Pensées décoloniales en Amérique latine : Analyse critique

Pensées décoloniales. Une introduction aux théories critiques d’Amérique latine offre l’une des premières présentations synthétiques en français de ce courant intellectuel. Il permet de la sorte de mieux connaître et comprendre ce « collectif d’interprétation », et d’en faire une analyse critique.

9782355221538

La maison d’édition Zones vient de publier Pensées décoloniales. Une introduction aux théories critiques d’Amérique latine, qui offre une présentation synthétique en français de ce courant intellectuel, dont nombre de concepts se sont diffusés en Europe et ailleurs [1]. Cet essai permet de se dégager quelque peu de la confusion, des imprécisions et des effets de mode pour appréhender de cet ensemble d’analyses.

Plutôt qu’une école de pensée, les théories coloniales s’apparentent, selon les auteurs, à un « collectif d’interprétation », qui a mis en avant une série de concepts-clés, au premier rang desquels celui, forgé par le sociologue péruvien Anibal Quijano (1928-2018), de « colonialité du pouvoir ». Par-là, il entend définir des rapports coloniaux de domination qui vont au-delà de la période coloniale.

L’enjeu est d’opérer un déplacement vers ce qui a été occulté et dénié, en prenant au sérieux la richesse des expériences vécues par les « sujets qui ont résisté à la colonialité » (page 13). D’où l’intérêt pour le marronnage, les communautés indigènes et l’ambition de renouer avec des traditions, des savoirs, des imaginaires que la raison occidentale a tenté de détruire. Continuer à lire … « Pensées décoloniales en Amérique latine : Analyse critique »

Haïti : pour une solidarité active avec les travailleurs haïtiens

Depuis plusieurs mois, les travailleurs dénoncent la situation de misère abjecte dans laquelle les classes dominantes et l’État les obligent à vivre. Aggravé par la violence des gangs, leur quotidien se caractérise par un long processus violent de spoliation au cours duquel ils arrivent à peine à reproduire leur force de travail. En dépit de l’ambiance de terreur, les travailleurs continuent de lutter pour exiger du patronat des secteur public et privé de meilleures conditions de travail, l’ajustement de leur salaire proportionnellement au niveau de l’inflation, le rétablissement de la sécurité dans les différents quartiers de l’aire métropolitaine de Port-au-Prince et des villes secondaires du pays. Continuer à lire … « Haïti : pour une solidarité active avec les travailleurs haïtiens »

Le double défi haïtien : perspectives croisées depuis les sciences sociales sur Haïti

Un texte issu de la présentation faite lors du webinaire « Perspectives croisées depuis les sciences sociales sur Haïti : Regards européens », organisé par le Pôle Caraïbe de l’Institut des Amériques de la Sorbonne le 20 mars 2023.

Je voudrais partir de ma situation personnelle, de mon propre parcours, en décalage par rapport aux autres intervenant·es puisque c’est, « en cours de route » et « à chaud », que j’ai été amené à découvrir, d’abord, et à travailler, ensuite, sur Haïti. Pressé d’intervenir sur l’actualité – et à partir de cette actualité, de son urgence –, j’ai dû, par la force des choses, esquisser un travail théorique. Un travail, cependant, qui ne peut se comparer à celui de Jean-Marie Théodat, Maud Laëthier et Cédric Audebert.

Réaliser des recherches sur et autour d’Haïti – aujourd’hui plus que jamais –, n’est pas neutre axiologiquement et engage le chercheur, la chercheuse ; dans son appréhension comme dans sa méthodologie et ses outils d’analyses. La neutralité axiologique est mise à mal par Haïti en amont et en aval. D’où le fil conducteur de mon intervention, centrée sur ce que fait Haïti aux sciences sociales. Plus exactement sur le double défi haïtien aux sciences sociales ; sur la manière dont Haïti défie les sciences sociales. Continuer à lire … « Le double défi haïtien : perspectives croisées depuis les sciences sociales sur Haïti »

Patrimoine mondial de l’unesco. Le volcan liberté par Patrick Chamoiseau

LE VOLCAN DE LA LIBERTE

Début 2021, les autorités françaises ont soumis au patrimoine mondial de l’UNESCO, la candidature des biens naturels martiniquais que sont la Montagne Pelée et les Pitons du Carbet. Le comité de classement rendra sa décision courant septembre 2023, à Ryad, en Arabie saoudite. Le bien que les martiniquais proposent unanimement à cette haute distinction est incontestablement un « monstre » (au sens de prodige et de merveille) volcanique, géologique et bioécologique. Mais la puissance de ce monument naturel s’étend bien au-delà de ces vertus considérables…

La Montagne Pelée est l’ultime volcan vivant de la Martinique. Sa morphogénèse (avec ses strates, ses pentes douces ou abruptes, ses bosses veloutées, ses cassures reliées à ces élévations inouïes que sont les grands Pitons) constitue à ce jour une singularité géognosique impériale.

Mais c’est aussi un ensemble d’écosystèmes forestiers, végétaux, faunistiques, bien conservés et, dès lors, bondés de trésors endémiques. Il témoigne, d’une sorte exemplaire, de ce chaos-opéra tellurique qui a donné naissance à l’archipel caribéen, tant dans son alphabet géologique, que dans ses œuvres magmatiques où d’innombrables présences vivantes ont trouvé un berceau.

De plus, il est en soi un emblème majeur du volcanisme. Lors de l’éruption de 1902, en révélant au monde l’existence des volcans explosifs, il a offert à la science un ban de connaissances et une classification opérationnelle qui allaient sauver bien des vies.

Mais, il faut ajouter à ce palmarès une dimension inattendue.

Elle nous est donnée par des poètes : Aimé Césaire, Édouard Glissant. Continuer à lire … « Patrimoine mondial de l’unesco. Le volcan liberté par Patrick Chamoiseau »

Quand l’actualité répressive renvoie à la « guerre intérieure » du passé

La droite a tenté d’empêcher la présentation du rapport annuel d’Amnesty International. Elle n’y est pas parvenue. Un rapport annuel à l’échelle mondiale qui, dans le cas du Pérou, dénonce de graves violations des droits de l’homme : la mort de manifestants abattus par les forces de sécurité et détentions arbitraires. Cela effectué au cours de la répression des manifestations sociales contre le gouvernement de Dina Boluarte [en fonction depuis le 7 décembre 2022, après avoir été vice-présidente sous la présidence de Pedro Catillo de juillet 2021 à décembre 2022]. La municipalité du district [résidentiel] de Miraflores à Lima, administrée par l’extrême-droite qui gouverne avec Boluarte, a ordonné la fermeture du Lieu de Mémoire, Tolérance et Inclusion Sociale (LUM-Lugar de la Memoria, la Tolerancia y la Inclusión Social), un espace de mémoire et de réflexion sur le conflit armé interne des années 1980 et 1990 et les violations des droits de l’homme. Le rapport d’Amnesty International devait y être présenté mardi 28 mars. La fermeture du LUM a eu lieu quelques heures avant la présentation du rapport. Grâce à une action de dernière minute d’Amnesty, il a pu néanmoins être présenté mardi soir dans un hôtel de Lima. Continuer à lire … « Quand l’actualité répressive renvoie à la « guerre intérieure » du passé »

Au Guatemala, un syndicat pour les travailleuses domestiques

Une initiative sur les luttes des femmes

Au Guatemala, plus de 268 000 personnes sont employées par des familles ou des particuliers pour assurer le ménage, les courses, le soin des enfants ou des personnes malades, etc. Ce sont en très grande majorité des femmes, dont les conditions de travail font l’objet d’un « régime spécial » moins favorable que le droit du travail « classique » : aucune garantie de congés ou de respect des jours fériés, pas d’affiliation obligatoire à la sécurité sociale, de salaire minimum, etc.

Le syndicat de travailleuses domestiques Sitradomsa est né en 2011, à l’initiative de deux femmes qui se sont rencontrées dans une usine textile : Floridalma Contreras Vásquez et Fidelia Castellanos, laquelle explique : « Il y a des moments où on travaille à l’usine, et puis on perd son emploi et on va travailler dans une maison. Ou l’inverse. Floridalma était une ouvrière syndiquée. Quand je lui ai raconté mon histoire, nous avons décidé de former un syndicat pour que les employées de maison ne souffrent pas ce que j’avais subi. » Continuer à lire … « Au Guatemala, un syndicat pour les travailleuses domestiques »

Le Salvador affronte la Cour interaméricaine des droits de l’homme et la France sur la question de l’avortement

La Cour interaméricaine des droits de l’homme s’apprête à se prononcer sur une affaire historique concernant l’interdiction totale de l’avortement au Salvador. Seuls huit pays dans le monde ont une législation aussi stricte que le Salvador concernant l’avortement, où une femme peut encourir jusqu’à trente ans de prison pour une fausse couche « suspecte ». Cette affaire pourrait ouvrir la voie à une dépénalisation dans la région. Continuer à lire … « Le Salvador affronte la Cour interaméricaine des droits de l’homme et la France sur la question de l’avortement »

Plantations de palmiers à huile au Chiapas : femmes en lutte contre le contrôle territorial et la violence

Le Mouvement Mondial pour les Forêts Tropicales expose le contexte mexicain de résistance féministe aux monocultures de palmier à huile

Nous partageons ci-dessous un texte produit par le Mouvement mondial pour les forêts tropicales (World Rainforest Mouvement – WRM) sur les luttes des femmes contre les plantations de monoculture de palmiers à huile au Chiapas, au Mexique. Ce texte a été initialement publié dans le bulletin 264 du WRM en janvier 2023. Au Mexique, au Brésil, en Sierra Leone, au Cameroun, en Côte d’Ivoire et dans plusieurs autres pays du Sud global, la résistance aux plantations de palmiers à huile en monoculture est une résistance à la déforestation, à l’agrobusiness, à la militarisation, à l’exploitation du travail et de la nature, à la violence dans les campagnes. Dans ce texte, WRM expose le contexte mexicain de cette lutte et interviewe la militante Guadalupe Núñez Salazar, coordinatrice du Réseau des femmes de la côte en rébellion, sur l’organisation des femmes en défense de leurs territoires au fil des années. Continuer à lire … « Plantations de palmiers à huile au Chiapas : femmes en lutte contre le contrôle territorial et la violence »

MOUKA : un espace documentaire sur le genre et les droits des femmes haïtiennes !

C’est avec un immense plaisir que nous vous invitons au lancement en ligne de l’espace documentaire MOUKA (https://mouka.ht) dès 9h00 le mercredi 8 mars prochain.

La production visuelle de cet événement, diffusé sur nos plateformes et celles de partenaires dans le cadre des célébrations entourant la Journée internationale des droits des femmes, est assurée par l’équipe de Mwèm TV. La parole y sera donnée à cinq chercheures féministes de renom qui participent au projet, Danièle Magloire, Sabine Lamour, Tania Pierre-Charles, Célia Romulus et Denyse Côté, qui aborderont pour nous des questions liées à la recherche féministe en Haïti sous différents aspects.

MOUKA (https://mouka.ht) est un répertoire virtuel gratuit sur le genre et les droits des femmes haïtiennes. Notre mission a pour but d’appuyer la recherche académique et, par la même occasion, d’encourager l’intervention et le plaidoyer. Alors que les femmes haïtiennes sont particulièrement visées par les différentes crises qui secouent le pays, il est plus urgent que jamais de regrouper l’information qui les concerne pour mieux les comprendre, tout en facilitant le partage de publications et leur archivage. Continuer à lire … « MOUKA : un espace documentaire sur le genre et les droits des femmes haïtiennes ! »

Le 8 mars, une journée pour radicaliser l’espoir au Brésil

Lisez l’article de Nalu Faria sur les défis que le mouvement féministe doit relever pour lutter contre la pauvreté et contre le contrôle patriarcal sur le corps et sur la vie des femmes

Les mobilisations organisées le 8 mars dans le monde entier, Journée internationale de lutte des femmes, expriment la puissance du féminisme et marquent avec force sa portée en tant que projet émancipateur.

Cette grandeur nous amène à porter un regard pointu sur la réalité vécue par nous, les femmes. D’une part, il est clair que nous, les femmes, nous soutenons la vie par un travail sans fin, marqué par de multiples tâches simultanées, par la précarité, le racisme, les contrôles et les impositions sans fin. De ce fait, les femmes assurent le maintien de la vie du foyer et de la société en général, et elles agissent également dans la résistance aux attaques contre les territoires et aux tentatives de destruction des modes de vie. Tout ce travail a une dimension invisible : les femmes assurent les liens entre les personnes, les époques, les générations, les connaissances, les affections.

Le 8 mars, nous exprimons la trajectoire des dénonciations, des résistances et de la construction des réponses par les femmes. La violence du système dominant, qui ne tient pas en un seul mot, est de plus en plus révoltante – c’est pourquoi nous appelons ce système de système hétéropatriarcal, capitaliste, raciste, colonialiste et LGBTphobe. Continuer à lire … « Le 8 mars, une journée pour radicaliser l’espoir au Brésil »

Pour un respect des droits humains au Pérou !

Au lendemain de la rencontre de discussion et de solidarité avec le peuple péruvien organisée par le Collectif Solidarité Québec-Pérou, il importe de poursuivre la réflexion afin de se conscientiser collectivement à la crise politique qui secoue le pays, plus particulièrement en ce qui a trait à la répression du régime Boluarte.

En guise de mise en contexte, le 7 décembre dernier, l’ancien président Pedro Castillo a été destitué de ses fonctions suite à sa tentative de dissoudre temporairement le Congrès et d’établir un gouvernement d’urgence. Peu après sa destitution, l’ancienne vice-présidente Gina Boluarte a prêté serment en tant que nouvelle présidente. Cependant, sous sa présidence, Boluarte a établi des alliances avec des représentants de partis politiques ultraconservateurs, ce qui a déclenché des mouvements citoyens qui se sont rapidement amplifiés. Face à ces mouvements, le gouvernement Boluarte a répondu par la répression militaire, la violence meurtrière et la violation des droits humains fondamentaux. Continuer à lire … « Pour un respect des droits humains au Pérou ! »

« Exilés par la dictature, apatrides, ils revendiquent la lutte pour les droits démocratiques et leur citoyenneté »

La grande majorité des prisonniers politiques qui purgent leur peine dans les prisons de la dictature Ortega-Murillo, pour des crimes qu’ils n’ont jamais commis, qui ont été inventés par des lois répressives dictées à cet effet, ont été libérés, mis dans un avion charter et envoyés à l’aube du 9 janvier en exil [aux Etats-Unis]. Cela de la même manière arbitraire qu’ils avaient été arrêtés et jugés dans des procès qui n’ont jamais eu de valeur légale. Incarcérés de plus dans des conditions iniques dans des cellules d’isolement, quelques-uns d’entre eux étant en arrêt domiciliaire.

Je viens de voir la vidéo officielle dans laquelle un magistrat, le président de la Cour d’appel de Managua [Octavio Rothschuh Andino], lit d’une voix caverneuse, dans une salle déserte de public du complexe judiciaire [Sala Uno del Tribunal de Apelaciones de Managua (TAM)], la sentence dans laquelle la peine de prison est remplacée par un bannissement. Les prisonniers et prisonnières sont également privés, à perpétuité, de tous leurs droits politiques et citoyens pour « trahison », un autre acte arbitraire, sans aucun fondement. Continuer à lire … « « Exilés par la dictature, apatrides, ils revendiquent la lutte pour les droits démocratiques et leur citoyenneté » »

Déclaration de solidarité à l’égard des Péruviennes et Péruviens

Après l’intervention brutale et illégale des forces de police samedi 21 janvier à l’université de San Marcos (Lima), plus de 500 universitaires et chercheurs français·es ou basé·es en France expriment leur soutien aux Péruvien·nes et à la communauté universitaire du pays. Face à la répression, à la polarisation politique en cours et à la criminalisation des sciences humaines et sociales, ils et elles rappellent leur utilité, et défendent « la liberté de pensée critique et la liberté d’expression ». Continuer à lire … « Déclaration de solidarité à l’égard des Péruviennes et Péruviens »

Pérou. Face à la mobilisation du peuple andin qui perdure, la droite entonne sa guerre (+ autres textes)

  • Carlos Noriega : Pérou. Face à la mobilisation du peuple andin qui perdure, la droite entonne sa guerre 
  • Lettre des élu.es du Parlement Européen et des élu.es des états d’Europe
  • Carlos Noriega : Le CNDDHH documente la politique étatique, raciste, de répression
  • L’exécutif national du PSOL déclare : « Soutien total au peuple péruvien ! »
  • Carlos Noriega : « Une politique gouvernementale qui mène à la militarisation du pays »
  • Carlos Noriega : A Lima, la police tue un manifestant. La droite protège la présidente. La droite et une partie de la gauche bloquent une sortie institutionnelle momentanée

Face à la mobilisation du peuple andin qui perdure,
la droite entonne sa guerre

L’opposition de gauche présentera ce jeudi 26 janvier une motion visant à destituer la présidente Dina Boluarte pour « inaptitude morale » due à la répression gouvernementale. Plus de cinquante personnes ont été tuées lors des manifestations antigouvernementales qui ont débuté en décembre, dont 46 par les forces de sécurité. Un vote des deux tiers des 130 membres du Congrès unicaméral est nécessaire pour que la mise en accusation soit adoptée. Le soutien de la droite protège Dina Boluarte.

Les manifestations exigeant la démission de la présidente ont aussi gagné l’ambassade des Etats-Unis. Les manifestant·e·s se sont rassemblés dans la « région de la diplomatie », soit dans un quartier résidentiel exclusif afin de protester contre le soutien donné par ce pays au gouvernement. Le chant « Yankees dehors » a été entonné.

Pour la septième journée consécutive, des manifestations ont eu lieu mercredi dans les rues du centre-ville de Lima, qui est devenu depuis une semaine l’épicentre des protestations qui secouent le pays, à commencer par la région andine du sud. Le rôle principal dans la capitale est joué par les personnes qui sont venues de l’intérieur du pays. Les récentes manifestations dans la capitale se sont soldées par une répression sévère et des dizaines de personnes ont été blessées. Continuer à lire … « Pérou. Face à la mobilisation du peuple andin qui perdure, la droite entonne sa guerre (+ autres textes) »

Soutien aux prisonniers politiques au Nicaragua (+ autre texte)

La dictature d’Ortega-Murillo a organisé des élections fictives en novembre pour consolider encore plus sa mainmise sur le pays en s’attribuant le contrôle de l’ensemble des 153 gouvernements municipaux.

Chers amis du Nicaragua,

En cette période de vacances, la demande la plus urgente est la liberté des prisonniers politiques et un Noël/Nouvel An sans prisonniers politiques.

Alors que 2022 touche à sa fin, la répression au Nicaragua s’est approfondie et élargie, et le nombre de prisonniers politiques est passé de 170 au début de l’année à plus de 235 Continuer à lire … « Soutien aux prisonniers politiques au Nicaragua (+ autre texte) »

Mur ou passoire, la frontière sud des Etats-Unis ?

Un mur ou une passoire, la frontière Sud des États-Unis ? D’emblée, les faits et les chiffres d’entrées et de sorties, d’interpellations, d’autorisations et d’expulsions empêchent de trancher pour l’un ou l’autre des deux termes. Trump rêvait d’un mur fait réalité, Biden dénie l’idée de passoire. Entre les deux présidences, des constantes et des variations.

Du côté des constantes, cette double tendance de fond : d’une part, les politiques migratoires états-uniennes à l’égard de l’Amérique latine et des Caraïbes continuent à s’apparenter davantage à une atteinte systémique à l’intégrité des personnes et au droit à la mobilité qu’à un traitement humain de la question. D’autre part, les rapports de subordination politique et militaire et de dépendance économique et culturelle que tendent à (ou tentent de) reproduire les États-Unis à l’égard du reste du continent demeurent parmi les principaux facteurs d’aggravation de l’insécurité physique, sociale et environnementale qui mine la région et opère comme ressort premier de la nécessité de la fuir.

Du côté des variations, le racisme de Trump a fait place à l’hypocrisie de Biden. L’intransigeance inepte du premier a cédé le pas au profond malaise du second. La présidence de Donald Trump, on le sait, s’est muée, pour ce qui concerne les politiques migratoires vis-à-vis de l’Amérique latine, en une surenchère sécuritaire. D’abord par l’assimilation de l’immigration à une menace pour l’identité nationale, et des migrant·es à des « criminels », des « violeurs » ou des « sales types issus de pays de merde ». Ensuite par la multiplication des mesures restrictives, en matière de droit d’asile, de protection des mineur·es, de permis de travail, etc. Et enfin, par sa prétention à « murer » la frontière séparant les États-Unis des pays latino-américains. Continuer à lire … « Mur ou passoire, la frontière sud des Etats-Unis ? »

Position de la Coalition Haïtienne au Canada contre la Dictature en Haïti (CHCDH)

La Coalition relaie un message fort du peuple Haïtien, tant de l’intérieur que dans la diaspora, de son refus catégorique de toute agression sur son territoire. Nous nous opposons formellement à toute forme d’intervention peu importe son nom – occupation, intervention, mission de stabilisation et de maintien de la paix – son contenu et la couleur des bottes qui la porterait.

Le peuple Haïtien vit historiquement les conséquences désastreuses des multiples interventions depuis l’invasion européenne sur cette terre en 1492. À titre illustratif : le génocide des Tainos induisant la venue des captifs et captives de l’Afrique, la dette de l’indépendance imposée par la France en 1825, l’occupation américaine 1915-1934 et le vol de la réserve d’or de la Banque Nationale, réserve d’or jamais restituée depuis l’occupation américaine 1915-1934, la dépossession de la paysannerie ainsi qu’une migration forcée et orchestrée, la déstructuration des institutions étatiques, le remplacement de l’armée nationale par une gendarmerie apatride… Les raisons inavouées de ces envahissements ont toujours été occultées derrière des soi-disant velléités de venir aider Haïti, d’apporter la civilisation ou de rétablir la paix. Continuer à lire … « Position de la Coalition Haïtienne au Canada contre la Dictature en Haïti (CHCDH) »

« L’audace et le rire invincible de Dora María Téllez »

Nous publions ci-dessous la traduction du discours de Carlos F. Chamorro effectué, le 29 novembre 2022, à l’occasion de la réception du doctorat Honoris Causa attribué par la Sorbonne Nouvelle à Dora María Téllez. Carlos F. Chamorro a reçu ce doctorat au nom de Dora María Téllez, prisonnière dans la geôle d’El Chipote, à Managua. Un honneur que Dora María Téllez a dédié à l’ensemble des prisonniers et prisonnières politiques incarcérés par la dictature Ortega-Murillo. (Réd. A l’Encontre) Continuer à lire … « « L’audace et le rire invincible de Dora María Téllez » »

Chlordécone : Appel au peuple martiniquais à se mobiliser massivement contre le non-lieu

L’empoisonnement des peuples martiniquais et guadeloupéen au chlordécone constitue l’un des plus grands scandales sanitaires de notre siècle. 
Encore aujourd’hui, des femmes et des hommes meurent dans d’atroces souffrances; des enfants subissent les conséquences sur leur santé et leur développement intellectuel de cet empoisonnement délibéré; les cours d’eau, les nappes phréatiques, la mer, les sols sont durablement contaminés. 
Face à cette tragédie, la réponse de l’Etat français serait donc un non-lieu !? 
Continuer à lire … « Chlordécone : Appel au peuple martiniquais à se mobiliser massivement contre le non-lieu »

Nicaragua. « La dictature accuse Oscar René Vargas, sans préciser le “crime” »

Le 23 novembre, quelque 24 heures après son arrestation, le Ministère public a inculpé le sociologue Oscar René Vargas, un intellectuel critique du régime de Daniel Ortega qui a été appréhendé alors qu’il rendait visite à sa sœur, dont l’état de santé est fragile, dans le quartier de Bolonia à Managua.

Les autorités n’ont pas précisé le délit, mais ont estimé que l’Etat était « victime ou offensé » par Vargas, qui, dans les années 1980, était conseiller à la Direction nationale du Front sandiniste de libération nationale (FSLN). Dans le cas de précédentes arrestations dans des circonstances similaires, les personnes arrêtées ont ensuite été accusées de « propagation de fausses nouvelles » ou de « conspiration visant à porter atteinte à l’intégrité nationale ».

La procureure est Yubelca del Carmen Pérez Alvarado, qui a déposé l’acte d’accusation de quatre pages à 12h56 mercredi 23 novembre devant la juge Gloria María Saavedra Corrales, cheffe du Tribunal pénal du dixième district de Managua. L’affaire est enregistrée sous le numéro 025318-ORM4-2022-PN. Continuer à lire … « Nicaragua. « La dictature accuse Oscar René Vargas, sans préciser le “crime” » »