La Marche des drapeaux de Jérusalem illustre la banalisation d’une politique (et autres textes)

 

  • Oren Ziv : Avec les slogans « brûlez Shuafat » et « aplatissez Gaza », la Marche des drapeaux de Jérusalem illustre la banalisation d’une politique
  • Gideon Levy : Israël figure, à juste titre, sur la liste noire de l’ONU des pays qui portent atteinte aux enfants
  • Shrouq Aila : Gaza. « Au cœur du massacre de Nuseirat. Le carnage que j’ai vu lors de la libération des quatre otages par l’armée israélienne »
  • Nina Lakhani : Le fondateur du BDS salue les manifestations sur les campus qui ont permis de généraliser le désinvestissement d’Israël
  • Transfert d’armes françaises vers Israël : des ONG saisissent le conseil d’état
  • Québec doit fermer son bureau à Tel-Aviv
    Par Diane Lamoureux, Ligue des droits et libertés, Michèle Asselin, Association québécoise des organismes de coopération internationale, Niall Clapham Ricardo, Voix Juives Indépendantes – Montréal et Marie-Hélène Hébert, Collectif de Québec pour la paix
  • Déclaration du CISO sur la liberté d’expression en solidarité avec la Palestine
  • De Gaza à Serêkaniyê : la lutte des Palestiniennes contre le déplacement par Israël, puis la Turquie
  • Liens vers d’autres textes

Avec les slogans « brûlez Shuafat » et « aplatissez Gaza »,
la Marche des drapeaux de Jérusalem
illustre la banalisation d’une politique

La marche annuelle des drapeaux du « Jour de Jérusalem » est depuis longtemps connue pour sa démonstration ouverte de la suprématie juive. Chaque année, pour célébrer l’occupation par Israël de Jérusalem-Est en 1967 et le maintien de son contrôle sur la ville, des dizaines de milliers de Juifs israéliens, jeunes pour la plupart, se déchaînent dans la vieille ville, harcèlent et attaquent les résidents palestiniens et crient des slogans racistes, le tout sous la protection de la police.

Toutefois, si par le passé on pouvait dire que seuls certains des participants se livraient à de tels comportements, cette année, ces agissements sont devenus la norme. Encouragés par la guerre de vengeance brutale de leur gouvernement contre la bande de Gaza, presque tous les participants qui se sont rassemblés à la porte de Damas [qui mène à la vieille ville de Jérusalem] avant la marche d’hier après-midi ont participé à la provocation.

Parmi les chants les plus populaires, citons « Que votre village brûle », « Shuafat est en feu » [quartier de Jérusalem-Est à population majoritairement palestinienne], « Mahomet est mort » et la chanson génocidaire de la « vengeance », qui reprend une injonction biblique dirigée contre les Palestiniens : « Que leur nom soit effacé ». Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, et le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, sont tous deux arrivés à la porte de Damas avec leurs gardes du corps vers la fin des festivités et se sont joints avec joie aux fêtards qui chantaient et dansaient. [S’était jointe à eux la ministre des Transports, membre du parti Likoud, Miri Regev.]

Parallèlement aux chants, certains participants portaient des drapeaux du groupe suprématiste juif Lehava [1], ainsi que des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Une balle dans la tête de chaque terroriste » et « Kahane avait raison » [2]. Quelques-uns ont fait explicitement référence à l’assaut israélien en cours sur Gaza, appelant à « raser Rafah » et portant le drapeau de Gush Katif – le bloc de colonies israéliennes qui a été évacué de Gaza dans le cadre du « désengagement » de 2005 et que de nombreux membres de la droite israélienne espèrent voir se reconstruire. Certains brandissaient des pancartes représentant les otages toujours détenus par le Hamas à Gaza.

Cependant, l’objectif principal des participants n’était pas Gaza, mais plutôt le Mont du Temple/Haram al-Sharif. La journée a commencé par l’ascension de plus d’un millier de Juifs sur ce site sacré pour les juifs et les musulmans, administré conjointement par la police israélienne et le waqf islamique [fondation composé de la monarchie jordanienne, avec intégration en 2019 de responsables de l’Autorité palestinienne]. Nombre de manifestants portaient des drapeaux israéliens et certains ont violé le « statu quo » de longue date du site en se livrant à des actes de prière.

Ils étaient menés par des militants qui aspirent non seulement à permettre aux Juifs de prier sur le site, mais aussi à reconstruire un temple juif sur le site de la mosquée Al-Aqsa et du dôme du Rocher. Lors de la marche, un groupe de jeunes portait des T-shirts représentant le Dôme du Rocher en train d’être démoli.

A l’exception de l’arrestation d’une poignée de manifestants qui ont attaqué des journalistes, la police – dont le chef de la police et plusieurs hauts gradés – n’a rien fait pour empêcher ou punir les provocations. Cette absence d’intervention était particulièrement flagrante compte tenu de la répression qui a suivi le 7 octobre et qui a vu la police arrêter et inculper des centaines de citoyens palestiniens pour avoir exprimé leur opposition à la guerre à Gaza, que ce soit sur les réseaux sociaux ou dans le cadre de petites manifestations non violentes.

Ce double standard est ancré dans la politique du gouvernement israélien: ce qui compte, ce n’est pas le contenu du discours, mais la personne qui le prononce. Ainsi, alors que des Palestiniens sont arrêtés pour des messages sur les réseaux sociaux, des Juifs ont toute latitude pour célébrer la Journée de Jérusalem en agressant des Palestiniens et en appelant à leur mort.

Journalistes attaqués
Les violences ont commencé vers 13 heures. A ce moment-là, la police avait déjà dégagé une route à travers le quartier musulman de la vieille ville en forçant les résidents palestiniens à rentrer chez eux et les propriétaires de magasins palestiniens à fermer leur commerce.

Par conséquent, les seules cibles restantes vers lesquelles les premiers participants pouvaient diriger leur rage étaient quelques journalistes qui étaient déjà arrivés pour couvrir la marche. Le journaliste palestinien Saif Kwasmi a été agressé par la foule, tandis que le journaliste de Haaretz, Nir Hasson, a également été mis à terre et a reçu des coups de pied. Au lieu d’arrêter les manifestants, la police a arrêté et interrogé Kwasmi, accusé d’incitation à la violence.

La plupart des journalistes n’ont pas pu s’approcher aussi près des manifestants. Avant l’arrivée du gros de la foule, la police a contraint tous les journalistes à se réfugier dans un petit enclos donnant sur la porte de Damas; selon les responsables de la police, permettre aux journalistes d’accompagner les participants à travers la vieille ville aurait été une provocation dangereuse, compte tenu de l’hostilité des manifestants à l’égard des médias.

Après plusieurs heures et de nombreux appels au bureau du chef de la police, les journalistes ont été autorisés à se déplacer parmi les manifestants, mais seulement après avoir été avertis qu’ils le faisaient à leurs risques et périls. A ce moment-là, les manifestants avaient déjà jeté de nombreuses bouteilles en plastique dans la zone de presse et insulté les journalistes.

Peu avant la fin de ces « cérémonies », Ben Gvir est arrivé à la porte de Damas. Entouré d’un important dispositif de sécurité qui a empêché les journalistes de s’approcher et de poser des questions, le ministre a profité de l’occasion pour déclarer qu’il rejetait totalement le délicat statu quo religieux sur le Mont du Temple/Haram al-Sharif, qui stipule depuis longtemps que les Juifs ont le droit de visiter le site, mais pas d’y prier.

« Je suis revenu ici pour envoyer un message au Hamas et à toutes les maisons de Gaza et du Liban: Jérusalem est à nous. La porte de Damas est à nous. Le mont du Temple est à nous », a-t-il proclamé. « Aujourd’hui, conformément à ma politique, les Juifs sont entrés librement dans la vieille ville et les Juifs ont prié librement sur le mont du Temple. Nous le disons de la manière la plus simple qui soit: ceci est à nous. »

Lors des précédentes marches de la Journée de Jérusalem, Ben-Gvir n’était qu’un participant parmi d’autres. Aujourd’hui, il est le ministre responsable de la police, chargé de sécuriser la marche et de faciliter l’ascension des Juifs vers l’enceinte d’Al-Aqsa. Bien que le Premier ministre Benyamin Netanyahou ait pris ses distances avec l’intention déclarée de Ben-Gvir de bouleverser le statu quo, c’est en fin de compte le ministre de la Sécurité nationale qui applique la politique.

Le Jour de Jérusalem était autrefois un événement exceptionnel, où le racisme et la suprématie juive qui ont toujours existé au sein de la société israélienne étaient exposés aux yeux de tous. Mais aujourd’hui, alors que la vengeance de l’armée à Gaza se poursuit avec le soutien actif de la plupart des Israéliens, que la violence des militaires et des colons s’intensifie en Cisjordanie et que des campagnes sont menées pour persécuter et réduire au silence les dissidents à l’intérieur de la ligne verte, la Marche des drapeaux n’est plus qu’un exemple de plus de la façon dont Israël a banalisé l’extrémisme.

[1] Il s’oppose par exemple aux mariages entre Juifs et non-Juifs, en particulier des mariages des femmes juives avec des hommes arabes, exerce sa violence contre les Palestiniens et les demandeurs d’asile africains. (Réd.)
[2] Meir Kahane a fondé l’organisation Jewish Defense League aux Etats-Unis et le parti Kach d’extrême droite en Israël, interdit en 1994, qualifié d’organisation terroriste. Le Kach soutient une colonisation massive en Cisjordanie et dans la bande de Gaza avec une dimension de sionisme religieux. Kahane fut élu en 1984 à la Knesset – suite à trois échecs – après avoir profité de la «permissivité» des structures politiques et juridiques de l’Etat d’Israël, qui ne prendra des mesures pour disqualifier le parti Kach qu’après son élection. Kahane sera assassiné aux Etats-Unis en novembre 1990. (Réd.)

Oren Ziv
Oren Ziv est photojournaliste et reporter pour le site israélien en hébreu Local Call – qui est conjoint avec +972. Il est membre fondateur du collectif de photographes Activestills.
Article publié par le site israélien +972 le 6 juin 2024 ; traduction rédaction A l’Encontre
http://alencontre.org/moyenorient/palestine/avec-les-slogans-brulez-shuafat-et-aplatissez-gaza-la-marche-des-drapeaux-de-jerusalem-illustre-la-banalisation-dune-politique.html

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Israël figure, à juste titre, sur la liste noire de l’ONU des pays qui portent atteinte aux enfants

La Somalie, la Syrie, le Myanmar, Boko Haram’et Israël. Ensemble, et ce n’est pas une coïncidence. La décision du Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, d’ajouter Israël à la liste noire des pays qui font du mal aux enfants a insulté et choqué Israël. Nous et la Syrie ? Oui, nous et la Syrie. En Israël, tout le monde est passé à l’attaque, mais personne n’a posé de questions : qu’avons-nous pensé alors que l’armée tuait des milliers d’enfants ? Que le monde resterait silencieux ? Que l’ONU ferait preuve de retenue ? Son rôle est de crier et c’est ce qu’elle a fait ce week-end. 

Lorsqu’il s’agit de massacres d’enfants, toutes les excuses s’envolent, même celles d’Israël. Gilad Erdan peut poursuivre ses grotesques manigances aux Nations unie, s’il a publié hier un enregistrement vidéo de sa conversation avec le secrétaire général, un acte sans précédent au regard du code de conduite diplomatique, le tout destiné aux oreilles du comité central du Likoud, en prévision du prochain poste d’Erdan. Benjamin Netanyahu peut continuer à affirmer que « l’ONU s’est mise sur la liste noire de l’histoire ». L’ONU ? 

Combien d’enfants ont-ils été tués ? Les FDI ont tué 15 517 enfants, selon le ministère de la santé de Gaza. Quelque 8 000 de ces décès ont été vérifiés par l’ONU. De nombreux enfants sont toujours portés disparus. Quelque 17 000 enfants ont perdu au moins un de leurs parents ; 3 000 ont perdu au moins un membre. Neuf enfants sur dix dans la bande de Gaza souffrent d’une « carence nutritionnelle aiguë », selon l’UNICEF. L’Organisation mondiale de la santé a établi que quatre enfants sur cinq ne mangent rien au moins un jour sur trois. En janvier, l’organisation internationale Save the Children a établi que dix enfants perdaient au moins un membre chaque jour. Samedi, Al-Jazeera a diffusé une vidéo d’un garçon demandant à sa mère si son bras allait repousser. 

Tout le monde est sur la liste noire de l’histoire, sauf Israël. Tout le monde est anti-Israël et antisémite, seul Israël est innocent. « L’armée la plus morale du monde », a encore clamé M. Netanyahou samedi, ce qui n’a pu que susciter un sourire gêné chez ses auditeurs du monde entier. Les preuves sont solides, elles s’accumulent sans équivoque, elles sont impardonnables. Huit mois de guerre contre les enfants. Huit mois d’enfants amputés de membres, d’orphelins, affamés, malades et en état de choc, mourants et morts. Les chiffres sont horribles, mais ce qui l’est tout autant, c’est le déni total de toute responsabilité de la part d’Israël. La responsabilité de la mort d’au moins 10 000 enfants incombe à leurs parents, au Hamas et à l’UNICEF, mais pas à leurs assassins, ni aux soldats et aux pilotes des forces de défense israéliennes, les plus morales au monde. Lorsque l’on atteint de tels niveaux de souffrance infligés à tant d’enfants, on aurait pu s’attendre à un certain degré de choc en Israël également. Après tout, nous avons nous aussi des enfants. Mais ici, le chagrin est interdit par décret, la compassion n’est plus acceptable, les protestations ne portent que sur le sort de nos enfants, puisqu’il n’y en a manifestement pas d’autres, tandis que les centaines de milliers d’enfants de l’autre côté sont invisibles, ne méritent pas d’être pris en considération. 

Les enfants de Gaza, ceux qui survivent, n’oublieront jamais. Ils fouillent aujourd’hui dans les décombres de leurs maisons, pleurent leurs parents et leurs frères et sœurs, tentent de soigner leurs blessures et leurs moignons dans un pays où il n’y a pas un seul hôpital en état de marche, et sont rendus fous par les cauchemars. Mais ils grandiront et n’oublieront pas. L’aide humanitaire continue d’arriver au compte-gouttes, les colons sabotent les camions d’aide, bloquant violemment leur entrée à Gaza, et Israël reste silencieux à ce sujet également. Mais les enfants n’oublieront jamais ce qu’Israël leur a infligé. Comment le pourraient-ils ? Pas depuis des générations. Le monde se joint maintenant à eux. Même le monde cynique et froid est choqué par un tel massacre d’enfants. Erdan, Netanyahou et les autres Israéliens peuvent continuer à plaider l’innocence et à se laver les mains de cette affaire, mais leurs mains sont tachées du sang des enfants, qu’aucune excuse ne peut cacher. Nous devons commencer à nous y habituer : Somalie, Syrie et Israël. C’est le club. Il n’y a pas lieu d’être choqué par sa composition, mais seulement par ce qui a provoqué l’entrée d’Israël dans le club. Un ajout justifié, il faut l’admettre.

Gideon Levy, 9 juin 2024
Source : Haaretz
Traduction : Thierry Tyler-Durden
https://agencemediapalestine.fr/blog/2024/06/10/opinion-israel-figure-a-juste-titre-sur-la-liste-noire-de-lonu-des-pays-qui-portent-atteinte-aux-enfants/

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Gaza. « Au cœur du massacre de Nuseirat. Le carnage que j’ai vu lors de la libération des quatre otages par l’armée israélienne »

DEIR Al-BALAH, GAZA – Suhail Mutlaq Abu Nasser n’était pas originaire du camp de réfugiés de Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza [à 5 kilomètres au nord-est de la ville de Deir al-Balah]. Mais lorsque l’armée israélienne a attaqué la zone samedi, dans le cadre d’une opération de grande envergure visant à sauver quatre otages israéliens capturés [par les Brigades Izz al-Din al-Qassam, branche armée du Hamas : Noa Argamani, Almog Meir Jan, Andrey Kozlov et Shlomi Ziv – réd.] lors d’une rave party le 7 octobre, le camp était ce qui se rapprochait le plus d’une maison pour Abu Nasser.

Après s’être installé dans la région en novembre, Abu Nasser, 60 ans, a dû faire face à d’autres déplacements, mais le voyage fastidieux l’a ramené à Nuseirat ce printemps. La maison de Nuseirat qu’il avait occupée avait été bombardée et partiellement détruite, mais il estimait qu’elle valait mieux que la tente en nylon dans laquelle il avait séjourné plus au sud, à Rafah.

Samedi, vers 11 heures, Abu Nasser se tenait près d’une fenêtre de la maison lorsque des missiles ont commencé à pleuvoir sur la zone. L’un d’entre eux a frappé à 20 mètres à peine.

« La zone a été réduite en cendres », m’a dit Abu Nasser lors d’un entretien le dimanche 9 juin. « Je ne trouvais pas ma femme et j’ai commencé à appeler les gens autour de moi pour m’assurer qu’ils étaient toujours en vie. »

Poussé dehors par la peur de voir son immeuble bombardé, Abu Nasser a été confronté à une attaque israélienne massive qui se déroulait autour de lui. Les rues étaient envahies par une nuée de drones équipés d’armes légères. Les chenilles des chars d’assaut se faisaient entendre à proximité. Des hélicoptères d’attaque Apache de fabrication américaine planaient. Les maisons voisines ont été touchées par des missiles.

« Nous avons entendu des gens appeler à l’aide dans les maisons bombardées », a déclaré Abu Nasser. « Il y avait des martyrs et des blessés, mais nous ne pouvions pas les aider. »

La scène était effroyable. « La rue était remplie de morceaux de corps de civils et de nombreux blessés se vidaient de leur sang sans que les ambulances puissent les atteindre. »

L’attaque soutenue sur Nuseirat a duré environ 75 minutes.

« L’opération s’est terminée, mais nous sommes restés à nos places, craignant de bouger pendant un long moment », se souvient Abu Nasser. « C’était une scène horrible et un moment difficile que je n’avais jamais connu de ma vie. »

« Pourquoi ont-ils mérité cela ? »
Lorsque les forces israéliennes se sont retirées avec quatre otages, elles ont laissé derrière elles la mort et la destruction. Les autorités de Gaza ont annoncé que 274 personnes, dont 64 enfants et 57 femmes, avaient été tuées, que plus de 400 personnes avaient été blessées et que 89 maisons ou bâtiments résidentiels avaient été bombardés au cours du raid.

Selon un communiqué du bureau des médias du gouvernement du Hamas à Gaza, les soldats israéliens se sont déguisés en personnes déplacées pour perpétrer ce que l’on appelle le massacre de Nuseirat.

Le Washington Post du 9 juin a vérifié deux vidéos montrant un camion portant le logo d’un savon à vaisselle escorté hors de Nuseirat par des chars israéliens, sans que l’on sache si la scène s’est déroulée avant ou après l’attaque. Une autre vidéo mise en ligne montrait une camionnette Mercedes-Benz sur laquelle étaient attachés des biens – une scène semblable à celle des « Raisins de la colère », fréquente à Gaza. Un témoin oculaire a déclaré au Washington Post qu’une dizaine de soldats israéliens avaient sauté de la camionnette, tirant sur le frère du témoin. (Un représentant du porte-parole des Forces de défense israéliennes, le contre-amiral Daniel Hagari, a déclaré à The Intercept qu’aucun véhicule civil n’avait été utilisé lors de l’attaque.)

L’hôpital des Martyrs d’Al-Aqsa à Deir al-Balah, que j’ai visité samedi, débordait de blessés de Nuseirat. Les ambulances ne cessaient d’arriver et les cris emplissaient l’air. Le chaos a régné dans la salle d’urgence tout au long de l’après-midi, a déclaré Karin Huster, une responsable et coordinatrice travaillant à Al-Aqsa avec Médecins sans frontières, selon un enregistrement qu’elle a envoyé de Gaza et qui a été publié par le groupe d’aide médicale, connu sous ses initiales françaises MSF.

« Il n’y a rien, absolument rien qui justifie ce que j’ai vu aujourd’hui », a déclaré Karin Huster. « Rien. Ces enfants – le bébé de 3 mois, l’enfant de 7 ans, l’enfant de 12 ans qui est mort –, l’homme de 25 ans, la femme de 78 ans, qui ont tous des blessures horribles », a-t-elle poursuivi. « Pourquoi ont-ils mérité cela ? Et pourquoi le monde regarde-t-il en silence ? Jusqu’à quel niveau d’horreur devons-nous aller avant de faire quelque chose, avant de dire à Israël que ce n’est pas acceptable ? »

La route vers Nuseirat
Je me rendais à Nuseirat lorsque l’armée israélienne a lancé son attaque.

La guerre a été mouvementée pour moi. Comme Abu Nasser, j’ai été déplacé et réinstallé trois fois pendant la guerre. Plus récemment, en mai, je suis arrivé à Deir al-Balah, une ville située au centre de Gaza.

Comme beaucoup d’autres, j’ai perdu des êtres chers et des collègues. L’une de ces pertes, mon mari, était l’incarnation de ces deux qualités et de bien d’autres encore. Il était partenaire de notre société de production, le père de ma fille et l’amour de ma vie. Il a été tué par les Israéliens en octobre, en nous protégeant, notre fille et moi, lorsque notre maison a été frappée par deux roquettes. Je savais que je devais continuer, continuer à raconter des histoires.

C’est ainsi que le 8 juin j’ai pris ma voiture pour parcourir les 6 km qui séparent Deir al-Balah de Nuseirat, afin de réaliser une interview pour un film sur lequel nous travaillons. La femme qui devait être mon interlocutrice vit dans le camp.

Alors que nous approchions de Nuseirat, j’ai ressenti un malaise. J’ai dit au chauffeur : « Je ne me sens pas à l’aise en allant là-bas et je pense annuler le voyage. » Soudain, tout s’est accéléré.

Par la fenêtre de la voiture, j’ai vu quatre hélicoptères de combat volant à basse altitude et tirant continuellement. Des obus d’artillerie atterrissaient à proximité, apparemment au hasard. Le bruit des explosions était incessant.

Nous nous demandions si nous devions continuer ou faire demi-tour lorsqu’un missile a visé la maison voisine et que des éclats d’obus ont volé au-dessus de nos têtes.

A ce moment-là, je n’ai pensé qu’à ma petite fille. Elle avait eu un an deux semaines après l’assassinat de son père. Je me demandais comment elle pourrait faire face à la perte de sa mère.

Nous sommes retournés à Deir al-Balah et à l’hôpital Al-Aqsa.

« La diversité des blessures de guerre »
Les hôpitaux de la bande de Gaza ont fait l’objet d’attaques répétées de la part de l’armée israélienne, alors même qu’ils servaient parfois d’abris pour les personnes déplacées. Les établissements de santé ont été assiégés de façon continue et ont dû faire face à des ordres d’évacuation répétés, les tireurs d’élite israéliens éliminant les personnes à l’extérieur qui tentaient de se conformer aux ordres.

Des médecins étrangers rentrant de missions d’aide à Gaza ont fait état d’un carnage indescriptible (voir par exemple l’article de Jeremy Scahill sur Intercept du 23 mars 2024). Face aux assauts militaires et à la pénurie de ressources telles que le carburant, les maternités ont eu du mal à pratiquer des accouchements et à maintenir en vie les bébés prématurés. Des centaines de professionnels de la santé ont disparu dans les geôles israéliennes.

Karin Huster, l’humanitaire de MSF à Al-Aqsa, a déclaré que les opérations militaires à Deir al-Balah ont commencé vers 11h30, selon l’enregistrement publié par MSF. « Nous avons commencé à entendre des actions vraiment très intenses des FDI, beaucoup de bombardements, beaucoup de tirs, des hélicoptères», dit-elle dans l’enregistrement. Rapidement, selon Karin Huster, les membres de MSF ont entendu une «énorme explosion juste à côté de notre bureau, qui n’est pas très loin de l’hôpital Al-Aqsa ».

Karin Huster explique que les membres de MSF ont commencé à rassembler des équipements et ont rapidement reçu un appel du directeur de l’hôpital pour qu’ils viennent aider. En début d’après-midi, après avoir évalué les conditions de sécurité, ils sont arrivés aux urgences de l’hôpital.

« C’était, comme d’habitude, la pagaille », déclare Karin Huster. « Mais il s’agissait d’un chaos aggravé par les quatre derniers jours: c’était le chaos total à l’intérieur. » Les urgences étaient « complètement remplies de patients à l’étage, en provenance des sites bombardés de Nuseirat » – il y avait des centaines de patients, dit-elle. « Il y avait des enfants partout, des femmes, des hommes », poursuit Karin Huster dans l’enregistrement. « Nous avions toute la gamme des blessures de guerre, des blessures traumatiques, des amputations, des éviscérations, des traumatismes, des lésions cérébrales traumatiques. Des fractures, évidemment, de grandes brûlures. Des enfants complètement gris ou blancs à cause du choc, brûlés, criant pour leurs parents – beaucoup d’entre eux ne criant pas parce qu’ils sont en état de choc. »

A un moment donné de ma visite, un vent de panique a soufflé sur la tente des médias. La rumeur s’était répandue que l’armée israélienne avait appelé l’hôpital pour l’avertir qu’elle allait attaquer, en particulier les journalistes rassemblés.

Qu’il s’agisse d’une rumeur ou non – les FDI, dans une déclaration à The Intercept, ont nié qu’une évacuation de l’hôpital ait été ordonnée – nous avons décidé de partir. Après avoir gagné l’hôpital pour échapper à la violence de l’attaque de Nuseirat, j’étais maintenant en train de le fuir. Les médecins et les familles des blessés ont refusé de partir. L’attaque n’a jamais eu lieu.

« Attendre la mort »
Abu Nasser et sa femme ont été déplacés une première fois en novembre, de leur maison d’Al-Saftawi, dans le nord de Gaza. Ils sont partis à pied après l’attaque de leur quartier par l’armée israélienne. Des obus d’artillerie et du phosphore blanc, une arme incendiaire dont l’utilisation est interdite dans les zones civiles, ont frappé la zone, et un abri adjacent à leur bâtiment a été détruit par une frappe aérienne israélienne.

Le voyage le long d’un itinéraire sécurisé désigné par Israël a conduit Abu Nasser et sa femme à Karin à 16 km au sud, à vol d’oiseau, jusqu’à leur premier hébergement à Nuseirat. C’était un nouveau foyer, mais seulement pour un mois et demi.

Le déplacement est devenu une habitude pénible. Fin décembre, Abu Nasser a suivi les ordres d’évacuation d’Israël et s’est de nouveau déplacé vers le sud, cette fois à Rafah, avec environ 1,4 million d’autres Palestiniens déplacés à l’intérieur du pays. Ils sont restés dans une tente dans le camp de Tel al-Sultan, pas très loin du centre de Rafah.

Cinq mois plus tard, lorsque Rafah a été à son tour menacée par l’armée israélienne, Abu Nasser est reparti, retournant en mai dans sa maison bombardée de Nuseirat. Le camp de Tel al-Sultan à Rafah allait devenir le site de ce que l’on appelle aujourd’hui le « massacre des tentes » (26 mai 2024), du nom des abris qu’Abu Nasser avait laissés derrière lui.

Lorsque les bombes ont frappé près de chez lui à Nuseirat le samedi, et qu’Abu Nasser et sa femme ont couru dans la rue, il a été surpris de trouver tant de façons de mourir : chars, hélicoptères d’attaque, obus, missiles, et, fauchant les gens dans la rue, les drones dotées d’armes légères. « Les gens couraient sous nos yeux, fuyant les drones », raconte Abu Nasser. « Nous nous sommes cachés dans un endroit que les drones ne pouvaient pas atteindre. » Ils sont restés cachés derrière les escaliers pendant plus d’une heure, jusqu’à ce que l’attaque se calme. « Nous attendions la mort », m’a dit Abu Nasser, « nous nous attendions à ce que la maison soit bombardée au-dessus de nos têtes. » 

Shrouq Aila
Shrouq Aila est une journaliste d’investigation et une chercheuse palestinienne. Vous pouvez suivre son travail sur le terrain à Gaza sur Instagram. Sharif Abdel Kouddous, journaliste de renom basé à New York et au Caire, a contribué à la rédaction de cet article
Article publié par Intercept le 10 juin 2024 ; traduction rédaction A l’Encontre
http://alencontre.org/moyenorient/palestine/gaza-au-coeur-du-massacre-de-nuseirat-le-carnage-que-jai-vu-lors-de-la-liberation-des-quatre-otages-par-larmee-israelienne.html

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Le fondateur du BDS salue les manifestations sur les campus qui ont permis de généraliser le désinvestissement d’Israël

Omar Barghouti, qui a fréquenté l’université de Columbia dans les années 1980, affirme que la solidarité des étudiantes et étudiants avec la Palestine a éduqué le monde.

Les manifestations organisées par les étudiants et étudiantes pour exiger que les universités rompent leurs liens financiers et académiques avec Israël ont suscité un soutien sans précédent à la lutte palestinienne pour la libération et ont popularisé la question du désinvestissement dans le débat public, selon le cofondateur du mouvement Boycott, Désinvestissement, Sanctions (BDS).

Omar Barghouti, défenseur palestinien des droits humains qui a contribué à lancer le mouvement BDS il y a près de 20 ans, a déclaré que la solidarité étudiante avait contribué à sensibiliser le monde à l’occupation israélienne et à l’« apartheid », tout en révélant l’hypocrisie – et les tendances répressives – de certaines des universités les plus prestigieuses du monde, qui investissent dans des entreprises plaçant « le profit avant les gens et la planète ».

« Le soulèvement actuel des étudiant.es sur les campus à travers les États-Unis, l’Europe et dans le monde est le signe d’un moment sud-africain de la Palestine, car le soutien à la fin de la complicité avec le génocide israélien et le régime sous-jacent de colonialisme et d’apartheid vieux de 76 ans atteint un point de bascule dans la lutte pour la libération palestinienne … le «B» et le «D» de BDS sont devenus beaucoup plus courants qu’auparavant. »

« Ce soulèvement étudiant représente une formation accélérée sur la Palestine pour des millions de personnes, en particulier en Occident. Il a mis fin à de nombreuses années de silenciation et d’effacement des voix palestiniennes, de l’histoire palestinienne, de la culture palestinienne [et] des aspirations […] Il nous donne de l’espoir et de l’inspiration en ces temps sombres où Israël poursuit son génocide contre 2,3 millions de Palestiniens dans la bande de Gaza occupée et assiégée », a déclaré M. Barghouti au Guardian, alors qu’Israël continue de défier la décision du plus haut tribunal de l’ONU lui enjoignant d’arrêter son assaut sur Rafah. Dans cette ville méridionale de Gaza, les réfugié.es palestinien.nes ont peint sur leurs tentes des messages de gratitude à l’égard des étudiant.es.

Partout dans le monde, les étudiantes et étudiants ont revendiqué un cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza, ainsi qu’une plus grande transparence sur les partenariats et le désinvestissement des entreprises liées à la défense et des fabricants d’armes qui équipent l’armée israélienne. Depuis le début des représailles contre l’attaque du Hamas le 7 octobre, qui a fait près de 1 200 morts, Israël a tué plus de 36 000 Palestiniens et Palestiniennes et des milliers d’autres sont porté.es disparu.es sous les décombres et présumé.es mort.es.

Le mouvement étudiant de l’université de Columbia fait partie de ceux qui demandent également à l’université de divulguer et de mettre fin à ses investissements dans un large éventail d’entreprises ayant des liens avec Israël, notamment Google, Amazon et Airbnb. Certains mouvements entendent également mettre fin aux partenariats des universités avec les institutions universitaires israéliennes qui opèrent dans les territoires palestiniens occupés ou qui soutiennent ce que les groupes de défense des droits humains décrivent comme les politiques d’apartheid de l’État et la guerre actuelle contre Gaza.

Barghouti était étudiant à l’université de Columbia dans les années 1980, lorsque des manifestant.es anti-apartheid ont bloqué le Hamilton Hall pendant trois semaines dans le cadre d’une campagne visant à obliger l’université à désinvestir de l’Afrique du Sud. Lancé en 2005, le mouvement BDS s’inspire de la lutte anti-apartheid sud-africaine et du mouvement des droits civiques aux États-Unis.

Les récentes manifestations d’étudiant.es pro-palestinien.nes ont pris de l’ampleur après que le président de l’université de Columbia a autorisé en avril la police de la Ville de New York à expulser par la force le campement étudiant, ce qui s’est soldé par plus d’une centaine d’arrestations et la suspension de plusieurs étudiant.es.

À quelques exceptions près, les administrateurs des universités ont fait appel à la police, qui est accusée d’avoir eu recours à un usage excessif de la force contre les étudiant.es et les enseignant.es.

« La violence déployée par la police pour réprimer les manifestations organisées par les étudiants a été choquante, mais elle est révélatrice de la puissance de ces mobilisations. Ces graves violations de la liberté d’expression, de la liberté académique et du droit civique de manifester pacifiquement témoignent du potentiel de ce soulèvement pour ouvrir la voie à la rupture des liens de complicité avec le régime israélien », a déclaré M. Barghouti.

Au cours des dernières semaines, BDS a déclaré que des dizaines d’universités à travers le monde s’étaient engagées à prendre des mesures préliminaires pour au moins discuter du désinvestissement d’entreprises et/ou couper les liens avec les universités israéliennes que les manifestant.es considèrent comme « complices ». De nombreux campements ont pris fin en raison des vacances d’été, mais les étudiants et un nombre croissant de professeurs, de membres du personnel et d’anciens étudiants ont manifesté lors des cérémonies de remise des diplômes et se sont engagés à ne pas reculer.

Le gouvernement israélien rejette depuis longtemps les accusations d’apartheid   et les accusations de génocide contre la population palestinienne de Gaza de plus en plus nombreuses, par l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice, les experts de l’ONU et les groupes de défense des droits humains. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, et d’autres, y compris des Républicains aux États-Unis, ont condamné les manifestations sur les campus en les qualifiant d’« antisémites » – une allégation largement rejetée par les étudiant.es et le personnel, y compris les participants juifs.

Dans de nombreux cas, ces mêmes universités prestigieuses ont également subi des pressions croissantes de la part des étudiant.es, du corps enseignant et du personnel pour se désengager de l’industrie des combustibles fossiles, à l’origine de l’urgence climatique, et qui finance depuis longtemps des programmes universitaires et des chercheur.es dans le cadre de sa stratégie visant à refuser et à retarder toute action significative en faveur du climat.

L’année dernière, le ministre de l’environnement palestinien a déclaré au Guardian que la plus grande menace existentielle à laquelle les Palestiniens étaient confrontés avant le 7 octobre était la crise climatique, et que leur capacité à l’atténuer et à s’y adapter était depuis longtemps entravée par le blocus d’Israël.

« La lutte pour le démantèlement du régime israélien de colonialisme et d’apartheid en Palestine, vieux de plusieurs décennies, va de pair avec les luttes globales pour la justice, notamment la justice environnementale. La catastrophe climatique est exacerbée par les inégalités et oppressions mondiales et principalement causée par des gouvernements et des entreprises complices, dont la quête de profit passe avant les humains et la planète », a déclaré M. Barghouti.

« Avec Israël qui monopolise les ressources, détruit les terres agricoles, refuse l’accès à l’eau, la hausse des températures exacerbe la désertification ainsi que les pénuries d’eau et de terres, renforçant l’apartheid environnemental [en Palestine] ».

Les 60 premiers jours du conflit ont généré plus d’émissions de gaz à effet de serre que l’empreinte carbone annuelle totale de 23 des pays les plus vulnérables au climat.

Si l’on ne connaît pas encore l’ampleur du désastre pour l’environnement, des images satellites fournies au Guardian en mars montrent déjà la dévastation de 48% de la couverture arborée et des terres agricoles. Israël a également détruit des serres, des infrastructures d’eau, d’assainissement et d’énergies renouvelables, tandis que les munitions ont laissé derrière elles des « matières dangereuses qui contaminent le sol et les eaux souterraines, constituant une menace importante pour l’écosystème ».

Des experts juridiques internationaux ont déclaré qu’Israël commettait un domicide – la destruction massive des habitations et des conditions de vie afin de rendre un territoire inhabitable – et un écocide.

Le mantra des étudiant.es protestataires est souvent le suivant : « Divulguez, désinvestissez. Nous ne nous arrêterons pas, nous ne nous reposerons pas ». Selon M. Barghouti, la transparence est une chose que les universités ont longtemps cherché à éviter.

Après que des campagnes menées avec succès par des étudiantes et étudiants ont contraint les grandes universités américaines à se désinvestir du régime d’apartheid sud-africain dans les années 1980, de nombreuses universités ont commencé à déplacer leurs investissements de la détention directe d’actions vers des fonds pré-packagés, des fonds de capital-investissement et des crédits privés. Cette évolution a rendu la divulgation d’informations plus difficile et le désinvestissement moins accessible, ce qui est volontaire, selon M. Barghouti. Même si cela pourrait prendre du temps, les universités pourraient commencer à se désengager de ces investissements opaques et choisir de détenir directement les actifs sous-jacents.

Toutefois, les récentes manifestations étudiantes ont aussi mis en lumière des limites que les institutions universitaires étaient prêtes à franchir pour dissimuler – et étouffer la contestation de – leurs liens avec des entreprises et d’autres universités impliquées dans des violations des droits de l’Homme et des atteintes à l’environnement, a déclaré M. Barghouti.

« Les grandes universités, en particulier aux États-Unis et au Royaume-Uni, sont devenues semblables à de grandes sociétés d’investissement, avec des dotations massives, mais avec des étudiants, des professeurs et des travailleurs qui n’aiment pas voir leur institution investir dans des entreprises néfastes pour l’humain et la planète. Cette tension a conduit avec le temps à une répression accrue, à la silenciation et à des méthodes sophistiquées de censure pour minimiser l’influence que la communauté [universitaire élargie] pourrait gagner ».

« Cette répression violente et souvent raciste vise à atteindre deux objectifs principaux : premièrement, coloniser les esprits des étudiants mobilisés avec du désespoir, dénigrer et faire apparaître leur soulèvement comme futile, et deuxièmement, détourner l’attention des revendications du mouvement. [Mais les] étudiant.es, avec créativité, engagement et détermination, amplifient le mouvement pour le boycott et le désinvestissement comme jamais auparavant. Cela nous inspire grandement et, personnellement, cela me remplit d’un sentiment réconfortant de déjà-vu ».

En 1985, après avoir occupé le Hamilton Hall de l’Université de Columbia, les manifestations menées par les étudiant.es noir.es se sont transformées en mouvement social d’ampleur, qui a finalement conduit l’Université Ivy League à se désinvestir totalement de l’Afrique du Sud – devenant la première grande université des Etats-Unis à le faire. Cette année, la police a expulsé et arrêté près de 300 manifestant.es du Hamilton Hall, un jour après l’avoir occupé et rebaptisé Hind Hall en hommage à Hind Rajab, une fillette palestinienne de six ans tuée par l’armée israélienne à Gaza en janvier.

Pour M. Barghouti : « Tous ceux qui ont participé à cette manifestation [de 1985], et à des milliers d’autres à travers le monde, se souviendront toujours que nous avons participé à une lutte juste et triomphé sur un régime d’oppression apparemment invincible. Cela semble toujours impossible jusqu’à ce que cela devienne possible ».

Nina Lakhani, Mardi 4 Juin 2024
Source: The Guardian
Traduction: SD pour l’Agence Média Palestine
https://agencemediapalestine.fr/blog/2024/06/06/le-fondateur-du-bds-salue-les-manifestations-sur-les-campus-qui-ont-permis-de-generaliser-le-desinvestissement-disrael/

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Transfert d’armes françaises vers Israël :
des ONG saisissent le conseil d’état

Les organisations Action Sécurité Éthique Républicaines (ASER), Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (ACAT-France), Stop Fuelling War (SFW) et l’Association France Palestine Solidarité (AFPS) se sont pourvues en cassation devant le Conseil d’État. Leur recours fait suite au refus du tribunal administratif de Paris, le 6 mai dernier, de suspendre en référé des exportations d’armes françaises vers Israël. Ces ONG exhortent la France à cesser immédiatement la vente d’armes à Israël alors que le nombre de victimes augmente chaque jour dans la Bande de Gaza.

Les associations requérantes réclamaient la suspension de la licence ML3 (pour les munitions, pièces détachées et composants). Accordée par le gouvernement, cette licence permet à l’entreprise Eurolinks, basée à Marseille, de transférer à destination d’Israël des composants, les « maillons M27 », utilisés pour relier des munitions pour fusils mitrailleurs, comme l’a révélé une enquête de Disclose publiée le 25 mars 2024.

Le rejet du tribunal administratif est d’autant plus surprenant qu’il a été décidé sans audience, plus de trois semaines après le dépôt du référé.

Face aux associations, le ministère des Armées assure que ces maillons ne seraient pas utilisés par Israël, qui se contenterait de les réexporter. Ce discours ne garantit en rien que des armes françaises ne seront pas utilisées pour commettre des crimes au regard du droit international dans le conflit en cours dans la Bande de Gaza. Ce type d’affirmation a déjà été démenti lorsque des armes et composants militaires français ont été utilisés à des fins différentes de celles présentées par le ministère, comme en 2018 avec des blindés légers vendus à l’Égypte, ou encore en 2019 avec des canons Caesar livrés à l’Arabie saoudite. De l’aveu même du PDG d’Eurolinks, l’entreprise comme l’État ne sont pas en mesure de contrôler la conformité de l’usage des maillons une fois expédiés en Israël.

Les ONG demandent à la France de respecter ses obligations, qui lui interdisent de vendre des armes qui pourraient être utilisées pour commettre des violations graves du droit international humanitaire et des droits de l’Homme, conformément au Traité du commerce des armes des Nations unies, à la Position commune de l’Union européenne de 2008, à la résolution du 5 avril 2024 du Conseil des droits de l’homme et aux ordonnances de la Cour internationale de Justice, qui conclut à un « risque plausible de génocide » dans la Bande de Gaza.

Contact presse :
Pour l’ACAT-France : Louis Linel, chargé de communication et plaidoyer
communication@acatfrance.fr | +33 1 40 40 74 10 | +33 6 27 76 83 27
Pour ASER : Benoît Muracciole, président
+33 7 72 33 40 45
https://www.acatfrance.fr/communique-de-presse/transfert-darmes-francaises-vers-israel-des-ong-saisissent-le-conseil-detat

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Québec doit fermer son bureau à Tel-Aviv

Par Diane Lamoureux, Ligue des droits et libertés, Michèle Asselin, Association québécoise des organismes de coopération internationale, Niall Clapham Ricardo, Voix Juives Indépendantes – Montréal et Marie-Hélène Hébert, Collectif de Québec pour la paix

POINT DE VUE / Nous, 72 organisations de la société civile québécoise, demandons au gouvernement du Québec d’annuler l’ouverture d’un bureau à Tel-Aviv et de suspendre ses liens de coopération avec Israël.

Contrairement à ce que prétendent le premier ministre Legault et la ministre Martine Biron, le gouvernement du Québec doit tenir compte de l’offensive militaire d’envergure que mène Israël depuis le mois d’octobre 2023 dans la bande de Gaza, en continuité avec l’occupation militaire et la colonisation de la Palestine depuis 1948.

Celle-ci viole les droits humains de la population palestinienne de la bande de Gaza et présente des traits génocidaires: plus de 36 000 Palestinien-ne-s ont été tué-e-s, plus de 80 000 personnes blessées, sans compter celles ensevelies sous les décombres, en plus de la famine, de conditions sanitaires catastrophiques et de l’absence de soins médicaux.

Les actions du gouvernement israélien violent également les Conventions de Genève régissant les affrontements armés.

XXXXXDes populations civiles font l’objet de tirs délibérés. Les logements, mais aussi les écoles et les hôpitaux sont bombardés. Les ambulances et le personnel sanitaire sont pris pour cible. Les institutions culturelles et les lieux de culte sont également visés.

La presse internationale se voit refuser l’accès à Gaza et les rares journalistes sur le terrain constituent des cibles de choix pour l’armée israélienne. Cette guerre est avant tout une guerre contre des civils, une guerre dont les principales victimes sont des femmes et des enfants.

À Gaza et dans les autres territoires palestiniens illégalement occupés par Israël, la volonté génocidaire se manifeste de plus en plus ouvertement et est encouragée par les autorités politiques israéliennes. La rapporteuse spéciale des Nations unies, Francesca Albanese, a publié, le 25 mars 2024, un rapport intitulé Anatomie d’un génocide.

Le University Network for Human Rights, qui regroupe les facultés de droit des grandes universités étasuniennes a aussi reconnu qu’un génocide était en cours à Gaza. Même la prudente Cour internationale de justice a reconnu en janvier dernier la plausibilité d’un génocide à Gaza. La Cour pénale internationale pourrait lancer des mandats d’arrêt contre Benjamin Netanyahou et son ministre des armées Yoav Gallant.

Le 26 janvier 2024, la Cour internationale de justice imposait à Israël des mesures conservatoires concernant l’aide humanitaire et le rétablissement des services publics à Gaza. Le 24 mai, elle ordonnait la fin des opérations militaires à Rafah et la réouverture du point de passage avec l’Égypte. L’Assemblée générale des Nations unies a voté à plusieurs reprises pour un cessez-le-feu.

Le Conseil de sécurité des Nations unies, dont les décisions sont exécutoires, a fait de même le 25 mars 2024. Qu’a fait Israël ? Il a poursuivi son offensive, maintenu le blocus de l’aide humanitaire et entrepris une offensive contre Rafah, le tout au mépris du droit international et des institutions internationales. Israël est un État voyou !

Nous rappelons au gouvernement du Québec ses obligations en matière de droits humains et de droit international humanitaire puisqu’en vertu de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, il incombe aux États de prendre toutes les actions nécessaires pour prévenir un tel crime. La décision du Québec d’ouvrir un bureau à Tel-Aviv va à l’encontre de cette responsabilité.

Dans les circonstances, il est inconcevable que le Québec choisisse d’intensifier ses liens commerciaux avec Israël, alors qu’un nombre croissant de pays (dont des pays européens) utilisent le boycottage économique pour marquer leur désaccord avec les politiques du gouvernement israélien et reconnaissent l’État de Palestine.

D’autant plus que la coopération scientifique et technique se fait principalement avec des instituts de recherche et des entreprises qui sont partie prenante de la guerre que mène Israël à Gaza. Cela contrevient d’ailleurs à la Politique internationale du Québec qui s’engage à promouvoir la démocratie et les droits et libertés de la personne.

Ici même, des campements étudiants s’inscrivent dans la mouvance BDS (boycottage, désinvestissement et sanctions), une initiative de la société civile palestinienne de plus en plus soutenue par la société civile internationale, et demandent aux institutions d’enseignement de ne pas investir dans des entreprises directement liées à l’offensive militaire israélienne à Gaza et à rompre tout lien de coopération avec les universités et les instituts de recherche israéliens.

Des organisations juives au Québec, au Canada et aux États-Unis se dissocient de la politique du gouvernement israélien.

Il est urgent que le gouvernement du Québec leur emboîte le pas et ne s’obstine pas à maintenir coûte que coûte sa décision d’ouvrir un bureau du Québec à Tel-Aviv, entachant ainsi sa réputation internationale.

Une situation extrême telle qu’un possible génocide demande de prendre des décisions inhabituelles, mais nécessaires. Notre gouvernement doit avoir le courage politique de fermer le bureau du Québec à Tel-Aviv.

Organisations signataires :
Aide pédagogique aux adultes et aux jeunes
Alternatives
Avec des Elles
CALACS de l’Est du Bas-Saint-Laurent
Centre Au Cœur des Femmes
Centre Communautaire des femmes Sud Asiatique
Centre Culturel Libanais
Centre d’éducation et d’action des femmes de Montréal
Centre de Femmes Entre Ailes
Centre de femmes l’Éclaircie
Centre de femmes l’Érige
Centre de femmes l’Essentielle
Centre de femmes l’Autonomie en soiE
Centre de femmes Les Elles du Nord de Chibougamau
Centre des femmes de Longueuil
Centre des femmes d’ici et d’ailleurs
Centre Entre-Femmes
Centre Femmes Entre-Elles
Centre Internationaliste Ryerson Fondation Aubin
CLEF Mitis-Neigette
Club Ami
Coalition contre la répression et les abus policiers
Collectif opposé à la brutalité policière
Collectif Soignons la justice sociale
Comité des travailleurs et travailleuses accidentés de l’Estrie
Comité logement Rosemont
Confédération des syndicats nationaux (CSN)
Conseil central du Montréal métropolitain – CSN
Conseil régional FTQ Montréal métropolitain
Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes
Co-Savoir (anciennement CDÉACF)
Exeko
Fédération de l’enseignement collégial (FEC-CSQ)
Fédération des femmes du Québec
Fédération des syndicats de l’action collective (FSAC-CSQ)
Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ)
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ)
Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN)
Femmes du monde à Côte-des-Neiges
Front d’action populaire en réaménagement urbain
Halte-Femmes Montréal-Nord
Health workers Alliance for Palestine / Alliance des soignant.e.s pour la Palestine
Inclusion
Jeunesse Lambda
L’R des centres de femmes du Québec
La Bonne Étoile, Joliette
La Marie Debout centre d’éducation des femmes
Ligue des droits et libertés – section de Québec
Médecins du Québec contre le génocide à Gaza
Montréal pour un monde sans guerre / Montréal for a World BEYOND War
Mouvement d’éducation populaire autonome de Lanaudière
Mouvement d’éducation populaire et d’action communautaire du Québec
Mouvement québécois pour la paix
Organisation populaire des droits sociaux
Organisation populaire des droits sociaux de Valleyfield
Palestine Québec
Palestiniens et Juifs unis
Regroupement des assistées sociales et assistés sociaux du Témiscouata
Regroupement des femmes La Sentin’Elle
Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale
Regroupement québécois des Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel
Réseau d’action des femmes et santé et services sociaux
Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal
Sœurs auxiliatrices
Syndicat des enseignantes et des enseignants du Cégep Montmorency
Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes
Table régionale des organismes communautaires et bénévoles de la Montérégie
Union des Africains du Québec et Amis solidaires de l’Afrique

https://www.lesoleil.com/opinions/point-de-vue/2024/06/06/quebec-doit-fermer-son-bureau-a-tel-aviv-RMIRWERZMJDVZJA3VSAL24UXBE/

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Déclaration du CISO sur la liberté d’expression
en solidarité avec la Palestine

Le CISO et ses membres demandent le respect de la liberté d’expression et du droit de manifester en solidarité avec la Palestine

Le Centre international de solidarité ouvrière (CISO) et ses membres saluent l’engagement des étudiant.e.s se mobilisant dans les campus universitaire afin de demander la fin du génocide envers les Palestiniennes et Palestiniens et le désinvestissement d’industries israéliennes complices des graves violations des droits humains, du droit international humanitaire et de crimes contre l’humanité à Gaza.

Leur mobilisation contribue non seulement à rehausser la pression en faveur du respect du droit à l’autodétermination du peuple palestinien, mais aussi, à défendre le respect du système de droit international, fragilisé par les actions d’Israël et la complaisance de nombreux États, dont le Canada.

Le CISO, à l’instar de la Ligue des droits et libertés du Québec, rappelle aux forces policières et aux dirigeant.e.s universitaires « que toutes les mesures doivent être prises pour assurer la sécurité des manifestant.e.s, de même que pour respecter et protéger le droit de manifester. Il s’agit d’un droit reconnu par les Chartes québécoise et canadienne, et non un simple privilège dépendant du bon vouloir des autorités ou bien, de certaines personnes ou organisations ».

Dans un contexte :

  • où se déroule présentement, de l’avis de nombreux expert.e.s des droits humains, dont à l’ONU, un génocide en Palestine ;

  • où, malgré les multiples mises en garde d’organisations internationales, de la Cour pénale internationale et de la Cour internationale de justice, Israël bombarde des écoles et des camps de réfugié.e.s qui n’ont nulle part où aller et qui souffrent de la faim à Rafah et ailleurs ;

  • où des demandes d’injonction ont été déposées contre les campements universitaires, et

  • où la répression policière semble imminente.

La participation à des manifestations et la liberté d’expression sont des droits fondamentaux dans une société démocratique, c’est pourquoi le mouvement syndical considère qu’ils doivent absolument être défendus. Ce sont quelques-uns des outils les plus puissants dont nous disposons pour défendre nos droits et nous les défendrons partout où les gens demandent justice.

Le CISO et ses membres réaffirment leur attachement envers ces droits, ils rappellent que ces occupations en milieu universitaire visent à dénoncer une situation d’une extrême gravité. En conséquence, ils demandent de ne pas judiciariser ces actions militantes, ni de réprimer ces mouvements solidaires par des interventions policières, que ce soit à l’Université McGill, à l’UQAM, à l’Université de Sherbrooke, à l’Université Laval ou ailleurs au Québec ou au Canada.

Le CISO rappelle que les dénonciations des actions illégales d’Israël ne constituent pas des actes antisémites, mais bien des actions légitimes de solidarité internationale avec le peuple palestinien.

Centre international de solidarité ouvrière (CISO)
Si vous êtes membre du CISO et que vous voulez co-signer cette lettre, vous pouvez envoyer un courriel au ciso@ciso.qc.ca.

https://alter.quebec/declaration-du-ciso-sur-la-liberte-dexpression-en-solidarite-avec-la-palestine/

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De Gaza à Serêkaniyê : la lutte des Palestiniennes contre le déplacement par Israël, puis la Turquie

Muna Yusuf, une Palestinienne engagée dans la révolution du Rojava initiée par les Kurdes, raconte l’histoire de sa famille déplacée de Gaza vers Ras al-Ayn (Serêkaniyê), soulignant les impacts des actions militaires israéliennes et turques.

Muna Yusuf, membre du Conseil des femmes syriennes, a raconté l’histoire de la lutte de sa famille contre le déplacement, d’abord par Israël puis par la Turquie, lors d’un entretien avec l’agence ANF vendredi. Né à Ras al-Ayn (Serêkaniyê) de parents palestiniens originaires de Gaza, l’histoire de Yusuf résume les défis persistants auxquels sont confrontés de nombreuses personnes au Moyen-Orient.

Le calvaire de sa famille a commencé avec la Nakba (littéralement : Catastrophe) de 1948, le déplacement violent des Palestiniens de leurs foyers lors de la création d’Israël. « Mes parents faisaient partie d’une grande famille, la famille Semur, vivant dans le camp de Shati à Gaza. Ils se sont mariés de manière traditionnelle en 1948, à une époque où les jeunes étaient souvent mariés jeunes », a déclaré Yusuf. La Nakba a empêché son père de retourner à Gaza alors qu’il étudiait la médecine au Caire et a dispersé sa famille dans différents pays.

« La Nakba de 1948 signifiait que mon père ne pouvait pas retourner à Gaza. Il ne savait pas où était allée sa famille ; ses parents et ses frères et sœurs avaient été dispersés. Certains de ses frères se sont ensuite retrouvés à Dubaï et en Arabie saoudite », a raconté Yusuf. Ce déplacement s’est poursuivi après que la famille a déménagé en Syrie en 1956 en raison du travail ultérieur de son père dans les « fermes d’État » – des fermes appartenant à l’État syrien et louées pour des périodes spécifiques.

L’absence de citoyenneté syrienne a aggravé leurs difficultés, rendant difficile l’emploi et le renouvellement annuel des permis de séjour. « Même s’il était ingénieur agronome, mon père était toujours confronté à de nombreux défis, du fait qu’il n’était pas citoyen syrien », a révélé Yusuf.

En réfléchissant à ses propres expériences, elle a noté : « Ces temps n’étaient pas comme aujourd’hui. Le moyen de communication était la cassette. Pour connaître la situation à Gaza, les gens enregistraient leur voix sur des cassettes et les envoyaient par tous les moyens disponibles. Je peux dire que mon enfance s’est passée à écouter des histoires sur ma maison, à Gaza ».

Le parcours d’autonomisation de Yusuf a commencé avec la révolution du Rojava menée par les Kurdes dans le nord de la Syrie. « J’étais introvertie et timide, j’hésitais à m’exprimer. Cependant, en participant à la révolution du Rojava, j’ai découvert ma force et appris à m’affirmer », a-t-elle déclaré fièrement. Aujourd’hui, elle participe activement à l’organisation et à l’autonomisation des femmes en Syrie et au Moyen-Orient.

Les opérations militaires de la Turquie dans le nord de la Syrie ont eu un impact significatif sur la vie de Yusuf, en particulier l’opération « Printemps de paix » lancée le 9 octobre 2019. « En tant que témoin vivant de la crise syrienne qui a commencé en 2011, des conflits à Serêkaniyê en 2013 et de l’occupation de Serêkaniyê par l’État turc en 2019, c’était comme si les expériences de mes parents à Gaza ressuscitaient dans mes yeux, dans mon âme. Serêkaniyê a été envahie… », se souvient-elle. Ces opérations ont conduit à l’occupation, à des violations des droits humains et à de nouveaux déplacements, perpétuant un cycle d’adversité pour Yusuf et sa communauté. (Medya News)

https://kurdistan-au-feminin.fr/2024/06/09/de-gaza-a-serekaniye-la-lutte-des-palestiniennes-contre-le-deplacement-par-israel-puis-la-turquie/

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Pourquoi l’Afrique du Sud se bat à La Haye pour la Palestine
« Nous savons très bien que notre liberté n’est pas complète sans celle des Palestiniens », disait Nelson Mandela. Alors que le parti qu’il a porté au pouvoir à la fin de l’apartheid vient de perdre la majorité absolue, ces mots rappellent les racines de l’engagement actuel de l’Afrique du Sud au secours de la Palestine, sur la scène de la justice internationale. Décryptage.
https://www.justiceinfo.net/fr/132788-pourquoi-afrique-du-sud-se-bat-la-haye-pour-palestine.html?mc_cid=98800641b4
L’Espagne se joint à la plainte sud-africaine à l’encontre d’Israël devant la Cour internationale de justice
https://www.euractiv.fr/section/international/news/lespagne-se-joint-a-la-plainte-sud-africaine-a-lencontre-disrael-devant-la-cour-internationale-de-justice/
Le journaliste Motaz Azaiza reçoit le prix Liberté, Israël outré
Motaz Azaïza, photoreporter palestinien, qui a mis à nu l’enfer vécu par les Gazaouis a reçu, le 4 juin, le Prix Liberté, à Caen (Calvados). Cette distinction a provoqué l’ire des pro-Israël en France.
https://www.trtfrancais.com/actualites/le-journaliste-motaz-azaiza-recoit-le-prix-liberte-israel-outre-18170538
UBS, retirez-vous du capital d’Elbit Systems
Au cours du premier trimestre 2024, la banque UBS a acquis de nouvelles actions d’Elbit Systems, le plus grand fabricant d’armes israélien, augmentant de 875 % ses investissements.
https://action.eko.org/a/ubs-retirez-vous-du-capital-d-elbit-systems
«Nus», «attachés à leur lit» : un médecin alerte sur les conditions de détention de Palestiniens dans une prison israélienne
Depuis le début de la guerre à Gaza, ces images reviennent sans cesse : des Gazaouis arrêtés par l’armée israélienne, dénudés, les yeux bandés, agenouillés et les mains liées dans le dos. Accusés d’appartenance au Hamas, ils sont notamment emprisonnés à Sdé Teiman, une base de l’armée israélienne dans le désert. Un médecin israélien, un lanceur d’alerte qui y a travaillé, dénonce des traitements inhumains infligés aux détenus gazaouis.
https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20240602-nus-attachés-à-leur-lit-un-médecin-alerte-sur-les-conditions-de-détention-de-palestiniens-dans-une-prison-israélienne
« Je vais vous parler de notre vie sous la tente, et de celle des milliers de gens qui nous entourent »
https://orientxxi.info/dossiers-et-series/je-vais-vous-parler-de-notre-vie-sous-la-tente-et-de-celle-des-milliers-de-gens,7404
Gaza : le Conseil de sécurité adopte une résolution appelant à un cessez-le-feu « immédiat, total et complet »
Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté lundi une résolution visant à parvenir à un accord de cessez-le-feu global en trois phases pour mettre fin à la guerre à Gaza, l’Ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield déclarant aux membres « aujourd’hui, nous avons voté pour la paix. »
https://news.un.org/fr/story/2024/06/1146306
Le salaire du génocide ou comment l’économie israélienne tient
Comme toutes les guerres, celle que mène Israël contre Gaza coûte extrêmement cher économiquement et la croissance est en chute libre. Toutefois, si elle ne s’effondre pas, c’est grâce à l’aide publique et privée des États-Unis, mais aussi de l’Union européenne qui a poursuivi ses échanges commerciaux comme si de rien n’était. Sans oublier l’Inde et la Chine. Benyamin Nétanyahou peut poursuivre tranquillement son génocide des Palestiniens.
https://orientxxi.info/magazine/le-salaire-du-genocide-ou-comment-l-economie-israelienne-tient,7407

Auteur : entreleslignesentrelesmots

notes de lecture

Une réflexion sur « La Marche des drapeaux de Jérusalem illustre la banalisation d’une politique (et autres textes) »

  1. Exclure Israël des JO
    Des enfants qui rêvaient de participer un jour aux Jeux olympiques périssent
     sous les décombres de Gaza. Partout, des voix s’élèvent pour que le Comité international olympique exclue Israël des Jeux de Paris qui commenceront le mois prochain, si le massacre des civils palestiniens se poursuit. Le Comité se réunit dans quelques jours: montrons que nous nous opposons fermement au massacre d’enfants innocents.

    https://secure.avaaz.org/campaign/fr/olympics_ban_alfr/

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