RELATIONS BREVES OU RELATIONS DURABLES : dans quel type de relations hétérosexuelles les femmes courent le plus de risques et sont le plus exploitées ?

Il est certain que les « coups d’un soir » sont risqués pour les femmes, beaucoup plus que pour les hommes: agressions, grossesse, MSTs. Mais ces risques sont infiniment moindres que dans les relations « stables » : il faut toujours garder ce chiffre présent à l’esprit – environ 90% des agressions sexuelles sont commises par des homme proches, dont près de la moitié par des conjoints. Pourtant, le message porté par le discours dominant, en direction des femmes en particulier, c’est que le danger d’agression sexuelle est maximal avec les hommes inconnus: parfait exemple d’inversion patriarcale.

Non seulement c’est le contraire qui est vrai mais ce cliché est même un des mythes constitutifs de la culture du viol : aux yeux de la société et de la justice, un vrai viol, c’est un viol par inconnu dans un parking la nuit.

La conséquence de cette représentation fausse est que les rares viols punis par la justice sont ceux qui correspondent à ce mythe du « vrai viol » commis par un inconnu, tandis que les viols commis par partenaire ou proche restent complètement impunis.

Il y a au moins un avantage évident des relations brèves, c’est que, si les partenaires auxquels on a affaire ne sont pas toujours (et même rarement) compétents, au moins elles procèdent généralement d’un vrai désir chez les femmes qui s’y engagent.

Ce qui n’est pas et ne peut pas être le cas avec des partenaires à long terme, parce que vivre sur la durée avec un homme, avec toutes les trivialités, les dégoûts, la routine, les rancunes (pour non-partage des tâches domestiques entre autres) que la cohabitation implique, ça tue rapidement le désir chez la majorité des femmes. Je ne crois pas–sauf en cas d’expérience sexuelle hyper-limitée ou de déni – à la possibilité de persistance du désir sexuel sur la durée, et ceci probablement encore plus pour les femmes que pour les hommes.

Les relations durables, pour les femmes, c’est synonyme de devoir conjugal, de « il faut consentir au moins à X rapports par semaine, sinon il va bouder, piquer une colère, me frapper–ou aller voir ailleurs » et d’intériorisation de la notion qu’on « doit du sexe » au partenaire même si on ne le désire pas.

Du point de vue féministe, je trouve le semi-viol conjugal beaucoup plus problématique que des rapports désirés avec un homme rencontré en boite ou en vacances.

En bref : en tant que féministe, on ne peut évidemment pas recommander de multiplier les coups d’un soir mais encore moins recommander la mise en couple : exploitation de notre travail domestique et émotionnel non-rémunéré, charge mentale, risques de violences et de féminicide plus élevés, devoir conjugal subi.

Et on constate pourtant que des féministes – certes bien intentionnées et sans s’en rendre compte – recyclent, au nom de la critique féministe de la sexualité patriarcale PIV – de vieux mythes et doubles standards patriarcaux.

Comme celui du « pas de sexe sans amour » – qui ne concerne évidemment que les femmes, le sexe sans amour étant au contraire constitutif de l’identité virile. Le sexe avec amour est en fait plus dangereux pour les femmes que le sexe sans amour. Cette notion du « pas de sexe sans amour » n’étant qu’un recyclage « progressiste » de la norme patriarcale selon laquelle les femmes qui ont des relations sexuelles purement pour le plaisir sont de p..tes.

Ou celui selon lequel les femmes ont peu ou pas de désir sexuel – ce dont les hommes ont essayé de convaincre les femmes, pour des raisons évidentes, depuis le 18ème siècle et qui perdure encore à l’heure actuelle (avant le 18ème siècle, le discours dominant prétendait au contraire que celles-ci étaient hypersexuées).

Prenons garde de recycler au nom du féminisme des mythes et des doubles standards patriarcaux donc antiféministes sur la sexualité.

Francine Sporenda

https://sporenda.wordpress.com/2024/05/19/relations-breves-ou-relations-durables-dans-quel-type-de-relations-heterosexuelles-les-femmes-courent-le-plus-de-risques-et-sont-le-plus-exploitees/

Auteur : entreleslignesentrelesmots

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