L’impunité d’Israël va-t-elle prendre fin ? (et autres textes)

  • Sabino Cuadra Lasart : Yahvé dit à Netanhyahu, son prophète
  • L’enfer hospitalier de Gaza : vie et mort en première ligne
    Entretien avec la Dresse Tanya Haj-Hassan conduit par Mary Turfah
  • Gaza : les Israéliens détruisent et tuent tout ce qui peut l’être
  • Amira Hass : Guerre à Gaza: comment appelle-t-on des gens qui se battent sur leur propre terre contre des soldats étrangers ?
  • Camille Popinot : Campements en solidarité avec la Palestine : des rectorats répondent aux étudiant·es. Que font les centrales syndicales ?
  • B’Tselem : L’ère de l’impunité pour les décideurs israéliens est révolue
  • Bureau national de l’AFPS : L’impunité d’Israël va-t-elle prendre fin ?
  • Philippe Corcuff : Proche-Orient : la CPI plus intersectionnelle que des militants intersectionnels ?
  • Pourquoi nous soutenons les poursuites de la CPI pour les crimes commis en Israël et à Gaza
  • MRAP : Une décision historique de la Cour Pénale Internationale
  • La demande de mandats d’arrêts par le procureur de la CPI est une étape majeure dans la lutte contre l’impunité
  • Déclaration Urgence Palestine : exigeons des sanctions contre Israël !
  • Appel de Refuser Solidarity Network (RSN)
  • Liens vers d’autres textes

Yahvé dit à Netanhyahu, son prophète

Yahvé dit à Nétanyahou, son prophète : « La terre que vous occupez aujourd’hui est la terre que je vous ai promise, parce que vous avez été le peuple que j’ai choisi pour en jouir et pour aucun autre. C’est une terre sacrée pour honorer mon nom et qui ne doit pas être foulée par ceux qui adorent de faux dieux. C’est pourquoi vous devez extirper l’ivraie du grain, afin que la moisson soit bonne dans ce pays, et comme moi, votre Dieu unique, j’ai envoyé contre le royaume de Pharaon sept plaies pour le contraindre à vous libérer de l’esclavage, ainsi devez-vous maintenant jeter sur ceux qui ont occupé ce sol sacré autant qu’il est nécessaire pour les ramener à leur état naturel. Que leurs maisons, leurs mosquées, leurs églises, leurs hôpitaux et leurs écoles soient détruits. Raser, sans ménagement, leurs villages et leurs villes. Détruire leurs fontaines et leurs jardins, leurs moulins et leurs marchés. Tuer leurs animaux, leurs ânes, leurs chèvres, leurs moutons et leurs vaches. Et quand vous arriverez à la dernière plaie, celle qui consiste à tuer les premiers-nés de chaque famille, comme je l’ai fait en Égypte, ne vous contentez pas de cela, mais tuez autant d’enfants, de vieillards et de femmes, de malades et de blessés qui occupent ce pays ». Et Netanyahou, ayant entendu la parole de Yahvé, se mit au travail.

Cela peut sembler un peu exagéré pour certain·es, mais ce n’est pas le cas. Quelques jours après le début de l’attaque israélienne sur Gaza, Netanyahou l’a publiquement assimilée au commandement de Yahvé contre les Amalécites il y a des milliers d’années : « Attaquez-les et détruisez tout ce qui leur appartient : ne les épargnez pas. Tuez-les, hommes et femmes, enfants et nourrissons, bœufs et moutons, chameaux et ânes ». Et le ministre de la défense du gouvernement Netanyahou de justifier cela en affirmant que « nous combattons des animaux humains », assimilant ainsi la population palestinienne à des hominidés antérieurs à l’Homo sapiens, c’est-à-dire qu’illes et ls ne seraient que de simples primates hominoïdes, voire de simples semi-végétaux.

Pour sa part, Orit Strock, ministre des colonies (illégales) et des missions nationales, avait déjà déclaré, avant même l’attaque du Hamas, que « je ne sais pas combien de temps cela prendra, mais la bande de Gaza fait partie de la terre d’Israël et, un jour, il faudra y retourner ». Ces doutes temporaires semblent avoir été rapidement dissipés, puisque quelques jours plus tard, Ben Gvir, ministre de la sécurité nationale, a proposé d’encourager la colonisation dans la bande de Gaza et de contraindre les Palestinien·nes à une « migration volontaire », car « c’est moral, c’est rationnel, c’est juste, c’est la vérité, c’est la Torah et la seule voie ! Et oui, c’est aussi humanitaire ! Yahvé le veut, faisons sa volonté ».

Mais parlons aussi d’ici, de nos propres ministres. Le ministre des Affaires étrangères, de l’Union européenne et de la Coopération, José Manuel Albares, après la prise par Israël du poste frontière de Rafah, a déclaré que « l’aide humanitaire doit pouvoir entrer maintenant, sans attendre une minute de plus, sans obstacles », ajoutant que : « 35 000 mort·es palestinien·nes, c’est plus que suffisant ».

Oui, c’est ce que vous avez lu. Il semble sous-entendre que 5 000, 10 000 ou 20 000 Palestinien·nes mort·es pourraient être justifiables ou raisonnables dans le cadre du droit de défense israélien béni et défendu par le gouvernement espagnol. Dans cette mesure, le ministre devrait clarifier un peu plus ce qui précède et, en même temps, indiquer combien de maisons, d’écoles, d’hôpitaux, de mosquées, d’églises, de rues et de sièges d’ONG et de l’ONU détruits seraient nécessaires pour mettre un terme à l’agression israélienne.

Le ministre Albares est également conscient que ce qui se passe actuellement est la même histoire que celle que vit le peuple palestinien depuis 1948 dans son propre pays : expulsion de ses habitant·es, occupation et colonisation de ses terres, déni de ses droits de citoyen·ne à part entière, construction illégale de colonies, érection de murs d’apartheid, violation continue des droits des êtres humains… toutes choses qui ont été rejetées et condamnées par l’Assemblée générale de l’ONU, dont les résolutions ont toujours été ignorées par l’État israélien.

Le code d’Hammourabi, rédigé vers 1750 avant J.-C., incluait parmi ses lois ce qui, des siècles plus tard, serait connu sous le nom de loi du Talion : « œil pour œil, dent pour dent ». Gandhi disait de cette loi que son application n’aboutirait qu’à rendre tout le monde aveugle et édenté. C’est encore plus grave lorsque, comme dans le cas de la Palestine, en plus de l’œil et de la dent, on arrache à un peuple tous ses membres, ses organes et ses moyens de subsistance vitaux (terre, eau, ressources…), le condamnant ainsi à sa propre disparition. Bref, ce qu’on appelle un génocide, défini par l’ONU comme un crime « perpétré dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux ».

Depuis la création de l’Etat d’Israël en 1948, son histoire a été ponctuée d’expulsions, d’occupations et de répressions de la population palestinienne présente sur le territoire depuis plusieurs milliers d’années. Dans le même temps, cet Etat a bafoué toutes les résolutions de condamnation adoptées dans le cadre international  ONU) et a même manqué de manière flagrante aux accords qu’il a signés (Oslo). Israël ne reconnaît qu’une seule loi : la Torah est la seule voie, a déclaré le ministre Ben Gvir.

L’Etat d’Israël est donc devenu un régime théocratique, despote, xénophobe et criminel à l’égard du peuple palestinien. De plus, il a été prouvé à maintes reprises que pour y mettre fin, il faut plus que des déclarations et des résolutions creuses de la part de tout État qui prétend fonder sa politique internationale sur la défense des droits des êtres humains. Il est donc nécessaire de rompre tout type de relations diplomatiques, commerciales, militaires, culturelles et sportives avec ce régime criminel car, à l’heure actuelle, la poursuite d’une politique de pure forme et de passivité n’est rien d’autre qu’une complicité pure et simple avec ce génocide.

Sabino Cuadra Lasart
Iruñea, 17 mai 2024
https://vientosur.info/y-dijo-yahve-a-netanhyahu-su-profeta/
Traduit avec DeepL.com (version gratuite)

Y dijo Yahvé a Netanhyahu, su profeta
https://vientosur.info/y-dijo-yahve-a-netanhyahu-su-profeta/

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L’enfer hospitalier de Gaza : vie et mort en première ligne
Entretien avec la Dresse Tanya Haj-Hassan conduit par Mary Turfah

La Dresse Tanya Haj-Hassan, médecin en soins intensifs pédiatriques qui travaille avec Médecins Sans Frontières et a cofondé @GazaMedicVoices, s’est imposée comme l’une des voix les plus importantes à tirer la sonnette d’alarme sur l’enfer qu’Israël a créé pour les travailleurs de la santé de Gaza. Avant et depuis octobre, elle s’est également portée volontaire en tant que médecin à Gaza. Je me suis récemment entretenue avec elle sur Zoom. Nous avons discuté du ciblage des infrastructures de santé de Gaza, des témoignages poignants de torture qu’elle et d’autres recueillent, des effets durables de la guerre d’Israël sur les enfants (et l’avenir de la Palestine), et de ce qu’il faut penser du silence aveugle et apparemment indifférent du corps médical états-unien alors qu’un génocide se déroule sous nos yeux.

Mary Turfah : Hier, je suis tombée sur un rapport faisant état d’un troisième charnier exhumé devant l’hôpital Al-Shifa. Il y a un mois, alors que les premières fosses communes étaient découvertes, vous avez été interviewée par Sky News. Le présentateur a cité des sources militaires israéliennes affirmant que les forces armées israéliennes avaient arrêté « des centaines de militants du Hamas » dans le complexe hospitalier, puis il vous a demandé ce que vous en pensiez. Pourriez-vous nous commenter votre réponse et de cette obsession persistante des médias pour les « militants Hamas d’Al-Shifa », alors qu’aucun hôpital de Gaza n’a été épargné et que des charniers [sept au total à ce jour] ont été découverts devant de nombreux hôpitaux de Gaza ?

Tanya Haj-Hassan : Je pense que ma réponse a été quelque chose du type : Je ne peux pas croire que nous ayons encore cette conversation. Tous ceux qui ont une formation médicale ou humanitaire en ont assez de devoir répondre à ces justifications atroces et grotesques qui sont fournies pour des choses qui ne sont jamais justifiables. Je pensais que la question du Hamas et d’Al-Shifa était enterrée depuis longtemps. Pendant plusieurs semaines, c’est la seule question qui nous a été posée lors des interviews. De nombreuses enquêtes ont été menées et ont conclu qu’il n’existait aucune preuve crédible justifiant les attaques contre Al-Shifa. Et puis, Al-Shifa a été à nouveau ciblée, assiégée à nouveau.

Je suis revenue de Gaza peu de temps avant l’interview de Sky News. Lorsque j’étais à l’hôpital Al-Aqsa de Deir Al Balah, j’ai parlé avec plusieurs professionnels de la santé qui se trouvaient à Al-Shifa jusqu’à la dernière minute de la première série d’attaques [en mars 2024], lorsque l’hôpital a été assiégé et que tous les patients et le personnel ont été évacués de force. Vous vous souvenez probablement de cette première série, du ciblage israélien des panneaux solaires de l’hôpital et de l’approvisionnement en oxygène, de la pénurie de carburant dans les hôpitaux, des différentes unités de l’hôpital qui ont été endommagées.

Puis, finalement, Al-Shifa a recommencé à fonctionner. Le personnel était si fier d’avoir réussi à le faire fonctionner à nouveau.

La deuxième fois, l’hôpital a été à nouveau assiégé et pris pour cible. Une grande partie du personnel a été emmenée dans la cour de l’hôpital, où les hommes ont été déshabillés. Les soldats israéliens ont battu plusieurs membres du personnel soignant. Un médecin très, très âgé d’Al Shifa a finalement été libéré et s’est rendu à pied à l’hôpital Al-Aqsa. Il a immédiatement repris son travail. J’étais à l’hôpital Al-Aqsa lorsqu’il est arrivé échevelé, avec une longue barbe, épuisé, ayant perdu je ne sais combien de kilos, n’ayant pas vu sa famille depuis cinq mois, n’ayant pas de téléphone, pas de chaussures, pas de vêtements.

Ils se sont enfuis avec pratiquement rien. Et de nombreux autres soignants qui ont été emmenés avec lui à l’extérieur ont été enlevés. Je pense que son témoignage sur ce qui s’est passé et sur la quantité de travail qu’ils ont accompli pour qu’Al-Shifa fonctionne à nouveau a rendu la question du présentateur de Sky News encore plus exaspérante. Parce que c’est la réalité dont je venais de sortir. Et l’entendre demander à une soignante qui a passé les dernières semaines à réanimer des enfants morts et mourants qui ont été mutilés à un point que je ne pense pas pouvoir oublier un jour – même si je pense que pour mon propre salut, il serait probablement bon que j’oublie certaines de ces images –, j’ai trouvé cela tellement insultant. Insultant pour moi, pour les soignants qui avaient risqué leur vie pour rester à Al-Shifa, qui avaient perdu 25% de leur poids, qui étaient épuisés. C’est insultant pour les soignants qui ont été tués à Al-Shifa, qui ont fui Al-Shifa, pour les civils qui ont été exécutés là-bas. C’est une insulte à notre intelligence. C’est une insulte à l’humanité.

La semaine dernière, il a été révélé que le Dr Adnan Al-Bursh, chirurgien orthopédique renommé à Gaza, avait été torturé à mort dans les prisons israéliennes, selon des témoins oculaires, après avoir été enlevé de l’hôpital où il prodiguait des soins vitaux, en décembre dernier. A ce jour, des centaines de soignants ont été tués et de nombreux autres blessés. Vous avez déclaré dans une interview que les médecins et le personnel soignant enlevaient leur blouse avant de quitter l’hôpital afin de ne pas être pris pour cible. En outre, les médecins de Gaza travaillent pratiquement sans interruption depuis 215 jours. En tant que personne ayant travaillé à Gaza, je me demandais si vous pouviez nous parler un peu de ce à quoi vos collègues sont confrontés au quotidien.

Tanya Haj-Hassan : Je voudrais commencer par les enlèvements de soignants, parce qu’ils ne sont pas suffisamment signalés, à tel point que mes collègues et moi-même, qui continuons à soigner, effectuons un travail d’enquête. Ces enlèvements sont systématiques. Au moins 240 enlèvements ont été documentés par notre groupe…

240 ?!
Tanya Haj-Hassan :
 Au moins 240, et je ne parle pas de ce qui est rapporté par le ministère de la Santé, qui est, je crois, un chiffre encore plus élevé. Nous avons documenté qu’au moins 240 soignant·e·s ont été enlevés et détenus par les forces israéliennes, et que la majorité d’entre eux n’ont pas été libérés. Ceux qui ont été libérés témoignent des tortures qu’ils ont subies, mais aussi des tortures dont ils ont été témoins.

J’ai recueilli des témoignages. L’un d’eux est un témoignage de trois heures sur les tortures infligées à [mon ami,] un infirmier, pendant 53 jours de détention, l’accusant d’appartenir au Hamas, comme sa famille, alors que le fait qu’il ait été libéré montre qu’il n’appartenait pas au Hamas. Compte tenu de l’ampleur des tortures qu’il a subies, je suis surprise qu’il ait survécu. Et il n’a pas survécu en conservant sa santé physique et mentale. Il a des cicatrices, il fait des cauchemars. Il a souffert d’hématurie, c’est-à-dire de saignements lorsqu’il urinait, pendant des semaines après sa libération.

Hématurie ? Que lui ont-ils fait ?
Tanya Haj-Hassan:
 Permettez-moi de dire qu’il s’agissait d’abus physiques, sexuels et psychologiques. Et il m’a donné des descriptions détaillées de ce que chacun d’entre eux impliquait. Et c’est la pire chose que j’ai entendue dans ma vie, honnêtement. J’ai un ami qui a travaillé sur les enquêtes concernant Abu Ghraib, un avocat spécialisé dans les droits de l’homme. Et je vous dis que c’est la pire chose que j’ai entendue de ma vie.

Ils l’ont traité comme un animal. Ils ont menacé de violer sa mère et ses sœurs s’il n’avouait pas. Ils ont menacé de tuer sa famille qui se trouvait encore à Gaza s’il n’avouait pas. Ils ont déclaré qu’ils savaient où sa famille était réfugiée, où elle se trouvait, et ils n’ont cessé de lui dire d’avouer. Il a continué à refuser de faire de faux aveux, insistant sur le fait qu’il était infirmier et qu’il n’avait rien à voir avec un quelconque groupe militaire.

Permettez-moi de vous parler de cet infirmier, car je pense qu’il est important de brosser le tableau de la situation. Cet infirmier, excusez mon langage, travaille comme un fou. C’est l’un des infirmiers les plus dévoués que j’aie jamais rencontrés. Maintenant qu’il a été libéré, devinez ce qu’il fait ? Il travaille gratuitement, comme bénévole.

Disons qu’il est deux ou trois heures du matin. Nous avons reçu de nombreux blessés, les uns après les autres. Nous sommes épuisés. Nous venons de finir de réanimer tous les patients, tout le monde est relativement stable. Et pendant que nous prenons une tasse de thé, il est dans la zone de réanimation, en train d’essuyer le sable des yeux des patients, d’enlever leurs vêtements mouillés, de leur parler. C’est le genre d’homme qu’il est.

Je veux juste peindre ce portrait, avec des cernes sous les yeux parce qu’il souffre d’insomnie, parce qu’il se réveille chaque nuit, après 30 minutes de sommeil, en criant : « Arrêtez de me frapper ! Arrêtez de me frapper ! » Il ne peut pas dormir. Alors il travaille. Il est censé travailler 24 heures sur 24, puis 48 heures sur 24, n’est-ce pas ? Mais une fois qu’il a terminé ses 24 heures, il revient trois heures plus tard parce qu’il ne peut pas dormir.

Une fois, je lui ai dit de rentrer chez lui parce qu’il travaillait depuis trop longtemps. Il est donc parti. Deux ou trois heures plus tard, je suis aux urgences et je vois un homme allongé sur le sol avec un garrot, amputé des deux jambes et d’un bras. Il ne lui reste qu’un bras et il fait une hémorragie sur le sol. On le réanime et il vient d’arriver à l’hôpital. Il a un cathéter de Foley utilisé comme garrot autour d’un moignon. Sur l’autre jambe, il a un garrot de type militaire. Je n’avais jamais vu de garrots militaires aux urgences, mais j’en avais apporté tout un lot à Gaza et j’en avais offert un à cet infirmier deux jours auparavant. Ce patient a un garrot de qualité militaire sur une jambe. J’en sors rapidement un autre de mon sac et je le pose sur son autre jambe, et je me demande où ils ont bien pu trouver l’autre garrot.

Puis je me retourne et je vois l’infirmier. Je sais maintenant d’où vient le garrot. Je lui ai demandé ce qu’il faisait ici. « Je t’ai dit de rentrer chez toi et de te reposer ». Il me répond : « Je suis rentré chez moi et je me suis reposé. C’est le mari de ma sœur qui est, ici, à terre avec une triple amputation. »

Il explique que le mari de sa sœur s’est rendu à une distribution d’aide. Les forces israéliennes ont bombardé le site de distribution. Sa famille l’a donc réveillé et lui a demandé d’aller voir son beau-frère, dont ils savaient qu’il se trouvait sur le site de distribution d’aide. Il arrive. Il voit le mari de sa sœur, qui est aussi son très bon ami, en train de faire une hémorragie sur le sol, avec une triple amputation traumatique. Le mari de sa sœur se trouve maintenant dans un hôpital surpeuplé où il doit subir de multiples interventions chirurgicales qu’il ne peut obtenir. Il s’occupe de lui, et c’est la même personne qui a traversé tout ce que je viens de vous raconter.

C’est aussi ce même infirmier qui, quelques nuits plus tard, réanimait un enfant à trois heures du matin. L’enfant meurt et l’infirmier s’évanouit, la tête sur le lit de camp devant elle.

C’est l’expérience d’un soignant qui a été enlevé. Il est épuisé. Sa maison a été détruite. Il travaille un nombre insensé d’heures sans être payé. Et il fait partie des centaines de personnes qui ont été enlevées.

Et tous les autres travailleurs de la santé qui n’ont pas été enlevés connaissent des soignants qui ont été tués ou enlevés. Ils travaillent sans salaire, ou avec un salaire minimum, s’ils ont un contrat. La plupart des soignants à qui j’ai parlé à l’hôpital Al-Aqsa vivent actuellement dans des tentes. Ils viennent travailler tous les jours, essayant de subvenir aux besoins des membres de leur famille parce qu’ils sont souvent les seuls, s’ils sont payés, à disposer d’un revenu.

J’ai fait cela pendant deux semaines, Mary, et j’étais tellement fatiguée quand je suis partie. Je l’ai fait pendant deux semaines. Ce n’était pas seulement le type de fatigue que j’éprouve lorsque je suis de garde. J’ai été assistante en soins intensifs ces trois dernières années. Je sais ce que l’on ressent lorsqu’on est épuisé par des appels successifs, comme c’était le cas à Gaza. Mais il s’agissait d’un épuisement mental et d’un type d’épuisement physique qui résulte également de l’absence d’exercice et d’une très mauvaise alimentation. On mange constamment des conserves. C’est tout ce que vous mangez, de la nourriture en conserve. Deux semaines de cette façon, et votre corps est fatigué.

Et je n’ai pas eu à m’inquiéter de la sécurité des personnes auxquelles je tiens. Eux doivent s’inquiéter de la sécurité de leur famille. La plupart d’entre eux ont perdu un proche. J’ai rencontré à Al-Aqsa des soignants qui avaient perdu leur conjoint, leurs enfants, leurs cousins, leurs parents.

Il semble que, du moins au début, les forces israéliennes visaient les médecins ayant le plus grand nombre d’années d’expérience. Ceux qui restent après eux, ce sont les jeunes assistants, les internes, les étudiants en médecine, qui sont alors censés prendre le relais et assumer des tâches qui vont bien au-delà de leur formation. Qu’arrive-t-il à un système médical qui perd cette expertise ?

Tanya Haj-Hassan : C’est une très bonne question, et ce n’est pas seulement le fait que les médecins seniors soient ciblés, ce qui est le cas. C’est aussi le fait que, parce que les soignants sont pris pour cible et que la population de Gaza a été privée de tout ce qui est indispensable à la vie humaine, les personnes qui ont la possibilité de partir, pour la plupart, vont faire ce choix. Et ces personnes sont souvent les membres de la société les plus éduqués, qui ont de bons revenus, qui ont des économies. Un grand nombre de médecins chevronnés ont fui. Ils fuyaient activement lorsque j’étais sur place. Y compris pendant la période où j’étais là, le chef du service de néonatologie est parti, ainsi que l’un des principaux médecins du service des urgences.

Cela signifie que, pendant la nuit, dans le service des urgences, les médecins travaillent en groupes, et certains groupes se sont retrouvés sans médecins principaux, avec des médecins débutants tout juste sortis de l’école de médecine, pendant toute la nuit.

Vous êtes médecin, Mary. Imaginez, dans n’importe quel hôpital, une garde de nuit avec des blessés en masse qui se succèdent, où 25, 30 blessés arrivent en même temps, toutes les quelques heures. Et vous avez des médecins de première année, tout juste sortis de l’école de médecine.

Oui, je ne saurais même pas comment faire le tri. Je ne saurais pas quoi faire.
Tanya Haj-Hassan :
 C’est ce à quoi ils sont confrontés. Les hôpitaux les plus riches en ressources du monde, les grands hôpitaux dont les urgences sont pratiquement vides, seraient complètement débordés et auraient du mal à faire face à prendre en charge une vague de ces victimes en masse. Une seule. Et nous en avions plusieurs au cours d’une garde. La fuite des cerveaux est réelle. Et elle se produit parce que la population a été étranglée. Beaucoup de gens, s’ils choisissent de rester en vie, choisissent alors de partir. Et beaucoup de ceux qui choisissent de rester ou qui n’ont pas la possibilité de partir sont tués.

C’est insidieux – une mort lente ou la paralysie d’une population, et cela ne reçoit pas la même attention parce que ce n’est pas aussi saisissant ou aigu.
Tanya Haj-Hassan :
 Il y a très clairement deux phases dans la façon dont les gens meurent en conséquence de la manière dont Israël mène ses opérations à Gaza. La première phase est celle de l’exécution rapide. Il y a les blessures dues aux explosions, les blessures dues aux tireurs d’élite, les éclats d’obus. Quand je dis «sniper», je parle d’une balle dans la tête.

Ensuite, il y a l’exécution lente, qui consiste à affamer les gens et à créer des conditions de vie incompatibles avec la vie.

Nous parlions tout à l’heure d’Al-Shifa. L’un des médecins, à qui je demandais « Pourquoi pensez-vous qu’ils continuent à cibler Al-Shifa ? », m’a répondu qu’Al-Shifa était le cœur battant du système de santé de Gaza. Si vous voulez détruire une population, vous détruisez son système de santé, l’endroit où les gens se rendent lorsqu’ils ont besoin d’aide. Si vous voulez détruire un système de santé, vous détruisez son cœur battant. C’est une exécution lente. […]

La « crise humanitaire » dont les médias sont capables de s’accommoder, ou même de faire leur deuil, n’est possible que parce qu’ils présentent le « bilan humain » comme distinct des objectifs politiques généraux d’Israël, comme si le génocide – et en particulier le ciblage de l’infrastructure de santé – était en quelque sorte accessoire ou un dommage collatéral. Quelles sont les limites de la présentation de ce qui se passe comme une « crise humanitaire » ?

Tanya Haj-Hassan : Je crois que j’ai utilisé l’expression « crise humanitaire » pendant quelques semaines au début. Maintenant, je trouve que le mot « crise » renvoie à un déclic. Une « crise humanitaire » décrit une inondation ou une famine temporaire, une famine « naturelle ». Ce à quoi nous assistons ici, c’est à une élimination massive et continue de tous les groupes démographiques d’une population. Ce n’est pas quelque chose que le secteur humanitaire peut régler.

Un autre problème est que, dans le cas d’une « crise humanitaire », la réponse normale est de faire venir des travailleurs humanitaires. Et si mon premier point était que le monde humanitaire ne peut pas résoudre ce problème, mon second point est que l’effort humanitaire a été entravé dès le début. Israël ne permet pas à l’aide humanitaire d’entrer, ni aux travailleurs humanitaires de se rendre dans les endroits où les gens en ont le plus besoin – nous n’avons pas pu nous rendre dans le nord. Nous avons à peine pu atteindre les zones centrales ou la ville de Gaza. Et même dans le sud, les organisations humanitaires évacuent leurs équipes ou doivent se déplacer à l’intérieur du territoire, de plus en plus loin des zones de nécessité.

Et mon troisième problème avec cette formulation, c’est qu’elle n’aborde pas le ciblage direct. De nombreuses organisations humanitaires ont été prises pour cible à plusieurs reprises. Nous avons beaucoup parlé de World Central Kitchen, en grande partie parce qu’il s’agissait de travailleurs étrangers. Au moins 11 travailleurs humanitaires, tous palestiniens, ont été tués depuis l’attaque contre les employés de World Central Kitchen. Il y a eu plus de travailleurs des Nations unies tués à Gaza – et nous avons dépassé cet horrible record il y a quelques mois – que dans toute l’histoire des Nations unies.

Hier encore, on m’a demandé d’accorder un entretien sur les « rapports » faisant état d’une famine potentielle à Gaza. Nous parlons de famine depuis des mois. Que voulez-vous dire par « rapports » sur une famine « potentielle » à Gaza ?

Avant de recevoir cette demande d’interview, je venais de voir une vidéo montrant des chars israéliens au point de passage de Rafah, écrasant le panneau « I love Gaza ». Je me souviens que mon cœur a battu la chamade lorsque je suis arrivée à Gaza et que j’ai vu ce panneau. J’ai entendu dire que les Israéliens avaient exécuté le personnel non armé de la frontière de Gaza, qui avait tamponné mon passeport avec la mention « Etat de Palestine » à l’entrée et à la sortie, qui m’avait fait du thé, avec qui nous avions rompu le jeûne la première nuit du Ramadan parce que nous étions arrivés trop tard à Gaza pour pouvoir recevoir nos bagages, et qu’il était temps de rompre le jeûne. Nous nous sommes donc tous arrêtés et avons rompu le jeûne ensemble. Ce sont des gens avec qui nous avons partagé la nourriture et le thé. Ils les ont exécutés, puis ils ont détruit au bulldozer le panneau « I love Gaza ».

Et les médias veulent parler de « rapports » sur la famine. C’est une distraction par rapport à la réalité de ce qui se passe sur le terrain, qui est un génocide.

Je vais vous lire un message que nous avons reçu aujourd’hui, pour Gaza Medic Voices, de la part d’un médecin urgentiste :

« Hier soir, nous avons reçu principalement des patients victimes d’explosions, de nombreux enfants blessés par des éclats d’obus – l’un d’entre eux était complètement aveugle – et la plupart d’entre eux étaient à l’agonie à leur arrivée à l’hôpital. Selon les rapports, l’armée israélienne a refusé l’accès aux ambulances dans de nombreuses zones où se trouvaient des patients, ce qui a laissé les gens souffrir et mourir. Cette nuit, il y a eu beaucoup de blessures par balle, qui semblent être des tirs ciblés au niveau des genoux, ainsi que des victimes d’explosions. Le personnel local est peu nombreux, voire inexistant dans certains départements, car leurs familles ont reçu des tracts par avion leur disant d’évacuer (après avoir déjà été déplacées et évacuées à de nombreuses reprises). »

Voici un message reçu aujourd’hui à Rafah. Des enfants blessés par des explosions, des éclats d’obus, l’un d’entre eux complètement aveugle, la plupart d’entre eux agonisant à leur arrivée à l’hôpital. Et ce sont ceux qui ont la chance d’arriver à l’hôpital, car selon ce médecin urgentiste, l’accès aux ambulances est refusé par l’armée israélienne, de sorte que de nombreux blessés sont contraints de mourir là où ils se trouvent. Et les autres victimes qu’ils voient sont des blessures par balles ciblées aux genoux.

Je ne sais pas comment interpréter autrement la démographie du nombre de morts. Il est impossible que 48% des personnes tuées soient des enfants et qu’il ne s’agisse pas d’un massacre aveugle de toute une population. Si vous regardez le nombre de morts dans n’importe quelle autre guerre – choisissez n’importe quelle autre guerre, regardez les données démographiques du nombre de morts. Vous verrez 85%, 90% d’hommes en âge de travailler et de jeunes hommes. Il n’y a pas 48% d’enfants, ni 25% de femmes. Telles sont les données démographiques de Gaza, les données démographiques exactes de la population. A elle seule, cette donnée est un indice d’un génocide. Bien sûr, ce n’est pas suffisant. La Cour internationale de justice a examiné en détail les critères permettant de prouver un génocide plausible. Il faut des années pour parvenir à une décision juridique définitive, mais nous sommes en présence d’un génocide plausible. Et les données démographiques le reflètent.

Je voulais vous poser une question sur Rafah. Israël a pris le contrôle du côté palestinien du passage de Rafah et bloque l’entrée de l’aide, selon une déclaration récente de MSF, piégeant ainsi toute la population tout en larguant des tracts, leur ordonnant d’évacuer. Dans le même temps, l’Egypte a scellé son côté du point de passage avec des blocs de ciment. Qu’entendez-vous de la part des gens sur le terrain à propos de cette opération ?

Tanya Haj-Hassan : La panique est extrême. Les gens évacuent par dizaines de milliers. Et ils ne savent pas où aller. On leur dit d’aller à Al-Mawasi. Pour vous expliquer ce qu’est Al-Mawasi, il s’agit d’un littoral sablonneux de tentes qui s’étendent jusqu’à l’eau sur la plage. Lors d’une conférence de presse, une travailleuse humanitaire actuellement à Gaza m’a dit : « Appeler [Al-Mawasi] une zone sûre est un mensonge. Il est hypocrite de l’appeler n’importe laquelle de ces zones humanitaires. » Tous les endroits qualifiés de « zone sûre » ou de « zone humanitaire » ont été bombardés. On a dit aux gens d’évacuer vers Rafah, mais Rafah n’a pas été sûre depuis le tout début, et elle est actuellement activement bombardée. Une intervention au sol est en cours. […]

Il est donc totalement faux de parler de « zones de sécurité ». Les gens reçoivent des tracts du ciel leur disant d’« évacuer ». Il ne s’agit pas d’une évacuation. Il s’agit d’un transfert forcé. C’est un crime contre l’humanité.

J’ai parlé aujourd’hui à l’un de mes collègues qui a été l’une des dernières personnes à fuir l’hôpital Abu Youssef Al-Najjar. Il m’a dit qu’il était dans un état de panique totale. Il a fini par fuir lui aussi l’hôpital Abu Youssef Al-Najjar. C’était le seul hôpital gouvernemental qui restait à Rafah. Il se trouvait dans la zone où l’on demandait d’évacuer de force – je déteste le mot « évacuer », il s’agit d’évacuer de force.

Il a aidé à évacuer les patients et tous les autres. Peu après, sa maison a été touchée. Ses proches ont été tués. Ses sœurs ont été blessées. Il m’envoie maintenant un SMS depuis une zone située au milieu de Gaza, où il est arrivé avec le reste de sa famille, pour me demander si je peux l’aider à mettre en place des postes de santé – des tentes où l’on dispense des soins à la population – parce que, dit-il, il n’y a pas de postes de santé dans cette zone. Il vient de perdre ses cousins et ses sœurs qui ont été blessés. […]

Tanya Haj-Hassan, après avoir décrit son attitude et ses interrogations sur la diffusion des « images crues » recueillies par Gaza Medic Voices, conclut cet entretien ainsi : 

Les gens n’arrêtent pas de me demander : « Tu n’avais pas peur d’aller à Gaza ? Et si tu te faisais tuer ? C’est tellement dangereux. » J’acceptais tout à fait le fait que je puisse être tuée. Mais regarder l’injustice de loin était pire que ce risque. A quoi bon vivre si je ne défends pas les principes et les valeurs auxquels je crois? Il y a des choses qui comptent bien plus que ma sécurité personnelle ou ma carrière professionnelle, comme faire tout ce qui est en mon pouvoir pour arrêter un génocide.

Entretien publié dans l’hebdomadaire états-unien The Nation le 17 mai 2024 ; traduction rédaction A l’Encontre
http://alencontre.org/moyenorient/palestine/lenfer-hospitalier-de-gaza-vie-et-mort-en-premiere-ligne.html

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Gaza : les Israéliens détruisent et tuent tout ce qui peut l’être

Dans la poursuite de son génocide contre les Palestiniens de la bande de Gaza, l’armée israélienne a intentionnellement détruit des écoles et des installations médicales lors de son invasion terrestre du quartier d’Al-Zaytoun, au sud de la ville de Gaza, et de Jabalia, au nord de la bande.

Sept jours après le début de leur dernière incursion terrestre dans le territoire assiégé, les forces israéliennes se sont retirées du quartier Al-Zaytoun de la ville de Gaza. 

Le retrait du mercredi 15 mai a révélé la destruction de trois écoles – Ain Jalut, Atta Al-Shawa et Hassan Al-Nakhalah – ainsi que de la clinique médicale Zaytoun, qui fournissait des soins de santé aux quelque 80 000 habitants du quartier.

Jeudi dernier, l’armée israélienne a lancé sa troisième opération militaire dans le quartier de Zaytoun depuis le début de son agression contre la bande de Gaza. L’opération la plus récente comprenait des raids aériens et d’artillerie lourde, une incursion au sol avec des véhicules militaires et la destruction d’autres bâtiments résidentiels, transformant le quartier en un tas de décombres et forçant des centaines de familles à évacuer.

Les avions de guerre israéliens ont frappé le bâtiment de quatre étages de la clinique Al-Sabra à 4h30 du matin mercredi. 

La clinique, gérée par l’UNRWA, est située dans le quartier d’Al-Sabra, au sud de la ville de Gaza, et hébergeait environ 50 personnes déplacées, dont des femmes, des enfants et des blessés. L’explosion a fait d’autres morts et blessés, les survivants ayant été sortis de sous les débris.

Avant l’attaque meurtrière, les forces israéliennes ont d’abord percé le mur extérieur de la clinique, puis sont parties sans demander aux personnes à l’intérieur de quitter les lieux, donnant ainsi un faux sentiment de sécurité à ceux qui s’y trouvaient. 

Deux jours plus tard, les forces israéliennes les ont trahis en bombardant la clinique avec des avions militaires, sans aucun préavis. 

Safiya Rushdi Arhaim, 43 ans, a expliqué à l’équipe de l’Euro-Med Monitor qu’elle et sa famille avaient été déplacées du quartier d’Al-Zaytoun vers la clinique Al-Sabra. Ils ont été surpris lorsque, mercredi à l’aube, des avions de guerre F-16 ont survolé le bâtiment à plusieurs reprises avant de lancer quatre missiles sur les quatre étages du bâtiment, les détruisant tous et tuant, blessant ou traumatisant toutes les personnes qui s’y trouvaient.

Mme Arhaim a déclaré que son fils Suleiman, 24 ans, et son mari Tayseer Suleiman Arhaim, 47 ans, ont été blessés au cours de l’attaque, ce qui représente la deuxième série de blessures pour la famille en peu de temps. 

Elle a déclaré qu’elle et le reste des personnes déplacées se sentaient relativement en sécurité dans la clinique, en particulier après que les forces israéliennes ont fait irruption dans la zone et ont détruit le mur extérieur avec des bulldozers, mais n’ont pas demandé aux personnes à l’intérieur de quitter les lieux. 

Au contraire, les forces israéliennes leur ont transmis des messages par téléphone à l’approche du quartier de Zaytoun, mais ces messages ne les ont pas avertis de l’imminence de l’attaque, et ils sont restés jusqu’à ce que les avions arrivent et détruisent la clinique au-dessus de leurs têtes. 

Alors que plusieurs familles ont été tuées et gravement blessées, elle et les membres de sa propre famille ont survécu à l’attaque. 

Ces derniers jours, les forces israéliennes ont bombardé ou ouvert le feu sur six écoles de l’UNRWA à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, où vivent des milliers de familles déplacées. 

L’armée israélienne a forcé ces personnes déplacées à évacuer à nouveau, arrêtant et tuant un certain nombre d’entre elles au cours de l’opération. On ne sait pas encore si les écoles de la région ont été entièrement détruites ou si les bombardements n’ont causé que des destructions partielles.

Ces écoles s’ajoutent aux centaines que les forces israéliennes ont déjà détruites, entièrement ou partiellement, depuis le 7 octobre 2023. Les écoles ont été détruites par des bombardements, des obus d’artillerie, des démolitions ou des bulldozers.

Dans sa guerre génocidaire, qui dure depuis le 7 octobre, Israël a détruit totalement ou partiellement 80% des écoles de la bande de Gaza. Dans une déclaration commune publiée le 18 avril 2024, les experts de l’ONU ont qualifié cette situation de « scolasticide » et de privation d’une nouvelle génération de Palestiniens de leur avenir académique.

Une étude publiée dans le New York Times confirme ces chiffres. Selon ce rapport, plus de 200 écoles de la bande de Gaza ont été directement visées par l’artillerie, les bombes ou les missiles israéliens.

Même les écoles gérées par l’UNRWA, qui sont devenues des abris pour des centaines de milliers de civils déplacés de force, ont été et continuent d’être la cible d’attaques israéliennes intenses, dont certaines sont fréquentes et d’autres irrégulières, même dans des zones qu’Israël a déclarées « sûres ».

Dans le cadre de son assaut militaire contre la bande de Gaza, qui dure depuis près de huit mois, l’armée israélienne s’est employée méthodiquement à militariser des institutions civiles, transformant des lieux tels que des hôpitaux, des écoles et d’autres établissements d’enseignement en bases militaires, en violation flagrante du droit international et des conventions sur la guerre.

L’armée israélienne a transformé de nombreuses écoles en bases militaires et en centres de détention au cours de son invasion de la majeure partie de la bande de Gaza. C’est le cas de l’école préparatoire Salah al-Din, dans la ville de Gaza, qui a été transformée en février dernier en centre de détention et d’enquête pour des centaines de personnes.

Comme elle l’a fait il y a plusieurs mois avec l’université Al-Israa, dans le sud de la ville de Gaza, l’armée israélienne a continué à démolir et à faire exploser fréquemment des bâtiments civils après les avoir transformés en quartiers généraux militaires. Tout cela se fait au mépris des principes du droit international humanitaire, tels que la discrimination, la proportionnalité et la nécessité militaire.

Jusqu’à la mi-avril 2024, l’attaque militaire israélienne contre la bande de Gaza aurait tué plus de 6 500 étudiants et 756 enseignants, et blessé des milliers d’autres membres des deux groupes. Le nombre de morts devrait augmenter chaque jour, et plus de 625 000 étudiants n’auraient toujours pas pu exercer leur droit à l’éducation au cours d’une année scolaire entière.

Le chef du bureau des Nations unies pour les droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés, Ajith Sunghay, a déclaré précédemment que le système éducatif à Gaza « n’existe plus à ce stade », citant la destruction des écoles par les opérations de bombardement israéliennes ainsi que leur utilisation par les Palestiniens déplacés en tant qu’abris. 

« Les enfants ne trouvent plus d’endroit où apprendre », a-t-il déclaré.

Dans un rapport publié le 13 décembre 2023, Euro-Med Monitor a révélé que l’armée israélienne a transformé des écoles abritant des dizaines de milliers de personnes déplacées en centres militaires et en sites d’exécution sur le terrain dans le cadre de son génocide contre les Palestiniens. 

Euro-Med Monitor a reçu à l’époque des témoignages sur les exécutions et les meurtres injustifiés de civils palestiniens par les forces de l’armée israélienne après les avoir détenus pendant des jours dans les écoles où ils avaient cherché refuge pour échapper à la violence israélienne.

Dans une lettre ouverte publiée en mars, une centaine d’universitaires européens de renom ont condamné le génocide perpétré par Israël contre les civils palestiniens dans la bande de Gaza, évoquant la liquidation physique et culturelle du peuple palestinien et la destruction systématique du système éducatif de la bande de Gaza.

Il est essentiel de protéger les écoles de la bande de Gaza des attaques militaires israéliennes. La communauté internationale doit faire pression sur Israël pour qu’il cesse ses opérations militaires contre et à l’intérieur des écoles de la bande, afin de garantir le droit à l’éducation des enfants palestiniens et de s’assurer qu’ils retournent dans leurs salles de classe dès que possible, d’autant plus que ces écoles nécessiteront d’importants travaux de réparation et de reconstruction.

La transformation de bâtiments scolaires en bases militaires est une pratique qui s’inscrit dans la continuité de l’héritage colonial israélien de domination et de destruction des composantes fondamentales du peuple palestinien, notamment de son patrimoine culturel et éducatif.

La communauté humanitaire doit être informée des conditions horribles dans lesquelles vivent les enfants de la bande de Gaza. Les enfants font partie des populations les plus vulnérables en période de conflit armé, où que ce soit, et l’assaut militaire israélien en cours sur la bande de Gaza aggrave leurs souffrances de jour en jour. 

Ils ne sont protégés en aucune manière par le droit international et l’armée israélienne en a fait des cibles directes et intentionnelles de meurtres, d’exécutions et d’attaques délibérées et aveugles. 

Ils sont également victimes de crimes tels que la famine, le siège, le refus de soins de santé et de produits de première nécessité pour la survie, et le refus prolongé d’éducation, ce qui aura un impact négatif sur leur capacité à exercer leurs autres droits et les rendra vulnérables à la pauvreté, au chômage et à l’exploitation. 

Enfin, les générations futures risquent de ne pas disposer des connaissances nécessaires pour reconstruire la société palestinienne dans la bande de Gaza une fois que la guerre génocidaire d’Israël aura pris fin.

Il est important d’autoriser des commissions d’enquête et des comités techniques spécialisés à se rendre dans la bande de Gaza pour examiner les crimes horribles commis par Israël et le tenir pour responsable de ses violations répétées de la Convention internationale pour la prévention et la répression du crime de génocide. 

Ces violations comprennent la persécution systématique des habitants de la bande de Gaza en raison de leur héritage palestinien, ce qui implique de les tuer et de les maltraiter physiquement et psychologiquement, de saper leur capacité à survivre et de les forcer à fuir leurs maisons en écrasant et en militarisant les propriétés civiles.

Auteur : EuroMed Monitor
L’Observatoire Euro-Méditerranéen des Droits de l’Homme est une organisation indépendante à but non lucratif dirigée par des jeunes qui défend les droits humains de toutes les personnes à travers l’Europe et la région MENA, en particulier celles qui vivent sous occupation, en proie à la guerre ou à des troubles politiques et/ou ont été déplacés en raison de persécutions ou de conflits armés.
https://www.chroniquepalestine.com/gaza-les-israeliens-detruisent-et-tuent-tout-ce-qui-peut-l-etre/

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Guerre à Gaza: comment appelle-t-on des gens qui se battent sur leur propre terre contre des soldats étrangers ?

Il est rare d’entendre par téléphone deux personnes de Gaza dont un parent a été tué au combat. Il était soldat dans l’armée du Hamas.

Amira Hass : « Nous n’avons pas parlé depuis longtemps. » (Je m’excuse. Il y a tellement de personnes dont je veux avoir des nouvelles, dont je veux savoir si elles vont « bien », que je n’arrive pas à leur parler à toutes tous les jours. De plus, le contact avec beaucoup d’entre elles a été perdu au cours des deux dernières semaines.)

Un ami : « C’est vrai. Comment vas-tu ? » (C’est une question à laquelle je réponds toujours de manière hésitante. C’est difficile lorsque je suis en sécurité dans une maison bien éclairée et chaude, alors que l’ami est assis dans une tente, une maison ou un appartement à moitié détruit avec 18 membres de sa famille.)

Un ami : « Je suis au Caire. J’ai réussi à sortir il y a deux semaines, avec ma famille. Quelques jours avant que Rafah ne soit envahie. » (Je me souviens soudain de son sens de l’humour. Une fois, en 1994 ou 1995, son voisin et moi avons recueilli des témoignages sur la situation économique de Gaza. Nous l’avons rencontré avec d’autres sur la plage. Nous lui avons demandé : « Que faites-vous ? » Il a répondu : « J’attends d’avoir 40 ans. » A l’époque, les permis de travail en Israël n’étaient accordés qu’aux hommes âgés de 40 ans ou plus.)

Amira Hass : « C’est bon à savoir. Parlez-moi de vous. Quelle est votre situation ? » (Il m’est difficile de demander directement « Comment vas-tu ? », alors je cherche des mots moins engageants ou des mots qui ne sont pas ancrés dans la phraséologie habituelle.)

L’ami : « Ma sœur a été tuée il y a deux jours. »

Amira Hass : « Oh, où ? » (Dans ces conversations infernales, les gens disent qu’ils reçoivent de telles nouvelles avec des émotions atténuées. Mais les vidéos en provenance de Gaza, que la plupart des Israéliens ne veulent pas regarder, montrent le contraire. Le chagrin et la souffrance avec lesquels les pères tiennent les corps de leurs enfants, les cris vers le ciel après avoir réussi à extraire le corps d’une fille des ruines, le visage choqué et baigné de larmes d’une mère endeuillée, la douleur avec laquelle un ami écrit qu’il a perdu un frère une semaine plus tôt.)

Un ami : « Dans le camp de réfugiés de Jabaliya [extrême nord de la bande de Gaza], lors d’une frappe aérienne ou d’un bombardement. Elle était dehors. Le lendemain, son fils a été tué. Le lendemain, son deuxième fils a également été tué. »

Amira Hass : « Les deux fils ? Etaient-ils à l’intérieur de la maison ? Ou font-ils partie de la résistance ? »

Un ami : « De la résistance. »

Amira Hass : « Ont-ils été touchés par un missile ou au cours d’une bataille, lors d’un échange de tirs ? »

Un ami : « Je pense qu’ils sont morts au combat. »

Amira Hass : « C’est différent. C’était leur choix. De se battre. »

Un ami : « C’est vrai. »

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Il est rare d’avoir des nouvelles par téléphone de personnes vivant dans la bande de Gaza après qu’un de leurs proches a été tué au combat, ce qui signifie qu’il se battait avec le Hamas. La rapidité avec laquelle l’ami du Caire a su que les fils de sa sœur avaient été tués montre que de nombreuses familles savent relativement vite que des fils armés ont été tués, tandis que d’autres familles vivent longtemps dans l’incertitude, ne sachant pas si leurs fils sont en vie ou non. Et s’il a été tué, s’il a été enterré ou si son cadavre pourrit quelque part. Peut-être les gens hésitent-ils à partager de tels témoignages par téléphone, depuis l’intérieur de Gaza, de peur que les oreilles indiscrètes des services de renseignement de l’armée israélienne et du Shin Bet ne désignent l’interlocuteur comme une cible supposée légitime pour un missile ou un drone, ou pour une arrestation et de mauvais traitements.

En Israël, la presse parle de « terroristes»  tués. Mais ce n’est pas la définition correcte pour ceux qui se battent sur leur territoire, à Gaza, contre une armée d’occupation et les soldats d’une armée étrangère. « Terroriste » est un terme générique et méprisant, délibérément dépourvu de tout contexte historique, social et politique, et ce terme obscurcit notre capacité à comprendre et à analyser la situation. Un détail de plus dans les constructions défaillantes et arrogantes qui ont conduit au 7 octobre. Pour un militant armé [de l’aile militaire du Hamas] dont les victimes sont des personnes âgées, des femmes, des enfants et des bébés, la définition de « meurtrier » est appropriée. Celui qui s’oppose aux soldats d’une armée puissante équipée d’une technologie puissante est un combattant.

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Sept mois et demi après le 7 octobre, il semble que le Hamas dispose toujours d’un vaste réservoir de jeunes hommes armés, prêts et désireux de se battre, et qui ont été entraînés pour rendre la vie difficile à l’armée d’invasion israélienne. Un autre fait que les capitaines de guerre n’avaient pas prévu lorsqu’ils se sont lancés dans la campagne pour la victoire totale. Il est très facile de dire que ces jeunes militants ont subi un lavage de cerveau, qu’ils haïssent les Juifs, qu’ils veulent voir Israël éliminé. Mais il est plus difficile et plus exact de dire qu’ils ont du courage et qu’ils sont prêts à mourir, car les raisons de vivre – et pas seulement de survivre – n’ont cessé de diminuer à Gaza, ce Gaza qu’Israël a coupé du reste du monde bien avant la guerre.

L’assassinat en masse de leurs familles – lors de bombardements israéliens qui, avec l’approbation des conseillers juridiques des Forces de défense israélienne (FDI), tuent 20 ou 30 personnes, y compris des femmes, des enfants et des personnes âgées, pour tuer une cible « légitime » – dissuade-t-il d’autres jeunes ? Combien d’entre eux sont-ils incités à rejoindre l’armée du Hamas ? L’échec de la doctrine de la victoire totale ne découle pas des motivations personnelles de Benyamin Netanyahou à poursuivre sans fin cette guerre cruelle. Il vient du refus de la plupart des Israéliens de comprendre que le peuple palestinien opprimé n’a plus la volonté ou la capacité d’accepter son oppression. Et cela inclut de nombreux opposants à la guerre et au Hamas. 

Amira Hass

Article publié dans Haaretz le 20 mai 2024 ; traduction rédaction A l’Encontre
http://alencontre.org/moyenorient/palestine/guerre-a-gaza-comment-appelle-t-on-des-gens-qui-se-battent-sur-leur-propre-terre-contre-des-soldats-etrangers.html

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Campements en solidarité avec la Palestine :
des rectorats répondent aux étudiant·es.
Que font les centrales syndicales ?

Après des mois d’une importante mobilisation étudiante et du corps enseignant, après de nombreuses demandes formelles et de résolutions adoptées par des dizaines de composantes de l’Université, le jour même où des étudiant·es installent un campement au sein de l’Université du Québec à Montréal, la direction de l’UQAM a finalement communiqué de précieuses informations sur ses investissements et ses échanges avec l’État d’Israël :

« Communiqué du 12 mai 2024 :
(…) Il importe d’indiquer que la Fondation de notre université n’a aucun investissement dans l’armement, ayant adopté une politique d’investissement responsable il y a de nombreuses années, et que l’Université n’a pas actuellement d’entente de mobilité ni d’entente-cadre avec des universités israéliennes
 ».

On dénoncera le délai pris par l’administration pour communiquer ces données. On condamnera l’absence de toute marque de solidarité ou d’empathie du communiqué, notamment avec les enseignant·es et les étudiant·es palestinien·es mort·es, blessé·es ou affamé·es. On aurait apprécié un engagement de l’Université à soutenir les universitaires et les étudiant·es palestinien·es qui en feraient la demande ou en faveur des enseignant·es et des étudiant·es israëlien·nes persécuté·es pour leur prise de position en faveur d’un cessez-le-feu. On regrettera enfin l’absence de prise de position collective des directions universitaires, comme vient de le faire le Conseil d’administration de la Conférences Recteurs et Rectrices des Universités Espagnoles (CRUE) en faveur du cessez-le-feu et contre l’antisémitisme et l’islamophobie notamment :

« Revoir et, le cas échéant, suspendre les accords de coopération avec les universités et centres de recherche israéliens qui n’ont pas exprimé un engagement ferme à la paix et au respect du droit international humanitaire ;
Intensifier la coopération avec le système scientifique et d’enseignement supérieur palestinien et amplifier nos programmes de coopération, le volontariat et l’attention à la population réfugiée.
Veiller à ce que, dans l’exercice de la liberté d’expression, ne se produisent des conduites également répréhensibles d’antisémitisme ou d’islamophobie, ainsi que tout autre comportement de haine au sein des communautés universitaires. »

Mais tout bien pesé, le communiqué de l’administration de l’UQAM, aussi bureaucratique et sans humanité soit-il, mis en rapport avec le refus de répondre de nombreuses universités ou avec le silence assourdissant des centrales syndicales sur les investissements de leurs fonds de pension (Fonds de solidarité-FTQ ou Fondaction-CSN en particulier), constitue une petite victoire du mouvement de solidarité québécois avec la Palestine et pour un cessez-le-feu.

Camille Popinot, 14 mai 2024
https://www.pressegauche.org/Campements-en-solidarite-avec-la-Palestine-des-rectorats-repondent-aux-etudiant

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L’ère de l’impunité pour les décideurs israéliens est révolue
Les territoires occupés et le droit international, 20 mai 2024

La demande du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) d’émettre des mandats d’arrêt à l’encontre du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et du ministre de la Défense Yoav Gallant, soupçonnés d’avoir commis des crimes de guerre à Gaza, signale le déclin rapide d’Israël dans un abîme moral.

La communauté internationale signale à Israël qu’il ne peut plus maintenir sa politique de violence, de meurtre et de destruction sans avoir à rendre des comptes. De même, la demande de mandats d’arrêt contre les dirigeants du Hamas pour les crimes du 7 octobre est importante et trace une ligne rouge en ce qui concerne les dommages causés aux civils.

Face à l’escalade de la violence, il est de notre devoir d’affirmer clairement que le régime israélien qui contrôle le territoire situé entre le Jourdain et la mer Méditerranée ne peut pas, et ne veut pas, enquêter sur les crimes qu’il commet à l’encontre des Palestinien·nes. Pendant des décennies, Israël a utilisé son système national d’application de la loi comme un mécanisme de blanchiment pour détourner les critiques internationales. « Le système n’enquête pas sur les ordres eux-mêmes, ni sur la responsabilité de ceux qui les émettent ou qui déterminent la politique », a déclaré B’Tselem dans son rapport The Fig Leaf of Occupation (La feuille de vigne de l’occupation).

La violence israélienne dirigée contre les Palestinien·nes pour perpétuer l’occupation est une violence d’État et est inhérente au régime d’apartheid israélien. C’est vrai en Cisjordanie, dans la bande de Gaza et partout ailleurs. L’intervention de la CPI et les décisions de la CIJ sont une chance pour nous, Israélien·nes, de réaliser ce que nous aurions dû comprendre depuis longtemps : le maintien d’un régime de suprématie, de violence et d’oppression implique nécessairement des crimes et de graves violations des droits des êtres humains.

Nous appelons la communauté internationale à agir d’urgence pour obtenir un cessez-le-feu et un accord pour la libération de tous les otages, afin de mettre fin à l’effusion de sang et à la catastrophe humanitaire.

https://www.btselem.org/press_releases/20240520_the_era_of_impunity_for_israeli_decision_makers_is_over
Traduit avec DeepL.com (version gratuite)

Rappel :
Le Procureur de la CPI réclame des mandats d’arrêt contre Netanyahu et des dirigeants du Hamas 
Déclaration du Procureur de la CPI, Karim A.A. Khan KC :  dépôt de requêtes aux fins de délivrance de mandats d’arrêt concernant la situation dans l’État de Palestine
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/05/21/le-procureur-de-la-cpi-reclame-des-mandats-darret-contre-netanyahu-et-des-dirigeants-du-hamas-declaration-du-procureur-de-la-cpi-karim-a-a-khan-kc/

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L’impunité d’Israël va-t-elle prendre fin ?

Le 20 mai 2024 restera dans l’histoire du droit international comme le jour où la levée de l’impunité d’Israël a enfin pu être envisagée, un moment historique pour la justice internationale, pour la Cour pénale internationale et pour le droit des peuples.

Ce jour-là, le procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan, a requis des mandats d’arrêt internationaux pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité à l’encontre de Benyamin Nétanyaou et Yoav Gallant, son ministre de la Défense : ils sont accusés d’avoir délibérément affamé et attaqué des civils et également des crimes de persécution et extermination contre la population de Gaza. Sont également visés trois dirigeants du Hamas : le chef du bureau politique, Ismaïl Haniyeh, le commandant des brigades Al-Qassam Mohammed Deïf, et le chef du Hamas à Gaza Yahya Sinwar ; ils sont, quant à eux, poursuivis comme responsables d’extermination, de meurtre, de prise d’otages, de viol, de torture et d’actes inhumains.

Si la Cour internationale de Justice juge les États et leurs politiques, la Cour pénale internationale, instituée par le traité de Rome, statue sur la responsabilité des personnes qui se rendent coupables de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité ou du crime de génocide, tels que définis par le traité de Rome.

Karim Khan avait déclaré le 3 mai dernier que le bureau de la CPI faisait l’objet de pressions et de menaces depuis l’annonce de l’imminence de sa décision. Nous nous félicitons que la CPI et son procureur aient su résister à ces menaces.

L’AFPS a toujours considéré que les responsables des crimes commis le 7 octobre devraient rendre des comptes devant les juridictions internationales et qu’il appartenait à ces juridictions de qualifier ces faits. L’AFPS ne peut donc que se féliciter que la CPI statue, sur les crimes commis le 7 octobre, mais aussi bien évidement sur ceux commis depuis sous les ordres des deux principaux responsables du génocide en cours dans la bande de Gaza.

Elle regrette toutefois que Karim Khan ait omis de rappeler le contexte dans lequel ces crimes ont été commis, le contexte de dépossession et de nettoyage ethnique continue depuis 76 ans.

Si les juges de la Chambre préliminaire de la CPI sont convaincus qu’il existe des motifs raisonnables de croire que ces crimes ont été commis, les mandats d’arrêt seront confirmés. Les 124 États membres de la CPI, y compris les nombreux États européens soutenant Israël, seraient alors dans l’obligation d’arrêter les personnes visées par ces mandats s’il se rendaient sur leur territoire.

D’autres faits devront être examinés par la CPI, en particulier les crimes commis par Israël dans le territoire palestinien occupé depuis 2014 et particulièrement lors de la Grande marche du retour de mars à juin 2018, mais aussi le crime de génocide à l’encontre des responsables israéliens actuellement examiné par la Cour internationale de justice. La CPI est également compétente pour les crimes commis par des ressortissants d’États parties et par des ressortissants d’États non parties sur le territoire d’un État partie ; cela doit pouvoir concerner des ressortissant·es français·es ou binationaux engagé·es dans l’armée israélienne à Gaza et en Cisjordanie.

Les atrocités commises par Israël contre les prisonniers palestiniens et sa complicité active dans la violence des colons en Cisjordanie ayant causé de nombreuses morts et destructions doivent également faire l’objet d’enquêtes approfondies. Ainsi, d’autres dirigeants israéliens comme Ben Gvir et Smotrich mais et plus largement les membres du cabinet de guerre devraient également faire l’objet d’enquêtes de la CPI.

Les réactions très hostiles d’Israël et des États-Unis à la déclaration du procureur Khan n’ont étonné personne. La France quant à elle a déclaré soutenir la CPI et la lutte contre l’impunité dans toutes les situations. L’AFPS s’en félicite et espère qu’elle se tiendra à cette résolution qui prouve que nul n’est au-dessus du droit. Anne Tuaillon, sa présidente, a déclaré : « La France doit garantir que les membres de la CPI puissent mener à bien ces investigations jusqu’à leurs conclusions, en dehors de toute pression et menace. Ce serait l’occasion de prouver que la France tourne enfin la page du deux poids deux mesures et rompt avec le soutien inconditionnel à Israël qui avait prévalu jusque-là en dépit de l’accumulation des actes criminels commis par ses dirigeants. »

Bureau national de l’AFPS, le 21 mai 2024

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Proche-Orient : la CPI plus intersectionnelle que
des militants intersectionnels ?

Le dépôt de requêtes pour des mandats d’arrêt visant trois dirigeants du Hamas et deux ministres israéliens révèle une affinité avec la méthodologie de l’intersectionnalité en sciences sociales. Et si cela s’avérait même plus intersectionnel que certains militants intersectionnels qui ont oublié le 7 octobre dans… l’intersection ?

Le Britannique Karim Kahn, le procureur général de la CPI (Cour Pénale Internationale), a annoncé le 20 mai 2024 [1] le dépôt de requêtes auprès de la Chambre préliminaire 1 de la CPI aux fins de délivrance de mandats d’arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité à l’encontre :

 de trois dirigeants du Hamas à propos du 7 octobre et de ses suites : Yahya Sinwar (chef du Mouvement de résistance islamique dans la bande de Gaza), Mohammed Diab Ibrahim Al-Masri, plus connu sous le nom Deif (commandant en chef de la branche armée du Hamas, communément appelée « les brigades Al-Qassam ») etIsmail Haniyeh (chef de la branche politique du Hamas) ;
 et de deux ministres israéliens à propos de l’intervention militaire israélienne dans la bande de Gaza : Benjamin Netanyahu, Premier Ministre, et de Yoav Gallant, Ministre de la défense.

Le procureur général de la CPI reconnaît ainsi des violences oppressives du côté du Hamas comme du côté du gouvernement israélien. Et, implicitement, il reconnaît que ces violences oppressives ne vont pas dans la même direction :

 * Le gouvernement israélien, qui porte au niveau des États-nations le souvenir des violences du judéocide, peut ainsi être coupable de violences meurtrières illégitimes. Il ne s’agit toutefois pas de s’égarer dans un relativisme à penchant négationniste : les violences en jeu ne sont pas du même niveau que la Shoah et ne justifie donc en rien une « blague » douteuse sur Netanyahu comme « nazi sans prépuce » [2]. D’ailleurs, les requêtes du procureur général du CPI ne parle pas de « génocide » de mais de « crimes de guerre » et de « crimes contre l’humanité ». Plutôt que de s’inscrire dans un gonflement rhétorique propre aux concurrences victimaires contemporaines, il me semble d’ailleurs plus raisonnable de garder la notion de « génocide » pour des logiques d’extermination de masse, comme dans les cas des Amérindiens en Amérique du Nord et en Amérique du Sud, des Arméniens en Turquie, des Juifs pendant le nazisme ou des Tutsis au Rwanda. Les massacres commis par l’armée israélienne à Gaza sont horribles, mais de relève pas de la même logique d’extermination d’un peuple.

* Le Hamas, partie-prenant de la Résistance palestinienne, peut ainsi être coupable de violences oppressives.

Cette reconnaissance par le procureur général de la CPI a des affinités avec la méthodologie intersectionnelle en sciences sociales [3]. L’intersectionnalité, c’est une méthodologie, plus qu’une théorie, nous conduisant à être attentifs à la pluralité des formes de domination, de violence illégitime et de discrimination ainsi qu’à leurs croisements (leurs intersections) complexes dans les situations sociales. Et, contrairement à certains usages militants et politiciens, l’intersectionnalité, cela ne veut pas dire que toutes les dominations vont dans la même direction au sein d’un « système unifié ». Car un même individu peut être discriminé parce que racisé et privilégié sous l’angle de la classe, un autre être privilégié sous l’angle du genre et opprimé parce que racisé, etc. etc. L’intersectionnalité, ce n’est donc pas spontanément « la convergence des luttes », mais c’est plutôt la divergence des luttes, avec même des composantes tragiques [4]. Si l’on prend au sérieux la méthodologie intersectionnelle, on ne peut donc pas séparer radicalement deux catégories étanches que seraient la catégorie d’Oppresseurs et celle d’Opprimés, car en fonction des situations ou de l’angle sous laquelle on l’envisage la même personne peut être du côté des oppresseurs et du côté des opprimés. C’est pourquoi, parce qu’on ne peut plus appuyer la nécessaire « convergence des luttes » sur les caractéristiques d’un groupe social (comme jadis « le prolétariat »), l’intersectionnalité incite les stratégies émancipatrices à se renouveler profondément [5].

Les drames du Proche-Orient peuvent être éclairés par cette méthodologie. Par exemple, le sionisme peut être vu historiquement à la fois comme une idéologie d’émancipation nationale des Juifs face aux violences de l’antisémitisme en Europe et comme une idéologie coloniale spoliant les Palestiniens. Ou le Hamas peut être vu comme une composante de la Résistance palestinienne face à l’oppression coloniale israélienne et comme une organisation théocratique et autoritaire à la fois sexiste, homophobe et antisémite imposant sa violence.

Malheureusement, une partie des militants et des intellectuels se réclamant de l’intersectionnalité ont oublié les complications révélées par l’intersectionnalité au profit de visions manichéennes hypostasiant la logique coloniale (réelle, mais pas exclusive) au détriment des autres logiques oppressives. Et cela conduit en particulier à marginaliser l’antisémitisme dans l’intersection, voire à le supprimer [6]. Dans le cas du Proche-Orient, on peut relever, par exemple, deux tribunes significatives de ce point de vue, car elles tendaient à faire disparaître de l’équation les massacres du 7 octobre. Elles ont été publiées avant la manifestation féministe du 25 novembre :

 celle d’une série de collectifs féministes, LGBTQIA+ et intersectionnels [7] ;

 et celle signée par des figures intellectuelles comme Judith Bernard, Tithi Bhattacharya, Sam Bourcier, Elsa Dorlin, Emilie Hache ou Isabelle Stengers [8].

La décision du procureur général de la CPI ne pourrait-elle pas inviter les militants intersectionnels à plus de vigilance… intersectionnelle ?

Par ailleurs, militants marxistes et anarchistes ont pris l’habitude de stigmatiser unilatéralement les dispositifs juridiques comme relevant d’un « droit bourgeois » uniquement du côté des dominants. La pratique des syndicalistes ou des militants antiracistes a depuis longtemps mis en évidence que c’était plus compliqué, que le droit était davantage ambivalent entre oppression et émancipation. Le procureur général de la CPI nous le rappelle de manière éclatante sur le plan du droit international.

Notes :
[1] « Déclaration du Procureur de la CPI, Karim A.A. Khan KC », site de la CPI, 20 mai 2024, version française.
[2] Voir deux textes sur ce blog : 
« Guillaume Meurice/Coco : l’humour politique est-il incritiquable ?ʺ », 5 avril 2024 et « Post-scriptum : Baubérot, Meurice, manichéismes concurrents et extrême droitisation », 22 avril 2024.
[3] Sur l’intersectionnalité comme méthodologie, ses apports, ses usages en sciences sociales et ses impensés, voir mon article :
« L’intersectionnalité : entre cadre méthodologique, usages émancipateurs et usages identitaristes »Les Possibles (revue en ligne éditée à l’initiative du Conseil scientifique d’Attac), n° 32, été 2022.
[4] Voir sur ce blog : 
« « Armageddon Time » : l’intersectionnalité, c’est pas un conte de Noël ! », 4 janvier 2023.
[5] Voir le dossier du séminaire de recherche militante et libertaire ETAPE sur le site Grand Angle : 
« Retour sur la question stratégique : comment changer politiquement de société ? », 26 avril 2023 ;
dans ce dossier Pierre Khalfa et moi, avec des formulations différentes, défendons l’imaginaire émancipateur comme liant de « la convergence des luttes » ;
voir aussi sur ce blog : 
« Face à l’extrême droite : refaire la gauche et son imaginaire, radicalement », 29 avril 2024.
[6] Voir les réflexions stimulantes de Salima Naït Ahmed quant aux rapports entre intersectionnalité, Théorie critique et antisémitisme : « Constellations et intersections. Une approche de l’imbrication du genre et de l’antisémitisme à partir de la Théorie critique », revue 
Prismes. Théorie critique (éditions la Tempête), volume 5, 2023.
[7] 
« Pour un 25 novembre aux couleurs de la solidarité avec la Palestine », Mediapart, 20 novembre 2023.
[8] 
« Propagande de guerre pro-israélienne : notre féminisme ne se laissera pas enrôler », site de la WebTV Le Média, 21 novembre 2023.

Philippe Corcuff 
https://blogs.mediapart.fr/philippe-corcuff/blog/210524/proche-orient-la-cpi-plus-intersectionnelle-que-des-militants-intersectionnels

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Pourquoi nous soutenons les poursuites de la CPI
pour les crimes commis en Israël et à Gaza

Les attaques du Hamas en Israël le 7 octobre et la réponse militaire des forces israéliennes à Gaza ont mis le système de droit international à rude épreuve, le poussant jusqu’à ses limites. C’est pourquoi, en tant qu’avocats et avocates international-e-s, nous nous sommes senti-e-s obligé-e-s d’apporter notre aide lorsque le procureur de la Cour pénale internationale, Karim Khan, nous a demandé de dire s’il existait suffisamment de preuves pour porter ici des accusations de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Aujourd’hui, le procureur a franchi une étape historique pour que justice soit rendue aux victimes en Israël et en Palestine en émettant des demandes que cinq mandats d’arrêt soient délivrés alléguant des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis par de hauts dirigeants du Hamas et d’Israël. Il s’agit notamment de demandes de mandat d’arrêt contre les commandants politiques et militaires du Hamas et contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Depuis des mois, nous nous sommes engagé-e-s dans un vaste processus d’examen et d’analyse. Nous avons soigneusement examiné chacune des demandes de mandat d’arrêt, ainsi que les documents sous-jacents produits par l’équipe du procureur en appui à ces demandes. Cela comprend des déclarations de témoins, des témoignages d’experts, des communications officielles, des vidéos et des photographies. Dans notre rapport juridique publié aujourd’hui, nous convenons unanimement que le travail du procureur a été rigoureux, équitable et fondé sur le droit et les faits. Et nous convenons à l’unanimité qu’il existe des motifs raisonnables de croire que les suspects qu’il identifie ont commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité relevant de la compétence de la CPI.

Il n’est pas rare que le procureur invite des experts externes à participer à un examen des preuves, encadré par des accords appropriés de confidentialité, au cours d’une enquête ou d’un procès. Et ce n’est pas la première fois qu’un procureur international forme un groupe d’experts pour donner son avis sur d’éventuelles accusations liées à un conflit. Mais ce conflit est peut-être sans précédent dans la mesure où il a donné lieu à des malentendus sur le rôle et la compétence juridictionnelle de la CPI, à un discours particulièrement fracturé et même, dans certains contextes, à l’antisémitisme et à l’islamophobie. 

C’est dans ce contexte qu’en tant qu’avocat-e-s spécialisé-e-s en droit international issus d’horizons personnels divers, nous avons estimé que nous nous devions d’accepter l’invitation à fournir un avis juridique impartial et indépendant fondé sur des preuves. Nous avons été sélectionné-e-s en raison de notre expertise en matière de droit international public, de droit international des droits de l’homme, de droit international humanitaire et de droit pénal international et, dans le cas de deux d’entre nous, de notre expérience en tant qu’anciens juges de tribunaux pénaux internationaux. Notre objectif commun est de faire progresser la mise devant leurs responsabilités des accusés, et nous sommes parvenus à nos conclusions sur la base d’une évaluation des demandes de mandat au vu d’une norme juridique objective. Nous sommes arrivé.e.s à ces conclusions à l’unanimité. Et nous pensons qu’il est important de les publier étant donné à quel point le discours a été politisé, la désinformation répandue et les médias internationaux interdits d’accès aux lignes de front de la guerre. 

Le Groupe est unanimement d’accord avec la conclusion du procureur selon laquelle il existe des motifs raisonnables de croire que trois des plus hauts dirigeants du Hamas – Yahya Sinwar, Mohammed Deif et Ismail Haniyeh – ont commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité comprenant le meurtre de centaines de civil-e-s, la prise d’au moins 245 otages et des actes de violence sexuelle perpétrés sur des otages israéliens. Le Comité convient également à l’unanimité que les preuves présentées par le procureur fournissent des motifs raisonnables de croire que Netanyahu et le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant ont commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Cela inclut l’utilisation délibérée de la famine comme arme de guerre contre la population civile qualifiable comme crime de guerre, et le meurtre et la persécution des Palestiniens et Palestiniennes qualifiables comme crimes contre l’humanité. Les raisons qui nous conduisent à ces conclusions sont exposées dans notre rapport juridique.

Il est important de comprendre que les accusations n’ont rien à voir avec les raisons du conflit. Les accusations concernent une guerre menée d’une manière qui viole les règles, établies de longue date, du droit international et qui s’appliquent aux groupes armés et aux forces armées dans tous les États du monde. Et bien entendu, les demandes de mandat annoncées aujourd’hui ne sont qu’une première étape. Nous espérons que le procureur continuera à mener des enquêtes ciblées, notamment sur les dommages considérables subis par les civil-e-s à la suite de la campagne de bombardements à Gaza et sur les preuves de violences sexuelles commises contre des Israéliennes et Israéliens le 7 octobre. 

Il ne fait aucun doute que la mesure prise aujourd’hui par le procureur constitue une étape importante dans l’histoire du droit pénal international. Aucun conflit ne devrait se trouver hors de la portée de la loi ; la vie d’aucun enfant ne vaut moins que celle d’un autre. La loi que nous appliquons est la loi de l’humanité, et non la loi d’un camp donné. Elle doit protéger toutes les victimes de ce conflit ; et toute la population civile dans les conflits à venir. Les juges de la CPI détermineront en fin de compte quels mandats doivent, le cas échéant, être délivrés. Et à mesure que les enquêtes se poursuivent, nous espérons que les autorités de l’État, les témoins et les survivant-e-s participeront au processus judiciaire. Nous espérons enfin que ce processus contribuera à une protection accrue des populations civiles et à une paix durable dans une région qui a déjà trop enduré.

Lord Justice Fulford, juge de la Cour d’appel à la retraite, ancien vice-président de la Cour d’appel d’Angleterre et du Pays de Galles et ancien juge à la Cour pénale internationale.
Judge Theodor Meron CMG, professeur invité à l’Université d’Oxford, membre honoraire du Trinity College et ancien juge et ancien président du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie.
Amal Clooney, avocate, professeure adjointe à la Columbia Law School et co-fondatrice de la Clooney Foundation for Justice.
Danny Friedman KC, avocat, expert en droit pénal, droit international et droits de l’Homme.
Baroness Helena Kennedy LT KC, avocate, membre de la Chambre des Lords et directrice de l’Institut des droits de l’homme de l’International Bar Association.
Elizabeth Wilmshurst CMG KC, ancienne conseillère juridique adjointe au ministère des Affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni et éminente spécialiste du droit international à Chatham House.

Source : Financial Times
Traduction BM pour l’Agence Média Palestine
https://agencemediapalestine.fr/blog/2024/05/21/pourquoi-nous-soutenons-les-poursuites-de-la-cpi-pour-les-crimes-commis-en-israel-et-a-gaza/

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Une décision historique de la Cour Pénale Internationale

Le MRAP salue la décision du procureur de la Cour Pénale Internationale, Karim Khan, qui demande délivrance de mandats d’arrêt internationaux pour crimes de guerre et crimes contre l’Humanité contre le premier ministre israélien Benyamin Netanyaou, son ministre de la Défense, Yoav Gallant et contre le chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, le commandant des brigades Al-Qassam, Mohammed Deïf, et le chef du Hamas à Gaza, Yahya Sinwar.

Le MRAP salue cet acte d’indépendance pris malgré les nombreuses pressions subies par la CPI, notamment celles des Etats-Unis et d’Israël qui ne sont pas signataires du traité et ne reconnaissent pas la CPI. Depuis 2015, l’État de Palestine est reconnu comme signataire du traité.

Le respect du droit international exige des pays signataires du « statut de Rome » qui a créé la Cour Pénale Internationale en 1998 qu’ils respectent et mettent en œuvre ses décisions.

L’universalité des Droits de l’Homme et le Droit international ne sauraient se satisfaire d’un « deux poids, deux mesures ».

Collège de la présidence du MRAP, 20 mai 2024
https://mrap.fr/une-decision-historique-de-la-cour-penale-internationale.html

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La demande de mandats d’arrêts par le procureur de la CPI est
une étape majeure dans la lutte contre l’impunité

La Plateforme des ONG françaises pour la Palestine salue la requête du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) de délivrer des mandats d’arrêt pour des crimes graves commis en Palestine et en Israël depuis le 7 octobre. Elle appelle la France à s’assurer que les auteurs de crimes soient confrontés à la justice.

La Plateforme des ONG françaises pour la Palestine salue la requête du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) de délivrer des mandats d’arrêt à l’encontre du premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, du ministre de la défense israélien Yoav Gallant, et de trois responsables du Hamas, pour des crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis en Palestine en Israël depuis le 7 octobre 2023. Les juges de la CPI doivent désormais décider s’il convient de délivrer ces cinq mandats d’arrêt

La Plateforme des ONG françaises pour la Palestine salue la déclaration du ministère français des Affaires étrangères, selon laquelle la France « soutient la Cour pénale internationale, son indépendance, et la lutte contre l’impunité dans toutes les situations » [1]. Elle appelle la France à soutenir explicitement ces demandes de mandats d’arrêt (comme cela a été le cas pour le mandat à l’encontre de Vladimir Poutine), à coopérer avec la CPI afin de s’assurer que les auteurs de crimes soient confrontés à la justice et à soutenir la Cour contre les pressions qui ont lieu et risquent de se poursuivre à son encontre. Si des mandats d’arrêt sont délivrés à l’encontre de ces cinq responsables, la France devra prendre les mesures nécessaires pour procéder à leurs arrestations s’ils se rendent sur le territoire français.

« La décision de Karim Khan est historique, et montre une volonté d’appliquer le droit international de façon impartiale. Il s’agit d’une étape majeure dans la lutte contre l’impunité dont jouissent les autorités israéliennes, a déclaré François Leroux, président de la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine. Cette décision est le résultat d’un travail de longue haleine des organisations de la société civile pour documenter les violations des droits humains et du droit international en Palestine. »

Contact presse : 
Pierre Motin, responsable plaidoyer, Plateforme des ONG françaises pour la Palestine,
07 66 15 39 26
p.motin@plateforme-palestine.org

[1] Déclaration du ministère des Affaires étrangères, Demande de mandats d’arrêts par le Procureur auprès de la CPI, 20 mai 2024

https://plateforme-palestine.org/La-demande-de-mandats-d-arrets-par-le-procureur-de-la-CPI-est-une-etape-majeure

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Déclaration Urgence Palestine :
exigeons des sanctions contre Israël !

Alors que des mandats d’arrêt sont en discussion à la Cour pénale internationale. la coalition du Québec Urgence Palestine appelle à signer une nouvelle déclaration pour exiger des sanctions contre Israël. Elle invite aussi à une nouvelle manifestation à Montréal,  le dimanche le 9 juin, à 14 h. On peut retrouver le texte de la déclaration ici, que nous publions ci-dessous. Pour l’appuyer, il suffit d’envoyer un courriel à urgencepalestine.qc@gmail.com

Ensemble pour Gaza et la Palestine :
exigeons des sanctions contre Israël !

Depuis octobre 2023, les bombardements incessants, les ordres d’évacuation répétés et le blocus impitoyable d’Israël ont réduit en ruines la bande de Gaza et plongé sa population entière dans des conditions d’errance, de famine, d’insalubrité, d’épuisement, de traumatismes et de deuils. 70% des infrastructures civiles ont été détruites, 35 562 personnes (civiles) tuées, 10 000 ensevelies sous les décombres, 79 652 blessées. (en date du 20 mai 2024) 

Le 6 mai, Israël a refusé un accord de trêve négocié, que le Hamas venait d’accepter. Défiant toutes les mises en garde, Israël a amorcé son offensive annoncée contre la ville de Rafah, refuge ultime de 1,5 million de Palestinien.nes. Déjà 800 000 personnes ont été forcées de fuir Rafah vers des secteurs déjà ravagés, plus difficiles à rejoindre pour l’aide humanitaire et sans infrastructure pour les accueillir. 

Jusqu’où ira l’odieuse complicité du Canada ? 
Pendant des mois, le Canada s’est contenté de soutenir le droit d’Israël de se défendre, droit qui n’existe pas en droit international pour une puissance occupante. D’octobre à décembre 2023, il a autorisé un montant record d’exportations militaires vers Israël. Il a prétendu qu’il ne s’agissait que d’équipements militaires « non létaux », mais n’a fourni aux médias que des documents lourdement caviardés. Puis il a annoncé qu’il n’en autoriserait plus, mais qu’il allait respecter les ententes déjà signées… alors que la Cour internationale de Justice (CIJ) a statué, le 26 janvier, qu’il était plausible qu’Israël commette des actes de génocide à Gaza ! 

Avec l’accumulation des horreurs commises par Israël, le Canada a exprimé des « préoccupations » et finalement demandé un cessez-le-feu. Le 12 février, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a dit qu’une invasion militaire de Rafah serait « totalement inacceptable ». Mais pendant près de trois mois, le Canada n’a rien fait pour l’empêcher. Au contraire, il a continué de soutenir Israël. Le 10 mai, l’Assemblée générale des Nations Unies votait à une écrasante majorité en faveur de l’admission de l’État de Palestine à l’ONU. Le Canada, lui, s’est abstenu. Un « changement fondamental » de politique, selon Justin Trudeau ! 

Des sanctions contre Israël sont urgentes 
Toutes les vies humaines sont sacrées. Toutes les violations des droits humains doivent être dénoncées, et les responsables répondre de leurs actes. L’inaction du Canada est odieuse et contraire à ses obligations internationales. Nous exigeons des sanctions sévères envers Israël, à commencer par un embargo sur tout matériel militaire. Les relations bilatérales privilégiées avec Israël, dont l’accord de libre-échange, doivent aussi être remises en question : continuer, comme si de rien n’était, n’est pas une option. Poursuivre la mise en place d’un bureau du Québec à Tel-Aviv, sous prétexte que la décision avait été prise avant octobre 2023, est une honte ! Les sanctions doivent être maintenues tant qu’une solution juste et durable n’aura pas été mise en place, concrétisant le droit du peuple palestinien à l’autodétermination et l’égalité des droits en terre de Palestine. Nous appelons la population québécoise à se méfier des tentatives occidentales – États-Unis en tête et le Canada derrière ! – d’imposer une solution « à deux États », dont l’un, palestinien, n’aurait aucune viabilité. 

Il n’est pas antisémite de défendre les droits du peuple palestinien !

https://alter.quebec/declaration-urgence-palestine-exigeons-des-sanctions-contre-israel/

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Ici Mattan. Je suis le directeur exécutif du Réseau de solidarité des réfractaires (RSN) et un réfractaire israélien. Au cours des dernières semaines, le sentiment de l’opinion publique israélienne a sensiblement évolué et nous avons reçu des signes indiquant l’émergence d’une nouvelle vague de refus. De plus en plus, les Israélien·nes considèrent que les combats en cours ne sont pas simplement une question d’autodéfense visant à ramener les otages à la maison, mais plutôt une guerre politique durable avec un programme de droite. En outre, de nombreuses et nombreux Israéliens sont de plus en plus exposé·es à la dure réalité de Gaza, ce qui est une première. Ces développements ont conduit à une augmentation des actes de refus, en particulier parmi les soldats réservistes, dont certains expriment maintenant leur refus publiquement. Vous pouvez manifester votre soutien en signant la pétition ci-dessous et en la faisant connaître à vos ami·es.

Critiquer Israël, refuser de participer ou apporter son soutien à ceux qui refusent, c’est souvent s’exposer à des persécutions. Peu après la diffusion de notre dernière lettre d’information, une chaîne d’information israélienne de droite, Channel 14 TV, a publié un article me visant personnellement, le RSN et nos partenaires, dans le but de nous intimider. Par la suite, des groupes de droite ont appelé au licenciement de personnes en raison de leurs liens avec des organisations de refus. Bien que plus d’une centaine de personnes aient refusé de combattre à Gaza depuis le 7 octobre, selon les estimations de nos partenaires sur le terrain, la majorité d’entre elles se sont abstenues de le faire publiquement.

Dans ce contexte difficile, de nombreux réfractaires préfèrent s’abstenir de refuser publiquement. Il est essentiel que nous leur montrions qu’elles et ils ne sont pas seul·Ês, qu’il existe un soutien et que nous les soutiendrons dans les moments difficiles. D’après mon expérience personnelle, lorsque j’ai refusé de servir dans l’armée, il y a six ans, il était très important pour moi de recevoir des lettres de soutien. Lorsque je me sentais seul et découragé, les dizaines de lettres provenant du monde entier ont renforcé mon esprit et m’ont donné la force de poursuivre le combat.

C’est là que votre aide devient inestimable. Nous vous implorons de nous apporter votre soutien en signant notre pétition et en la partageant avec vos ami·es et votre famille. Le message de la pétition est le suivant

*-*
AUX : Objecteurs et bjectrices de conscience israélien·nes,

Nous, citoyen·nes de pays du monde entier, soutenons votre courageuse décision de refuser de participer au génocide de Gaza malgré la persécution dont vous faites l’objet.

Non seulement le refus de participer à des crimes de guerre est un impératif moral, mais il est essentiel pour mettre fin aux horreurs de la guerre. En retirant votre coopération et en désobéissant, vous compromettez la capacité d’Israël à poursuivre la destruction de Gaza.

Nous voulons que vous sachiez que de nombreuses personnes à travers le monde soutiennent votre action courageuse et nous nous engageons à vous aider par tous les moyens possibles. Ensemble, nous pouvons mettre fin à ce massacre.

*-*

Au RSN, nous nous engageons à soutenir les réfractaires. Elles et ils ont besoin de tout le soutien possible alors quelles et ‘ils s’opposent à l’armée israélienne et qu’elles et ils sont persécuté·es. Signez la pétition de soutien et envoyez-la à votre communauté. Montrons aux réfractaires, ainsi qu’à celles et ceux qui envisagent de le faire, qu’elles et ils ne sont pas seul·es et que nous les soutenons !

En toute solidarité,
Mattan Helman
Directeur exécutif
Réseau de solidarité avec les réfractaires
Traduit avec DeepL.com (version gratuite)

*-*

Israël-Palestine : une lettre et une réponse
À mes sœurs et frères juifs, par Adeeb Shaheen
Réponse de Daniel Randall
https://workersliberty.org/story/2024-05-14/israel-palestine-letter-and-response
La quatrième génération se souvient : La Nakba commémorée dans l’ombre de la guerre de Gaza
Des milliers de citoyen·nes palestinien·nes d’Israël ont participé à la marche annuelle du retour, et beaucoup d’entre elles et d’entre eux ont fait le lien avec les déplacements violents à Gaza.
https://www.972mag.com/nakba-march-of-return-gaza/
Comment raconter l’histoire de la Nakba alors que l’intrigue n’est pas terminée ?
Le nouveau livre d’Elias Khoury résume la relation symbiotique entre la littérature et la Nakba, en explorant sa nature en tant que continuum de calamités.
https://www.972mag.com/elias-khoury-continuous-nakba-review/
Les tortures infligées aux prisonniers par Israël étaient connues de tous
Le gouvernement a veillé à ce que les pratiques horribles dans des sites comme Sde Teiman puissent se poursuivre en toute impunité, en violation du droit international et de l’éthique médicale.
https://www.972mag.com/sde-teiman-torture-prisoners/
La philosophe israélienne Anat Matar rend hommage à l’écrivain palestinien Walid Daqqa, mort en prison
Pendant deux décennies, la philosophe a partagé une correspondance avec l’écrivain incarcéré. Mediapart reproduit l’hommage à son ami, mort dans une prison de l’État hébreu le 7 avril dernier, qu’elle a publié dans le média israélo-palestinien +972.
https://www.mediapart.fr/journal/international/120524/la-philosophe-israelienne-anat-matar-rend-hommage-l-ecrivain-palestinien-walid-daqqa-mort-en-prison
http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article70741
États-Unis. Les étudiants bousculent la complicité des universités avec Israël
Du jamais-vu depuis les années 1970 : malgré les accusations d’antisémitisme et la répression, les étudiants américains se mobilisent en masse, y compris au sein de la communauté juive. Ils réclament notamment l’arrêt des financements de leurs universités par les marchands d’armes servant à massacrer les Palestiniens. Les manifestations sont si importantes que Joe Biden a dû menacer Tel-Aviv de suspendre certaines de ses livraisons d’armes.
https://orientxxi.info/magazine/etats-unis-les-etudiants-bousculent-la-complicite-des-universites-avec-israel,7319
Justice. Le procureur de la CPI demande des mandats d’arrêt contre Benyamin Nétanyahou et Yahya Sinwar
Lundi 20 mai, Kharim Khan, le procureur de la Cour pénale internationale, a demandé que soient émis des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien, son ministre de la Défense, le chef du Hamas à Gaza et deux autres responsables du mouvement palestinien. Un coup dur pour les dirigeants de l’État hébreu qui redoutaient cette décision et qui avaient tenté de s’y opposer, commente la presse internationale.
https://www.courrierinternational.com/article/justice-le-procureur-de-la-cpi-demande-des-mandats-d-arret-contre-benyamin-netanyahou-et-yahya-sinwar
Enfin !
Le procureur de la CPI, un Britannique d’origine pakistanaise, vient enfin de demander des mandats d’arrêt contre Nétanyahou et son ministre de la défense, mais aussi contre les dirigeants du Hamas qui ont planifié les crimes du 7 octobre. Une lenteur due sans doute aux fortes pressions exercées sur lui, mais aussi aux critères précis de preuves qu’il doit avoir en main.
https://blogs.mediapart.fr/joelle-stolz/blog/200524/enfin
Application de la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide dans la bande de Gaza (Afrique du Sud c. Israël)
Demande tendant à l’indication de mesures conservatoires additionnelles et à la modification des mesures précédemment indiquées
Fin des audiences publiques tenues le jeudi 16 et le vendredi 17 mai 2024
https://www.icj-cij.org/sites/default/files/case-related/192/192-20240517-pre-01-00-fr.pdf
Hostilités dans la bande de Gaza et en Israël – impact rapporté (Jour 227)
Clause de non-responsabilité : Les chiffres qui doivent encore être vérifiés par les Nations unies sont attribués à leur source. Les nombres de victimes ont été fournis par le ministère de la Santé (MoH) ou le Government Media Office (GMO) à Gaza et les autorités israéliennes. Les ventilations précédentes des données fournies dans cet instantané concernant les femmes et les enfants tués ont été attribuées au GMO sur la base des décès signalés. Les ventilations des décès actuellement citées sont celles que le ministère de la santé de Gaza a récemment entièrement identifiées à partir du nombre plus élevé de victimes qu’il signale.
https://www.ochaopt.org/content/hostilities-gaza-strip-and-israel-reported-impact-day-227
Belgique. Pour Hadja Lahbib, ministre des Affaires étrangères, les crimes commis à Gaza doivent être poursuivis « quels que soient leurs auteurs »
https://www.rtbf.be/article/pour-hadja-lahbib-ministre-des-affaires-etrangeres-les-crimes-commis-a-gaza-doivent-etre-poursuivis-quels-que-soient-leurs-auteurs-11376384
Gaza : la position de Josep Borrell sur les mandats d’arrêt de la CPI met en évidence les divisions au sein de l’UE
Suite à la demande de la Cour pénale internationale (CPI) de délivrer des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien, son ministre de la Défense et deux responsables du Hamas pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, a clairement indiqué que la décision de la Cour devait être respectée. Cependant, tous les États membres de l’UE ne semblent pas être du même avis, ce qui met une fois de plus les divisions au sein du bloc au premier plan.
https://www.euractiv.fr/section/international/news/gaza-la-position-de-josep-borrell-sur-les-mandats-darret-met-en-evidence-les-divisions-au-sein-de-lue/
Pour en finir avec la complicité du Canada avec Israël
Alors que l’agression génocidaire d’Israël s’abat sur Gaza depuis plus de sept mois, les Palestinien·ne·s commémorent aujourd’hui, 15 mai, le 76e anniversaire de la Nakba (la Catastrophe). D’hier à aujourd’hui, complice d’Israël, le Canada a toujours été un obstacle à l’autodétermination du peuple palestinien. Le respect des droits humains universels et du droit international appellent à un changement radical de la politique canadienne vis-à-vis Israël et la Palestine.
https://www.pressegauche.org/Pour-en-finir-avec-la-complicite-du-Canada-avec-Israel
Attaque d’un convoi humanitaire pour Gaza : l’autrice de la vidéo témoigne
Au moins sept camions d’aide humanitaire destinés à la bande de Gaza ont été vandalisés par des colons israéliens lundi 13 mai, à la frontière entre Israël et la Cisjordanie. Quatre personnes ont été arrêtées. La police israélienne a ouvert une enquête.
https://www.courrierinternational.com/video/video-attaque-d-un-convoi-humanitaire-pour-gaza-l-autrice-de-la-video-temoigne
États-Unis : une série de démissions pour protester contre la guerre à Gaza secoue l’administration Biden
https://www.france-palestine.org/Etats-Unis-une-serie-de-demissions-pour-protester-contre-la-guerre-a-Gazaba

Auteur : entreleslignesentrelesmots

notes de lecture

Une réflexion sur « L’impunité d’Israël va-t-elle prendre fin ? (et autres textes) »

  1. LDH – Résolution d’urgence adoptée au Congrès de Bordeaux (443 pour, 4 contre, 6 abstentions)

    Pour une paix juste et durable entre les peuples israélien et palestinien dans le respect du droit international

    Le 7 octobre 2023, les milices du Hamas ont procédé à une incursion terroriste en Israël et massacré environ 1 200 hommes, femmes, enfants tout en s’emparant d’environ 240 otages. Les responsables de ces crimes devront répondre de leurs actes devant la Justice internationale.

    Suite à ces atrocités, le gouvernement d’Israël et son armée ont mis en place une punition collective d’une violence inouïe, frappant l’ensemble de la population de Gaza.

    Plus de 35 000 Palestiniennes et Palestiniens de Gaza, sans compter les milliers de corps sous les décombres, en majorité des femmes et des enfants, ont été tués par des bombardements indiscriminés. Les infrastructures patrimoniales et civiles de Gaza (hôpitaux, universités, bibliothèques, écoles, archives centrales de Gaza…) sont systématiquement détruites. Ainsi se met en place un schéma qui vise à anéantir les fondements même de la société palestinienne. Par ailleurs, un blocus impitoyable a provoqué une situation de famine : un tiers de la population souffre de sous-alimentation et la totalité des 2,2 millions d’habitants dépend d’une aide humanitaire que la puissance occupante ne laisse passer à ce jour qu’au compte-goutte.

    Les crimes commis par Israël dans la colonisation de la Palestine ne sauraient justifier l’horreur du 7 octobre, pas plus que cette dernière ne peut justifier sept mois de destruction de Gaza et des Gazaouis.

    Cette situation dramatique est lourde de périls pour les deux peuples palestinien et israélien. Elle s’inscrit dans une longue histoire marquée de dominations, de violences et d’injustices. Les gouvernements successifs d’Israël ont ainsi multiplié les violations du droit international, du droit humanitaire international et des droits de l’Homme. Ces violations répétées ont systématiquement entravé tous les efforts de construction d’une paix juste et durable et ont fait obstacle à la perspective de création d’un État palestinien. 

    Le gouvernement israélien, s’est affranchi du respect du droit international, en toute impunité, de façon quasi constante, souvent dans l’indifférence générale, voire avec la complicité de certains Etats, allongeant ainsi sans cesse la longue liste de ces violations :

    Refus d’appliquer les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies qui exigent le retrait des territoires occupés et prônent la mise en œuvre du droit de chacun des peuples de vivre en paix dans des frontières sûres et reconnues.

    Intensification de sa politique de colonisation et d’expulsions, au prix de mouvements de révolte des Palestiniens et d’un cycle infernal de violences des uns et des autres. Mépris d’un avis de la Cour internationale de justice (CIJ) du 8 juillet 2004 qualifiant de « contraire au droit international » la construction d’un mur de séparation par la puissance occupante dans le territoire palestinien.

    Refus de toute coopération avec la Cour pénale internationale (CPI), pourtant compétente pour instruire les crimes relevant de sa juridiction commis depuis le 13 juin 2014 sur le territoire palestinien occupé.

    Rejet de l’application de la résolution 2334 adoptée le 23 décembre 2016 par le Conseil de sécurité exigeant que soit mis un terme à l’expansion des colonies de peuplement pour préserver la solution de deux États.

    Ce refus de tenir compte de la légalité internationale s’est aussi accompagné d’une escalade de la violence à l’encontre des Palestiniens de Cisjordanie et de Jérusalem-Est. L’accélération du vol des terres palestiniennes par une colonisation systématique et brutale, perpétrée aussi bien par les forces militaires que par les colons, en est la caractéristique essentielle. Cette brutalisation se retrouve également dans l’aggravation dramatique de la situation des détenus palestiniens. Face à la violence multiforme d’un système colonial pétri d’injustice, les Palestiniens de Cisjordanie, de Jérusalem-Est, de Gaza et des camps de réfugiés mènent un combat légitime pour la liberté et l’autodétermination. 

    Mépris du droit international, durcissement des politiques répressives : ce double mouvement a aussi largement précipité l’asphyxie de l’État de droit en Israël. Un seuil d’une extrême gravité a été franchi dans ce sens avec la Loi fondamentale « Israël, État-nation du peuple juif » votée en juillet 2018, dont les termes entrent en contradiction avec la définition de l’État adoptée en 1948 par les fondateurs de l’État d’Israël. Alors qu’ils prônaient un État juif qui « assurera une complète égalité de droits sociaux et politiques à tous ses citoyens, sans distinction de croyance, de race ou de sexe et garantira la pleine liberté de conscience, de culte, d’éducation et de culture », la nouvelle loi de 2018 a remplacé la notion d’« État juif et démocratique » par celle d’« État-nation du peuple juif ».

    En conséquence de quoi son article 1er affirme : « seul le peuple juif a droit à l’autodétermination nationale en Israël ». Il y proclame que « l’État considère le développement de la colonisation juive comme un objectif national et agira en vue d’encourager et de promouvoir ses initiatives et son renforcement ». Les politiques discriminatoires à l’encontre des citoyens non-juifs d’Israël se trouvent ainsi renforcées, ces derniers étant désormais renvoyés légalement à un sous-statut. Aujourd’hui, de nombreuses voix n’hésitent pas à qualifier cette politique de régime d’apartheid et, pour la LDH, cette loi  e 2018 institutionnalise effectivement une situation d’apartheid, tel que défini par les textes du droit international, à l’intérieur des frontières de l’État d’Israël. 

    En Cisjordanie et à Jérusalem-Est les Palestiniens, qui ne bénéficient pas d’une quelconque citoyenneté ou nationalité, ne peuvent se déplacer librement et encore moins s’installer là où ils le souhaitent et subissent une politique coloniale répressive pouvant être qualifiée « d’inhumaine ». Celle-ci se manifeste par des arrestations arbitraires massives, des transferts forcés, des démolitions de biens privés, l’accaparement de ressources naturelles, des restrictions à la liberté de circulation, des pratiques avérées de tortures, une politique d’enfermement massif, des punitions et représailles collectives. Les résidents palestiniens de Jérusalem-Est sont en outre confrontés à des mesures d’expulsion et à une colonisation systématisée par quartiers entiers. Ils peuvent même être privés de leur droit de résidence.

    S’ajoute à tout cela une restriction des libertés fondamentales d’expression, d’association, de réunion des Palestiniens qui ne cesse de s’aggraver. C’est par centaines que des organisations et partis politiques ont été interdits depuis 1967. La répression, par la force, de manifestations pacifiques est monnaie courante.

    A travers les violations répétées des droits des Palestiniens et notamment en développant un système institutionnalisé de domination d’un groupe par un autre, en réaffirmant la volonté de poursuivre ce système de domination quitte à perpétrer des actes inhumains pour le maintenir, l’occupation militaire et la colonisation systématisée constituent en soi une violation caractérisée du droit international, créant une situation assimilable à un apartheid pratiqué à l’encontre du peuple palestinien.

    Le 24 janvier 2024, suite aux attaques du Hamas et aux bombardements israéliens massifs sur Gaza, la Cour internationale de justice (CIJ) a rendu une ordonnance fondée sur la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide. La CIJ a estimé qu’il y avait urgence à prendre des mesures conservatoires de protection au regard d’un risque réel et imminent de préjudice irréparable. Tout en soulignant aussi que toutes les parties sont liées par le droit international humanitaire, et en appelant donc à la libération immédiate et inconditionnelle des otages détenus par le Hamas, la CIJ a jugé que l’État d’Israël devait prendre toutes les mesures effectives en son pouvoir pour prévenir et empêcher la commission de tout acte génocidaire, pour prévenir et punir l’incitation directe et publique à commettre le génocide, pour permettre sans délai la fourniture des services de base et de l’aide humanitaire pour protéger les Palestiniennes et les Palestiniens de Gaza, et pour assurer la conservation des éléments de preuve relatifs aux allégations d’actes pouvant relever de la Convention sur le génocide.

    Cette décision ayant une force contraignante s’impose à Israël comme aux autres États parties à la Convention qui ont l’obligation d’apporter leur concours à la prévention du génocide, sous peine de s’en rendre complices. A ce titre, la suspension par certains pays, sur la base d’accusations sans preuve, de l’aide apportée à l’UNRWA va à l’encontre de cette obligation de porter secours à la population civile de Gaza.

    Loin de se plier à cette ordonnance de la CIJ, Israël a continué, dans sa logique destructrice, de bloquer l’acheminement des biens de première nécessité et de rendre impossible le fonctionnement des hôpitaux. Cette politique délibérée, visant à affamer une population entière et à organiser le chaos, contribue à mettre en place les éléments d’un risque avéré de génocide.

    Un terme doit être mis à l’impunité permanente dont bénéficie l’État d’Israël. Il ne suffit pas de dénoncer les incessantes violations du droit international par cet État. La mise en œuvre de sanctions dissuasives et préventives s’impose : par exemple l’arrêt des livraisons d’armement, l’arrêt de coopération militaire et sécuritaire avec Israël, la suspension de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël et l’exigence de poursuites pénales à l’encontre des responsables des crimes commis. Il appartient à la France de jouer un rôle déterminant dans ces exigences. La mobilisation citoyenne est indispensable pour interpeller dans ce sens les décideurs politiques à tous les niveaux.

    Le fondement d’un processus de paix doit être le respect du droit international. Nul ne peut effacer la présence des peuples et des sociétés : les Israéliens et les Palestiniens n’ont pas d’autre pays. Sortir de cette logique, c’est, au vu des réalités forgées par l’histoire et ses conflits, s’exposer à basculer dans des logiques génocidaires. Quel que soit le degré actuel de cruauté, de barbarie, de déshumanisation, la résolution de l’ONU (29 novembre 1947) « Deux peuples, deux États » trouve ici tout son sens et son urgence et passe par la reconnaissance de l’Etat palestinien.

    Face à l’actuel gouvernement israélien qui est dans la négation de l’existence d’un peuple palestinien, qui est dans le refus d’un État pour les Palestiniens et qui revendique la rupture du cadre international, celui-là même qui a permis la création de l’État d’Israël, la communauté internationale n’a d’autre choix que d’intervenir pour imposer une solution qui assure la paix juste et durable à laquelle aspirent les deux peuples. La responsabilité des États-Unis est première, l’action de l’Union européenne et des États arabes peut également être décisive. 

    Pour sa part, la LDH poursuivra son entier soutien au dialogue et aux mouvements, en particulier dans les sociétés civiles, qui œuvrent souvent conjointement pour une paix juste et durable et pour l’égalité des droits entre Palestiniens et Israéliens de toutes confessions et en tous lieux.

    La LDH réitère son appel à la France à reconnaitre l’Etat Palestinien.

    La responsabilité des horreurs qui accompagnent la guerre actuelle ne saurait en aucun cas être imputée en France à des personnes, des groupes, des communautés. La LDH demande au gouvernement de tout faire pour garantir la sécurité des personnes et la pleine liberté d’expression des solidarités qui passent par la liberté de manifester.

    Au moment présent, l’urgence et donc la priorité absolue est de mettre un terme à l’accumulation des horreurs et d’obtenir l’application pure et simple du droit humanitaire international. Cela suppose : un cessez-le-feu immédiat et durable avec la fin des bombardements et du déplacement forcé de la population gazaouie, la libération immédiate des otages détenus par le Hamas, la protection de tous les civils en Israël, à Gaza, en Cisjordanie et Jerusalem-Est, la mise en place d’un corridor humanitaire pour le passage de tous les produits de première nécessité, la levée intégrale du blocus de Gaza, la libération des prisonniers palestiniens en détention administrative arbitraire.

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