Avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse
« La colonisation […] déshumanise l’homme même le plus civilisé ; […] l’action coloniale, l’entreprise coloniale, la conquête coloniale, fondée sur le mépris de l’homme indigène et justifiée par ce mépris, tend inévitablement à modifier celui qui l’entreprend ; […] le colonisateur qui, pour se donner bonne conscience, s’habitue à voir dans l’autre la bête, s’entraîne à le traiter en bête, tend objectivement à se transformer lui-même en bête […] Entre colonisateur et colonisé, il n’y a de place que pour la corvée, l’intimidation, la pression, la police, l’impôt, le vol, le viol, les cultures obligatoires, le mépris, la méfiance, la morgue, la suffisance, la muflerie, des élites décérébrées, des masses avilies. Aucun contact humain, mais des rapports de domination et de soumission qui transforment l’homme colonisateur en pion, en adjudant, en garde-chiourme, en chicote et l’homme indigène en instrument de production. À mon tour de poser une équation : colonisation = chosification », Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme.
Les noms des rues, des places, des boulevards, des quais, des écoles, des collèges et des lycées, les statues, les monuments, notre environnement quotidien, sont les marques accumulées d’une histoire qui nous est contée. Cette histoire, ces marques ne sont pas neutres. Elles honorent, elles célèbrent, elles rendent hommage, elles mettent en avant les vainqueurs, ceux qui ont réussi, bien plus souvent les dominants que les résistantes et les résistants, que celles et ceux qui ont combattu les injustices, les inégalités et les différentes formes d’oppression. Continuer à lire … « Introduction : Guide du Rouen colonial et des communes proches »