Israël est un État voyou. Qui les arrêtera ? (et autres textes)

  • Amira Hass : Les médias israéliens dissimulent les données et les images insoutenables de la guerre de Gaza
  • Déclaration de solidarité de La Via Campesina avec le peuple palestinien 
  • Brisons le siège sur Gaza, ouvrez Rafah à l’aide humanitaire !
  • Bethan McKernan et Harry Davies : La campagne menée par Israël contre la CPI pourrait être qualifiée d’« actes criminels dirigés contre la justice », affirment des experts
  • Solidarité avec les travailleurs palestiniens
  • Bethan McKernan et Quique Kierszenbaum : « Nous sommes divisé·es » : l’unité d’Israël s’estompe alors que la guerre à Gaza approche de son neuvième mois.
  • Jewish Voice for Peace : Israël est un État voyou. Qui les arrêtera ?
  • Juives et Juifs Révolutionnaires : Netanyahou, Haniyeh et leurs complices doivent rendre des comptes !
  • Hanin Majadli : Le boycott fait en réalité partie de la solution
  • Olivier Tonneau : Lutter pour la Palestine et contre l’antisémitisme : choisir ses mots
  • Henri Goldman : Un État, deux États : un débat inutile
  • CJRF : Non, Monsieur le Président, le respect du Droit International n’est pas une question d’« émotion »
  • Liens vers d’autres textes

Les médias israéliens dissimulent les données
et les images insoutenables de la guerre de Gaza

Il a été rapporté lundi après-midi 27 mai [dans les médias israéliens] que les Forces de défense israéliennes (FDI) ne s’attendaient pas ou n’estimaient pas que que des civils soient touchés lors de la frappe sur Rafah. Une déclaration aussi fallacieuse ne peut être faite qu’aux consommateurs des mêmes médias qui, depuis sept mois, cachent les chiffres insupportablement élevés et les photos terrifiantes de bambins tués ou blessés lors de chaque frappe israélienne sur la bande de Gaza. Une telle déclaration [des FDI] ne peut que persuader les Israéliens que, cette fois encore, les cibles des frappes et le type de munitions choisies ont été scrupuleusement sélectionnés par le Shin Bet (service du renseignement intérieur), les services de renseignement militaire et les FDI.

Il est très possible que les Israéliens qui ne soutiennent pas le Premier ministre Benyamin Netanyahou veuillent également croire que, cette fois-ci, il était totalement sincère lorsqu’il a déclaré qu’il s’agissait d’une « erreur tragique ». Il est également très possible qu’ils ne soupçonnent pas qu’il utilisa cette formule parce que la Cour internationale de justice de La Haye a récemment ordonné d’arrêter les opérations militaires à Rafah et que cette décision plane au-dessus de sa tête et de celle des décideurs israéliens.

Selon l’Unité du porte-parole des FDI, cette frappe visait deux cibles : Yassin Abu Rabia et Khaled Al-Najjar. Abu Rabia serait le commandant de l’état-major du Hamas en Cisjordanie et Al-Najjar serait un officier supérieur de l’état-major du Hamas. Les deux hommes auraient perpétré des attentats au début des années 2000 et transféré des fonds pour le terrorisme. Les attaques d’Abu Rabia auraient tué des soldats et celles d’Al-Najjar auraient assassiné des civils israéliens et blessé des soldats. D’ailleurs, c’est l’Unité du porte-parole des FDI qui a fait la distinction entre « tuer des soldats » et « assassiner des civils ».

Le communiqué n’a pas indiqué que les deux hommes avaient été libérés en échange de la libération du soldat kidnappé Gilad Shalit en 2011 et qu’ils étaient tous deux des résidents de Cisjordanie – Abu Rabia du village de Mazra’a al-Qibliya, à l’ouest de Ramallah, et Al-Najjar du village de Silwad, à l’est de Ramallah – qui avaient été déportés à Gaza. L’annonce n’a pas non plus précisé qu’un autre homme libéré dans le cadre du même accord et déporté à Gaza, Khuwaylid Ramadan, du village de Tel, au sud de Naplouse, avait été tué, comme l’ont rapporté les médias palestiniens. Etait-il également désigné comme une cible, ou se trouvait-il simplement dans le même campement de tentes à l’ouest de Rafah ? Nous n’en savons rien.

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Ce que nous savons, c’est que depuis lundi après-midi, selon le ministère de la Santé de Gaza, contrôlé par le Hamas, le nombre de morts s’élève à 45 et le nombre de blessés à 250. Une liste partielle des morts comprend trois membres de la famille Al-Najjar : Huda, 15 ans; Arkan, 12 ans ; et Ahmad, 2 ans. S’agissait-il des enfants de Khaled Al-Najjar de Silwad en Cisjordanie ou de la famille Al-Najjar de Khan Younès ? Nous ne le savons pas encore. Lorsque des dizaines de personnes sont tuées chaque jour, la capacité des journalistes à retracer le parcours de chacune d’entre elles et à écrire sur ce sujet est extrêmement limitée.

Parmi les 25 noms de famille des morts figurant sur la liste, comme al-Attar, Zayid et Hamed, nous savons que des familles du nord de la bande de Gaza vivaient dans le campement de Beit Lahya et apparemment aussi de Beit Hanoun. A l’instar des camps de réfugiés établis en 1948, où les réfugiés de chaque village choisissaient de vivre ensemble dans le même campement, puis dans le même quartier, les personnes déplacées dans la bande de Gaza contemporaine tentent de vivre près de leurs parents et de leurs voisins dans les nouveaux campements.

La terrible surpopulation, la faim et la soif, les pénuries alimentaires et la mort qui guette à tout moment donnent lieu à des frictions et des combats fréquents. L’expérience des sept derniers mois et la cohabitation forcée de plusieurs familles dans une maison ou un appartement surpeuplé ont appris aux gens qu’il est plus facile de résoudre les conflits lorsque les deux parties sont issues de la même famille élargie, de la même ville (comme Beit Hanoun) ou y compris du même village d’origine (d’avant 1948). Qui sait combien de fois les victimes de l’attaque des FDI de ce dimanche 26 mai ont été déracinées au cours des sept derniers mois et combien de types d’abris elles ont échangé jusqu’à ce qu’elles soient tuées ou brûlées à mort dans ce campement à l’ouest de Rafah ?

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De nombreux autres détails sont inconnus et ne seront peut-être jamais connus. Par exemple, la raison pour laquelle Al-Najjar et Abu Rabia séjournaient à proximité ou dans le grand campement situé dans les dunes. Nous ne savons pas s’ils ont été ciblés parce que les FDI et le Shin Bet avaient des preuves solides qu’ils opéraient toujours dans la branche militaire du Hamas, ou s’il ne s’agissait que de suppositions ou s’ils ont été ciblés pour se venger des attaques qu’ils avaient commises au début des années 2000. Nous ne savons pas ce que ces hommes auraient choisi de faire s’ils avaient été relâchés chez eux en Cisjordanie. Peut-être auraient-ils préféré changer de trajectoire ? Nous ne savons pas si les transferts d’argent présumés étaient destinés à des attaques armées contre des Israéliens ou à aider les familles de Palestiniens décédés.

Ce que nous savons, c’est qu’au cours des guerres menées par les FDI contre les Palestiniens depuis le début des années 2000, et en particulier au cours des sept derniers mois de l’actuelle guerre de Gaza, un certain nombre de normes ont été créées pour permettre et faciliter les massacres de civils palestiniens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Nous avons d’abord appris l’existence de ces normes par des rapports palestiniens et des témoignages, puis par des enquêtes menées par des journalistes indépendants sur les règles d’engagement et sur la conduite des soldats.

  • La définition des « dommages collatéraux » est devenue de plus en plus souple au fil des ans. En d’autres termes, le nombre de civils palestiniens que les juristes du Military Advocate General [qui est responsable de l’application des règles de droit dans les FDI] – au même titre que le procureur de l’Etat – permettent de tuer en tuant une seule cible désignée et qu’ils sont prêts à défendre dans les forums juridiques internationaux : un haut commandant militaire du Hamas ou d’une autre organisation palestinienne, une personnalité politique ou un changeur de monnaie, des hommes armés responsables ou subalternes, et y compris un puits de tunnel ou un poste de commandement vide. Selon une enquête menée par Yuval Abraham du magazine +972, le nombre de civils  «non impliqués autorisés » qui peuvent être tués va de 20 pour chaque membre subalterne ciblé d’une organisation armée palestinienne à 100 « en échange » d’un membre supérieur.

  • La « banque de cibles » (voir article de Yaniv Kubochich dans Haaretz, le 17 mai 2022) – c’est-à-dire les membres d’organisations palestiniennes armées qui peuvent et doivent être tués (ou arrêtés, en particulier en Cisjordanie), selon l’armée et les services de renseignement – est un puits sans fond qui comprend d’anciens membres qui ne sont plus engagés dans des activités militaires ou même politiques, ainsi que des adresses domiciliaires périmées.

  • Le lieu de l’attaque : la « banque de cibles » permet non seulement de tuer des Palestiniens pendant les combats et les échanges de tirs, lorsqu’ils sont sur le point de lancer un missile ou portent un gilet explosif, mais aussi lorsqu’ils dorment dans leur lit, même dans un lit d’hôpital, ou lorsqu’ils rendent visite à un parent malade, et même s’ils sont en compagnie de leurs enfants et de leurs parents, ou s’ils se livrent à une activité définie par l’armée comme « suspecte » – debout près d’une fenêtre ou sur le toit d’une maison, à moto ou en train d’allumer un feu pour faire bouillir de l’eau.

  • L’utilisation du programme d’intelligence artificielle Lavender, révélé par Yuval Abraham dans +972 Magazine [voir son article traduit sur ce site le 8 avril 2024] qui permet de raccourcir considérablement le délai entre l’identification d’une cible et la frappe d’une personne en raison d’une intervention humaine des plus faible dans le processus.

  • Un climat de désinvolture dans les rangs inférieurs de l’armée, et le manque d’intérêt de ces derniers pour les contextes politiques immédiats qui attirent l’attention du monde entier, comme ce fut le cas pour la famine à Gaza. Les décisions des grades inférieurs ont conduit, par exemple, à l’attaque mortelle contre les employés de la World Central Kitchen le 2 avril, et aux tirs de chars des FDI, le 29 février, contre des « suspects » qui se trouvaient parmi les centaines d’habitants affamés qui attendaient un convoi d’aide et qui s’étaient précipités vers les camions de nourriture.

  • Un climat généralisé d’ignorance des faits à l’échelle d’Israël. Sous le couvert de mots neutres tels que « évacuation des résidents », « Tsahal opère » et « zone humanitaire », la réalité des campements de tentes sans infrastructure ni protection contre les risques naturels et les bombes est totalement absente de la conscience des Israéliens. Même divers experts en balistique ne prennent pas, apparemment du moins, la peine de calculer le risque qu’un missile frappe les zones civiles adjacentes.

  • Une déshumanisation extrême des Palestiniens auprès de larges pans de la population israélienne et des soldats de Tsahal. Le mépris du droit des Palestiniens à vivre et de leur droit à une vie décente et digne est tombé ces dernières années – et pas seulement depuis le 7 octobre – à un nadir que nous n’avons jamais connu. Ce processus, conscient ou inconscient, volontaire et sincère ou non, a depuis longtemps imprégné les échelons professionnels du ministère de la Justice, les centres de crise de Tsahal et les quartiers généraux de l’armée.

Amira Hass
Article publié par Haaretz le 28 mai 2024 ; traduction rédaction A l’Encontre
http://alencontre.org/moyenorient/palestine/analyse-les-medias-israeliens-dissimulent-les-donnees-et-les-images-insoutenables-de-la-guerre-de-gaza.html

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Déclaration de solidarité de La Via Campesina
avec le peuple palestinien 

Bagnolet, le 24 mai 2024
La guerre génocidaire menée par l’occupation israélienne contre Gaza a maintenant atteint 230 jours consécutifs. Le peuple palestinien continue de subir un génocide brutal qui s’est transformé en l’une des crises humanitaires les plus graves de l’histoire récente. L’assaut incessant a entraîné la perte de dizaines de milliers de vies, avec d’innombrables autres blessé·es ou déplacé·es, leurs maisons et communautés réduites en ruines sous des bombardements incessants.

Dans une avancée majeure, nous saluons l’initiative de Karim Khan, procureur de la Cour pénale internationale, qui a officiellement demandé aux juges de la cour de délivrer des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien Netanyahu et son ministre de la Guerre, Yoav Gallant. Cela marque une étape historique vers la responsabilisation des hauts responsables orchestrant des atrocités généralisées contre le peuple palestinien. Cette démarche de la CPI représente un progrès crucial dans la longue quête de justice pour la Palestine, signalant aux dirigeants mondiaux que l’impunité pour les crimes de guerre ne sera pas tolérée.

Dans le contexte de cette guerre génocidaire incessante, La Via Campesina se tient fermement en solidarité avec le peuple palestinien, dont la résilience face à une telle adversité est tout simplement héroïque. L’esprit de résistance palestinien, se manifestant par leur refus inébranlable de renoncer à leurs droits et à leur dignité, est une source d’inspiration pour toutes celles et ceux qui s’opposent à l’oppression et luttent pour la justice dans le monde entier.

Nous appelons d’urgence la communauté internationale à reconnaître la situation désastreuse à Gaza comme une zone de famine. Le siège en cours et l’utilisation stratégique de la famine par l’occupation israélienne comme arme de guerre ont poussé Gaza au bord d’une catastrophe humanitaire. Cette situation doit être traitée immédiatement pour prévenir de nouvelles pertes de vies humaines.

De plus, nous réitérons notre appel à un cessez-le-feu immédiat et à la livraison sans restriction d’aide humanitaire dans la région. Le refus continu du gouvernement israélien d’accepter les propositions de cessez-le-feu, malgré l’acceptation palestinienne, est indéfendable et aggrave la souffrance de nombreuses personnes civiles innocentes.

La Via Campesina salue la lutte persévérante du peuple palestinien alors qu’il combat courageusement pour ses droits légitimes à la liberté et à l’autodétermination. Nous nous tenons aux côtés des paysan·nes et des travailleur·euses agricoles de Palestine, confronté·es aux conditions les plus difficiles sous l’occupation, y compris la confiscation des terres, les démolitions de maisons et la destruction de leurs moyens de subsistance. Leur combat inflexible pour la justice et la restitution de leurs terres met en lumière l’impact profond de la résistance populaire contre les forces oppressives.

Aujourd’hui, alors que La Via Campesina se rassemble en solidarité, nous nous engageons à amplifier les voix de ceux qui se battent en première ligne en Palestine et à mobiliser un soutien international pour leur cause. Que la lutte du peuple palestinien serve de puissant rappel de la résilience de l’esprit humain face à des défis écrasants.

Ensemble, nous appelons à un avenir où la justice l’emporte et où la Palestine est libre.

Vive la lutte pour la liberté, la justice et la dignité en Palestine et dans le monde entier !

https://viacampesina.org/fr/declaration-de-solidarite-de-la-via-campesina-avec-le-peuple-palestinien/

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Brisons le siège sur Gaza, ouvrez Rafah à l’aide humanitaire !

« L’ouverture du passage de Rafah est une question de vie ou de mort pour des dizaines de milliers de Palestiniens ». Dans une lettre ouverte, un ensemble d’humanitaires, d’ONG et de soignants – dont Rony Brauman, Raphael Pitti, Christophe Oberlin et Imane Maarifi – appellent « à imposer l’entrée des camions humanitaires et à assurer leur sécurité par le passage de Rafah sans délai. »

À l’attention des autorités égyptiennes et de la communauté internationale,

Nous, humanitaires et soignants, témoins directs des conditions humanitaires désastreuses à Gaza, tenons à exprimer notre profonde préoccupation face à la situation critique que rencontrent les Palestiniens suite à l’offensive terrestre et la prise de contrôle du passage frontalier de Rafah par l’armée israélienne ce lundi 06 mai. Cette invasion constitue une violation des traités de paix israélo-égyptiens de 1979 et de l’accord sur le corridor de Philadelphie de 2005.

Gaza est depuis 7 mois le théâtre d’une guerre génocidaire menée par Israël. Les bombardements incessants ont entraîné la mort de dizaines de milliers de civils dont plus de 70% de femmes et d’enfants. De plus, Gaza est confrontée à une situation d’urgence humanitaire sans précédent causée intentionnellement par la destruction des terres agricoles, par le blocus et par la guerre menés par l’armée israélienne sur ce territoire. 

Avant cette guerre, 500 camions en moyenne entraient chaque jour à Gaza, acheminant notamment de la nourriture, de l’eau, des fournitures médicales et du carburant. Depuis octobre, le blocus israélien ainsi que les restrictions sur le corridor de Philadelphie ont gravement limité le flux d’aide humanitaire (181 camions par jour en avril 2024). 

Le lundi 06 mai marque le début de l’offensive terrestre tant redoutée à Rafah et le blocage total de l’entrée de l’aide humanitaire et de la sortie des patients ayant besoin de soins vitaux

La situation est critique pour les Gazaouis vivant déjà dans des conditions de vie très précaires. La famine est imminente et le manque de carburant menace les derniers hôpitaux fonctionnels, alors que des centaines de camions d’aide humanitaire sont bloqués aux poste-frontières, à seulement quelques kilomètres.

L’ouverture du passage de Rafah est une question de vie ou de mort pour des dizaines de milliers de Palestiniens, la voie terrestre étant la seule solution. En effet, le largage aérien d’aide humanitaire ne délivre que des volumes d’aide limités (quelques tonnes par largage face à 100 tonnes par convoi de 5 camions) et s’avère très dangereux (déjà 21 Palestiniens tués).

Dans un contexte où la Cour Internationale de Justice (CIJ) a reconnu le risque plausible de génocide du peuple palestinien à Gaza, a récemment exigé d’Israël l’ouverture du passage de Rafah à l’aide humanitaire et la fin de l’agression contre Rafah, et enfin où le rapport des Nations Unies Anatomy of Genocide affirme désormais que « il existe des motifs raisonnables que le seuil indiquant qu’Israël a commis un génocide est atteint », il est du devoir de la communauté internationale d’agir et d’imposer l’entrer de l’aide humanitaire.

Face à cette situation alarmante et à l’instar de la proposition de Naledi Pandor, ministre des affaires étrangères d’Afrique du Sud, nous appelons les autorités égyptiennes et l’ensemble des nations ayant signé la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide à briser le siège de Gaza, à imposer l’entrée des camions humanitaires et à assurer leur sécurité par le passage de Rafah sans délai.

Enfin nous réitérons notre demande à la communauté internationale de faire pression sur Israël pour garantir un cessez-le-feu et une levée du blocus immédiats.

Premiers signataires Humanitaires :
Rony Brauman
Raphael Pitti
Christophe Oberlin
Zouhair Lahna
Imane Maarifi
Pascal André
Serigne Sarr

Premiers signataires ONG et société civile :
FIDH
Dignité Internationale
Save Gazas Children
Association pour la défense des droits à l’eau et à l’assainissement du Sénégal
Udirs 30 – retraités de Solidaires du Gard
Union syndicale Solidaires
Espoir et Avenir
AVAAZ

Organisations de solidarité avec la Palestine
Urgence Palestine
CEDETIM
Fondation Frantz Fanon
Association France Palestine Solidarité Nîmes

Autres organisations :
INFÒC Occitània

https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/290524/brisons-le-siege-sur-gaza-ouvrez-rafah-laide-humanitaire

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La campagne menée par Israël contre la CPI
pourrait être qualifiée d’« actes criminels dirigés
contre la justice », affirment des experts

Des avocats internationaux estiment que le comportement des services secrets israéliens devrait donner lieu à une enquête diligentée par le procureur de La Haye.

Les efforts déployés par les services de renseignement israéliens pour influencer la Cour pénale internationale (CPI) et saper son influence pourraient constituer des « infractions contre l’administration de la justice » et devraient faire l’objet d’une enquête de la part du procureur général de la CPI, ont déclaré des experts juridiques.

Réagissant aux révélations sur les opérations de surveillance et d’espionnage menées par Israël contre la CPI, plusieurs éminents experts en droit international ont déclaré que le comportement des services de renseignement israéliens pouvait constituer une infraction pénale.

Les révélations sur la campagne menée depuis neuf ans par Israël contre la Cour ont été publiées mardi dans le cadre d’une enquête conjointe du Guardian, de la publication israélo-palestinienne +972 Magazine et de l’organe de presse en hébreu Local Call. L’enquête explique en détail comment les services de renseignement israéliens ont été déployés pour surveiller, pirater, faire pression, diffamer et vraisemblablement menacer des membres du personnel de la CPI.

Le procureur de la CPI, Karim Khan, a annoncé la semaine dernière qu’il demandait des mandats d’arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité à l’encontre des dirigeants du Hamas et de l’État d’Israël. La décision de demander des mandats d’arrêt contre le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, et le ministre de la défense, Yoav Gallant, est une première pour un procureur de la CPI qui prend des mesures à l’encontre des dirigeants d’un proche allié de l’Occident.

Avant les révélations de mardi, M. Khan avait affirmé que des acteurs non désignés avaient déjà tenté « d’entraver, d’intimider ou d’influencer de manière abusive les fonctionnaires de cette Cour ». Un tel comportement pourrait constituer une infraction pénale au titre de l’article 70 du statut fondateur de la Cour, relatif à l’administration de la justice.

Toby Cadman, avocat britannique spécialisé dans le droit pénal international et le droit humanitaire, a déclaré que les conclusions du Guardian étaient « profondément troublantes » et comportaient des accusations qui « constituent une tentative de détourner le cours de la justice par le recours à des menaces » à l’encontre de l’ancien procureur de la CPI, Fatou Bensouda.

« Il est évident que ces questions relèvent de la compétence de la CPI, notamment en vertu de l’article 70 du Statut. Toute personne ayant tenté d’entraver les enquêtes indépendantes du procureur doit en assumer les conséquences », a déclaré M. Cadman.

Des observateurs chevronnés du fonctionnement de la CPI ont déclaré que les actions d’Israël justifiaient une enquête plus approfondie. Matt Cannock, directeur du Centre pour la justice internationale d’Amnesty International à La Haye, a déclaré : « Il est tout à fait clair que de nombreux exemples mis en évidence dans le rapport constitueraient des [infractions à l’article 70]. De telles accusations devraient être portées à l’encontre de toute personne ayant tenté d’entraver, d’intimider ou d’influencer de manière corrompue les fonctionnaires de la CPI ».

Un autre expert de la CPI, Mark Kersten, professeur adjoint de droit pénal à l’Université de la vallée du Fraser au Canada, a déclaré : « Il est difficile d’imaginer une tentative plus flagrante d’interférer de manière illicite dans un dossier d’accusation ».

Un porte-parole du bureau de M. Netanyahou a déclaré que les questions et les demandes de commentaires du Guardian étaient « truffées de nombreuses allégations fausses et infondées destinées à nuire à l’État d’Israël ».

Washington, tout comme les gouvernements britannique et allemand, s’est opposé à la décision de M. Khan de demander des mandats d’arrêt contre les dirigeants israéliens. Certains membres républicains du Congrès américain ont demandé que des sanctions soient imposées à la CPI en réponse, mais la Maison Blanche a déclaré mardi qu’elle ne le ferait pas. Comme Israël, les États-Unis ne sont pas membres de la Cour.

Mardi, le porte-parole du département d’État américain, Matthew Miller, a déclaré qu’il avait lu le rapport du Guardian et que les États-Unis s’opposaient aux « menaces ou intimidations » à l’encontre des membres de la Cour pénale internationale.

« Je ne veux pas parler d’hypothèses sur ce que les États-Unis pourraient faire ou ne pas faire », a-t-il déclaré. « Mais il va de soi que nous nous opposerions à toute menace ou intimidation à l’encontre d’un agent public. »

Selon plusieurs experts, les 124 États membres de la CPI doivent donner suite à ces conclusions afin d’envoyer un message clair aux acteurs qui tentent de saboter le travail de la Cour.

Danya Chaikel, représentante de la Fédération internationale des droits de l’homme auprès de la CPI, a déclaré : « Ces accusations devraient être un signal d’alarme pour les États parties et leur faire prendre conscience de ce qui est en jeu. Ils doivent se rassembler et soutenir la Cour qu’ils ont eux-mêmes constituée. » « Pour préserver le système judiciaire international, il faut le protéger contre les menaces, en particulier les menaces flagrantes à l’encontre de ceux qui ont l’énorme responsabilité de travailler pour nous tous afin de poursuivre les pires crimes que l’humanité ait jamais connus ».

Un haut fonctionnaire palestinien, qui a demandé à ne pas être nommé afin de pouvoir s’exprimer librement, a déclaré : « Les tactiques utilisées contre les Palestiniens vivant sous l’occupation le sont désormais contre des fonctionnaires internationaux appartenant à certaines des institutions les plus importantes du monde. Cette enquête montre que la confiance d’Israël dans son impunité dépasse désormais les frontières de la Palestine. » « La communauté internationale se trouve aujourd’hui devant deux options. Soit elle change de cap et protège le droit international et les institutions internationales, soit elle détruit l’ordre juridique au nom de la défense d’Israël ».

Adil Haque, professeur de droit à l’université Rutgers dans le New Jersey, a déclaré qu’étant donné que les infractions à l’article 70 sont prescrites au bout de cinq ans, le bureau du procureur devrait agir rapidement s’il souhaite enquêter et que les États membres devraient apporter leur aide.

« Nous sommes en présence du comportement d’une bande criminelle, et non de celui d’un État, et les États membres devraient le dire », a déclaré M. Haque.

Interrogé sur le fait de savoir si le procureur envisageait d’ouvrir une enquête au titre de l’article 70 à la lumière des révélations du Guardian, un porte-parole du bureau de M. Khan a déclaré qu’il ne pouvait pas faire de commentaires autres que les mises en garde faites par M. Khan ce mois-ci, selon lesquelles « toutes les tentatives d’entrave, d’intimidation ou d’influence abusive sur les fonctionnaires de ce tribunal doivent cesser immédiatement ».

L’enquête du Guardian intervient après une semaine difficile pour Israël sur la scène internationale.

La décision sans précédent de demander des mandats d’arrêt contre M. Netanyahou et M. Gallant a été suivie vendredi par une décision de la Cour internationale de justice, qui arbitre les différends entre pays, ordonnant l’arrêt de l’offensive dévastatrice d’Israël sur la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

La même semaine, l’Irlande, la Norvège et l’Espagne ont officiellement reconnu un État palestinien. Israël a réagi en rappelant ses ambassadeurs de Dublin, Madrid et Oslo, et en suspendant les paiements d’impôts à l’Autorité palestinienne semi-autonome de Cisjordanie.

Environ 1 200 personnes, pour la plupart des civils, ont été tuées lors de de l’attaque du Hamas le 7 octobre, 250 autres ont été prises en otage, et environ 35 000 personnes ont été tuées par Israël au cours de la guerre qui a suivi à Gaza, selon le ministère palestinien de la santé, qui ne fait pas de distinction entre les morts civiles et les morts au combat.

Un accord sur la libération des otages et des prisonniers conclu en novembre a échoué au bout d’une semaine, et les négociations sur le cessez-le-feu n’ont cessé d’échouer depuis.

Bethan McKernan à Jérusalem et Harry Davies
Source : The Guardian. Mercredi 29 mai 2024 18.56 CEST :
https://www.theguardian.com/world/article/2024/may/29/israel-icc-criminal-offences-espionage-legal-experts
Traduit pour ESSF par Pierre Vandevoorde avec l’aide de DeepLpro.
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article70898

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Solidarité avec les travailleurs palestiniens

La CSI et les Fédérations syndicales internationales ont réaffirmé leur solidarité avec les travailleurs palestiniens au cours d’une mission menée cette semaine en Cisjordanie.

Le secrétaire général de la CSI, Luc Triangle, a déclaré : « Nous exprimons notre solidarité au PGFTU et à ses affiliés en cette période difficile. Nous sommes profondément inquiets face à la gravité de la crise humanitaire à laquelle est confrontée la population de Gaza. Nous réaffirmons notre politique de longue date en faveur d’une solution à deux États et appelons à l’instauration d’une paix juste et durable au travers de la mise en œuvre intégrale des résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité des Nations unies. Cela suppose notamment de mettre fin à l’occupation de la Cisjordanie, de démanteler toutes les colonies et de reconnaître les frontières antérieures à 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale d’un État palestinien. Comme l’a déjà déclaré la CSI, les priorités immédiates doivent être, entre autres, l’établissement d’un cessez-le-feu, la libération de tous les otages et de toutes les autres personnes détenues sans procédure légale et le retour en toute sécurité de tous les travailleurs pris au piège du conflit. Plusieurs décennies d’occupation ont plongé le peuple palestinien dans le désespoir, créant un climat propice aux atrocités du 7 octobre. Le meurtre de milliers de Palestiniens depuis cette date et de tant d’enfants, de femmes et d’hommes innocents, est totalement inacceptable et injustifiable. Nous insistons également auprès des gouvernements pour qu’ils continuent à financer l’UNRWA, dont le rôle est fondamental pour assurer les services essentiels et apporter de l’aide aux Palestiniens à l’heure où ils en ont le plus besoin. »

À la suite des réunions avec la Fédération générale palestinienne des syndicats (PGFTU), affiliée à la CSI, ainsi qu’avec des représentants d’autres syndicats, des hauts responsables de l’Autorité palestinienne et des représentants des agences des Nations unies, les organisations syndicales du groupement Global Unions ont publié une déclaration.

« Les syndicats font partie du mouvement mondial pour la paix. Nous défendons la paix, au même titre que des valeurs aussi importantes que la démocratie et l’humanité. Voilà pourquoi nous sommes ici. » La CSI rencontrera également les dirigeants des organisations syndicales et de la société israéliennes au début du mois de juillet prochain à Tel Aviv. Les syndicats jouent un rôle important dans l’instauration d’une solution pacifique et durable. »

https://www.cnts.sn/solidarite-avec-les-travailleurs-palestiniens/

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Israël est un État voyou. Qui les arrêtera ?

Le 26 mai, l’armée israélienne a perpétré un massacre inqualifiable dans une zone humanitaire à Rafah, bombardant des camps de tentes remplis d’hommes, de femmes et d’enfants déplacé·Ês, et tuant au moins 45 Palestinien·nes. Des centaines d’autres ont été blessé·es.

Les images de cette nuit-là ne nous quitteront jamais. Des êtres humains, dont des bébés, ont été déchiquetés, asphyxiés et brûlés vifs, leurs tentes en plastique et leurs abris de fortune en bois incendiés par une pluie de missiles israéliens. Ces actes sont ceux d’un État voyou et le résultat direct de décennies d’impunité pour des abus systématiques et d’innombrables crimes de guerre. Ce génocide doit cesser maintenant et les États-Unis doivent imposer un embargo sur les armes à Israël.

L’administration Biden a réagi à ce nouveau massacre perpétré par l’armée israélienne de la manière que l’on sait. Les responsables américains ont exprimé leur « préoccupation » et ont qualifié de « bouleversantes » les images de corps réduits en cendres et d’enfants décapités par des éclats d’obus.

Ils ont demandé au gouvernement responsable de ces horreurs d’enquêter sur lui-même, ce qui est pratiquement assuré d’aboutir à une impunité totale. Et ils ont affirmé qu’Israël avait néanmoins le droit de « se défendre » – même si cela signifie massacrer des personnes affamées et traumatisées qui s’abritent dans des camps de tentes improvisés.

Voilà à quoi ressemble l’impunité.

Le gouvernement israélien s’est empressé de qualifier l’attaque du camp de tentes de Rafah d’« erreur tragique », affirmant qu’elle visait deux responsables du Hamas. Soyons clairs : il ne s’agit pas d’une erreur. Ce massacre s’inscrit dans le droit fil de la manière dont l’armée israélienne a mené ses bombardements incessants sur Gaza au cours des huit derniers mois, en assassinant sciemment des dizaines de milliers de Palestinien·nes et en considérant leur mort comme un « dommage collatéral » dans le cadre de sa soi-disant guerre contre le Hamas.

Le président Biden a qualifié à plusieurs reprises l’invasion israélienne de Rafah de « ligne rouge », mais cela n’a pas interrompu le flux d’armes vers Israël. Le gouvernement israélien a compris cette inaction comme un feu vert à la poursuite du massacre. Netanyahou poursuit l’invasion, utilisant des armes fabriquées aux États-Unis pour massacrer des familles blotties les unes contre les autres dans des tentes.

Qu’est-il advenu de l’insistance de l’administration Biden sur un « plan » d’« évacuation » des civil·es en cas d’invasion de Rafah par l’armée israélienne ? En quelques semaines, l’armée israélienne a forcé des centaines de milliers de personnes déplacées à Rafah à rassembler une fois de plus ce qui restait de leurs biens et à fuir pour sauver leur vie, souvent pour la troisième ou quatrième fois depuis le début du génocide. Puis elle a bombardé les zones de sécurité où elles s’étaient réfugiées.

La semaine dernière, la Cour pénale internationale (CPI) a lancé un mandat d’arrêt à l’encontre des dirigeants du Hamas et du gouvernement israélien, notamment le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la défense Yoav Gallant. Quelques jours plus tard, la Cour internationale de justice (CIJ) a rendu un arrêt exigeant qu’Israël mette fin à son invasion de Rafah. Le gouvernement israélien a réagi en bombardant Rafah plus de 60 fois dans les 48 heures qui ont suivi. M. Netanyahyu et M. Biden ont tous deux qualifié de « scandaleux » le mandat d’arrêt délivré à l’encontre des responsables israéliens, et le secrétaire d’État Antony Blinken aurait déclaré au sénateur républicain Lindsey Graham qu’il serait « heureux » de travailler avec lui sur « un effort bipartisan visant à sanctionner la Cour internationale de justice ».

Alors que l’attaque génocidaire de l’armée israélienne à Rafah est condamnée dans le monde entier, les efforts du gouvernement israélien pour écraser toute tentative de l’obliger à rendre des comptes sont mis en lumière. Cette semaine, le Guardian et +972 Magazine ont publié un rapport qui fait l’effet d’une bombe et qui explique comment l’ancien chef du Mossad, l’agence israélienne de renseignement extérieur, aurait menacé le procureur général de la CPI afin de la contraindre à abandonner l’enquête sur les crimes de guerre israéliens, dans le cadre d’une « guerre secrète » menée depuis près de dix ans par les services de renseignement israéliens pour affaiblir la Cour.

Face à toute cette horreur, nous sommes nombreuses et nombreux à nous demander ce que nous pouvons faire de plus.
Au cours des huit derniers mois, nous nous sommes mobilisé·es en nombre sans précédent pour exiger la fin de ce génocide et nous avons lutté sans relâche pour amener nos élu·es à soutenir un cessez-le-feu et à mettre fin aux armes américaines destinées à Israël. Aujourd’hui, la plupart des Américain·es souhaitent un cessez-le-feu, mais le flux d’armes américaines à destination d’Israël se poursuit presque sans interruption.

Cela ne veut pas dire que nous abandonnons. Nous ne savons pas ce qui finira par briser la façade du soutien inconditionnel des États-Unis à l’apartheid israélien, mais nous pouvons voir les fissures, et l’histoire nous dit que cela se produira tôt ou tard. C’est pourquoi nous devons continuer à faire pression.

Jewish Voice for Peace
https://www.jewishvoiceforpeace.org/2024/05/29/israel-is-a-rogue-state-who-will-stop-them/
Traduit avec DeepL.com (version gratuite)

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Netanyahou, Haniyeh et leurs complices doivent
rendre des comptes !

Le 20 mai 2024, le procureur de la Cour Pénale Internationale (CPI), Karim Khan, a déposé une requête visant à l’émission de mandats d’arrêt contre Benjamin Netanyahou, Yoav Gallant, Yahya Sinwar, Mohammed Deif et Ismail Haniyeh. Ils sont accusés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Plus précisément, les trois leaders du Hamas sont accusés notamment du crime d’extermination, de meurtre, de prise d’otages, de viols et violences sexuelles et de torture. Les deux dirigeants israéliens sont accusés d’utilisation de la famine comme arme de guerre, d’attaques délibérées contre des civils ainsi que d’extermination et/ou de meurtre.

Étant donné le massacre commis le 7 octobre et la violence des représailles israéliennes toujours en cours sur l’ensemble de la population gazaouie, la plupart de ces accusations semblent difficiles à nier. Si la Cour devait émettre les mandats d’arrêt sollicités, les États signataires du Statut de Rome seraient alors tenus de coopérer pour permettre l’arrestation des personnes visées se trouvant sur leur territoire. Dans un contexte de délégitimation croissante du droit international, la phase juridictionnelle qui s’ouvrirait constituerait un test intéressant pour déterminer si, derrière les postures et les rodomontades, les dirigeants s’inscrivent dans le respect du droit et le renforcement de la légitimité de la CPI.

Plus vraisemblablement, cette démarche n’aura de portée que symbolique. En effet, il est peu probable que les mandats d’arrêt, s’ils étaient émis, soient effectivement suivis d’effets. Pourtant, elle constitue un message politique fort : la lutte contre l’oppression que subissent les Palestinien·es et contre les crimes commis par l’armée israélienne à Gaza n’est pas exclusive d’une condamnation de ceux qu’a perpétré le Hamas. Elle constitue également un message d’espoir qu’un jour peut-être, les chefs de guerre et les criminels d’État seront appelés à rendre des comptes pour leurs crimes, indépendamment de leurs positions politiques ou des soutiens dont ils bénéficient. Alors que la justice française vient de condamner le 24 octobre 2024 trois cadres du régime de Bachar el-Assad pour leur participation aux meurtres de Massen et Patrick Dabbagh, deux franco-syriens disparus à Damas en 2013, rappelons que de nombreux autres criminels de guerre et criminels contre l’humanité ne sont jamais inquiétés (nous écrivions ainsi récemment au sujet des tueurs hutus réfugiés en France).

Pendant que certain·es pro-israélien·es considèrent que toute empathie envers les Palestinien·es équivaut à un soutien au Hamas, pendant que certain·es soutiens de la cause palestinienne prétendent que la moindre critique des crimes du Hamas revient à un soutien au gouvernement israélien, cette procédure nous montre la voie à suivre, une voie qui devrait être évidente mais qui malheureusement ne l’est pas : contre les crimes de guerre, contre les crimes contre l’humanité, pour la paix dans la justice.

Juives et Juifs Révolutionnaires
Collectif antiraciste
https://blogs.mediapart.fr/juives-et-juifs-revolutionnaires/blog/260524/netanyahou-haniyeh-et-leurs-complices-doivent-rendre-des-comptes

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« Nous sommes divisé·es » : l’unité d’Israël s’estompe alors
que la guerre à Gaza approche de son neuvième mois.

Le moral des troupes baisse alors que les négociations pour la libération des otages échouent et que de plus en plus de personnes pensent qu’une « victoire totale » sur le Hamas est impossible.

Dans ce qui semble être un bâtiment incendié à Gaza, avec des graffitis en hébreu sur les murs indiquant « Kach » et « Kahane », références à un infâme suprémaciste juif et à son parti politique illégal, un soldat masqué s’adresse au ministre israélien de la défense.

« Yoav Gallant, vous ne pouvez pas gagner la guerre. Démissionnez. Vous ne pouvez pas nous commander », déclare l’homme dans un long clip publié sur les réseaux sociaux samedi, dans lequel il promet sa loyauté au Premier ministre, Benjamin Netanyahu. Il prévient que 100 000 autres réservistes se mutineront si des éléments hésitants du gouvernement, comme M. Gallant, compromettent l’objectif de M. Netanyahou de « victoire complète » sur le Hamas.

Les Forces de défense israéliennes (FDI) ont ouvert une enquête criminelle sur la vidéo, qui a été partagée par le fils du premier ministre, Yair, qui ne mâche pas ses mots. Le comportement du réserviste a constitué une « grave violation des ordres et des valeurs des FDI », a déclaré l’armée israélienne dans un communiqué.

Dans la société israélienne profondément polarisée, divisée selon des lignes ethniques, religieuses et politiques, l’armée est censée être « l’armée du peuple », un creuset apolitique qui rassemble le pays. Mais alors que la guerre contre le Hamas entre dans son neuvième mois, l’unité nationale affichée au lendemain de l’attaque du groupe militant palestinien, le 7 octobre, s’est estompée.

« Nous sommes une société politiquement divisée et, malheureusement, je pense que nous sommes surtout divisés sur les choses les plus importantes », a déclaré Simcha, 45 ans, en visitant le quartier des loisirs en plein air de Jérusalem, First Station, par une chaude journée de la semaine dernière. « Lorsqu’il s’agit de la guerre et des problèmes au Moyen-Orient, nous sommes divisés sur la manière de les résoudre… Je ne sais même pas s’il y a une solution. »

Une cliente, Yifrat, 67 ans, a déclaré : « Il y a de la haine et de l’agressivité de part et d’autre de la frontière : « Il y a de la haine et de l’agressivité de tous les côtés. Je ne sais pas comment nous pourrons nous réconcilier après cela. Je ne suis pas sûr qu’il y ait jamais de victoire dans la guerre. »

Plus la guerre s’éternise, sans plan concret pour le lendemain, plus le moral des troupes baisse. Les pourparlers visant à libérer la centaine d’otages israélien·nes restant·Ês ont échoué à plusieurs reprises, tandis que le Hamas et le Hezbollah libanais continuent de perturber la vie quotidienne par des tirs de roquettes.

Alors qu’un sondage réalisé en octobre indiquait que 70% des Israélien·nes pensaient que le pays devait se battre jusqu’à ce que le Hamas soit « éliminé », une enquête réalisée en mai par l’institut Midgam, une société d’études de marché et de sondage basée à Bnei Brak, à l’est de Tel Aviv, a révélé que 62% des Israélien·nes pensaient désormais qu’une « victoire totale » dans la bande de Gaza était impossible.

Des manifestations ont eu lieu dans tout Israël dans la nuit de samedi à dimanche, au cours desquelles les manifestant·es ont exigé un accord immédiat sur la prise d’otages et des élections anticipées. À Tel-Aviv, sept personnes ont été arrêtées après avoir allumé un feu de joie à un grand carrefour autoroutier.

La « dérive stratégique » de la guerre s’est accompagnée d’une dégradation de la position d’Israël dans le monde en raison du nombre de mort·es et de la crise humanitaire à Gaza.

La semaine dernière a été particulièrement éprouvante pour l’État juif sur la scène internationale. Le bureau du procureur de la Cour pénale internationale a déclaré qu’il demandait des mandats d’arrêt contre M. Netanyahou et M. Gallant, ainsi que contre de hauts responsables du Hamas ; les pays européens que sont l’Irlande, la Norvège et l’Espagne ont officiellement reconnu un État palestinien ; et la Cour internationale de justice, qui arbitre les différends entre les pays, a ordonné l’arrêt de la nouvelle offensive dévastatrice d’Israël sur la ville de Rafah, dans le sud de Gaza.

Pour de nombreuses et nombreux clients du marché fermier de First Station, la censure internationale croissante n’a aucun sens. « La communauté internationale est folle », a déclaré Keren, 48 ans. « Israël est un pays démocratique, les Arabes y ont les mêmes droits que les Juifs/Juives. C’est comme s’ils faisaient un cadeau aux terroristes ».

Shoshana, 55 ans, vendeuse de produits biologiques pour la peau, a déclaré qu’elle n’aimait pas Netanyahou – une opinion partagée par 71% du public, selon des sondages publiés le mois dernier, qui pensent qu’il devrait démissionner immédiatement ou juste après la fin de la guerre. Il est l’otage de ses partenaires de la coalition d’extrême droite, qui affirment qu’ils feront tomber son gouvernement si des concessions sont faites dans la guerre contre le Hamas.

Le fait que la CPI envisage d’inculper M. Netanyahou de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité constitue toujours un dangereux précédent, a déclaré Mme Shoshana. « Nous ne sommes pas une république bananière, nous avons un État de droit et un système judiciaire. S’ils s’en prennent au dirigeant d’un pays démocratique, quelle sera la prochaine étape ? La Chine fera-t-elle juger le président de Taïwan ? Cette décision pourrait détruire l’ordre mondial ».

Pour le petit bloc juif israélien anti-occupation et anti-guerre, les développements internationaux de cette semaine ont été pour la plupart bien accueillis. Dans une déclaration, l’organisation respectée de défense des droits des êtres humains B’Tselem a déclaré : « L’ère de l’impunité pour les crimes de guerre est révolue : «  L’ère de l’impunité pour les décideurs israéliens est révolue. »

Lors d’une petite manifestation à Jérusalem vendredi après-midi, un militant de premier plan, qui a demandé à ne pas être nommé en raison du climat politique, s’est demandé si les mesures pro-palestiniennes prises par la communauté internationale cette semaine conduiraient l’establishment politique israélien et la majorité de la société à refuser d’envisager une reprise des pourparlers de paix ou de reconnaître la création d’un État palestinien.

« Cette semaine, 105 membres de la Knesset ont exprimé leur soutien à Bibi, même celles et ceux qui le détestent », a-t-il déclaré en utilisant le surnom bien connu du premier ministre. « Je pense qu’il est plus facile pour les Israélien·nes de se rassembler contre la CPI et la CIJ que de réfléchir aux preuves des crimes de guerre.

« Même pour moi, il a été difficile d’écouter les accusations de génocide portées par l’Afrique du Sud devant la CIJ. J’ai ressenti une honte et une gêne profondes. Il est difficile de se regarder dans le miroir, et il faut du temps pour que les opinions changent. »

Cet article a été modifié le 27 mai 2024. Une version antérieure indiquait à tort que la Norvège était un État membre de l’UE.

Bethan McKernan et Quique Kierszenbaum à Jérusalem
https://www.theguardian.com/world/article/2024/may/27/unity-israel-war-in-gaza-approaches-ninth-month
Traduit avec DeepL.com (version gratuite)

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Le boycott fait en réalité partie de la solution

En réponse à la tribune d’Astrid Von Busekist, publiée dans Le Monde concernant le boycott des universités israéliennes, je voulais expliquer au professeur Von Busekist pourquoi un boycott fait en réalité partie de la solution. Un boycott n’est pas seulement une punition, c’est aussi une déclaration morale. C’est également un outil efficace et nécessaire contre les pays et en particulier les nations qui ont perdu la raison.

Pour résumer la tribune d’Astrid von Busekist (Le Monde du 21 mai 2024), il n’y a pas de place pour l’antisionisme dans le monde universitaire ; il n’y a pas de place pour un boycott universitaire ; ce n’est pas légitime ; la demande de boycotter les universités israéliennes et d’enquêter sur leur implication dans les violations des droits de l’homme ne coïncide pas avec ce que « les universités sont censées être ni avec ce à quoi est censée ressembler la liberté académique ».

L’auteure de la tribune appelle également à l’adoption d’une politique de dialogue constructive et pluraliste entre intellectuels et étudiants israéliens et palestiniens, pour créer un dialogue, dans l’espoir de parvenir à un compromis, et peut-être même à une réconciliation.

Émouvant, n’est-ce pas ?

Je suppose que certains intellectuels et étudiants israéliens de moins de 45 ans ne pourront accepter cette invitation, car depuis le 7 octobre, ils sont dans la bande de Gaza en tant que soldats combattants, soutiens du combat, membres du renseignement ou pilotes. Bref, ils mènent un dialogue pluraliste et constructif avec le fusil et le char et créent un forum commun d’échange de tirs et de bombardements sur Gaza.

Je voulais néanmoins expliquer au professeur Von Busekist pourquoi un boycott des universités israéliennes fait en réalité partie de la solution.

À l’université de Tel Aviv, par exemple, où j’ai étudié – censée être l’université la plus libérale et de gauche – le Shin Bet cherche des startups et des entrepreneurs originaux pour ses opérations sécuritaires en collaboration avec l’université.

Le monde académique israélien dans son ensemble joue un rôle important dans l’occupation, dans l’apartheid, et donc aussi dans les massacres qui ont lieu dans la bande de Gaza – notamment grâce à la recherche et au développement d’armes et de technologies militaires ainsi que de technologies de surveillance et de renseignement.

Et ce n’est pas tout : depuis le 7 octobre, les universités israéliennes ont pris soin de suspendre les étudiants et employés palestiniens, soutient les menaces de la part de l’État et d’autres étudiants et autres opérations visant à les réduire au silence, tout en limitant leur liberté d’expression.

La réponse du monde académique israélien à la guerre est pour le moins honteuse : il soutient presque sans réserve toutes les opérations de guerre.

N’est-il pas étrange qu’il n’y ait pas eu une seule manifestation significative d’étudiants israéliens contre la guerre ? C’est avec eux que nous sommes censés dialoguer ?

Astrid von Busekist a probablement eu connaissance de ce qui est arrivé à Nadera Shalhoub-Kevorkian, une professeure comme elle, qui a osé dénoncer Israël, la manière dont elle a été suspendue, interrogée, arrêtée, et dont sa vie lui a été ôtée.

L’université israélienne a perdu ce qui lui restait de sens critique le 7 octobre et salue la guerre brutale dirigée contre la population civile par un gouvernement fasciste-raciste et des ministres fous et assoiffés de sang. Le même gouvernement, auquel s’opposaient avant la guerre de nombreux universitaires, mais maintenant « silence, on tire ».

Un boycott n’est pas seulement une punition, c’est aussi une déclaration morale, qui signifie : « Je ne suis pas disposé à prendre une part directe ou indirecte aux crimes commis par l’objet du boycott ».

Un boycott est une réponse non violente aux crimes violents commis par Israël à Gaza et en Cisjordanie, et que, par leur silence, les Israéliens soutiennent.

Et comme toute autre forme de boycott, un boycott universitaire est également un outil efficace et nécessaire contre les pays et en particulier les nations qui ont perdu la raison. Il est impossible d’avoir un dialogue constructif et pluraliste avec ceux qui se livrent à des massacres aveugles.

Certainement pas en temps réel, alors qu’ils sont en train de se produire.

Hanin Majadli
Journaliste palestinienne à Haaretz
https://blogs.mediapart.fr/hanin-majadli/blog/290524/le-boycott-fait-en-realite-partie-de-la-solution

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Lutter pour la Palestine et contre l’antisémitisme : choisir ses mots

A Rafah, les bombes pleuvent sur les Palestiniens. En France, l’antisémitisme se répand à grande allure. Là-bas, un crime atroce appelant des réponses urgentes : ici, un mal souterrain exigeant la plus grande vigilance. L’un et l’autre engagent la responsabilité des personnalités politiques françaises.

A Rafah, les bombes pleuvent sur les Palestiniens. En France, l’antisémitisme se répand à grande allure. Là-bas, un crime atroce appelant des réponses urgentes : ici, un mal souterrain exigeant la plus grande vigilance. L’un et l’autre engagent la responsabilité des personnalités politiques françaises. Engagées dans la vie politique d’un Etat qui pèse sur la scène internationale, elles ont le devoir de déterminer comment cet Etat peut travailler à un cessez-le-feu à Gaza dès maintenant, à la paix et la justice en Israël/Palestine demain. Engagées dans la vie civile de cet Etat, elles ont le devoir de lutter contre l’antisémitisme. Deux luttes à mener sur deux fronts différents, face à deux phénomènes distincts mais connexes.

Le lien entre ces deux phénomènes est celui qui lie « antisionisme » et « antisémitisme ». Il est certes parfaitement possible d’être antisioniste sans être antisémite : il suffit de penser à Naomi Klein, Omar Bartov et tant d’autres opposants à Israël qui revendiquent fièrement leur identité juive. Cependant l’antisionisme et l’antisémitisme entretiennent bel et bien des liaisons dangereuses. J’en prendrai trois exemples :

– Récemment, un camp de soutien à la Palestine s’est installé devant King’s College, Cambridge, auquel mes étudiants ont participé. J’ai partagé fièrement sur Facebook les photos qu’ils m’envoyaient. Celles-ci ont été repartagées avec le hashtag #savetheworldfromzionism. Ce hashtag est évidemment antisémite. L’idée que le monde serait sous l’emprise du sionisme est insoutenable et n’a de sens que pour ceux qui croient au « complot Juif ».

– En Avril dernier, l’université de Lille interdisait une conférence de Rima Hassan et Jean-Luc Mélenchon organisée par l’association étudiante France-Palestine. J’ai dit dans un billet que j’étais scandalisé par cette interdiction. Cependant j’apprends que l’université de Lille a, depuis, organisé un débat entre France-Palestine et le collectif Juif Golem. Les représentants de France-Palestine n’ont accepté l’invitation que pour tendre à Golem un traquenard : dès leur intervention liminaire, ils annoncèrent qu’ils n’entendaient pas débattre et accusèrent les représentants de Golem de colonialisme, de racisme et de complicité dans le génocide en cours. La salle, tout acquise à France Palestine, hua les membres de Golem qui durent être exfiltrés.

On peut ne pas partager les positions de Golem, mais les accusations portées contre le collectif sont aberrantes puisqu’il appelle au cessez-le-feu, condamne Netanyahou, dénonce l’occupation et la ségrégation et milite pour un Etat palestinien. En revanche, Golem considère à raison qu’un Juif a droit, comme tout homme, d’avoir ses opinions politiques sans être agressé ou désigné à la vindicte. La France n’est pas puissance occupante en Palestine, les opinions des Juifs de France n’ont aucune incidence sur les événements à Gaza : que les sionistes français soient traités comme des ennemis de l’intérieur et non simplement comme des opposants politiques est un signe de la montée de l’antisémitisme. Ce qui vaut pour les Musulmans vaut pour les Juifs : de même qu’il était odieux d’exiger des premiers qu’ils soient au diapason de la nation après les attentats de Charlie Hebdo, il est odieux d’exiger des seconds qu’ils soient au diapason des militants de la cause palestinienne. Le traitement subi par Golem à l’Université de Lille trahit indubitablement une telle exigence exorbitante et inacceptable.

– A l’Assemblée nationale, Sébastien Delogu déploie un drapeau palestinien, ce qui suscite une réaction totalement disproportionnée de la présidente Yaël Braun-Pivet. Plus tard, Meyer Habib prend à partie David Guiraud qui défend son camarade face à des journaliste. David Guiraud traite Meyer Habib de « porc ». S’il ne savait pas que l’assimilation des Juifs à des porcs est « l’un des traits les plus constants et les plus universels de l’antijudaïsme », il a sans doute eu le temps de l’apprendre avant de passer sur BFMTV le lendemain. Loin de revenir sur son injure, il croit bon de faire un trait d’humour, s’excusant envers les porcs de les avoir comparés à Meyer Habib. Depuis, des photos de porcs prénommés « Meyer Habib » défilent sur mon mur Facebook. Si détestable que soit Meyer Habib (on fait difficilement plus détestable), ces photos sont aussi inqualifiables que le seraient des photos qui assimileraient un homme noir d’extrême droite à un singe.

Trois faits parmi d’autres qui attestent le glissement fréquent de l’antisionisme vers l’antisémitisme. Trois faits qui engagent la responsabilité de tous ceux qui, luttant depuis la France pour la Palestine, ne doivent pas oublier que leurs prises de positions ont des conséquences en France avant d’en avoir en Palestine. Il est parfaitement légitime de faire pression sur le gouvernement français pour qu’ils prennent les mesures qui s’imposent face au martyr des Gazaouis : reconnaissance de l’Etat Palestinien, suspension des livraisons d’armes à Israël, activation de la clause humanitaire suspensive des accords liant l’Union Européenne à Israël. Il est également possible de le faire en mesurant ses paroles et en prenant un soin méticuleux de ne pas donner prises aux amalgames qui font si rapidement basculer l’opposition à l’Etat d’Israël vers la croyance en le complot sioniste mondial, la suspicion envers les Juifs en général et l’injonction discriminante à publiquement confesser leur faute.

Dans une atmosphère chaque jour moins respirable, je me trouve, de billets en billets, pris entre deux feux : scandalisé un jour par la criminalisation de la lutte pour la Palestine, choqué le lendemain par la dangereuse désinvolture avec laquelle cette lutte est parfois menée. Rien ne saurait m’étonner de la part d’un gouvernement qui saisit toutes les occasions de durcir la répression des oppositions politiques et ne recule devant aucune accusation calomnieuse   que la gauche soit accusée d’antisémitisme après avoir été qualifiée d’islamogauchiste ou d’écoterroriste, c’est dans la logique ignominieuse d’un pouvoir aux abois. En revanche, je ne me résous pas à ce que cette gauche ne soit pas à la hauteur de ses propres valeurs et n’ait pas à chaque pas le soin de peser ses mots.

Olivier Tonneau

Enseignant-chercheur à l’Université de Cambridge
https://blogs.mediapart.fr/olivier-tonneau/blog/290524/lutter-pour-la-palestine-et-contre-lantisemitisme-choisir-ses-mots

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Un État, deux États : un débat inutile

Je n’en reviens pas de voir tous ces politiques, tous ces commentateurs qui redécouvrent les vertus de la « solution à deux États » qu’ils ont contribué à enterrer depuis des décennies, par complicité, complaisance, obsession de l’équidistance ou simple inertie. Une « solution » dont, de fait, plus personne sur place ne veut et dont personne n’a la moindre idée de comment la faire advenir. Cette impossibilité ne date pas d’hier. La leçon d’Oslo, qui n’a jamais été vraiment tirée, devrait pousser la diplomatie internationale à complètement inverser la démarche : l’important est de baliser un chemin, d’avancer pas à pas, tandis que l’objectif final se reconfigurera entre les protagonistes au fil de ces avancées, sachant que, « entre le fleuve et la mer », plusieurs formules égalitaires sont envisageables.

Cela fait déjà longtemps que la « solution à deux États » est cliniquement morte, du moins sous sa forme originale (il y en a d’autres ?). Je reprends ci-dessous un ancien billet de ce blog qui date du 1  avril 2010. Il relaie une proposition stratégique qui m’avait alors troublé.

« Si rien ne se produit d’ici quelques mois, la solution des deux États côte à côte sera morte en raison de la colonisation. » Ainsi se concluait l’entretien que le journaliste israélien Gideon Levy accordait à Baudouin Loos dans Le Soir (13 avril 2010).

Ce n’est pas une figure de style, et je crains bien que Gideon Levy ait raison. Déjà, avec un timing moins serré, Michel Warschawski, antisioniste déclaré mais rallié à la formule des deux États par pragmatisme, déclarait il y a plus d’un an : « Si le compromis fait de deux États coexistant l’un à côté de l’autre ne se réalise pas dans ce temps court, soit d’ici une demi-douzaine d’années, cette option perdrait toute possibilité concrète d’advenir, et la seule option réaliste serait un seul État. » L’alternative à cette formule, c’est bien sûr le retour à l’ancienne position de l’OLP : l’État binational. Pour Warschawski, « cela signifierait l’échec d’une solution dans le temps court, et la perspective d’une solution dans deux générations ou plus encore. » Évidemment, personne ne peut s’y résoudre.

Que de temps passé, dans les milieux critiques d’Israël, à comparer les deux formules… qui n’étaient sans doute pas tellement éloignées l’une de l’autre, la différence étant d’abord symbolique (le nom, le drapeau, l’hymne national…), ce qui, j’en conviens évidemment, n’est pas rien. Car, sur le terrain, les deux États eurent été tellement imbriqués qu’on aurait dû en passer par une gestion conjointe de nombreuses matières. Tandis que l’État binational aurait été obligatoirement un État fédéral avec une large autonomie de gestion des deux « communautés »… Toutes ces considérations ont pu alimenter de passionnants pilpoulim dont l’inanité a fini par me sauter aux yeux. Car, quel que soit l’objectif qu’on se fixe, aucun n’a le moindre intérêt si on ne peut tracer un chemin praticable qui y mène.

XXXXAucun objectif n’a le moindre intérêt si on ne peut tracer un chemin praticable qui y mène.

Et c’est précisément là que ça cale. Il ne reste plus rien de mes maigres illusions dans le « processus de paix » tel qu’il a été formaté par les accords d’Oslo de 1993 [1]. Depuis, la colonisation s’est poursuivie sans le moindre répit tandis qu’on amusait la galerie par des initiatives d’opérette qui n’avaient aucun effet pratique sur le terrain tout en donnant bonne conscience aux bailleurs de fonds occidentaux et notamment aux Européens. Gaza et ses suites ont démontré la profonde corruption morale de la société israélienne, plus émue, raconte Gideon Levy, par la mort de deux chiens israéliens touchés par une roquette du Hamas que par les centaines de Palestiniens massacrés. Après son élection, tout le monde s’est tourné vers Obama en le suppliant d’imposer une Pax Americana qui, quel qu’ait pu être son contenu, eut été mille plus juste que le statut actuel. Mais la pusillanimité du dernier prix Nobel de la paix montre que, malheureusement, aucune hirondelle ne fait à elle seule le printemps.

Le chemin : toute la question est bien là. Et c’est ici que je suis troublé par la dernière proposition de Sari Nusseibeh, ce grand intellectuel palestinien, parlant l’hébreu, président de l’Université d’Al Qods (Jérusalem) et qui n’a jamais été avare de créativité. C’est notamment lui qui avait concocté en 2002 avec Ami Ayalon, un ancien chef des services secrets israéliens, un plan de compromis qui allait déjà fort loin dans les concessions palestiniennes dans l’espoir de faire bouger les lignes au sein d’une société israélienne ivre de sa toute-puissance. Aujourd’hui, devant l’impasse de toutes les initiatives diplomatiques, Nusseibeh renonce à la ligne des « deux États » et aux compromis soupesés avec une balance de pharmacien. Il se prononce désormais pour un certain genre d’État binational. Sa démarche est presque insoutenable, mais il faut la suivre.

« Le roi serait nu »
L’État qu’il propose n’est pas un rêve, c’est même un enfer. Mais, pour lui, c’est un enfer moindre que celui d’aujourd’hui, un enfer qui ne cultive plus d’illusion et qui force à la lucidité. Un enfer qui constituerait un meilleur point de départ pour obtenir justice pour son peuple et qui dessine un chemin plus clair dans cet objectif.

Le 6 janvier, voici ce que Sari Nusseibeh a déclaré au Figaro : « Ma prochaine proposition sera de demander à Israël de nous annexer, en nous acceptant comme des citoyens de troisième catégorie. Les Palestiniens bénéficieraient des droits élémentaires, le mouvement, le travail, la santé, l’éducation, mais n’auraient aucun droit politique. Nous ne serions pas des citoyens, seulement des sujets. » Sari Nusseibeh demande en fait pour son peuple le statut qui était celui des Noirs dans l’Afrique du sud du temps de l’apartheid, ou des Algériens musulmans avant l’indépendance. Cela ne leur donnerait sûrement pas moins de droits et de libertés réelles qu’ils n’en ont aujourd’hui, sauf que « le roi serait nu » et qu’il n’y aurait plus d’Autorité palestinienne pour faire semblant de constituer un appareil d’État croupion faisant tampon entre le peuple palestinien et l’occupant. La rhétorique se retrouverait complètement inversée. Et, c’est l’hypothèse de Nusseibeh, les conditions de lutte seront plus claires. Elles emprunteront les chemins d’une bataille pour l’égalité civique. Il sera toujours temps plus tard, quand celle-ci sera en bonne voie d’être acquise, de réfléchir à la plomberie institutionnelle au lieu de faire l’inverse comme c’est le cas depuis des années.

J’imagine bien que Nusseibeh, qui n’est pas né de la dernière pluie, ne croit pas une seconde que le mouvement national palestinien puisse se rallier à une telle proposition, lui qui n’a que de misérables satisfactions diplomatiques à se mettre sous la dent et qui devrait du coup y renoncer. Mais c’est surtout un appel à la lucidité qu’il nous lance. Qu’on en finisse avec la mascarade du « processus de paix » et des négociations perpétuelles. Solution à un ou à deux États : cette controverse me semble aujourd’hui hors du temps. Battons-nous pour les droits civiques, le droit d’aller et venir, le droit au travail, à la santé et à l’enseignement, contre le racisme institutionnel et les discriminations, contre l’impunité des criminels de guerre, pour le droit à un procès équitable, pour la liberté d’expression et d’information, pour le respect du patrimoine, des arbres et des sources, de l’outil de travail et de la propriété familiale. Il faut inverser l’ordre des priorités. Le temps de la « solution politique » qui devra régler dans un seul paquet miraculeux la question des frontières, de Jérusalem et des réfugiés viendra plus tard.

[1] À l’époque, ceux-ci nous avaient atterrés par leur vacuité, mes amis de l’UPJB et moi. Mais l’enthousiasme à leur égard d’Albert Aghazarian et de Matti Peled, les deux grands intellectuels que nous avions invités pour les commenter et qui tablaient sur la dynamique positive de la reconnaissance mutuelle, avait tempéré notre scepticisme.

Henri Goldman
https://leblogcosmopolite.mystrikingly.com/blog/un-etat-deux-etats-un-debat-inutile

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Non, Monsieur le Président, le respect du Droit International
n’est pas une question d’« émotion »

L’Espagne, l’Irlande et la Norvège ont reconnu l’État palestinien. La France ne le fera pas. Du moins pas sous la Présidence Macron, qui a déclaré mardi 28 mai 2024 : « Je ne ferai pas une reconnaissance d’émotion. » La formule est, hélas, emblématique du renoncement total et dangereux de l’exécutif au droit international.

L’Espagne, l’Irlande et la Norvège ont reconnu l’État palestinien. 

La France ne le fera pas. Du moins pas sous la Présidence Macron, qui a déclaré mardi 28 mai 2024 : « Je ne ferai pas une reconnaissance d’émotion. »

Alors que ces mots étaient prononcés, les citoyens français étaient, eux, plongés dans l’émotion du massacre de Rafah, et de ces images effroyables de réfugiés et déplacés brûlés vifs, nouvelles victimes s’ajoutant à un bilan humain effroyable de ce qui a été présenté comme une opération contre-terroriste, menée faut-il le rappeler par une puissance occupante violant jusqu’aux ordonnances de la plus haute juridiction internationale.

« Je ne ferai pas une reconnaissance d’émotion. »

La formule est, hélas, emblématique du renoncement de l’exécutif au droit international.

Monsieur Séjourné avait déjà posé un seuil moral à ne pas franchir, celui de l’accusation de génocide dès lors qu’il s’agissait de l’« État Juif », au moment où l’Afrique du Sud avait saisi la Cour Internationale de Justice sur le fondement de la Convention sur le Génocide de 1948.

Le même a déclaré que la reconnaissance de l’État n’était pas un tabou

Nous recherchons toujours à cette heure dans le Statut de Rome ou dans la Charte des Nations-Unies une quelconque référence au « seuil moral » et au « tabou ».  En vain.

Lorsque, dans l’affaire « Situation dans l’État de Palestine », le Procureur Karim Khan a requis des mandats d’arrêts contre les dirigeants d’Israël et du Hamas, la France a affirmé son soutien à la Cour Pénale Internationale, à « son indépendance, à la lutte contre l’impunité dans toutes les situations ». Mais il n’a pas fallu attendre très longtemps pour que Monsieur Séjourné déclare qu’il « n’y avait aucune équivalence possible entre le Hamas, un groupe terroriste, et Israël un État démocratique ». Les requêtes du Procureur n’établissait pourtant aucune équivalence, pour la bonne raison que ce n’était pas leur objet, mais la diplomatie française s’est crue contrainte d’alimenter la confusion. La rigueur juridique était donc une fois de plus abandonnée, pour satisfaire les exigences des dirigeants israéliens et de leurs soutiens en France.

Et aujourd’hui, à propos de la reconnaissance de l’État palestinien, le Président de la République attend le « moment utile » et ne veut pas se laisser pas guider par l’« émotion ».

Non, Monsieur le Président, il ne s’agit pas d’émotion mais bien de droit.

Le droit à l’autodétermination du peuple palestinien est bien un… droit, et pas un souhait qu’il vous plairait d’exaucer ou pas. 

Ce droit est établi par les Palestiniens depuis, au moins, le mandat britannique sur la Palestine. Dans le cas de la Palestine, il s’agissait d’un mandat A, pour lequel les nations de ces territoires étaient provisoirement reconnues comme indépendantes, mais recevaient le conseil et l’assistance administrative du mandat jusqu’à ce qu’elles soient capables de l’être. 

Les mandats A de la région sont devenus des Etats assez rapidement, à l’exception de la Palestine confrontée au projet sioniste, et on sait aujourd’hui que le droit à l’autodétermination n’a été mis en œuvre que pour le foyer national juif de Palestine, au terme d’un processus de substitution. La résolution du 29 novembre 1947, qui adopte le plan de partage, permet elle-même au peuple palestinien d’exercer son droit à l’autodétermination.

La suite de l’histoire est connue et ne sera pas rappelée. Le droit à l’autodétermination des Palestiniens n’a jamais pu être remis en cause par Israël et au contraire, il a été depuis maintes fois réaffirmé par les Nations Unies.

Ni la dispersion forcée de la nation palestinienne, ni l’occupation de 1967 n’ont remis en cause l’existence de l’Etat palestinien.

La Palestine est un Etat.

Elle est un État observateur permanent des Nations-Unies depuis le 29 novembre 2012, et son statut vient d’être rehaussé par l’Assemblée générale, à une écrasante majorité, le 10 mai dernier.

Concernant la Cour Pénale Internationale, que la France dit soutenir, on rappellera que le Statut de Rome est entré en vigueur le 1er avril 2015 à l’égard de la Palestine, après que le gouvernement palestinien ait déposé une déclaration en vertu de l’article 12-3 reconnaissant la compétence de la Cour pénale internationale (CPI) pour les crimes présumés commis sur le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, depuis le 13 juin 2014.

Concernant la France, le 2 décembre 2014, l’Assemblée nationale a adopté une résolution « pour la reconnaissance de l’Etat de Palestine », dont les déclarations actuelles de l’exécutif nous obligent à rappeler les termes :

L’Assemblée nationale,
Vu l’article 34-1 de la Constitution,
Vu l’article 136 du Règlement,
Affirme sa volonté de concourir à l’effort international de paix au Proche-Orient ;
Constatant la volonté des peuples israélien et palestinien de vivre en paix et en sécurité ;
Constatant l’échec des tentatives de relance du processus de paix engagées depuis 1991 entre Israéliens et Palestiniens par la communauté internationale ;

Constatant les menaces pesant sur la solution des deux États, et notamment la poursuite illégale de la colonisation dans les territoires palestiniens qui mine la viabilité même d’un État palestinien, malgré les capacités institutionnelles dont s’est dotée l’Autorité palestinienne et la reconnaissance que lui a accordée l’Assemblée générale des Nations Unies ;
Constatant la montée des tensions à Jérusalem et en Cisjordanie, qui menace d’engendrer un nouveau cycle de violence néfaste pour l’ensemble des populations de la région ;

  1.  Souligne que le statu quo est intenable et dangereux car il nourrit les frustrations et la défiance croissante entre les deux parties ;

  2. Souligne l’impératif d’une reprise rapide des négociations entre les parties selon des paramètres clairs et un calendrier déterminé ;

  3. Affirme l’urgente nécessité d’aboutir à un règlement définitif du conflit permettant l’établissement d’un État démocratique et souverain de Palestine en paix et en sécurité aux côtés d’Israël, sur la base des lignes de 1967, avec Jérusalem pour capitale de ces deux États, et fondé sur une reconnaissance mutuelle ;

  4. Affirme que la solution des deux États, promue avec constance par la France et l’Union européenne, suppose la reconnaissance de l’État de Palestine aux côtés de celui d’Israël ;

  5. Invite le Gouvernement français à reconnaître l’État de Palestine en vue d’obtenir un règlement définitif du conflit.

C’était en 2014.
Dix ans après, la colonisation israélienne illégale de la Cisjordanie occupée s’étend à vitesse exponentielle et le peuple palestinien subit à Gaza des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, voire de génocide, avec la complicité de plusieurs dirigeants.

C’est cette complicité qui vient de conduire des ONG européennes, avec le soutien d’éminents juristes et de hauts fonctionnaires, à saisir le Bureau du Procureur de la Cour Pénale Internationale d’une demande d’enquête sur Madame Von der Leyen, sur le fondement de complicité, par soutien économique et financier, diplomatique et politique.

En France, le soutien « inconditionnel » apporté à Israël au plus haut sommet de l’Etat, couplé à une répression sans précédent des citoyens et élus portant la voix de la raison, marque hélas un renoncement total et dangereux au Droit International.

Il eût été logique, cohérent et conforme au Droit International, que la France reconnaisse l’État palestinien.

Mais non, ce n’est pas le « moment utile »

Et le Président de la République vient d’exhorter le Président de l’Autorité palestinienne à « mettre en œuvre les réformes indispensables » en vue de la reconnaissance de l’État de Palestine.

La reconnaissance de l’Etat de Palestine n’est conditionnée à aucune réforme, et tout le monde aura compris qu’il s’agit d’un nouveau prétexte pour éviter d’avoir à appliquer le Droit.

En outre, il aurait été utile d’assortir cette nouvelle injonction d’un guide de faisabilité, pourquoi pas intitulé : « Comment réformer des institutions d’un Etat sous occupation militaire ? »

La reconnaissance de l’Etat palestinien n’aurait pas été dictée par l’émotion, mais par l’exigence que devrait avoir la France pour le respect de ses engagements internationaux.

Les dirigeants espagnol, irlandais et norvégien ont eu cette exigence et le 28 mai 2024, ils sont entrés, eux, dans l’Histoire.

Collectif de Juristes pour le Respect des engagements internationaux de la France
https://blogs.mediapart.fr/cjrf/blog/300524/non-monsieur-le-president-le-respect-du-droit-international-n-est-pas-une-question-d-emotion

*-*

Benoît Payan appelle à éteindre toutes les mairies en soutien aux victimes civiles de Gaza
Alors qu’Israël poursuit les bombardements sur les camps de réfugiés de Rafah, le maire de Marseille annoncé qu’il éteindra les lumières de l’hôtel de ville. Il appelle les autres municipalités à suivre le mouvement.
https://www.lamarseillaise.fr/politique/benoit-payan-appelle-a-eteindre-toutes-les-mairies-en-soutien-aux-victimes-civiles-de-gaza-OF16025038

Manifs-Gaza-Avignon-5-juin-2024-A4-P1-OKOK

Manifs-Gaza-Avignon-5-juin-2024-A4-P2-OKOK

Auteur : entreleslignesentrelesmots

notes de lecture

Une réflexion sur « Israël est un État voyou. Qui les arrêtera ? (et autres textes) »

  1. Reconnaissance de la Palestine : Emmanuel Macron, « le moment utile » est venu

    Combien ? Combien de morts, de visions atroces, d’enfants réduits à l’état de charpie, de corps calcinés, de familles endeuillées faudra-t-il à Gaza pour que la France use enfin des leviers en sa possession pour stopper le carnage ? La reconnaissance officielle de l’État de Palestine par Paris, à laquelle appellent dans nos colonnes plusieurs centaines de personnalités (des politiques, syndicalistes, sportifs, artistes, chercheurs, associatifs…), ce 31 mai, constituerait un symbole diplomatique fort qui honorerait la République et, à travers elle, le peuple français.

    Emmanuel Macron s’y est dit favorable et « en même temps » joue la montre. Le 29 mai, le chef de l’État réservait sa décision à la condition que l’Autorité palestinienne se « réforme » pour « exercer des responsabilités, y compris à Gaza ». La veille, il fallait attendre « le moment utile », quand serait retombé le souffle de « l’émotion ». Absurde. Le bon moment, c’était déjà hier, c’est ardemment aujourd’hui.

    Comme si l’émotion pouvait s’estomper alors que les frappes se poursuivent. Des missiles israéliens pleuvaient encore sur Rafah, ce 30 mai, au mépris des droits humains et de l’ordre de suspendre l’offensive, formulé par la Cour internationale de justice. Selon le dernier bilan, 36 224 personnes ont été tuées à Gaza, dont 14 000 enfants, depuis le 7 octobre 2023 et la réaction d’Israël aux odieuses attaques terroristes perpétrées sur son sol par le Hamas.

    Cette reconnaissance de la souveraineté palestinienne ne serait pas un aboutissement, mais l’ébauche d’une solution politique au conflit. Les autres leviers à activer sont nombreux et l’instauration d’un cessez-le-feu, votée et revotée aux Nations unies, est le préalable essentiel à toute négociation afin d’obtenir le retour de tous les otages retenus par le Hamas.

    La diplomatie doit imposer le silence aux armes. Pour faire pression, la France peut rappeler son ambassadeur en Israël, placer sous embargo toute exportation militaire à destination de Tel-Aviv ou pousser pour suspendre l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël. Bref, sortir d’un attentisme coupable. Le monde nous regarde.

    Appel : reconnaître l’État de Palestine, maintenant !

    Face à l’atrocité de la situation à Gaza, l’Espagne, l’Irlande et la Norvège ont décidé, mardi 28 mai, de reconnaître officiellement l’État de Palestine. Ces trois nations rejoignent l’immense majorité de pays (146 sur 193) ayant fait cette démarche. Le président Emmanuel Macron affirme que la France est prête à faire de même mais « à un moment utile ». Nous affirmons que ce « moment utile » est venu, plus que jamais !

    Après les ignobles attaques du Hamas du 7 octobre et la réponse dévastatrice d’Israël, ce geste est le seul à même d’ouvrir un horizon politique. Cette reconnaissance attendue de longue date n’est pas un aboutissement mais le préalable à tout processus de dialogue et de négociation. Une garantie pour le peuple palestinien et son droit à la justice et à la dignité, mais aussi pour les Israéliens dont la sécurité ne peut être assurée par la colonisation et les violations répétées du droit international.

    Patrie de la Déclaration des droits de l’homme, la France montrerait l’exemple en étant la première des grandes puissances occidentales à reconnaître l’État de Palestine. Elle a le devoir d’ouvrir sans plus attendre cette perspective de paix !

    Je signe l’appel pour la reconnaissance de l’Etat de Palestine

    https://www.humanite.fr/politique/bande-de-gaza/reconnaissance-de-la-palestine-emmanuel-macron-le-moment-utile-est-venu

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