Tribune de collectifs de solidarité à l’occasion de la visite de Zelensky à Madrid (+Communiqué du Comité Français du Réseau européen de solidarité avec l’Ukraine après la visite hier du président Volodomyr Zelensky à l’Assemblée nationale)

Le lundi 27 mai, le Président Zelensky s’est rendu à Madrid après avoir été dans l’impossibilité de le faire deux semaines plus tôt en raison des attaques russes majeures dans le nord du pays contre les civils et les infrastructures.

Le contenu de la visite était un accord par lequel, entre autres, le gouvernement espagnol s’engage à financer en 2024 une aide militaire de 1100 millions d’euros (missiles anti-aériens Patriot, munitions, chars Leopard…).

En tant qu’activistes socialement engagés et solidaires de l’Ukraine, nous sommes d’accord avec ce contenu concret de la visite car il s’agit de contribuer à renforcer la défense d’un pays envahi et attaqué par une puissance nucléaire et d’expulser ses troupes d’Ukraine.

Il est vrai que si ce compromis avait commencé à être conçu plus tôt, comme l’exigeait la situation en Ukraine, le gouvernement aurait pu consulter ses partenaires parlementaires et d’autres forces au préalable et avec plus de transparence, en essayant de créer une base politique et sociale plus large de soutien à cet accord nécessaire, sans dépendre d’une opposition dont l’objectif principal actuel est de renverser le gouvernement.

Tout soutien à l’Ukraine est le bienvenu, et si l’opposition parlementaire le soutient, tant mieux. Mais rappelons que jusqu’à présent, cette opposition d’extrême droite n’a fait aucune proposition pertinente dans ce sens. Et que, ne l’oublions pas, VOX s’est déclaré ami de Poutine avant l’invasion russe du 24 février 2022 et s’est montré « sympathique » au blocage par Trump de l’aide militaire des États-Unis. La crédibilité de ceux qui prétendent être du côté de l’Ukraine, mais qui sont amis de Trump et se font prendre en photo avec Netanyahou au milieu du massacre de Gaza, est très faible.

Mais nous pensons également que les partis à la gauche du PSOE, tous avec des nuances différentes, ont commis une grave erreur en ne recevant pas le président du pays agressé et en ne soutenant pas la remise des armes, au nom de l’opposition à l’armement et de la paix. Se rendent-ils compte du message qu’ils ont envoyé à Poutine ? Est-ce là ce qu’ils voulaient ?

Il est important de comprendre qu’il n’y aura pas de paix tant que les peuples soumis ou attaqués par les puissances impérialistes n’imposeront pas leurs droits, leur liberté. En Ukraine comme en Palestine, l’expérience le montre, les peuples continueront à résister et il vaut mieux qu’ils aient tous les moyens et tous les soutiens pour gagner. La paix ne peut être vraie que si elle est juste, pas si elle est indifférente à une éventuelle partition et à l’occupation d’un tiers de l’Ukraine.

Si la Russie devait l’emporter en Ukraine, nous pouvons être sûrs que l’OTAN et toutes les puissances impérialistes intensifieraient leur armement et, comme la Russie, multiplieraient leurs menaces contre les nations les plus faibles et redoubleraient leur compétition pour dominer le monde. Défendre la paix, lutter contre l’armement, l’impérialisme et les guerres, c’est aujourd’hui soutenir la lutte des peuples, en Ukraine comme en Palestine, pour leur liberté.

SUMAR, membre du gouvernement, s’est rendu à la réception, mais se plaint que la destination du 1,1 milliard d’euros a été cachée au Conseil des ministres, qui l’a adoptée sans débat comme une augmentation du budget de la défense. Ce prétendu pacifisme préfère-t-il vraiment que l’argent reste dans les mains de l’armée espagnole au lieu de contribuer à la défense de la liberté de l’Ukraine ?

En tant que Réseaux de solidarité avec l’Ukraine, impliquant des personnes et des organisations engagées dans des valeurs et des objectifs de liberté, d’égalité, de paix et de coopération, nous considérons qu’il y a une grande contradiction entre ces valeurs et les attitudes adoptées à l’égard de cette guerre par les forces politiques qui se réclament de ces valeurs. Comment peut-on défendre le droit à l’autodétermination nationale et le « droit à l’autodéfense » et ne pas reconnaître que ces droits – reconnus par l’ONU elle-même – impliquent nécessairement, dans le cas de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, une défense armée ? On ne peut pas défendre une Ukraine libre et démocratique sans armes. Tout comme il y a quatre-vingt-dix ans, la République espagnole ne pouvait pas se défendre contre le fascisme sans armes.

Nos centres actifs à Madrid, en Catalogne ou au Pays basque sont, et veulent être, un lieu de rencontre avec la communauté ukrainienne, la communauté russe contre le régime et la guerre de Poutine, avec les activistes et les organisations. Nous nous adressons à tous nos citoyens et en particulier à ceux qui, dans d’autres conflits, adoptent des positions de solidarité, comme nous le faisons lors des grands événements de solidarité avec l’Ukraine :

Comme cela s’est produit avec la reconnaissance de l’État palestinien, l’Espagne ne doit pas attendre que quelqu’un, que ce soit l’OTAN ou l’UE, adopte une position active de solidarité avec l’Ukraine. De plus en plus de pays, comme les pays nordiques, prennent des décisions bilatérales pour aider l’Ukraine. Nous devons poursuivre dans cette voie, tout en continuant à agir dans des espaces tels que l’UE pour obtenir des engagements de soutien plus larges.

Signataires de cette déclaration, nous ne sommes pas favorables aux alliances militaires, y compris l’OTAN, à l’armement, au bellicisme ou à l’augmentation des budgets militaires. Mais cette guerre a été déclenchée par Poutine. Nous appelons maintenant à soutenir la position sur la livraison d’équipements militaires de défense approuvée par le gouvernement de Pedro Sánchez. D’autant plus que depuis de nombreux mois, les syndicats et les travailleurs ukrainiens demandent instamment un tel soutien.

Soutenir militairement l’Ukraine peut se faire par solidarité et non pour les affaires des marchands d’armes. Nous veillerons à ce que ce soit le cas. Bien entendu, il faut donner à l’Ukraine des armes ou les moyens de s’en procurer, et non les lui vendre. Tout le matériel militaire doit être donné, pas vendu ! On peut soutenir l’Ukraine tout en critiquant le gouvernement de Zelensky, en soutenant les syndicats ukrainiens contre les lois et les mesures anti-ouvrières qu’il a prises. C’est ce que nous faisons.

Une fois de plus,
Solidarité avec l’Ukraine !
Nous sommes tous Ukrainiens dans cette lutte !
De l’Ukraine à la Palestine, l’occupation est un crime !
Contribuons à expulser les troupes russes du territoire ukrainien !

Réseaux et activistes de Madrid, Catalogne et Euskadi en solidarité avec l’Ukraine
Premiers signataires : infirmières de Madrid, XESU, Trasversales, Entendiendoucrania, Collectif Léodile Béra
Comité belge du Réseau européen de solidarité Ukraine
European network in solidarity with Ukraine and against war

https://www.facebook.com/people/Comité-belge-du-Réseau-européen-de-solidarité-Ukraine/100081254417360/ 

Ante la visita del presidente Zelensky y los acuerdos con el Gobierno español
https://entendiendoucrania.com/invasion/visita-zelensky-acuerdos-gobierno

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A nos sœurs et frères ukrainiens, d’Ukraine,
des territoires occupés et de la diaspora,

Le président Zelensky était en France où il a été reçu le 7 juin au parlement. Il n’y avait que peu de députés pour l’accueillir. Pire des députés de gauche comme par exemple de la France insoumise ou du parti communiste ont fait des déclarations honteuses sur sa présence. Ci-après la déclaration du  Comité Français du Réseau Européen de Solidarité avec l’Ukraine .

A nos sœurs et frères ukrainiens, d’Ukraine,
des territoires occupés et de la diaspora

Nous nous adressons à vous en ce lendemain des commémorations du débarquement de Normandie et en cette veille des élections au Parlement européen pour saluer la présence de votre président, Volodymyr Zelensky, à l’Assemblée nationale.

Il incarne votre résistance à l’impérialisme russe et c’est pour cette raison que nous pensons que la gauche de France attachée à l’émancipation humaine à laquelle nous appartenons profondément aurait dû le saluer toute entière à cette occasion.

Malheureusement, nous avons le devoir de vous dire qu’aujourd’hui nous avons eu honte du visage que certain·es parlementaires de gauche ont montré à l’Assemblée nationale et regretterons l’absence d’un trop grand nombre d’entre eux. 

Honte de l’absence de la majorité de ces parlementaires des bancs de l’assemblée. 

Honte de l’appel lancé par un député LFI, Jérome Legavre à priver l’Ukraine d’armes et à un cessez-le-feu immédiat, qui assurerait ainsi la poursuite de la russification et des crimes de guerre et contre l’humanité dans les zones occupées. Honte de ses mensonges sur l’Ukraine, qui s’inscrivent dans la tradition policière et tortionnaire du stalinisme, des chars à Budapest en 1956 et à Prague en 1968 et des tirs sur les ouvriers à Gdansk en 1981.

Honte des déclarations du dirigeant PCF Fabien Roussel accusant Volodymyr Zelensky de nous entrainer dans la troisième guerre mondiale !

Honte des mensonges sur le fait que la France entrerait prétendument en guerre alors que l’Ukraine a le plus grand besoin d’armements et qu’Emmanuel Macron, dans son intervention du jeudi 6 juin, a en réalité laissé ouverte la possibilité de lâcher le Donbass ou une partie du Donbass à Poutine.

Cher(es) sœurs et frères ukrainiens, d’Ukraine, des territoires occupés et de la diaspora, nous sommes de cette gauche – syndicale, associative, politique – qui vous soutient, et qui sait que le seul avenir pour elle passe par la défense de votre combat national et démocratique armé. 

Nous sommes la gauche qui se bat inlassablement pour que revive l’internationalisme et qui repousse le mensonge triomphant qui passe.

Nous sommes la gauche qui se tient à vos côtés, pour le droit des peuples à l’autodétermination, pour le respect du droit international, pour le droit à l’autodéfense, pour les droits et libertés démocratiques des femmes et des hommes d’Ukraine, dans les entreprises, les bureaux, les universités et sous les drapeaux.

7 juin 2024
Paris, France

resu-france

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President Zelensky was in France where he was received on 7 june in Parliament. There were very few MPs there to welcome him. Worse still, left-wing MPs such as those of France Insoumise and Communist Party made shameful statements about his presence. The French Committee of the European Solidarity Network with Ukraine issued the following statement on this situation.

To our Ukrainian sisters and brothers in Ukraine,
the occupied territories and the diaspora,

On this day after the commemoration of the Normandy landings and on the eve of the elections to the European Parliament, we salute the presence of your President, Volodymyr Zelensky, in the French National Assembly.

He embodies your resistance to Russian imperialism and it is for this reason that we believe that the Left in France, which is committed to human emancipation and to which we deeply belong, should have greeted him in his entirety on this occasion.

Unfortunately, we have to tell you that today we were ashamed what some left-wing parliamentarians showed in the National Assembly and we regret the absence of too many of them. 

Shame at the absence of the majority of these parliamentarians from the assembly benches. 

Shame of the call by an La France insoumise MP, Jérome Legavre, for Ukraine to be stripped of its weapons and for an immediate ceasefire, which would ensure the continuation of Russification and of war crimes and crimes against humanity in the occupied zones. We are ashamed of his lies about Ukraine, which are in keeping with the police and torture tradition of Stalinism, the tanks in Budapest in 1956 and Prague in 1968, and the shootings of workers in Gdansk in 1981.

Shame at the statements made by French communist party leader Fabien Roussel accusing Volodymyr Zelensky of leading us into World War III!

Shame at the lies about France supposedly going to war when Ukraine has the greatest need of weapons and when Emmanuel Macron, in his speech on Thursday 6 June, actually left open the possibility of abandoning the Donbass or part of it to Putin.

Dear Ukrainian sisters and brothers, from Ukraine, the occupied territories and the diaspora, we are members of the left – trade union, associative and political – who support you, and who know that the only future for them lies in defending your armed national and democratic struggle. 

We are the Left that fights tirelessly for the revival of internationalism and rejects the triumphant lie that passes.

We are the Left that stands by your side, for the right of peoples to self-determination, for respect for international law, for the right to self-defence, for the democratic rights and freedoms of the women and men of Ukraine, in companies, offices, universities and in the armed forces.

7 June 2024
Paris, France

Auteur : entreleslignesentrelesmots

notes de lecture

Une réflexion sur « Tribune de collectifs de solidarité à l’occasion de la visite de Zelensky à Madrid (+Communiqué du Comité Français du Réseau européen de solidarité avec l’Ukraine après la visite hier du président Volodomyr Zelensky à l’Assemblée nationale) »

  1. À nos sœurs et frères ukrainien·nes

    78 ans après le discours du Negus à la SDN, que penser du spectacle offert à l’Assemblée nationale par tous ces bancs de gauche désertés ? N’est-il pas temps que l’ensemble des forces progressistes reprenne le drapeau de l’internationalisme et ne laisse pas à une petite partie d’entre elles le soin de sauver l’honneur ? C’est à cela que s’attelle le comité français du RESU.

    https://blogs.mediapart.fr/robi-morder/blog/080624/nos-soeurs-et-freres-ukrainien-nes

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