Régimes de genre dans les politiques de migration et d’asile

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Dans son introduction Le genre à la croisée des migrations et du travail, https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/04/01/le-genre-a-la-croisee-des-migrations-et-du-travail/, publié avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse, Aurélie Leroy interroge :
« 
Que fait le genre aux migrations ? Et en quoi les migrations agissent-elles sur le genre ? Ces questionnements ont rendu les femmes visibles parmi les migrants, révélé la dimension sexuée des flux migratoires et montré comme la division sexuelle du travail conditionne les possibilités d’emploi et de migration des femmes. Des opportunités existent, mais les normes de genre et les structures patriarcales demeurent résistantes aux changements ».

S’intéresser aux processus de différenciation et de hiérarchisation entre les sexes, implique de prendre en compte le genre, « Le genre divise, classe, hiérarchise l’humanité en deux moitiés inégales et interagit avec les catégories de classe, de « race », d’âge, de sexualité. Il structure les organisations collectives et les trajectoires individuelles, et génère des rapports de pouvoir complexes ». Les effets doivent être examinés à toutes les étapes de la migration (raisons de départ, types de circulation, division et/ou ségrégations des marchais du travail, gestion des frontières, politiques « migratoire et d’intégration », violences spécifiques, etc.) Continuer à lire … « Régimes de genre dans les politiques de migration et d’asile »

Le genre à la croisée des migrations et du travail

Avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse

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Que fait le genre aux migrations ? Et en quoi les migrations agissent-elles sur le genre ? Ces questionnements ont rendu les femmes visibles parmi les migrants, révélé la dimension sexuée des flux migratoires et montré comme la division sexuelle du travail conditionne les possibilités d’emploi et de migration des femmes. Des opportunités existent, mais les normes de genre et les structures patriarcales demeurent résistantes aux changements.

Croiser les enjeux de genre et de migration est aujourd’hui une démarche courante dans le champ de la recherche. Non pas tant du fait que les femmes représentent presque la moitié des migrants internationaux, mais en raison de ce que fait le genre aux parcours migratoires, et inversement. Adopter l’approche genre signifie s’intéresser aux processus de différenciation et de hiérarchisation entre les sexes. Le genre divise, classe, hiérarchise l’humanité en deux moitiés inégales et interagit avec les catégories de classe, de « race », d’âge, de sexualité. Il structure les organisations collectives et les trajectoires individuelles, et génère des rapports de pouvoir complexes. C’est pourquoi il se déploie dans toutes les formes et à toutes les étapes de la migration, affectant différemment les hommes et les femmes dans les raisons d’un départ, dans les types de circulation, dans la ségrégation des marchés du travail, dans la gestion des frontières, dans les politiques migratoires et d’intégration, etc. Continuer à lire … « Le genre à la croisée des migrations et du travail »

Faire pencher l’équilibre institutionnel en faveur des victimes

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Dans son éditorial, editorial-de-frederic-thomas-multinationales-fin-de-limpunite/, publié avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse, Frédéric Thomas discute des lois sur le « devoir de vigilance », du contrôle du respect des droits humains et environnementaux par les entreprises, de la fin de l’impunité, de l’asymétrie de pouvoir entre multinationales et organisations sociales.

L’auteur souligne, entre autres, la situation au Qatar (coupe du monde de football), l’imbrication des entreprises privées et des pouvoirs institutionnels, l’absence de définition du « droit » des multinationales, les piliers du devoir de vigilance : « le devoir des États de protéger les droits humains et de prévenir la violation de ces droits par des tiers ; la responsabilité des entreprises de respecter ces droits ; et la nécessité pour les personnes affectées par les activités des entreprises d’accéder à des mécanismes de réparation ». Continuer à lire … « Faire pencher l’équilibre institutionnel en faveur des victimes »

Colonisation israélienne, entreprises européennes, droits palestiniens

Avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse

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La politique israélienne vis-à-vis du territoire et du peuple palestinien fait régulièrement l’objet de condamnations internationales. Cela n’empêche pourtant pas de nombreux États et entreprises, en particulier en Europe, d’entretenir des relations économiques étroites avec l’État d’Israël et ses colonies de peuplement illégales.

Depuis plus de septante-quatre ans de colonisation sioniste-israélienne de la Palestine, le peuple palestinien subit une Nakba continue, faite de dépossession, de fragmentation, de persécution et de nettoyage ethnique. La ségrégation, l’occupation militaire prolongée, l’apartheid, les violations systématiques et généralisées des droits humains, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité sont autant de manifestations clés du projet d’Israël, un État intrinsèquement militarisé qui pratique un colonialisme de peuplement. C’est ainsi que le peuple palestinien s’est vu refuser le droit à l’autodétermination qui englobe naturellement le droit au retour des réfugié·es palestinien·nes. Continuer à lire … « Colonisation israélienne, entreprises européennes, droits palestiniens »

Éditorial de Frédéric Thomas : Multinationales : fin de l’impunité ?

Avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse

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Des lois sur le « devoir de vigilance » ont récemment été adoptées ou sont en cours de discussion. L’enjeu est de contrôler le respect des droits humains et environnementaux par les entreprises. Et d’en finir avec l’impunité. Les expectatives suscitées par ces initiatives – surtout au Nord – égalent les frustrations qu’elles risquent de soulever. Leur efficacité dépendra de leur capacité à corriger, voire à renverser l’asymétrie de pouvoir entre multinationales et organisations sociales.

À l’heure où j’écris ces lignes, se prépare, au Qatar, la coupe du monde de football. Celle-ci se jouera dans des stades climatisés, construits par des travailleur·euses migrant·es – dont plusieurs milliers sont morts au cours de ces constructions –, travaillant et vivant dans des conditions indignes, et sans droit d’association ni de créer des syndicats.

Cet événement – et les polémiques qu’il suscite – constitue un révélateur de la situation actuelle. Non seulement de la chaîne des responsabilités prises dans les rets de la globalisation et de l’imbrication des États et des entreprises à l’origine des violations des droits humains, mais aussi de la contestation croissante, au niveau mondial, de la prétendue irresponsabilité du marché, et, enfin, de la défaillance des mécanismes existants pour contraindre les acteurs publics et privés à répondre de leurs actes et de leurs conséquences. Continuer à lire … « Éditorial de Frédéric Thomas : Multinationales : fin de l’impunité ? »

Internet ne doit ni être obligatoire ni fonctionner 24 h sur 24

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« « Loin d’être « immatérielles », les technologies numériques ont un impact important et croissant sur l’environnement. Il faut des ressources naturelles pour les produire, de l’énergie pour les faire fonctionner, et les déchets électroniques constituent un problème croissant. Même en tenant compte des gains d’efficacité qui peuvent être tirés de ces technologies, il semble clair que ce qui est vrai pour la croissance économique, en général, l’est aussi pour la numérisation : on ne peut pas avoir une croissance infinie sur une planète finie. »

En introduction les auteurs et autrices discutent d’un point de vue progressiste sur les processus de numérisation, de durabilité et d’égalité alors que « nous sommes aujourd’hui confrontés à un processus de numérisation à la fois insoutenable sur le plan environnemental, et profondément inégalitaire sur le plan social », d’articulation de justice numérique et environnementale. Continuer à lire … « Internet ne doit ni être obligatoire ni fonctionner 24 h sur 24 »

La défense des droits des êtres humains contre « bon climat des affaires »

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« Longtemps critiquées, les conditions économiques libérales imposées par le FMI et la Banque mondiale aux pays en développement ont fait l’objet d’une série de révisions sur la forme et le fond, dans la foulée des crises. La réforme tant attendue de la doctrine économique sous-jacente s’avère cependant toute relative. Et la rhétorique de l’« appropriation » cache mal la poursuite d’une conditionnalité actualisant un rapport néocolonial entre pays. »

Dans son éditorial, Que devient la conditionnalité néolibérale ?, editorial-de-francois-polet-que-devient-la-conditionnalite-neoliberale/ publié avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse, François Polet précise : « Les contributions rassemblées dans cette livraison d’Alternatives Sud s’intéressent à un aspect spécifique de ces situations de surendettement de pays pauvres et émergents : la « conditionnalité », soit les ajustements de politique économique exigés par les institutions financières internationales (IFI) – le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale en particulier – aux pays qui sollicitent leur aide ». Continuer à lire … « La défense des droits des êtres humains contre « bon climat des affaires » »

Éditorial de François Polet : Que devient la conditionnalité néolibérale ?

Avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse

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Longtemps critiquées, les conditions économiques libérales imposées par le FMI et la Banque mondiale aux pays en développement ont fait l’objet d’une série de révisions sur la forme et le fond, dans la foulée des crises. La réforme tant attendue de la doctrine économique sous-jacente s’avère cependant toute relative. Et la rhétorique de l’« appropriation » cache mal la poursuite d’une conditionnalité actualisant un rapport néocolonial entre pays. Continuer à lire … « Éditorial de François Polet : Que devient la conditionnalité néolibérale ?« 

La santé malade du néolibéralisme et du colonialisme

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Dans son édito, Inégalités sanitaires, inegalites-sanitaires-alternatives-sud-panser-la-sante-mondiale/, publié avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse, Cédric Leterme souligne les « déterminants sociaux, politiques et économiques » de la santé. Il parle des inégalités face au risque de maladie et des inégalités dans l’accès aux soins de santé. L’auteur discute de l’impact des conditions de vie, des maladies infectieuses, des maladies « de la pauvreté et du sous-développement », de la vulnérabilité face à l’apparition de nouvelles maladies infectieuses, des effets de la « restauration rapide mondialisée » ou de l’industrie du tabac, de la santé qui ne peut être définie uniquement « comme une absence de maladie », d’accès aux soins de santé, du manque d’infrastructures et de ressources sanitaires (dont le manque de personnel), des pénuries construites par les politiques néolibérales dans les pays du Nord et de leur compensation partielle par les migrations de personnels qualifiés sous payés, des inégalités institutionnelles et politiques, de la mobilisation croissante des technologies numériques… Continuer à lire … « La santé malade du néolibéralisme et du colonialisme »

L’élevage industriel sous l’emprise des pandémies en série

Avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse

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Les multinationales de la viande industrielle créent les conditions de pandémies, telle celle de la peste porcine qui a entraîné la mort de millions de porcs, et d’autres maladies qui peuvent se propager aux humains. Or, les solutions préconisées pour y faire face pénalisent les petites exploitations et permettent aux grandes entreprises de tirer profit de ces crises sanitaires et de renforcer leur contrôle sur l’approvisionnement mondial en viande. Continuer à lire … « L’élevage industriel sous l’emprise des pandémies en série »

Inégalités sanitaires (Alternatives Sud : Panser la santé mondiale)

Avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse

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Malgré des progrès indéniables, l’accès universel à la santé est encore loin d’être une réalité pour les pays et les catégories de population les plus pauvres de la planète. En cause, un manque évident de personnel et de moyens sanitaires, mais aussi une vision trop souvent « humanitaire » de la santé qui en ignore les déterminants sociaux, politiques et économiques. Continuer à lire … « Inégalités sanitaires (Alternatives Sud : Panser la santé mondiale) »

Migrer comme stratégie de survie et acte d’amour

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« Deux constats criants. D’une part, l’absence de démocratisation des sociétés centro-américaines – et l’insécurité physique, sociale, environnementale ou politique qui en résulte – comme ressort premier de la nécessité de fuir la région. D’autre part, les conditions de la migration elle-même – entre politiques migratoires inhumaines et criminalité endémique – comme atteinte systémique à l’intégrité des personnes et au droit à la mobilité ». Dans son éditorial, editorial-de-bernard-duterme-fuir-lamerique-centrale, publié avec l’aimable autorisation des éditions Syllepse, Bernard Duterme souligne que « L’espoir ou l’obligation de fuir son pays natal y sont devenus aussi familiers que la violence – physique, sociale, économique, politique, climatique… – qui mine la région ».

L’éditorialiste aborde, entre autres, l’histoire des migrations, « qui renvoie à celle, structurellement injuste, de la formation de ces sociétés périphériques, de ces terres d’exploitation qui ont elles-mêmes longtemps, très longtemps été explorées, colonisées, négociées, dépossédées, touristifiées…, bien avant que ses propres habitants et habitantes n’entrevoient la possibilité de s’en échapper », les interventions des Etats-Unis pour faire et défaire les gouvernements, le marché de la banane et du café, l’United Fruit Company (UFC), les guérillas révolutionnaires, les militaires et les paramilitaires « se rendant coupables de la mort de plus de 90% des centaines de milliers de victimes humaines, surtout civiles (et mayas au Guatemala ; massacres qualifiés d’« acte de génocide » par l’ONU), ainsi que du déplacement interne et externe de millions de Centro-Américain·es », la non-application des accords de paix, le double « processus de libéralisation politique et économique », la démocratisation « formelle, superficielle, électorale », l’extractivisme, « On n’a jamais autant creusé dans les sous-sols latinos et exporté vers les pays riches que ces vingt dernières années » et la reprimarisation de l’économie, les pouvoirs néopatrimonialistes et les collusions mafieuses, la faible industrialisation et les « zones franches » (maquiladoras), l’évolution des niveaux de vie et d’accès à l’éducation, la concentration des patrimoines, la culture dominante « d’un machisme et d’un sexisme dévastateurs », les lois anti-avortement, la logique de « prédation capitaliste »… Continuer à lire … « Migrer comme stratégie de survie et acte d’amour »

Éditorial de Bernard Duterme : Fuir l’Amérique centrale

Avec l’aimable autorisation des éditions Syllepse

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Deux constats criants. D’une part, l’absence de démocratisation des sociétés centro-américaines – et l’insécurité physique, sociale, environnementale ou politique qui en résulte – comme ressort premier de la nécessité de fuir la région. D’autre part, les conditions de la migration elle-même – entre politiques migratoires inhumaines et criminalité endémique – comme atteinte systémique à l’intégrité des personnes et au droit à la mobilité.Amérique centrale, terre d’émigration ? La forte mobilité centrifuge des ressortissant·es de l’isthme centro-américain à l’œuvre depuis plus d’un demi-siècle l’atteste à l’envi. L’espoir ou l’obligation de fuir son pays natal y sont devenus aussi familiers que la violence – physique, sociale, économique, politique, climatique… – qui mine la région. Entre 10 et 25% des populations nationales déjà ne vivent plus chez elles. Et des centaines de milliers d’émigrant·es supplémentaires – dont de plus en plus de femmes et d’enfants – tentent leur chance chaque année. Pour, à l’arrivée aux États-Unis ou ailleurs, aider financièrement leur famille restée à domicile, à hauteur d’un huitième à un quart du PIB de leur contrée d’origine.

En Amérique centrale, la migration est consubstantielle à la vie de millions de personnes, c’est un fait. Mais cette migration a une histoire qui renvoie à celle, structurellement injuste, de la formation de ces sociétés périphériques, de ces terres d’exploitation qui ont elles-mêmes longtemps, très longtemps été explorées, colonisées, négociées, dépossédées, touristifiées…, bien avant que ses propres habitants et habitantes n’entrevoient la possibilité de s’en échapper. Comme si, au final, une émigration par le bas, de « gens de peu », venait contrebalancer une immigration par le haut, séculaire celle-là, de nobles et de bourgeois venus nourrir les rangs des oligarchies locales. Continuer à lire … « Éditorial de Bernard Duterme : Fuir l’Amérique centrale »

L’urgence de l’agro-écologie et de la souveraineté alimentaire

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Dans son éditorial, Quels systèmes alimentaires… demain ?, quels-systemes-alimentaires-demain/, publié avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse, Laurent Delcourt souligne la nécessité de repenser nos systèmes alimentaires, « Contre les solutions technologiques des grandes firmes, vieilles recettes emballées dans une nouvelle rhétorique verte et transformiste, la société civile appelle à un changement radical de cap » pour permettre l’éradication de « la faim, l’insécurité alimentaire et toutes les formes de malnutrition ». Il aborde, entre autres, la vulnérabilité alimentaire et nutritionnelle des populations précarisées, la progression du nombre des affamé·es, la désorganisation des « longues chaines d’approvisionnement mondiales » et leur caractère « intrinsèquement excluant et inégalitaire », les conséquences sanitaires liées à la généralisation du modèle agroproductiviste, « Croissance de la faim et de la malnutrition, dégradation de l’environnement, changement climatique et émergence de nouvelles maladies apparaissent comme les symptômes d’un dérèglement systémique qui appelle des réponses systémiques » Continuer à lire … « L’urgence de l’agro-écologie et de la souveraineté alimentaire »

Repenser les droits humains dans une perspective émancipatrice

Avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse

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Face à l’enchevêtrement des crises, il faut réinscrire les droits humains dans de nouveaux récits d’émancipation. Cela passe par la construction d’articulations avec les droits de la nature, par la mobilisation du registre des droits humains contre celui du droit des affaires et par la mise en cause des asymétries postcoloniales au sein de l’architecture institutionnelle des droits humains.

Les droits humains fondamentaux, la dignité de la personne humaine, l’égalité des droits des femmes et des hommes, sont au fondement du système des Nations unies. Si les droits humains ont globalement progressé ces septante-cinq dernières années, nous sommes confrontés aujourd’hui à une crise des Nations unies et à une crise des droits humains qui participent d’une crise plus profonde, à la fois multidimensionnelle et systémique.

Il y a un besoin urgent de nouveaux projets visionnaires et mobilisateurs pour l’émancipation de l’humanité et de tous les êtres vivants, ainsi que pour la justice sociale, écologique et de genre. Cela implique de façonner de nouvelles manières démocratiques et internationalistes d’exercer la souveraineté populaire, au-delà des frontières locales et nationales. Les militants ne peuvent poursuivre le « business as usual ». Quel rôle les droits humains peuvent-ils jouer dans la réinvention des institutions publiques et des politiques internationales dont nous avons désespérément besoin pour surmonter les crises multiples ? Continuer à lire … « Repenser les droits humains dans une perspective émancipatrice »

Quels systèmes alimentaires… demain ?

Avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse

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Plus que jamais, la convergence des crises et leur aggravation obligent à repenser nos systèmes alimentaires. Un consensus a émergé sur l’urgence d’une telle révision. Mais la portée des réformes à adopter suscitent de vives controverses. Contre les solutions technologiques des grandes firmes, vieilles recettes emballées dans une nouvelle rhétorique verte et transformiste, la société civile appelle à un changement radical de cap.

« La pandémie de coronavirus est venue tout différer, tout éclipser et tout révéler. C’est peu de l’écrire », note Bernard Duterme, en introduction d’un récent numéro d’Alternatives Sud consacré à l’urgence écologique (2020). Il en va de même de la lutte contre la faim et la malnutrition. En septembre 2015, après deux ans d’âpres négociations, la communauté internationale, sous l’égide des Nations unies, adopte l’Agenda 2030 : les dix-sept Objectifs de développement durable. Elle s’engage alors solennellement à éradiquer la faim, l’insécurité alimentaire et toutes les formes de malnutrition d’ici 2030. Moins de dix ans avant l’échéance, l’heure n’est plus à l’optimisme. Continuer à lire … « Quels systèmes alimentaires… demain ? »

Jusqu’à ce que la vie vaille la peine d’être vécue

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Il est nécessaire d’analyser à chaque fois les contextes historiques et socio-politiques des rapports sociaux, des violences exercées par le groupe social et par des hommes en particulier sur le groupe social des femmes et sur des femmes en particulier. Les violences de genre et les résistances sont inscrites dans des environnements qu’il convient de décrypter, « saisir les mécanismes qui tout à la fois produisent, articulent et occultent la violence » (Aurélie Leroy). Pour autant, si ces violences peuvent être des violations des droits humains de groupes ou communautés, elles sont – et il ne faut l’oublier – en premier lieu une violation des droits des êtres humains femmes.

« Complexifier et politiser les violences de genre, faire émerger les facteurs structurels entremêlés et s’attaquer à l’impunité sont des enjeux centraux des mobilisations à l’œuvre ». Dans son éditorial, editorial-daurelie-leroy-violences-de-genre-et-resistances/, publié avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse, Aurélie Leroy cite le collectif Las Tesis (un-violeur-sur-ton-chemin/) et souligne que les « violences de genre » ne sont pas des actes individuels et accidentels. Il convient donc d’en analyser « les ressorts véritables, les redondances et les schémas communs ». Ces violences sont familiales, extra-domestiques ou institutionnelles, « il n’est pas un pays au monde où les femmes sont à l’abri des violences masculines, à tout âge, dans tous les espaces et sous de multiples formes ». Continuer à lire … « Jusqu’à ce que la vie vaille la peine d’être vécue »

Le viol comme réponse aux revendications des Dalits en Inde

Avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse

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Les crimes sexuels contre les femmes dalits sont en augmentation en Inde. Ce phénomène n’a pas pour seul moteur le patriarcat et pour seule fin la possession du corps féminin. Contrairement à l’interprétation féministe dominante, il vise également à restaurer l’ordre des castes, lorsque surgissent des revendications de la communauté dalit. L’inertie des institutions face à ces crimes montre qu’elles demeurent perméables aux rapports de castes.

Les Dalits1, qui constituent environ 16% de la population indienne, sont surreprésentés parmi les couches défavorisées de la société. Elles et ils continuent à pâtir des conséquences de l’infériorité de statut qui leur est imposée par la tradition multiséculaire de l’« intouchabilité » dans le cadre du système des castes. Malgré toutes les garanties constitutionnelles et l’adoption de plusieurs lois visant à protéger l’honneur et la dignité des femmes, le système des castes conditionne toujours le traitement dont ils et elles font l’objet dans la société indienne, en ce compris par le système judiciaire, et sur l’ensemble du territoire. L’inégalité des ressources et des opportunités, ainsi que le traitement discriminatoire qu’elles subissent sont la principale cause de la vulnérabilité et de l’exclusion sociale des femmes dalits. Continuer à lire … « Le viol comme réponse aux revendications des Dalits en Inde »

Éditorial d’Aurélie Leroy : Violences de genre et résistances

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Avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse

Dans un climat général délétère pour les droits des femmes – crise sanitaire et économique, offensives réactionnaires et anti-genre –, un renouveau féministe s’est affirmé ces dernières années, au départ de l’Amérique latine. Complexifier et politiser les violences de genre, faire émerger les facteurs structurels entremêlés et s’attaquer à l’impunité sont des enjeux centraux des mobilisations à l’œuvre.

« Le patriarcat est un juge qui nous juge à la naissance
Et notre punition, c’est cette violence que tu ne vois pas
Le patriarcat est un juge qui nous juge à la naissance
Et notre punition, c’est cette violence que tu vois
Ce sont les féminicides, l’impunité des assassins
C’est la disparition, c’est le viol
Et le coupable ce n’est pas moi, ni mes fringues, ni l’endroit
Le violeur, c’était toi
Le violeur, c’est toi
Ce sont les policiers, les juges, l’État, le président
L’État oppresseur est un macho violeur »
Las Tesis, « Un violeur sur ton chemin »

Ces paroles du collectif chilien Las Tesis ont rythmé la performance « Un violeur sur ton chemin ». Entonné à Santiago le 25 novembre 2019 à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes, ce slam féministe est devenu viral au point de connaître un retentissement international. Un hymne puissant, réclamant la justice contre les violences sexistes et les féminicides, qui reprend les principaux enseignements de l’anthropologue Rita Laura Segato – sur lesquels nous reviendrons dans cet ouvrage – et qui témoigne d’un nouveau seuil franchi dans la compréhension de la violence, de l’impunité et de leurs modes opératoires. En égrenant des mots et des expériences vécues, des activistes du monde entier ont ainsi dispersé l’écran de fumée et débusqué les « apparats illusoires » (Segato, 2021) qui réduisent les violences de genre à des actes individuels et accidentels, empêchant d’en distinguer les ressorts véritables, les redondances et les schémas communs. Continuer à lire … « Éditorial d’Aurélie Leroy : Violences de genre et résistances »

Perte d’imagination sociale au sein de la communauté progressiste

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Dans son éditorial, la-demondialisation-est-elle-laffaire-du-nord/, publié avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse, François Polet discute, entre autres, d’insertion « plus souveraine » dans l’économie mondiale, des coûts et des risques de la dépendance « aux flux internationaux », de la vulnérabilité liée à l’approvisionnement dans des chaines de valeurs internationales, « Les contributions rassemblées dans cette livraison laissent entendre l’existence d’une tension forte entre insertion dans les chaînes de valeur internationales et volonté de préservation d’un haut niveau de souveraineté économique. Une souveraineté que certains auteurs s’emploient à problématiser, les usages locaux et populaires des ressources naturelles s’opposant régulièrement à leur exploitation dans le cadre des politiques de « développement national » », de « mal organisation du monde »…

L’éditorialiste revient sur les mobilisations contre l’Organisation mondiale du commerce (OMC), la place du soi-disant libre marché, l’importance de la construction de « commun », la doxa libre-échangiste, les effets de la crise de 2008 et de la pandémie, les évolutions de et dans la division internationale du travail, le raccourcissement des chaines d’approvisionnement, le nouveau contexte de guerres commerciales, les débats autour de l’« autonomie stratégique »… Continuer à lire … « Perte d’imagination sociale au sein de la communauté progressiste »