Sonita Alizadeh – Mariées à Vendre (… brides for sale) + L’artiste. Shamsia Hassani (et autres textes)

  • Sonita Alizadeh – Mariées à Vendre (… brides for sale)
  • L’artiste. Shamsia Hassani
  • Bruna Alasia : Mostra de Venise 2021 : l’appel des réalisatrices Karimi et Mani pour venir en aide aux artistes afghans
  • Roksana Bahramitash : Mes soeurs afghanes

 

Sonita Alizadeh est une rappeuse et une militante contre le mariage forcé, née à Hérat en Afghanistan en 1996. Elle échappe à 10 ans à un premier mariage forcé (le mariage précoce étant considéré comme un moyen de protéger l’honneur d’une jeune fille dans la tradition afghane). Elle atterrit dans un centre pour enfants réfugiés qui la scolarise et l’emploie à mi-temps comme femme de ménage. Elle se met à écrire du rap pour exprimer sa colère face au sort qui est réservé aux jeunes filles dans son pays. Elle chante ses textes devant ses copines et fait du porte-à-porte pour essayer de trouver un producteur pour ses poèmes mis en musique. C’est à ce moment que la réalisatrice Rokhsareh Ghaem Maghami se met à tourner un documentaire sur Sonita. Continuer à lire … « Sonita Alizadeh – Mariées à Vendre (… brides for sale) + L’artiste. Shamsia Hassani (et autres textes) »

Blu, l’activiste

Blu est un Italien de Bologne, né en 1980, originaire d’Argentine qui a commencé sa carrière en 1999 en Italie avec deux pratiques esthétiques qui vont se compléter et s’interpénétrer, le street art et la vidéo. En fait, son nom « Blu », bleu en italien, ne dit rien de son travail. Pas davantage son origine argentine et la connaissance de sa ville de naissance. L’homme n’écrit pas, refuse de répondre aux demandes d’interview. Ses « murs » ne répondent jamais à des commandes rémunérées. Il met sur les réseaux sociaux des photographies de ses œuvres et de ses vidéos d’animation. Il vit de la vente de reproductions de ses « murs » via sa boutique en ligne. Pour compléter le tableau du personnage, il détruit ou fait détruire ses œuvres quand des marchands du Temple veulent en tirer profit (1). Continuer à lire … « Blu, l’activiste »

Snik, le pochoir revisité.

Décembre 2018, mur de la rue Oberkampf. 15 heures et il fait déjà presque nuit. Le Café Charbon est fermé : c’est lundi. Sur le mur géré par l’association bien nommée « Le Mur », une très jolie femme me regarde. Elle est de profil mais retourne vers moi son visage. Elle ne sourit pas. Elle me regarde fixement sûre de sa rayonnante beauté. Elle est coiffée de fleurs. Cela m’évoque les jeunes filles en fleurs de Russie ou d’Ukraine qui lors des fêtes portent des couronnes de fleurs champêtres entrelacées dans leurs cheveux. Un violet pâle et un jaune décoloré soulignent l’éclat des pétales, en demi teintes. Le portrait est noir et blanc, à peine ponctué par un brouillard subtil de couleurs surannées. Il se détache du mur noir. Noir et blanc sur le fond noir « de mes nuits blanches ». Une femme nue certainement, je le devine, belle et froide comme son Albion natale. Sur sa joue droite, se dessine comme une ombre. Je ne parviens à comprendre sa signification. La beauté épurée de ses artifices se conjugue au mystère. Continuer à lire … « Snik, le pochoir revisité. »

Dale Grimshaw et la cause papoue

Ce n’est pas pour me vanter mais je n’ai rien de particulièrement intéressant à dire sur nos actuels heurs et malheurs. N’étant pas dans la confidence des puissants, je sais ce que tout le monde sait. Par contre, j’ai des choses intéressantes à dire sur les Papous. Plus précisément sur le traitement de la cause papoue par un artiste anglais Dale Grimshaw.  Continuer à lire … « Dale Grimshaw et la cause papoue »

Os gêmeos : La Ville, un musée à ciel ouvert ?

Tout bien considéré, j’ai la faiblesse de penser que les frères Pandolfo ont du génie. Fait remarquable et remarqué, ce sont de vrais jumeaux qui créent ensemble une œuvre syncrétique à un point tel qu’il n’est guère possible de faire le départ entre ce que fait l’un et ce que fait l’autre. Leur création forte, cohérente, originale, a amené des critiques à interroger les Jumeaux sur cette symbiose étonnante. Dans un entretien récent, ils répondaient : « Nous sommes complémentaires : l’un complète la pensée de l’autre tout le temps. Notre processus créatif nous paraît si naturel, même s’il est difficile à expliquer. C’est comme s’il y avait un lien, qui nous gardait continuellement connectés, même lorsque nous sommes loin l’un de l’autre. Un lien éternel ». Ils résument ce lien exceptionnel par une courte phrase saisissante « Un monde, une voix. » Continuer à lire … « Os gêmeos : La Ville, un musée à ciel ouvert ? »

Black lines, le graffiti politique.

30 mai 2018, rue d’Aubervilliers. La rue relie deux quartiers pauvres de Paris. D’un côté, le quartier de La Chapelle situé dans le 18ème arrondissement. De l’autre, le quartier Flandre dans le 19e arrondissement. Le mauvais côté du canal de l’Ourcq, frontière symbolique entre les très pauvres Orgues de Flandre, les 14 tours de la rue Curial, des Français laissés sur le bord du chemin et des étrangers. De l’autre, leurs frères de misère, confinés dans des HLM en briques rouges des années 30, d’autres des années 60 et quelques bobos arty attirés par les eaux glauques du canal de l’Ourcq, le parc de La Villette, les Buttes-Chaumont et le mètre carré le moins cher de la capitale. Continuer à lire … « Black lines, le graffiti politique. »

Guy Denning, le retour des Poilus

« Je l’ai rencontré par hasard », et tout de suite ça a été le coup de foudre. D’abord son dessin, son trait, la spontanéité du geste juste, son expressivité, sa violence, l’économie des moyens, sa force. En quelques traits, sur des supports aussi différents que le papier à dessin, le papier craft, le papier journal, les pages d’un magazine, bref sur tout ce qui ressemble de près ou de loin à du papier, j’ai été saisi par ses dessins et, comme disent les germanopratins, interpellé. En effet, sans le plus souvent recourir à la couleur, Denning avec quelques traits que l’on croirait jetés à la diable parvient en moins de temps qu’il ne faut pour le dire à créer l’émotion. Continuer à lire … « Guy Denning, le retour des Poilus »

Loodz, voyages intergalactiques.

Donner une idée du travail d’un artiste est une gageure. La principale variable trop souvent oubliée est le temps. Le temps, celui qui passe, est le même pour tous les artistes. Enfonçons quelques portes mal fermées. Si le mot « œuvre » désigne l’ensemble de la production d’un artiste, l’analyse d’une seule production ou d’un moment de celle-ci ne rend pas compte de l’« œuvre » d’un artiste. Je crois pouvoir écrire sans me tromper que tous les peintres, les plasticiens, tous les sculpteurs (soyons fou et excessif ! voire tous les créateurs) ont eu des « périodes ». L’actualité nous amène à citer à titre d’exemple Picasso et ses périodes rose et bleu mais nous pourrions également distinguer des périodes dans l’œuvre de Monet, de Cézanne, de Matisse, de Van Gogh, de Nicolas de Staël, et de tant d’autres. Continuer à lire … « Loodz, voyages intergalactiques. »

« Le bouquet de tulipes » de Koons, une œuvre ratée. Deuxième épisode.

En installant dans un jardin public « Le bouquet de tulipes » de Koons derrière le Petit Palais, l’exécutif et la mairie de mairie veulent mettre un terme à un long, trop long, imbroglio diplomatique et faire pièce aux contempteurs de l’œuvre. Il est probable, mais pas certain, que tout se passe comme prévu. Le président Trump, dont on connait le goût très sûr en matière d’art, sera content, à coup sûr. Quant aux opposants, une seule de leurs revendications a été satisfaite : la non-installation de la statue au Palais de Chaillot. Pour le reste du projet, rien ne change. La statue et son socle, actuellement en fabrication, seront conformes au projet initial.

Ainsi, « Le bouquet de tulipes », financé en partie par les impôts des Parisiens, aura rang parmi les chefs d’œuvre de l’art contemporain à Paris : la pyramide du Louvre, les colonnes de Buren, le Centre Pompidou, etc. Or, j’ose avancer que cette œuvre est loupée. Simplement, loupée. Continuer à lire … « « Le bouquet de tulipes » de Koons, une œuvre ratée. Deuxième épisode. »

« Le bouquet de tulipes » de Koons, l’enquête. Premier épisode.

Le super cadeau offert par les puissants Etats-Unis d’Amérique à la France et à la Ville de Paris en gage de son amitié après les massacres de 2015, une œuvre phare conçue par Jeff Koons érigée dans le centre historique de Paris et on se contente pour annoncer cet évènement d’une discrète conférence de presse tenue par Christophe Girard, adjoint à la Culture ! L’objectif fut brillamment atteint : la nouvelle fit quelques lignes dans la presse et fut tout aussi discrètement relayée dans les médias. Continuer à lire … « « Le bouquet de tulipes » de Koons, l’enquête. Premier épisode. »

Gérard Zlotykamien, les Éphémères

Si Lagardère vient à toi, il en est tout autrement avec les œuvres de street art : il faut aller les chercher. Chercher dans les galeries (certains galeristes font un remarquable travail de découverte des artistes et de promotion de leurs œuvres), dans les musées (en fait, en France ce sont des collections privées plus ou moins ouvertes au public), dans la rue (il serait temps de rendre au street art son sens premier, ce sont des œuvres (d’art) qui sont dans la rue). J’ai la faiblesse de penser que les œuvres des street artists qui sont dans des lieux dédiés au commerce de l’art sont des œuvres d’art contemporain urbain. Gardons l’expression consacrée aujourd’hui par l’usage de « street art » aux œuvres situées dans la rue et ayant comme public potentiel les badauds, les piétons… et non les amateurs d’art ou les collectionneurs. Continuer à lire … « Gérard Zlotykamien, les Éphémères »

Okuda : de l’exercice de style à la création surréaliste

Okuda est apparu sur les écrans radars des amateurs de street art en réalisant la décoration intérieure et extérieure d’une église. Cette œuvre peut être considérée comme un chef d’œuvre, c’est-à-dire un manifeste de l’art de son créateur. Continuer à lire … « Okuda : de l’exercice de style à la création surréaliste »

Jules Ferrand sort sa montre de son gousset

Jules Ferrand sort sa montre de son gousset. Dix heures viennent de sonner au clocher de Saint-Eustache annonçant la fermeture du marché des B.O.F. Les beurre-œuf-fromage ont acheté leur marchandise, fait le tour des caisses des mandataires pour payer, ramasser les achats, chargé les camions place Beaubourg. Il a un petit sourire aux bords des lèvres : c’est une bonne journée qui s’annonce. Il a trouvé une belle meule de gruyère extra, un vieux Salers et tout ça sans facture. C’est toujours ça que le percepteur n’aura pas. Et puis, avec ses copains, les crémiers de la rue Montorgueil, ils ont cassé la croûte dans leur resto attitré. Germaine, la patronne, elle avait fait griller des andouillettes de Vire. Une andouille bien dorée avec un Bourgueil 47, une bonne année. Un régal. Pour se rassurer, il met la main dans la poche intérieure de sa veste de velours ; son portefeuille est là, bien gonflé par les billets. Il a le temps d’aller voir la Simone.  Continuer à lire … « Jules Ferrand sort sa montre de son gousset »

S7TH VIXI, vaincre ses démons

Prendre pour blaze, pour nom d’artiste, S7TH VIXI, avouons-le n’est pas banal. Au-delà de l’originalité, Aurélien Ramboz est trop cultivé pour avoir laissé le hasard jouer aux dés. S7TH se prononce comme le chiffre 7 mais son orthographe le distingue d’un autre street artist auquel j’ai déjà consacré un billet : SETH, comme le dieu égyptien du désert, de l’orage, des oasis, des étrangers et protecteur de la barque solaire.  Continuer à lire … « S7TH VIXI, vaincre ses démons »

Banksy à Paris : ça fait du bien de rire !

Le monde va mal, comme d’habitude (un lecteur attentif et sympa pourrait-il me dire quand notre monde allait bien !) Le grand mystère qui agite toutes les rédactions est de savoir si les pochoirs trouvés par quelques badauds curieux sont de Banksy, mais où sont donc les pochoirs ? Qui se cache derrière le nom de Banksy ? Que signifie les pochoirs de l’artiste anglais ? Est-ce vraiment Banksy qui les a faits ? etc. Continuer à lire … « Banksy à Paris : ça fait du bien de rire ! »

Que du bonheur ! Le village aux 100 fresques.

La pratique du street art, dans sa version « in the street », est une activité saisonnière. Comme la cueillette des cerises, le ramassage des betteraves ou la récolte du raisin. Dans nos pays de froid et de pluie, il y a des jours, et ils sont nombreux, où on ne peut pas décemment mettre un street artist au pied du mur. Le retour des hirondelles, l’allongement des jours, sont autant de signes annonciateurs d’une nouvelle saison. Les graffs, les fresques partent à la conquête des murs. Les places sont chères ; certaines œuvres ont des durées bien courtes. Certaines ne passent pas la nuit ! A croire que les villes manquent de murs ! Les murs « autorisés » sont pris littéralement d’assaut. On se bat pour avoir sa place au soleil (printanier). Les fresques vandales poussent toujours plus loin le bouchon. Pas vus, pas pris. Bref, les beaux jours annoncent chaque année une nouvelle conquête de l’espace. Continuer à lire … « Que du bonheur ! Le village aux 100 fresques. »

Yola, mettre en scène notre culture picturale.

Pour la troisième année, la galerie The Wall 51, l’association DAM et la mairie du 19ème arrondissement de Paris ont organisé, en juin, le Festiwall. Le « line-in » était impressionnant, qu’on en juge ! Basto, Crey 132, Daco, JBC, Jérôme Mesnager, Jo Di Bona, Joachim Romain, Justin Person, Kashink, Madame Moustache, Philippe Hérard, Stew, Tea, Ymas.  Continuer à lire … « Yola, mettre en scène notre culture picturale. »