Un mur ou une passoire, la frontière Sud des États-Unis ? D’emblée, les faits et les chiffres d’entrées et de sorties, d’interpellations, d’autorisations et d’expulsions empêchent de trancher pour l’un ou l’autre des deux termes. Trump rêvait d’un mur fait réalité, Biden dénie l’idée de passoire. Entre les deux présidences, des constantes et des variations.
Du côté des constantes, cette double tendance de fond : d’une part, les politiques migratoires états-uniennes à l’égard de l’Amérique latine et des Caraïbes continuent à s’apparenter davantage à une atteinte systémique à l’intégrité des personnes et au droit à la mobilité qu’à un traitement humain de la question. D’autre part, les rapports de subordination politique et militaire et de dépendance économique et culturelle que tendent à (ou tentent de) reproduire les États-Unis à l’égard du reste du continent demeurent parmi les principaux facteurs d’aggravation de l’insécurité physique, sociale et environnementale qui mine la région et opère comme ressort premier de la nécessité de la fuir.
Du côté des variations, le racisme de Trump a fait place à l’hypocrisie de Biden. L’intransigeance inepte du premier a cédé le pas au profond malaise du second. La présidence de Donald Trump, on le sait, s’est muée, pour ce qui concerne les politiques migratoires vis-à-vis de l’Amérique latine, en une surenchère sécuritaire. D’abord par l’assimilation de l’immigration à une menace pour l’identité nationale, et des migrant·es à des « criminels », des « violeurs » ou des « sales types issus de pays de merde ». Ensuite par la multiplication des mesures restrictives, en matière de droit d’asile, de protection des mineur·es, de permis de travail, etc. Et enfin, par sa prétention à « murer » la frontière séparant les États-Unis des pays latino-américains. Continuer à lire … « Mur ou passoire, la frontière sud des Etats-Unis ? »