Théofascisme israélien : une occasion historique pour imposer un état démocratique pour tous

Soixante-quinze ans après la Nakba, la société israélienne a de plus en plus évolué vers l’extrême droite. 

La mince frontière entre l’État sioniste en tant qu’appareil et sa société de colons s’amincit de plus en plus, et sa réalité en tant qu’entité colonisatrice du fleuve à la mer, et pas seulement en Cisjordanie, est de plus en plus évidente. 

Les résultats des élections de l’an dernier et les décisions politiques qui ont suivi ont révélé la véritable nature de la « seule démocratie du Moyen-Orient » : Des fonctionnaires ouvertement fascistes, des projets de loi qui menacent de prison les chrétiens pour avoir parlé de Jésus et, bien sûr, des pogroms incessants.

En quoi ce glissement toujours plus à droite est-il une occasion à saisir, et comment en tirer le meilleur parti ? Continuer à lire … « Théofascisme israélien : une occasion historique pour imposer un état démocratique pour tous »

La Marche des drapeaux fait partie de la guerre sioniste contre Jérusalem

La Marche des drapeaux représente le nettoyage ethnique sioniste de la Palestine et l’imposition de la domination coloniale israélienne sur Jérusalem. Elle fait partie de la guerre sioniste permanente contre Jérusalem.

Le jeudi 18 mai, des groupes de colons israéliens ont organisé la « Marche des drapeaux » annuelle à Jérusalem. Cette marche, ou « danse des drapeaux », a été inaugurée pour la première fois en 1968, un an après que les forces israéliennes ont occupé Jérusalem-Est et se sont emparées des terres palestiniennes, syriennes et égyptiennes en Cisjordanie, sur le plateau du Golan et dans le Sinaï. Des responsables israéliens tels que le ministre de la sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, et le ministre des finances, Bezalel Smotrich, tous deux membres de la nouvelle coalition israélienne d’extrême droite, se sont joints à la marche de cette année.

Dans le cadre de ce que l’État israélien appelle le « Jour de Jérusalem », la Marche des drapeaux témoigne de l’importance accordée par les colons à la « réunification de Jérusalem ». Cependant, comme les Palestiniens insistent pour rester dans leurs maisons, de Sheikh Jarrah à la vieille ville et aux villes voisines de Jérusalem-Est, la Marche des drapeaux est devenue une tentative de chasser les derniers Palestiniens de Jérusalem.

Dans une déclaration, le porte-parole du bureau présidentiel palestinien, Nabil Abu Rudeineh, a averti que la Marche des drapeaux pourrait conduire à une « explosion », alors que les tensions sont déjà très vives en raison de l’augmentation de la violence israélienne à Jérusalem. Dans une déclaration à la presse, le premier ministre palestinien, Mohammad Shtayyeh, a condamné la marche comme une tentative de consolider la judaïsation et la conquête de Jérusalem, soulignant que « les Palestiniens continueront à affronter les politiques de l’occupation, quel qu’en soit le prix ».

Cependant, pour les Palestiniens de Jérusalem, la Marche des drapeaux n’est pas seulement une initiative politique et militaire destinée à renforcer la mainmise d’Israël sur Jérusalem, c’est aussi une journée de violence garantie et d’abus de la part des colons. Continuer à lire … « La Marche des drapeaux fait partie de la guerre sioniste contre Jérusalem »

Témoignage du franco-palestinien Salah Hamouri à Toulouse : Israël m’a déporté de Jérusalem, où je suis né, où j’ai grandi

« La solidarité avec la Palestine est un sport de combat » pour paraphraser Pierre Bourdieu dans un tout autre domaine, et la Bourse du travail de Toulouse en a été le théâtre vivant mardi dernier. Salah Hamouri, franco-palestinien, ex-prisonnier et expulsé, l’année dernière, par Israël de sa ville natale Jérusalem-Est était l’invité de l’UD-CGT, Palestine Solidarité Toulouse et l’Association France-Palestine solidarité (AFPS) pour évoquer son expulsion et le sort des prisonniers politiques palestiniens.

Mais cinq minutes auront suffi pour que les premiers incidents éclatent. La parole sioniste se déchaîne en inter-vagues : « Israël est le seul grand pays démocratique du Proche-Orient », « Israël, c’est pas l’apartheid », « Je ne veux pas entendre le mot déportation », « Vous êtes un terroriste », adressée à Salah Hamouri, qui peine à en placer une, puis est finalement empêché de parler. Des membres du service d’ordre blessés, 200 euros de dégâts à la table de l’association Le Philistin qui commercialise la production artisanale palestinienne. Un dernier attaquant ose dire à l’encontre de celui qui aura passé dix années de sa jeune vie en prison : « Je m’attendais à voir un grand conférencier et je vois un homme qui ne sourit pas. »La bêtise et la haine n’ont aucune limite. Une fois tout ce petit monde évacué, la conférence a pu véritablement commencer dans le respect de l’intervenant, des organisateurs et du public toulousain. Continuer à lire … « Témoignage du franco-palestinien Salah Hamouri à Toulouse : Israël m’a déporté de Jérusalem, où je suis né, où j’ai grandi »

Exécutions capitales : l’arme redoutable de la répression en Iran

Paris, le 23 mai 2023

Un régime sanguinaire
L’Iran est le pays où le pourcentage d’habitant.es exécutées chaque année est le plus élevé du monde. D’après Amnesty International, il y aurait eu 576 exécutions en 2022, dont officiellement 92% sous l’accusation de meurtre ou d’infraction à la législation sur les stupéfiants [1]. 

En réalité, parmi les victimes figurent nombre de personnes considérées par le pouvoir comme ne se soumettant pas à ses dogmes : militant.es politiques, syndicalistes ou associatifs, partisan.es de l’autonomie des minorités nationales et/ou de la liberté de conscience, LGBTIQ+, etc. De plus, toutes les exécutions n’apparaissent pas dans les statistiques disponibles.  Continuer à lire … « Exécutions capitales : l’arme redoutable de la répression en Iran »

Carrefour doit mettre fin à son partenariat avec des entreprises israéliennes acteurs de la colonisation

Le groupe Carrefour a fait savoir fin avril aux organisations signataires du rapport « Les liaisons dangereuses du groupe Carrefour avec la colonisation », qu’il avait décidé de suspendre le partenariat avec des enseignes dans le territoire palestinien occupé, sans plus de précision. Par la suite, le groupe Carrefour n’a pas répondu aux demandes de confirmation des organisations signataires. Celles-ci continuent à appeler le groupe Carrefour à mettre fin à son accord de franchise avec Electra Consumer Products et Yenot Bitan.

En effet, si la décision de suspendre le partenariat avec des enseignes situées dans les colonies illégales était confirmée et suivie d’effets, il s’agirait d’un premier pas dans le désengagement de Carrefour, et d’un premier résultat de la campagne menée depuis six mois par les organisations signataires du rapport et d’autres partenaires. Toutefois, la suspension de ce partenariat ne suffirait pas à mettre fin à la complicité de Carrefour avec la colonisation car un partenariat avec des sociétés israéliennes qui sont des acteurs directs de la colonisation constitue une liaison très forte avec cette colonisation illégale au regard du droit international. Continuer à lire … « Carrefour doit mettre fin à son partenariat avec des entreprises israéliennes acteurs de la colonisation »

Féminisme internationaliste : les diverses luttes des femmes à travers le monde

Des militantes de la MMF d’Afrique et d’Asie réfléchissent à la construction du féminisme dans leurs pays

Tout au long des presque 25 ans d’existence et d’activité de la Marche Mondiale des Femmes, le mouvement a porté en lui une caractéristique qui le rend international et internationaliste : la relation active des femmes de différents pays du monde qui, ensemble et à partir de leurs propres réalités, s’organisent dans la lutte pour construire un monde nouveau. Pendant ce temps, la coordination internationale de la Marche s’est basée au Québec, au Brésil, au Mozambique et maintenant en Turquie.

Malgré les différences culturelles et politiques qui existent entre les différentes régions, la Marche organise des agendas communs, se renforçant dans ce qui est similaire et ce qui est différent. Ce texte a été rédigé à partir des discours des militantes africaines et asiatiques Kaouther Abbes, Solange Koné, Daya Laxmi Shrestha, Asma Aamir et Deodate Bisomerine, lors d’une activité qui s’est déroulée en mars 2023, à São Paulo, au Brésil.

La construction de la Marche Mondiale des Femmes a modifié l’organisation du féminisme populaire. Les femmes démontrent par leurs actions à quel point elles se sentent habilitées sachant que, pendant qu’elles se battent sur leurs territoires, tant d’autres se battent dans le monde entier. La solidarité internationale et l’internationalisme ont ce pouvoir : comprendre que la lutte commune est ce qui permet de transformer le monde en un monde sans capitalisme, patriarcat et racisme. Continuer à lire … « Féminisme internationaliste : les diverses luttes des femmes à travers le monde »

Gaza – Nous voulons la liberté, pas de meilleures conditions d’oppression !

Nous avons déjà passé des nuits blanches sous les bombes israéliennes – en 2006, 2008, 2012, 2014, 2018 et 2021. Le mardi 9 mai, l’Israël, État apartheid, a décidé de lancer une nouvelle campagne meurtrière de bombardements contre l’une des zones les plus densément peuplées de la planète.

Les victimes furent encore une fois des enfants et des femmes. À ce jour, le nombre s’élève à 33 personnes tuées et plus d’une centaine de blessés. Des appels à un cessez-le-feu ont été lancés en réponse à l’engagement du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui s’est engagé à lancer des « frappes massives » ciblant des zones résidentielles dans l’espoir de tuer le plus grand nombre possible de palestiniens. 

Comme pour les précédentes initiatives de trêve, celle-ci désigne Israël et les palestiniens – l’oppresseur et les opprimés – comme « deux parties en conflit ». Ce que le droit international considère comme une résistance légitime se trouve ainsi mis au même niveau qu’une occupation illégale et brutale. Continuer à lire … « Gaza – Nous voulons la liberté, pas de meilleures conditions d’oppression ! »

Le mouvement ouvrier coréen se mobilise contre la répression

Le 1er mai, un dirigeant syndical local du Korean Construction Workers Union (KCWU), nommé Yang, s’est immolé par le feu devant un tribunal pour protester contre les poursuites dont font l’objet des syndicalistes comme lui pour avoir mené des activités syndicales. Un certain nombre de syndicats de travailleurs de la construction ont été au centre de la répression de l’État. Jusqu’à présent, la police a effectué plus d’une douzaine de descentes depuis la fin de l’année dernière. Plus de 900 syndicalistes ont fait l’objet d’une enquête et 18 organisateurs et dirigeants ont été arrêtés. Récemment, le ministère public local a demandé des mandats d’arrêt à l’encontre de Yang et de deux autres responsables syndicaux du secteur de la construction. Ils font l’objet d’une enquête pour avoir forcé des entreprises de construction à embaucher des travailleurs syndiqués et pour avoir perçu des cotisations syndicales, ce que le ministère public qualifie d’intimidation et d’extorsion.

Yang devait comparaître devant un tribunal à 15 heures le 1er mai, mais il a préféré s’immoler en signe de protestation. Transporté par avion à l’hôpital, il est décédé le lendemain. Dans un message publié sur les réseaux sociaux le matin du 1er mai, Yang a déclaré qu’il n’avait fait que « mener à bien son travail syndical de manière juste et sans commettre d’actes répréhensibles ». Il s’est dit troublé par le fait que les procureurs l’accusaient à présent d’« ingérence et d’intimidation ».

Il a écrit : « Ma fierté ne peut pas supporter cela. J’aurais dû me battre avec acharnement et lutter avec ténacité pour gagner. Peut-être suis-je en train de choisir la facilité. J’ai été heureux de participer à ce combat avec vous. Je resterai éternellement aux côtés de mes camarades. » Continuer à lire … « Le mouvement ouvrier coréen se mobilise contre la répression »

La Nakba : 75 ans après avoir perdu leur maison, les Palestiniens vivent toujours la « catastrophe » (+ autres textes)

Lorsque les Palestiniens commémorent la Nakba (la catastrophe) le 15 mai, ils ne se souviennent pas seulement d’un événement historique violent qui s’est déroulé il y a 75 ans et qui a conduit au déracinement de plus de 750 000 Palestiniens de leur patrie. Ou de la destruction de plus de 400 villages et villes et du meurtre de milliers d’habitants. Ils soulignent également le fait que la Nakba ne s’est pas terminée en 1948, mais qu’elle se poursuit encore aujourd’hui sous différentes formes.

Ce que les Palestiniens appellent « la Nakba en marche » engendre encore des souffrances, des destructions de maisons et des pertes de vies palestiniennes. Ils en font l’expérience avec la poursuite de l’annexion de leurs terres par Israël et les attaques lancées régulièrement contre leurs maisons à Gaza. Et ils la voient dans les violations régulières de leurs droits humains, tant en Israël que dans les «territoires occupés» et la bande de Gaza.

Pour les Palestiniens du monde entier, la Nakba reste dans les mémoires comme une rupture traumatisante qui représente leur défaite humiliante, la destruction de la société palestinienne et la rupture des liens avec leur patrie. Continuer à lire … « La Nakba : 75 ans après avoir perdu leur maison, les Palestiniens vivent toujours la « catastrophe » (+ autres textes) »

« A chaque round de combat à Gaza, plus de “dommages collatéraux” et plus d’inanité » (+ autre texte)

Des termes tels que « dommages collatéraux » et « proportionnalité » ne tiennent pas compte des civils dont les vies ont été enlevées dans le dernier cycle inutile de douleur et de souffrance.

Pour cette femme de 87 ans, malade dans sa maison de Khan Younès [ville située dans le sud de la bande de Gaza], les 75 dernières années se sont réduites à un seul moment remontant à avril ou mai 1948 [Nakba]. C’est à ce moment-là qu’elle et sa famille ont dû fuir leur maison de Jaffa après qu’elle a été bombardée par les forces militaires pré-étatiques de l’Etzel [Irgoun, organisation de la droite sioniste créée en 1931 dirigée par Menahem Begin dès 1943] et de la Haganah [organisation dite d’autodéfense dans la Palestine mandataire britannique dirigée dès les années 1930 par Ben Gourion]. Ils pensaient rentrer chez eux au bout de deux ou trois jours, une semaine ou deux tout au plus. Continuer à lire … « « A chaque round de combat à Gaza, plus de “dommages collatéraux” et plus d’inanité » (+ autre texte) »

Lettre à Ursula Von Der Leyen concernant sa déclaration publiée à l’occasion du 75ème anniversaire de la création de l’État d’Israël

Chère Madame von der Leyen,
Une coalition de 42 organisations européennes, nous vous écrivons pour exprimer notre profonde préoccupation et, pour tout dire, notre colère, concernant votre déclaration publiée à l’occasion du 75e anniversaire de la création de l’État d’Israël.

Votre déclaration passe sous silence le fait historique que l’État d’Israël fut fondé sur le nettoyage ethnique entre 1947 et 1949 des deux tiers du peuple palestinien autochtone. Ce fait a été bien documenté par les historiens et chercheurs palestiniens et israéliens. Les palestiniens commémorent cette période sous l’appellation de la Nakba (« catastrophe » en arabe) qui marque le début du processus de dépossession et d’expulsion planifiée de la majorité du peuple palestinien. Continuer à lire … « Lettre à Ursula Von Der Leyen concernant sa déclaration publiée à l’occasion du 75ème anniversaire de la création de l’État d’Israël »

Palestine : il est urgent de s’engager contre la colonisation et l’apartheid

Le gouvernement israélien le plus à l’extrême-droite de l’histoire du pays est au pouvoir, avec des suprémacistes nationalistes religieux aux propos génocidaires. L’un d’eux, le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, a obtenu l’autorisation de former une garde nationale à ses ordres, autrement dit une milice. Il est vrai que la nature coloniale et discriminante de l’État israélien est en permanence réaffirmée en fait ou en droit, comme au niveau légal elle l’avait été avec l’adoption de la loi sur l’État-nation en 2018.

Depuis le début 2023, 98 Palestiniens ont été tués, et 14 Israéliens (dont 13 colons en Cisjordanie dans les territoires palestiniens occupés). La colonisation ne cesse de voler davantage de terres aux Palestiniens en Cisjordanie. Certes, à Jérusalem, la résistance à la colonisation du quartier de Sheikh Jarrah a obtenu un sursis bienvenu, mais l’annexion continue cependant à Jérusalem Est et dans de nombreuses autres régions de Cisjordanie. Continuer à lire … « Palestine : il est urgent de s’engager contre la colonisation et l’apartheid »

Les victimes yézidies du génocide perpétré par Daech ne peuvent pas rentrer dans leur ville et région 

Barzan Jurdo a 29 ans, dont neuf ans passés dans un camp de réfugié·e·s. Nous sommes assis devant sa tente en plastique, sa maison temporaire depuis des années, à Qasr Yazdin, dans le Kurdistan irakien. Il s’est échappé de chez lui à Sinjar le 3 août 2014, lorsque Daech (l’autoproclamé « Etat islamique ») a attaqué la ville et les villages yézidis alentour, tuant, kidnappant, violant, réduisant en esclavage. Aujourd’hui, cela fait déjà des années que Daech a été vaincu, et chassé de Sinjar. Toutefois, Barzan Jurdo ne peut pas rentrer chez lui. « Notre maison est détruite et nous n’avons pas les moyens de la reconstruire », explique-t-il, « mais Sinjâr n’est pas sûr non plus, il y a de nombreux groupes armés là-bas. » Continuer à lire … « Les victimes yézidies du génocide perpétré par Daech ne peuvent pas rentrer dans leur ville et région « 

Cambodge : Ceux d’en bas

Le Cambodge a connu vingt années de guerre civile : d’abord, le coup d’État de Lon Nol contre Sihanouk en 1970 (1970 – 1975), puis la dictature des khmers rouges (1975-1979, et ensuite l’occupation vietnamienne (1979-1989) qui met fin au régime khmer rouge, mais le Cambodge replonge dans la guerre lorsque les khmer rouges (soutenus en premier lieu par les Américains) réoccupent une partie du territoire et compromettent la reconstruction du pays1. Depuis le Cambodge semble un pays ‘sans histoire’, avec un régime de plus en plus autoritaire, sous la direction d’Hun Sen, qui au fil des années a consolidé son pouvoir en éliminant progressivement les autres partis. Le Tribunal international contre les khmers rouges, longtemps attendu, n’a jugé que cinq haut dirigeants khmers rouges. À souligner également : le Cambodge est le premier pays au monde pour le nombre d’ONG par habitants (5000 ONG recensées en 2019). Dans le domaine de la santé et de l’éducation, les ONG jouent un rôle essentiel, palliant les graves défaillances du pouvoir dans ce domaine. Continuer à lire … « Cambodge : Ceux d’en bas »

Voix d’Iran : Téhéran tango

Ce témoignage est arrivé de Téhéran aujourd’hui, après une longue période de relatif silence, où mes proches se contentaient de courts messages presque creux, comme trois coups frappés sur une cloison pour dire « je suis vivant ». Il aborde notamment le sujet des empoisonnements dans les écoles. L’auteure est directement concernée mais a choisi de rester vague pour des raisons de sécurité.

Alors, voilà, il semble que l’heure est venue d’attaquer des dizaines d’écoles de filles avec des armes chimiques, et d’utiliser la technologie de l’intelligence artificielle et les caméras de circulation et de saisir des images des caméras de surveillances des supérettes, juste pour s’assurer qu’un morceau de tissu reste bien en place, sur la tête des filles et des femmes iraniennes.

L’heure est venue, et pourtant, alors que ceux qui se donnent tant de mal pour préserver la dignité des femmes iraniennes, en les mettant à l’abri d’un sort terrible (à savoir, que des hommes inconnus voient la couleur de leurs cheveux), alors que ces gens réalisent enfin à quel point les cheveux des femmes peuvent être importants et efficaces, les hommes et les femmes du monde libre, eux, ne semblent toujours pas comprendre. Continuer à lire … « Voix d’Iran : Téhéran tango »

« Les femmes aux Philippines en lutte permanente pour leur terre »

La militante du mouvement pour la réforme agraire et la justice sociale parle des politiques foncières et de la résistance des femmes contre l’autoritarisme

Clarissa Mendoza, coordinatrice du secrétariat national du mouvement pour la réforme agraire et la justice sociale [Kilusan para sa Repormang Agraryo at Katarungang Panlipunan – Katarungan], mouvement de masse philippin des bénéficiaires de la réforme agraire, des peuples autochtones, des colons des hauts plateaux, des paysans et d’autres personnes travaillant à la campagne. Elle nous parle ici à Capire du contexte politique de l’autoritarisme aux Philippines et de la résistance des paysannes dans le pays.

En 2022, avec les élections présidentielles, Ferdinand Marcos Jr. (connu sous le nom de Bongbong Marcos) est devenu le nouveau président du pays. Bongbong Marcos est le fils de l’ancien dictateur évincé lors de la Révolution du pouvoir populaire de 1986. Selon Clarissa, le nouveau gouvernement a essayé de se faire connaître en prétendant donner la priorité aux agriculteurs locaux, alors que c’est tout le contraire. Au premier trimestre de 2023, les Philippines ont connu l’inflation la plus élevée en 14 ans, atteignant 8,7%. « Les gens ont beaucoup de mal à se procurer de la nourriture, à avoir de l’argent pour subvenir à leurs besoins, y compris le secteur le moins privilégié de notre pays, composé de paysans », dit-elle. Continuer à lire … « « Les femmes aux Philippines en lutte permanente pour leur terre » »

« Israël est un envahisseur colonial »

Féminisme, jeunesse et résistance paysanne en Palestine sont les thèmes abordés dans cet entretien avec la militante de l’Union des comités de travail agricole

Yasmeen El-Hasan est directrice de la Mobilisation de défense et Communauté de l’Union des comités de travail agricole [Union of Agricultural Work Committees – UACC]. Elle a grandi aux États-Unis et est récemment retournée en Palestine – « notre maison est toujours notre maison, et je voulais rentrer chez moi », dit-elle.

Dans une interview accordée à Capire, Yasmeen a fait part de ses préoccupations concernant la pratique impérialiste de criminalisation des luttes et a également parlé de ses réflexions sur les résistances quotidiennes des femmes et des jeunes. L’UAWC est l’une des six organisations politiques attaquées et criminalisées par Israël en 2021 en tant que terroristes. Cette offensive exigeait et exige encore la solidarité des mouvements du monde entier. Pour Yasmeen, « ce qui est le plus gratifiant, c’est de pouvoir travailler à la protection de notre terre et de notre communauté. » Continuer à lire … « « Israël est un envahisseur colonial » »

‘Je suis fière de mon travail’ : des femmes qui repoussent les limites à Gaza

Les femmes palestiniennes réagissent malgré les pertes personnelles et la rareté des opportunités dans ce territoire conservateur

Rouzan al-Najjar, secouriste de la Bande de Gaza, savait que son travail qui sauvait des vies pendant les manifestations de 2018 à la frontière avec Israël remettait en cause les idées reçues sur le rôle des femmes dans le territoire palestinien extrêmement conservateur.

« Être secouriste n’est pas un travail réservé aux hommes », a dit cette jeune femme de 21 ans dans une interview peu avant d’être abattue et tuée par un sniper israélien.

« [La société] sera obligée de nous accepter… La force dont j’ai fait preuve le premier jour des manifestations, je vous mets au défi de la trouver chez n’importe qui d’autre. » Continuer à lire … « ‘Je suis fière de mon travail’ : des femmes qui repoussent les limites à Gaza »

Une campagne xénophobe, raciste visant les réfugié·e·s syriens au Liban

Difficile de concevoir qu’un pays comme le Liban – qui connaît un effondrement économique, dont la majorité du peuple s’est fait directement voler et qui est depuis des années sous le contrôle d’un parti armé (le Hezbollah) – puisse être ébranlé par trois enfants qui nagent par une chaude journée d’avril dans la fontaine de la place Samir Qassir à Beyrouth, non prévue à cet effet.

L’« opinion publique » libanaise est devenue très sensible face aux agissements – qu’ils soient habituels ou pas – d’une personne syrienne au Liban.

Le 19 avril dernier, donc, trois enfants de moins de 10 ans se sont baignés dans la fontaine de la place Samir Qassir. Quelqu’un les a alors filmés et en a publié une vidéo de quelques secondes sur la plateforme thisislebanon sur les réseaux sociaux. Cela a déclenché un débat houleux sur le droit de trois enfants à nager dans un lieu public non destiné à la baignade. Et bien sûr, comme toujours dans les médias libanais, la nationalité des enfants fut mentionnée : ils sont syriens. Continuer à lire … « Une campagne xénophobe, raciste visant les réfugié·e·s syriens au Liban »

Plaies ouvertes d’un article en lambeaux

Les plaies sont la plupart du temps silencieuses, mais quand elles parlent, effrayantes sont leurs voix… « Tu veux que je te raconte », dit chaque plaie dans sa propre langue étrange et atroce, « En vérité, tu veux comprendre une chose que tu n’as pas entendue, une chose que tu n’es pas prêt à entendre ». Que peuvent raconter les mots ?…

Terreur, destruction, perte… L’ire des dieux telluriques chitoniens. La destruction d’un monde entier, de tout ce que vous pensiez être le monde, en l’espace de quelques minutes. Ou, cette culpabilité infinie d’être à une distance sûre, d’y avoir échappé de justesse. Et une impuissance écrasante, le souhait de pouvoir saisir une pioche et une pelle et de courir vers les décombres les plus proches, mais comme dans les cauchemars, de ne pouvoir jamais jamais y parvenir…

Nous n’avons que des mots, qui, dans un monde complètement détruit, s’adressent à un ciel plein d’étoiles… Continuer à lire … « Plaies ouvertes d’un article en lambeaux »