées.

Tous ont profité de l’occasion pour réitérer le même discours lénifiant à propos de la fraternité algéromarocaine et du « conflit » du Sahara Occidental. À en croire par exemple l’émission de TV5 Monde, sobrement intitulée « Algérie – Maroc : pourquoi ce bras de fer entre les deux voisins ? » (7 décembre 2022), la question du Sahara Occidental se résumerait à un simple conflit politique opposant les autorités algériennes et marocaines, elles-mêmes en quêtes d’hégémonie régionale, au détriment des intérêts de leurs sociétés. Les Sahraouis, grands oubliés des médias, apprécieront ! Continuer à lire … « Sahara « marocain » ou « israélien » ? Victimes sahraouies et palestiniennes ! »

L’annulation de l’hommage à Sophie Bessis : Une dérive vers l’interdiction de toute parole libre !

L’hommage que la Fondation de la Maison de Tunisie à Paris, en collaboration avec le Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT), avait initialement prévu de rendre le 9 décembre 2022 à Sophie Bessis, historienne et intellectuelle tunisienne engagée, internationalement reconnue tant pour ses ouvrages que pour ses prises de position, vient d’être « reporté » sine die par cette institution au motif de « contraintes d’ordre administratif et logistique ». Tels sont les termes laconiques d’un message envoyé quelques jours avant l’évènement par les responsables de la Maison de Tunisie.

Comment ne pas rapprocher une telle décision ex- abrupto du climat d’hostilité entretenu à l’heure actuelle à l’égard des démocrates de notre pays ?

Cette décision semble en effet confirmer une inquiétante dérive vers l’interdiction de toute parole libre et critique à l’égard du pouvoir.

Sophie Bessis, femme de gauche et militante féministe qui s’exprime régulièrement pour la défense des droits et libertés et dont l’engagement démocratique n’est plus à démontrer, doit pouvoir s’exprimer librement au sein des institutions publiques tunisiennes. Si la soirée prévue le 9 décembre 2022 devait avant tout rendre hommage à son œuvre et à son parcours, et non traiter spécialement de l’actualité tunisienne, les points de vue critiques récemment formulés par l’historienne contre l’évolution anti-démocratique du pouvoir tunisien nous semblent clairement constituer la toile de fond de l’annulation de l’événement. Tout comme la présence de participants qui n’ont cessé de dénoncer ces derniers mois la dérive des institutions tunisiennes vers une présidence omnipotente Continuer à lire … « L’annulation de l’hommage à Sophie Bessis : Une dérive vers l’interdiction de toute parole libre ! »

Les comités de résistance s’opposent à l’accord entre civils et militaires

Au Soudan, après une année entière de résistance de la population civile au coup d’État militaire, un accord entre partis politiques civils et l’armée se prépare. Les comités de résistance, base populaire de la révolution et principaux acteurs de la résistance politique, s’opposent à cet accord qui ne respecte pas, selon eux, les objectifs de la révolution.

Un accord qui marque la fin de l’opposition civile au régime du coup d’Etat ?
Vendredi dernier (02 décembre 2022), le comité central des Forces de la liberté et du changement (coalition de partis politiques issue de la révolution de 2019), a annoncé qu’ils signeront un accord de normalisation avec les militaires demain, lundi 05 décembre. Cet accord sera signé en présence du général Abdel Fattah Al-Burhan, et du commandant des Forces de soutien rapide, Muhammad Hamadān Daglo dit « Hamidti », ainsi que de représentants de plusieurs partis politique. Selon les Forces de la liberté et du changement, cet accord devrait conduire à « l’établissement d’une autorité civile de transition pour assumer la mise en œuvre des objectifs de la révolution de Décembre ». Continuer à lire … « Les comités de résistance s’opposent à l’accord entre civils et militaires »

Mali : en finir avec les violences sexuelles liées aux conflits

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Paris – Dakar, le 25 novembre 2022. Depuis 2012, les cas de viol, d’esclavage sexuel, d’enlèvement ou encore de mariage forcé sont utilisés comme armes de guerre dans le cadre du conflit au Mali. À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles, la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et Avocats sans frontières Canada (ASFC) publient une note conjointe sur l’état des réponses judiciaires envers les violences sexuelles au Mali. Continuer à lire … « Mali : en finir avec les violences sexuelles liées aux conflits »

Le CADTM Afrique exige des réparations, la fin des conditionnalités et l’annulation des dettes illégitimes du continent

Au regard de l’enlisement des États d’Afrique dans le piège de l’endettement malgré l’énorme potentialité et la diversité de leurs richesses, la fuite de leurs capitaux à travers la fraude et l’évasion fiscales, la perte d’importantes sommes d’argent qu’ils subissent à travers le libre-échange et l’échec avéré des fausses solutions à la crise de la dette africaine, le CADTM reste intransigeant pour exiger l’annulation pure et simple de la dette africaine, publique extérieure illégitime.

Ainsi, rappelant que de nombreuses dettes sont illégitimes ou odieuses et ont déjà été remboursées à de multiples reprises, le CADTM considère, aux côtés de mouvements sociaux de plus en plus nombreux, qu’il faut se battre pour la mise en œuvre d’un vaste programme anticapitaliste qui inclut une série de mesures fondamentales : Continuer à lire … « Le CADTM Afrique exige des réparations, la fin des conditionnalités et l’annulation des dettes illégitimes du continent »

Sahel : Barkhane se termine, l’armée française reste et le problème demeure

Lors de l’officialisation de la fin de l’opération Barkhane, le président Emmanuel Macron a confirmé que la France maintiendrait un contingent de plusieurs milliers de soldats au Sahel. Pour l’association Survie, qui milite contre la Françafrique, cette énième annonce sur la fin de Barkhane révèle surtout une volonté d’escamoter le bilan de dix années d’intervention militaire massive au Sahel et de se passer désormais de tout débat parlementaire sur le sujet. Continuer à lire … « Sahel : Barkhane se termine, l’armée française reste et le problème demeure »

Soudan, une année entière de lutte contre le coup d’Etat

Les militaires au pouvoir : un bilan catastrophique
Le 25 octobre de l’année dernière, le général Al-Burhan a effectué un coup d’État au Soudan, en suspendant la Constitution et en arrêtant les membres du gouvernement, ainsi que le chef d’Etat Hamdok. Depuis, la rue soudanaise ne cesse de contester le coup d’état qui a brisé les rêves de liberté et de démocratie de la révolution de 2018. 

Ce coup d’État a fait tomber le pays dans une grave crise économique et politique. En effet, depuis octobre dernier, la communauté internationale, à la suite des Etats-Unis, a suspendu l’aide financière en direction du Soudan pour condamner les pratiques anti-démocratiques de Burhan, ce qui a plongé le pays dans une grande instabilité. A cause de cela, des conflits se sont déclenché quasiment partout dans le pays, au sud comme à l’ouest, au centre comme à l’est. Cela est dû en partie à l’incapacité des putschistes de contrôler le pays, mais également au rôle actif joué par les membres de l’ancien régime encore au pouvoir, qui cherchent à mettre le feu aux poudres partout dans le pays en fournissant des armes et en soutenant certaines factions contre d’autres.

 Devant cette situation catastrophique, la mobilisation n’a jamais cessé au Soudan, du 25 octobre 2021 à aujourd’hui. Chaque semaine, les comités de résistance, organisations locales auto-gérées, actrices à la fois des mobilisations et de la solidarité de quartier, ont lancé des manifestations (voir notre article sur les comités de résistance) ; et des grèves ont eu lieu toute l’année, bloquant plusieurs secteurs. La mobilisation n’a pas eu lieu que dans la capitale, mais également dans toutes les villes du pays. Continuer à lire … « Soudan, une année entière de lutte contre le coup d’Etat »

Tchad : la répression systématique des manifestations contre la prolongation de la période de transition doit immédiatement cesser

Des manifestations ont eu lieu jeudi 20 octobre 2022 contre la prolongation de la période de transition au Tchad et le maintien au pouvoir de Mahamat Idriss Deby Itno. Selon les chiffres du gouvernement tchadien, il y aurait au moins « une cinquantaine de morts et plus de 300 blessés ». Les signataires de ce communiqué appellent les autorités tchadiennes à mettre immédiatement fin à la répression des manifestants, conformément à la Constitution tchadienne et aux obligations internationales auxquelles adhère le Tchad. Nous invitons les acteurs internationaux à agir fermement pour mettre fin à cette spirale de violences. Survie relaie le communiqué de Tournons la page auquel elle s’est associée. Continuer à lire … « Tchad : la répression systématique des manifestations contre la prolongation de la période de transition doit immédiatement cesser »