Le mariage forcé en Inde et au Népal

Le mariage forcé est encore très fréquent en Inde et au Népal, distordant les réalités des jeunes filles. Un phénomène qui a été mis en avant au cours du panel « Youth-led to dismantling Child, Early, Forced Marriage and Union » organisé par Girls Not Brides. Selon l’ONG, douze millions de filles sont mariées avant l’âge de 18 ans, ce qui équivaut à vingt-trois filles par minute.

Lorsqu’elles sont forcées dans un mariage, les filles arrêtent leurs études et prennent le rôle de femme au foyer, ce qui les isole de leur entourage. L’organisme Girls Not Brides insiste sur le fait que lorsqu’un mariage est fait, il doit automatiquement être avec une femme majeure et non une fille puisque celles-ci pensent souvent que la violence est normale au sein d’un couple. En effet, se disputer en présence des enfants est très commun pour les parents, ce qui altère la réalité de ce qui fait une relation de couple saine. Ainsi, il faut insister et éduquer les parents sur le modèle qu’ils transmettent à leurs enfants. Les panélistes proposent donc de mettre en place des programmes pour apprendre aux parents les risques d’un mariage forcé et leur transmettre les clefs pour diminuer ces risques. Continuer à lire … « Le mariage forcé en Inde et au Népal »

Sehjo Singh : « Le système des castes a besoin du patriarcat pour rester fort »

En Inde, la déforestation et le patriarcat vont de pair ; par conséquent, le féminisme et l’écologie doivent également se construire ensemble

Sehjo Singh fait partie de la Confluence des alternatives (en hindou, Vikalp de Sangam), une articulation d’organisations et de mouvements de défense de la nature, des communautés et de la souveraineté alimentaire en Inde. Sehjo a accordé cette interview lors de la 13e Rencontre internationale de la Marche mondiale des femmes, à Ankara, Turquie. Lors de la rencontre, la présence de délégations de pays asiatiques parmi les militantes du mouvement et les organisations alliées était significative.

À l’occasion, Capire a parlé avec Sehjo de l’histoire de la construction du féminisme en Inde et des résistances et alternatives actuelles proposées par les femmes de la région. Selon Sehjo, les confrontations anti-patriarcales impliquent une critique du système des castes et de la lutte pour la terre, basée sur la réalité et les besoins des femmes populaires. Pour elle, la première bataille à mener est de reconnaître la centralité des agricultrices dans la production alimentaire et dans la garantie de la biodiversité : « Cela ne veut pas dire que les femmes contribuent – je dirais que ce sont les femmes qui la soutiennent». Continuer à lire … « Sehjo Singh : « Le système des castes a besoin du patriarcat pour rester fort » »

« La démolition de la démocratie en Inde affectera le monde entier »

Appel dramatique au monde sur la nazification de l’inde

Nous publions de larges extraits de l’intervention de l’écrivaine et intellectuelle Arundhati Roy, à l’occasion de la réception du 45e Prix Charles-Veillon 2023, le Prix européen de l’Essai. Il lui a été décerné pour l’ensemble de son œuvre, à l’occasion de la publication de Azadi – Liberté, fascisme, fiction (Paris, Gallimard, 2021, trad. Irène Margit).

Je remercie la Fondation Charles Veillon de m’avoir honoré du Prix européen de l’essai 2023. (…) Étape par étape, la descente de l’Inde vers un régime majoritariste (même si certains y voient une ascension), fut défini, pour ensuite évolué vers le fascisme à part entière. Oui, nous continuons à organiser des élections et, pour cette raison, afin de garantir une circonscription fiable, le message de suprématisme hindou du parti au pouvoir, le Bhartiya Janata, a été diffusé sans relâche auprès d’une population de 1,4 milliard de personnes.

Par conséquent, les élections sont devenues une saison de meurtres, de lynchages et de messages codés attisant la haine – la période la plus dangereuse pour les minorités indiennes, les musulmans et les chrétiens en particulier. Ce ne sont plus seulement nos dirigeants que nous devons craindre, mais toute une partie de la population. La banalité du mal, la normalisation du mal se manifestent désormais dans nos rues, dans nos salles de classe, dans de très nombreux espaces publics.La presse grand public, les centaines de chaînes d’information en continu, ont été exploitées pour la cause du majoritarisme fasciste. La Constitution indienne a été effectivement mise de côté. Le Code pénal indien est en cours de réécriture. Si le régime actuel obtient la majorité en 2024, il est très probable que nous verrons une nouvelle Constitution. Continuer à lire … « « La démolition de la démocratie en Inde affectera le monde entier » »

Les manifestants dénoncent la montée du fascisme en Inde et protestent contre la montée des groupes suprémacistes hindous au Canada

Montréal, QC, Ottawa, ON, Toronto, ON, 20 août 2023. Une centaine de manifestants venus de plusieurs villes, dont Montréal, la région du Grand Toronto et Ottawa, ont convergé à Ottawa pour souligner l’urgence de remédier aux violations des droits humains en Inde et de lutter contre la montée des idéologies extrémistes Hindutva (suprémacistes hindous) au Canada.

Soixante-seize ans après son indépendance de la domination britannique, l’Inde devient de plus en plus un État fasciste sous le gouvernement ultranationaliste hindou dirigé par le premier ministre Narendra Modi. Les manifestants ont défilé pour s’opposer à la haine et ont fait entendre leur voix pour défendre la démocratie et soutenir une vision pluraliste, multiconfessionnelle et multiethnique de l’Inde. Ils ont également dénoncé la croissance prolifique des groupes hindutva ou suprémacistes hindous au Canada, qui propagent la haine dans les écoles, sur les plateformes numériques et dans les forums communautaires. Continuer à lire … « Les manifestants dénoncent la montée du fascisme en Inde et protestent contre la montée des groupes suprémacistes hindous au Canada »

« Notre indifférence à l’égard de l’Ukraine nuit à notre lutte en Inde »

Kavita Krishnan est aujourd’hui l’une des personnalités éminentes des mouvements de gauche et des femmes en Inde. Elle se bat depuis longtemps pour les droits des femmes, des travailleurs et des communautés discriminées, jouant un rôle crucial dans des campagnes massives pour mettre fin à la violence contre les femmes. Dans ses textes, elle analyse les problèmes de la société indienne et les expériences de lutte d’un point de vue féministe marxiste.
En réponse à l’invasion à grande échelle de l’Ukraine, Kavita Krishnan a réussi à amener le Parti communiste indien (marxiste-léniniste) Libération à condamner l’agression russe plus clairement que les autres organisations politiques indiennes et à organiser des manifestations de rue contre l’agression russe. Cependant, le CPI (ML) n’a pas fait preuve d’une solidarité efficace avec le peuple ukrainien, ce qui a poussé Kavita à quitter la direction du parti et son organisation de femmes, dont elle était membre depuis plus de deux décennies.
Aujourd’hui, la voix de Kavita Krishnan en faveur de l’Ukraine est l’une des plus fortes parmi les intellectuels des pays du Sud. Dans ses nombreux discours et articles, elle dénonce le slogan poutiniste d’un « monde multipolaire » et l’internationalisme réactionnaire du Kremlin, qui fédère des régimes autoritaires et des forces d’extrême droite à travers le monde. Elle appelle à la solidarité entre les mouvements de libération qui résistent aux tendances antidémocratiques en Inde même et ailleurs.
Dans la première partie de l’interview, que nous avons publiée plus tôt, vous avez pu lire sur les inégalités, les luttes de gauche et les répressions en Inde. La deuxième partie [publiée ici] est consacrée à l’impact de la guerre russo-ukrainienne sur les positions de la gauche indienne et de la société indienne en général.
La rédaction de Commons

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Non à la venue de Narendra Modi en France

  • Détérioration des droits humains en Inde : « Non à la venue de Narendra Modi en France »
  • Le premier ministre indien Narendra Modi est un personnage qui nourrit une violence d’Etat depuis des décennies
  • Aurelie Leroy : Nouvelle vague de violence contre les minorités en Inde

Détérioration des droits humains en Inde :
« Non à la venue de Narendra Modi en France »

Cette tribune est le fruit d’un constat partagé et d’une préoccupation collective de nombreux acteurs de la société civile en France : mouvements sociaux, organisations de défense des droits humains, syndicats, organisations de solidarité internationale. Certaines de ces organisations sont néanmoins contraintes de demeurer anonymes et ne peuvent apposer leur signature car cette dernière risquerait de mettre en danger leurs partenaires indiens.

Alors que Narendra Modi, Premier Ministre de l’Inde, a été désigné comme l’invité d’honneur de la fête nationale du 14 juillet prochain – censée célébrer les droits humains – nous, organisations de la société civile, faisons part de nos vives inquiétudes face à la restriction majeure de l’espace civique, aux atteintes aux droits humains et aux violences récurrentes en Inde, en particulier à l’encontre des minorités notamment religieuses. Continuer à lire … « Non à la venue de Narendra Modi en France »

Les organisations de défense des droits des migrant-e-s et les groupes de la diaspora sud-asiatique de partout au Canada sont en faveur d’une solution permanente pour les étudiant-e-s internationaux d’origine indienne

Calgary, Edmonton, Montréal, Toronto, Vancouver, Winnipeg, 20 juin 2023 –
Les organisations de défense des droits des migrant-e-s et les groupes de la diaspora sud-asiatique de partout au Canada demandent expressément au ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Sean Fraser, de mettre un arrêt définitif à l’expulsion d’un grand nombre d’étudiant-e-s internationaux originaires d’Inde.

« Ces étudiant-e-s sont entré-e-s au Canada comme n’importe quel-le autre étudiant-e international-e et iels ne devraient pas avoir à supporter le fardeau de la preuve à cause de fraudes commises par des consultant-e-s en immigration et des recruteur-euse-s en éducation. Nous le répétons, le fardeau de la preuve ne devrait pas incomber aux étudiant-e-s, victimes de la fraude » mentionne la lettre conjointe. La réception d’un ordre d’expulsion et la précarité de devoir vivre avec la menace constante d’être séparé-e-s de leurs familles et déraciné-e-s de leurs communautés, ainsi que les luttes et les troubles qui en découlent, constituent un processus douloureux et une punition en soi. Continuer à lire … « Les organisations de défense des droits des migrant-e-s et les groupes de la diaspora sud-asiatique de partout au Canada sont en faveur d’une solution permanente pour les étudiant-e-s internationaux d’origine indienne »

La chasse aux sorcières du gouvernement Modi de l’Inde contre une universitaire et militante de renommée internationale ayant des liens avec le Canada, est condamnée par les organisations de la société civile diasporique.

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17 mai 2023. Le harcèlement et l’intimidation par le régime Modi de personnalités publiques progressistes qui s’opposent à ses politiques et à
ses actions qui sèment la discorde se poursuivent depuis neuf ans.

La dernière victime à date est l’intellectuelle publique et militante des droits humains *Navsharan Singh* (Ph.D. Université de Carleton), fille de la légendaire personnalité théâtrale feu Gursharan Singh, et personnalité publique progressiste bien connue en Inde et à l’étranger.

Selon la presse, Mme Navsharan Singh a été interrogée pendant huit heures pour violation présumée de la loi sur la prévention du blanchiment d’argent (PMLA).

Ce harcèlement ciblé contre elle est lié à son association avec le groupe Karwan-e-Mohabbat [1] (Caravane de l’amour) de l’activiste social Harsh Mander, qui apporte son soutien aux catégories les plus marginalisées et les plus démunies de la société indienne, en particulier les minorités qui sont souvent victimes de la violence des hommes de main des organisations sectaires de l’Hindutva. Continuer à lire … « La chasse aux sorcières du gouvernement Modi de l’Inde contre une universitaire et militante de renommée internationale ayant des liens avec le Canada, est condamnée par les organisations de la société civile diasporique. »

L’IMSD déplore la diabolisation des minorités sexuelles par les musulmans de droite du Kerala

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Les musulmans indiens pour la démocratie laïque (IMSD) condamnent fermement l’effort concerté de la droite musulmane du Kerala – y compris les dirigeants du Jamaat-e-Islami et de l’Indian Union Muslim League (IUML), ainsi que certains sites web gérés par des musulmans – pour ridiculiser, vilipender, dénigrer et diaboliser les musulmans qui font partie de la communauté LGBTQIA+.

Il est tragique de constater qu’alors que la communauté musulmane minoritaire en Inde est elle-même la cible d’une islamophobie rampante, les conservateurs parmi eux profèrent des discours de haine à l’encontre des minorités sexuelles (une minorité au sein d’une minorité). Quelle est la logique ou l’éthique qui fait que l’islamophobie est condamnable mais que l’homophobie, la queerphobie ou la transphobie sont justifiées ? Il n’est pas surprenant que la droite musulmane ait beaucoup en commun avec la droite hindoue. Continuer à lire … « L’IMSD déplore la diabolisation des minorités sexuelles par les musulmans de droite du Kerala »

En soutien à Divya Dwivedi et Shaj Mohan

Divya Dwivedi et Shaj Mohan sont parmi les philosophes les plus importants vivants aujourd’hui. Dwivedi et Mohan ont développé leur pensée au-delà de la conception « occidentale » de la philosophie au sein d’une communauté d’amitié avec Jean-Luc Nancy, Bernard Stiegler, Achille Mbembe et Barbara Cassin. Leur projet avec Jean-Luc Nancy est de trouver un nouveau départ pour la philosophie au-delà des histoires de la philosophie géo-politisées et « racialisées » tout en reconnaissant les enseignements de la déconstruction de la philosophie entreprise par Heidegger et Derrida. Leurs contributions de chercheurs sont précieuses non seulement pour la discipline de la philosophie, mais aussi pour les sciences et la politique.  Continuer à lire … « En soutien à Divya Dwivedi et Shaj Mohan »

La subversion n’est pas seulement essentielle à la démocratie ; elle est fondatrice de notre humanité

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Ce livre a une forme particulière, il s’agit d’« un récit non fictionnel à la première personne construit à partir d’articles universitaires ». Alpa Sha parle de son expérience d’immersion dans la jungle avec la guérilla, du quotidien partagé, des contradictions de cette forme particulière de lutte contre les pouvoirs étatiques et les exactions de militaires. Elle présente certaines personnes emblématiques avec empathie et regard critique, [« Critique sans dézinguer la lutte, voilà qui n’est pas facile, et c’est justement le tour de force d’Alpa Shah » – préface de l’éditrice], discute des pratiques sociales des adivasis et des membres de la guérilla, souligne les difficultés liées aux choix idéologiques et aux pratiques sociales (dont les effets des socialisations), aborde les questions de justice sociale et d’émancipation. L’autrice mêle réflexions sur le quotidien, les comportements, l’engagement, les effets de luttes armées et de la violence, les dangers et les dérives, les compromis et la reproduction des relations de domination, les éléments de morale renforçant les asymétries dans les rapports sociaux de sexe, les intérêts communs ou contradictoires des un·es et des autres… Continuer à lire … « La subversion n’est pas seulement essentielle à la démocratie ; elle est fondatrice de notre humanité« 

Liberté pour Teesta Setalvad, liberté pour le journalisme militant

En solidarité avec la campagne pour la liberté de Teesta Setalvad, nous partageons un extrait de ses mémoires sur la couverture journalistique engagée en faveur des droits humains

La journaliste et activiste indienne Teesta Setalvad a été arrêtée aux premières heures du 25 juin 2022, à son domicile dans la ville de Bombay, après avoir déposé un rapport de police dans lequel elle aurait fait pression sur des témoins et produit des documents sur le massacre de musulmans dans l’État indien du Gujarat en 2002. Teesta Setalvad est en détention avec deux anciens fonctionnaires gouvernementaux avec lesquels elle avait travaillé pour recueillir et diffuser des informations sur les massacres : RB Sreekumar et Sanjiv Bhatt. Le mandat d’arrêt a été émis après que la Cour suprême de l’Inde a ordonné l’enquête sur la journaliste pour son rôle dans la lutte pour la justice en faveur des survivants et des victimes du massacre. 

La défenseure des droits humains se trouve dans une cellule de prison de la ville d’Ahmedabad, en Inde, tandis que les responsables des violences occupent des postes de pouvoir. Continuer à lire … « Liberté pour Teesta Setalvad, liberté pour le journalisme militant »

A partir du livre d’Alpa Shah, le livre de la jungle insurgée

Quelques questions posées au mouvement révolutionnaire mondial

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Je suis très heureux et honoré de participer à la présentation du livre de Alpa Shah en sa présence. Merci à la librairie Quilombo d’avoir organisé cette soirée et merci à Naïké Desquesnes, l’éditrice, d’avoir publié aux Editions de La dernière lettre, la traduction de ce livre et pour la pertinente et brillante introduction qu’elle a rédigé. Continuer à lire … « A partir du livre d’Alpa Shah, le livre de la jungle insurgée« 

En Inde, l’économie des petits boulots trahit les travailleuses

« Nous vous confierons des emplois en fonction du nombre d’heures et de jours où vous êtes disponible pour travailler. Si vous souhaitez travailler pendant deux heures, nous vous affecterons du travail uniquement pendant deux heures. Nous vous proposerons des missions un jour à l’avance et les missions auront lieu dans votre région afin que vous ne perdiez pas de temps dans les déplacements ». Voilà ce que son manager a dit à Seema Singh, 35 ans, lorsqu’elle a rejoint Urban Company, il y a quatre ans. Urban Company est une plate-forme en ligne qui propose des services professionnels à la demande et à domicile, notamment des soins de beauté ou du nettoyage professionnel. Continuer à lire … « En Inde, l’économie des petits boulots trahit les travailleuses »

Paysannes indiennes : une année de lutte intense

Chukki Nanjundaswamy, de Via Campesina, a évoqué ce qui s’est passé après les mobilisations et les protestations des agricultrices et agriculteurs dans le pays

Depuis novembre 2020, les paysannes indiennes se battent pour leurs droits, qui sont constamment menacés par le gouvernement autoritaire d’extrême droite dirigé par le Premier ministre Narendra Modi. Le pays lutte en partenariat avec des multinationales contre le programme de Modi, qui met en danger la vie de nombreux agriculteurs du pays, en particulier des femmes. 80% de la nourriture indienne est produite par des femmes. Elles sont majoritaires dans les champs et les plantations, même si elles ne sont pas officiellement considérées comme des agricultrices. Et ce sont elles qui souffrent le plus du manque de politiques publiques. Continuer à lire … « Paysannes indiennes : une année de lutte intense »

Comment le mouvement syndical a contribué à mettre en échec la législation favorable aux entreprises en Inde et en Indonésie (+ Inde : Grève générale massive de deux jours)

À la fin de l’année 2021, en Asie, deux mouvements qui ont mené une lutte acharnée ont vu leurs efforts porter leurs fruits : les travailleurs ont remporté des victoires en Inde et en Indonésie contre les mesures gouvernementales visant à réduire les droits du travail au nom de la croissance économique. En novembre 2021, en Inde, les manifestations menées par les agriculteurs, qui avaient occupé les rues du pays pendant plus d’un an, ont forcé le gouvernement à abroger ses lois agricoles qui avaient suscité de très fortes critiques. Continuer à lire … « Comment le mouvement syndical a contribué à mettre en échec la législation favorable aux entreprises en Inde et en Indonésie (+ Inde : Grève générale massive de deux jours) »

Inde : Qu’est ce qui se joue avec cette question du hijab ?

Selon Javed Anand, les laïques doivent soutenir les droits des musulmans dans un monde où l’islamophobie est croissante ; mais ils devraient se garder, ce faisant, de renforcer la droite musulmane.

Pour donner du sens aux voix contradictoires qui s’élèvent dans la communauté des indiens laïques au sujet de la controverse autour du hidjab, nous ferions bien de nous souvenir de cette remarque, vieille d’une décennie et dans un autre contexte, faite par Akeel Bilgrami, philosophe indien du langage et de l’esprit vivant aux Etats Unis : Parfois qui parle est aussi important que ce qui est dit.

D’un côté, il y a une large majorité de laïques – organisations de femmes, féministes indépendantes, partis politiques – en compagnie de leaders religieux et politiques, ainsi que de femmes et d’hommes musulmans laïques, qui voient dans la tentative d’interdire le hijab à l’intérieur des salles de classes dans certains collèges pré-universitaires du Karnataka – sous gouvernement BJP – un nouvel essai des forces de l’Hindutva pour imposer aux minorités leur agenda majoritaire. En total soutien aux manifestantes musulmanes, ils croient défendre les droits constitutionnels des femmes musulmanes à la liberté religieuse, au droit à l’éducation, au droit à la liberté de choix. Et d’un autre côté, il y a les voix relativement moins nombreuses des femmes et d’hommes musulmans qui s’efforcent d’expliquer que tout ce que demande le Coran, aussi bien des hommes musulmans que des femmes musulmanes, c’est une tenue « modeste » et « décente ». Ni le hidjab ni la burqa totalement couvrante n’ont quelque chose à voir avec les principes de l’Islam. Parmi ces voix, citons Zeenat Shaukat Ali (érudite islamique, auteur de The Empowerment of Women in Islam – L‘autonomisation des femmes en islam), Ghazala Wahab (auteur de Born a Muslim : Some truths about Islam in India – Naitre musulman : quelques vérités sur l’islam en Inde), Zakia Soman (co-organisatrice, Bhartiya Muslim Mahila Andolan), Shabnam Hashmi (Anhad), et plusieurs membres de Musulmans Indiens Pour une Démocratie Laïque (IMSD). C’est un point de vue qu’ils partagent avec une foule d’érudits islamiques des temps modernes, savants internationalement reconnus, aussi bien femmes que hommes.

Un tribunal de grande instance au Karnataka (High Court) est sur le point de délibérer pour savoir si le hidjab fait partie des « pratiques essentielles de l’islam ». Mais voici la pierre d’achoppement : Il y a un seul Coran, mais ses interprétations sont nombreuses. Comme pour n’importe quelle autre religion, on trouve, en pratique, non pas un mais de nombreux islams. Continuer à lire … « Inde : Qu’est ce qui se joue avec cette question du hijab ? »

Les femmes font face à l’État et au fondamentalisme patriarcal pour mettre fin à la violence en Inde

La question de la violence à l’égard des femmes est l’une des violations des droits humains les plus courantes dans le monde. Elle ne se limite pas à une région, à une communauté ou à une famille spécifique, mais affecte continuellement l’ensemble du système politique, culturel, social et économique, et représente l’une des plus grandes menaces au développement et à une paix durable. Plus de 90% des femmes de mon pays, l’Inde, et de toute l’Asie du Sud ont subi des violences physiques, mentales, économiques ou sexuelles tout au long de leur vie. Il s’agit de la plus grande pandémie mondiale.

Des cas tels que le fœticide féminin, le mariage impliquant des enfants, les meurtres au nom de la guerre contre les sorcières, la traite des femmes et des filles, la violence domestique, le harcèlement, le viol et toutes les formes de violence se produisent toujours dans la société. Les conditions de vie des femmes marginalisées, exclues, migrantes et Dalit [1] sont inimaginables. Nous travaillons toute notre vie pour les droits des femmes. La question est donc : pourquoi assistons-nous à une augmentation de ces cas en 2021 ? Continuer à lire … « Les femmes font face à l’État et au fondamentalisme patriarcal pour mettre fin à la violence en Inde »

Inde : Les musulmans laïques s’opposent à la demande de lois anti-blasphème

Déclaration de l’ISMD – Musulmans Indiens Pour une Démocratie Laïque

Les musulmans laïques s’opposent à la demande de lois anti-blasphème

Notre déclaration vient s’opposer à la demande inconstitutionnelle faite par le Bureau Musulman Indien de la Loi sur le Statut Personnel (AIMPLB) (ou : code de la famille) réclamant une nouvelle loi criminalisant le blasphème. Cette déclaration a été signée par presque 400 citoyens laïques de toutes les régions de l’Inde et d’origines diverses : militants sociaux et politiques, avocats, journalistes, écrivains, poètes, acteurs, cinéastes, hommes d’affaires, fermiers…

Une vaste majorité des signataires sont musulmans. Parmi les signataires figurent plusieurs personnalités indiennes, dont Javed Akhtar, Shabana Azmi et Naseeruddin Shah.

L’association des Musulmans Indiens Pour une Démocratie Laïque (IMSD) vous serait reconnaissante de bien vouloir couvrir cette question d’importance socio-politique. Continuer à lire … « Inde : Les musulmans laïques s’opposent à la demande de lois anti-blasphème »

Salut aux paysan·nes de l’Inde ! Une immense victoire pour les mouvements sociaux ! (plus autres textes)

  • Salut aux paysan·nes de l’Inde ! Une immense victoire pour les mouvements sociaux ! (plus autres textes)
  • Ajoy Ashirwad Mahaprashasta : Comment le mouvement des agriculteurs a mis le gouvernement Modi à genoux
  • La victoire des agriculteurs. Les manœuvres électorales et les alliances de Modi. Des défis pour la gauche
  • Indra Shekhar Singh : Les agriculteurs rassemblés à la frontière de Ghazipur célèbrent l’année de mobilisation. Ils jurent de poursuivre le combat
  • Sushovan Dhar : Les agriculteurs indiens signent une victoire
  • Grand succès du mouvement non-violent des agriculteurs indiens

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C’est une immense victoire pour les agriculteur·ices indien·nes, qui menaient une mobilisation historique depuis près d’un an. Le gouvernement indien a annoncé, le 19 novembre, l’abrogation de trois lois agricoles controversées qui menaçaient de privatiser le secteur agricole du pays. Cette victoire constitue d’un récit édifiant sur ce que le pouvoir des populations peut accomplir, même dans les conditions les plus défavorables.

La manifestation des agriculteur·rices indien·nes, l’une des plus grandes mobilisations de l’histoire récente, a un an le 26 novembre 2021. Au cours de cette manifestation historique, les agriculteur·ices et les travailleur·euses ont dû affronter un hiver rigoureux, des pluies torrentielles, une répression brutale et une vague de campagnes visant à criminaliser, emprisonner, diffamer et délégitimer les manifestant.e.s et leurs allié·es. Continuer à lire … « Salut aux paysan·nes de l’Inde ! Une immense victoire pour les mouvements sociaux ! (plus autres textes) »