Sommes nous bien préparés aux guerres impériales à venir ?

En fait, j’avais l’intention d’écrire un article sur la gauche syndicale [1] après deux ans de guerre en Ukraine, de faire une rétrospective de nos affrontements et de passer une nouvelle fois en revue nos positions. Mais cette fois-ci, je n’ai tout simplement pas réussi à porter un regard objectif et analytique sur les différentes positions. Plus je me penchais sur les prises de position d’une partie de ladite gauche syndicale, plus j’étais en colère; l’attitude face à la guerre en Ukraine me laisse tout simplement pantoise. Je vais essayer de l’expliquer aux lecteurs.

La gauche allemande est prisonnière d’une logique qui était déjà fausse en 1989
L’invasion de l’Ukraine par la Russie remonte à deux ans. C’est un événement qu’on ne peut pas voir loupé et on sait quelles pensées et émotions elle a suscitées. Comme le jour de la chute du mur de Berlin en 1989, il est devenu évident que ce 24 février 2022 constituait un tournant historique et que cet événement aurait bientôt des répercussions dans le monde entier.

Malgré toutes les différences, ces deux dates historiques indiquaient que les rapports de force mondiaux qui prévalaient jusqu’alors avaient changé. À partir de 1989, le bloc soviétique et l’Union soviétique se sont désintégrés à un rythme vertigineux ; l’Occident est sorti de cette désintégration comme « le meilleur des mondes ». Dans les pays qui se sont libérés de la dépendance coloniale et impériale, aucun désir socialiste n’est apparu. Au contraire, la population de tous les anciens pays du « socialisme réel » et de certaines anciennes Républiques soviétiques voulait un capitalisme social-étatique. Affirmer une position de gauche dans ce contexte n’a pas été facile, d’autant plus qu’une gauche allemande (de l’Ouest) avait justement dû défendre sa position pendant des décennies dans les conditions de la « guerre froide » contre l’anticommunisme ambiant. Les discussions controversées et les « prises de position » menées après 1989 sur le caractère dictatorial de l’Union soviétique et de ses satellites se poursuivent encore aujourd’hui. Ils semblent même connaître un renouveau avec le « communisme autoritaire », qui se réfère positivement à ces sociétés.

Depuis le 24 février 2022, la gauche allemande n’est pas la seule à se trouver à nouveau dans une situation difficile, qui l’oblige à reconsidérer ses positions antérieures et à les corriger le cas échéant. Ceux qui, quelques jours avant le début de la guerre, parlaient encore de la Russie comme d’un État pacifique, se sont vus incroyablement trompés ; certains ont même rendu publique leur erreur. La majorité de la gauche allemande ne laissait planer aucun doute sur le fait qu’elle considérait la Russie comme l’agresseur dans une guerre d’agression contraire au droit international, ce qui, dans les premières semaines après le début de la guerre, constituait encore une bonne base pour les affrontements qui commençaient. Ceux-ci ont d’abord tourné presque exclusivement autour des causes de la guerre et de la question qui les animait tous : « Pourquoi Poutine a-t-il lancé cette terrible guerre contre l’Ukraine ? »

Deux camps de gauche tout à fait hétérogènes se sont rapidement formés, ce qui n’était pas sans rappeler la « formation des camps » après 1989. Les uns avaient tenté en 1989-1991 de comprendre l’effondrement rapide du bloc de l’Est avant tout à partir du caractère de l’Union soviétique et de son rôle de puissance coloniale et impériale, de la stagnation et des contradictions qui s’étaient tellement exacerbées au sein des systèmes dictatoriaux que « la rue » avait fait s’effondrer leur domination comme un château de cartes. Pour les autres, 1990 était la preuve du caractère agressif de l’Occident, qui avait terrassé l’adversaire dans la « concurrence des systèmes », privant ainsi l’Union soviétique et le camp dit socialiste de toute chance de développement.

C’est avec des arguments similaires que les adversaires défendent leur position respective depuis 2022. Selon les uns, le caractère impérial agressif de la Russie, qui se révèle être hautement autocratique, nationaliste et réactionnaire à l’intérieur, est l’arrière-plan déterminant de l’objectif déclaré de Poutine de démanteler l’Ukraine en tant qu’État indépendant et d’en faire une partie intégrante d’un grand empire russe. Les représentants de l’autre camp voient les causes décisives de la guerre d’agression de Poutine dans la politique de l’Occident, notamment dans l’élargissement de l’OTAN vers l’Est et dans le peu d’estime que l’Occident a pour la Russie. Poutine a donc logiquement réagi par sa guerre.

Je trouve remarquable qu’après plus de trente ans, les mêmes positions qui divisaient déjà la gauche allemande à l’époque de la guerre froide s’opposent à nouveau. Comme en 1989-1991, une partie d’entre elle recourt au modèle qui lui est familier, celui des États-Unis en tant qu’agresseur impérial particulièrement dangereux, et relativise dans la foulée le rôle d’autres impérialismes, par exemple celui de l’Union soviétique et actuellement celui de la Russie.

Pour moi, la continuité la plus impressionnante est celle du mouvement pacifiste qui se mobilise traditionnellement à l’occasion des marches de Pâques. Il y a une homogénéité parmi les groupes pacifistes des syndicats dont les propos se recoupent, en laissant penser que cette guerre est une guerre par procuration de l’Occident contre la Russie. Et comme le camp où doit se situer la gauche dans ce conflit Est-Ouest est une évidence, l’idée d’un droit de légitime défense des Ukrainiens s’interdit d’elle-même.

J’observe que certains groupes et partis de gauche réagissent à la situation après la guerre d’agression russe avec les mêmes réflexes qu’avant 1989, à l’époque où l’on luttait contre l’anticommunisme et où l’on ne voulait comprendre le monde que du point de vue du prétendu conflit systémique. Tout comme à l’époque, cette attitude empêche aujourd’hui de réfléchir à une alternative historique émancipatrice au-delà du « socialisme réel » et du capitalisme et au-delà d’une compréhension géopolitique de la lutte de l’Occident contre l’Orient.

Avec la guerre en Ukraine, ce modèle de pensée, que l’on croyait révolu, renaît dans certaines parties de la gauche et, semble-t-il, pas seulement chez les staliniens de la ligne dure. Je suis stupéfaite par ce retour.

Une partie de la gauche a-t-elle perdu sa boussole ?
Le temps passant, la question des raisons de la guerre d’agression de la Russie, controversée au début de la guerre au sein de la gauche sociale et des partis de gauche, n’est plus restée au centre des débats. Lorsqu’il est devenu clair que la guerre en Ukraine durerait plus longtemps que prévu, la crainte d’une riposte russe, éventuellement nucléaire, s’est répandue. Les discussions se sont déplacées vers la question de savoir si la défense de l’Ukraine contre un ennemi aussi puissant avait un sens et si un cessez-le-feu immédiat, incluant la reconnaissance des pertes territoriales ukrainiennes, ne serait pas la seule voie à suivre pour apporter la paix. Les opposants à cette proposition affirment qu’une telle « paix dictée » n’apporterait pas la paix, ni à l’Ukraine ni aux autres anciennes républiques soviétiques et pays du bloc de l’Est.

Se former une opinion n’est pas devenu plus facile. Les positionnements pour et contre le droit de l’Ukraine à se défendre, y compris par les armes, se sont encore compliqués au vu de la décision du gouvernement allemand de mettre en place un programme spécial de 100 milliards d’euros pour l’armée allemande. Pourtant, ce n’est pas le fait que nous soyons ainsi confrontés à des compréhensions de nos positionnements incroyablement difficiles qui constituent le dilemme actuel de la gauche, mais l’incapacité et le manque de volonté de discuter les contradictions de nos positions et surtout de nommer ouvertement les conséquences qui découlent des positions respectives. Au lieu de cela, on se tait trop souvent ou on se replie sur des positions pacifistes qui semblent ne plus nous obliger à choisir un camp. Mais depuis quand la gauche se distingue-t-elle par le fait qu’elle ne prend pas position dans les conflits mondiaux ? Ou qu’elle se taise en espérant que la guerre finisse par se terminer?

Je suis très préoccupée par le fait que certains de mes amis syndicalistes, qui ont toujours été du côté de ceux qui mènent une lutte juste, se déclarent pacifistes dans ce conflit. Ils exigent la « paix », immédiatement et sans condition, et prennent ainsi manifestement en compte toutes les conséquences qu’une telle paix peut avoir, et pas seulement pour les Ukrainiens. Ils mettent en revanche en garde contre les conséquences plus graves qu’aurait la poursuite de cette guerre pour nous tous. Est-ce qu’ils adopteraient la même position si les États-Unis annexaient des territoires proches de la frontière mexicaine ou une partie de Cuba ? Certes, il n’est pas simple de trouver sa propre position dans les conflits mondiaux et impériaux. Mais se replier à chaque fois sur la position du souhait que tout le monde fasse taire les armes équivaut à une déclaration de faillite politique. N’avons-nous plus de principes communs pour évaluer de tels conflits mondiaux ? Où est la boussole qui peut servir de guide commun à nos actions ?

Les syndicalistes de gauche en marge de la politique
En revanche, ceux qui reconnaissent le droit des Ukrainiens à se défendre militairement dans cette guerre d’agression contraire au droit international ont choisi leur camp et sont rapidement confrontés aux questions suivantes : « Que penses-tu du soutien militaire à l’Ukraine ? Que penses-tu des livraisons d’armes en provenance d’Allemagne ? » Des amis syndicalistes m’ont dit qu’ils étaient « déchirés » par le fait de devoir approuver un tel soutien, qu’ils considèrent comme absolument nécessaire. Ils continueraient cependant à descendre dans la rue pour lutter contre le réarmement et la « préparation de la guerre », car les deux choses sont tout à fait distinctes. Comme pour d’autres questions, il faut veiller à ne pas désigner les mauvaises racines d’un problème social, par exemple ne pas rendre les réfugiés responsables du mauvais état des écoles ni rendre les sanctions contre la Russie responsables de l’inflation. Il est tout aussi erroné de rendre la guerre en Ukraine responsable du réarmement de la République fédérale, comme si cette tendance n’était pas déjà présente depuis des années et – avec une certaine pression de la part des États-Unis – n’était pas devenue un prétexte pour augmenter considérablement le budget.

Une autre partie de ladite gauche syndicale est d’un tout autre avis. Je citerai à titre d’exemple une pétition qui a été présentée au congrès fédéral de Ver.di en septembre 2023. Elle devait principalement servir à rejeter la proposition phare du comité directeur fédéral dans laquelle les sanctions contre la Russie et les livraisons d’armes à l’Ukraine étaient soumises au vote, dans sa version actuelle. « Dites non ! Syndicalistes contre la guerre, le militarisme et la paix civile », tel était le titre de la pétition que plus de dix mille syndicalistes avaient signée à ce moment-là. Après un vif débat pour et contre les demandes de sanctions contre la Russie et de soutien à l’Ukraine par des livraisons d’armes contenues dans la motion de base, celle-ci avait été légèrement modifiée et adoptée par 80% des délégués. Ce résultat est d’autant plus remarquable que les auteurs de la pétition et leurs compagnons de route avaient adopté une posture offensive dans le débat du congrès en demandant de ne pas voter pour la proposition principale.

Dans cette pétition, il n’y avait plus un mot sur la guerre en Ukraine menée en violation du droit international par la Russie, rien sur les souffrances incommensurables de la population ukrainienne et sur son droit à se défendre. En revanche, on pouvait y lire avec complaisance : « Ceux qui pensent que les guerres actuelles […] relèvent de la légitime défense […] sont tombés dans le panneau de la propagande de guerre. » Les auteurs de la pétition déclaraient un peu plus loin dans le texte qu’ils ne se rangeront pas du côté d’un quelconque « parti de la guerre ».

Non seulement ils niaient à l’Ukraine le droit de se défendre, mais ils prétendaient même qu’il ne s’agissait pas d’une situation de défense. Ce n’était que de la propagande de guerre ! De qui, on ne le dit pas. C’est du lourd ! Je ne veux pas croire que les dix mille signataires de la pétition aient réellement voulu suivre cette logique. La majorité des délégués au congrès fédéral de Ver.di, en particulier la jeunesse de Ver.di, ne l’a pas fait. Les pétitionnaires se sont politiquement marginalisés. Ils ont rendu un très mauvais service à la cause commune de la « gauche syndicale », qui est de s’opposer à la politique de réarmement et de placer la question sociale au centre de la lutte syndicale. Leurs appels donnent l’impression qu’une paix inconditionnelle et la levée des sanctions contre la Russie amélioreraient d’un coup les conditions de vie des Allemands. Quelle illusion !

Les auteurs de ces appels en sont-ils vraiment là ? Ou espèrent-ils qu’une majorité de syndicalistes abandonnera ses efforts pour comprendre la nature de cette guerre et se rangera de manière critique et solidaire aux côtés de leurs collègues ukrainiens ? J’ai honte de ce populisme d’une partie de la « gauche syndicale » qui utilise la peur de la guerre et du déclassement social pour exiger la soumission inconditionnelle de l’Ukraine à la domination russe.

Des solutions non solidaires aux conflits de conscience de la gauche
En décembre 2022, SoZ [2] a publié un appel aux dons pour une aide humanitaire aux syndicalistes ukrainiens. Il s’agissait de manifester de la solidarité avec les collègues ukrainiens qui, selon l’appel, souffrent des conséquences de la guerre et luttent en même temps contre le démantèlement du droit du travail par leur propre gouvernement. La lutte contre les envahisseurs russes, dans laquelle se trouvent d’une manière ou d’une autre tous les Ukrainiens, n’était pas mentionnée. Cet appel a permis à tous ceux qui se sont positionnés ailleurs pour un cessez-le-feu immédiat et contre tout soutien militaire aux Ukrainiens, ou qui sont indécis sur ces questions, de manifester leur solidarité. C’était certainement aussi une manière d’éviter leurs propres conflits de conscience.

Contrairement aux initiateurs des appels et pétitions susmentionnés qui, à ma connaissance, n’avaient pas pris contact avec des syndicalistes ukrainiens, quelques collègues autour de l’appel aux dons paru dans SoZ se sont rendus en Ukraine en octobre 2023 pour rencontrer à Kiyv et à Kryvyj Rih des représentants de syndicats indépendants et de syndicats affiliés à la FPU. Comment les syndicalistes ukrainiens ont-ils réagi au fait que, bien qu’ils aient reçu beaucoup de solidarité dans leur lutte syndicale contre les employeurs et l’État, la question de leur lutte armée devait être laissée de côté ? Ils ont été surpris, voire sceptiques, quant à cette rencontre qui faisait l’im- passe sur la question la plus importante pour leur survie, celle d’un soutien militaire dans la « guerre sur deux fronts » qu’ils mènent. Mais au final, ils ont été heureux et reconnaissants d’avoir enfin reçu une visite syndicale [d’Allemagne].

Même si de telles rencontres ont un certain arrière-goût, elles sont importantes et précieuses, car elles ouvrent la porte à une collaboration solidaire ultérieure. Mais cela n’a de sens que s’il y a vraiment une perspective, si les syndicalistes et les autres personnes de gauche ont un avenir en Ukraine. Je ne sais pas si ceux qui refusent un soutien militaire et appellent à un cessez-le-feu immédiat sont conscients des menaces auxquelles leurs partenaires en Ukraine seraient alors confrontés. Comment est-il possible pour eux de parler de l’avenir d’un travail solidaire commun sans tenir compte du fait qu’un cessez-le-feu n’éliminerait pas le risque d’une escalade de la guerre par la Russie ? Et ces «gauchistes syndicaux» allemands tiennent-ils compte du fait qu’aucune coopération syndicale ne sera possible dans les territoires occupés par la Russie, car il n’y aura pas de syndicats libres ?

Dans une réflexion après ce voyage, je trouve une explication à cette approche insouciante de l’avenir de l’Ukraine. On y lit que la véritable menace dans cette guerre ne vient pas de la Russie, mais du réarmement auquel l’OTAN pousse actuellement ; la menace vient de l’Occident, qui a pour objectif de militariser la société et de créer ainsi « dans les esprits » la disposition à « accepter même une guerre nucléaire ». « Veut-on maintenir la guerre en Ukraine en ébullition pour longtemps ? », demande l’auteure de manière rhétorique et se donne la réponse : « Pour fantasmer une menace permanente de Moscou, cela semble nécessaire. » L’impérialisme agressif de la Russie, une marotte de la propagande occidentale ? Je suis horrifiée et sans voix.

La voilà à nouveau, la lutte entre l’Est et l’Ouest, que j’ai déjà désignée comme une logique fausse et trompeuse pour se positionner sur cette guerre. Quiconque est pris dans cette logique n’a aucun scrupule à relativiser le caractère autocratique, impérial et fascisant de la Russie, et à affirmer que le fascisme en Ukraine est installé. Pourquoi a-t-on besoin de ces mensonges ? Apparemment pour remettre en question la capacité de l’Ukraine à se défendre. Je suis effrayée de voir de quoi la gauche est capable face à cette guerre.

La guerre en Ukraine, un précédent pour une politique de gauche
La guerre impérialiste menée par la Russie contre l’Ukraine pour étendre sa zone d’influence et son pouvoir, pour conquérir de nouveaux espaces, nous donne un avant-goût des guerres à venir. Nous devrons nous préparer à d’autres guerres de ce type, à l’intérieur et à l’extérieur de l’Europe, et lutter ensemble pour trouver des réponses de gauche. Appliquer les vieux schémas d’une  «confrontation systémique » aux nouvelles constellations de pouvoir impérial ne nous aidera pas. Se replier sans orientation sur le souhait d’un monde sans guerres ou sur le fait que ces guerres ne sont pas des guerres de classe qui se termineraient par une perspective socialiste, et qu’il n’est donc pas nécessaire de faire preuve de solidarité avec les victimes d’agressions, signifierait que cette gauche se retire d’elle-même du débat nécessaire sur une perspective globale. Nous ne pourrons pas non plus nous soustraire à l’effort d’analyser et de comprendre chacune de ces guerres, car il n’y a pas de « guerre en soi ».

Lorsque les grands et les petits impérialistes déclencheront les prochaines guerres, les syndicalistes de gauche devront être mieux armés et faire un effort pour entamer une discussion solidaire avec leurs collègues concernés. Pour cela, il faudrait toutefois que nous nous mettions d’accord sur quelques lignes politiques directrices qui constituent la base d’une discussion de gauche et sur lesquelles les controverses peuvent être menées.

Parmi ces principes, il y a les obligations du droit international et les positions syndicales internationalistes. En septembre 2023, les syndicats britanniques du Trade Union Congress ont formulé quelques-uns de ces principes de base pour la solidarité syndicale dans sa déclaration sur la guerre en Ukraine. Dès le premier paragraphe, on peut lire :

XXXXEn tant que syndicalistes, nous sommes anti-impérialistes par nature, et il est de notre devoir de combattre l’impérialisme et la tyrannie à chaque occasion. Nous reconnaissons qu’une victoire de Poutine en Ukraine sera un succès pour la politique autoritaire réactionnaire dans le monde entier.

C’est sur la base de tels principes que les syndicalistes et les autres membres de gauche pourraient mener le débat si nécessaire sur cette guerre et celles à venir.

Renate Hürtgen 
Renate Hürtgen est historienne et militante des droits civiques allemande. Elle a été engagée dans l’opposition démocratique en RDA en 1989-1990 dans l’Initiative pour des syndicats indépendants (IUG).
Article publié dans Express
, 20 février 2024.
Traduction Romain Descottes. Nous ne publions pas pour des raisons pratiques les notes de référence.

[1] NdT. Par « gauche syndicale », il faut comprendre les composantes du syndicat qui sont liées avec la gauche politique allemande et en particulier le parti Die Linke.
[2] NdT. Journal politique allemand de tendance socialiste.

Publié dans Les Cahiers de l’antidote : Soutien à l’Ukraine résistante (Volume 30)
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/06/03/v-comme-vivat/
https://www.syllepse.net/syllepse_images/soutien-a—lukraine-re–sistante–n-deg-30_compressed.pdf

Auteur : entreleslignesentrelesmots

notes de lecture

Une réflexion sur « Sommes nous bien préparés aux guerres impériales à venir ? »

  1. Merci, camarade, pour ce formidable essai de synthèse des vrais enjeux de la guerre de l’impérialisme russe contre l’Ukraine, et des « grilles » de lecture non seulement « dépassées », mais totalement fausses, dès l’origine, qui occultent ces enjeux, et aveuglent tant de gens sincères, à gauche, et plus particulièrement dans l’extrême-gauche.

    Car selon moi, ces oeillères étaient critiquables déjà du temps de la guerre froide, et de la logique des « blocs » qui a miné l’internationalisme prolétarien, dans une grande partie de la gauche se réclamant du marxisme – et, effectivement, pas seulement stalinienne ou « post-stalinienne », mais aussi et surtout trostskyste (cela, selon une logique de facto « pro-soviétique » ou « soviétophile » plus ou moins « honteuse »), mais même dans d’autres courants de la gauche « radicale ». Cela, au nom de la prétendument nécessaire « défense inconditionnelle » du soi-disant « Etat ouvrier » que serait demeuré l’URSS, même du temps de Staline, Kroutchev et Brejnev, en dépit de la dictature totalitaire qu’elle représentait, avec son bilan effroyable. Lesquels courants ne reconnaissent qu’un seul « super-impérialisme », l’occidental, sous la directions des Etats-Unis et de l’OTAN.

    Tendance encore exacerbée dans le « Sud global », et singulièrement dans la gauche latino-américaine, entre autres, pour des raisons certes compréhensibles, mais néanmoins désastreuse dans ses postulats de base, et plus encore ses effets désastreux, en effet, pour « le débat nécessaire sur une perspective globale », indispensable aux anti-impérialistes et anti-bellicistes, de l’Est comme de l’Ouest, et du Sud comme du Nord ».

    En dépit de ce qu’on pense (et j’en pense beaucoup de mal, d’un point de vue notamment syndicaliste) du gouvernement Zelenski et de sa politique libérale, autoritaire, anti-ouvrière et anti-syndicale… l’Ukraine n’en reste pas moins un pays dominé, agressé, envahi, opprimé… et la Russie poutinienne, un impérialisme agressif, expansionniste et annexionniste, criminel de guerre et contre l’Humanité.

    Car, à ce compte-là, ne fallait-il pas défendre la Pologne, Etat réactionnaire et antisémite, contre l’agression et l’invasion de l’Allemagne nazie, en 1939 ? Ni dénoncer celle de la France, un an plus tard, toute « bourgeoise » et impérialiste qu’elle fût, à l’époque ?

    Denis Desbonnet,

    Militant marxiste révolutionnaire.

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