5 heures pour les libertés au Maghreb/Tamazgha

Samedi 10 juin 2023, 12h-17h
Bourse du travail de Paris
86, rue Charlot, 75003 Paris

Il semble que les rêves des peuples de la région se soient évaporés aujourd’hui, après l’espoir suscité par ce qu’on a appelé le « printemps arabe », qui a concerné, à divers degrés, la Tunisie, l’Egypte, la Libye, le Maroc puis, plus tard, l’Algérie, dont le Hirak a réussi non seulement à annuler la reconduction pour un cinquième mandat d’un président malade, épuisé et absent de la scène politique, mais aussi à revendiquer pendant des mois la liberté, la justice, la pluralité et la démocratie. Continuer à lire … « 5 heures pour les libertés au Maghreb/Tamazgha »

Peur du corps des femmes, peur de la liberté

Fatma Benmefteh parle de l’emprise patriarcale des femmes en Tunisie

Dans une société patriarcale discriminatoire, le corps des femmes reste limité par les normes morales et l’héritage patriarcal qui leur sont spécifiquement imposés. Cet état de tromperie soumet la forme du corps des femmes à des interventions et affecte la manière dont ces corps s’expriment ainsi que leurs propres représentations.

L’imposition de commandements sur le corps des femmes : le début
Selon de nombreuses études et références dans la littérature marxiste (la plus importante étant peut-être L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’État, de Frédéric Engels), l’émergence de la propriété privée de la terre et la transition d’une société de subsistance à une société de classes ont été associées à une tentative d’imposer des commandements sur le corps des femmes. Cela a limité leur liberté et a confiné leurs rôles sociaux à des emplois considérés comme secondaires.

Historiquement, l’imposition d’un contrôle sur le corps des femmes se développe à partir de l’émergence des premiers signes de propriété privée de la terre et de l’établissement d’une société patriarcale. Par conséquent, il est né du besoin de ceux qui hériteraient de ces terres. La lignée des enfants, auparavant attribuée à la mère, a due être désintégrée, la chasteté n’étant imposée qu’aux femmes, tandis que les hommes pouvaient choisir leurs épouses et petites amies à leur guise, à condition que cela ne nuise pas à la propriété de la terre. Continuer à lire … « Peur du corps des femmes, peur de la liberté »

Les femmes à l’avant-garde de la politique : le travail d’organisation des femmes sahraouies

El-Ejla Chejh Alla (Ayla Chejh) parle dans son article des actions de l’Union Nationale des Femmes Sahraouies et de leurs luttes en temps de guerre

L’Union Nationale des Femmes Sahraouies [Unión Nacional de Mujeres Saharauis – UNMS] est composée de femmes vivant dans des camps de réfugiés situés dans l’ouest de l’Algérie, de femmes qui se trouvent sur le territoire sahraoui – des terres à l’origine sahraouies aujourd’hui occupées par l’armée marocaine – et de femmes de la diaspora. La raison pour laquelle les femmes sahraouies se trouvent dans tous ces endroits différents est l’occupation marocaine de notre territoire.

En 1975, une grande partie de notre peuple a quitté le territoire occupé aujourd’hui en raison de l’avancée de l’invasion marocaine. L’armée marocaine nous a envahi pour réduire le peuple sahraoui en esclavage. À l’époque, nous n’avions pas de stabilité en raison de notre capacité militaire limitée, ce qui a créé un sentiment d’insécurité parmi nous. De nombreuses personnes ont quitté la zone occupée aujourd’hui, mais avec l’espoir de revenir bientôt. Cela ne s’est pas produit et nous avons passé tout ce temps ici dans les camps de réfugiés. Continuer à lire … « Les femmes à l’avant-garde de la politique : le travail d’organisation des femmes sahraouies »

Ahlam Belhaj, ton pouls est en nous, car tu portais le sens de la vie

Un hommage émouvant à la vie d’Ahlam Belhaj, dédiée à la lutte des femmes tunisiennes et à la révolution

Ça n’a aucun sens pour nous de pleurer, Ahlam. C’est toi qui as choisi de ne pas parler de la forte angoisse qui, pendant des années, s’est nichée dans ton corps, au point que nous évitions de t’interroger sur son évolution, sur ce qui te restais et ce qui t’étais enlevé. Même lorsque tu as été admise à l’hôpital pour une intervention chirurgicale et que les opérations se sont succédé, nous perdions une partie de toi à chaque fois et nous te rendions visite sans même te demander la permission.

L’important, c’est que tu te relevais toujours et qu’en quelques jours, tu étais parmi nous. Tu rayonnais et dessinais un large sourire sur ton visage fatigué et pâle, et nous nous réjouissions de tous ces dons, de cette joie et de cette détermination à continuer.

Comment pouvons-nous continuer à nous lamenter et à pleurer alors que tu nous as appris à transcender et à vaincre cette maladie, ce grand méchant loup, comme tu l’as fait pendant des années avec ton activisme, ton dynamisme et ton combat dans tant de domaines ? Continuer à lire … « Ahlam Belhaj, ton pouls est en nous, car tu portais le sens de la vie »

Les régimes du Grand Maghreb ne convergent que pour réprimer leurs peuples

Il semble que les rêves des peuples de la région se soient évaporés aujourd’hui, après l’espoir suscité par ce qu’on a appelé le « printemps arabe », qui a concerné, à divers degrés, la Tunisie, l’Egypte, la Libye, le Maroc puis, plus tard, l’Algérie, dont le Hirak a réussi non seulement à annuler la reconduction pour un cinquième mandat d’un président malade, épuisé et absent de la scène politique, mais aussi à revendiquer pendant des mois la liberté, la justice, la pluralité et la démocratie.

Au-delà de l’analyse des répercussions de la transition démocratique en Tunisie après le 25 juillet 2021, ou des causes de la guerre civile et de l’ingérence étrangère en Libye, ou des violations croissantes des droits et libertés à la suite des élections algériennes, ou de l’usage par l’Etat marocain de « techniques sournoises » d’un code pénal obsolète et contesté, de campagnes de harcèlement et de diffamation pour réprimer davantage la société civile et les journalistes indépendants, ou encore des atteintes aux libertés en Mauritanie, nous sommes aujourd’hui interpellés, en tant que militant(e)s associatif(ve)s, syndicalistes et politiques, intellectuel(le)s et artistes au sein de l’espace maghrébin et ailleurs, à plus de coordination et de solidarité pour : Continuer à lire … « Les régimes du Grand Maghreb ne convergent que pour réprimer leurs peuples »

Le racisme n’est pas une opinion, ça constitue un crime

Non aux discours de haine et aux politiques migratoires criminelles 

L’espace public, virtuel et réel, au Maroc, et dans la région du Maghreb, est marqué ces dernières semaines par la montée d’un discours raciste portés contre les personnes en migration originaires des pays d’Afrique subsaharienne. Ce discours de haine a explosé à la suite des déclarations honteuses du président tunisien Kais Said. Nous, les organisations et associations signataires de cette déclaration, considérons qu’une grande partie de ces discours ont été importés de courants d’extrême-droite occidentaux afin de les dupliquer à une réalité complètement différente de l’immigration au Maroc et au Maghreb.

Les discours racistes et discriminatoires fondés sur l’exagération et une vision sécuritaire de la présence des immigrés sont démentis par les données statistiques et de terrain sur la présence des immigrés au Maroc. Ces discours alarmistes sont fondés sur une logique identitaire restrictive autour du mythe de l’existence supposée d’une « race marocaine ». La réalité de l’immigration et de l’exil au Maroc est plurielle et diversifiée. Il est également vrai que le Maroc était et il est toujours ouvert aux identités multiples, avec des identités ethniques et culturelles locales différentes qui ont coexisté au fil des siècles. Continuer à lire … « Le racisme n’est pas une opinion, ça constitue un crime »

Féminicides Algérie

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Qui sommes-nous ?
Nous sommes deux militantes féministes algériennes, réunies par la nécessité d’alerter la société et les institutions face aux féminicides dans notre société et leur banalisation.

Nous effectuons un recensement qui consiste en une veille permanente de l’actualité nationale relative aux meurtres et assassinats de femmes et de filles, parce qu’elles sont femmes et filles. Nous tenons également à mettre en avant que ces féminicides ne viennent pas de nulle part, c’est le résultat d’une violence sociale et institutionnelle banalisée voire encouragée et entretenue. Continuer à lire … « Féminicides Algérie »

Pétition (Algérie) : En défense des libertés syndicales et du droit de grève : Les artistes, intellectuels et scientifiques aux côtés des travailleurs et de leurs syndicats

Nous, artistes, intellectuels et scientifiques signataires de cette pétition :

avons pris connaissance avec consternation du contenu attentatoire aux libertés syndicales élémentaires et au libre exercice du droit de grève du « Projet de loi relatif à l’exercice du droit syndical » et du « Projet de loi relatif à la prévention, au règlement des conflits collectifs de travail et à l’exercice du droit de grève » élaborés par le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale.

faisons part de notre étonnement et de notre incompréhension devant l’absence totale de concertation avec les organisations syndicales durant la période d’élaboration de ces deux textes,

constatons que ces deux textes, s’ils sont adoptés, rendront légalement impossibles l’exercice du droit de grève et le libre exercice du droit syndical qui se trouvent déjà largement entravés dans la pratique des pouvoirs publics et des employeurs depuis plusieurs années, Continuer à lire … « Pétition (Algérie) : En défense des libertés syndicales et du droit de grève : Les artistes, intellectuels et scientifiques aux côtés des travailleurs et de leurs syndicats »

Arrestations arbitraires et campagnes haineuses à l’encontre des personnes migrantes d’origine subsaharienne en Tunisie

« L’Afrique aux Africains », c’est ce qu’a déclaré le président Kais Saied lors de son discours au sommet Europe-Afrique à Bruxelles le 17 février 2022. Cependant, les derniers évènements survenus en Tunisie vont à l’encontre de la déclaration du président Kais Saied, au vue de la campagne lancée par l’appareil sécuritaire intitulée « Renforcement du tissu sécuritaire et réduction du phénomène du séjour irrégulier en Tunisie », qui se traduit depuis quelques jours par des vagues d’arrestations massives. 

Ces derniers jours, plus de 300 migrants ont été arrêtés, placés en garde à vue et déférés devant la justice. Ils ont été arrêté à la suite d’un contrôle d’identité « au faciès » ou même à la suite de leur présence devant les tribunaux en soutien à leurs proches. Continuer à lire … « Arrestations arbitraires et campagnes haineuses à l’encontre des personnes migrantes d’origine subsaharienne en Tunisie »

En soutien de Benjamin Stora, victime d’attaques antisémites

Victime récurrente d’attaques antisémites en France de la part de l’extrême droite et des nostalgiques de l’OAS, qui ne lui pardonnent pas son travail intellectuel de compréhension du combat de libération des Algériennes et des Algériens, Benjamin Stora vient de subir, comme en écho, une charge méprisable sur le média électronique Algérie patriotique – une charge qui, débordant sa personne, vise explicitement toute la communauté algérienne de confession juive dans sa longue histoire.

Oublieux de la part prise dans le combat libérateur du peuple algérien par certain.e.s compatriotes appartenant à cette communauté, ce texte abject cultive l’ignorance historique pour leur dénier tant leur engagement patriotique que leur algérianité, et, dans le plus pur style antisémite, use d’amalgames pour jeter l’opprobre sur toute une communauté au motif de sa confession. Continuer à lire … « En soutien de Benjamin Stora, victime d’attaques antisémites »

Appel : Révolution de la dignité et de la Liberté – 17 décembre – 14 Janvier 

Rassemblement Samedi 14 Janvier 2023
15H Fontaine des Innocents – Paris 75001

La Tunisie passe aujourd’hui par une période de tension grosse de tous les périls. Une situation inédite depuis le 14 janvier 2011, date phare de la révolution tunisienne qui a ébloui le monde et dont les mots d’ordre emblématiques pour le travail, la dignité, la liberté, la démocratie et la justice sociale, se sont répandus dans tout le monde arabe et au-delà.

Les années de transition démocratique n’ont certes pas permis au peuple Tunisien de concrétiser ses aspirations économiques et sociales, ni de réaliser une quelconque avancée dans l’équilibre entre les régions et entamer les grandes réformes. Mais le pays a tenu malgré les secousses sociales et politiques ; il a pu faire face au menées terroristes, grâce à la cohésion de son peuple et de ses forces vives. La violence a toujours été rejetée par la société tunisienne dont les élites ont toujours été attachées au dialogue comme voie de sortie de toutes les crises.

Depuis le 25 juillet 2021, le président Kaïs Saïed a mis à profit les conditions sanitaires catastrophiques liées au contexte de la pandémie du COVID, la dégradation dramatique des conditions économiques et sociales, et les tiraillements politique d’une classe politique déconnectée des enjeux qui travaillaient la société, pour imposer ses décisions unilatérales.  Continuer à lire … « Appel : Révolution de la dignité et de la Liberté – 17 décembre – 14 Janvier « 

Sahara « marocain » ou « israélien » ? Victimes sahraouies et palestiniennes !

La victoire du Maroc face à l’Espagne dans les huitièmes de final de la coupe du monde de football, le 6 décembre dernier, a été longuement saluée et discutée dans les médias français, par les journalistes et ‘experts’ think thanks qui y ont leurs entrées.

Tous ont profité de l’occasion pour réitérer le même discours lénifiant à propos de la fraternité algéromarocaine et du « conflit » du Sahara Occidental. À en croire par exemple l’émission de TV5 Monde, sobrement intitulée « Algérie – Maroc : pourquoi ce bras de fer entre les deux voisins ? » (7 décembre 2022), la question du Sahara Occidental se résumerait à un simple conflit politique opposant les autorités algériennes et marocaines, elles-mêmes en quêtes d’hégémonie régionale, au détriment des intérêts de leurs sociétés. Les Sahraouis, grands oubliés des médias, apprécieront ! Continuer à lire … « Sahara « marocain » ou « israélien » ? Victimes sahraouies et palestiniennes ! »

L’annulation de l’hommage à Sophie Bessis : Une dérive vers l’interdiction de toute parole libre !

L’hommage que la Fondation de la Maison de Tunisie à Paris, en collaboration avec le Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT), avait initialement prévu de rendre le 9 décembre 2022 à Sophie Bessis, historienne et intellectuelle tunisienne engagée, internationalement reconnue tant pour ses ouvrages que pour ses prises de position, vient d’être « reporté » sine die par cette institution au motif de « contraintes d’ordre administratif et logistique ». Tels sont les termes laconiques d’un message envoyé quelques jours avant l’évènement par les responsables de la Maison de Tunisie.

Comment ne pas rapprocher une telle décision ex- abrupto du climat d’hostilité entretenu à l’heure actuelle à l’égard des démocrates de notre pays ?

Cette décision semble en effet confirmer une inquiétante dérive vers l’interdiction de toute parole libre et critique à l’égard du pouvoir.

Sophie Bessis, femme de gauche et militante féministe qui s’exprime régulièrement pour la défense des droits et libertés et dont l’engagement démocratique n’est plus à démontrer, doit pouvoir s’exprimer librement au sein des institutions publiques tunisiennes. Si la soirée prévue le 9 décembre 2022 devait avant tout rendre hommage à son œuvre et à son parcours, et non traiter spécialement de l’actualité tunisienne, les points de vue critiques récemment formulés par l’historienne contre l’évolution anti-démocratique du pouvoir tunisien nous semblent clairement constituer la toile de fond de l’annulation de l’événement. Tout comme la présence de participants qui n’ont cessé de dénoncer ces derniers mois la dérive des institutions tunisiennes vers une présidence omnipotente Continuer à lire … « L’annulation de l’hommage à Sophie Bessis : Une dérive vers l’interdiction de toute parole libre ! »

La France pleure encore son Algérie (française) !!! !!! 

Dans l’évolution de « l’histoire moderne » la colonisation avait servie de crime fondateur des sociétés occidentales des droits de l’homme, ainsi cette société s’est structurée autour de ce marqueur essentiel de la culpabilité, c’est le crime colonial contre l’humanité (à l’exemple d’une tribu archaïque qui s’est structurée autour du meurtre du mâle patriarcal et en a souscrit des lois).

Aujourd’hui après plus de soixante années de liberté la meilleure initiative mémoriel surtout pour la société française serait celle de leur dire que l’Algérie n’est plus un récit d’aventure et d’épouvante, c’est un pays avec une population qui vivait paisiblement avec une histoire que l’on peut comparer à d’autres. L’histoire de la colonisation est une conquête, des violences, d’une mainmise des terres par un système colonial ridicule avec tous ces ingrédients : indigénat, racisme, attentats, torture, camps, viols, bombardements, assassinats, etc. La colonisation est une histoire de prédation, de violence, d’asservissement et d’effacement de toute une population. Continuer à lire … « La France pleure encore son Algérie (française) !!! !!! « 

La répression s’accentue au Maroc

Le Comité France de soutien à l’historien Maati Monjib et à tous les détenus politiques et d’opinion au Maroc s’inquiète de la situation des droits humains qui ne cesse de s’aggraver dans ce pays.

Le Maroc durcit la répression contre toute voix critique dénonçant les atrocités du pouvoir et les injustices sociales. En effet, une vague de répression s’abat ces derniers mois sur des activistes des droits humains : Saïda El Alami, militante des droits humains, arrêtée le 23 mars 2022, a été condamnée à 3 ans de prison ferme au Maroc, la Cour d’appel de Casablanca ayant alourdi, mercredi 21 septembre 2022, sa peine à l’issue de son procès en appel. Elle avait été condamnée en première instance à 2 ans de prison ferme notamment pour « outrage envers un corps constitué » et une amende de 5 000 dirhams (environ 470 euros). Continuer à lire … « La répression s’accentue au Maroc »

Deux textes au sujet de deux décrets présidentiels (Tunisie)

Le Syndicat National des Journalistes Tunisiens appelle le Président de la République à retirer le Décret n°54

Le Syndicat national des journalistes tunisiens a suivi avec une grande inquiétude la publication par la présidence de la République du décret n°54 de 2022, relatif à la lutte contre les délits liés aux systèmes d’information et de communication, qui prévoit des peines d’injonction exagérées dans les affaires de publication et vise à restreindre davantage la liberté d’expression et de la presse, sous prétexte de lutter contre les rumeurs et les délits d’information. Continuer à lire … « Deux textes au sujet de deux décrets présidentiels (Tunisie)« 

Emmanuel Macron : l’Algérie et l’histoire

« Nous avons réduit les établissements charitables, laissé tomber les écoles, dispersé les séminaires. Autour de nous les lumières se sont éteintes, (…) nous avons rendu la société musulmane beaucoup plus misérable, plus désordonnée, plus ignorante et plus barbare qu’elle n’était avant de nous connaître. » A. de TocquevilleRapport sur l’Algérie (1847)

« La situation coloniale et la guerre ont soumis la société algérienne à une véritable déculturation. Les regroupements de la population, l’exode rural et les atrocités de la guerre ont précipité en l’aggravant le mouvement de désagrégation culturelle en même temps qu’ils l’ont étendu aux régions relativement épargnées jusque-là (…). Expérience catastrophique de chirurgie sociale, la guerre a fait table rase d’une civilisation dont on ne pourra plus parler qu’au passé. » P. Bourdieu (1958)

Les amateurs d’éléments de langage rebattus, de formules creuses, de phrases ronflantes et de clichés, élaborés par les scribes de l’Elysée et répétés ad nauseam lors du dernier voyage officiel d’Emmanuel Macron en Algérie, auront été servis. Les relations entre ce pays et la France depuis 1830 ? Une « histoire commune », « d’amour » même avec « sa part de tragique » qu’il faut « regarder en face » et « sans tabou ». Les buts de cette visite ? « L’amitié », bien sûr, après quelques menues fâcheries désormais oubliées ce qui permet « de se réconcilier » et de sceller « un partenariat renouvelé » et forcément ambitieux.

A cela s’ajoute la volonté de rencontrer « la jeunesse » pour mieux se tourner vers « l’avenir » puisque, comme chacun le sait, en Algérie et en France, c’est elle qui demain l’écrira librement dans la joie et l’allégresse. N’oublions pas la déclaration finale qui clôt, selon la fable élaborée pour la circonstance, une admirable romance politico-personnelle. Décidée de façon inopinée, cela va de soi, en raison de « l’enthousiasme » suscité par ces trois jours de visite, et de « l’intimité » qui unit désormais ces deux présidents, on peut lire dans cette déclaration que les deux pays « renouvellent leur engagement à inscrire leurs relations dans une dynamique de progression irréversible. »

Sublime sommet de rhétorique étatique, extatique aussi, confortée par de multiples mises en scène et photos officielles d’embrassades, d’effusions réciproques et de déambulations main dans la main destinées à sceller la énième réconciliation du prétendu couple franco-algérien dont nul n’ignore les relations tumultueuses, pour le moins. Continuer à lire … « Emmanuel Macron : l’Algérie et l’histoire »

Algérie coloniale : les historiens ont déjà travaillé, messieurs les présidents!

Lors de son récent voyage à Alger, le président de la République française a, aux côtés de son homologue algérien, annoncé la création d’une « commission d’historiens » franco-algérienne à laquelle seraient « ouvertes toutes les archives algériennes et françaises ». Il a aussi indiqué qu’elle serait composée de « 12 historiens » des deux nationalités et qu’elle travaillerait « pendant un an ».

A quoi servira cette commission d’historiens, dont, pour l’heure, on ignore la composition et la date d’installation ? Selon le président français, son travail consistera à « regarder l’ensemble de cette période historique (…) du début de la colonisation à la guerre de libération, sans tabou, avec une volonté (…) d’accès complet à nos archives ». « On va laisser les historiens travailler », a-t-il encore commenté devant la presse.

Le président Macron affectionne les commissions dont les membres sont désignés par lui pour aborder une question politiquement « sensible », en lien avec le passé colonial. Même si des chercheurs spécialistes de la question avaient été écartés délibérément, le but du travail de la « commission Duclert » missionnée en 2019 était relativement clair. Il s’agissait d’explorer les archives sur un point d’histoire bien délimité : le rôle de la France dans le génocide des Tutsis au Rwanda. Cette fois, le programme de cette commission sur l’Algérie coloniale laisse véritablement pantois. Continuer à lire … « Algérie coloniale : les historiens ont déjà travaillé, messieurs les présidents! »

Communiqué des Associations et Organisations tunisiennes

Non à la Constitution de la concentration des pouvoirs

Après consultation du projet de la Constitution, soumis par le président de la République à referendum populaire le 25 juillet 2022, les Organisations et les associations tunisiennes, réunies le 5 juillet 2022, déclarent que : Continuer à lire … « Communiqué des Associations et Organisations tunisiennes »

29 morts aux frontières européennes : L’accord Espagne-Maroc sur l’immigration tue !

Les tragiques évènements du 24 juin 2022 sur le frontière entre Nador et Melilla au Maroc rappellent, avec violence, l’échec des politiques migratoires sécuritaires. Les 27 morts et les centaines de blessés du côté des migrants comme ceux du côté des forces d’ordre marocaines sont le tragique symbole de politiques européennes d’externalisation des frontières de l’Union européenne (UE), avec la complicité d’un pays du Sud, le Maroc. La mort de ces jeunes africains sur les frontières de la « forteresse européenne » alerte sur la nature mortifère de la coopération sécuritaire en matière d’immigration entre le Maroc et l’Espagne. Continuer à lire … « 29 morts aux frontières européennes : L’accord Espagne-Maroc sur l’immigration tue ! »