17 octobre 1961 : l’Assemblée ne reconnaît toujours pas le crime d’Etat

L’Assemblée a adopté une résolution « condamnant » la répression meurtrière d’Algérien·nes par la police à Paris le 17 octobre 1961. En prenant grand soin d’exonérer toutes les institutions de la République qui furent impliquées dans ce crime d’État et dans sa dissimulation, incriminant le seul Maurice Papon, ce fusible mémoriel idéal. Par Fabrice Riceputi.

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Honorer le colonel Bigeard, c’est honorer la torture coloniale

À l’heure où l’on cesse enfin d’honorer dans l’espace public la mémoire du maréchal Bugeaud, bourreau du peuple algérien, comment peut-on projeter d’ériger une statue au parachutiste Marcel Bigeard, comme c’est le cas à Toul ? C’est envisager de glorifier ainsi la pratique de la torture en Indochine et en Algérie. Par Fabrice Riceputi et Alain Ruscio.

Toul : honorer le colonel Bigeard et la torture coloniale ?

A l’heure où à Marseille et à Paris on retire enfin de l’espace public les plaques honorant la mémoire du Maréchal Bugeaud, bourreau du peuple algérien durant la conquête coloniale, peut-on ériger une statue au parachutiste Marcel Bigeard, comme on le projette à Toul, et comme cela a été réalisé à Carcassonne en 2012 ? En d’autres termes, la République française tolère-t-elle qu’on honore à travers lui la torture coloniale, alors même que vient d’être lancé à nouveau un Appel à enfin la reconnaître et à la condamner ?

Sous l’ère Sarkozy, un projet de transfert des cendres de Bigeard (1916-2010) aux Invalides avait soulevé de telles protestations, dont celle de Mme Simone de Bollardière, veuve du général qui protesta contre la torture, que le gouvernement dut y renoncer. Rappelons quelles méthodes de terreur l’officier parachutiste Marcel Bigeard commanda en effet durant les guerres coloniales françaises pour empêcher l’indépendance de l’Indochine puis de l’Algérie. Continuer à lire … « Honorer le colonel Bigeard, c’est honorer la torture coloniale »

Pour la reconnaissance des responsabilités de l’État dans le recours à la torture lors la guerre d’Algérie

Un ensemble d’organisations des droits de l’homme, antiracistes et anticolonialistes rend public ce 4 mars une initiative « Pour la reconnaissance des responsabilités de l’État dans le recours à la torture lors de la guerre d’Algérie ». Ils expliquent ici leur démarche

Le recours à la torture reconnu, pourquoi demander de reconnaître la responsabilité de l’État ?

Engrenage de la violence et de la peur, il n’y a pas de guerre sans crimes de guerre et crimes contre l’humanité, mais comme l’a écrit Jean-Paul Sartre, en 1958, dans le cours des événements s’agissant de la torture : « si rien ne protège une nation contre elle-même, ni son passé, ni ses fidélités, ni ses propres lois, s’il suffit de quinze ans pour changer en bourreaux les victimes, c’est que l’occasion décide seule, selon l’occasion n’importe qui, n’importe quand, deviendra victime ou bourreau. » [1] 

C’est l’implacable réalité que la guerre d’Algérie confirme. Continuer à lire … « Pour la reconnaissance des responsabilités de l’État dans le recours à la torture lors la guerre d’Algérie »

Exposition pour débattre sur le musée de la colonisation par le MRAP

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En juin 2021, le MRAP a adressé une lettre ouverte au Président de la République, Emmanuel Macron, publiée dans le journal L’Humanité et soutenue par plusieurs personnalités et associations, pour demander la création d’un musée national de la colonisation. Pour en favoriser l’émergence, la MRAP a depuis conçu, avec le soutien de la DILCRAH, une exposition pédagogique itinérante, « Le Musée dont la France a besoin ». Cette exposition n’a pas vocation à remplacer un musée mais à démontrer sa nécessité et à susciter le débat pour élargir le soutien à sa réalisation. Un collectif informel de réflexion, composé de militants et historiens soutenant la demande, s’est constitué et se réunit régulièrement pour balayer différentes problématiques charriées par un tel musée. Pascal Blanchard et Nicolas Bancel, historiens, ont par ailleurs déjà publié plusieurs tribunes pour plaider pour cette création, notamment dans Le Monde en 2023. Aujourd’hui, le MRAP livre une tribune pour le Groupe de recherche Achac afin d’éclairer son engagement pour la création d’un musée national de l’histoire du colonialisme. Il est temps d’affronter collectivement la question d’un musée national de l’histoire de la colonisation. 

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Mémoire coloniale « Le Code noir a une forme d’actualité »

Maître de conférence en histoire du droit et des institutions à l’université des Antilles, Jean-François Niort a publié de nombreux travaux sur le droit colonial et le Code noir. Il revient sur les origines et les conséquences de l’élaboration de ce texte.

Comment se passe la rédaction des premiers textes du Code noir sous Colbert ?
D’abord, il faut savoir que Colbert n’est pas l’auteur de l’ordonnance de mars 1685 sur la police des îles de l’Amérique française, qu’on appellera plus tard « Code noir », il est celui qui en prend l’initiative. Cette décision s’inscrit d’ailleurs dans une volonté plus large de Colbert de codification du droit français – il a en effet fait rédiger bien d’autres codes selon la même méthode. Pour ce faire, il demande aux administrateurs des Antilles françaises de faire remonter à Versailles les règles juridiques déjà appliquées localement, puis réunit un petit groupe de juristes pour mettre toutes ces règles sous forme de loi, ce qui donnera l’ordonnance de 1685. Ce n’est donc pas lui qui a inventé ces règles, mais c’est lui, avec Louis XIV qui a promulgué le texte, qui en a fait une loi royale. Continuer à lire … « Mémoire coloniale « Le Code noir a une forme d’actualité » »

Soigner, séparer, précariser : notre rapport d’observation sur les évacuations sanitaires entre Mayotte et La Réunion

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Avec son rapport inédit sur les évacuations sanitaires depuis Mayotte vers La Réunion, La Cimade documente une procédure médicale qui vient percuter les droits des personnes étrangères et révèle une véritable confusion entre contrôle migratoire et politiques de soin. Continuer à lire … « Soigner, séparer, précariser : notre rapport d’observation sur les évacuations sanitaires entre Mayotte et La Réunion »

Mémoire coloniale : le colbertisme, ou du bon usage de l’esclavage

Contrôleur général des finances et secrétaire d’État de la Marine de Louis XIV, Jean-Baptiste Colbert est célébré en France pour sa doctrine économique, qui sera d’ailleurs baptisée 
« colbertisme ». Mais par sa théorie comme sa pratique, il est aussi indissociable de l’esclavagisme français.

La figure de Colbert suscite depuis quelques années la polémique. En septembre 2017, à l’initiative de Louis-Georges Tin, président du Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN) et du philosophe Louis Sala-Molins, une tribune demandait le retrait du nom de Colbert de l’espace public, notamment de la façade des collèges et des lycées [1]. Le 13 juin 2020, Jean-Marc Ayrault (président de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage) proposait que les lieux portant son nom à l’Assemblée nationale et au ministère de l’Économie soient rebaptisés [2]. Continuer à lire … « Mémoire coloniale : le colbertisme, ou du bon usage de l’esclavage »

Vertières, Haïti, 18 novembre 1803 : le basculement du monde

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Dans Après Vertières. Haïti, épopée d’une nation, Jean-Claude Bruffaerts et Jean-Marie Théodat analysent la bataille qui marque le dernier acte de la guerre d’indépendance haïtienne, ainsi que les récits historiques divergents qui en rendent compte.

Après Vertières. Haïti, épopée d’une nation revient sur la bataille de Vertières, le 18 novembre 1803, qui consacre l’indépendance d’Haïti. À partir de l’existence de quatre documents – le document originel ayant été perdu –, relatant, avec des différences notables, l’acte de reddition des troupes napoléoniennes, les auteurs mènent une double enquête sur les événements et les récits historiques dans lesquels ils sont pris. La victoire sur les troupes françaises, constitue le « dernier acte de la guerre d’indépendance commencée en 1791 » et le « symbole de la rupture » par laquelle Haïti allait représenter un défi tout à la fois pour les États colonisateurs, la pensée moderne et la soif d’émancipation. Continuer à lire … « Vertières, Haïti, 18 novembre 1803 : le basculement du monde »

Introduction : Guide du Périgueux colonial et des communes proches

« Il y a un siècle, la plus grande part de l’humanité vivait sous le joug colonial, une forme particulièrement primitive de la domination de race », Achille Mbembe1.
« Chaque statue, celle de
Faidherbe ou de Lyautey, de Bugeaud ou du sergent Blandan, tous ces conquistadors juchés sur le sol colonial n’arrêtent pas de signifier une seule et même chose : “Nous sommes ici par la force des baïonnettes” », Frantz Fanon2.

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À l’instar de nombreuses villes dans la France du 21e siècle, l’histoire de Périgueux avec l’impérialisme et la domination coloniale se retranscrit partout, sans qu’on y prête garde. En façonnant notre environnement, nommant nos espaces et nos lieux de vie et de rencontres, le rapport de la ville avec le système colonial est un rapport quasi-intime qui nous oblige aujourd’hui à déconstruire et à reconstruire. Continuer à lire … « Introduction : Guide du Périgueux colonial et des communes proches »

5 juillet 1962 à Oran / 5 juillet 2023 à Paris

Cette année, de nouveau, une cérémonie était organisée à Paris au mémorial du Quai Branly. Je suis allé voir comment allait se dérouler cette manifestation. Par contre, j’ai été reconnu, identifié par plusieurs responsables de ces associations et pris à parti. Avec beaucoup d’insistance, ils m’ont ordonné de partir (un de ces militants commençait à passer à l’acte, mais fut arrêté) Ils estimaient que je n’avais rien à faire en ce lieu, qu’il n’était pas question que je prenne des photos. J’ai justifié que c’était une manifestation publique, officielle puisque qu’une ministre la cautionnait, et que je ne comprenais pas pourquoi ils autorisaient certaines personnes à prendre des photos et que je serais le seul à ne pas y être autorisé. Ils n’ont quand même pas osé m’agresser physiquement, seulement des propos quelque peu insultants, en revanche, ils m’ont attribué un garde du corps pour tenter de m’empêcher de prendre des photos (il levait un sac à chaque fois où je levais mon appareil photo), et s’interposait pour que je ne puisse pas être au premier rang. Ils devaient espérer que je réagisse à ces provocations pour « justifier » une évacuation musclée.  Continuer à lire … « 5 juillet 1962 à Oran / 5 juillet 2023 à Paris »

« L’Autre 8 Mai 1945 » dont les crimes doivent être reconnus par la France

Le 8 mai 1945, en Algérie comme dans le reste du monde, on fête la défaite de l’Allemagne nazie. Dans plusieurs villes d’Algérie, des Algériens partisans de l’indépendance se joignent aux défilés. A Sétif, le jeune Saâl Bouzid, qui portait le drapeau algérien, est abattu par un policier et des Algériens fuyant la répression aveugle agressent à leur tour des Européens au hasard. La répression est massive et se prolonge dans tout le Nord-Constantinois.  Continuer à lire … « « L’Autre 8 Mai 1945 » dont les crimes doivent être reconnus par la France »

19 mars 2023 –Tribune « Rendre hommage à un pilier de l’Oas, c’est légitimer le racisme » publiée dans Libération

A Perpignan, le maire RN, Louis Aliot, inaugure une exposition sur « l’illusion de la paix en Algérie » après avoir renommé une esplanade « Pierre Sergent », officier de l’organisation terroriste. Soixante et un ans après les accords d’Evian, cet hommage radicalise les militants d’extrême droite, dénonce un collectif dont Michèle et Pierre Audin ainsi que Benjamin Stora.

Ce dimanche 19 mars 2023, nous commémorons le 61e anniversaire de l’acte fondamental posé par la signature des Accords d’Evian négociés entre le GPRA et le gouvernement français : l’entrée en vigueur d’un cessez-le feu officiel entre les belligérants qui annonce la fin de la guerre d’Algérie et ouvre la voie à l’Indépendance.

Nostalgique de l’Algérie française, Louis Aliot, maire RN de Perpignan, marque cette date en inaugurant une exposition intitulée « 19 mars 1962 : l’illusion de la paix en Algérie ». Et ceci, quelques mois après avoir décidé d’honorer Pierre Sergent en donnant le nom de celui-ci à un espace de Perpignan. Or, s’il fut un élu de la ville, Pierre Sergent fut surtout une figure majeure de l’OAS (« Organisation de l’Armée Secrète »), groupe terroriste d’extrême-droite qui tenta par la violence de maintenir la tutelle coloniale de la France sur l’Algérie. Continuer à lire … « 19 mars 2023 –Tribune « Rendre hommage à un pilier de l’Oas, c’est légitimer le racisme » publiée dans Libération »

Introduction : Guide du Rouen colonial et des communes proches

Avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse

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« La colonisation […] déshumanise l’homme même le plus civilisé ; […] l’action coloniale, l’entreprise coloniale, la conquête coloniale, fondée sur le mépris de l’homme indigène et justifiée par ce mépris, tend inévitablement à modifier celui qui l’entreprend ; […] le colonisateur qui, pour se donner bonne conscience, s’habitue à voir dans l’autre la bête, s’entraîne à le traiter en bête, tend objectivement à se transformer lui-même en bête […] Entre colonisateur et colonisé, il n’y a de place que pour la corvée, l’intimidation, la pression, la police, l’impôt, le vol, le viol, les cultures obligatoires, le mépris, la méfiance, la morgue, la suffisance, la muflerie, des élites décérébrées, des masses avilies. Aucun contact humain, mais des rapports de domination et de soumission qui transforment l’homme colonisateur en pion, en adjudant, en garde-chiourme, en chicote et l’homme indigène en instrument de production. À mon tour de poser une équation : colonisation = chosification », Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme.

Les noms des rues, des places, des boulevards, des quais, des écoles, des collèges et des lycées, les statues, les monuments, notre environnement quotidien, sont les marques accumulées d’une histoire qui nous est contée. Cette histoire, ces marques ne sont pas neutres. Elles honorent, elles célèbrent, elles rendent hommage, elles mettent en avant les vainqueurs, ceux qui ont réussi, bien plus souvent les dominants que les résistantes et les résistants, que celles et ceux qui ont combattu les injustices, les inégalités et les différentes formes d’oppression. Continuer à lire … « Introduction : Guide du Rouen colonial et des communes proches »

Comme un rappel à Darmanin, et aussi à nous-mêmes

Cela se passe le jeudi 2 février, au colloque « Les Outre-Mer aux Avant-Postes », organisé par l’hebdomadaire Le Point à Paris. Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, entre autres propos, proclame sur l’abolition de l’esclavage, ce qu’il considère comme une révélation : « C’est la République qui a aboli l’esclavage ». 

Cinq jours plus tard, le mardi 7 février, à l’Assemblée Nationale lors de la séance de questions au Gouvernement, il persiste et signe, en recélébrant sa trouvaille : « La République a aboli l’esclavage par deux fois ». 

A-t-on nié chez nous Antillais·e·s, ce fait législatif incontestable, et que nos aîné·e·s, ont toujours célébré ? : d’abord le 4 février 1794 (16 pluviôse an II), puis le décret du 27 avril 1848.

Cependant, son propos tout enrobé de provocation, est largement réducteur sur ce que fut le combat pour éradiquer l’esclavage. Cette citation ministérielle s’oblige insidieusement et de manière maléfique, à balayer toute la complexité du processus qui a conduit à la fin de l’esclavage dit atlantique.

Cette prose s’habille rigidement dans ce positionnement idéologique qui prétend que l’histoire et la force civilisatrice ne viennent que de ces gens supérieurs que sont les Européens. Elle réduit, croit-elle, la revendication de quête d’identité, à une quelconque lubie qu’il s’agit déjà d’ignorer, voire sans doute, à réprimer. Ce responsable gouvernemental français n’a que faire de la reconnaissance due aux luttes pour la liberté et la dignité humaine qu’ont menées les esclavisé·e·s. La sensibilité mémorielle exprimée chez les colonisé·e·s, ne semble lui donner aucune gêne. Continuer à lire … « Comme un rappel à Darmanin, et aussi à nous-mêmes »

Mémoire coloniale, décoloniale, anticoloniale 

Ce lundi 19 décembre, la Commission spéciale sur le passé colonial de la Belgique a terminé sur un échec. Il n’y aura ni excuse ni réparation. Cet échec donne à voir le clivage politique qui structure la mémoire du colonialisme.

Tout ça pour ça ? Deux ans et demi de recherches et de discussions, appuyées sur un « rapport des experts » de plus de six cents pages sur le passé colonial de la Belgique, aboutissent sur un échec. Faute d’accord, entre les partis de droite (flamand et francophone), d’un côté, socialistes et écologistes, de l’autre, qui composent le gouvernement belge, et faute d’accepter de recourir à une majorité alternative, les recommandations de la commission du Parlement fédéral sont abandonnées. Continuer à lire … « Mémoire coloniale, décoloniale, anticoloniale « 

Guide du Rouen Colonial, et des communes proches

En Avant Première, nous vous proposons une présentation de cet ouvrage
mardi 20 décembre à 18h00 
à la Maison des Associations et de la Solidarité 
22 bis rue Dumont d’Urville

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Ce livre vous invite à regarder Rouen autrement, à voir en quoi les noms des rues, des places, des boulevards, des quais, des établissements scolaires, les statues aussi, sont des hommages rendus à la grandeur coloniale. Continuer à lire … « Guide du Rouen Colonial, et des communes proches »

Comores, Mayotte, néo-colonialisme français : petit cours d’histoire (+ La liberté d’aller et venir entravée pour les habitant⋅es de Mayotte)

Un fait de société sanglant vient d’attirer les regards sur un « département français », Mayotte : un jeune homme a été assassiné à coups de machette [1]. Du coup, les tensions entre bandes sont devenues incontrôlables par les autorités locales, qui ont clamé leur crainte d’une « guerre civile ». Il est important de revenir sur la genèse de ces drames.

« Comores : groupe d’îles d’Afrique (…). Les quatre grandes îles qu’il comprend sont Mayotte, Anjouan, Mohéli et la Grande Comore ». Ainsi s’exprime Pierre Larousse auteur du Grand Dictionnaire universel du XIXème siècle [2]. Oui, on a bien lu : les Comores constituent un ensemble géographique ancien. Ajoutons : uni par l’appartenance ethnique, l’histoire et la religion (l’islam). Et, d’ailleurs, les Français, quand ils en prirent possession par étapes, à partir de 1843, le considérèrent comme tel, jusqu’au terme du processus colonial (indépendance de 1975). Toute puissance de l’Homme Blanc ! Il a même réussi à changer la géographie… quand ça l’arrange. La géographie et le vocabulaire. Ainsi, les Comoriens sont-ils devenus des Mahorais (les bons, habitants de Mayotte, ceux qui ont la chance d’habiter un département français) et des étranger-ère-s (les mauvais-es, ceux-celles habitant les autres îles, qui ont le culot de risquer leur vie pour échapper à la misère, qui viennent pondre leurs rejetons par milliers sur nos terres). Continuer à lire … « Comores, Mayotte, néo-colonialisme français : petit cours d’histoire (+ La liberté d’aller et venir entravée pour les habitant⋅es de Mayotte) »

Lumina Sophie et la révolte de 1870 : la résistance des femmes en Martinique

Le 5 novembre, Culture Égalité, organisation féministe de la Martinique, se souvient et célèbre l’anniversaire de Lumina Sophie, une leader de l’Insurrection du Sud, révolte contre l’esclavage et les préjugés à l’égard des Noirs dans le pays. En sa mémoire, nous partageons un extrait de la publication Karbé Fanm n°2, Lumina dite Surprise, un numéro commémorant le 150ème anniversaire de l’Insurrection du Sud en Martinique, publié en 2021. En plus du texte racontant l’histoire, l’organisation a publié une carte multimédia interactive intitulée Sur le chemin de Lumina, accessible ici. Découvrez ci-dessous l’histoire de Lumina.

Lumina Sophie dite Surprise !
Elle naît donc au Vauclin, le 5 novembre 1848, soit 5 mois après l’Abolition. Continuer à lire … « Lumina Sophie et la révolte de 1870 : la résistance des femmes en Martinique »

L’accès aux documents liés à la guerre d’Algérie reste toujours aussi difficile 

Dans une tribune au Monde, l’historien Marc André explique que par méconnaissance de la guerre d’Algérie et de la nature de ses archives, ces dernières sont trop souvent inaccessibles aux demandeurs. Emmanuel Macron s’était pourtant engagé à en faciliter la consultation.

Huit mois après l’annonce de l’ouverture à tous « des archives publiques produites dans le cadre d’affaires relatives à des faits commis en relation avec la guerre d’Algérie » (décret du 22 décembre 2021), le président de la République, Emmanuel Macron, affirmait le 25 août la nécessité de donner aux historiens « un accès complet aux archives de la guerre d’Algérie ». Cette insistance témoigne de l’instrumentalisation politique de la question des archives. Car malgré l’intention réitérée d’« ouvrir », « simplifier » ou « faciliter » l’accès aux documents liés à cette guerre, en pratique cela reste difficile tant pour les familles que pour les historiens.

Entre les discours qui accompagnent l’action politique et les réalités du terrain, le décalage est tel que l’on se demande même si le décret dit de « dérogation générale » n’a pas été rédigé au croisement de deux méconnaissances : celle de la guerre d’Algérie et celle de ses archives. De multiples contradictions surgissent, à l’origine de pratiques administratives restrictives aux conséquences sociales, scientifiques et politiques contre-productives. Continuer à lire … « L’accès aux documents liés à la guerre d’Algérie reste toujours aussi difficile «