La démission de David Malpass, Président de la Banque mondiale, doit renforcer les actions et les mobilisations visant au remplacement de la BM et du FMI dans un contexte d’urgence écologique et climatique

Président de la Banque mondiale depuis avril 2019, David Malpass a annoncé sa démission d’ici au 30 juin 2023. Dans un contexte de crise écologique et climatique majeure, qui menace l’ensemble des êtres vivants de la planète – principalement dans les pays dits du « Sud » – le CADTM rappelle la nécessité d’abolir le FMI et la Banque mondiale et de refonder totalement l’architecture internationale financière.

David Malpass, 13e Président de l’histoire de la Banque mondiale, s’est inscrit dans la droite lignée de ses prédécesseurs : il est un homme étasunien lié au grand capital financier.

Comme tous ses prédécesseurs, David Malpass est un citoyen des Etats-Unis. Washington a réussi jusqu’ici à imposer une tradition totalement contraire à l’esprit des Nations Unies et à la démocratie : le poste de président de la Banque mondiale est réservé à un étasunien désigné par le Président des États-Unis. Continuer à lire … « La démission de David Malpass, Président de la Banque mondiale, doit renforcer les actions et les mobilisations visant au remplacement de la BM et du FMI dans un contexte d’urgence écologique et climatique »

Le CADTM Afrique exige des réparations, la fin des conditionnalités et l’annulation des dettes illégitimes du continent

Au regard de l’enlisement des États d’Afrique dans le piège de l’endettement malgré l’énorme potentialité et la diversité de leurs richesses, la fuite de leurs capitaux à travers la fraude et l’évasion fiscales, la perte d’importantes sommes d’argent qu’ils subissent à travers le libre-échange et l’échec avéré des fausses solutions à la crise de la dette africaine, le CADTM reste intransigeant pour exiger l’annulation pure et simple de la dette africaine, publique extérieure illégitime.

Ainsi, rappelant que de nombreuses dettes sont illégitimes ou odieuses et ont déjà été remboursées à de multiples reprises, le CADTM considère, aux côtés de mouvements sociaux de plus en plus nombreux, qu’il faut se battre pour la mise en œuvre d’un vaste programme anticapitaliste qui inclut une série de mesures fondamentales : Continuer à lire … « Le CADTM Afrique exige des réparations, la fin des conditionnalités et l’annulation des dettes illégitimes du continent »

Les femmes pour l’annulation des dettes : « Nos vies valent plus que leurs crédits »

Capire a interviewé Camille Bruneau et Christine Vanden Daelen, auteures d’un livre sur les réponses féministes aux dettes illégitimes.

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Les lectures féministes de l’économie placent la durabilité de la vie comme point de départ des analyses. Cela permet d’inverser les priorités, d’élaborer de nouvelles questions et de créer des propositions d’alternatives. Face aux dettes croissantes des États et des gens, cette voie a été empruntée par le féminisme dans différentes parties du monde, et est récupérée dans les pages du livre Nos vies valent plus que leurs crédits – Face aux dettes, des réponses féministes. La dette est présentée comme l’un des mécanismes de l’accumulation capitaliste et remise en question à partir des expériences collectives, intimes et politiques des femmes.

Lors de l’interview pour Capire, les auteures Camille Bruneau et Christine Vanden Daelen ont rendu compte du processus collectif de construction de cette élaboration, depuis les luttes contre les politiques d’austérité qui ont suivi la crise financière de 2008-2009, en passant par les luttes écoféministes et autour de la reproduction sociale. L’écriture s’est nourrie d’un dialogue avec l’évolution et la diversité des luttes féministes et du processus d’articulation du Comité pour l’Abolition des Dettes Illégitimes (CADTM). Le livre est un instrument de lutte féministe et internationaliste. Il apporte la puissance des actions politiques pour l’annulation des dettes et nous présente des issues possibles qui s’opposent à la naturalisation des pièges de la dette.
Continuer à lire … « Les femmes pour l’annulation des dettes : « Nos vies valent plus que leurs crédits »« 

Banque mondiale, géopolitique et mal-développement

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Militant infatigable et porte-parole du CADTM (Comité pour l’abolition des dettes illégitimes), Éric Toussaint vient de publier un réquisitoire ultradocumenté contre la Banque mondiale. Il dénonce une institution qui avance dans l’ombre malgré une influence (et une capacité de nuisance) capitale dans le mal-développement d’une partie du monde. (Renaud Duterme)

Géographies en mouvement – Peux-tu brièvement rappeler l’origine et le rôle officiel de la Banque mondiale ?
Éric Toussaint – C’est une institution créée en 1944 mais qui est rentrée en activité l’année suivante, avec un mandat initial qui était l’octroi de prêts pour la reconstruction de l’Europe. Dès 1948, les États-Unis ont cependant préféré le plan Marshall (qui proposait des dons plutôt que des prêts). Elle a donc été cantonnée à un rôle de banque de développement. À l’époque, une grande partie de l’Afrique et une partie de l’Asie étaient encore sous tutelle coloniale. Ses clients étaient donc surtout des métropoles coloniales comme la France, les Pays-Bas, la Belgique, le Royaume-Uni d’une part, des gouvernements sud-américains et des pays du sous-continent indien nouvellement décolonisés d’autre part. Continuer à lire … « Banque mondiale, géopolitique et mal-développement »

« La question de la dette privée et publique est plus importante aujourd’hui qu’il y a 30 ans »

Interview d’Éric Toussaint par José Seoane et Emilio Taddei de la revue Tricontinentale.

Historien et économiste belge spécialisé dans les questions de dette et de mondialisation néolibérale, Éric Toussaint a fondé en 1990 et est actuellement le porte-parole du réseau international du Comité pour l’abolition des dettes illégitimes (également connu sous le nom de CADTM, de l’acronyme de son nom original en français : Comité pour l’annulation de la dette du tiers monde). Ce comité est l’une des plus importantes articulations mondiales dans le questionnement de la financiarisation et de ses effets sur le capitalisme contemporain. Lors de sa visite à Buenos Aires pour participer à différentes réunions sur la négociation menée par le gouvernement argentin avec le FMI, nous avons eu l’occasion de parler avec lui de la signification et de l’histoire de l’endettement extérieur et des alternatives dans une perspective latino-américaine.

José Seoane et Emilio Taddei : Bien que la question de la dette ait une longue histoire, il est certainement possible de reconnaître une nouveauté et un lien entre l’expansion de l’endettement, les processus de financiarisation et l’étape néolibérale actuelle du capitalisme. Au cours des dernières décennies, il a été question d’un nouveau cycle d’augmentation de la dette. Quelle est votre opinion à ce sujet ?
Éric Toussaint : Il y a une dimension financière extrêmement importante dans le capitalisme d’aujourd’hui ; accentuée dans le contexte de la « longue dépression » qui a commencé en 2008 – selon les termes utilisés par Michael Roberts – et se poursuit jusqu’à ce jour, ce qu’Ernest Mandel appelait « l’onde longue dépressive » [1].
Financement, accumulation et utilisation de la dette pour maintenir en vie des milliers de ce que Roberts appelle des « entreprises zombies ». En particulier, les dettes publiques sont des instruments permettant de discipliner les gouvernements et de les maintenir dans la logique du système capitaliste. Et cela devient de plus en plus aigu. Continuer à lire … « « La question de la dette privée et publique est plus importante aujourd’hui qu’il y a 30 ans » »

Les grands spéculateurs augmentent leurs profits sur le marché des céréales

Les fonds d’investissement privés internationaux ont déjà tiré profit d’un problème qui ne restera pas une simple spéculation : la hausse des prix des denrées alimentaires et les pénuries dans le monde, compte tenu de la guerre en Ukraine, explique Éric Toussaint, porte-parole du réseau international du Comité pour l’abolition des dettes illégitimes (Cadtm). Continuer à lire … « Les grands spéculateurs augmentent leurs profits sur le marché des céréales »

Une négation des droits humains, de la démocratie et de la crise environnementale

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La préface de Gibert Achcar, preface-de-gilbert-achcar-au-livre-deric-toussaint-banque-mondiale-une-histoire-critique/ et l’avant-propos d’Eric Toussaint, avant-propos-deric-toussaint-le-coup-detat-permanent-de-la-banque-mondiale/, publiés avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse, sont – à plus d’un titre passionnants.

Gilbert Achcar aborde, entre autres, les liens entre la Banque mondiale et le Fonds monétaire international et l’ordre économique international, « C’est que ces deux institutions financières intergouvernementales – les deux principaux piliers de l’ordre économique international instauré après la Deuxième Guerre mondiale sous la domination des États-Unis d’Amérique, comme en témoigne si limpidement le fait qu’elles ont toutes deux leur siège à Washington – ont été les vecteurs privilégiés de l’extension au Sud planétaire de la mutation néolibérale du système capitaliste », la privatisation des entreprises d’Etat comme mesure clé de la mutation néolibérale, la précarisation du travail, le principe sacro-saint de la réduction drastique des déficits budgétaires « qui entraîne nécessairement la réduction des dépenses sociales et des investissements publics, quelles que soient par ailleurs les recommandations hypocrites des institutions financières internationales en faveur des dépenses pour l’éducation et la santé », les activités prédatrices, les gouvernements despotiques, la dette comme levier du nouvel ordre néolibéral, les politiques dites d’« ajustement structurel »… Continuer à lire … « Une négation des droits humains, de la démocratie et de la crise environnementale »

Avant-propos d’Eric Toussaint : Le coup d’État permanent de la Banque mondiale

Avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse

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La liste des gouvernements issus de coups d’État militaires et soutenus par la Banque mondiale est impressionnante.

Parmi les exemples les plus connus, citons la dictature du Shah d’Iran après le renversement du Premier ministre Mossadegh en 1953, la dictature militaire au Guatemala mise en place par les États-Unis après le renversement en 1954 du gouvernement progressiste du président démocratiquement élu Jacobo Arbenz, celle des Duvalier en Haïti à partir de 1957, la dictature du général Park Chung-hee en Corée du Sud à partir de 1961, la dictature des généraux brésiliens à partir de 1964, celle de Mobutu au Congo et de Suharto en Indonésie à partir de 1965, celle des militaires en Thaïlande à partir de 1966, celle de Idi Amin Dada en Ouganda et du général Hugo Banzer en Bolivie en 1971, celle de Ferdinand Marcos aux Philippines à partir de 1972, celle d’Augusto Pinochet au Chili, celle des généraux uruguayens et celle de Habyarimana au Rwanda à partir de 1973, la junte militaire argentine à partir de 1976, le régime d’Arap Moi au Kenya à partir de 1978, la dictature au Pakistan à partir de 1978, le coup d’État de Saddam Hussein en 1979 et la dictature militaire turque à partir de 1980, celle de Ben Ali en Tunisie de 1987 à 2011, celle de Moubarak en Égypte de 1981 à 2011 et, au Tchad, celle d’Idris Déby de 1990 jusqu’au jour de sa mort le 20 avril 2021.

Parmi les autres dictatures soutenues par la Banque mondiale, notons encore celle des Somoza au Nicaragua jusqu’à son renversement en 1979 et celle de Ceausescu en Roumanie.

Certaines sont encore en place au moment où ces lignes sont écrites, celle de Sissi en Égypte, et tant d’autres…

Il faut aussi rappeler le soutien aux dictatures en Europe : Franco en Espagne, Salazar au Portugal. Continuer à lire … « Avant-propos d’Eric Toussaint : Le coup d’État permanent de la Banque mondiale »

Préface de Gilbert Achcar au livre d’Eric Toussaint : Banque mondiale. Une histoire critique

Avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse

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La Banque mondiale et son faux jumeau qu’est le Fonds monétaire international (FMI) ont acquis une réputation exécrable dans le tiers-monde, depuis le début de l’ère néolibérale dans les années 1980. C’est que ces deux institutions financières intergouvernementales – les deux principaux piliers de l’ordre économique international instauré après la Deuxième Guerre mondiale sous la domination des États-Unis d’Amérique, comme en témoigne si limpidement le fait qu’elles ont toutes deux leur siège à Washington – ont été les vecteurs privilégiés de l’extension au Sud planétaire de la mutation néolibérale du système capitaliste.

Cette mutation fut bien plus douloureuse encore dans les pays pauvres qu’elle ne l’a été pour les plus démuni·es dans les pays riches. Prenons pour exemple une des mesures clés de la mutation néolibérale : la privatisation des entreprises d’État. La distance qui sépare les conditions d’emploi qui prévalent dans le secteur privé de celles du secteur public est beaucoup plus grande dans les pays du Sud mondial qu’elle ne l’est dans les pays économiquement avancés. Dans ces derniers, la puissance des syndicats, les règles de l’État de droit au regard de la législation du travail et la généralisation des assurances sociales obligatoires réduisent l’écart entre les deux statuts. Par contre, dans les pays pauvres caractérisés par la présence d’un énorme « secteur informel » dénué de tous droits, le passage du secteur public au secteur privé s’accompagne d’une dégradation considérable des conditions de l’emploi. Continuer à lire … « Préface de Gilbert Achcar au livre d’Eric Toussaint : Banque mondiale. Une histoire critique »

Attac lance son Observatoire de la justice fiscale

La place et le rôle de l’impôt et des finances publiques, piliers de la vie en société, sont trop souvent mal compris. Ils sont tout à la fois l’objet d’idées fausses ressassées à l’envi dans le débat public et malmenés par des politiques néolibérales guidées par le dogme du « moins d’impôt, moins d’État, moins de services publics, moins de protection sociale ». Cela est d’autant plus préoccupant qu’une société ne peut se passer de l’agent public, ni d’un débat public éclairé.

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Pour Attac, une politique fiscale juste et respectueuse des principes et des objectifs défendus depuis sa création suppose de dégager des recettes qui permettent un bon fonctionnement de l’action publique et de réduire de manière drastique les inégalités. Au reste, depuis plusieurs années, la demande de davantage de justice fiscale s’exprime fortement face à des politiques fiscales toujours plus injustes. On l’observe dans les enquêtes d’opinion, mais aussi au cœur des mouvements sociaux. Et comme si cela ne suffisait pas, les affaires révélant l’ampleur de l’évasion fiscale n’ont cessé de se succéder depuis plus de dix ans (affaire Cahuzac, Panama Papers, Paradise Papers, Lux Leaks, CumEx…). Tout cela nuit gravement au consentement à l’impôt, pilier fondamental de toute démocratie. Continuer à lire … « Attac lance son Observatoire de la justice fiscale »

Banque mondiale et migrations : Un impact aux contours flous mais aux conséquences bien réelles

Il importe de rattacher les faits migratoires aux conditions susceptibles de les avoir provoquées.

Au cours de la décennie 1965-1975, entre le début et la fin de la période, la croissance des migrations s’était accrue de 11,5%. Les pays du Sud qui avaient alors obtenu de haute lutte leur indépendance – très récente pour la plupart des pays africains – essayaient tant bien que mal de se construire un avenir indépendant plombé par le fardeau d’une dette coloniale et par les manœuvres des pays occidentaux pour maintenir leur tutelle. Deux décennies plus tard avec la mise en place des plans d’ajustement structurel (PAS), imposés par la Banque mondiale et le FMI suite à la crise de la dette, en 5 ans seulement, sur la période cumulée entre 1985 et 1990, la croissance des migrations avait atteint près de 13% alors même que la croissance de la population mondiale était entrée dans une phase plus lente qu’entre 1965 et 1975. Continuer à lire … « Banque mondiale et migrations : Un impact aux contours flous mais aux conséquences bien réelles »

Les politiques migratoires et sécuritaires européennes au Niger

Carrefour de nombreux espaces sous tensions politiques et sécuritaires, le Niger est depuis plus d’une décennie une voie privilégiée vers l’Europe pour les migrants originaires d’Afrique centrale et de l’Ouest. Ces mouvements, conséquence de la dégradation des conditions de vie des populations, entraînée par le déclin de l’attractivité économique de pays surendettés et engagés dans des programmes d’ajustement structurel imposés par les institutions financières internationales, ont fait du Niger, pays très pauvre, mais stratégique, un espace de choix pour l’externalisation des politiques européennes en matière de gestion des flux migratoires. Continuer à lire … « Les politiques migratoires et sécuritaires européennes au Niger »

Migrer vers l’incertitude

Originaire du district de Sindhupalchowk, au Népal, Jeeban Puri travaille en tant que chauffeur à Damam, en Arabie saoudite. Suite au récent tremblement de terre au Népal, qui a atteint 7,8 sur l’échelle de Richter, Puri souhaite désespérément rentrer chez lui. Quand il parvient à rentrer, il découvre que son fils de trois ans est mort et que leur maison est totalement détruite.

Après dix mois en tant que chauffeur de taxi, il doit rembourser une dette de 150 000 roupies (l’équivalent de 1 500 $) à un courtier qui lui avait arrangé son départ. Le taux d’intérêt est de 36%, Puri est méchamment pris au piège. Il lui faut passer du temps au Népal pour être auprès de sa famille et leur reconstruire un abri, or plus il passera du temps dans son pays, plus le fardeau de la dette augmentera. Mais de toute façon, son salaire de 250 $ par mois est insuffisant, d’autant qu’il ne reste pas grand-chose une fois qu’il a subvenu aux besoins de sa famille.

Des négociants non seulement au Népal, mais dans beaucoup de contrées pauvres des continents asiatiques, africains et latino-américains, demandent de grosses sommes d’argent à ceux qui espèrent émigrer, forçant des hommes désespérés à contracter des prêts à des taux d’intérêts affolants pour payer leur voyage. Le nombre limité de voies légales pour migrer, les politiques de plus en plus restrictives et des contrôles aux frontières de plus en plus stricts dans les pays de destination rendent le marché des services de migration très lucratif. La vaste gamme des frais associés à ces services sont de surcroît souvent très élevés. Ceci amène des migrant·es démuni·es à se retrouver pris au piège de différentes formes de dettes envers une diversité d’acteurs. Continuer à lire … « Migrer vers l’incertitude »

La crise : un paradis pour les actionnaires

Les entreprises du CAC 40 ont réalisé 60 milliards d’euros de profits au premier semestre 2021, soit 41% de plus qu’au premier semestre 2019. La hausse est même de 56% pour LVMH. L’indice boursier du CAC 40 a progressé de 20% depuis le début de l’année, ce qui est un record… La crise se révèle être un paradis pour les actionnaires ! Continuer à lire … « La crise : un paradis pour les actionnaires »

Damnés de la mer, damnés du capitalisme : Réflexion sur le phénomène Lampedusa

Le problème de la « mondialisation » actuelle est que, autant elle favorise la libre circulation des biens et des capitaux, autant elle pénalise lourdement la libre circulation de la main-d’œuvre des pays pauvres. Ce dont les dirigeants européens ne se rendent pas compte, c’est à quel point ces flux sont marginaux eu égard à l’ampleur qu’ils pourraient avoir.

En avril 2015, la Méditerranée a englouti près d’un millier de migrants qui tentaient de rejoindre désespérément l’Europe. L’Organisation internationale pour les migrations a parlé à juste titre de « mois le plus cruel en Méditerranée ». Malheureusement, ce spectacle macabre dure depuis plus de vingt ans. Selon l’Ong United, l’aventure méditerranéenne a occasionné plus de 20 000 morts entre 1993 et 2014. Selon certaines sources, ce chiffre pourrait avoir été sous-estimé de 50%. Continuer à lire … « Damnés de la mer, damnés du capitalisme : Réflexion sur le phénomène Lampedusa »

L’Europe à tout prix

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Les témoignages où des liens étroits et indéniables se tissent entre dettes privées et migrations sont nombreux. Cette traversée des océans peut rapidement devenir très coûteuse humainement et financièrement. Là où certain·es quittent leur terre d’origine, en raison de difficultés financières rencontrées au pays, d’autres sont confronté·es à des difficultés financières, des situations d’endettement pendant leur parcours migratoire et/ou à l’arrivée dans le pays d’accueil. Le problème, explique Thierry Müller, coordinateur de Migrations Libres, « c’est que généralement, les personnes n’aiment pas dire qu’elles sont endettées. Celles que je connais se sont endettées ici, souvent, à partir d’emprunts interpersonnels qu’elles ne savent pas rembourser, parfois parce qu’elles misaient sur un boulot qui ne vient pas, ou qu’elles « choisissent » de ne pas rembourser parce que, lorsqu’elles ont un peu d’argent, elles en profitent pour s’offrir quelque chose qui leur fait plaisir, qui les fait souffler, ou leur apporte un peu de moindre inconfort, enfin, peu importe. Et le remboursement est sans cesse reporté, ce qui crée au final des conflits, des isolements, des divisions, des rancœurs ». Dalia [1], en demande de régularisation, a accepté de revenir sur ce long périple, jalonné de dettes, qui a débuté à Kinshasa, RDC, pour la mener à Liège, en Belgique. Cette mère de cinq enfants nous explique comment, depuis 2017, elle lutte pour un avenir meilleur, pour elle et les siens. Continuer à lire … « L’Europe à tout prix »

La politique migratoire européenne et le régime marocain sont tous les deux responsables du drame de Ceuta

Depuis le lundi 17 mai, plus de 8000 personnes migrantes ont franchi la frontière qui sépare le Maroc de l’enclave espagnole de Ceuta et près de la moitié ont déjà été refoulée dans le chaos. Sur fond de crise diplomatique, cette nouvelle tragédie est le symbole de la violence d’un système de dépendances néocoloniales imposé par les puissances européennes avec la connivence de ceux qui gouvernent au Maroc. Continuer à lire … « La politique migratoire européenne et le régime marocain sont tous les deux responsables du drame de Ceuta »

Fuir la misère… pour en trouver une autre

Prendre ses valises et quitter son pays pour construire un avenir meilleur, c’est facile à dire mais peu de personnes réussissent vraiment à le faire. J’ai quitté l’Afrique pour rejoindre l’Europe, là où les droits humains sont protégés. « L’Europe est le continent des droits humains ».

Cette phrase, vous pouvez l’entendre dans la bouche de toutes les personnes migrantes qui viennent d’arriver. Mais à peine quelques mois après être arrivées dans un pays européen, cette phrase commence à changer dans la tête de toutes les personnes migrantes qui rencontrent les premières difficultés administratives et financières, comme la difficulté d’obtenir un titre de séjour, de trouver un toit pour être à l’abri du froid. Tout cela entrave le droit de vivre tout simplement là où on se sent en sécurité. Alors, les personnes migrantes doivent parfois s’endetter pour accéder à certains droits, pour pouvoir par exemple payer les frais de procédure d’asile une fois arrivées dans un pays. Continuer à lire … « Fuir la misère… pour en trouver une autre »

Travailleuses domestiques migrantes au Liban, le parcours de la dette

Au Liban, le travail domestique est majoritairement occupé par des femmes, principalement originaires d’Asie et d’Afrique, qui ont généralement dû s’endetter dans leur pays d’origine pour migrer. Une fois au Liban, ces dernières font face à des contraintes et des violences de traitement, en plus des difficultés financières qu’elles rencontrent pour survivre au quotidien. La crise économique qui accable actuellement le Liban accroit les besoins financiers de ces femmes qui n’ont parfois d’autres choix que de s’endetter à nouveau pour repartir, souvent dans leurs pays d’origine. C’est donc un parcours migratoire marqué par le joug de la dette qu’est celui de ces femmes en lutte. Continuer à lire … « Travailleuses domestiques migrantes au Liban, le parcours de la dette »

Quelle est la part des facteurs environnementaux dans la croissance des migrations ?

Les causes visibles, connues

Quand un·e paysan·ne ne peut plus vivre de la terre qu’iel cultive parce que les conditions climatiques ont changé : sécheresses récurrentes, saisons des pluies raccourcies, déplacées, voire diluviennes avec inondations, que la montée de la mer noie les terres comme au Bangladesh, ou que les températures déjà élevées dans la région du Sahel sont devenues excessives, que fera-t-il ou elle ?

Quand l’environnement est fracassé par des coulées de boues, des pollutions dues à des extractions minières ou à des énergies fossiles, des barrages comme Belo Monte en Amazonie qui noie un millier de km2 et assèche les fleuves en aval, que les forêts sont rasées et brûlées (Amazonie, Indonésie) ou que les accaparements par la finance internationale et l’agriculture productiviste lui enlèvent sa terre et son eau, cela pour y implanter des cultures industrielles de soja, de canne à sucre ou d’hévéa, que fera l’habitant·e de ces régions pour nourrir sa famille ?

Quand un·e petit·e pêcheur/euse ne trouve plus de poissons parce que des bateaux-usines pour la pêche industrielle, venus d’Europe au large des côtes somaliennes ou des côtes d’Afrique de l’Ouest, des bateaux chinois dans le canal du Mozambique, ou ailleurs, ont anéanti la ressource halieutique, que fera-t-iel pour survivre ? Continuer à lire … « Quelle est la part des facteurs environnementaux dans la croissance des migrations ? »