Dans les carnets de guerre précédents, nous avions abordé le rôle des occidentaux et de l’Otan après l’effondrement de l’URSS [1]. Nous avions également rappelé les différents engagements de la fédération de Russie à respecter les frontières internationalement reconnues, fait un rapide tableau des huit guerres précédemment menées par le successeur de Eltsine, esquissé une chronologie des évènements depuis avril 2021, attiré l’attention sur les multiples dangers de « dérapages nucléaires » de cette guerre, puis ébauché une première chronologie des faits, y compris militaires.
Nous avions également tenté de montrer en quoi, selon nous, l’anschluss de la RDA en 1990 avait été fondateur d’un nouvel ordre politico-militaire en Europe – une ostpolitik dont l’Allemagne réunifiée allait être le fer de lance – et en quoi il avait constitué le point d’orgue d’une contre-révolution internationale des néolibéraux débutée en 1973, ce qui avait encouragé certains à écrire que la fin de l’Histoire était arrivée. Il reste que cela avait largement fait école dans le gouvernement Eltsine et donné naissance à une kleptocratie oligarchique et maffieuse aujourd’hui disparue ou en voie de disparition [2]. Il resterait à entreprendre à grands traits une histoire de la fédération de Russie depuis 1991 afin, d’une part, d’esquisser l’anthropologie politique d’une population qui a connu un parcours peu commun depuis un siècle ; d’autre part d’étudier l’ascension et la construction d’un nouveau pouvoir qui a pris comme emblèmes la « Grande Guerre Patriotique », l’autocratie tsariste et la grandeur éternelle de l’empire russe. Toutes choses qui nous permettraient de mieux comprendre quelques uns des déterminants politiques majeurs de la situation. Continuer à lire … « Les ukrainiens payent de leurs vies le cynisme des uns et la barbarie des autres »