Avec l’aimable autorisation de l’auteur
Une opinion publique prise à témoin, des citoyens qui s’affrontent par études scientifiques interposées, des responsables politiques, sommés de prendre des décisions dans l’urgence, qui en appellent à l’avis des experts, etc. La controverse scientifique concernant la chloroquine et la polémique autour du professeur Didier Raoult se sont propagées comme une traînée de poudre dans l’espace public. Les citoyens s’intéresseraient-ils enfin, à la faveur de la crise sanitaire actuelle, à la recherche scientifique ? Et y aura-t-il un avant et un après-Covid-19 pour les chercheurs ? Trois questions à Jacques Testart, biologiste et « critique de science ».
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Sciences Critiques – Que vous inspirent le travail et la stratégie de communication du professeur Didier Raoult au sujet de la chloroquine ? Incarne-t-il la « bonne science biomédicale » – de terrain, voire citoyenne, en répondant à l’urgence sanitaire – contre la « mauvaise science biomédicale » – bureaucratique, technocratique et inféodée à l’industrie pharmaceutique ?
Jacques Testart – Je crois, d’abord, qu’il ne faut pas identifier la pratique médicale à une activité scientifique, et les thérapeutes à des chercheurs scientifiques. Pour la plupart, les médecins n’ont ni la formation ni la pratique qui sont exigées des chercheurs, lesquels, pour leur part, n’ont pas vocation à guérir. En ce sens, nous avons assisté à l’affrontement entre un praticien soucieux de tout faire pour guérir ses malades et des responsables médicaux soucieux de singer, comme pour combler leur manque, ce que serait une démarche scientifique. Continuer à lire … « Jacques Testart : « La gestion de l’urgence s’accorde mal avec la science » »